Les 4 saisons de ma voisine Fernande - Dominique Watrin - E-Book

Les 4 saisons de ma voisine Fernande E-Book

Dominique Watrin

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Beschreibung

Icône et symbole parfait de la Belgique (très) profonde, la voisine Fernande revient en force et en farce dans cette deuxième compilation de ses mésaventures. Toujours avides de se rendre mutuellement service, elle et son auteur de voisin enchaînent les bonnes intentions et les petits cadeaux qui se muent systématiquement en dérapages catastrophiques et en cascades de gags. Au-delà des situations et des rebondissements hilarants, ces épisodes burlesques sont l’occasion de découvrir un portrait au vitriol enrobé de miel d’une province souriante, bon enfant et profondément humaine. Les 4 saisons de ma voisine Fernande reprend une cinquantaine de séquences contées en images à déguster comme des petits bonbons fondants. À travers ses billets radiophoniques hebdomadaires dans l’émission Les Enfants de chœur sur VivaCité, Dominique Watrin a popularisé le personnage haut en couleur de sa voisine Fernande. Ce journaliste et sociologue de formation réalise la synthèse des démarches qui lui sont chères : raconter des histoires de gens de la rue et, au-delà de la multiplication des récits cocasses, en off rir une vision qui interroge sur l’humanité.

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Avenue du Château Jaco, 1 – 1410 Waterloo

www.renaissancedulivre.be

fRenaissance du Livre

l@editionsrl

  

Les 4 saisons de ma voisine Fernande

  

isbn : 978-2507-05617-9

  

© Renaissance du Livre, 2018

Tous droits réservés. Aucun élément de cette publication ne  peut être reproduit, introduit dans une banque de données ni publié sous quelque forme que ce soit, soit électronique, soit mécanique ou de  toute autre manière, sans l’accord écrit et préalable de l’éditeur.

À toutes les Fernande du monde

(et d’ailleurs)

Ma

voisine Fernande

au

printemps

Le nouveau dentier de Fernande

C’est une coutume, chaque printemps, Fernande entame un gros chantier de travaux et, cette année, elle a décidé de s’attaquer à une urgence : son dentier. Pour être honnête, ça faisait longtemps qu’il ne fonctionnait plus bien. Il faut dire qu’elle l’avait acheté il y a plus de trente ans, juste avant de partir en voyage en car à Montélimar, pour éviter de devoir sucer ses nougats devant les gens.

Ces derniers temps, c’était vraiment devenu pénible. Quand Fernande parlait, ça faisait série télé américaine ; on entendait le son, et sa bouche bougeait avec une seconde de retard parce que les charnières de ses dents devenaient dures à desserrer. C’était surtout gênant à cause du grincement qui fatiguait Fernande parce qu’à chaque fois qu’elle parlait, elle croyait que quelqu’un ouvrait la barrière de son jardin et elle allait voir.

Finalement, quand elle a appris que tous les enfants du quartier l’appelaient « la ventriloque » parce qu’elle n’ouvrait plus du tout la mâchoire en parlant, Fernande a décidé d’investir dans un nouveau dentier l’argent qu’elle économisait depuis sept ans pour se faire remonter les paupières, en disant : « Ce n’est pas grave, si ça empire avant que je n’aie les sous, je les attacherai avec des pinces à linge à mes lunettes. »

Fort économe, Fernande a d’abord fait un essai avec un dentier d’occasion reçu de son ami Léon qui s’occupe de brocante, mais, malheureusement, il était tellement grand que le vent passait sur les côtés, ce qui lui donnait mal à la gorge avec les courants d’air. Elle a donc opté pour un modèle neuf. Le jour de la livraison, tout le quartier était très ému. Par précaution, Fernande avait insisté pour que le dentiste lui livre son dentier à domicile, en se disant que, comme ça, il pouvait la dépanner en lui mâchant sa viande avant de partir, s’il devait reprendre le dentier chez lui pour un réglage. Heureusement, tout s’est bien passé. Enfin, jusqu’au départ du dentiste…

Un voisin, trop content à l’idée qu’il n’allait plus entendre des grincements à chaque bâillement de Fernande, a accouru avec une bouteille de champagne pour fêter ça sur le pas de sa porte. La gentillesse a parfois des conséquences désastreuses. C’est sans doute l’unique caractéristique féminine de Fernande, elle ne sait pas bien ouvrir les bouteilles. Comme elle dit toujours : « C’est trop dur ! » Et, comme à son habitude, elle a ajouté : « Ça ira plus vite avec les dents ! »

Elle avait raison. Ça a été très vite. Avant que quelqu’un n’ait pu intervenir, elle a attrapé le bouchon entre ses nouvelles dents, on a entendu un grand « pop » et on a vu le bouchon de champagne sauter en l’air… avec le dentier de Fernande planté dedans. Dans les séries télé, quand les policiers cherchent des indices, ils les trouvent avant la fin de l’épisode. Les voisins et moi, on a ratissé tous les jardinets et toute la rue, mais on n’a rien trouvé : pas une seule dent !

C’est au moment où on allait arrêter les battues après deux heures d’effort, quand j’ai trouvé que Snoopy, le chien de Fernande, avait un drôle de sourire qui me rappelait quelqu’un, que la situation s’est compliquée. Snoopy n’aime pas donner les nouveaux jouets qu’il a trouvés et, avant que je n’aie eu le temps de le coincer, il a avalé le dentier. La légende dit que Fernande a enfermé son chien durant trois jours dans sa cuisine, en mettant du laxatif dans sa pâtée. Depuis lors, chaque fois qu’elle s’approche des voisins en souriant, ils partent tous en courant.

Les bretelles du mari de Fernande

Elle a beau être veuve depuis à peu près la première communion du pape, à chaque nettoyage de printemps, ma voisine Fernande ressuscite un objet de son regretté mari. Quand elle m’a invité à venir chez elle chercher un « petit quelque chose » en m’expliquant qu’il me serait plus utile qu’à elle, j’ai accepté avec le sourire figé du type qui découvre le couvre-lit rose en crochet que sa grand-mère lui offre pour son mariage. Et, le lendemain, quand Fernande a brandi une paire de bretelles, en me disant « Assieds-toi, je vais te les mettre, tu verras comme c’est confortable », je n’ai pas perdu mon sourire crispé de Joconde qui pose avec des chaussures trop petites.

À la base, je ne suis pas d’un naturel méfiant. Je me suis donc retrouvé planté sur une chaise de cuisine, avec Fernande qui m’attachait les quatre tentacules des bretelles à la ceinture de mon pantalon. Lorsqu’elle a reculé et qu’elle m’a dit « Lève-toi pour voir si elles sont à la bonne longueur », j’ai trouvé ces bretelles assez pendouillantes. Pas pour longtemps ! En fait, ce que je ne savais pas, c’est que, quand on est assis, le poids du corps empêche les bretelles de tirer sur le pantalon et que c’est donc quand on se lève qu’elles se tendent.

Habituellement, sur le plan vocal, je suis plutôt dans le registre de Joe Cocker. Là, dès que j’ai décollé de ma chaise, j’ai attrapé sur-le-champ la voix pour chanter l’intégrale de la Callas. Et, en baissant les yeux, j’ai compris pourquoi. Dans mon enfance, quand quelqu’un avait un pantalon trop court, on disait qu’il avait placé le bout qui manquait à la caisse d’épargne. Ici, avec ces bretelles, c’était carrément mon pantalon complet qui était placé en bourses, si vous visualisez l’image.

C’est une constante humaine que je ne m’explique pas, quand on a mal, on plisse systématiquement les yeux. Je ne me suis pas vu, mais, sur le coup, je devais ressembler à Bruce Lee qui s’est coincé les poils des aisselles dans son nunchaku. Heureusement, Fernande a réagi promptement. Pour me soulager, elle a agrippé mes deux jambes de pantalon, a tiré dessus et les a tenues. Aussitôt, j’ai senti mes deux satellites qui revenaient sur orbite. Le seul problème, c’est que, si Fernande relâchait tout, je repartais à coup sûr pour une tirade de chant tyrolien.

Fiévreusement, mes doigts ont agrippé les pinces des bretelles pour les ouvrir. C’est alors que j’ai découvert les méfaits de la rouille sur le vieux métal de mauvaise qualité : pas moyen de détacher ces pinces refermées sur mon pantalon comme la mâchoire d’un pitbull sur une cuisse de facteur. Après un moment de réflexion qui m’a fait comprendre qu’elle n’avait jamais ressenti ce type de douleur, Fernande m’a dit : « On va aller comme ça, à deux, chez mon neveu qui habite dans le bas de la rue, il va les dégripper. Ce serait bête de les abîmer, elles sont presque neuves. »

Dire que j’étais fier de croiser les voisins en marchant à pas de souris avec Fernande qui tenait l’entrejambe de mon pantalon éloigné de mon morceau d’Atomium serait mentir. Mais c’est en arrivant chez son neveu que notre expédition a pris mauvaise tournure. Je ne sais pas si c’est par oubli ou par distraction, mais Fernande m’a dit : « Ne bouge pas, je vais sonner. » Elle n’a pas dû aller jusqu’à la sonnette. Elle avait à peine lâché mon pantalon que son neveu ouvrait la porte pour voir qui était occupé à saigner un cochon sur son trottoir.

Le tatouage de Fernande

Ma voisine Fernande, elle est comme moi : pour elle, faire plaisir, c’est sacré. Quand son neveu lui a offert son dernier cadeau, elle l’a donc accepté tout de suite. C’était d’autant plus méritant que ce cadeau, c’était un tatouage. Je le sais parce que, le jour J, Fernande est venue me demander de l’accompagner chez le tatoueur pour, comme elle m’a dit, « si jamais je tombe faible… ».

Quand on est arrivé sur place, Fernande et le tatoueur ont eu tous les deux un choc. Fernande a cru que le tatoueur avait des points de suture sur la bouche à cause de ses piercings, et le tatoueur, lui, a compris sur-le-champ qu’il allait devoir décorer sa première momie. Lorsque le tatoueur a demandé à Fernande quel dessin elle voulait, elle a paru très déconcertée. Et moi aussi, puisque sa réponse a été : « Je ne sais pas, faites-moi Dominique ! »

Je vous mentirais si je vous disais que l’idée de me retrouver gravé à vie sur la fesse de Fernande ne m’a pas fait d’effet. C’est dur à avouer, mais j’ai senti immédiatement mon zizi rentrer dans sa coquille plus vite que si je prenais un bain de minuit dans la mer du Nord au réveillon de Noël. Heureusement, j’ai réussi à la faire changer d’avis en lui proposant de se faire tatouer la tête de son chien Snoopy.

C’était une étape, mais il restait la plus importante à franchir : choisir la partie de son corps à tatouer. Comme vous en ce moment, j’ai imaginé les pires hypothèses. Peu excité par un effeuillage de tablier en Lycra, puis de gaine couleur chair, le tatoueur a d’abord proposé la cheville. Malheureusement, Snoopy, c’est un chien à poils courts. Quand Fernande a retiré son panty, le tatoueur et moi, on a constaté qu’avec la forêt de poils sur sa jambe, Snoopy y aurait eu une tête de griffon. On a donc limité les dégâts en persuadant Fernande de choisir l’avant-bras.

Le problème que personne n’avait imaginé, c’était la peau de Fernande. Vous voyez les débris d’un ballon de baudruche qui vient d’exploser ? Eh bien, au niveau de l’aspect, la peau de Fernande, c’est pareil. Après sa première tentative d’enfoncer l’aiguille, le tatoueur a compris qu’il n’y arriverait pas tout seul : ça appuyait, mais ça ne rentrait jamais. Par chance, j’ai eu une idée assez astucieuse : j’ai tiré la peau de Fernande à l’arrière de son bras avec des pinces à linge et j’ai tendu le reste avec mes mains.

Ce qu’on n’avait pas prévu, c’est que, quand on relâche la peau, elle reprend sa position de départ. Lorsque le tatouage a été fini, j’ai eu beau la lâcher tout doucement pour que le choc soit moins rude, la tête de Snoopy ressemblait à celle d’un Shar Pei qui suce un bonbon sûr. J’ai bien essayé de retendre la peau de Fernande, mais je n’ai que deux mains. Quand je tirais en haut et en bas, ça donnait l’impression que Snoopy était enfermé derrière des barreaux de prison à cause des plis verticaux et, quand je tirais à gauche et à droite, Snoopy paraissait avoir avalé le frisbee du chef indien Raoni, tant sa bouche était élargie.

C’est au moment où le tatoueur réfléchissait à comment lui faire des piercings d’agrafe à l’arrière du bras pour que sa peau reste tendue toute sa vie que Fernande s’est écriée : « Ce n’est pas grave, je l’effacerai demain. » Là, c’est moi qui suis « tombé faible ». Et le pire, c’est que je ne sais toujours pas aujourd’hui si j’ai été ranimé par le bouche-à-bouche avec les anneaux de tringles à rideau du tatoueur ou par celui à moustache de Fernande…

Fernande et la laisse à enrouleur

Comme le proclame toujours ma voisine Fernande lorsqu’elle parle de son chien : « Snoopy, il coûte cher à sa maman ! » La semaine dernière, lorsqu’elle m’a annoncé, abattue, qu’il avait rongé sa laisse quand elle l’avait oublié, toute la nuit, attaché au range-­vélos de la supérette du quartier, je me suis dit : « Je vais lui faire une surprise, je vais lui fabriquer une laisse à enrouleur solide, ça la dispensera d’en racheter une. »

Sans me jeter des fleurs, au niveau de la surprise, j’ai parfaitement réussi mon coup. C’est pour l’enroulement que j’ai un peu tâtonné. Croyez-en mon expérience, si vous confectionnez ce type d’accessoire pour un chien de petite taille, ne montez pas un ressort de musculation sur un câble de remorquage, c’est trop puissant. Je m’en suis rendu compte dès le premier test dans le jardin de Fernande.

En fait, pour sa facilité, j’avais calculé large pour la longueur de la laisse. Mais, a posteriori, je me demande quand même si vingt mètres de mou, ce n’était pas un peu trop. Lorsqu’elle a aperçu Snoopy qui rongeait le grillage du fond de son jardin, Fernande a eu un geste malheureux : elle a actionné l’enrouleur d’un coup.

Ceux qui n’ont jamais vu un croisé griffon-brosse de toilettes voler comme Superman qui aurait confondu son suppositoire avec un pétard pirate ne pourront pas comprendre l’étonnement de Fernande. Elle n’a pas eu le temps de crier « Au pied ! » que le chien avait déjà la truffe encastrée dans ses pantoufles. Par habitude, Fernande s’est exclamée « C’est bien, gamin, il est obéissant ! », avant d’apercevoir les deux mètres de grillage que Snoopy avait ramenés entre ses dents parce qu’il n’avait pas eu le temps de les lâcher.

C’est une de mes qualités : j’essaie toujours de réparer mes erreurs. Comme je ne savais pas diminuer la vitesse de la laisse, j’ai pensé : « Il suffit d’alourdir Snoopy, comme ça, il reviendra moins vite vers Fernande quand elle le rappellera. » Ça a réussi moyen. Pour éviter l’effet boomerang, j’avais attaché sur le dos de Snoopy un sac de terreau qui traînait dans un coin.

Le problème, c’est que vingt kilos, c’était beaucoup. Le chien n’avançait plus. Il restait calé à plat ventre, les quatre pattes écartées et le zizi enfoncé dans la terre comme s’il repiquait des poireaux. Mais la plus grosse frayeur, ça a été quand Fernande a de nouveau actionné l’enrouleur. Comme Snoopy n’a pas bougé, c’est elle qui a fait le voyage. En la voyant décoller comme ça, en laissant ses pantoufles et ses mi-bas sur place, et atterrir dix mètres plus loin, le nez planté dans sa rhubarbe, je me suis douté que c’était un nouveau couac technique.

Minutieux, j’ai donc remplacé le terreau par une brique de chaque côté du chien pour que ce soit lui qui bouge. Ça a marché et pas marché en même temps. Snoopy est revenu plus lentement que la première fois, mais trop vite quand même. Le chien n’a pas eu mal. Les briques non plus ! Par contre, Fernande et moi, on a senti tous les deux assez fort une brique nous arriver sur le crâne. Mais, personnellement, la mienne m’a fait moins mal que celle que Fernande en colère m’a claqué sur les clochettes tout de suite après.

La canonisation de Fernande

Mettre un proche à l’honneur, c’est parfois plus compliqué qu’on ne le croit. Je ne voulais pas exagérer, mais, quand j’ai appris qu’on avait canonisé Mère Teresa, je me suis dit : « Pourquoi ne pas offrir ça à ma voisine Fernande ? Elle est aussi gentille que Mère Teresa, elle a le même goût pour s’habiller et elle a eu presque le même destin : Mère Teresa s’est occupée des enfants d’Inde jusqu’à la fin de sa vie et Fernande s’est occupée d’un cochon d’Inde jusqu’à la fin de… la vie du cochon d’Inde. »

Aussitôt, j’ai fondé un comité de gaine (c’est un comité de soutien, mais en plus large, pour Fernande, il faut bien ça), avec moi tout seul dedans. Mon erreur, ça a été de me renseigner trop tard. En fait, pour être canonisé, il faut être mort et avoir accompli deux miracles. Pas découragé du tout, j’ai pensé : trouvons-lui deux miracles à faire, il sera encore temps de voir après pour la mort. Au pire, je pourrai peut-être négocier avec le Vatican que, presque morte, ça compte déjà.

Pour faire d’une pierre deux coups au niveau des miracles, j’ai eu l’idée de chercher des jumeaux et, question sorte de miracle, la première pensée qui m’est venue, je ne sais pas pourquoi, c’est la guérison de lépreux. Je ne veux pas me chercher des excuses, mais, quand on sait qu’un homme moyen parti faire des courses, à qui sa femme a dit « Prends-moi une boîte de protège-slips », a l’air d’un cul-de-jatte dans un cours de zumba lorsqu’il se retrouve au milieu du rayon, imaginez comment c’est lorsqu’un homme, même exceptionnel comme moi, doit trouver une paire de lépreux au pied levé, et je ne parle pas du pied des lépreux, puisqu’ils n’en ont presque plus.

Décidé, j’ai donc commencé à sonner successivement à toutes les portes de ma rue. En voyant la tête des gens à qui je demandais « Vous n’avez pas des jumeaux lépreux à prêter ? Même s’ils ne sont pas complets, ça ira », j’ai très vite réalisé que je devais trouver un autre miracle. La multiplication des pains, ça n’allait pas : la seule chose que Fernande ait jamais réussi à multiplier, ce sont les mouchettes sur ses dents quand elle roule en vélo. Changer l’eau en vin, quand je vois que Fernande n’arrive déjà pas à changer un steak et une pomme de terre en nourriture comestible, pas la peine. J’ai donc opté pour une autre solution : lui faire transformer deux femmes adultères en femmes vertueuses. Ça, ça devait être dans ses cordes, vu que sa crèche n’a plus vu un petit Jésus depuis avant l’invention du préservatif en peau de mammouth.