Le Monde meilleur - André Gaye - E-Book

Le Monde meilleur E-Book

André Gaye

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Beschreibung

Le Monde meilleur nous amène à réfléchir sur la situation actuelle, sur les possibles causes et solutions des problèmes majeurs de ce siècle. Il propose une direction pour l’évolution de notre planète, dans le vingt et unième siècle, vers de meilleures conditions de vie.

À travers une démarche d’introspection personnelle, spirituelle et humaniste, les deux héros de notre histoire, Maryse Ledoyen et David Newton, accèdent chacun de leur côté à un poste de responsabilité important. Maryse devient secrétaire générale de l’ONU et David, président des États-Unis. Après leur rencontre, bien qu’étant confrontés à de multiples obstacles et résistances, les deux protagonistes mettent en place des conditions et des actions favorables au changement, afin de garantir un monde meilleur aux générations futures.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Né en 1961 à Ancizan dans les Hautes-Pyrénées, André Gaye décide de consacrer une partie de sa retraite à l’écriture après une carrière professionnelle bien remplie dans différents pays du monde.

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André Gaye

Le Monde meilleur

Réflexions sur l’avenir du monde

Essai

© Lys Bleu Éditions – André Gaye

ISBN : 979-10-377-2255-3

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À mon épouse, Sandra,

sans qui la rédaction de ce livre n’aurait pas été possible

À mes enfants, Johanna, Paul-Emmanuel,

Élisabeth et Nathanaël

Introduction

Paris, septembre 2100

Thomas Frémont quitte son appartement du 20e arrondissement pour rejoindre son club de gym près de la place de la République. Le soleil brille haut dans le ciel et il décide d’y aller à pied. Malgré ses 100 ans, il est toujours en pleine forme et la distance ne lui fait pas peur, au contraire, quel plaisir de parcourir les rues parisiennes sous le chaud soleil automnal. Paris a bien changé depuis sa jeunesse, la société également. Une grande confiance règne dans son cœur quand il voit l’évolution actuelle du monde. C’est à peine croyable, se dit-il. Il se remémore avec satisfaction les événements majeurs du siècle passé.

Thomas Frémont était né avec le millénaire, le premier janvier 2000. Malgré toutes les célébrations préparées pour fêter dignement ce jour historique, le monde d’alors était globalement assez peu optimiste sur l’avenir. Certes, la science avait fait des progrès impressionnants au siècle d’avant, certes, l’espérance de vie des hommes ne cessait d’augmenter, cela, grâce principalement au progrès de la médecine, mais tous les grands problèmes de fond de la planète n’avaient pas été réglés. La différence entre les pays riches et les pays en développement ne cessait de se creuser. La croissance exponentielle de la population était hors de contrôle et la pollution progressait sur la terre et dans les océans. Des conflits plus ou moins violents faisaient toujours des victimes dans le monde entier, en particulier au Moyen-Orient où le chemin vers la paix semblait toujours introuvable.

On sentait bien que la science n’était pas capable de donner une réponse à ce type de problème. Le monde avançait, mais il y avait partout cette impression confuse que l’homme ne maîtrisait pas son propre destin ni, en conséquence, celui de sa belle Planète bleue.

Tous les progrès qui avaient été faits au vingtième siècle permettaient à quelques privilégiés de vivre mieux, mais les problèmes de fond étaient loin d’être réglés. La différence entre ces gens privilégiés et une autre partie de la population mondiale, restée dans des conditions proches du moyen âge, préparait d’autres conflits à venir.

Peu de temps après, les choses s’étaient aggravées, il y avait eu les attentats du 11 septembre 2001. Le monde entier, incrédule, découvrait la « réalité » de leur monde à l’aube du 3e millénaire. Cet événement était devenu un « révélateur » du malaise mondial. Le monde occidental « privilégié » commençait à se rendre compte qu’il ne pourrait plus dormir confortablement sur ses deux oreilles en fermant les yeux sur les problèmes des autres. Cependant, cette prise de conscience n’était pas suffisante pour trouver des solutions et régler les problèmes. En réalité, personne ne savait comment régler les problèmes. L’Amérique avait réagi comme un ours blessé, réveillé dans sa tanière en pleine hibernation à coup de griffes, mais sans réflexion approfondie sur la racine du problème. Le gouvernement américain avait lancé rapidement une attaque d’envergure sur « l’Axe du mal », les pays où pouvaient se cacher les réseaux de terroristes. La première étape s’était plutôt bien passée. L’Afghanistan, le fief des talibans, avait été envahi en quelques semaines. Un gouvernement sous l’égide de l’ONU avait été mis en place avec un succès relatif, dans un premier temps du moins. Ensuite, les choses s’étaient compliquées. Le gouvernement américain visait d’autres pays, qui étaient également supposés être dans « l’Axe du mal ». L’Irak, l’Iran peut-être ensuite. Le premier pays dans l’axe de tir des Américains était l’Irak. Mais autant la cause en Afghanistan était compréhensible et reconnue par l’ensemble des pays de l’ONU, autant la cause irakienne était trouble et confuse.

Officiellement, le renversement du dictateur de Bagdad s’inscrivait dans la lutte contre le terrorisme ; or autant les liens entre les talibans et le réseau Al-Qaïda étaient évidents pour tous, autant les liens entre l’Irak et Al-Qaïda étaient diffus et sans preuve solide. Le débat international avait rapidement viré entre les partisans des Américains pour la guerre et les partisans d’un désarmement pacifique de l’Irak. L’enjeu était de taille, car il mettait en avant la crédibilité de l’ONU. Dans les derniers conflits, l’ONU avait joué un rôle plutôt secondaire, derrière l’OTAN et les Américains, mais avait au moins sauvé la face. Pour le conflit irakien, les choses s’étaient compliquées. Dans un premier temps, cela s’était plutôt bien passé, on avait énoncé une résolution qui demandait à l’Irak de désarmer sous le contrôle d’inspecteurs accrédités par l’organisation internationale. Les Américains avaient accepté la résolution, mais avec beaucoup de réticence. En réalité, cela leur faisait perdre leur temps, ils avaient déjà décidé de faire la guerre et de destituer le régime de Bagdad quels que soient les résultats des inspections et la volonté, affichée ou non, des Irakiens pour désarmer.

Quelques pays européens soutenaient les Américains, mais très vite, d’autres partisans d’un désarmement pacifique s’étaient opposés à la décision américaine. Un débat international s’était développé avec une issue incertaine, la guerre préventive ou un désarmement pacifique. Le débat allait beaucoup plus loin que la lutte contre le terrorisme. On voyait bien de plus en plus que dans le cas de l’Irak, ce n’était plus une lutte contre un ennemi clairement identifié, mais plutôt une attaque « préventive » contre un gouvernement autoritaire avec un « risque » pour le futur. La question de fond revenait en face de l’obstination américaine. Si on rendait légitime cette guerre contre l’Irak par une décision de l’ONU, alors il faudrait aussi en toute logique s’occuper d’un grand nombre de pays où la démocratie n’était pas clairement installée, donc des pays à risque.

Finalement, comme beaucoup de monde s’y attendait, les Américains avaient donné préférence à leur propre position. Les inspecteurs de l’ONU avaient donné un avis favorable à la volonté de désarmement de l’Irak (les Irakiens avaient détruit quelques missiles stratégiques). Le conseil de sécurité avait donné un avis défavorable à la guerre, mais le président des États-Unis (et ses alliés) n’avait pas tenu compte de cet avis et avait lancé une offensive militaire. La conquête n’avait pas duré très longtemps. L’armement rudimentaire des Irakiens n’avait pas beaucoup résisté aux équipements ultramodernes de l’armée américaine. Le régime de Bagdad était tombé et le dictateur avait été écarté, mais personne ne savait si cela avait été une réussite ou un échec. La situation au Moyen-Orient était toujours très instable, le conflit en Israël n’était toujours pas réglé. La situation politique en Irak était restée précaire, le dictateur écarté, un gouvernement de transition avait été mis en place par Washington, mais sans grande crédibilité. La lutte des clans pour prendre le contrôle des intérêts politiques et économiques freinait considérablement le rétablissement du pays et le retour d’une prospérité durable.

Ensuite, les activités militaires s’étaient recentrées à nouveau vers l’Afghanistan, mais là aussi, le conflit s’enlisait à nouveau. Malgré des moyens techniques largement supérieurs, les alliés n’arrivaient pas à se débarrasser des rebelles talibans qui se fondaient dans la population ou se cachaient dans les montagnes.

Après une alternance politique favorable, le gouvernement américain et ses alliés ont fini par se désengager peu à peu des 2 pays. D’autres conflits sont apparus par la suite, en particulier en Syrie où une grande partie de la population s’est rebellée contre un gouvernement autoritaire. Là encore, la position de l’ONU est restée floue et inconsistante, manifestement incapable de traiter le problème de manière efficace et protectrice pour les populations concernées.

Début 2020, une crise sanitaire importante était apparue, débutant en Chine et se diffusant ensuite sur toute la planète. Un virus, inconnu jusqu’alors, s’était répandu avec des conséquences sanitaires et économiques graves (Officiellement, au moins 150 millions de personnes avaient été contaminées et 3 150 000 étaient décédées, dans la réalité, certainement beaucoup plus). La moitié de la planète avait été mise au confinement et les conséquences économiques avaient été désastreuses, en quelques mois, des millions de personnes avaient été mises au chômage et la plupart des pays avaient connu une grave récession. Là aussi, les organismes internationaux avaient été impuissants. L’OMS (Organisation mondiale de la santé) avait mis 2 mois avant de déclarer officiellement la pandémie (avant, c’était seulement une épidémie en Chine) et n’avait jamais été en mesure de contrôler la situation et de donner des solutions efficaces pour stopper rapidement la diffusion du virus.

À la suite de ces événements, une crise de confiance était apparue vis-à-vis des institutions internationales. Manifestement, les organisations existantes n’avaient pas suffisamment de poids et de crédibilité pour traiter ces problèmes nouveaux.

Finalement, contre toute attente, ces épisodes difficiles allaient servir de catalyseur pour le futur du monde. Deux personnages neufs, quasiment inconnus l’un et l’autre, allaient apparaître quelque temps plus tard sur la scène internationale et changer le cours du monde.

Chapitre 1

Maryse Ledoyen

Deux nouvelles personnes allaient apparaître sur la scène internationale avec des idées nouvelles, capables d’influencer le cours du monde. A priori, ils n’avaient aucune chance ni l’un ni l’autre d’accéder à ce destin extraordinaire. Ce fut en fait, les échecs récents, essuyés à la fois par les institutions internationales et par les gouvernements en place, qui permirent ces ascensions. La première personne était une femme, Maryse Ledoyen, une Parisienne. Son père était du sud de la France et sa mère d’origine bretonne. Après de brillantes études dans une grande école de commerce, elle faisait une belle carrière dans le commerce international. Elle parlait couramment plusieurs langues et avait un don naturel pour les négociations, aidée, il faut bien le dire, par son charme naturel auquel on avait du mal à résister. Elle était de taille moyenne, mais avec une silhouette élégante et élancée, de grands yeux noirs soulignaient un visage ovale et un sourire malicieux. Dans sa vie de tous les jours, elle ne s’intéressait pas particulièrement aux problèmes internationaux et encore moins à l’ONU.

À cause de son incapacité à traiter les différents conflits au Moyen-Orient, l’organisme international avait perdu beaucoup de son crédit, il était de plus en plus nécessaire de trouver du sang neuf avec des idées nouvelles pour renouveler la vieille institution (« Le machin » comme avait dit un célèbre général).

Grâce à ses relations de travail, Maryse avait eu l’occasion de rencontrer beaucoup de diplomates dans le monde entier. Plusieurs personnes avaient été frappées par son charisme, sa logique et son bon sens. La première fois qu’on lui avait parlé de l’ONU, c’était un représentant de la couronne britannique, lord Britton. Elle l’avait rencontré lors d’un dîner pour une œuvre de charité. Après plusieurs discussions animées sur divers sujets et en particulier sur l’influence réelle de l’organisme international, ils s’étaient liés d’amitié. Ils se rencontrèrent plusieurs fois par la suite. Un jour, lord Britton fit une proposition surprenante à Maryse :

— Chère Maryse, vous allez sans doute trouver cela un peu déplacé, mais je crois que vous devriez candidater au poste de secrétaire général de l’ONU.
— Moi, vous plaisantez, une femme à l’ONU, c’est difficile à imaginer.

Lord Britton ne se laissa pas démonter, et il continua avec son humour british bien affûté :

— Je ne vous parle pas de cela parce que personne ne veut plus de ce poste, je vous parle de cela parce que je pense vraiment que vous seriez compétente pour ce poste. Ils sont tous endormis là-bas, Il faut quelqu’un pour les réveiller, d’une manière ou d’une autre. Qui est mieux placé pour ce rôle sinon une femme ? Il faut quelqu’un qui soit capable de comprendre les vrais problèmes du monde et qui soit capable d’apporter de vraies solutions. J’ai toujours été persuadé que les femmes étaient mieux placées pour comprendre les problèmes des gens. Les hommes sont trop égoïstes et trop fiers d’eux-mêmes. Ils ne vont jamais au fond des choses.

Lord Britton s’était pris d’amitié pour la jeune Française et appréciait son caractère bien trempé :

— L’autre avantage que vous avez, c’est que vous êtes Française. Mes paroles vont peut-être vous surprendre, de la part d’un Britannique, mais la France c’est quand même le pays des droits de l’homme, vous êtes encore respectés pour cela dans le monde entier. Vous savez qu’en chinois, France se dit « Fa Guo », c’est à dire étymologiquement « Le pays des lois » ou « Le pays du droit », vous devez défendre votre patrimoine.
— Arrêtez, mon cher ami, vous allez finir par me convaincre. Quelques mots de plus sur l’amitié historique franco-britannique et je pose ma candidature.
— Je vous bouscule un peu, c’est vrai, mais ce n’est pas la seule raison pour laquelle j’insiste et j’insisterai. En fait, il y a bien d’autres raisons beaucoup plus importantes. Cela fait longtemps que je réfléchis sur la situation de notre monde, et plus je réfléchis, plus je me dis que l’homme est bien stupide.
— Bien stupide, et, pourquoi bien stupide ?
— En fait, je suis persuadé que nous avons tout ce qu’il faut pour être heureux dans ce monde, mais que nous ne sommes pas capables d’en profiter. Nous avons remporté des victoires incroyables sur les forces de la nature, les maladies, nous sommes devenus capables de voler dans les airs comme les oiseaux, même d’aller sur la lune, mais, nous ne sommes pas capables de remporter la victoire sur nous-mêmes et de gérer ce monde.
— La victoire sur nous-mêmes, que voulez-vous dire par là, et quel rapport avec la gestion du monde ?
— La victoire sur nous-mêmes, c’est la clé de tout, si nous arrivons à remporter cette victoire, alors nous serons capables de gérer ce monde efficacement.
— Quelle serait donc cette victoire sur nous-mêmes ?
— C’est à la fois très simple et très compliqué. Comment vous l’expliquer de façon claire ? C’est un peu comme si nous avions tous une double nature. Nous avons, disons, une part « féminine », notre nature intérieure, notre caractère, souvent secret, mal connu, et également une part plus « masculine », c’est l’esprit de l’homme qui est aussi apparenté à la raison. En médecine, on explique que nous possédons 2 cerveaux. L’un qui contrôle nos émotions, l’autre qui fait appel à la raison. La clé vient de notre partie féminine. Les religieux appellent cela âme, les psychanalystes, notre « moi intérieur ». Elle est le siège des sentiments et des pensées du cœur. C’est de notre âme que proviennent toutes nos luttes, toutes nos passions. Les aspirations positives qui nous aident à bâtir notre existence, mais aussi les aspirations négatives qui peuvent nous amener à beaucoup de soucis.
— Quel rapport avec les problèmes du monde ?
— Tout vient de là, tout vient de la complexité de notre nature humaine et des comportements qui en découlent. Le comportement des individus au départ, ensuite des familles, ensuite des peuples et des états, les réussites, bien sûr, mais aussi, les passions négatives, les conflits et les guerres. En fait, pour répondre à l’ancienne question des philosophes, le cœur de l’homme est-il bon ou mauvais de nature, la réponse est : il est à la fois bon et mauvais.
— Mais alors, comment pouvons-nous régler nos problèmes ? comment pouvons-nous gérer nos qualités et nos défauts, les bonnes et les mauvaises aspirations de notre cœur ?
— Eh bien ! une direction pourrait être la suivante, il faut apprendre à « contrôler notre âme ». Comme je le disais, il y a en nous également une partie « masculine », c’est l’esprit de l’homme. Notre esprit doit être capable d’aimer, de construire, mais aussi de contrôler notre « âme », notre chère nature humaine. Pour cela, il doit aussi utiliser notre intelligence qui est un bon serviteur. Dans la pratique, ce n’est pas si facile, tout d’abord, il nous faut apprendre à connaître cette « âme », cette nature intérieure. Souvent, une grande part de nous-mêmes nous est cachée, et cela nous gêne beaucoup. On ne peut pas contrôler ce que l’on ne connaît pas. Ensuite, quand on connaît un peu mieux sa nature, il faut apprendre à la gérer.
— À la changer, vous voulez dire ?
— Non, justement, pas à la changer, à la gérer. Franchement, je ne crois pas que l’on puisse changer profondément notre nature, notre caractère propre. Si vous voulez, cela serait un peu comme des gènes spirituels. De même que l’on ne peut pas changer notre nature physique, les gènes physiques que nous avons reçus à la naissance, de même, je ne crois pas que l’on puisse changer notre nature. Cependant, je suis persuadé que chaque personne a la possibilité et aussi la responsabilité de « gérer » sa nature humaine. Je ne dis pas que cela est facile, mais je dis que cela est possible.

Maryse écoutait les paroles de sir Britton avec beaucoup d’intérêt.

— Oui, mais alors comment fait-on ? Comment fait-on pour gérer cette nature qui, il faut bien l’avouer, nous joue souvent des tours ?

Combien de fois s’en était-elle voulu de ne pas avoir été capable de se contrôler, de s’être mise en colère pour peu de chose, d’avoir blessé des gens, et ensuite de ne pas avoir été capable de réparer ses maladresses ?

— Comme je le disais, la première chose c’est d’apprendre à se connaître. C’est déjà un grand pas en avant de se connaître soi-même, de savoir comment on fonctionne intérieurement, c’est-à-dire connaître sa nature profonde, ses véritables traits de caractère.
— Ses défauts et ses qualités, vous voulez dire ?
— Non pas exactement, ses traits de caractère. Je ne dirais pas « qualité » et « défaut ». Cela veut dire quoi « qualité » et « défaut » ? Une qualité, si elle est trop accentuée, devient vite un défaut et un défaut bien utilisé, peut devenir une qualité dans certaines circonstances. Si quelqu’un est gentil, cela est bien, s’il est « trop gentil », cela peut vite poser des problèmes, pour lui et pour son entourage. Si quelqu’un est autoritaire, cela peut parfois, nuire à son entourage, mais cela peut être bien utile dans certaines circonstances, par exemple pour remettre de l’ordre dans une salle de classe. Bon, je reviens à votre question, il faut donc apprendre à se connaître, nous avons des traits de caractère propres à chacun de nous. Comme je disais, ces traits de caractère ne sont pas à proprement dit, des qualités ou des défauts. « On est comme on est ». En revanche, ce qui est important, c’est que ces traits de caractère vont générer un certain comportement. C’est cela qui est important. Ces traits de caractère vont générer un comportement « positif ou négatif » suivant les circonstances ou nous nous trouvons.
— Oui d’accord, mais ce comportement positif ou négatif c’est bien la conséquence de qualité ou de faiblesse.
— Oui, mais c’est surtout la conséquence d’une mauvaise gestion. Souvent dans certains cas, c’est même une absence totale de gestion.
— Oui, je vois, je crois que je commence à comprendre.
— Ce n’est pas si simple. Il y a tout un monde spirituel autour de nous à découvrir et à connaître. Probablement, notre connaissance de ce monde spirituel est encore au moyen âge. C’est cela qu’il faut changer. Un de vos grands écrivains, André Malraux, a dit : « Le 21e siècle sera spirituel ou il ne sera pas », et il avait parfaitement raison.
— Oui, mais habituellement, ce rôle est dévolu aux systèmes religieux.
— Oui, mais le constat aujourd’hui c’est que l’esprit religieux a beaucoup reculé dans nos sociétés, du moins en Europe. Il y a quelques dizaines d’années encore, il y avait une éducation religieuse assez présente, les gens recevaient un minimum d’enseignement spirituel, de morale. Il y avait un certain respect du sacré. Aujourd’hui, dans beaucoup de cas, cet enseignement minimum n’a pas été remplacé. Il y a un vide spirituel, je ne discute pas le bienfondé ou non de ces religions, mais elles apportaient un minimum de valeurs spirituelles.
— Justement, comment pensez-vous que les systèmes religieux vont percevoir vos idées ? Même si l’esprit religieux d’influence chrétienne a reculé en occident, il est toujours présent et influent et il y a d’autres religions comme la religion musulmane qui au contraire a progressé.
— Je pense que mes propositions sont tout à fait compatibles avec la plupart des systèmes religieux. Il n’y a rien de contradictoire avec les valeurs chrétiennes ou musulmanes par exemple. C’est un éclairage différent, voilà tout. Je pense au contraire que mes propositions sont des propositions universelles qui peuvent aider tout le monde. Ensuite, chacun est libre de croire à une dimension surnaturelle ou pas. Pour moi, cela ne pose aucun problème. Pour ma part, je suis persuadé qu’il y a une dimension spirituelle autour de nous qui peut nous aider. On peut l’appeler comme on veut, Dieu, Allah, Bouddha, ou si vous êtes athée, l’intuition, le sixième sens, la conscience collective…
— Si je comprends bien, vous, vous voulez mettre tout le monde d’accord ?
— Il y a un peu de cela, mais il faut être aussi réaliste. On ne pourra jamais mettre tout le monde d’accord. Je ne pense pas que cela soit indispensable. Si l’on met une grande partie du monde d’accord, cela ne serait déjà pas si mal ; or il se trouve que j’ai besoin de vous pour cela.
— Besoin de moi, vous rêvez. Vous ne croyez tout de même pas que vous allez changer le monde comme ça, simplement par ce que vous avez de bonnes idées. D’autres que vous ont déjà essayé et se sont bien cassé les dents, vous ne croyez pas ?
— D’abord, contrairement à ce que vous me dites, personne n’a jamais essayé. Ensuite, je savais déjà que vous alliez me dire que c’est impossible de refaire le monde, que c’est complètement utopique, et pourtant, moi je vous dis que c’est possible et peut-être pas si difficile que cela. C’est un peu le rêve de chacun de nous et c’est important de réaliser ses rêves. Il y a quelques années, j’ai lu un article dans un journal qui m’avait beaucoup frappé. Dans cet article, le journaliste soulignait l’absurdité d’un événement dans un pays défavorisé et il prédisait ensuite que si une personne animée de bonnes intentions se levait et se mettait à agir pour ce monde et essayait de résoudre les problèmes pour le bien des gens et non pour ses propres intérêts (ou des intérêts nationaux), cette personne serait bien accueillie et aurait du succès rapidement. Il concluait en disant, « J’espère que cette personne viendra vite ». Cet article pouvait paraître un peu simpliste et naïf, mais quand je l’ai lu, j’ai tout de suite senti au fond de moi-même que ce journaliste avait raison.
— Je vous vois venir, en fait, vous voulez me convaincre que ce n’est pas difficile que ça de refaire le monde, que la plupart des gens attendent cela depuis longtemps et que celui qui essayera pourrait réussir assez facilement.
— C’est exactement ça, ce que je dis. Je dis que c’est très possible d’améliorer nettement notre situation actuelle, qu’il n’y a pas de fatalité, et que bien entendu pour y arriver, il faut y croire un minimum. Nous sommes maîtres de notre destin.
— Ah, je vois ! Vous prêchez la foi également, c’est bien ce que je dis, c’est une nouvelle religion, la nouvelle pensée positive.
— Moquez-vous de moi, mais non, ce n’est pas une nouvelle religion, c’est du bon sens, avec une dimension spirituelle certes, mais ça reste du bon sens.
— J’avoue que, quelque part, vos paroles m’ont un peu troublée. Laissez-moi un peu de temps pour réfléchir à cela. Je vous propose de reprendre cette conversation un peu plus tard.

Chapitre 2

David Newton

Dans une autre partie du monde, de l’autre côté de l’Atlantique, une deuxième personne allait faire son apparition aux yeux du monde de manière inattendue également. Cet homme, américain, était né dans la banlieue de Chicago, près du lac Michigan. David Newton avait fait des études d’ingénieur dans une université de Chicago. Avec son diplôme, il avait trouvé facilement un travail bien rémunéré dans une usine de fabrication automobile à Détroit. Son père était Américain d’origine irlandaise et sa mère était d’origine chinoise. Son grand-père maternel était né dans la province du Guangdong dans le sud de la Chine. Il avait émigré à Hong Kong dans un premier temps et ensuite aux États-Unis. David était passionné par son métier d’ingénieur et l’organisation de l’entreprise. Il aimait par-dessus tout développer des projets industriels en intégrant tous les tenants et les aboutissants d’un processus, du cahier des charges clients jusqu’à la mise en production série des produits. Tout lui paraissait si simple, si fluide. Quand le projet était bien préparé, tout se déroulait logiquement avec des étapes bien établies, des bilans à la fin de chaque étape, des plans d’action pour résoudre les problèmes résiduels.

« Ah, si cela pouvait être si simple dans la vie courante », se disait-il. Le monde autour de lui paraissait si difficile à comprendre. Même dans son pays l’Amérique, qui était pourtant un pays dit « développé », il y avait encore beaucoup de personnes qui vivaient dans la pauvreté. Il en voyait tous les jours, dans la banlieue de Détroit. Une partie de la population avait été touchée par les vagues de licenciement économique dans le secteur automobile. Un monde à deux vitesses s’était développé, ceux qui avaient un bon travail, un statut social et un bon revenu et ceux qui vivotaient entre de maigres allocations chômage et de petits boulots sous-payés.

Ce qui le troublait le plus c’est que personne ne semblait se préoccuper vraiment de ces problèmes. Quand il y avait des problèmes dans son travail, on ne les laissait jamais en suspens. On les répertoriait dans une liste avec un plan d’action, des responsables et un planning. Cela coulait de source. Pour les problèmes de société, on prenait presque toujours des mesures superficielles, sans jamais vraiment toucher aux racines des problèmes. Il lui semblait que les politiciens avaient d’autres préoccupations beaucoup plus importantes, leur place dans le parti, leur carrière sans doute, le maintien d’une certaine ligne de pensée conservatrice peut-être.

Et encore, cela n’était rien, malgré les problèmes économiques récurrents, son pays était encore un pays relativement riche. Combien d’autres pays dans le monde avaient des problèmes beaucoup plus graves ? Combien de personnes luttaient encore chaque jour pour pourvoir aux besoins primaires, manger à sa faim, être correctement vêtu et logé. Il sentait bien que chacun dans ce monde avait des responsabilités vis-à-vis de ces problèmes, et il sentait bien également qu’il y avait des solutions disponibles. Son travail lui avait appris une chose simple, chaque problème a une solution si on y met un peu de bonne volonté. Ce n’est pas toujours immédiat, il faut parfois investir beaucoup d’énergie pour trouver la solution, mais il y a toujours une solution au bout du compte. Pourquoi n’appliquait-on pas les mêmes méthodes pour résoudre les problèmes de société ? Ces réflexions tournaient et retournaient dans sa tête avec toujours la même question : « comment agir ? ». Son grand-père asiatique lui avait légué une détermination à toute épreuve, cela avait porté des fruits pour son travail. Il occupait un poste important dans sa société, mais maintenant, il ressentait le besoin de faire autre chose, d’appliquer ses méthodes dans d’autres domaines. Il n’avait jamais fait de politique, mais était membre d’une association qui essayait de dynamiser l’activité économique de la cité en organisant des salons à thèmes ou des réflexions sur le développement de tel ou tel secteur. Les résultats étaient assez souvent limités, mais le gros avantage de cette association était qu’elle permettait à ses membres de rencontrer beaucoup de monde de tous les milieux. Les membres venaient de tous les secteurs de l’activité économique, commerce, professions libérales, enseignement, industrie. Il avait ainsi développé un réseau d’amis sur lesquels il pouvait compter. Il leur avait fait part de ses réflexions et de la frustration qu’il ressentait :

— Comment pourrait-on faire pour faire avancer les choses, au moins un petit peu ?

Ses amis s’étaient un peu moqués de lui :

—