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Un professeur à la retraite et à la recherche d’une occupation décide de créer une langue internationale. Appuyé de sa cousine qui se prend au jeu- et qui n’est pas insensible à son cousin - il passe de nombreuses heures à des recherches linguistiques et à l’invention d’une grammaire et d’un vocabulaire où puisse se retrouver la plupart des langues.
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Veröffentlichungsjahr: 2020
T. Combe
LE VARA
© 2020 Librorium Editions
Tous Droits Réservés
À la fleur de son âge et dans tout l’essor de son activité intellectuelle, M. Florian Verdan fut frappé d’un malheur qui l’arrêta net dans sa carrière : il hérita d’un vieil oncle célibataire un revenu de dix mille francs.
Jusqu’au jour fatal où le notaire lui remit les titres de sa rente, M. Florian Verdan avait été un homme heureux. Professeur de grammaire dans une petite ville renommée pour ses pensionnats, il aimait sa vocation, et sa vocation l’aimait. Il était né pour l’enseignement : correct, patient, méthodique, doué de cette imagination de détail qui invente des exemples à l’appui et des illustrations, il savait exposer les mystères de la langue avec clarté, presque avec charme. Ses élèves, étrangères pour la plupart, blondes Allemandes, Suédoises et Anglaises, adoraient également la grammaire et le professeur. Sans cesse il songeait aux moyens de rendre ses leçons plus intéressantes : il les soignait, les pomponnait, les fleurissait d’images. Parfois, en été, durant la chaleur du jour, il se dirigeait vers la gentille petite rivière qui longe le pied de la colline ; il s’asseyait au plus épais de l’oseraie, sous le feuillage gris à l’ombre dansante, et là, il cherchait des sujets de composition et des exercices inédits pour sa classe supérieure. Le joli bruit de l’eau courante l’inspirait, les pages de son carnet se couvraient de notes. En rentrant chez lui, il rencontrait parfois sa cousine Ruth, qui donnait des leçons d’anglais et d’ouvrages à l’aiguille au pensionnat des Églantines. Il lui faisait part de ses trouvailles.
— Ah ! mon Dieu ! soupirait-elle, que je voudrais donc pouvoir suivre votre exemple et prendre goût à ma corvée !…
Mais en s’en allant, elle se demandait avec tristesse et impatience : « Ne songera-t-il donc jamais qu’à la grammaire ? »
Mlle Ruth faisait tort à son cousin : il songeait à elle… le dimanche. Ce jour-là, il allait la voir dans la petite maison où elle vivait seule depuis la mort de ses parents. C’était une demeure toute mignonne, un pavillon, presque une maison de poupées. Elle ne contenait que trois chambres et une cuisine, mais son perron avait une belle balustrade antique en fer forgé ; la porte était de chêne plein, surmontée de deux écussons à demi effacés ; le toit pointu, aux tuiles brunies, était toujours égayé par un vol tourbillonnant de pigeons. Derrière, un petit verger où l’on descendait par un escalier de bois caché sous les clématites. M. Florian trouvait ordinairement sa cousine dans le coup de feu du dîner, sa jolie robe du dimanche relevée sous un grand tablier blanc.
— Excusez-moi, je suis obligée de vous recevoir à la cuisine, disait-elle.
— Mais elle est très gentille, votre cuisine, répondait-il d’un ton rêveur.
Il regardait autour de lui ; une douce chaleur que le problème grammatical même le plus palpitant, n’eût point su faire naître, montait à son cœur et à ses joues. Il se disait, le coude appuyé sur la petite table de sapin blanc, que lorsqu’il aurait quelques économies… Ruth lui jetait de temps en temps un regard furtif, mais elle se gardait d’interrompre sa méditation.
I
II
III
IV
V
ÉPILOGUE
Couverture