Le Serment de Sang - Lya Nimm - E-Book

Le Serment de Sang E-Book

Lya Nimm

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Beschreibung

Les jumeaux Kaylen et Keenan Fraust sont de puissants guerriers métamorphes. Dans la lutte qui oppose leur communauté à une légion de monstres, ils sont reconnus pour être les tueurs les plus efficaces. Jusqu’au jour où Kaylen rencontre Nina Elhios, une jeune libraire humaine et en tombe amoureux. Il se retrouve malgré lui face à un nouvel ennemi. Le chasseur expérimenté va alors devenir une proie et fera tout pour protéger celle qu’il aime de tous et surtout de lui-même. Mais entre passion et devoir, Kaylen doit alors choisir son camp.


À PROPOS DE L'AUTEURE


Mère de trois filles, Lya Nimm vit dans le sud de la France. Dévoreuse de livres depuis l'enfance, passionnée de romance de créatures fantastiques et imaginaires, l'écriture s'impose à elle dès l'adolescence pour coucher sur papier les histoires qui peuplent son esprit. C'est avec une plume élégante et addictive qu'elle entraîne un public de plus en plus nombreux, dans un univers dont elle est la chef d'orchestre.

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Lya Nimm

Le serment de sang

Roman

Cet ouvrage a été composé et imprimé en France par les

Éditions La Grande Vague

Site : www.editions-lagrandevague.fr

3 Allée des Coteaux, 64340 Boucau

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-38460-041-0

Dépôt légal : Mai 2022

Les Éditions La Grande Vague, 2022

Tome 1

Sa langue au chat

Chapitre 1

—  Bordel, Kay ! Par où sont-ils partis ?
—  Hors de question de les perdre maintenant, on traque ces enfoirés depuis deux jours, ça se termine ce soir !

Kaylen se laissa imprégner par l'environnement, fouillant dans la multitude de sensations qui l'assaillaient, à la recherche de l'odeur rance typique du mal.

Les émotions glissaient sur sa peau, tels que le désir, la douleur et la peur. Cette ville était une véritable torture pour un empathe. Heureusement, ses années d'entraînement lui avaient permis de se forger un mental solide.

Il savait exactement ce que les autres ressentaient, mais ces sentiments ne l'atteignaient pas, ne l'atteignaient plus.

Ce don qui lui avait fait vivre un calvaire pendant de nombreuses années, jusqu'à l'obliger à rester cloîtré chez lui, à l'abri de toute émotion, était aujourd'hui totalement maîtrisé. Il était devenu une formidable arme pour son travail.

Et Kaylen était le meilleur dans son boulot. Un salopard insensible, un assassin hors pair, et avec son frère ils formaient une équipe redoutable.

Keenan attendait patiemment que son jumeau remonte la piste. Adossé contre un mur, il envoyait la fumée de sa cigarette vers le ciel tout en observant les étoiles. La lune serait bientôt pleine, et il sentait la bête s'agiter en lui.

Cette traque était une distraction parfaite, même si la saveur serait meilleure sous forme animale.

Après quelques secondes de recherche, Kaylen capta les effluves des deux renégats, qui se dispersaient dans des directions différentes, et les pointa du doigt.

— OK, on se sépare, je prends les quais. Amuse-toi bien, déclara Keenan, avant de sauter le parapet pour atterrir cinq mètres plus bas.

Se réceptionnant sans mal, il s'accroupit dans l'ombre et scanna les environs.

S'ils avaient partagé le même utérus pendant huit mois et demi et étaient tous deux métamorphes, leur père leur avait laissé un héritage bien différent. Kaylen avait hérité de l'empathie, et lui de la synesthésie.

Il voyait perpétuellement les gens auréolés de lumières de différentes couleurs, signifiant leur appartenance. Justement, quelques mètres plus au nord, il distingua deux humains et un métamorphe loup, ce qui impliquait que Kaylen avait touché le jackpot en pistant le sorcier.

Keenan se redressa. Étant donné que le scélérat se savait pourchassé, et que le vent avait de toute façon emporté son odeur jusqu'à sa proie, il était inutile de faire dans la dentelle.

Une bonne vieille attaque frontale ferait l'affaire.

Pour ce qui était des humains, vu l'odeur d'alcool qui flottait jusqu'à lui, ils devaient être tellement imbibés qu'ils ne se rendront compte de rien, ou penseront être en plein délire.

Impatient, Keenan se jeta sur sa proie.

De son côté, Kaylen tournait en rond. Il était passé deux fois devant ce traiteur chinois, et la senteur de friture commençait à lui donner la nausée.

Attends, depuis quand il y a un resto chinois ici ? se demanda-t-il. Foutu sorcier ! Il était en train de manipuler son esprit et il ne s'en rendait compte que maintenant.

Il se concentra pour chasser l'enchanteur de sa tête et... reprit connaissance, le visage dans le caniveau.

Cet enfoiré était vraiment fort, il ne l'avait pas vu venir. Il était devant les quais avec Keenan et l'instant d'après… PAM… Chinatown !

Le premier venu se serait laissé submerger, mais Kaylen n'était pas né de la dernière pluie, comme ce sorcier allait l'apprendre à ses dépens.

— Tu as deux solutions. On peut faire ça gentiment, tu viens avec moi sans faire d'histoires, ou alors je te renvoie chez toi dans une boîte. Je ne te cache pas que personnellement, je préférerais la seconde option. Mais bon, c'est toi qui vois ! lança Kaylen.

La voix du sorcier résonna tout autour de lui, se répercutant contre des murs invisibles.

Encore un tour de passe-passe.

— Je préfère la troisième proposition, celle où tu meures ! cracha le sorcier.
— Prends un ticket. Bon, isole-nous un peu, que tes illusions servent à quelque chose !

Le sorcier apparut. La vingtaine à peine, des cheveux blonds parfaitement coiffés, et des yeux bleus innocents. On lui aurait donné le bon Dieu sans confession.

Si, bien sûr, on faisait abstraction du couteau à cran d'arrêt qu'il tenait dans la main gauche et de la malfaisance qui émanait de lui.

L'angelot leva les bras, paumes vers le ciel, et commença à incanter dans une langue aux accents à faire saigner les tympans. La voûte étoilée se fissura et le tonnerre gronda.

Au bout de dix minutes de psalmodie ininterrompue, Kaylen abandonna sa position de combat.

— Qu'est-ce que tu fous ? l'interrompit-il, j'ai un planning à respecter, des gens à buter.
— Rejoins-nous, panthère. Tes talents seront plus utiles du côté du mal. Tu pourrais avoir tout ce que tu désires !

Ses traits angéliques firent place à une expression hideuse, une lueur de pure folie au fond des yeux, et une grosse veine battant sur son front.

— Merci de cette généreuse proposition, mais non ! J’ai déjà tout ce que je veux. Le fric, les femmes et la possibilité d’étancher mes penchants sadiques avec des enflures comme toi !
— Dans ce cas, tu vas mourir. Le mal régnera sur cette terre, nul ne pourra se cacher du Maître tout-puissant. Vous le servirez, car tel est le destin de ceux nés de ce côté, des légions défer...

Un craquement de vertèbres brisées termina la phrase, suivi du bruit sourd d'un corps s'écroulant sur le bitume.

— Le problème avec vous, les sorciers, c'est que vous parlez trop ! Les prédictions apocalyptiques, j'en ai ma claque !

Las de ce monologue qui s'annonçait interminablement chiant, Kaylen avait bondi pour se retrouver derrière le sorcier et lui briser la nuque.

C'était ça le problème de nos jours, trop de blabla, pas assez d'action.

Kaylen sortit son portable et appela son frère.

— Alors, quoi de neuf, frangin ? ricana Keenan en décrochant.
— Il en reste un peu pour moi ?
— Je savais que tu n'aurais pas ta dose avec Harry Potter, mais dépêche-toi, il commence à me gonfler celui-là avec sa propagande à la mords-moi-le-nœud. Je meurs d'envie de le faire taire. Définitivement !
— J'arrive !

Kaylen passa un rapide coup de fil à l'équipe de nettoyage chargée de faire disparaître le corps et replaça son téléphone dans la poche arrière de son jean. Puis, il entreprit de faire le chemin en sens inverse pour rejoindre les quais.

Il était près de dix-neuf heures, mais la nuit débutait tôt en ce mois de décembre. Les boutiques n'allaient pas tarder à fermer, et quelques retardataires bravaient le froid pour boucler leurs cadeaux de Noël avant le grand jour.

Après cinq minutes de marche, il s'aperçut qu'il n'avait pas pris la bonne direction.

Il se trouvait dans une rue piétonne décorée de guirlandes et de boules multicolores. Des haut-parleurs diffusaient des chants de Noël en fond sonore. Les gens étaient heureux, réjouis par les repas de fête qui se profilaient. Cette chaleur lui caressa la peau pendant qu'il remontait la rue, au milieu des badauds souriants.

Il pressa le pas. Keenan ne lui laisserait que des miettes s'il tardait trop.

En passant devant une intersection, sa peau se mit à le picoter. Un sentiment de détresse le submergea. Il suivit cette piste, longeant les vitrines illuminées tel un automate, comme si ses pieds savaient exactement où aller.

Kaylen s'arrêta devant la seule boutique qui n'affichait pas les couleurs festives d’usage. L’enseigne qui trônait au-dessus de la devanture valait toutes les décorations du monde. Au milieu d'un paysage forestier, un petit chaperon rouge et un loup jouaient à cache-cache avec les lettres du mot « librairie ».

Son épiderme se mit carrément à le brûler.

Poussé par la curiosité et par une force qu’il ne put expliquer, il poussa la porte d’entrée. Tout d’abord, il capta l'odeur des livres, du papier fraîchement imprimé et de l'encre. En dessous, caché, presque imperceptible, un parfum exquis qu'il ne sut déterminer. Il l'isola des autres senteurs pour mieux l'analyser.

Fruité, épicé, indéniablement féminin, il mourait d'envie d'y goûter. Il navigua entre les rayonnages, guidé par cet arôme savoureux.

C’est alors qu'il la vit, assise derrière un comptoir, le regard rivé sur lui.

Elle était brune, avec de longs cheveux aux ondulations parfaites. Des yeux comme il n'en avait jamais vu, violets comme un champ de lavande en plein été. Des lèvres faites pour embrasser. Une authentique beauté.

Son nerf optique envoya une impulsion dans son bas-ventre, et une douleur furtive lui étreignit la cage thoracique.

Son instinct lui commandait de sauter par-dessus le comptoir et de la prendre, à cet instant, afin de la marquer comme sienne, et de la réconforter pour chasser les nuages de tristesse qui obscurcissaient son esprit.

Faute de mieux, il s'agrippa au comptoir. La gorge sèche, il tira légèrement sur le col de son pull.

C'était lui ou il faisait chaud, ici ?

— Je peux vous aider ?

Merde, même sa voix était canon. Une véritable mélodie pour les oreilles. Il plaça les pans de sa veste devant lui pour masquer son érection.

Qu'est-ce qui lui arrivait, bon sang ? Il était plutôt du genre à annoncer clairement la couleur d'habitude. Là, il se retrouvait comme un crétin, pas fichu d'aligner deux mots. Son regard faisant la navette entre ses yeux envoûtants et ce minuscule grain de beauté, sur le coin gauche de sa lèvre inférieure.

Quand il avait franchi la porte, Nina s'était dit « chouette ! un cadeau de Noël en avance » !

Il était tellement grand qu'il dut légèrement se baisser pour passer la porte. Ses cheveux étaient bruns, retenus par un élastique sur sa nuque, et ses yeux perçants, bleu marine.

Un pulvérisateur de petites culottes en puissance !

Ce dont elle se fichait royalement car elle en avait un plein tiroir et était toute disposée à en racheter.

Ce qu’elle projetait pour lui se jouait principalement à l'horizontale. Réflexion faite à la verticale aussi, il était assez balèze pour la maintenir contre un mur. Ce qu'elle devinait sous le pull noir moulant qui l’enveloppait n’avait pas l'air d'être de la gonflette.

Mais son enthousiasme retomba vite : quelque chose clochait chez ce type. Muet comme une carpe, il la fixait comme s’il voyait une femme pour la première fois.

— Eh ! Monsieur, vous avez besoin de quelque chose ?

Sa bouche s'ouvrait et se fermait comme un poisson hors de l'eau. Sa pomme d’Adam jouait au yo-yo, mais toujours aucune tentative de communication.

— Vous avez besoin d'aide ? tenta-t-elle à nouveau, en se rapprochant du téléphone.

Ce type commençait à lui faire un peu peur. Il s'agrippait au comptoir tellement fort que ses jointures avaient blanchi, comme s'il se retenait de lui sauter dessus.

Quand elle se leva, elle sentit, plus qu'elle ne vit, le regard du type glisser de sa bouche à ses seins, avant de remonter illico se fixer sur un point derrière elle.

Il semblait terriblement gêné à en croire la rougeur qui envahissait ses pommettes, ce qui la rassura quelque peu.

Les violeurs en série ne rougissaient pas, si ?

Il se passa la main dans les cheveux, libérant quelques mèches au passage. L’envie de l’avoir nu, en dessous d’elle, passa de nouveau numéro un sur sa To Do List.

Elle avait toujours eu un faible pour les cheveux longs.

— J'ai perdu mon chien, déclara-t-il enfin.

C'était tout à fait le timbre auquel elle s'attendait. Grave, sensuel, le genre de voix qui vous ferait croire n'importe quoi.

— Ah ! Il sait lire votre chien ?
— Quoi ?

Le pauvre, il a l'air tellement perdu, c’est adorable.

— Pourquoi serait-il entré ici sinon ?

Il sourit, dévoilant des dents blanches parfaitement alignées.

— Bon ! À quoi ressemble-t-il, cet animal ? reprit-elle.
— Euh ! grand… gris…, bafouilla-t-il.
— Et il aboie ? OK, si je le vois, je vous appelle, j'allais fermer !

Il hocha la tête et tourna les talons. Nina soupira avant de le rattraper à la sortie.

— Vous avez un numéro ? Pour vous joindre, si je vois un grand chien gris qui aboie.

Il fouilla l'intérieur de sa veste et en extirpa une carte qu'il lui tendit.

— Je peux avoir le vôtre ? Pour… euh… vous prévenir si je le retrouve, demanda-t-il.

Nina ne put s'empêcher de sourire et retourna au comptoir. Elle sentit son regard la suivre et le laissa profiter du spectacle le temps d'attraper un crayon et de noter son numéro sur un morceau de papier.

— Je m'appelle Nina Elhios ! dit-elle en lui tendant la main.
— Kaylen Fraust ! répondit-il en la saisissant.
— Enchantée, Kaylen !

Elle glissa son numéro dans la poche du bellâtre et se pencha pour lui ouvrir la porte, le frôlant par la même occasion.

Bordel, mais que vient-il de se passer, là-dedans ? Je suis vraiment resté pétrifié face à cette humaine ?!

Devant la boutique, Kaylen était dubitatif. Nina avait fermé derrière lui. Il la regarda aller et venir entre les rayonnages, son corps fin se mouvant avec grâce et ses cheveux se balançant au rythme de ses pas.

Il sortit son portable et pianota un message.

« Café ? Demain, à 8 h. »

Il la regarda reposer une pile de livres sur une table et sortir son téléphone. Un sourire illumina son visage en croisant le bleu de ses yeux.

« OK ! Ici à 8 h. »

Il leva le pouce dans un accord silencieux, puis redescendit la rue au pas de course, avant de faire une connerie. Le contact de la peau douce de Ninaétait encore ancré dans sa paume, tandis qu’une étrange chaleur lui comprimait la poitrine.

Il accéléra le pas, Keenan allait le tuer !

Les lampadaires n'éclairaient pas les quais, mais la lune prodiguait assez de lumière pour que Kaylen puisse voir les berges. Il n’y avait personne de visible, mais il savait que Keenan n'était pas loin. Il percevait son agacement depuis deux pâtés de maisons.

— Désolé, j'ai eu un contretemps, lança Kaylen en levant les mains.
— J'espère qu'elle était bonne, rétorqua son frère en sortant de l'ombre, une cigarette au coin de la bouche.
— Ce n'est pas ce que tu crois, frangin !
— Ouais, si tu le dis. Allez, on rentre !

Se chamaillant comme des enfants, ils longèrent la berge et disparurent dans la nuit.

Le lendemain matin, à huit heures précises, Kaylen patientait devant la librairie. Malgré la température proche de zéro, il n'avait pas froid et était impatient de revoir Nina.

Son attente fut vite récompensée. La lumière envahit le magasin et la silhouette de la jeune femme apparut. Elle était aussi belle que dans son souvenir et dans les rêves qu'il avait faits, toute la nuit.

Elle portait un jean noir qui la moulait à la perfection, et un pull à col en V violet, dévoilant la naissance de ses seins. Ses cheveux ramenés en tresse reposaient sur son épaule. Elle sentait divinement bon.

Malgré son sourire, la tristesse qu'il avait perçue la veille était omniprésente et lui donnait envie de la serrer dans ses bras.

Nina déverrouilla la porte et s'écarta pour le laisser passer.

— Salut. Entre.
— Salut. Tu es magnifique !
— Merci. J'ouvre dans deux heures, alors on n'a pas beaucoup de temps, commença-t-elle en se calant contre une des tables.
— On peut aller prendre un café en face, proposa Kaylen.
— Le temps d'enfiler ma veste et je suis à toi.

Elle s'inclina en avant pour attraper son trousseau de clés de l'autre côté du bureau, dévoilant la chute de ses reins. Kaylen déglutit, se passant la langue sur les lèvres. Jamais il n'avait désiré quelqu'un à ce point. Étonnamment, il voulait faire durer le plaisir avant de la goûter. La saveur n'en serait que meilleure, mais bon sang que c'était dur.

Ils prirent place près de la fenêtre et commandèrent deux cafés. Anxieux, Kaylen jouait avec la carte, pendant que Nina allumait une cigarette. Elle aspira longuement la fumée en tapotant son briquet sur la table.

— Tu ne devrais pas fumer.
— Mourir de ça ou d'autre chose, à moins que tu ne t'inquiètes pour mon endurance ? Tu ne seras pas déçu, je te le garantis, ajouta-t-elle plus bas.

OK, elle joue cartes sur table.

Le parfum de désir qu'il avait flairé plus tôt n'était pas le fruit de son imagination.

— Quoi ?

Le serveur apporta les tasses. Nina mit deux sucres dans la sienne, remua et avala une gorgée de café avant de reprendre.

— Je vois comment tu me regardes, commença-t-elle.

Elle se pencha et les yeux de Kaylen glissèrent automatiquement dans son décolleté.

Merde, elle le fait exprès.

— Je te vois aussi et ce que je vois me plaît. Tu peux oublier le baratin, je ne cherche rien de sérieux. Nous sommes juste deux adultes qui prenons du bon temps, sans arrière-pensée !
— Ça me va !

Il avait répondu sans réfléchir.

Non ! Ça ne lui allait absolument pas ! Il la voulait maintenant et pour chaque seconde de sa putain de vie. Dans quoi était-il en train de s'embarquer, et quelle était cette pression dans sa poitrine ?

Bon, d'accord, elle voulait du sexe, il allait lui en donner. Il allait être le salaud qu'il était avec les autres, et après... Après, il ramperait à ses pieds pour qu'elle le garde. Oui, bon plan… très bon plan !

Il était troublé, il n'avait pas l'habitude des femmes directes et ne savait pas comment réagir. C'était touchant.

Il n'osait même plus la regarder dans les yeux, et remuait son café depuis dix bonnes minutes alors qu'il n'avait pas ajouté de sucre.

— Tu as retrouvé ton chien ? demanda Nina innocemment.

Elle n'était pas dupe. Elle savait pertinemment qu'il n'avait pas de chien, ou tout du moins, qu'il n'en avait pas perdu un dans sa rue. Mais elle trouvait tellement drôle de le mettre mal à l'aise qu'elle n'allait pas s'en priver.

Contre toute attente, il sourit et lui fit signe de s'approcher. Il se leva légèrement et sa bouche à quelques millimètres de son oreille, lui murmura :

— Je n'ai pas de chien !

Elle sentit son souffle l’effleurer, de délicieux frissons la parcoururent. Elle se mordilla la lèvre inférieure et regarda sa montre.

— C'est vraiment dommage que je doive ouvrir dans quinze minutes, vraiment très dommage !

Nina se leva, et le temps de se retourner pour prendre sa veste, il se tenait justedevant elle, la surplombant de toute sa hauteur. Ce fut à son tour d'être troublée, elle n'était qu'à quelques centimètres de ses lèvres et mourait d’envie de réduire la distance pour goûter à cette bouche tentatrice.

Ses yeux étaient les plus envoûtants qu'elle ait jamais vus. Deux magnifiques joyaux bleus plongés dans les siens. Pourtant, elle aurait juré qu'ils étaient plus foncés, la veille.

Au bout de ce qui sembla être une éternité, mais qui n'avait pas duré assez longtemps à son goût, Nina sentit le souffle de Kaylen sur son front pendant qu'il enroulait son écharpe autour de son cou, s'attardant plus que nécessaire sur ses épaules. Il se pencha vers son visage, déposa un chaste baiser sur sa joue, avant de la raccompagner, sagement, jusqu'à la porte de la librairie.

— J'ai du boulot ce soir, mais demain après la fermeture, je t'emmène dîner ?
— Tu n'es pas obligé... commença-t-elle.
— J'en ai envie.

Nina hocha la tête.

— Je te rappelle pour confirmer, conclut-il en tournant les talons.
— OK. Salut, lança-t-elle dépitée en le regardant s’éloigner.

Ce type avait beau être incroyablement sexy, il était aussi très étrange.

Elle déverrouilla la serrure, se repassant mentalement ce qui venait de se produire et entra dans sa boutique. Peut-être qu'elle ne lui plaisait pas en fin de compte.

Avant qu'elle ait fermé la porte, deux mains lui agrippèrent la taille. Elle se retrouva plaquée contre un corps ferme.

— Je suis vraiment nul, murmura Kaylen à son oreille, avant de la faire pivoter face à lui.

Il pressa sa bouche contre la sienne, doucement, attendant sa réaction. Nina entrouvrit les lèvres et plaça ses bras autour de son cou, se serrant plus étroitement. Il était vraiment tout en muscles, et ce qu'elle sentait contre son ventre réglait la question de l'attirance.

Son baiser se fit plus pressant et sa langue, plus inquisitrice. Elle sentit ses doigts se frayer un chemin sous son pull et lui caresser le dos.

Des frissons de plaisir coururent sur sa peau et une vague de chaleur remonta le long de ses jambes pour se nicher entre ses cuisses. Il avait un goût de danger et d'interdit.

Elle en voulait plus, maintenant.

Peu lui importait que la porte soit grande ouverte ou que les passants puissent les voir. Une main sur sa nuque, elle l'attira plus près, lui rendant son baiser avec fougue.

Et aussi vite qu'il avait commencé, Kaylen s'interrompit, laissant Nina pantelante et le souffle court.

— Bonne journée ! lança-t-il, avant de franchir la porte.

Bonne journée ?... Bonne journée ! Mais quel con ! Ce ne serait pas étonnantqu'elle l'envoie balader après ça !

Cettenana va finir par me rendre dingue. Son cerveau était aux abonnés absents, près d'elle. Il avait besoin d'une bonne lobotomie ou de deux, trois coups en pleine gueule. Ça lui remettrait peut-être les idées en place !

Kaylen retourna à l'appartement qu'il partageait avec son frère. Il le trouva allongé sur le canapé devant un match de basket, une cigarette à la bouche.

— Je t'ai déjà demandé de ne pas fumer à l'intérieur, putain !
— C'est bon, cool frangin !

Keenan renifla dans sa direction.

— Encore cette femelle ? Elle ne te détend pas correctement, si tu vois ce que je veux dire !
— Ne parle pas d'elle comme ça, siffla Kaylen.
— Ça y est, tu me gonfles, je me casse.

Il écrasa sa cigarette, prit sa veste et s'avança vers son jumeau.

— Qu'est-ce qui t'arrive ? C'est qui cette fille ?
— Ça ne te regarde pas !

Kaylen s'installa sur un fauteuil, la tête entre les mains.

— Elle me fait totalement perdre mes moyens. Tu verrais ça, un vrai débile !
— Arrête ça tout de suite Kaylen ! Tu ne la reverras pas ! ordonna Keenan.
— Quoi ? Bien sûr que je vais la revoir… C’est plus fort que moi. Je ne peux pas t’expliquer, je ne comprends pas moi-même… J’ai juste … l’impression d’avoir retrouvé une partie de moi…
— Non ! Elle ne fait pas partie de ton monde. Merde, tu cours à la catastrophe ! On finit le boulot ce soir, et on s'en va. Tous les deux !

Est-ce qu'il lui avait vraiment dit bonne journée ?

En prenant sa pause déjeuner, Nina repensait au moment qu'ils avaient partagé. Ce baiser avait été tellement passionné que ses réminiscences lui brûlaient encore les lèvres. Étrangement, elle se sentait bien près de lui. Le poids sur sa poitrine se faisait moins pesant.

Merde, elle était à deux doigts de succomber à cette connerie d'amour, et seulement après un rendez-vous… Elle devait se reprendre très vite, se focaliser sur des détails purement physiques, juste physiques, pas de sentiments !

Elle repensa àsa bouche écrasant la sienne. Si cette étreinte était un avant-goût de ses autres talents, la nuit prochaine s'annonçait prometteuse et elle regretta qu'il ne soit pas libre ce soir.

D'ailleurs, quel était son boulot pour travailler en période de Noël ? Père Noël ? Dans ce cas, elle voulait bien signer chez les lutins, immédiatement.

Il avait plus le style tueur à gages, ou trafiquant de drogue, et préférait sûrement donner les coups que les soigner. Ça éliminaitd'office les flics et les médecins.

— Ohé ! Ma belle. Tu rêves ?

En sursautant, Nina renversa sa bouteille sur la table.

— Désolée, je ne voulais pas te faire peur.
— C'est bon, ne t'inquiète pas, je suis un peu distraite, répondit-elle en épongeant son bureau.

Sa meilleureamie, Inès, la regardait du coin de l’œil en l'aidant à nettoyer. Elles avaient prévu de faire des courses cet après-midi, pour boucler leurs achats de Noël et préparer le repas pour leur soirée entre filles avec Hannah qui les rejoindra plus tard.

— Ça va ? Tu as l'air bizarre.
— Oui ça va, j'ai juste rencontré un type et je ne peux pas m'empêcher de penser à lui, confia Nina.
— Huhu, tu vas enfin arrêter les coups d’un soir ? gloussa Inès.
— Sûrement pas ! Mais il se peut que je l'utilise plusieurs fois !

Elles partirent en riant, se frayant un passage entre les badauds agglutinés devant les vitrines illuminées.

Kaylen regardait la nuit tomber depuis la terrasse de l'appartement, une bière améliorée à la main.

L'amélioration s'avérant être de la poudre d'antimoine ou était-ce de la pivoine ? Il n’en avait aucune idée, en vérité. L’important étant qu’additionnée à sa bière, la poudre magique accentuait considérablement les effets de l'alcool, pour que son organisme métamorphe puisse l'assimiler et lui mette la tête à l'envers. Et ça fonctionnait bien ! Il ne se souvenait même plus pourquoi il avait décidé de se saouler.

Ah si ! Ça lui revint. C'était à cause de cette fille, il n'arrivait pas à penser à autre chose.

Il n'aurait pas dû la toucher, ni l’embrasser.

Le souvenir du goût de ses lèvres et du velouté de sa peau ne le quittait pas. Il n'avait que ça en tête, faisant déferler son sang dans la partie la plus sensible de son anatomie. Son corps savait comment réagir, contrairement à sa tête. Mais putain, qu'est-ce qui ne va pas chez moi ?

Il avait lutté toute la journée pour ne pas l'appeler, ne pas lui envoyer de message. Une vraie midinette !

Il avait pourtant vu défiler un tas de filles dans sa vie, anonymes et vite oubliées. Mais Nina, il ne voulait pas l'oublier, et surtout, il ne voulait pas qu'elle l'oublie.

Son téléphone bipa. Keenan l'attendait en bas, sûrement de mauvais poil. Il se leva en titubant légèrement. Les effets de la poudre miraculeuse ne duraient pas, heureusement, sinon il se ferait tuer, ce qui résoudrait ses problèmes, cela dit !

Kaylen enfila sa veste et prit les escaliers. En ouvrant la porte du vestibule, l'air froid s'engouffra dans le hall, lui remettant les idées en place. Il avait un boulot à faire et ne pouvait pas se permettre de laisser quoi que ce soit le détournerde sa mission. Il ne s’agissait pas seulement de sa vie !

Keenan lui réserva un accueil glacial et lui jeta un regard encore plus froid. En même temps, il ne s'attendait pas à une chaleureuse accolade. Il lui emboîta le pas. En moins de deux, ils se retrouvèrent aux abords d'une clairière. En son centre se trouvait une cinquantaine de métamorphes léopards, sous leurs formes animales.

Cette nuit était exceptionnelle... pour les superstitieux, parce que mystiquement, elle était ordinaire. La pleine lune tombait en même temps que le vingt-quatre décembre, et il ne se passera rien de plus que quelques types virant poilus. Mais aller faire comprendre ça à tous ces détraqués.

Quoi qu'il en soit, ils allaient devoir la jouer fine ce soir. Les iris jaunes qui les fixaient intensément n'étaient, normalement, pas une menace, sauf pour les animaux de la forêt. Mais celui qu'ils cherchaient se cachait parmi eux.

Et c'est ce qui risquait de poser difficulté. Ils se ressemblaient tous…

Keenan avança vers eux.

— On n'est pas venu perturber vos festivités, on veut juste Ruiz !

Quelques babines se retroussèrent, dévoilant des crocs énormes et brillants.

— Allez, ne m'obligez pas à vous foutre une raclée. Ceux qui veulent se battre, je n'y vois aucun inconvénient, au contraire. Les autres, vous pouvez foutre le camp !

Les léopards disparurent tour à tour, au milieu des arbres. Il ne resta bientôt que trois félins. Menaçants, ils s'avancèrent vers eux, des filets de bave dégoulinants de leurs larges gueules, leurs muscles puissants roulants sous leur peau au pelage tacheté.

Les deux frères se placèrent dos à dos et exhibèrent des sabres étincelants, reflétant les rayons lunaires.

Les trois bondirent d'un même élan. L'un s'empala sur la lame de Keenan qui s'effondra sous le poids mort. La bête reprit son apparence humaine avant de toucher terre, une plaie béante à la place du cœur.

Les deux autres avaient encerclé Kaylen qui esquivait les coups de griffes avec adresse. Keenan chargea et percuta le flanc du métamorphe le plus proche, s'engageant dans un corps-à-corps dangereux.

Une patte passa la défense de Kaylen, lui lacérant la cuisse. Il poussa un juron, abaissa sa lame sur le membre qu'il trancha net, éclaboussant les alentours. L’animal se tortilla de douleur, feulant sur le sol.

— Tu as eu ta chance, vociféra Kay en envoyant son pied dans la gueule de cette raclure avant de lui planter sa lame dans la gorge.

Le sang coula à flots, formant une flaque de plus en plus large. Les gargouillis se firent de moins en moins sonores, jusqu'à ce que l'homme se substitue à la bête. Kaylen jeta un coup d’œil furtif à son jumeau. Il avait le dessus et faisait durer le combat, histoire de se défouler. Rassuré, il se laissa glisser contre le tronc d'un chêne et examina sa blessure.

Le saignement avait cessé, mais la plaie mettrait quelques jours à cicatriser.

— Enfoiré de renégat, j'adorais ce jean !
— On s'arrache ! Le nettoyage va arriver. C'était Ruiz, là-bas au cas où ça t'intéresserait, lança Keenan en allumant une cigarette.

L'odeur du tabac titilla ses sens, une piqûre de rappel pour son âme.

Nina…

Le réveillon s'était extrêmement bien passé. Beaucoup de fous rires, d'alcool, de bons petits plats et un coucher très tardif. La sonnerie du téléphone retentit. Nina tendit la main pour l'attraper et en décrochant, regarda le réveil qui affichait quinze heures sept.

— Hum ! grogna-t-elle.
— Excuse-moi, je te réveille ?

Elle se redressa d'un bond, replaçant ses cheveux comme s'il pouvait la voir.

— Kaylen ? Salut, non, non je ne dormais pas. Ça va ?
— Je voulais confirmer pour ce soir. J'aurais dû juste envoyer un message, désolé. Mais ... enfin, je voulais ... bref, je serai là à 19h !
— Kaylen ! Attends, murmura Nina.
— On peut changer l'heure si...
— Non, 19 h c'est parfait. J'ai hâte de te revoir.
— Moi aussi.

Elle entendit son souffle à l'autre bout du fil, avant de raccrocher.

Bon, il lui restait quatre heures pour se préparer. Un bon bain, une chasse aux poils minutieuse, suivi du coiffage-maquillage, et au moins une bonne heure pour choisir sa tenue. Mais avant ça, elle avait bien besoin de caféine en intraveineuse.

À dix-huit heures cinquante, Nina peaufinait son apparence. Elle voulait être époustouflante, lui en mettre plein les yeux, faire voler en éclat le self-control qui semblait le caractériser. Oui, elle était diabolique. Mais, ce soir, elle le voulait, et elle l’aurait !

Petite robe noire près du corps, provocante, mais pas trop et bas avec escarpins noirs pour des jambes interminables. Eye-liner et mascara pour un regard de braise, gloss pour une bouche gourmande. Nuage de parfum pour enivrer ses sens, les cheveux en cascade, libres, dans son dos. Elle était prête !

Justement, la sonnette retentit. Nina s'examina une dernière fois dans le miroir et alla ouvrir la porte.

Putain, qu'elle est belle !

Il se força à la regarder dans les yeux. Il en avait vu suffisamment pour alimenter ses fantasmes durant dix ans, facile. Ça oui, il allait rêver de ses jambes pendant longtemps.

— Pile à l'heure, dit-elle en se rapprochant pour lui déposer un baiser sur les lèvres.

Il l'attira contre lui, prolongea le baiser, enfouissant ses doigts dans ses cheveux, pour la garder contre lui. L'odeur de son désir satura son odorat, sucré et terriblement tentant. Les vêtements allaient voler s'il ne reprenait pas le contrôle.

Il s'écarta pour la contempler.

— J'étais impatient de te revoir, et je dois dire que je ne suis pas déçu. Tu es magnifique !

Une légère rougeur colora les joues de la jeune femme. Elle le remercia, attrapa son manteau et son sac à main puis ils quittèrent les lieux.

Il lui tint la porte de l'appartement, puis celle de la voiture et tira même sa chaise au restaurant, un vrai gentleman.

Du début à la fin du repas, il fit preuve d'une galanterie remarquable et rit aux blagues idiotes qu'elle racontait. Nina fut agréablement surprise. Elle s'attendait à devoir faire la conversation toute la soirée, mais il s'avéra qu'après quelques verres de champagne, Kaylen se détendit.

Ils parlèrent comme s'ils se connaissaient depuis toujours. Au moment de rentrer chez Nina, le cœur du jeune homme s’accéléra.

Le moment était venu… Il n'avait jamais douté de ses performances, mais face à elle, il avait l'impression de redevenir puceau. Il la suivit dans l'escalier, hésita une fraction de seconde sur le seuil, puis entra et referma la porte derrière lui.

Nina s'avança dans l'entrée de son studio, suspendit son manteau à la patère, se retourna et retira ses escarpins en reculant, jusqu'à buter contre la commode. Elle le fixa intensément en souriant, et un battement de cils plus tard, Kaylen l'enveloppait de ses bras puissants, les lèvres soudées aux siennes.

Il descendit la fermeture éclair de sa robe, qui glissa lentement dans un murmure électrisant, la hissa sur la commode et se cala entre ses jambes.

Tout en lui dévorant la bouche, il laissa ses doigts errer sur la peau douce de Nina, le long de son dos jusqu'à ses cuisses, pendant qu'elle défaisait un à un les boutons de sa chemise. Elle caressa sa peau nue, la chemise bleu nuit tomba, dévoilant un corps magnifique de perfection et couvert de tatouages.

Ce qu'elle avait pris pour des cercles autour de ses avant-bras, étaient des mots écrits dans une langue qu'elle ne connaissait pas. Elle les effleura de l'index, traça les contours des arabesques qui couraient de son pectoral à son flanc, et disparaissaient plus bas. Ses lèvres suivirent bientôt le même chemin que ses doigts, qui, animés par leur propre volonté, avaient déjà défait la ceinture et le premier bouton du pantalon. Kaylen gronda et lui prit le visage pour river son regard au sien.

— J'ai trop envie de toi !

Pour toute réponse, Nina se rapprocha et enroula ses jambesautour de ses hanches.

Sans la quitter des yeux, il la souleva. Après s'être pris les pieds dans les escarpins et manqué detomber, il la déposa sur le lit.

Ses cheveux éparpillés sur l'oreiller, son soutien-gorge et son tanga en dentelle rouge faisaient ressortirle hâle de sa peau.

Tout l'excitait, et franchement, il commençait à être serré dans son pantalon.

Il ne s'aperçut que maintenant qu'elle portait des bas et qu'un petit papillon de la couleur de ses yeux ornait l'intérieur de sa cuisse gauche.

Il faillit jouir, et quand elle commencerait à le toucher, il ne serait pas long à réagir. Mais maintenant, c'est lui qui allait la toucher, s’imprégner de son odeur, la faire vibrer.

Kaylen délaissa sa bouche pour l'embrasser dans le cou, tout en dégrafant son soutien-gorge. Dévoilant des seins ronds aux tétons dressés, parfaitement adaptés à ses mains. Il captura une des pointes roses entre ses lèvres. Nina secambra en gémissant. Il déposa une nuée de baisers sur sa poitrine et commença à descendre. À l'approche de son nombril, elle se raidit et mit une main sur son ventre. Une vague de douleur le fit tanguer, Kaylen se redressa vivement, inquiet, et la regarda. Cette lueur de tristesse était de retour dans ses yeux.

Il souleva la paume qu'elle avait plaquée en dessous de son nombril, et remarqua une cicatriced'une quinzaine de centimètres. La guérison ne s'était pas faite correctement et la peau était légèrement boursouflée. En la fixant dans les yeux, il embrassa la marque qui la faisait tant souffrir. Elle laissa échapper une bouffée de soulagement.

— Tu es la plus belle femme que j’ai jamais vue de toute ma vie, Nina !

Elle sourit. Il embrassa de nouveau la marque, et remonta emprisonner ses lèvres dans un profond baiser. D’un geste, elle glissa le long de ses abdominaux et tira sur sa ceinture.

Kaylen se leva, baissa son pantalon qui glissa et finit sa course sur le sol. Son tatouage s'étendait le long de sa hanche. Nina reconnut une panthère dont la queue s'enroulait autour de sa jambe, une véritable œuvre d'art.

— Qu'est-ce que tu t'es fait à la cuisse ?
— Rien, juste un grillage sur mon chemin !

Il ne portait pas de sous-vêtements et n'aurait pas pu bander plus. Nina s'approcha à quatre pattes, et effleura du bout des doigts son membre épais, plaqué sur son ventre. Il expira bruyamment et elle renouvela l'opération, avec sa langue cette fois.

Kaylen manqua de s'étouffer quand elle commença à le sucer.

Bordel que c’est bon ! Il crispa ses doigts dans ses cheveux, savourant le contact humide sur son sexe quelques minutes de plus, et il poussa la jeune femme sur le lit.

— Toi d'abord, souffla-t-il entre ses cuisses, après lui avoir ôté son tanga.

Nina fut surprise, elle n'avait pas l'habitude de tant de prévenance. En général, les hommes ne pensaient qu'à leur plaisir.

Puis elle ne pensa plus à rien, hormis à la langue de Kaylen.

Elle sentit un liquide chaud contre son genou, mais n'y prêta pas attention sur le moment, savourant les derniers frissons de ses orgasmes.

Kaylen se leva, arracha un morceau d'essuie-tout sur le rouleau de la cuisine et lui essuya la jambe.

— Bon sang ! Tu vois l'effet que tu me fais ?

Un éjaculateur précoce. C’était bien sa chance ! Ce mec était trop beau pour être vrai, pensa-t-elle, à regret.

— OK… Et maintenant on fait quoi ? demanda Nina un peu déçue.
— J'avais l'intention de te faire jouir encore une dizaine de fois. Mais si tu préfères faire autre chose..., répondit Kaylen en venant enfouir son visage dans son cou.
— Dans combien de temps ?
— Dans combien de temps, quoi ?
— Tu serais opérationnel ?

Il éclata de rire.

— Je ne sais pas quel genre de mec tu as eu avant, mais moi je peux faire ça des tonnes de fois ... d'affilée, murmura-t-il en la renversant sur le dos pour se placer entre ses jambes.

Effectivement, il était tout disposé à remettre le couvert.

Et avant de perdre tout contrôle, Nina lui imposa un préservatif. Il n'avait pas du tout pensé à ça. Étant donné sa nature, il n'était pas sensible aux maladies humaines, mais comme il ne pouvait pas le lui dire, il enfila la capote en grimaçant.

— Ça va ? l’interrogea-t-elle.
— Un peu à l'étroit, mais ça ira, souffla Kaylen en la pénétrant d'un coup.

Nina enfonça ses ongles dans son dos en gémissant.

— Je ne savais... pas... que tu serais aussi... gros, oh bon sang...

Il l'observa pendant qu'il bougeait en elle, le spectacle l'excita encore davantage. Elle était magnifique sous l'emprise du plaisir, elle se mordillait la lèvre inférieure, les yeux brillants et la respiration hachée.

— Je ne te fais pas mal ? demanda-t-il par précaution, même si elle avait plutôt l'air de prendre son pied, mais compte tenu de ses mensurations, il préférait s'en assurer.
— Ne t’arrête pas, murmura-t-elle en s'agrippant fermement à ses épaules.

Il reprit ses va-et-vient et en quelques minutes, il la sentit partir, son corps était secoué de spasmes. Ses cuisses resserrant leurs prises sur son bassin, la tête rejetée en arrière, lui offrant sa gorge.

Elle n'avait aucune idée de la signification de ce geste, mais dans son monde à lui, c'était un symbole de confiance absolue. Kaylen embrassa sa veine, sentant sur ses lèvres son pouls s'accélérer. Il prit la décision de rester dans cette ville, près d'elle, contre son gré s'il le fallait. Elle finirait bien par se rendre à l'évidence.

Elle était sienne et il était sien, même si elle ne le savait pas encore.

Cinq préservatifs et une flopée d'orgasmes plus tard, Nina s'effondra à côté de Kaylen, en sueur et le souffle court.

— J'ai besoin d'une cigarette, annonça-t-elle en se redressant.
— Il l'attrapa par la taille et couvrit son épaule de baisers.
— Tu es sûre ?
— Tu m'as fait le coup il y a vingt minutes, cette fois, j'y vais !

Elle se leva et déambula nue jusqu'à la commode, où étaient posés son paquet de cigarettes et son briquet. Elle ramassa la chemise de Kaylen en chemin.

— Je peux ?
— Je te préfère nue, mais vas-y !

Elle passa le vêtement qui lui arrivait presque aux genoux, et retroussa les manches trop longues. Elle s'accouda à la fenêtre et alluma sa cigarette. L'air froid s'engouffrant dans le studio, elle serra les pans de la chemise contre elle.

Nina tira une longue bouffée, relâchant la fumée. Elle soupira, fixantles volutes blanches s'envoler vers le ciel étonnamment clair. Les étoiles scintillantes et la lune étaient magnifiques, c'était vraiment une belle nuit.

Elle entendit le froissement des draps quand Kaylen se leva. Il passa ses bras autour de son ventre et se blottit derrière elle, le nez dans ses cheveux.

— J'adore ta nuque, et je trouve ça très excitant que tu portes mes fringues, chuchota-t-il en inspirant son parfum. En revanche, ça, c'est beaucoup moins sexy, continua-t-il en lui enlevant la cigarette des doigts pour la jeter par la fenêtre.
— Eh ! Pourquoi tu as fait ça ?
— Tu vas avoir besoin de tes deux mains, murmura-t-il contre sa peau.

Il lui attrapa les poignets et la fit s'agripper au rebord de la fenêtre avant de glisser ses paumes sous le tissu, le long de ses côtes, en direction de ses hanches.

Ses gémissements se firent de plus en plus suppliants, à mesure que le plaisir augmentait, menaçant de les emporter tous deux.

Elle serrait si fort l'encadrement que ses jointures blanchirent. Il la redressa juste assez pour avoir accès à sa bouche, tout en continuant d'aller et venir profondément en elle.

— Ça va ? souffla Kaylen entre deux baisers.
— Je suis aux portes du paradis ! haleta-t-elle.
— Aux portes, seulement ? Il va falloir que je m'améliore.

Ses doigts descendirent lentement sur les cuisses de Nina, en une caresse incendiaire, se frayant un chemin jusqu'à son clitoris, qu'il caressa avec son index. Elle cria et ses genoux flanchèrent, en même temps qu'un orgasme dévastateur les emportait. Sans Kaylen, elle se serait écroulée sur le carrelage.

Il la déposa sur le lit et s'allongea contre elle. Il était vidé cette fois, dans tous les sens du terme.

La jeune femme ne semblait pas en meilleure forme. Il regarda sa poitrine se soulever, s’abaisser pendant de longues minutes jusqu'à revenir à un rythme normal et régulier. En relevant les yeux sur son visage, il s'aperçut que ses paupières étaient closes. Elle dormait.

Il l'embrassa délicatement sur le front et se serra contre son corps chaud et détendu. Elle marmonna quelque chose d'inintelligible, puis se lova plus confortablement, le dos contre son torse, la tête sous son menton.

Kaylen soupira de bien-être en passant son bras autour d'elle. C'était ça qu'il voulait, pour l’éternité.

Nina se colla contre une surface douce et tiède, une délicieuse odeur de vanille titilla son odorat. Elle se sentait bien, repue. Les événements de la veille lui revinrent en mémoire. Elle ouvrit vivement les yeux pour constater que ce qu'elle avait pris pour son traversin était, en fait, le corps de Kaylen.

Et merde, je me suis endormie.

Elle recula doucement pour ne pas le réveiller et... remerde ! Elle ne pouvait pas se barrer vu qu'elle était chez elle.

Qu'est-ce qu'il fout encore là ? Elle n'avait pas l'habitude de dormir avec ses coups d'un soir.

— Ça va, bébé ? demanda Kaylen en clignant des yeux.
— Qu'est-ce que tu fais là ? répondit Nina, tendue.
— Il semblerait, mais je te préviens tout de suite, c'est à mettre au conditionnel, il semblerait donc, que j'ai fait l'amour à une femme sublime cette nuit, dans ce lit. Et d'ailleurs, maintenant que j'y pense, elle te ressemblait beaucoup !
— Pourquoi tu es resté ? continua-t-elle sur la défensive.
— Je n'avais pas envie de partir. Tu dormais dans mes bras et tu avais l'air tellement bien que je n'ai pas voulu te réveiller.

Exact… Elle s'était sentie en pleine forme en se réveillant. Elle n'avait pas fait de cauchemar, c’était la première fois depuis longtemps.

— Viens te recoucher, on a toute la journée !

Avant de pouvoir répliquer, il roula sur le côté et passa une jambe en travers de ses cuisses, collant son érection contre sa hanche.

D'accoord ! Encore une petite fois pour la route. Ce serait un coup d'un soir… et d'une journée.

Il l'embrassa sur la bouche et commença à descendre le long de sa gorge, jusqu'à sa poitrine, sa langue marquant son passage d'une traînée humide.

— Bon, une dernière fois, alors ! murmura-t-elle.
— À propos de ça ! chuchota Kaylen, entre ses seins.
— Non ! coupa-t-elle, en l'attrapant par les épaules pour le regarder dans les yeux.
— Tu ne sais même pas ce que j'allais dire !
— Si je sais, et c'est non !
— Écoute-moi au moins, supplia-t-il.
— OK, je t'écoute, mais la réponse est NON !
— J'ai réfléchi pendant que tu dormais et je voudrais que l'on essaye tous les deux, nous verrons bien où ça nous mène !

Elle se dégagea de son étreinte et s'assit au bord du lit. Lui tournant le dos, elle attrapa un t-shirt et l'enfila.

— On était d'accord Kaylen. Bordel, je n'aurais jamais dû coucher avec toi ! s'emporta-t-elle en se levant d'un bond.
— Non, tu m'as imposé ton choix !
— Fallait refuser, dans ce cas !
— C'est quoi le problème ? Je ne suis pas assez bien ? Je ne t'ai pas baisé comme il fallait ? cracha-t-il en se levant pour lui faire face.
— Arrête, s'il te plaît !

Deux larmes roulèrent sur ses joues, qu'elle essuya d'un revers de main. Elle avait mal et cela lui brisa le cœur. Il n'avait pas eu l'intention de la blesser.

— Excuse-moi, je ne voulais pas... C'est en rapport avec ça ? souffla-t-il en lui effleurant le ventre.

Elle recula en secouant la tête.

— Alors pourquoi ? Tu ne peux pas nier que tu te sens bien avec moi. Et cette nuit, c'était... phénoménal !

Il se rapprocha doucement et prit son visage entre ses paumes.

— Et quoi ? Tu veux que je fabrique un autel à ta gloire ?
— Dis-moi !
— C'est moi qui ne suis pas assez bien pour toi. Je te ferai souffrir !
— Je suis un grand garçon, contra Kaylen en la repoussant contre le mur.
— Je ne suis pas douée pour les relations humaines !

Et je ne suis pas humain, ça tombe bien !

— Je te trouve très douée, au contraire !

Il lui mordilla la lèvre.

— Il vaudrait mieux que tu partes. Tu trouveras celle que tu cherches !
— C'est toi que je veux, Nina !

Kaylen posa ses lèvres sur les siennes. Plusieurs secondes passèrent.

— Pourquoi tu fais ça ?
— Je n'en sais rien. Il faut que je le fasse… C’est tout !

Il passa ses mains sous le tissu pour l'attraper par la taille et l'attirer contre son corps nu. Elle ne protesta pas, le laissa la soulever. Le dos en appui sur le mur, elle enroula ses jambes autour de son bassin et s'accrocha à ses épaules, laissant libre cours à son désir.

Il caressa ses lèvres du bout de la langue, avant de l'embrasser profondément en même temps qu'il se glissait entre ses chairs soyeuses. Elle gémit contre sa bouche, savourant les lents va-et-vient. S’abandonnant complètement à son étreinte, elle explosa dans un cri, serrée contre le corps de Kaylen qui fut très vite secoué de spasmes, et elle le sentit se répandre en elle en un long jet chaud.

— Putain, Kaylen ! gronda-t-elle en se débattant pour reposer ses pieds au sol et s'écarter.
— Je suis clean et je t'ai vu prendre ta pilule hier soir !

Nina entra dans la salle de bain et s'essuya rapidement les cuisses. Kaylen se rhabillait quand elle revint.

— Tu peux prendre une douche avant de partir si tu veux ! proposa-t-elle.
— Je préfère garder ton odeur sur moi, encore un peu !

Nina prit place sur un tabouret près du comptoir et le regarda reboutonner sa chemise. Il ne la quittait pas des yeux, espérant un signe.

Une fois prêt, il s'approcha d'elle et replaça une mèche derrière son oreille.

— Je pourrais te rendre heureuse, bébé !

« Désolée ! » lut-il sur ses lèvres.

Il ramassa sa veste et jeta un dernier regard dans sa direction. Toujours assise près du bar, elle regardait dans le vide.

— Je vais me battre pour toi !

La porte se referma etNina éclata en sanglots.

Chapitre 2

Trois jours passèrent, trois affreuses nuits à penser à elle. Il fomentait des plans pour la conquérir, tous plus abracadabrants les uns que les autres. Il ne l'avait pas appelée, n'avait pas couru la retrouver. Du moins, elle ne l'avait pas vu, caché dans l'ombre à l'observer dans la librairie… dans son appartement… perché sur le toit de l'immeuble d'en face.

Keenan était reparti après l'avoir copieusement insulté lorsqu'il l'avait surpris à épier Nina.

Il était pathétique !

Le seul point positif de cette situation, il tenait une forme physique exemplaire. Il soulevait de la fonte, arpentait les rues en courant pour se vider la tête, et avait mis hors d'état de nuire une poignée de renégats.

Son moral, en revanche, flirtait avec le fond de ses chaussettes. Il n'arrivait pas à se sortir l'image de Nina de la tête, il mourait d'envie de l'embrasser et de se perdre en elle.

Le matin du quatrième jour, il se décida à agir, il ramperait à ses pieds s'il le fallait. C'était ça ou se jeter sous un bus…

Nina rangeait les derniers livres qu'elle venait de recevoir quand la sonnette de la boutique retentit. Elle retourna près du comptoir, un sourire factice sur les lèvres.

Depuis sa nuit avec Kaylen, elle se sentait au trente-sixième dessous. Elle se serait bien vue passer le reste de sa vie planquée sous sa couette.

Après son départ, elle avait beaucoup pleuré. Le parfum de Kaylen, trop présent pour sa santé mentale, embaumait tout l’appartement. Plus encore les draps, qu’elle avait violemment arrachés pour les fourrer dans la machine.

Comment avait-il réussi à lui faire envisager une relation en si peu de temps ?

Cinq personnes se tenaient devant elle, les bras chargés de bouquets de fleurs.

— Posez-les là !

Cette voix…

Nina déglutit péniblement, la gorge soudain sèche.

Le comptoir fut bientôt recouvert de lys, orchidées, et autres roses de toutes les couleurs. Le mélange des parfums, un délice pour l'odorat et Kaylen, un régal pour les yeux.

— Qu'est-ce que tu fais là ? balbutia-t-elle.

Sans un mot, il s'avança, se colla tout contre elle. De l'index, il lui releva le menton, plongeant son regard dans le sien.

— Tu me manques trop, bébé. Laisse-moi une chance, rien qu'une !
— Je t'ai dit que je ne pouvais pas, Kaylen, n'insiste pas !
— Et moi, je t'ai dit que je me battrai pour toi, et c'est exactement ce que j'ai l'intention de faire !
— Kaylen !...

Il posa délicatement ses lèvres sur les siennes. Il embrassa doucement et tendrement la jeune femme. Nina sentit sa résistance fondre comme neige au soleil. Bon sang, son contact l'empêchait de réfléchir correctement, ses lèvres étaient tellement douces...

Elle posa ses paumes sur son torse, s'arracha à son étreinte et s'écarta de quelques pas pour lui tourner le dos. Il fallait qu'elle reprenne ses esprits, mais près de lui, c'était impossible. Résister à l'envie quasi irrépressible de le toucher lui brûlait les doigts, c’en était presque douloureux.

Elle ne comprenait pas comment cela pouvait être possible. Ils venaient de se rencontrer, l'attachement ne pouvait pas être aussi fort. Même si Kaylen était un amant exceptionnel, elle en avait déjà eu d'autres... Et non, aucun n'avait été à la hauteur. Ce qu'ils avaient fait l'autre nuit relevait d'un autre niveau. Elle avait l'impression d'être sous l'emprise d'une drogue. Une drogue aux yeux bleus perçants, au sourire ravageur, qui menaçait dangereusement de briser la carapace qu'elle s'était forgée.

Kaylen se colla contre son dos, les mains sur ses hanches et enfouit son visage dans son cou. Son souffle sur sa peau la fit frissonner, son cœur s'emballa.

— Ne fais pas ça, je t'en prie, souffla-t-elle.
— Alors, dis-moi que je ne te plais pas, que tu n'es pas bien avec moi et je te laisserai tranquille !
— Tu ne me plais pas ! Je ne veux pas être avec toi !

Son rire lui caressa la peau, comme une brise tiède, allumant une à une les étincelles du désir.

— Il faudrait que tu sois un peu plus crédible que ça, souffla-t-il contre sa nuque.
— C'est la vérité...

Il glissa lentement ses mains sur ses cuisses, remonta le long de ses côtes, lui mordillant le cou. Nina déglutit, le souffle court.

— Arrête... s'il te plaît, murmura-t-elle en fermant les yeux, mais en se laissant aller contre son torse puissant.

Kaylen l'enveloppa de ses bras, la serrant contre lui, le visage pressé sur son épaule. Elle sentit la caresse de sa peau rendue rugueuse par la légère barbe qui ornait ses joues. À ce simple contact, son bas ventre se contracta.

— Je sais que tu en as envie, laisse-toi aller, bébé !
— Pourquoi moi ?
— Parce que j'ai l'impression de n'avoir attendu que toi, toute ma vie !

Pourquoi avait-elle ce même sentiment ?

Elle fit volte-face et le dévisagea. L'espace d'une seconde, Kaylen crut qu'elle allait le gifler. Mais elle fondit sur ses lèvres et l'embrassa à pleine bouche, mêlant leur langue avec délice.

Heureusement que les livreurs étaient partis, sinon ils auraient assisté, en direct, à un film porno. Kaylen avait déjà débarrassé Nina de son pull, qui avait pris le même chemin que sa veste et sa chemise un peu plus tôt, tandis que la jeune femme s'affairait à lui déboutonner son jean. Son souffle se fit tremblant quand il sentit les doigts de Nina se refermer sur son sexe, gorgé de désir. Accentuant la pression de ses baisers, il glissa une main sous le pantalon de la jeune femme pour lui empoigner les fesses.

— Merde, soupira-t-elle en s'écartant.

Bordel, elle ne va quand même pas me laisser comme ça !

Mais avant qu'il n’émette la moindre protestation, il entendit le cliquetis d'un tour de clé, et Nina l'attrapa par la main pour l'entraîner dans l'escalier qui menait à son appartement.

Kaylen évalua la distance qui les séparait du salon. Jugeant qu’ils étaient bien trop loin, il agrippa Nina par la taille et lui fit l'amour sur les marches. Le chemin jusqu'au lit fut semé d'embûches orgasmiques. Ils y arrivèrent épuisés.

Caressant les lignes du tatouage qui ornait son pectoral gauche, Nina se blottit contre lui.

— De quoi as-tu peur ? souffla-t-il dans ses cheveux.
— De rien !
— Je suis très doué pour savoir ce que les gens ressentent, ma belle ! Et toi, tu es terrorisée à l'idée de t'ouvrir à moi. J'aimerais savoir pourquoi.
— Si je te le dis, tu me laisseras tranquille ? interrogea Nina.
— Non !
— Et si je ne te le dis pas ? demanda-t-elle en se redressant sur un coude, pour planter son regard dans celui de Kaylen.
— Encore moins, sourit-il en roulant sur le côté, pour se retrouver au-dessus d'elle. Je te l'ai dit, je te veux ! Je sais me montrer persévérant, persuasif aussi ! ajouta-t-il en parsemant son corps de baisers. Il s'arrêta sur la cicatrice qui lui barrait le ventre. C'est à cause de ça, n'est-ce pas ?

Le sourire de Nina disparut. Elle tenta de se dégager, mais Kaylen la cloua au matelas en pesant sur elle.

— Laisse-moi !
— Qui t'a fait ça ? Dis-le-moi, bébé !
— Mon ex ! Maintenant, lâche-moi !

Un grondement monta dans sa poitrine qu'il s'efforça de taire. En la touchant, cet enfoiré avait signé son arrêt de mort. Il observa Nina s'envelopper dans le drap et devina les larmes qui roulaient sur ses joues. Le parfum de sa détresse saturait le salon. Elle alluma une cigarette, s'adossant à la fenêtre, le visage tourné, vers l'extérieur.

— Quand je l'ai quitté, il est devenu fou de rage. Il m'a poignardé et a mis le feu à la librairie, avec moi dedans, dit-elle d'une voix dénuée d'émotion, ne s'accordant aucunement avec les sentiments qui émanaient d'elle.

Il y avait tellement de douleur et de colère qui tourbillonnaient en elle. Kaylen s'approcha pour la réconforter.

— Non ! l'arrêta-t-elle. Je n'ai pas besoin de ta pitié, Kaylen ! Tu n'as pas besoin d'être gentil, ni d'essayer de me faire croire monts et merveilles pour pouvoir me baiser. Tu n'as qu'à demander !

C'est ça l'image que je renvoie ? Celle d'un queutard, sans sentiment ? Bordel, je vais devoir travailler mon apparence. Ça ne lui plaisait pas qu'elle le voie comme ça ! Ça ne lui plaisait absolument pas.

Sans tenir compte de son refus, il s'approcha et la prit dans ses bras. Elle tenta de se débattre, mais Kaylen la tint fermement contre lui.

— Si je n'en avais qu'après ton cul, tu le saurais, crois-moi. Je n'ai pas pour habitude de prendre de gants, surtout avec les femmes ! J'annonce la couleur, directement. Si j'avais voulu uniquement te sauter, je te l'aurais dit. Je ne serais pas revenu ce soir pour te supplier de me faire une place dans ta vie. Je ne vais pas te mentir, c'est tout nouveau pour moi, j'ai connu beaucoup de femmes, mais aucune ne m'a jamais donné envie d'autre chose que de sexe !
— C'est censé me rassurer ? demanda Nina en levant les yeux vers lui.
— Chut ! Toi, tu me donnes envie de sexe et d'autres choses. Je n'avais même jamais invité de femme à dîner ! Alors je ne te demande pas de m’épouser demain. Juste que l'on passe du temps ensemble, pour voir où ça peut nous mener !

Elle éveillait chez lui des sentiments que Kaylen croyait inaccessibles. Il ne pouvait l'expliquer, mais il devait être près d'elle, il en avait besoin. Il percevait que Nina ressentait plus ou moins la même chose... ensevelie sous des couches et des couches de protection. Il les gratterait, une à une, il avait tout son temps. Même si à chaque strate, il s'enfonçait un peu plus dans un bordel monumental qui finirait par lui péter à la gueule, cette femme était sienne !

Il prit son visage entre ses mains, rivant son regard dans les yeux brillants de Nina. Ils ressemblaient à des joyaux, magnifiques et précieux.

— Si je dis oui, tu vas décider de tout ? De nos rendez-vous ? De nos parties de jambes en l’air ?
— Non. On fera comme tu en as envie. Je te demanderai qu'une chose ! murmura-t-il.
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