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Dans Le Yoga Cognitif de Michaël, le Dr Ben-Aharon développe de manière remarquablement détaillée l'ensemble du processus du yoga moderne. Le contenu de ce livre exceptionnel contient des ins- tructions complètes sur la spiritualisation des sens et la manière dont celle-ci conduit à une transformation des processus et fonctions physiques les plus pro- fonds et les plus inconscients. L'ancienne voie du yoga consistant à spiritualiser l'in- spiration et l'expiration est remplacée par une forme contemporaine, celle de la spiritualisation de la pen- sée et de la transformation des perceptions et des sensations. Le Yoga Cognitif de Michaël culmine dans une description pionnière d'une rencontre individualisée avec le Christ éthérique dans le monde éthérique.
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Seitenzahl: 431
Veröffentlichungsjahr: 2025
Titre de la version originale: Cognitive Yoga – Making Yourself a New Etheric Body and IndividualityPublished by Temple Lodge Publishing Ltd., Hillside House, The Square, Forest Row, RH18 5ES England
Traduction: Scott Elliot Hicks & Jean-Christophe Robert et Catherine Dreiseitl
ISBN 978-3-949064-49-41ère édition 2025
© de la version originale by Yeshayahu Ben-Aharon 2016© de la version française by Yeshayahu Ben-Aharon 2025
Illustration de la couverture: Sylvia Waiblinger
Ereignis Verlag GbRFürstenrieder Str. 97, 80686 München
https://www.ereignisverlag.dee-mail: [email protected]
Cet ouvrage est protégé par les droits d'auteur. Toute utilisation de la présente publication intégrale ou partielle, sans l'accord de l'éditeur et de l'auteur, est interdite. Cela concerne en particulier la reproduction électronique ou autre, la traduction, la diffusion et la mise à disposition du public.
A notre époque, lorsque quelqu’un publie les résultats d’une recherche de science de l’esprit basée sur sa propre expérience, il s’attend naturellement à rencontrer de nombreuses objections. Permettez-moi d’en mentionner une seule qui se présente sous deux formes complémentaires. La première forme prévaut parmi les adeptes de l’anthroposophie qui croient que – malgré l’exemple individuel de Rudolf Steiner – l’expérience suprasensible individuelle ne devrait pas être la source de la science de l’esprit. Dans le cadre de la deuxième forme, se trouvent ceux qui sont satisfaits d’avoir des expériences spirituelles, des révélations et des visions, et considèrent la science de l’esprit, eh bien, comme exigeant trop de science, car elle nécessite un engagement sérieux à long terme pour développer des forces claires, exactes et réfléchies de la cognition spirituelle. Les gens qui soulèvent le premier type d’objection croient sincèrement que seule l’interprétation loyale des textes du maître et la préservation des formes culturelles et pratiques qu’il a créés sont les véritables tâches de la science de l’esprit. Il n’est pas difficile de trouver la contradiction dans cette croyance en la résumant ainsi: si la science de l’esprit est censée être une science authentique, elle doit être fondée sur de nouvelles recherches empiriques du monde réel, données dans l’expérience humaine et pas seulement sur les interprétations des textes.( 1 ) Néanmoins, j’ai rencontré cette objection à plusieurs reprises depuis que j’ai publié mon premier livre au milieu des années 1990. Il a alors été prétendu que, parce que j’ai fondé ma recherche spirituelle sur ma propre expérience suprasensible, je ne pouvais pas être considéré comme un fidèle disciple de Rudolf Steiner et donc ma recherche ne devait pas être considérée comme une contribution sérieuse au développement de la science de l’esprit. D'un autre côté, personne ne niera que de nombreuses expériences spirituelles sont utilisées à mauvais escient pour justifier des désirs égoïstes et pour favoriser une croyance similaire en l'autorité externe. Trouver un juste milieu entre ces deux dogmes, le dogme de la tradition et le dogme de l'expérience, est certainement difficile et doit être constamment découvert.
Or, nous ne devons pas simplement rejeter d’emblée la première objection, car son erreur repose sur une vérité importante qui doit être pleinement reconnue pour que la situation soit correctement comprise. La fidélité à l’autorité des traditions, des institutions et des textes que beaucoup de gens exigent est une représentation erronée de la véritable essence de la fidélité spirituelle, qui devrait être dirigée vers les forces spirituelles qui provoquent les impulsions originales et créatives et non vers les formes extérieures dans lesquelles elles s’incarnent et se conservent. Cette loyauté est en effet absolument nécessaire. C’est une condition préalable à l’avancement dans toutes les branches de la connaissance et de la création humaines. Le progrès de la vie humaine et de la connaissance doit être enraciné dans le riche sol cultivé par les fondateurs et les développeurs de chaque branche de notre vie culturelle et sociale. Si quelqu’un veut présenter des recherches individuelles en physique, il doit étudier et assimiler les fondamentaux de la physique, et bien plus encore. Il démontrera ensuite cette connaissance dans l’ensemble de son approche de la réalisation et de la présentation de sa recherche individuelle. De plus, lorsque nous étudions la vie de scientifiques et d’artistes vraiment créatifs et indépendants, nous constatons que la fidélité à leurs prédécesseurs était à la source de leurs créations originales, même lorsqu’ils ont dû lutter pour surmonter les formes extérieures et démodées du passé. Ce que les partisans du dogme de l’expérience soutiennent, à savoir qu’être libre et créatif signifie recevoir des visions et des inspirations à partir de rien, est amplement contredit par le fait que les personnes les plus créatives et libres sont précisément celles enracinées dans les sources les plus profondes de leur discipline. Le véritable grand révolutionnaire reconnaît volontiers sa dette indubitable envers ses prédécesseurs, tandis que le pionnier créatif et le découvreur aventureux est aussi l’élève le plus dévoué. Pour les vrais pionniers, c’est un fait qu’être « original » implique le sens littéral du terme: ce n’est que dans la mesure où vous tirez vos forces créatrices des origines spirituelles de votre métier que vous pouvez aspirer à devenir vraiment original.
Rudolf Steiner en est le meilleur exemple, car il a fondé la science de l’esprit à partir des dernières réalisations des sciences naturelles. Était-il fidèle à la vérité découverte par les fondateurs des sciences naturelles? Certainement! Était-il une personne libre et créative, qui établit une toute nouvelle discipline scientifique? Oui, en effet! Finalement, la loyauté librement développée envers l’impulsion créatrice et fondatrice de votre discipline est la même loyauté que vous devez à votre propre moi véritable, puisque dans le monde spirituel, ils ont tous deux la même source. Cependant, alors que dans le cas d’autres sciences et arts, la fidélité aux origines spirituelles peut être consciente à des degrés divers, dans la science de l’esprit, elle doit devenir pleinement consciente. Si vous voulez transformer l’expérience spirituelle en expérience pleinement consciente et cognitive, vous ne pourrez vous repérer que si vous suivez le plus scrupuleusement possible la véritable démarche spirituelle de votre maître. On ne peut, en fait, établir, corroborer et confirmer ses propres expériences et intuitions, que si l’on fonde chaque étape sur le travail spirituel précédemment accompli par les maîtres dans ce domaine. (Il est important de souligner que cela n’est pas fait pour des raisons externes, comme être fier de son apprentissage ou se faire accepter dans tel ou tel quartier, mais uniquement pour des raisons internes). Il n’est possible d’être honnête et consciencieux, spirituellement parlant, que dans la mesure où l’on remplit cette exigence. Telles sont les lois et conditions objectives dans ce domaine de la connaissance. Et je sais bien qu’il est tout à fait superflu d’essayer de convaincre qui que ce soit sur ces questions, tant que cette personne ne veut pas en faire l’expérience par elle-même. Discuter de ce qu’est réellement la science de l’esprit avec ceux qui croient aux dogmes de la tradition et de l’expérience n’est jamais une entreprise productive. On ne peut procéder qu’en vérifiant à plusieurs reprises sa propre loyauté intérieure et sa véracité dans l’accomplissement des lois et conditions immanentes et inhérentes de la recherche spirituelle, puis en laissant au lecteur le soin de créer son propre jugement individuel.
Permettez-moi de mentionner brièvement à cet égard quelques moments des années de formation de mon travail spirituel.( 2 ) Ma vie spirituelle d’adulte a commencé par une expérience suprasensible du Christ éthérique. J’ai immédiatement commencé à chercher des réponses et des solutions aux innombrables questions et énigmes de cette expérience. Cette recherche m’a conduit directement à l’anthroposophie. D’abord j’ai étudié les recherches de Rudolf Steiner concernant l’impulsion du Christ, ensuite, j’ai passé à l’anthroposophie générale, puis un an plus tard, j’ai lu le propre point de départ de Rudolf pour la science de l’esprit: La philosophie de la liberté. Cela s’est passé il y a exactement 40 ans, en 1976. Parallèlement à une étude continue et intensive de l’anthroposophie, j’ai commencé à étudier avec le plus grand enthousiasme tout ce qu’il a écrit et dit sur la cognition, la philosophie, Goethe, les sciences naturelles et leur transformation en science de l’esprit. Je me souviens encore avec la plus profonde chaleur d’âme de ces courtes années au début de mes vingt ans où je pouvais me consacrer à l’assimilation des bases des sciences naturelles et de la biologie moderne à l’université d’Oranim (une branche de l’université de Haïfa où environ 20 ans plus tard j’ai obtenu mon doctorat en philosophie avec ma thèse sur La cognition du Je dans la phénoménologie de Husserl, finement dirigée par le Professeur Michael Strauss). J’ai passé des matinées et des après-midis dans les classes et les laboratoires où l’on pouvait découvrir en direct les grandes réalisations de la physique, de la chimie, de la biologie, de la physiologie et de l’anatomie d’aujourd’hui avec toute la dévotion et l’enthousiasme des jeunes étudiants. Ensuite, j’ai travaillé de longues soirées et nuits dans mon petit appartement pour combiner chaque ligne de la connaissance scientifique naturelle avec les travaux scientifiques naturels et spirituels de Goethe et Steiner. J’ai découvert que Rudolf Steiner démontrait, dans les détails les plus concrets, reproductibles et vérifiables, l’art cognitif pratique de la création d’un pont cognitif continu, fait des pensées les plus pures et exactes, qui mènent de la science de la nature contemporaine et du penser moderne naturel à la science de l’esprit. J’ai senti que, grâce à l’expérience du Christ, j’avais trouvé ma maison terrestre dans le monde spirituel le plus proche de la terre, et grâce à la science, au penser et à la cognition spiritualisés de Rudolf Steiner, je pouvais trouver ma maison spirituelle sur la terre. La construction d’un pont spirituel pleinement conscient entre les deux mondes est bientôt devenu ma respiration spirituelle quotidienne. Ce pont est devenu un élément vital de ma vie intérieure et de ma recherche spirituelle que j’ai développé et transformé au cours des dernières décennies. Ceci est devenu la source de mes livres publiés, de mes conférences et de mes contributions à l’école des sciences spirituelles, et son application dans la vie sociale est aussi devenue la source de la fondation de la communauté de Harduf. J’ai publié les résultats de cette recherche dans mes livres, L’évènement spirituel du XXe siècle, une imagination (1993), La nouvelle expérience du suprasensible (1995), La responsabilité globale des USA: individuation, initiation et la triple organisation (2002), L’évènement en science, histoire, philosophie et art (2011), Un événement – Dialogue entre l’anthroposophie et la philosophie française postmoderne (2012) et Science de l’esprit au XXIe siècle (2013). Je considère le présent livre comme une continuation organique et un développement du fil essentiel qui unit ma recherche spirituelle au fil des ans, basée sur mon livre principal, La Nouvelle Expérience du suprasensible.( 3 )
Rudolf Steiner est parti des facultés psychiques les plus élevées et les plus récentes que l’humanité ait développées à l’époque moderne: une pensée claire et exacte et une perception sensorielle précise et lucide. Cette pointe croissante de l’évolution de la conscience humaine peut être transformée d’une double manière. D’une part, le penser le plus clair et le plus exact peut être spiritualisé. Cela se produit notamment grâce à La philosophie de la liberté. D’autre part, la perception sensorielle claire et éveillée peut être aussi spiritualisée. Cela se fait par une extension et une intensification de l’étude de Goethe sur les affects psychologiques des couleurs. Les deux peuvent être ensuite transformés en nouvelles facultés de recherche suprasensible. En relation avec cela, Rudolf Steiner introduit le concept d’« un nouveau Yoga de la volonté » dans le contexte global de l’évolution humaine et cosmique, dans son cycle de conférences, La mission de Michaël (GA 194, 1919), comme un moyen de créer la « culture michaëlique de demain » et établir la « relation à la nature de l’âme emplie du Christ. »
Dans la conférence du 30 novembre 1919, il décrit ainsi ce processus:
« Lorsque nous aurons retrouvé l’élément âme dans nos impressions sensorielles, nous aurons de nouveau un point de croisement où nous saisirons la volonté (…) et dans ce point de croisement, nous trouverons également quelque chose qui est à la fois objectif et subjectif et que Goethe s’efforçait si ardemment d’atteindre. Nous retrouverons alors la possibilité de saisir subtilement ce que la perception sensorielle chez l’être humain a d’étrange dans ses rapports avec le monde extérieur. Dire que le monde extérieur agit sur nous et qu’à notre tour nous réagissons sur lui, c’est se représenter la chose d’une façon simpliste. (…) La réalité est bien plutôt ceci : il se produit un processus psychique qui chemine du dehors vers le dedans : il est reçu par un processus psychique profondément subconscient, mais intérieur, et les deux fusionnent. De l’extérieur, les pensées cosmiques viennent agir en nous, de l’intérieur, c’est la volonté humaine qui agit. Volonté humaine et penser cosmique se croisent en un point, tout comme se croisaient autrefois l’objectif et le subjectif dans la respiration. Nous devons apprendre à sentir que notre volonté est active dans les yeux et qu’en fait, l’activité des sens se mêle sourdement à la passivité, de sorte que les pensées cosmiques et la volonté humaine se croisent. C’est un nouveau yoga de la volonté [neuen Yogawillen] que nous devons cultiver. Il nous sera ainsi donné quelque chose de semblable à ce qui était donné aux êtres humains par la respiration il y a trois mille ans. Notre manière d’appréhender les choses doit devenir beaucoup plus psychique, beaucoup plus spirituelle. (…) Ce sera l’avènement de la culture michaëlique. » (Le 30 novembre 1919, GA 194, Editions Anthroposophiques Romandes, 2007, page 134)
Un an plus tard, Rudolf Steiner a introduit cette nouvelle pratique du yoga comme méthode de développement et de recherche spirituels dans le cycle de conférences inaugural de L’université libre de science de l’esprit, intitulé Les limites de la connaissance de la nature (GA 322, 1920), donné à des universitaires d’orientation anthroposophique, des scientifiques, artistes, médecins et personnes socialement engagées:
« Qu’est-ce donc en fait que le processus de perception ? Le processus de perception n’est précisément rien d’autre qu’un processus d’inspiration modifié. Lorsque nous inspirons l’air, cet air exerce une pression sur notre diaphragme, sur notre organisation tout entière. Le liquide cérébrospinal est poussé vers le haut à travers le canal de la moelle épinière en direction du cerveau. De là, se crée un lien entre l’activité du cerveau et le fait d’inspirer. Et la part de ce processus d’inspiration qui se spécialise de cette façon dans le cerveau agit dans l’activité sensorielle en tant que perception. Au point, aimerais-je dire, que le percevoir est une branche de l’inspiration. Puis vient l’expiration : le liquide cérébrospinal descend, il exerce une pression sur la circulation du sang. La descente du liquide cérébrospinal est liée à l’activité volontaire et celle-ci à son tour à l’expiration. Mais celui qui étudie vraiment la Philosophie de la liberté trouvera que dans ce penser que nous atteignons en tant que penser pur, la volonté et le penser entrent en coïncidence. Le penser pur est au fond une manifestation de volonté. C’est pourquoi ce qui est penser pur s’apparente alors progressivement à ce que l’Oriental ressentait dans le processus d’expiration. Le penser pur est apparenté au processus d’expiration de même que le percevoir est apparenté au processus d’inspiration. On pourrait dire que nous devons traverser, plutôt repousser vers l’être intérieur de l’être humain, le même processus que celui que l’Oriental traverse avec sa philosophie du yoga. Cette philosophie du yoga vise à créer une régulation de l’inspiration et de l’expiration et elle saisit ainsi l’éternel dans l’être humain. L’Occidental, que peut-il faire ? Il peut faire clairement pour soi au plan de l’âme l’expérience, d’un côté de la perception, de l’autre du penser. Et ce qu’on ne relie par ailleurs que dans la passivité, marquée par l’abstraction et le formel, à savoir le percevoir et le penser, il est en mesure de le relier dans ce qu’il vit intérieurement, si bien qu’il vit intérieurement sous une forme psycho-spirituelle ce qu’on vit physiquement dans l’inspiration et l’expiration. L’inspiration, l’expiration, on les ressent physiquement ; dans l’accord qu’elles font entendre, on vit consciemment l’éternel. La perception et le penser, nous les ressentons dans l’expérience ordinaire. En rendant sa vie psychique mobile, nous ressentons le balancement pendulaire, le rythme, la vibration et l’interpénétration permanentes du percevoir et du penser. Et de même qu’une réalité supérieure se développe pour l’Oriental dans l’inspiration et l’expiration, de même se développe chez l’Occidental, à la place de la respiration physique de la philosophie du yoga, une sorte de respiration psycho-spirituel, du fait qu’il développe en lui les processus vivants de l’inspiration transformée en percevoir et de l’expiration transformée en penser pur, qu’il lie intimement ensemble concept, pensée et perception. » (GA 322, 3.10.1920, Editions Novalis, 1995, page 166)
Je présente l’objectif de la pratique du yoga cognitif au chapitre 5 de mon livre, La nouvelle expérience du suprasensible, d’une manière également pertinente pour notre présente étude:
« Notre étude du drame de la connaissance de la Seconde Venue sera divisée en trois grandes parties:1. la transformation du penser, ou l’ouverture des portes du penser;2. la transformation de la perception sensorielle, ou l’ouverture des portes de la perception;3. la construction du pont de la mémoire et la continuation de la conscience par-dessus l’abîme de l’oubli de l’esprit.
Lorsque nous essayons de recréer, ou de récapituler volontairement, l’expérience moderne du Christ, nous sommes confrontés à deux problèmes majeurs, dont la nature est déterminée par la nature de notre conscience quotidienne, à savoir, le problème du penser d’une part et le problème de la perception sensorielle d’autre part. Ces deux problèmes sont vécus comme les principaux obstacles, mais, en même temps, comme les seules portes légitimes d’entrée dans le royaume du Christ éthérique que nous cherchons. Si un pont conscient doit être construit entre d’un côté, l’état de conscience moderne, normal, éveillé et rationnel, et de l’autre côté, l’Imagination inspirée et intuitive de la manifestation, des paroles et des actes du Christ dans sa Seconde Venue, l’âme de conscience elle-même – qui, selon Rudolf Steiner, est l’âme de la perception sensorielle libre et de l’imagination libre – doit être notre seul terrain solide de construction. Il y a donc deux portes closes à ouvrir: la porte du penser et celle de la perception sensorielle. »
Dans La nouvelle expérience du suprasensible, je mets en œuvre le yoga cognitif pour rechercher des aspects plus profonds de la construction du pont cognitif menant à l’expérience et à l’être du Christ. Dans le présent livre, j’ai limité la portée de mes recherches au domaine plus étroit de l’éthérique. Cette focalisation me permet de décrire plus en détail les éléments suivants:
Dans le premier chapitre, Cycle de vie de la respiration éthérique, j’utilise la comparaison avec l’électrolyse de l’eau en deux gaz, hydrogène et oxygène, pour expliquer la séparation et l’éthérisation de la perception sensorielle et du penser qui sont en général liés dans nos représentations du monde. Ce processus devient une respiration éthérique emplie de vie entre l’être humain et le monde, et entre le ciel et la terre.
Le chapitre deux, Composition de la cognition ordinaire, montre comment la cognition ordinaire est centrée sur l’image ou la représentation mentale, dans laquelle toutes les expériences, y compris la perception sensorielle et le penser, sont condensés et dégradés. Arrêter cette composition et libérer la perception et le penser pour retrouver leur état éthérique d’origine, nécessite une confrontation avec les forces inconscientes qui les lient au cerveau.
Le chapitre trois, Inestimable perle: l’individuation, décrit l’individuation et la liberté humaine comme étant les buts les plus importants de l’évolution humaine et cosmique. Cela ne peut être réalisé que par une incarnation physique sur la terre. Ce n’est qu’une fois que l’Ego humain est fondé sur son existence séparée, qu’il peut utiliser et spiritualiser les forces formatrices qui l’ont séparé des mondes spirituels afin de redevenir un avec eux, augmentant sa liberté et développant davantage la capacité d’amour nouvellement acquise.
Au chapitre quatre, Éthérisation de la vue, j’explique, pas à pas, comment la couleur est détachée des représentations des objets, spiritualisée puis inhalée directement dans le corps. Cela provoque une libération de la partie éthérique du cerveau physique. Cependant, la résistance du corps augmente lorsque nous faisons effort pour libérer la partie éthérique du reste du corps, nous amenant finalement à affronter intérieurement ce qui semble être un seuil infranchissable dans le bas du corps.
Dans le chapitre cinq, Éthérisation du penser, il est montré comment le penser, spiritualisé, pénètre plus profondément dans les processus de mort qui sont à l’origine de la cognition ordinaire. Ces forces vont rejoindre les forces extraites à partir de l’éthérisation de la perception et les aider à franchir le seuil corporel inférieur.
Le chapitre six, Éthérisation de l'odorat, montre tout d’abord comment l’odorat est éthérisé et mis à contribution pour pénétrer plus profondément dans le corps. Deuxièmement, nous montrons comment combiner les deux flux perceptifs éthérisés de la vue et de l’odorat, soutenus par les forces du penser pur, pour libérer le corps éthérique de la tête au cœur avec le maximum d’impact.
Le chapitre sept, Naissance d’un nouveau corps éthérique, décrit comment l’échange mutuel entre le monde éthérique et le corps éthérique libère également les forces éthériques les plus pures et les plus productives préservées depuis la première enfance de l’humanité, forces qui restent profondément inconscientes dans l’humanité actuelle. La fructification de ces forces éthériques avec le corps donne naissance à une nouvelle progéniture éthérique, qui devient le fondement d'une vie spirituelle indépendante dans le monde éthérique.
Dans le chapitre huit, Naissance d’une individualité éthérique, je montre comment l’extrait spiritualisé de l’activité spirituelle la plus forte accomplie par le yoga cognitif dans le monde physique, nous permet de concevoir et de donner naissance à une individualité spirituelle indépendante dans le monde éthérique.
Le chapitre neuf, Petite enfance d’une individualité éthérique, décrit comment l’individualité éthérique, une fois née dans le monde éthérique, subit ses premières années formatrices d’enfance spirituelle et développe les équivalents spirituels des forces que l’enfant développe au cours des 3 premières années de la vie terrestre.
Dans le chapitre dix, Échange mutuel d'essence avec la source cosmique, je montre comment l’individualité spirituelle incarnée et mûrie s’approche de la source cosmique de toute la création. Elle devient un calice éthérique qui reçoit les forces du Christ éthérique nécessaires au progrès présent et futur de l’humanité et de la terre.
Ce progrès est aujourd’hui menacé sur de multiples fronts, le plus pressant étant la puissante vision ahrimanienne et sa pratique de la « Singularité Technologique ». Au cours de ce siècle, d’innombrables corps et âmes humains seront fusionnés avec une intelligence artificielle et une réalité virtuelle infiniment séduisantes et puissantes. Cette technologie les liera à un monde sous-naturel et inhumain, qu’ils expérimenteront de plus en plus, non seulement comme un fantastique moyen de divertissement, mais aussi comme la rédemption magique et la guérison de toutes les souffrances et de la mortalité humaine. Ce monde sous-naturel et inhumain se situe moralement parlé un niveau au-dessous du monde physique naturel et humain. Cependant, grâce à la pratique du yoga cognitif décrite dans ce qui suit, nous pouvons consciemment nous élever jusqu’au niveau au-dessus du monde physique, jusqu’au monde suprasensible le plus proche, l’éthérique. Ce n’est qu’au sein de ce monde éthérique que nos cœurs, nos esprits et nos actes peuvent être guéris et ressuscités. Et c’est là seulement, au sein des forces les plus profondes de notre devenir humain, que nous pouvons, au XXIe siècle, trouver la source vivifiante de la terre et de l’humanité.
« Nous ne pouvons pas dire à première vue que l’eau puisse être divisée en hydrogène et oxygène. Bien que l’eau soit liquide et ne brûle pas, l’hydrogène est un gaz combustible – clairement quelque chose de très différent de l’eau. Nous pouvons utiliser cela comme une métaphore du processus spirituel que je m’apprête à expliquer. Les gens sont une combinaison d’éléments psychique-spirituels et matériel-physiques, tout comme l’eau est une combinaison d’hydrogène et d’oxygène. Dans la « chimie spirituelle », nous devons séparer le psychique-spirituel des éléments matériel-physiques tout comme l’eau peut être séparée en hydrogène et oxygène. De toute évidence, le simple fait de regarder les gens nous en dira peu sur la nature de l’élément psychique-spirituel. »
(26.5.1914, GA 154)
L’eau est le liquide le plus courant et le plus essentiel. Elle soutient tous les processus de la vie ainsi que tous les êtres vivants dans le monde physique. Comme toutes les autres substances physiques, ce n’est pas une substance originale, mais une condensation de forces éthériques et finalement de forces spirituelles. L’eau est le résultat d’un processus actif de composition, de synthèse et de condensation de deux substances très différentes, à savoir les gaz oxygène et hydrogène.
Ceci peut être vérifié expérimentalement par électrolyse. L’électrolyse décompose l’eau (H2O) en oxygène (O2) et en hydrogène gazeux (H2) en faisant passer un courant électrique à travers le fluide. Lorsque nous soumettons l’eau à un courant électrique, de l’hydrogène apparaîtra à la cathode (l’électrode chargée négativement) et de l’oxygène apparaîtra à l’anode (l’électrode chargée positivement). L’eau est ainsi décomposée en deux gaz qui sont des substances aux propriétés physiques et chimiques totalement différentes de celles de l’eau.
Or l’électrolyse est réversible: lorsqu’on soumet l’oxygène et l’hydrogène à un courant électrique, le produit sera une substance toute nouvelle, un élément condensé, que l’on appelle ‘eau’. Mais nous n’aurions jamais pu prédire les propriétés des deux gaz à partir des propriétés de l’eau et vice versa. La condensation de l’eau à partir de l’oxygène et de l’hydrogène est une véritable métamorphose, créant une véritable nouveauté dans le monde. Après tout, le fait que deux gaz produisent de l’eau lorsqu’ils sont mis ensemble devrait apparaître comme une véritable merveille, car les propriétés de l’eau sont totalement différentes de ses composants gazeux d’origine. De même, nous devons nous émerveiller du fait que l’électrolyse et la décomposition de l’eau produisent deux gaz dont les propriétés sont essentiellement différentes et même aux antipodes des propriétés de l’eau dont ils ont été séparés; par exemple, l’hydrogène est en fait le plus inflammable des gaz.
Le point de départ du yoga cognitif peut, à juste titre, être comparé à un processus d’électrolyse appliqué à la cognition humaine ordinaire, car nous laissons la coopération la plus énergétique de toutes nos forces actives de l’âme affluer dans notre connaissance ordinaire pour polariser, séparer et libérer ses éléments de base. Le courant électrique de l’âme est constitué d’une synergie de toutes nos forces d’âme qui s’intensifient mutuellement et se vivifient réciproquement. Nous devons activer toute notre humanité, et éveiller des forces qui, voilées par nos représentations conscientes, sommeillent généralement dans les profondeurs de notre volonté inconsciente et de nos sentiments semi conscients. Cette force synergique et holistique, qui ne peut être enflammée que par la puissance de notre volonté la plus intime, est l’équivalent dans l’âme de l’électricité dans le monde physique. Elle se charge, par ailleurs, dans le cœur, d’un amour de la vérité si pur, qu’il coulera à travers la structure et le contenu de notre cognition ordinaire pour libérer son « eau mentale » intellectualisée et endurcie. Une fois ceci accompli, nous l’électrolysons, la décomposons et la séparons en plusieurs forces et éléments de l’âme et de l’esprit, parmi lesquels nous en choisissons deux: la perception sensorielle pure qui émerge d’un côté et le penser pur de l’autre.
Inversement, la composition et la condensation de l’eau à partir de gaz purs peuvent servir d’analogie exacte avec la naissance de la cognition et la connaissance humaine ordinaire. Une fois que nous réussissons l’électrolyse de la cognition ordinaire et faisons l’expérience de la perception et du penser purs comme de véritables forces éthériques, nous pouvons consciemment suivre comment ils sont composés et condensés en une unité lorsque nous représentons nos expériences et notre monde. Par décomposition et recomposition au moyen d’électrolyse mentale, le yoga cognitif amène les deux côtés de notre processus cognitif à la pleine conscience. Nous découvrons que, inconsciemment, nous transformons constamment chaque expérience que nous avons, en une image mentale qui la re-présente dans notre conscience. Nous ne sommes généralement pas conscients du fait que toutes les expériences et tous les actes de pensée, avant d’être réunis pour être représentés, sont essentiellement des forces éthériques libres qui affluent dans le monde éthérique ouvert. Nous les condensons ensemble en une simple image mentale (ou « représentation ») chaque fois que nous prenons connaissance de quelque chose. Et pour connaître quelque chose, nous devons d’abord nous le représenter dans notre esprit conscient.
Nous pouvons nous concentrer sur le sens des mots « présentation » et « représentation » pour aider à clarifier cela. « Présentation » signifie la pleine présence de la chose réelle, tandis que sa « re-présentation » n’est qu’une sombre image mentale que nous formons dans notre conscience après l’expérience. Par conséquent, par exemple, alors que nous pouvons faire l’expérience à travers nos sentiments d’une manière à moitié consciente, d’une présence plus spirituelle de l’être que nous rencontrons, lorsque nous l’amenons à la pleine conscience et que nous le représentons dans notre esprit, nous n’avons créé qu’une faible image de mémoire de l’expérience originale entièrement saturée. Et c’est ce que nous trouvons dans notre esprit après que l’expérience se soit dissipée: son ombre mentale, vide de sa présence et de sa substance spirituelles et réelles. C’est ce que nous voulons dire en fait lorsque nous disons que nous « savons » quelque chose lorsque nous nous le représentons. Paradoxalement nous pouvons dire que nous ne savons pas ce que nous éprouvons et ce que nous savons, nous ne l’éprouvons pas.
Comme nous le démontrerons plus en détail au chapitre 2, sur la composition de la cognition ordinaire, nous sommes aujourd’hui naïfs quant à la façon dont nous croyons connaître le monde. Nous croyons que les choses existent à l’extérieur du monde exactement telles que nous les représentons dans notre esprit et que leur état séparé et condensé est leur véritable état naturel. Cela revient à croire que l’eau est faite d’eau et non de gaz et qu’elle était, est et restera toujours de l’eau. De la même manière, nous croyons qu’un arbre tel que perçu et représenté par nous est vraiment un objet physique là-bas, immobile et fixe dans l’espace. Maintenant, essayez de convaincre quelqu’un qui n’a pas assisté à l’électrolyse que l’eau est le produit dense de deux gaz, une combinaison et un condensat de gaz purs qui s’écoulent librement et de manière invisible dans l’atmosphère!
Dans la pratique du yoga cognitif, nous électrolysons et décomposons le résultat condensé de la connaissance ordinaire: l’image mentale. Les images mentales et leurs divers dérivés (souvenirs, réminiscences, associations, schémas et habitudes mentaux, etc.) constituent la substance et la structure de base de notre esprit, la substance qui constitue notre « eau mentale » commune. Leurs composants, une fois séparés des forces qui les lient et les condensent, deviennent quelque chose d’aussi différent de leurs propriétés et apparences dans nos pensées et perceptions ordinaires que l’oxygène et l’hydrogène, ces deux gaz purs, sont différents de l’eau. Cela signifie extraire et libérer les essences « gazeuses » vivantes, légères et expansives de toutes les expériences et pensées de leurs représentations et les expérimenter dans leur état pur et original. Et lorsque nous actualisons le processus inverse, transformant la perception éthérisée et le penser pur à nouveau vers la cognition ordinaire, nous réalisons que le résultat de leur composition et de leur condensation est en effet une nouvelle substance synthétique, totalement différente des deux substances d’origine. Cette « eau mentale » soutient tous les aspects de notre savoir-faire, cognition et connaissance quotidiennes.
Le concept selon lequel nos représentations des choses sont des compositions denses faites de forces et de substances éthériques raréfiées, semble aussi ridicule à l’esprit moderne que l’idée que l’eau est un produit d’hydrogène et d’oxygène pour quelqu’un qui n’a jamais assisté à l’électrolyse. Cependant, dès que nous commençons à observer notre propre cognition, la position naïve commence à voler en éclats, car nous découvrons que nous connaissons et reconnaissons le monde en appliquant le penser à tout ce que nous vivons. À partir du moment où nous réalisons que nous réfléchissons à nos expériences lorsque nous les reconnaissons, et que nous faisons des représentations de tout ce que nous voyons, entendons et touchons, ressentons et désirons, nous réalisons que les choses réelles peuvent ne pas être du tout similaires à leurs représentations dans notre conscience. Alors, comme nombre de philosophes honnêtes avant nous, nous pouvons commencer à douter et à ressentir les sueurs de l’angoisse, en méditant la question: que sont les choses en réalité, en elles-mêmes, en dehors des représentations que nous nous faisons d’elles? Nous réalisons que tant que nous restons dans les limites de notre conscience ordinaire, nous n’avons aucune connaissance « immédiate » ou « directe » des choses réelles, dans leur essence véritable ou spirituelle, telles qu’elles existent en dehors de notre connaissance et représentation d’elles. Même le penser ordinaire n’est pas vécu en lui-même comme penser pur, mais nous est connu de la même façon dont nous connaissons toutes choses, au moyen de nos représentations. On prend alors conscience de ce que de nombreux penseurs ont réalisé, qu’il n’y a en fait aucune issue à ce dilemme, que notre cognition se limite à la représentation et que la connaissance directe des « choses elles-mêmes » nous est refusée, comme les adeptes de Kant le soutiennent encore aujourd’hui.
Le premier grand naturaliste et artiste qui a protesté le plus fortement et de manière créative contre ces limites kantiennes du penser et de la connaissance était Goethe. Goethe croyait que tout est en changement et en devenir et il ne pouvait accepter une limitation aussi absolue à nos capacités cognitives. Il a consacré toute sa vie à étudier les forces créatrices et transformatrices de la nature et il a découvert que la dynamique fondamentale qui provoque la métamorphose dans la nature est « Polarität und Steigerung » (polarité et intensification). Rudolf Steiner a appliqué la méthode de Goethe à la connaissance humaine pour créer une métamorphose profonde de cette cognition. Comme Steiner décrit dans Les limites de la connaissance de la nature (GA 322), nous pouvons séparer l’inspiration de nos perceptions sensorielles de l’expiration de notre penser, tout comme le yogi d’autrefois séparait l’inspiration physique et l’expiration physique qui le liaient à son corps et expérimentait l’essence immortelle et spirituelle de l’âme. De cette façon, nous apprenons, grâce à la pratique du yoga cognitif de Michaël, à polariser et à séparer notre constitution mentale ordinaire comme l’eau est électrolysée. Ensuite, nous décomposons son élément de base, l’image mentale, séparant le penser et la perception sensorielle l’une de l’autre, purifions, extrayons et éthérisons chacun, et intensifions chacun dans son pur devenir éthérique. C’est la nouvelle inhalation cognitive de forces éthériques emplies de lumière, libérées du corps physique qui les lie et les durcit ensemble. Il s’agit d’un renouvellement opportun de l’ancienne méthode de yoga, qui était basée sur la polarisation et l’intensification de la respiration physique, mais que nous appliquons maintenant aux forces de l’âme les plus intérieures de la conscience moderne.
Lorsque perception et pensées sont ainsi libérées de la connaissance ordinaire, elles sont éthérisées, faisant le premier pas d’un long et spectaculaire processus de spiritualisation. La pratique du yoga cognitif consiste en ce que nous intensifions la perception et le penser à un point tel que nous apprenons à les inspirer et les expirer, selon les besoins de notre recherche scientifique spirituelle. Ainsi le « nouveau yoga de la volonté » devient créatif et productif de manière individualisée.
A côté de l’électrolyse, il existe une autre métaphore plus organique pour le yoga cognitif: le cycle naturel de l’eau dans la nature. Dans ce cycle, l’eau nous montre qu’elle conserve un potentiel de son origine gazeuse dans son état condensé. Elle a la tendance intérieure et la capacité d’échapper à la gravité, de devenir légère et gazeuse, et de se transformer en un état gazeux pur: elle s’évapore dans l’atmosphère, se rassemble sous forme de nuages, se condense et se réincarne sous forme de pluie et de neige pourvoyeuses de vie. Cette capacité de l’eau à se transformer, crée un cycle sur la terre qui nourrit et soutient toute vie. Dans ce cycle, l’eau s’évapore naturellement, se raréfie, devenant semblable à un gaz, échappant partiellement à l’attraction gravitationnelle pour s’élever jusqu’aux hauteurs et la périphérie du cosmos. Là, elle s’imprègne de forces fraîches, vivifiantes et cosmiques. Ensuite, elle se réincarne, retourne à la terre et la dote de forces de vie nouvelles et fraîches assemblées à partir de tout l’univers.
De la même manière, mais à présent en tant qu’individus conscients de soi, nous apprenons à travers la respiration du yoga cognitif comment actualiser l’ensemble du cycle de vie de la terre en tant que cycle de cognition donnant la vie. À travers nous, la vie devient consciente d’elle-même en tant qu’activité cognitive libre, rythmée et créative, travaillant à travers l’être humain tout entier, dans laquelle toutes les forces de l’âme s’intensifient mutuellement. De cette façon, la cognition commence également à exprimer certaines capacités humaines du futur qui sont encore potentielles chez la plupart des gens aujourd’hui. Elle coule avec les courants de la vie tandis que ceux-ci montent et descendent, s’éthérisent en nous et dans le cosmos et s’incarnent de nouveau sur la terre. C’est la respiration cyclique de la vie, devenant consciente de soi en nous, qui unit notre processus cognitif créatif avec le cycle de vie de la planète terre et tous les courants et cycles vibrants de vie de l’univers. Ce cycle de vie conscient d’éthérisation et de re-condensation, d’expiration et d’inspiration, d’incarnation et d’excarnation, devient la source d’une nouvelle respiration de vie et de lumière que l’humanité et la terre apportent à l’univers entier.
Grâce à la pratique du yoga cognitif de Michaël, nous apprenons à co-créer consciemment avec les rythmes respiratoires de toute vie sur terre et dans l’univers. La lumière, la vie et la chaleur du soleil extérieur provoquent l’expiration et l’inspiration du cycle de vie planétaire au cours de ses rythmes quotidiens et saisonniers. Mais l’esprit du soleil, l’être du Christ, est maintenant devenu l’esprit de la terre. Par conséquent, en réalité, la pratique du yoga cognitif produit de nouvelles et intenses forces solaires de lumière, de vie et de chaleur grâce à une activité cognitive créative. La vie devient une activité créatrice et consciente. Les forces de la cognition humaine spirituelle, provenant des forces éthérisées de la volonté, du cœur et de l’esprit ensemble, s’unissent à l’être spirituel du soleil de la terre Lui-même, pour devenir productives et apporter des forces de vie nouvelles et fraîches qui remplacent les ressources terrestres naturelles déclinantes. Ce don de vie nouvelle intensifie et potentialise les courants de la vie planétaire alors qu’ils montent et descendent, s’éthérisent dans le cosmos et se condensent de nouveau sur la terre. Il ajoute la contribution de notre cognition créative au cycle de vie de la planète terre et à sa nouvelle vie vibrante dans l’univers. De cette façon, nous pouvons parler de l’activité solaire créatrice et vivifiante de la cognition humaine en tant que source réelle de la vie terrestre et cosmique, de la lumière et de la chaleur, non pas comme métaphore mais comme réalité objective concrète et actuelle.
De cette manière, la nouvelle respiration de vie et de lumière devient également une activité individualisée co-productive avec les forces du Christ éthérique sur la terre. À chaque instant, le Christ incarne, dans la terre et dans les cœurs humains, les plus hautes forces spirituelles du soleil, la source de tout amour, vie et lumière cosmique. Depuis le Mystère du Golgotha, Ses forces s’intensifient et s’éthérisent à travers toutes les actions humaines créatives d’amour, de beauté et de vérité. Rudolf Steiner décrit ainsi le cycle de vie éthérique circulant réciproquement entre le Christ, les actes d’amour humains et la terre:
« Ici que se passe-t-il, puisque depuis ce temps-là, il y a une part de lumière du Christ dans les corps éthériques humains ? Que se passe-t-il dans cette partie du corps éthérique qui a reçu la lumière du Christ? Que devient-il après la mort? En bref, qu'est-ce qui imprègne progressivement le corps éthérique sous l'impulsion du Christ? C'est la possibilité qui a été donnée à ce moment-là, comme effet de la lumière du Christ, pour que quelque chose de nouveau apparaisse, quelque chose de vivant, de respirant et d'immortel, quelque chose qui ne périt jamais, même dans la mort. Tandis que les hommes de la terre sont encore trompés par l'image illusoire de la mort, ce nouveau facteur sera néanmoins sauvé de la mort, il n'y participera pas. Depuis ce temps-là donc, il y a dans le corps éthérique humain quelque chose qui n'est pas soumis à la mort, pas soumis aux forces de mort terrestres. Et ce quelque chose qui ne meurt pas, et que les hommes acquièrent peu à peu par l'influence de l'impulsion christique, reflue maintenant dans l'espace cosmique; ce quelque chose génère une force, plus ou moins forte selon chaque être humain, qui se déverse dans l'espace cosmique. Et cette force va créer une sphère autour de notre terre qui est en train de devenir un soleil. Une sorte de sphère spirituelle se forme autour de la terre, composée des corps éthériques qui ont ainsi pris vie. Tout comme la lumière du Christ rayonne depuis la terre, de même une sorte de réflexion de la lumière du Christ entoure la terre. Ce qui est ici reflété comme lumière du Christ et ce qui s’est produit comme conséquence de l'événement du Christ, c'est ce que le Christ appelle le Saint-Esprit. Aussi vrai que par l'événement du Golgotha la terre a commencé à devenir un soleil, de même, depuis cet événement, la terre a commencé à devenir créatrice et à générer autour d’elle un anneau spirituel qui se développera à l'avenir en une sorte de planète tournant autour de la terre ». (Le 6 juillet 1909, GA 112)
La circulation et la respiration éthériques décrites ci-dessus, produites grâce aux nouvelles forces christiques présentes en chaque être humain, cette circulation entre la terre, en tant que soleil en devenir, et sa sphère éthérique, peut devenir pleinement consciente depuis la fin du siècle dernier. En pratiquant l’activité spirituelle décrite dans ce livre, cela peut se produire consciemment pendant la vie physique terrestre, et pas seulement à travers les parties immortelles des corps éthériques humains qui s’accumulent après la mort. Chaque moment d’attention aimante, de dépassement de soi dévoué et de transformation véritable, contribue au devenir solaire de la terre et à sa respiration éthérique pleine de vie. Nous apprenons, progressivement et méthodiquement, non pas en théorie, ni sentimentalement, mais de manière active et créative, dans chaque petit détail de notre vie quotidienne, à devenir co-créateurs et partenaires de la nouvelle activité du Christ éthérique, dans la respiration entre la terre et les cieux.
« Qu’en serait-il des perceptions sensorielles, si elles venaient sur nous de l’extérieur seulement, si seuls agissaient les effets de la lumière et des couleurs dans les yeux, des sons dans les oreilles ou de la chaleur sur notre sens de la chaleur, etc., si tout cela nous atteignait immédiatement; qu’en serait-il alors de nous?
Soyons bien au clair sur ceci: nous ne laissons pas ce monde se déverser immédiatement en nous lorsque nous sommes à l’état éveillé. Même avec une activité réduite de la pensée nous opposons notre monde intérieur des pensées à ce flot de toutes les qualités sensorielles qui nous assaillent – sons, odeurs, couleurs, saveurs … tout. (…) Voyez-vous, si nous, les êtres humains, n’étions qu’adonnés passivement au monde des perceptions, nous ne vivrions que par notre corps éthérique dans le monde éthérique. (…) imaginez que vous soyez une entité, flottant dans la mer éthérique, jamais vous ne prendriez la consistance qui est celle de l’être humain entre la naissance et la mort. Qu’est-ce qui permet d’avoir cette consistance? Ce qui le permet, c’est notre organisation capable de paralyser l’élément éthérique, et comment le fait-il? Par le contre-coup du monde des idées! (…) Si notre monde des idées ne tuait pas l’élément éthérique pour l’amener à l’élément physique, nous aurions autour de nous un monde éthérique et aucune forme physique. »
(GA 198, le 10 juillet 1920, Editions Anthroposophiques Romandes, 2021, page 245)
Regardons de plus près la structure de notre cognition quotidienne, de notre bon sens. Comment nous re-présentons-nous la réalité? Eh bien, pour commencer, c’est exactement ce que nous ne savons pas, car nous tenons pour acquis que nous connaissons notre monde. Nous croyons que les objets qui nous entourent, y compris nous-mêmes, nous sont déjà connus, car nous pouvons les représenter consciemment. Ainsi, nous ne demandons généralement pas comment nous savons ce que nous savons. La cognition n’est pas quelque chose sur laquelle nous nous interrogeons; nous ne nous demandons pas comment nous savons ce que nous savons. La pratique du yoga cognitif commence donc lorsque nous commençons à nous poser cette question et à prendre conscience des processus inconscients qui préparent et rendent possible notre connaissance commune.
Si nous essayons de comprendre comment la connaissance et la cognition se déroulent, la première chose que nous réalisons est que le moment où nous connectons les expériences aux pensées et les pensées aux expériences afin de représenter le monde n’est pas du tout conscient. Nous ne le voyons pas. Il est invisible et inconscient. Ainsi le processus le plus élémentaire, le processus grâce auquel nous savons tout ce qui entre dans notre esprit conscient, se déroule si vite, si instinctivement que nous n’y prêtons aucune attention. Il se situe en dehors de notre cognition quotidienne, qu’il rend pourtant possible en premier lieu. Par conséquent, il s’agit de la première étape de la pratique moderne du yoga cognitif, car ici – et seulement ici – nous pouvons apprendre à observer et à participer réellement au processus de formation qui produit nos images mentales et les représentations de toutes nos connaissances. Cela nécessite une pratique répétée et un entraînement conscient, que chaque personne peut accomplir car cela commence par les propres expériences cognitives les plus immédiates. Alors notre première découverte est la suivante.
Quand nous disons: « Je connais cette chose et elle a ces qualités », nous avons déjà formé une image mentale de cette chose. Si nous sommes simplement satisfaits de ce résultat mental, nous ne ressentirons pas le besoin d’enquêter davantage et nous n’arriverons jamais à investiguer et à observer comment fonctionne réellement la cognition. Mais observons nos réactions face à un objet, un événement ou une expérience inconnue. Lorsque nous sommes confrontés à un objet ou à une expérience inconnue, nous commençons par y réfléchir. Nous allons d’abord établir des comparaisons avec des représentations connues. Nous utiliserons nos souvenirs et nos associations pour faire des analogies et des comparaisons. On va dire: c’est comme ceci, ça me rappelle cela. Ce que nous sommes en train de faire, c’est chercher parmi nos représentations connues afin d’expliquer l’objet inconnu de l’expérience. Et nous testons nos représentations en les reliant à l’inconnu. Nous essayons ceci et cela, nous le recherchons dans la littérature, et continuons à l’étudier jusqu’à ce que nous trouvions le concept qui conviendra à l’objet observé. Nous trouvons « ce que c’est » et le désignons par son nom, ou lui donnons un nouveau nom. C’est le processus d’acquisition de connaissances qui échappe généralement à notre attention. En essayant de comprendre ce qu’est une chose inconnue, nous devenons conscients de l’expérience, de la façon dont nous effectuons notre travail cognitif quotidien: nous composons constamment des images mentales, en combinant et en synthétisant des expériences au moyen de notre penser et notre penser mobilise et applique des souvenirs, des associations et des images mentales à l’objet ou à l’expérience à portée de main. Comme nous faisons ainsi, inconsciemment depuis la petite enfance, ce processus cognitif est devenu aussi instinctif et incarné que nos capacités à parler et à marcher en nous tenant debout. Synthétiser et assembler les pensées et les expériences est devenu une habitude mentale et spirituelle, que nous effectuons la plupart du temps en parallèle à d’autres activités comme parler et marcher, sans plus nous demander comment nous le faisons. En fait, ma parole et ma marche fonctionnent assez bien pour mes besoins quotidiens même si je n’ai aucune connaissance consciente de leur origine, et nous traitons le penser de la même manière. Il reconnaît et re-présente les environnements déjà plus ou moins connus et les expériences et tâches routinières de ma vie quotidienne. Ainsi, nous ne nous interrogeons pas davantage sur le rôle du penser, et ne nous demandons généralement pas comment il est capable d’organiser et d’expliquer nos expériences intérieures et extérieures.
