Le Soldat - Renee Rose - E-Book

Le Soldat E-Book

Rose Renee

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Beschreibung

JE DEVRAIS RENONCER À ELLE ; LA LIBÉRER
L’armée russe a fait de moi un tueur, mais la bratva m’a rendu tel que je suis.
Impitoyable. Létal. Irrécupérable.
Et c’est pour cela que Kayla devrait garder ses distances.
Cette jeune actrice innocente a un avenir radieux qui l’attend, du moment que quelqu’un ne la brise pas avant. Quelqu’un comme moi.
Tous les week-ends, elle se donne pleinement à moi. Sans poser de questions. Sans hésiter.
Elle est à mes ordres.
En échange, je lui donne ce qu’elle désire : de la douleur et du plaisir.
Mais c’est un fantasme qui ne doit pas devenir réalité.
Nous jouons avec le feu,
mais je semble incapable de la laisser partir...

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Le Soldat

Renee Rose

Traduction parAgathe M

Edite parElle Debeauvais

Renee Rose Romance

Table des matières

Livre gratuit de Renee Rose

Avant-propos

Chapitre Un

Chapitre Deux

Chapitre Trois

Chapitre Quatre

Chapitre Cinq

Chapitre Six

Chapitre Sept

Chapitre Huit

Chapitre Neuf

Chapitre Dix

Chapitre Onze

Chapitre Douze

Chapitre Treize

Chapitre Quatorze

Chapitre Quinze

Chapitre Seize

Chapitre Dix-Sept

Chapitre Dix-Huit

Chapitre Dix-Neuf

Épilogue

Vouloir plus? Le Hacker

Livre gratuit de Renee Rose

Ouvrages de Renee Rose parus en français

À propos de Renee Rose

Mentions légales

Copyright © 2019-2021 Cartes sur Table de Renee Rose

Tous droits réservés. Cet exemplaire est destiné EXCLUSIVEMENT à l’acheteur d’origine de ce livre électronique. Aucune partie de ce livre électronique ne peut être reproduite, scannée ou distribuée sous quelque forme imprimée ou électronique que ce soit sans l’autorisation écrite préalable des auteures. Veuillez ne pas participer ni encourager le piratage de documents protégés par droits d’auteur en violation des droits des auteures. N’achetez que des éditions autorisées.

Publié aux États-Unis d’Amérique

Renee Rose Romance

Ce livre électronique est une œuvre de fiction. Bien que certaines références puissent être faites à des évènements historiques réels ou à des lieux existants, les noms, personnages, lieux et évènements sont le fruit de l’imagination des auteures ou sont utilisés de manière fictive, et toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, des établissements commerciaux, des évènements ou des lieux est purement fortuite.

Ce livre contient des descriptions de nombreuses pratiques sexuelles et BDSM, mais il s’agit d’une œuvre de fiction et elle ne devrait en aucun cas être utilisée comme un guide. Les auteures et l’éditeur ne sauraient être tenus pour responsables en cas de perte, dommage, blessure ou décès résultant de l’utilisation des informations contenues dans ce livre. En d’autres termes, ne faites pas ça chez vous, les amis !

Réalisé avec Vellum

Livre gratuit de Renee Rose

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Avant-propos

Chers lecteurs,

J’ai d’abord écrit l’histoire de Kayla et Pavel dans la nouvelle Possédée. Je leur ai donné une fin heureuse et je pensais en avoir fini avec eux. Mais ils continuaient de me parler. Ils voulaient un roman tout entier, alors le voici. Il est un peu différent des autres tomes de la série, car les personnages avaient déjà une relation de domination-soumission bien établie, et je ne jouais pas avec les notions de consentement qui me plaisent tant. Avec eux, les drames bouillonnent sous la surface et sont plus approfondis. J’espère que cette histoire vous plaira autant qu’à moi.

Si vous ne l’avez pas lu (ce n’est pas nécessaire, simplement divertissant !), voici un extrait de Possédée.

Pavel me prend par le coude d’un geste autoritaire et me fait descendre de l’estrade derrière le premier couple pour attendre que tous les participants aient été associés. Je tourne la tête vers lui et lui jette un nouveau regard insolent.

Ses doigts se referment immédiatement sur ma gorge, qu’il serre. Pas assez pour me couper la respiration, mais presque.

— Tu n’aurais pas dû venir ici ce soir, bouton-d’or.

Il me serre encore plus fort un instant, avant de détendre sa poigne.

— Je croyais que venir ‒ dans tous les sens du terme ‒, c’était le but.

Cela me vaut un véritable sourire, sauvage et coquin. J’avais raison. Il aime bien que je lui réponde.

— Niet. Tu n’aurais pas dû venir. Quelqu’un risque de froisser tes pétales, petite fleur.

Je trouve son accent sexy. Il parle comme les méchants dans les films d’espionnage, et je craque toujours pour ce genre de personnages.

— Et ce quelqu’un, c’est toi ? m’enquiers-je, d’une voix beaucoup plus rauque que prévu.

Il me lâche le cou et détourne les yeux, comme si je n’étais pas digne d’une réponse ou de son attention.

Euh, OK. Ça fait peut-être partie de son rôle de dominateur. Il essaye de me faire perdre mes repères. À moins qu’il ne m’aime vraiment pas.

Sauf que je l’entends marmonner :

— Tu n’en sortiras pas indemne.

Je bombe le torse, même s’il ne me regarde toujours pas.

— C’est le but de ma visite au club, rétorqué-je.

Extrait de Possédée

Chapitre Un

Pavel

Je glisse mes doigts tatoués autour de la gorge du bon à rien et je fais glisser la lame de mon couteau sur sa peau.

— Ne fais pas de paris que tu ne peux pas payer, lui dis-je.

J’ai aiguisé ma lame avant de venir, et elle l’entaille légèrement, faisant couler un filet de sang le long de son cou gras. Assez pour lui faire peur, s’il est du genre sensible. Nous ne sommes pas là pour estropier ce type, seulement pour le faire pisser dans son froc.

Nikolaï, notre bookmaker, est tout proche, les bras croisés sur la poitrine dans un geste réprobateur. À ses côtés, Oleg, notre gigantesque homme de main, fait craquer ses articulations couvertes de tatouages.

Il a déjà pas mal secoué ce connard. Le type aura des contusions pendant deux ou trois semaines, c’est certain. Voilà ce qui arrive quand on emmerde la bratva de Chicago.

— S’il vous plaît. Je trouverai l’argent. Promis.

Il se met à pleurnicher. Le briser n’aura pas pris longtemps, mais j’ai déjà perdu assez de temps ici.

Non que je voie mon travail comme une perte de temps. J’ai bien de la chance de faire partie de la cellule de la bratva de Ravil.

Mais après ce type, j’ai quelqu’un d’autre à torturer. Une personne bien plus délicieuse et consentante. Malheureusement, elle vit dans une autre ville, ce qui signifie que j’ai un avion à prendre.

Je croise le regard de Nikolaï, et il hausse les épaules, me laissant décider.

Je nettoie la lame de mon couteau sur la chemise du mudak.

— Tu as deux semaines. Paye, ou on te prendra tout ce que tu aimes. Pigé ?

— C’est compris, gémit-il. Je vous donnerai cet argent. Je vous le promets.

— Tu avais cet argent, lui rappelé-je. Et au lieu de nous l’apporter, tu as décidé de faire un nouveau pari avec les Tacone.

Le type baisse la tête.

— Je sais, geint-il.

— Alors je te préviens : c’est nous que tu payes en premier.

— Oui. Je vous payerai d’abord. Promis.

— Et ne crois pas être encore le bienvenu à ma table, lui dit Nikolaï.

Il le prend mal, quand des joueurs décident de traiter avec les Italiens plutôt qu’avec nous. Les Tacone ne sont pas nos ennemis ; nous avons convenu de rester chacun dans son coin quand il est question de crime organisé dans cette ville. Ce qui signifie que nos parties de poker ne devraient pas coïncider.

Je lève le menton en direction d’Oleg, qui donne un dernier coup de poing au type pour faire bonne mesure, puis je coupe les cordes qui le ligotent à la chaise. Il commence à se lever maladroitement, mais je pointe ma lame vers son œil gauche, et il se fige.

— Assis. Compte jusqu’à quatre cents. Ensuite, tu peux partir.

— Quatre cents. D’accord. Quatre cents, bafouille-t-il.

Je ramasse ma veste et l’enfile alors que nous quittons l’entrepôt abandonné que nous avons choisi pour notre petite séance de torture. Du gravier crisse sous nos pieds alors que nous rejoignons le SUV d’Oleg.

— Tu n’étais pas aussi bon que d’habitude, me dit Nikolaï alors que nous marchons. Tu n’as plus le goût à torturer ?

— Si.

Je ne lui confie pas que mes goûts ont tout simplement changé. J’ai trouvé un exutoire beaucoup plus sain à mon sadisme. Il le sait sans doute déjà. Je vis avec ces types. Difficile de garder des secrets, même si nous venons tout juste d’apprendre qu’Oleg nous avait caché des choses importantes au sujet de son passé.

— Sérieux, mec. J’ai failli intervenir et lui donner quelques coups de poing pour compenser, insiste Nikolaï.

Je jette un regard à Oleg, car il communique plus qu’avant, désormais, et il hausse les épaules et agite son poing de bas en haut, le signe pour oui.

— Da poshel ty.

Je leur ai dit d’aller se faire foutre.

Nous montons dans le véhicule d’Oleg, et il démarre pour nous ramener.

— Ravil va te remplacer, si tu ne fais pas ton boulot, me dit Nikolaï d’un ton léger.

Un frisson le long de ma nuque me dit d’être attentif. J’ignore s’il me taquine, ou s’il est sérieux. Ravil est notre pakhan, le chef de la bratva de Chicago. L’idée qu’il puisse être déçu de mon travail me perturbe. J’ai vachement de chance d’avoir ce boulot, et je suis ambitieux. J’espère faire mes preuves pendant que je suis ici. Comme ça, quand je rentrerai à Moscou, je pourrai grimper les échelons de l’organisation.

— Qu’est-ce que tu racontes ? réponds-je d’une voix cassante.

Nikolaï se retourne dans le siège passager pour me regarder.

— Ce matin, il a fait une remarque parce que tu partais encore en week-end. Sans lui demander l’autorisation.

Blyat. Je n’ai pas demandé la permission à Ravil. Mais je croyais que tout le monde savait que je partais à Los Angeles pour le week-end. J’y passais toutes mes fins de semaine depuis la Saint Valentin, quand Ravil m’avait envoyé dans un club BDSM pour affaires, endroit où j’ai revendiqué ma petite esclave.

Mais tout de même, partir du principe que tout le monde est au courant, ce n’est pas comme demander l’autorisation du boss. J’aurais dû lui demander congé, mais nous n’avons pas vraiment des horaires classiques. En gros, je fais tout ce que Ravil me demande. Que ça soit légal ou pas.

Je suis sous sa coupe, mais je serais prêt à tout pour lui.

Je me passe une main sur le visage.

— D’accord. Merci de m’avoir prévenu.

Nikolaï a beau être un connard, parfois, je sais qu’il essaye de me sauver les miches.

— Qu’est-ce que tu comptes faire avec cette fille ? me demande-t-il.

Je ne réponds pas. Ce ne sont pas ses oignons.

— Vous allez continuer cette relation à distance éternellement ?

— Nan, dis-je d’un ton que j’espère désinvolte.

Comme si rompre avec Kayla était une perspective facile. En réalité, ce n’est pas du tout le cas. Je sais que je suis une ordure, de l’avoir revendiquée et de la garder rien que pour moi depuis un mois. Kayla a sa vie. Un avenir radieux. Un avenir que je ne pourrais qu’assombrir. Et je ne parle même pas de la douleur émotionnelle que je risque de lui causer. Chaque semaine de cet arrangement insensé me rend l’idée d’une rupture plus difficile.

Je ferais mieux d’arracher le pansement un bon coup maintenant, avant qu’elle s’attache encore plus à moi dans mon rôle de maître.

Oui, je romprai ce week-end. Pas en arrivant, mais avant de rentrer. Une fois qu’on se sera amusés. Je veillerai à ce qu’elle connaisse les meilleurs orgasmes de sa vie, puis je la quitterai en douceur. Je mettrai ça sur le dos de la distance.

Oleg se gare dans le parking sous-terrain de l’immeuble que Ravil possède face au lac Michigan. Le quartier appelle ce bâtiment le Kremlin, parce que seuls les Russes sont autorisés à vivre et travailler ici. Enfin, les Russes et sa fiancée américaine. Et puis la petite amie d’Oleg, Mélodie. L’espace d’un instant, j’envisage d’ordonner à mon esclave d’emménager à Chicago, de s’installer au Kremlin pour pouvoir la dominer vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Mais bien sûr, je ne ferais jamais une chose pareille. Elle est actrice et tente de percer à Los Angeles. La convaincre de déménager ‒ et je ne suis pas sûr qu’elle accepterait, même si elle obéit généralement à mes ordres ‒ mettrait un terme à ses rêves. J’ai beau être un sale égoïste, je ne suis pas cruel à ce point.

Je descends et jette un œil à mon portable. Ma valise est déjà rangée dans ma voiture. Si je me mets au volant tout de suite et que je fonce à l’aéroport, j’arriverai pile à l’heure.

Mais Ravil... La dernière chose qu’il me faut, c’est me faire engueuler par mon chef. Pas après avoir travaillé si dur pour me rendre indispensable.

Blyat. Je suis Nikolaï et Oleg dans l’ascenseur et nous montons au dernier étage, où nous partageons le penthouse du boss. Il est debout devant les immenses baies vitrées qui surplombent le lac, Benjamin, son bébé de cinq mois, dans les bras. Il lui murmure des choses en russe.

Pas le moment de l’interrompre.

Mais je n’ai pas de temps à perdre.

Je vais me placer à côté de lui, et je contemple le lac en silence.

— Qu’est-ce qui s’est passé ?

Ravil nous parle presque exclusivement en anglais. Quand je suis venu de Russie pour intégrer sa cellule, je n’en parlais pas un mot. C’est ainsi qu’il s’est assuré que nous apprenions la langue : en nous interdisant de parler russe tant que nous ne maîtrisions pas l’anglais.

— Rien. On a réglé le problème.

Il me glisse un regard curieux, mais n’insiste pas. Ravil est doux. Super intelligent. Il garde la tête froide. Ce n’est pas le genre d’homme que l’on peut se permettre de sous-estimer ou de trahir. J’ai beaucoup de chance qu’il m’ait accueilli ici quand j’ai quitté Moscou. J’ai tenté d’apprendre le plus de choses possible à ses côtés, de calquer mon comportement sur le sien. Je suis un peu brut de décoffrage, mais je deviens de plus en plus sophistiqué.

Je fourre les mains dans mes poches. M’excuser, ce n’est pas mon truc. D’ailleurs, je ne me souviens même pas de la dernière fois que je l’ai fait. Mais je dois le respect à Ravil.

— J’aurais dû te demander la permission avant de quitter la ville, dis-je.

Mon regard tombe sur le visage angélique de son bébé, qui ferme les paupières.

— Oui, me confirme Ravil.

Merde. Nikolaï avait raison. Je lui en dois une, pour m’avoir prévenu.

— Je suis désolé.

— Tu es pardonné.

Il dit ça d’un ton nonchalant, mais il ne nie pas que mon comportement nécessitait un mea culpa.

Je prends une grande inspiration, mais je ne sais pas quoi dire ensuite. Devrais-je lui demander la permission en retard ? Peut-être, mais je ne veux pas lui donner une chance de me refuser ce week-end. Un petit morceau de paradis m’attend en Californie, et j’ai l’intention d’en profiter à fond avant de rompre.

Je commence à lui dire que ce sera mon dernier voyage, mais même ça, je ne peux pas le promettre.

— Tu es un peu perdu, résume Ravil à ma place.

Pour une raison inexplicable, mon cœur se met à battre à tout rompre. Il vient de dire à voix haute ce que je me dis tout bas.

Mais comment y voir plus clair ? Kayla est à Los Angeles. Moi, je suis ici. En plus, je compte rentrer en Russie quand les choses se seront tassées. J’ai mis assez d’argent de côté pour y monter ma propre entreprise. Rester aux États-Unis est inenvisageable. Ma mère est toute seule en Russie.

Mais Ravil a raison. Je n’arrive clairement pas à me décider, sinon je n’irais pas à Los Angeles ce week-end. Mon arrangement d’un mois avec Kayla s’achevait la semaine dernière.

— Oui, réponds-je.

— Préviens-moi quand tu sauras où tu en es.

Il tourne les talons et s’éloigne, me laissant la boule au ventre.

Merde.

Encore une bonne raison de conclure mon aventure avec Kayla ce week-end.

Pourtant, alors que je quitte l’appartement pour me rendre à l’aéroport, je suis presque certain que je n’en ferai rien.

Kayla

Je sirote du champagne dans le hall d’entrée du Four Seasons de Beverly Hills, à proximité de la porte afin de voir tous les gens qui entrent. Je suis dans mon personnage, je joue mon rôle, alors je repousse l’impression que j’ai de ne pas être à ma place. Ici, c’est un hôtel pour les gens riches et célèbres, alors que je ne suis qu’une aspirante actrice originaire du Wisconsin.

Je n’ai encore vu aucune star, mais je me dis que passer du temps ici pourrait être un bon moyen de me faire « découvrir ». On ne sait jamais, après tout. En tout cas, c’est ce qu’on essaye de se dire. Moi, mes colocataires, et tous les acteurs sans boulot de Los Angeles.

Mon téléphone sonne, et je le sors de mon sac avant de balayer l’écran du doigt en lisant le nom de mon agente.

— Salut, Lara.

— Écoute, Kayla. Annule tout ce que tu avais prévu ce week-end. Je vais peut-être te décrocher une audition. Je suis sur le coup.

Ce week-end. Merde.

Désormais, le week-end, j’appartiens à Pavel. Sauf que là, il s’agit de ma carrière. Ça doit passer avant tout.

— Oui, d’accord, réponds-je, le souffle court. C’est pour quoi ?

— Une nouvelle série réalisée par Blake Ensign, et je pense que l’un des rôles t’irait comme un gant. Ah... j’ai un double appel. On se reparle très vite.

Lara raccroche, jouant les agentes débordées, alors qu’elle n’a pas beaucoup de métier. En tout cas, elle ne gère la carrière d’aucune star de cinéma. Ni même d’acteurs de séries B. C’est bien pour ça qu’elle accepte de s’occuper de moi, non ?

Mais qu’importe. J’ai de la chance d’avoir une agente. Beaucoup de gens ne peuvent pas en dire autant.

Avec un soupir, je range mon téléphone dans mon sac et bois davantage de champagne pour me détendre. Pavel, mon bad boy dominateur russe, comprendra, pour demain. Enfin, si l’audition a bien lieu.

Ou en tout cas, je pense qu’il comprendra. En réalité, il a beau être mon dominateur et me faire des choses époustouflantes et intimes tous les week-ends, nous ne nous connaissons pas vraiment. Je dis dominateur, et pas petit ami, parce qu’il n’y a rien de « petit » chez Pavel, bien qu’il ait sans doute le même âge que moi. Et non, je ne connais pas son âge. J’ignore un million de choses à son sujet. Comme ce qu’il fait vraiment dans la vie. Ou ce qui a fait de lui un sadique ‒ s’il y a une raison particulière. Ce n’est sans doute pas le cas. Moi, je ne sais pas pourquoi je suis soumise. Tout ce que je sais, c’est que ça m’excite beaucoup plus que tout ce que j’ai pu faire au lit avant d’aller au Black Light.

Le simple fait d’imaginer ce qu’il va me faire ce soir me donne des frissons.

Je porte une robe cocktail noire. Elle n’est pas aussi moulante ou sexy que je l’aurais voulu, mais elle a un collier intégré et un décolleté plongeant que je trouve canon. J’espère que Pavel sera du même avis.

Je croise de nouveau les jambes. J’ai des bas noirs très chics, ceux avec une couture au milieu et un petit nœud de satin à quelques centimètres de mes fesses. J’ai changé quinze fois de tenue pour trouver la bonne, et je ne suis toujours pas sûre de mon choix. J’ai l’impression d’être une call-girl qui attend son client. C’est excitant, dans le genre jeu de rôle, mais le problème, c’est que c’est un peu trop proche de la vérité.

Pavel ne me paye pas, bien sûr. Le premier week-end où il a pris l’avion pour me voir, juste après notre aventure au Black Light, un club BDSM sélecte, il m’a tendu une liasse de billets avant de s’en aller.

— Ce n’est pas une rémunération, m’a-t-il dit avec son accent sexy.

Même en m’offrant quelque chose, il est parvenu à prendre un ton sévère et autoritaire.

— Ne crois surtout pas ça. C’est de l’argent de poche, parce que je ne serai pas là pour te faire sortir le reste de la semaine.

J’ai seulement hésité quelques secondes avant d’accepter l’argent et un baiser sur la tempe de la part de Pavel. J’ai du mal à joindre les deux bouts avec les quelques pubs dans lesquelles je joue et mon petit boulot de serveuse. J’aimerais bien être fière et courageuse, lui dire que je n’ai pas besoin de son argent, mais je ne suis pas comme ça. Je suis plutôt du genre à faire le dos rond. Quand on me propose de l’aide, je l’accepte. Quand j’ai déroulé la liasse en rentrant chez moi, j’ai été surprise de découvrir qu’il ne s’agissait pas de quelques billets de vingt. C’étaient des billets de cent. Il y’en avait neuf, pour être exacte.

Les trois week-ends suivants, il a répété son geste, glissant de grosses sommes d’argent dans mon sac ou dans ma main.

— Ce n’est pas une rémunération, répétait-il sévèrement dans son accent russe sexy, comme pour me mettre au défi de le contredire.

Quand il pénètre dans le hall de l’hôtel, un éclair d’impatience s’abat sur moi. Il suinte le pouvoir, contrairement à ce que pourraient laisser penser sa jeunesse et ses tatouages. Sa barbe soigneusement taillée orne une mâchoire carrée et un menton avec une fossette au milieu. Il aurait eu un physique de jeune premier, s’il n’émettait pas des ondes aussi menaçantes. Plusieurs têtes se tournent en direction du nouveau venu. Nous sommes à Los Angeles, alors il y a des célébrités partout, surtout au Four Seasons, et Pavel en a le physique.

Comme d’habitude, il porte des vêtements hors de prix, mais le col de sa chemise blanche impeccable est entrouvert, révélant les tatouages qui lui grimpent dans le cou. Un vrai mafieux sexy. Il a une petite valise à la main, qui, d’après mon expérience, contient ses instruments de torture. Les choses dont il se servira tout le week-end pour me dominer encore et encore.

Je me penche en avant sur le canapé moderne, prête à bondir sur mes pieds, mais il secoue presque imperceptiblement la tête, et son regard passe de moi à la file qui se trouve devant la réception de l’hôtel. Je me mets à rougir alors que je m’assois bien droite, la poitrine en avant, à ses ordres.

Je tente de chasser la douleur que son rejet me provoque. Il ne me repousse pas. Il met mon obéissance à l’épreuve. Suis-je capable de comprendre ce qu’il souhaite ? De patienter pour être récompensée ? Il me fait mariner. Oui, c’est forcément ça.

Chacun de ses faits et gestes m’envoie un frisson. Ses mots sont des ordres délicieux et excitants. Ses expressions sont généralement sombres, voire désapprobatrices. Il m’adresse des haussements de sourcil, des regards d’avertissement. Il joue le rôle du maître menaçant à la perfection. Sauf que je ne suis pas sûre que ce soit vraiment un rôle. Toutes nos interactions seraient dignes de figurer dans un film, mais je crois que le rôle qu’il joue est assez proche de sa véritable personnalité.

Le problème, c’est que je n’ai aucune certitude. Parfois, je ne suis pas sûre de vouloir le savoir. Nous projetons nos fantasmes l’un sur l’autre. À quoi bon mêler la vraie vie à tout ça ?

L’un des employés de l’hôtel apporte un plateau avec des verres de champagne à Pavel, qui secoue la tête et lui fait signe d’aller dans ma direction. Ma contrariété s’évanouit. Il continue de prendre soin de moi, comme tout bon maître le ferait. On me propose du champagne, et je l’accepte, pas parce que je le veux, mais parce que c’est Pavel qui me l’envoie.

Il va s’enregistrer à la réception, puis se dirige vers moi. Cette fois, je ne me lève pas avant d’être sûre. Avant qu’il me tende la main. Il a toujours l’air froid et impassible. Les traits durs de son visage ne comportent pas la moindre expression. J’ignore s’il est content de me voir. S’il est satisfait ou déçu de ma tenue ou de la façon dont je l’ai attendu. Je pose mon verre de champagne. Je n’ai pas besoin d’en boire plus. Un verre, c’est largement suffisant pour un poids plume comme moi.

Ma main est moite dans la sienne alors qu’il m’aide à me mettre debout. Il ne dit pas un mot. Ne m’embrasse pas. Pas de comment ça va? Ou tu es superbe. Rien du tout. Il est très professionnel. Il laisse tomber sa valise sur la mienne, me reprend par la main et me guide jusqu’aux ascenseurs en faisant rouler nos deux valises de sa main libre.

Les papillons que j’ai dans le ventre se transforment en tornade affolée. Je ne comprends pas Pavel, et mon besoin de lui faire plaisir ‒ de jouer le jeu comme il faut ‒ me donne l’impression de marcher sur une corde raide.

Nous montons dans l’ascenseur, et les portes se ferment. À l’instant où nous nous retrouvons seuls, Pavel se tourne vers moi. Il glisse une main dans mes cheveux et pose l’autre sur mes fesses alors qu’il me plaque à la paroi de la cabine. Ses lèvres se collent aux miennes dans un baiser autoritaire. Son érection me rentre dans le ventre, et sa langue s’enfonce dans ma bouche. Je suis envahie par le soulagement.

Il n’est pas contrarié. Il me désire vraiment.

Je passe les bras autour de sa nuque et lui rends son baiser, une jambe glissée derrière sa taille pour le coller à moi. Nous nous embrassons comme si le monde touchait à sa fin. Comme si sans ce baiser, nous risquions de ne plus jamais revoir la lumière du jour. Nous ne sommes séparés que depuis une semaine, et j’ai à la fois l’impression que c’était hier et que ça fait une éternité.

L’ascenseur sonne, et Pavel me prend par la main. Sans un regard vers moi, il me guide à l’extérieur tout en manœuvrant habilement nos valises dans le couloir jusqu’à une porte, qu’il ouvre avec une carte magnétique.

Il n’a toujours pas dit le moindre mot. Bon, moi non plus, mais c’est parce que j’attends qu’il donne l’exemple. C’est lui, le maître. Je suis son esclave. Ou en tout cas, c’est à ce petit jeu que nous jouons depuis un mois. Il referme la porte d’un coup de pied et reprend notre baiser avec la même férocité qu’avant. Mes fesses se plaquent au mur. Son corps musclé se moule au mien, exigeant ma soumission. Je m’en remets à lui. À son savoir-faire. À sa domination, au rythme qu’il impose. Il attrape l’une de mes cuisses et la soulève, puis trouve le haut de mon bas.

— Sexy, souffle-t-il contre mes lèvres.

Pour un premier mot, c’est plutôt approprié. Il me caresse les fesses, et sa paume se glisse sous ma robe.

— Tu es trop canon.

Voilà ce que j’espérais. C’est pour ça que je me suis changée plus de dix fois.

Il m’embrasse dans le cou et plaque sa main sur mon sexe comme s’il lui appartenait. Et c’est le cas. Enfin, je le lui ai donné de mon plein gré, bien sûr. Comme toujours, je suis comme de la glaise sous ses doigts : tremblante, prête à être façonnée par ses ordres.

Il ne m’en donne pas. Il se contente de prendre ce qu’il veut. Il glisse les doigts dans ma culotte et me caresse le clitoris.

— Déjà trempée.

Sa barbe me chatouille l’oreille. Son accent russe est très audible. Il devient toujours plus prononcé quand il est excité.

— C’est bien, tu es sage. Prête à prendre ma queue à l’instant où je veux te la donner.

Un frisson de plaisir me parcourt en entendant ses mots cochons, et je me repais de ses compliments, même si je n’ai aucun contrôle sur ma lubrification naturelle.

— Oui, Maître, haleté-je.

— Je veux me plonger en toi, bouton-d’or, dit-il d’un ton bourru en se dépêchant de libérer son érection.

Bouton-d’or. J’adore ce petit surnom. Il a commencé à m’appeler comme ça parce qu’il croyait que j’étais une fleur trop délicate. Trop fragile. C’est la roulette du Black Light qui nous a mis ensemble et je crois qu’il était déçu de tomber sur moi. Mais quand il a réalisé que j’étais capable d’encaisser tout ce qu’il me donnait ‒ douleur comme humiliation ‒, son dédain pour moi s’est lentement transformé en satisfaction. Après m’avoir brisée, quand j’ai été prise de sanglots après une séance de domination, il a déclaré que je lui appartenais.

Ça, c’était il y a cinq semaines.

Je ne l’aide pas à nous déshabiller, car mon rôle, c’est de me soumettre. C’est lui qui mène la danse.

Il repousse ma culotte sur le côté et place son gland contre mon entrée, les genoux pliés pour compenser notre différence de taille. Nous ne mettons pas de préservatif parce que je prends la pilule, que nous sommes monogames et que nous avons tous les deux fait des tests. Quand il s’enfonce en moi, je me mets sur la pointe des pieds, et mes hanches glissent contre le mur.

Je pousse un cri et m’agrippe à ses biceps pour ne pas perdre l’équilibre.

— À qui appartient cette chatte ?

Ses doigts me pétrissent violemment les fesses alors qu’il me soulève contre le mur.

— À vous, Maître !

Il s’enfonce vite et fort. Mon dos cogne contre le mur. C’est sauvage, effrayant et merveilleux. Je soulève mon autre jambe pour l’enrouler autour de sa taille, et il va et vient en moi dans de grands coups de reins. Ses dents m’effleurent le cou, et il se met à suçoter et à mordiller ma chair.

J’écoute son souffle s’accélérer. Je jouirai au même moment que lui... s’il m’y autorise. Je n’ai même pas besoin d’y réfléchir ou de faire un effort. On dirait que mon corps sait qu’il a un maître et veut le rejoindre dans le plaisir.

Les mouvements de Pavel deviennent plus saccadés, et mon dos remonte contre le mur. Je pousse un cri de désir. Le souffle coupé, il s’enfonce brutalement en moi.

— Jouis, m’ordonne-t-il d’une voix gutturale alors qu’il est rattrapé par l’orgasme.

Je ne tente pas de contenir les contractions de mes muscles sur son sexe. Je n’entends que sa respiration haletante, et je ne sens que les pulsations de son membre en moi.

Pavel m’embrasse sur la tempe, la pommette, l’arête du nez. Ce sont ces moments que je savoure. Quand je suis certaine d’avoir gagné son approbation. Quand il est doux et généreux avec une tendresse dont il est habituellement avare.

— J’en avais besoin, me dit-il en me pétrissant les fesses tout en m’embrassant dans le cou. Je ne pouvais même pas te regarder dans cette robe en entrant. Je savais que j’allais me retrouver avec la plus grosse érection du monde devant la réception de l’hôtel.

— Ah, c’était pour ça, alors, dis-je en riant presque de soulagement. Je croyais que tu jouais avec moi pour me troubler.

Pavel recule et se retire tout en me dévisageant. Il range son sexe et lisse ma robe.

— Je t’ai blessée.

Je hausse les épaules. Il est très doué pour lire en moi quand il cherche des réponses, mais il ne sait pas toujours quelles questions poser. Mon amie Sasha, qui nous a présentés, pense que je suis sa première petite amie.

Même si je ne me vois pas comme sa petite amie.

Ce que nous partageons, c’est autre chose.

Je hoche la tête, et il me caresse la joue avec le pouce.

— J’aime infliger de la douleur physique, pas de la douleur émotionnelle, Kayla. Je n’aime pas manipuler les gens. Je ne veux pas te troubler, je veux que tu sois sûre de moi. Sinon, comment tu pourrais me faire confiance pour prendre soin de ce corps canon ?

Les papillons que j’ai dans le ventre s’affolent, puis s’apaisent.

Pavel me prend par le menton et place ses lèvres à quelques millimètres des miennes.

— Je suis désolé, bouton-d’or. Je suis un sale égoïste. Je ne voulais pas te faire de mal.

Il m’embrasse avec tant de douceur que j’ai presque envie de pleurer. Ça n’a rien à voir avec le baiser sauvage qu’il m’a donné dans l’ascenseur.

— Merci de me l’avoir dit. Je ne te laisserai plus jamais dans le doute, ajoute-t-il.

Mon cœur devient tout tendre et tout chaud. C’est toujours comme ça, avec Pavel. Je suis sur les nerfs, dans tous mes états, impatiente de m’attirer ses attentions, ses compliments, et quand il me les donne, je suis sur un petit nuage.

Mes colocataires trouvent ça malsain, mais elles ne comprennent pas le BDSM. Moi, j’estime que Pavel est la chose la plus passionnante qui me soit jamais arrivée.