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Des milliers d'années après la disparition des dieux, Connor, un jeune voleur de Kimenir retrouve la trace de son frère qu'il croyait mort depuis longtemps et décide de se lancer à sa recherche. Au cours de son voyage, Connor va faire de nombreuses rencontres et se confronter aux mystères de ce monde. Parmi tous ces mystères, se dressent ceux des temples, des édifices dédiés aux dieux qui semblent permettre de s'octroyer leurs pouvoirs dès lors qu'on en possède la clé. Dans ce monde énigmatique, tout a un commencement...
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Seitenzahl: 349
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Arc 1 – Le départ
Chapitre 1 - Connor
Chapitre 2 - L’homme du fond
Chapitre 3 - Le départ
Arc 2 - Jusqu’à la frontière
Chapitre 4 - Le hameau
Chapitre 5 - Les Korbs
Chapitre 6 - Sous le chêne
Chapitre 7 - Alex
Chapitre 8 - Départ furtif
Chapitre 9 - Les pendus
Chapitre 10 - Compagnon
Chapitre 11 - L’ours
Chapitre 12 - Les Rebelles
Chapitre 13 - Le refuge
Chapitre 14 - Bandits
Chapitre 15 - L’armée
Chapitre 16 - Lysador
Chapitre 17 - La frontière
Arc 3 - L’enlèvement
Chapitre 18 - Bourg Ceos
Chapitre 19 - L’auberge
Chapitre 20 - Dédommagement
Chapitre 21 - Cauchemar
Chapitre 22 - La salle de spectacle
Chapitre 23 - Réveil humide
Chapitre 24 - Explications
Chapitre 25 - Dragons
Chapitre 26 - Dans les plaines de Diadan
Chapitre 27 - Mission nocturne
Chapitre 28 - La rebelle
Chapitre 29 - En cage
Chapitre 30 - Le test
Chapitre 31 - Question de confiance
Chapitre 32 - Soupe
Chapitre 33 - Doutes et tensions
Chapitre 34 - Menaces et provocations
Arc 4 - Windemer
Chapitre 35 - Pause déjeuner
Chapitre 36 - La boîte musicale
Chapitre 37 - Windel
Chapitre 38 - Crâne fendu
Chapitre 39 - Fenra
Chapitre 40 - Improvisation
Chapitre 41 - Distraire l’ennemi
Chapitre 42 - Infiltrer l’ennemi
Chapitre 43 - Soins improvisés
Chapitre 44 - Vers la cale
Chapitre 45 - Dans la cale
Chapitre 46 - Brûlure
Chapitre 47 - Sauvetage
Chapitre 48 - Fin du combat
Chapitre 49 - Réflexions
Chapitre 50 - Bon vent
Chapitre 51 - Le destin de Saya
Chapitre 52 - Provocation
Arc 5 - Rogue
Chapitre 53 - Quelques jours plus tard
Chapitre 54 - La pomme
Chapitre 55 - Rav et William
Épilogue
Personnages
Glossaire des Clés
Mythologie
Dieux
Créatures
Contes et Légendes
Un enfant, âgé d’à peine 9 ans, se balade en forêt. Il rentre de la pêche. Il tient une canne à pêche d’une main et une corde au bout de laquelle pendent plusieurs poissons de l’autre. C’est alors qu’il voit un nuage de fumée noire s’élever dans le ciel en direction de l’orphelinat dans lequel il vit. L’enfant se met à courir et arrive finalement dans une clairière au milieu de laquelle il y a un bâtiment en feu. C’est l’orphelinat. Le jeune garçon lâche tout ce qu’il a dans les mains et se précipite vers l’habitation.
Il tente d’ouvrir la porte, mais provoque un appel d’air. Des flammes jaillissent et mettent le feu au tissu de la manche gauche de l’enfant. Ce dernier, hurlant de douleur, retire aussitôt le vêtement tout en s’éloignant de l’incendie. Son bras est brûlé au troisième degré jusqu’à l’épaule.
Désespéré et ne sachant que faire, le garçon tombe à genoux et regarde l’orphelinat brûler. Les larmes lui montent aux yeux. Il est seul. Du moins c’est ce qu’il croit, car bien qu’aucune des personnes vivant à l’orphelinat ne se soit montrée, un groupe d’inconnus, tous masqués ou encapuchonnés, se tient derrière lui.
Connor est réveillé par les coups de pieds d’un maréchal-ferrant. Il s’est assoupi sur un tas de foin destiné aux chevaux des clients. Le vieillard, visiblement en colère, hurle sur le jeune homme.
— Qu’est-ce que tu fous chez moi ?!
Toujours à moitié endormi, Connor ne saisit pas la situation, tourne le dos au maréchal-ferrant et s’endort de nouveau. Cette fois, l’homme ne se retient plus. Il saisit Connor par le bras et le traîne jusqu’à la sortie de son atelier. Il l’envoie dans une flaque de boue.
— Dégage de chez moi ! Et si je t’y reprends, j’appelle la garde ! s’énerve-t-il.
Sur ces mots, le maréchal-ferrant claque la porte de son atelier, laissant Connor, à peine réveillé, au milieu de l’une des avenues de Kimenir, la capitale d’Ulkarmalion.
Connor est un jeune homme de 18 ans, grand, brun, et plutôt musclé. Il est mal rasé et a des cheveux mi-longs. Une cicatrice lui parcourt le front du sourcil gauche jusqu’aux cheveux. Vestimentairement parlant, Connor laisse à désirer. Il ne porte qu’un simple pantalon en tissu marron, une paire de bottes et un haut à manches courtes, laissant apparaître un bras gauche entièrement pansé d’un bandage sale. Une marque de brûlure dépasse de son poignet.
Connor, désormais réveillé et couvert de boue, se relève sans rien dire, s’étire et commence sa journée en arpentant les rues. Le jeune homme vit en vagabond depuis plusieurs années. Il ne vit que de petits larcins. En passant devant un maraîcher, Connor vole une pomme tandis que le marchand est occupé avec un client. Une main dans la poche et l’autre tenant le fruit, il continue de se balader en ville et passe devant une affiche de mise à prix. Elle est à son nom. Les forces de l’ordre offrent une prime de 50 crédits pour sa capture. Connor arrache la fiche et la regarde de plus près.
— Tiens, ma prime a augmenté de 5 crédits, se dit-il.
Il arrache le bout de papier. Heureusement pour Connor, les gens ne s’intéressent pas aux petits voleurs tels que lui. C’est alors que quelqu’un l’interpelle.
— Hé toi !
C’est le maraîcher. Il s’est rendu compte que Connor lui a volé une pomme et s’approche de lui, furieux.
— Paie-moi pour ce que tu as pris ! hurle le marchand.
Connor prend la fuite. Le vendeur lui court après en hurlant au voleur. Les gens s’écartent sur le passage. Afin de ralentir son poursuivant, Connor renverse les étals qu’il croise, mais le maraîcher n’abandonne pas et finit par attirer l’attention de deux gardes qui se trouvent en face de Connor.
Ce dernier n’a pas le temps de ralentir et percute l’un des soldats. Il le fait tomber. Le voleur, bien plus agile, reste debout et fuit en empruntant une ruelle qui le mène à la rue voisine. Le marchand a abandonné la poursuite, mais Connor est désormais poursuivi par les deux gardes. Le jeune homme déboule dans la rue, esquive de justesse une charrette, prend appui sur une caisse et saute afin de s’accrocher au bord d’une fenêtre. Connor se hisse et, à l’aide des irrégularités que présente le bâtiment, escalade le mur jusqu’au toit.
L’un des gardes décoche une flèche et manque sa cible de peu. L’autre, suit Connor et monte à son tour sur le toit alors que le jeune homme s’éloigne. Ainsi s’ensuit une course-poursuite en Connor et les deux gardes, l’un sur le toit, l’autre dans la rue. Cependant, et malheureusement pour le voleur, la fuite est de courte durée car alors qu’il traverse le vide séparant deux bâtiments en jouant le funambule sur une poutrelle, le garde qui l’a suivi sur le toit décoche une flèche, ce qui déséquilibre Connor. Le jeune homme chute et atterrit plusieurs mètres plus bas, sur l’étal d’un marchand.
Le garde resté dans la rue le rattrape. Il est accompagné de plusieurs de ses collègues. Connor est encerclé et ne peut plus fuir. Il se rend.
Après que ses armes lui aient été retirées par les gardes, Connor est emmené au poste de gardes du quartier dans lequel il a été capturé. Il n’oppose aucune résistance. Il a été menotté et est conduit à travers les couloirs du bâtiment par deux gardes jusqu’à un sous-sol dans lequel se trouve le cachot. Deux autres gardes se tiennent devant la porte. Ces derniers ouvrent la porte au prisonnier et à ses accompagnateurs. L’endroit est sombre. Seule une torche éclaire la pièce dans laquelle Connor discerne une dizaine de cellules de part et d’autre d’un couloir. Les rares prisonniers qui s’y trouvent sont accroupis au fond de leur cage, seul l’un d’entre eux, au fond du couloir, se tient debout, devant la porte de sa cellule.
L’un des gardes sort une clé et retire les menottes à Connor avant de le jeter dans la première cellule à droite du couloir.
— La prochaine fois que tu verras la lumière du jour, ce sera à ton procès !
Les soldats referment la grille derrière eux et sortent du cachot. À l’instant où la porte en haut des escaliers se referme, un prisonnier éclate de rire. Connor s’assied dans un coin de sa cellule, l’air tranquille. Il remarque qu’un autre prisonnier se trouve dans la même cellule. Ce dernier est allongé, face au mur. Il ne bouge pas. Une voix interpelle Connor, mais il ne parvient pas à savoir d’où elle vient.
— Hé, le nouveau ! J’espère que t’es pas pressé !
Nouvel éclat de rire.
— Pourquoi ? Je devrais ? demande le jeune homme.
— Oh que non… Au contraire… Ils nous enferment ici en disant qu’on ne ressortira qu’au procès… Mais le procès, c’est dans un cercueil qu’on y va !
Éclat de rire.
— Ça ne me fait rien. Au moins ici, il fait chaud et j’ai un toit sur la tête. En plus, on a à manger… Au fait, je m'attendais à ce qu’il y ait plus de monde, remarque le jeune homme.
— À ton avis, je viens de dire qu’on sortait d’ici dans un cercueil. On est juste plus robustes que les autres.
— T’es sûr ? Le type qui est avec moi n’a plus l’air très vivant.
— Tu devrais vérifier et prévenir les gardes avant que les rats ne débarquent.
Connor s’approche prudemment de son compagnon de cellule et lui tapote l’épaule. Pas de réaction. Le jeune homme insiste et lui secoue le bras. Toujours rien. En revanche, il n’a senti aucune résistance. Cette fois, il décide de le retourner. C’est ainsi qu’il se rend compte qu’il avait raison. Son compagnon de cellule est mort. Connor le regarde un instant.
— Je confirme. Il est mort.
— Faudra le dire aux gardes quand ils viendront nous apporter à manger.
De par ses instincts de voleur, Connor fouille les poches du cadavre, espérant y trouver quelque chose, mais il ne trouve rien. Il se relève et retourne à sa place. C’est alors qu’il tape par hasard quelque chose avec son pied. L’objet fait un cliquetis métallique. Connor le cherche avant d’apercevoir un reflet de lumière par terre. Il ramasse l’objet. Il s’agit d’une clé. Surpris, Connor se relève et tente sa chance en essayant d’ouvrir la grille de sa cellule. Ça ne fonctionne pas. Son interlocuteur, intrigué par les faits de Connor, l’appelle.
— Qu’est-ce que tu fous ?
— J’ai trouvé une clé.
— Quel genre de clé ?
— Pas celle qui ouvre ma cellule en tout cas, soupire le voleur.
— Est-ce que ça pourrait être la clé d’un temple ?
— Ça m’étonnerait. Celle-ci est petite et toute rouillée, tout l’inverse des clés de temples. Et puis je ne vois pas ce que ferait la clé d’un temple dans cet endroit.
— Alors c’est peut-être la clé des latrines. Qui sait ? plaisante le prisonnier.
Soudain, la porte d’entrée du cachot s’ouvre et un objet métallique dévale l'escalier, provoquant un brouhaha dans tout le cachot. Connor, qui se trouvait devant la porte de la cellule, parvient à identifier l’objet. C’est l’épée d’un garde.
En voyant l’épée tomber, les prisonniers se lèvent tous et s’approchent de la grille pour voir ce qu’il se passe. Seul l’homme du fond recule de quelques pas. Trois hommes encapuchonnés descendent les escaliers et pénètrent dans le cachot. Ils regardent les cellules une par une et s’arrêtent devant celle du fond, là où l’homme patiente calmement. L’un des inconnus prend la parole.
— Tu as pu avoir des infos ?
Le prisonnier fait oui de la tête. C’est alors que l’inconnu tend la main à l’un de ses compagnons qui lui donne un trousseau de clés. L’inconnu ouvre la porte et libère l’homme du fond. Les autres prisonniers s’excitent en voyant ce qu’il vient de se passer, mais les encapuchonnés ne s’en préoccupent pas et se dirigent vers la sortie avec le compagnon qu’ils viennent de libérer.
Connor, qui observe la scène calmement, voit, l’espace d’un instant, le visage de l’homme qui a ouvert la porte de la cellule. Le jeune n’en croit pas ses yeux. Il connaît cet homme.
— William ?! s’exclame-t-il.
L’homme ne répond pas et poursuit son chemin.
— William ! C’est moi, Connor !
Soudain, l’inconnu s’arrête. Il fait signe à l’un de ses compagnons qui lui donne son arbalète. Il la prend et tire sans hésitation sur Connor avant de la rendre et de remonter les escaliers.
— Tuez tous les prisonniers.
Les deux inconnus abattent le reste des prisonniers avant de quitter la pièce tandis que Connor est immobile, au sol. Une flaque de sang se forme autour de lui.
Quelques minutes se sont écoulées depuis le départ du groupe d’inconnus. Il n’y a plus aucun bruit. Aucun garde n’est venu en renfort. Connor se relève. Par chance, l’homme qu’il pense avoir reconnu l’a touché à l’épaule et ne s’en est pas rendu compte. Non. Ce n’est pas ça. Connor est convaincu que ce n’est pas un hasard. Il est persuadé que cet homme était William et qu’il a fait exprès de ne pas le tuer. De toute façon, impossible de manquer sa cible à une si courte distance.
Ce n’est pas la première fois que Connor se prend un carreau d’arbalète. Il le retire en grimaçant et l’observe. L’objet est couvert de sang, Connor l’essuie. À l’image de la marque, composée de trois bandes, il y a deux plumes noires et une blanche. Le jeune homme ne reconnaît pas la provenance de ce carreau.
Une idée lui vient alors. À l’aide de la pointe du carreau, Connor tente de déverrouiller la porte de sa cellule. Ça fonctionne. Le jeune homme est désormais libre. Sans plus attendre, il ramasse l’épée du garde et monte les escaliers. La porte d’entrée du cachot est bloquée par le corps d’un second soldat. Connor force le passage et arrive dans le couloir qu’il parcourt dans le sens inverse par lequel il est arrivé. Il croise d’autres corps de gardes, tous sans vie. Connor profite donc de cette opportunité pour se rendre à l’endroit où lui ont été retirées ses armes. La porte est ouverte. L’évadé trouve immédiatement ses deux couteaux qui étaient restés sur une table. Il les récupère et quitte la pièce.
Lorsqu’il sort finalement du poste de garde, Connor se rend compte que l’attaque est passée inaperçue, la vie suit son cours dans la rue tandis que de nombreux cadavres gisent dans ce bâtiment. Cependant, Connor ne s’y attarde pas et se mêle à la foule, de nouveau libre.
À la nuit tombée, après que les rues se soient vidées, Connor se balade. Il observe pensivement ce carreau d’arbalète qu’il a conservé. La pointe est en métal, peut-être un forgeron pourra-t-il le renseigner sur la provenance du projectile. Le jeune homme en connaît justement un qui vit dans les basquartiers de la ville. Il lui arrive parfois de confectionner des armes pour les hors-la-loi, il devrait donc être en mesure de savoir d’où provient ce carreau.
Connor arrive finalement au coin de la rue dans laquelle se trouve la forge en question. Il entend des gens discuter. Par réflexe, le voleur se cache derrière un mur et observe discrètement la scène, il voit un vieil homme. C’est le forgeron. Il est en compagnie de deux inconnus.
— Le patron nous a envoyé chercher la commande.
— Je n’ai pas terminé, s’excuse le forgeron.
— Comment ça ?!
— Il me reste deux dagues à faire.
— On avait dit une semaine !
— Je sais bien, mais on m’a vendu du métal de mauvaise qualité, il a fallu que je recommence une partie de mon travail… Écoutez, je peux déjà vous donner ce que j’ai et repassez dans deux jours pour récupérer le reste.
— Et puis quoi encore ?! Un marché est un marché !
Les deux hommes sortent leur sabre et s'approchent dangereusement du forgeron. Voyant que la situation dégénère, Connor sort de sa cachette et sort ses couteaux.
— Hé, vous !
Les deux bandits se tournent vers Connor, laissant le vieillard tranquille.
— Qu’est-ce que tu veux ?!
— Laissez-le vieux tranquille, provoque le jeune homme en pointant son couteau vers eux.
— Je crois bien qu’on a un héros face à nous.
Les deux bandits chargent et attaquent simultanément. Connor, surpris par la rapidité de ses adversaires, recule d’un pas et esquive les attaques. C’est à son tour de charger. Il se lance vers l’un des inconnus, mais son adversaire pare aussitôt. Le jeune homme a soudainement une sensation étrange et, guidé par son instinct, il se décale légèrement sur la droite, esquivant une attaque venant de derrière.
Le second agresseur voulait le prendre à revers, mais par miracle, Connor est parvenu à éviter l’attaque. C’est alors qu’il se rend compte que grâce à ce mouvement que l’attaquant a transpercé l’abdomen de son ami, qui s’effondre.
Décontenancé par ce qu’il vient de faire, le bandit a un moment d’absence et ne voit l’attaque de Connor qu’au dernier moment. Il n’a pas le temps d’esquiver et la lame du jeune homme vient se ficher dans sa carotide. Pris d’un spasme, l’homme lâche son arme et se tient la gorge, tentant désespérément d’empêcher le sang de couler avant de mourir à son tour.
Connor, n’en revenant pas, regarde le forgeron, tout aussi surpris que lui.
— Je crois bien que c’est mon jour de chance…
— Venez vite vous réfugier à l’intérieur avant que quelqu’un ne vous voit, lui intime le forgeron.
Connor regarde un instant les cadavres et ramasse l’un des katanas ainsi que son fourreau avant de rejoindre le forgeron. Ce dernier ferme la porte de l’atelier derrière lui.
— J’aurais…
Connor a à peine le temps de prendre la parole que le forgeron se jette sur lui, lui prend la main et la serre pour le remercier.
— Vous venez de me sauver la vie… Comment puis-je vous remercier ?
— Hé ! Doucement ! On ne s’est même pas présentés…
Svald lâche la main de Connor et va s’asseoir sur un tabouret. Il invite Connor à faire de même.
— C’est vrai, excusez-moi… Je suis Svald, forgeron de père en fils depuis dix générations.
— Moi c’est Connor, vagabond… Que vous voulez ces types ? demande le jeune homme.
— Ce sont des chasseurs de primes, les Korbs. Ils avaient passé commande, mais j’ai pris du retard. Heureusement que vous êtes arrivé. Je n’aurais pas donné cher de ma peau sinon… D’ailleurs, j'aimerais vous remercier.
— Justement, je venais vous voir.
— À quel sujet ? demande Svald.
Connor sort le carreau d’arbalète et le montre à Svald qui prend l’objet et commence à l’examiner sous tous ses angles.
— Je voudrais savoir d’où provient ce carreau d’arbalète.
Svald continue de regarder le carreau pendant quelques minutes avant de le rendre à Connor.
— La marque et les plumes me sont inconnues. En plus, je ne forge que des lames.
— Ah…
— En revanche, je connais un confrère qui pourrait peut-être vous aider.
— Vraiment ?
— Oui. Il s’appelle Rogue. Vous le trouverez dans un village au pied du Mont Ceos à Diadan. Il n’aime pas les étrangers, alors dites-lui que vous venez de ma part, explique Svald. Peutêtre vous aidera-t-il.
— Rogue, au pied du Mont Ceos. C’est noté.
— Sans vouloir être indiscret, pourquoi cherchez-vous la provenance de ce carreau d’arbalète ?
— C’est une longue histoire, mais pour faire court, j’ai retrouvé mon frère que je croyais mort il y a longtemps. Il m’a tiré dessus avec ce carreau d’arbalète avant de disparaître. C’est le seul indice que j’ai pour le retrouver, raconte Connor.
— Il vous tire dessus et vous appelez ça un frère ? s'étonne le forgeron.
— Je vous l’ai dit, c’est une longue histoire.
— Si vous le dites… M’enfin, toujours est-il que je n’ai pas pu vous aider avec cette histoire. Laissez-moi vous aider autrement.
— J’aurais bien besoin de quelques soins. Je n’ai pas eu le temps de me soigner depuis qu’il m’a tiré dessus.
— Faites-moi voir la plaie.
Connor retire son haut et dévoile une plaie au niveau de l’épaule gauche. Svald la regarde de plus près avant d’aller chercher une bouteille d’alcool.
— Vous avez de la chance, ce n’est pas infecté. Par contre, tout ce que je peux faire, c’est cautériser.
— Parfait.
Svald revient vers Connor avec l’alcool et un morceau de métal incandescent.
— Attention, ça va piquer.
Svald verse l’alcool sur la plaie. Connor grimace de douleur et lâche un grognement lorsque le forgeron pose le morceau de métal sur la peau de Connor. Le jeune soupire de soulagement alors que Svald le retire. Il va ranger son matériel. Connor remet son haut.
— Merci.
— Ce n’est pas comme si ça avait demandé beaucoup d'efforts… Vous devriez dormir ici cette nuit si vous n’avez nulle part où aller.
— Je ne voudrais pas abuser de votre hospitalité.
— Vous m’avez sauvé la vie, c’est la moindre des choses.
— Bon, si vous insistez… Mais dans ce cas, je partirai demain matin.
— Comme bon vous semble.
Svald sort de la pièce.
Le lendemain matin, Connor se réveille au coin du feu. Svald est déjà au travail. Lorsqu’il voit son invité se lever, il cesse son activité et se tourne vers lui.
— Bien dormi ?
— Oui, merci.
— Comme vous vouliez partir ce matin, j’ai pris le soin de vous préparer un sac avec quelques provisions pour votre voyage. Tenez, il est sur la table.
Svald désigne un sac en cuir à Connor. Ce dernier l’ouvre et découvre une gourde, des sachets de plantes médicinales ainsi que de quoi manger pendant plusieurs jours.
— Il ne fallait pas.
— Vous vous apprêtez à partir en voyage. Il faut bien que vous ayez de quoi à vous mettre sous la dent.
— Vous êtes trop gentil, Svald.
— Je vous dois bien ça… Et pour tout vous dire, j’y ai repensé hier soir et ce carreau d’arbalète m’intrigue, avoue le forgeron. J’espère que vous saurez trouver d’où il vient. En attendant, profitez et prenez un petit-déjeuner avant de partir.
— Ça ira, merci. Je vais profiter du fait qu’il fasse jour pour partir.
— Comme vous voudrez. Je vous souhaite bon courage dans ce cas.
Svald s’avance vers Connor et lui tend la main. Il le lui rend. Sur ce, le jeune homme sort de l’atelier et s’en va.
Un peu plus tard, Connor se trouve à l’entrée de la ville. Il jette un dernier coup d'œil à Kimenir et se met en route.
Quelques jours après son départ de Kimenir, Connor arrive aux premiers contreforts de la chaîne des Titans. Alors qu’il longe une crête, le jeune homme voit de la fumée qui se dégage de cheminées. Il y a un village au loin. Connor s’y rend.
À peine arrivé au hameau, Connor sent qu’il n’est pas le bienvenu. Les gens détournent le regard et ne s’approchent pas de lui. Le jeune homme se sent mal à l’aise et se dirige vers une sorte d’auberge. En entrant, le brouhaha ambiant cesse instantanément, tout le monde le regarde. Connor tente tant bien que mal de paraître à l’aise avec la situation. Il va voir le barman. Un homme, assis à côté, lui jette un regard en coin.
— On sert pas les étrangers ici, prévient le barman.
— C’est pas grave, je ne compte pas m’attarder ici. J’aurais juste voulu savoir s'il y a un endroit où j’aurais pu me réapprovisionner, demande le voleur.
— Il faudrait déjà que quelqu’un accepte de te servir, étranger.
Soudain, quelqu’un entre dans l’auberge et se dirige vers l’homme assis à côté de Connor.
— Sergent Lobster. Les nouveaux avis de recherche viennent d’arriver, dit-elle.
— Il y en a un paquet dis donc, s’étonne le sergent.
— Il paraît qu’une vingtaine de rebelles ont été identifiés dans les montagnes.
— Bien, merci. Je vais regarder ça.
Le messager donne le paquet d'affiches à Lobster et s’en va. Le sergent regarde les affiches une par une.
— C’est à cause des rebelles que vous n’aimez pas les étrangers ? demande Connor.
— De quoi tu te mêles, l’étranger ?
— J’essaie juste de faire la conversation…
Il y a un blanc. Lobster continue de regarder les avis de recherche. Soudain, il s’arrête sur l’une des affiches. Intrigué, Connor regarde discrètement le bout de papier dans les mains du sergent. Il y voit son visage, sa mise à prix est passée à 1000 crédits. Lobster se tourne vers lui. Leurs regards se croisent. Connor sourit, gêné par la situation.
Soudain, il prend ses jambes à son cou et quitte l’auberge. En sortant, il bouscule un villageois. Lobster sort à son tour, des bolas à la main, et se lance à la poursuite de Connor. Il fait tourner son arme et la lance. Il fait mouche. Les bolas s’emmêlent dans les pieds de Connor qui tombe tête la première dans la boue.
Lobster entre dans son bureau en tenant Connor par l’épaule. Ce dernier se tient le nez. Il est tombé tête la première et saigne abondamment. Le sergent le fait entrer dans une cellule et va lui chercher un bout de tissu afin d’essuyer le sang. Après quoi, il s’assied à son bureau et regarde l’avis de recherche.
— Connor… Recherché pour vol, meurtres et évasion… T’essayais de quitter le Royaume ?
Connor, en train de se tenir le nez avec le tissu, s’assied sur le banc de la cellule.
— J’ai tué personne, nie-t-il.
Lobster commence à fouiller le sac de Connor qu’il a
récupéré.
— Ça, c’est pas à moi qu’il faut le dire… Ton sac me paraît bien vide. Tu n’as pas d’affaires ? interroge le sergent.
— Je vous l’ai déjà dit, je venais ici pour me réapprovisionner… Mais personne n’a voulu me servir. Vous avez des problèmes avec la Rébellion ? enchaîne le jeune homme.
— Ça ne te regarde pas, étranger… Tiens ? Un carreau d’arbalète ? Pourquoi t’as un carreau, mais pas l’arbalète qui va avec ?
— Ça ne vous regarde pas, sergent.
— Tu ne veux pas discuter ? Comme tu voudras… Je vais envoyer un message aux forces de l’ordre. Ils viendront te récupérer d’ici deux ou trois jours tout au plus.
Lobster se lève et s’apprête à quitter le bureau lorsque Connor se lève à son tour.
— Attendez ! le stoppe-t-il.
— Plus enclin à parler ?
— On mange à quelle heure ?
— Pas de repas pour toi, sauf si tu me parles de ce carreau d’arbalète ?
— Pourquoi il vous intéresse tant que ça ?
— Et toi ? Pourquoi tu t’intéresses autant à la Rébellion ?
— Je ne m’intéresse pas plus que ça à la Rébellion…
J’aimerais juste être un minimum informé si je veux traverser ces montagnes, explique Connor.
— Eh bien, la question ne se pose plus maintenant que je t’ai capturé… Alors ? Pour ce carreau d’arbalète ? redemande Lobster.
— Il n’est pas à moi. J’en cherche le propriétaire.
— Et qui est ce propriétaire ?
— Si je le savais, je n’aurais pas à le chercher, rétorque Connor.
Lobster et Connor se toisent longuement. Tel un jeu de provocation, c’est à celui qui détournera le regard en premier. Finalement, le sergent secoue la tête en soupirant et s’en va.
— On mange à dix-neuf heures.
Il laisse Connor seul. À peine Lobster a-t-il quitté les lieux qu’un caillou tombe dans la cellule de Connor. Ce dernier le ramasse, intrigué. Un second projectile lui tombe dessus. Le prisonnier se retourne et voit un troisième caillou passer à travers les barreaux de la fenêtre de sa cellule. Connor monte sur le banc afin de pouvoir voir ce qu’il se passe à l’extérieur. Au moment où il passe sa tête, un nouveau caillou vient le frapper dans l'œil. Le jeune homme a un mouvement de recul et se couvre l'œil d’une main tout en grognant de douleur.
— Merde ! Ça fait mal !
— Désolé ! s’excuse la voix d’un jeune homme.
Connor remonte sur le banc et regarde de nouveau par la fenêtre en faisant attention à ce qu’un autre projectile ne soit pas lancé. C’est alors qu’il découvre un jeune homme blond, assez chétif et vêtu d’une chemise blanche à manches courtes, d’un pantalon usé et trop court ainsi que d’une paire de souliers en cuir épais. Il a un lance-pierre rangé à la ceinture. En voyant Connor passer la tête, toujours la main sur l'œil, il se gratte la tête, l’air embarrassé.
— Désolé pour le caillou, je n'ai pas fait exprès, s’excuse de nouveau l’adolescent.
— T’es qui ? Et qu’est-ce que tu veux ?!
— Moi, c’est Alex ! J’ai 14 ans et je vis dans le village avec mon oncle… C’est vrai que tu veux traverser les montagnes ?
— Qu’est-ce que ça peut te faire ?
— Mon rêve, c’est de parcourir le monde ! Je veux venir avec toi ! s’extasie Alex.
Connor voit les yeux d’Alex s’illuminer en parlant. Il semble trépigner d’impatience, comme un enfant. L’espace d’un instant, Connor semble se reconnaître en lui, mais il secoue la tête pour se remettre les idées en place et descend du banc.
— Hors de question ! le stoppe Connor.
Alex, ne s’attendant pas à cette réponse, reste bouche bée avant de se reprendre.
— Allez quoi ! Un peu de compagnie ne te ferait pas de mal. Connor s'assied sur son banc.
— Non.
— Je pourrais t’être utile ! Regarde ! Je suis un pro du lancepierre !
Alex sort son lance-pierre et, tout excité, cherche une cible. Il trouve finalement une bouteille posée sur une caisse. L’adolescent se concentre. Il passe la langue. Il tire. Manqué. Plutôt que de toucher la cible comme prévu, Alex a touché un chat qui faisait sa sieste à proximité. L'animal, apeuré, prend la fuite. Alex prend un air innocent comme s’il ne s’était rien passé. De son côté, Connor n’a pu se fier qu’aux sons et, devinant que son interlocuteur a manqué sa cible, il sourit.
— Bon, c’était une cible difficile à atteindre, dit Alex, se cherchant des excuses.
— Je t’ai déjà dit non.
— Quoi ?! Mais qu’est-ce qu’il faut pour te convaincre ?... Je pourrais me faire discret.
— C’est non !
— Et si…
— Quand je dis que c’est non, c’est non ! s’énerve Connor. Déçu, Alex baisse la tête et s’en va, l’air renfrogné.
— Espèce de vieux bougon…
En entendant Alex le traiter de vieux, Connor remonte immédiatement sur le banc.
— T’as traité qui de vieux là ?!
Alex part en courant, laissant Connor seul de nouveau. En fuyant, Alex bouscule Lobster qui revenait à son bureau.
— Pardon sergent !
— Regarde un peu où tu vas, petit.
Alex reprend sa course. Alors que le sergent s’apprête à rentrer dans son bureau, il voit un groupe de cavaliers faire leur entrée dans le village. Il a un mauvais pressentiment et visiblement, il n’est pas le seul. Les villageois se réfugient tous chez eux. En tant que représentant des forces de l’ordre, Lobster n’a d’autre choix que d’aller à leur rencontre.
Il se met en travers du chemin des inconnus. Ces derniers stoppent leurs chevaux. Le chef s’avance vers Lobster.
— Qu’est-ce qui vous amène ici, messieurs ? demande-t-il.
— Nous sommes les Korbs, un groupe de chasseurs de primes…
Le chef des Korbs sort un avis de recherche de la poche de son manteau. Il y a le visage de Connor dessus.
— On est à la recherche d’un fugitif du nom de Connor. On pense que cet enfoiré a tué deux de nos compagnons. Vous ne l’auriez pas vu par hasard ? explique le chef.
— Malheureusement pour vous, il est déjà en prison. Mais il sera puni pour ses méfaits, ne vous en faites pas.
— Remettez-le-nous.
— À quoi bon ? Il est déjà en prison, je vous dis, répète Lobster.
Le chasseur de primes jette un regard mauvais à Lobster puis, d’un mouvement de tête, il ordonne à ses hommes de descendre de leur cheval. Les voyant faire, le sergent pose la main sur le pommeau de son épée.
— Qu’est-ce que vous faites ?!
Le chef des Korbs sort son arc et encoche une flèche, il menace Lobster. Sentant que la situation dégénère, ce dernier baisse aussitôt son arme.
— Du calme ! Attendez !... On peut en discuter…
— Pas très courageux, le sergent, se moquent les Korbs.
Le chef fait signe à ses hommes de s’arrêter. Ils s’exécutent.
— Livrez-nous Connor ou on mettra ce village à sac.
— Bien, mais dites à vos hommes de remonter en selle.
Après un moment d’hésitation, le chasseur de primes fait signe à ses hommes d’obéir avant de descendre de sa monture. Les deux hommes se dirigent vers le bureau du sergent.
Lobster fait passer le chef des chasseurs de primes devant et ce dernier découvre une cellule vide.
— J’espère que c’est une blague.
Le sergent entre à son tour et découvre la même chose. Il commence à paniquer.
— Quoi ?! Non ! Il était encore là, il y a cinq minutes ! panique Lobster.
— Mais oui… Et vous espérez que je vous crois ?
Le chasseur de primes dégaine son sabre et s’avance vers Lobster qui, ne sachant que faire, tente de sortir son épée. Le chef des Korbs lui fait lâcher son arme d’un coup de sabre dans la main. Le sergent recule et se retrouve finalement pris au piège dans un coin de la cellule. Son agresseur lève son arme et s’apprête à l’abattre sur le pauvre homme lorsque brusquement, il s’immobilise.
Lobster remarque qu’une lame lui traverse l’estomac, une tache pourpre se forme sur le vêtement du chasseur de primes qui crache du sang. La lame ressort et l’homme s’effondre, sans vie. Lobster découvre Connor, sabre à la main, le regardant d’un air sérieux.
— Vous pensiez vraiment pouvoir me garder en cage ? se vante le voleur.
— Co… Comment êtes-vous sorti ?
Connor tend la main à Lobster pour l’aider à se relever.
— Astuce de voleur.
Alors que Lobster discute avec les Korbs, Alex entre discrètement dans le bureau du sergent. Connor, qui observait la scène à travers la fenêtre de la prison, descend du banc et s’approche des barreaux de sa cellule.
— Qu’est-ce que tu fais là ? Je ne t’avais pas dit que je ne voulais pas te prendre avec moi ?
— Surprise !
L’adolescent sort un trousseau de clé de sa poche et le lance à Connor.
— Comment t’as eu ça ? s’étonne le jeune homme.
— Je les ai piquées au sergent Lobster. Il n'a rien remarqué ! Connor ouvre la porte et sort de la cage.
— Tu devrais rentrer chez toi maintenant, ça ne va pas tarder à chauffer par ici.
— Je peux venir avec toi ou pas ?
— Prononce encore une fois ces mots et je te coupe la langue, menace Connor.
Le voleur s’approche d’Alex d’un air menaçant afin de la faire fuir. Ça fonctionne. L’adolescent fuit. Connor se retrouve seul.
Lobster ramasse son arme et passe discrètement la tête par la porte. Le reste des chasseurs de primes sont toujours sur leurs chevaux.
— Bon, il va falloir s’occuper d’eux, maintenant.
Les chasseurs de primes, au nombre de quatre, patientent au beau milieu de l’axe principal du village. Soudain, l’un des hommes reçoit une flèche en pleine poitrine et meurt. Un second reçoit également une flèche, mais il est protégé par son armure et est juste surpris par l’attaque.
En tant qu’hommes entraînés au combat, les survivants de cette première attaque se mettent à couvert derrière les chevaux alors qu’une nouvelle salve de flèches est tirée. Elles n’atteignent pas leur cible. L’un des chasseurs de primes repère Connor et Lobster qui se préparent à décocher de nouveau depuis les fenêtres du bureau du sergent. Il attend que les deux hommes tirent avant de faire de même. Il est précis. Sa flèche passe à travers la fenêtre et effleure le sergent qui se réfugie de justesse. Les compagnons du chasseur de primes suivent le premier, mais conservent une alternance dans leurs attaques afin de laisser le temps aux autres d’encocher une nouvelle flèche. De cette manière Connor et Lobster n’ont plus d’ouverture et sont contraints de rester à couvert.
De leur côté, le voleur et le sergent attendent désespérément une ouverture de tir.
— Qu’est-ce qu’on fait ?! demande Connor.
— On passe à la phase deux du plan !
— Mais… Ils sont encore en supériorité numérique !
— Tant pis, ils nous canardent, on va se débrouiller !
Les deux hommes laissent leur arc et s’apprêtent à partir lorsque, tout à coup, les tirs cessent. L’un des chasseurs de primes les interpelle.
— Écoutez ! Je ne sais pas ce qui s’est passé à l’intérieur, mais rendez-nous notre chef et on vous laissera tranquille ! tente de négocier l’un des Korbs.
Lobster s’arrête et fait signe à Connor de continuer. Il retourne au niveau de la fenêtre.
— Et qu’est-ce qui me garantit que vous tiendrez parole ?! demande le sergent.
— À la base, on ne devait que récupérer le voleur. Je n’ai aucune idée de ce qui a pu arriver pour qu’on en vienne aux armes, mais on peut tout oublier et repartir de zéro. Rendez-nous notre chef, ainsi que le voleur et on s’en ira !
— Vous augmentez les prix ! Ça ne me plaît pas ! refuse Lobster.
— Si vous croyez être en position de négocier, vous vous trompez !
— Oh, vous n’êtes pas plus en position pour négocier que moi !...
Le sergent prend une flèche et tend son arc.
— … De toute façon, votre chef est mort ! révèle Lobster.
Sur ces mots, Lobster se relève et décoche sa flèche. Malheureusement, l’un des chasseurs de primes a profité du fait qu’il n’ait aucune vision de la situation pour se rapprocher et s’était caché juste à côté du cadre de la fenêtre. Il surprend le sergent en déviant son tir et lui tord le poignet. Lobster est contraint de lâcher son arme.
Toujours en tenant son ennemi en soumission, le chasseur de primes pénètre dans le bureau par l’ouverture. Pendant ce temps, Connor observe la scène depuis une cachette, dans le dos des ennemis encore dehors.
Les deux chasseurs de primes sont sur leurs gardes. Ils regardent partout autour d’eux, prêts à décocher au moindre mouvement. Connor les observe. Il est monté sur un toit, juste au-dessus d’eux, mais ils se trouvent dans son angle mort. Il n’a aucune idée de leur position exacte.
Connor respire un grand coup, sort son couteau et se lance. Il est un peu trop loin des deux ennemis, mais dans sa chute, il parvient à tendre le bras et à toucher l’un d’entre eux. Le jeune homme se réceptionne sur une roulade maladroite. Le chasseur de primes qui a été épargné décoche aussitôt en direction de Connor, mais il est gêné par l’un des chevaux et touche le pauvre animal qui fait une ruade avant de prendre la fuite, laissant aux deux combattants le temps de dégainer leurs sabres.
Ils se retrouvent face à face, immobiles, attendant chacun l’attaque de l’autre. On entend que le galop du cheval en fuite et les derniers râles du second chasseur de primes. Surpris, Connor jette un regard en direction du corps et remarque qu’il a miraculeusement touché la carotide.
Voyant une ouverture dans la stupéfaction du jeune homme, son adversaire charge et Connor pare avant de contre-attaquer sans succès. Sur ce seul échange, il comprend qu’il ne fait pas le poids et ne tiendra pas longtemps. Le chasseur de primes n’attaque pas tout de suite et observe le sabre de Connor. Il devient rouge de colère.
— C’est l’un de nos katanas !... C’est donc bien toi qui as assassiné nos compagnons ! s’énerve le Korb.
— Navré… Peut-être que s’ils avaient été meilleurs, ils seraient encore en vie, provoque le jeune homme.
Connor regrette instantanément cette tentative de provocation. Son adversaire, fou de rage, charge et donne un grand coup, paré de justesse par le jeune homme. Malheureusement, la lame de ce dernier se brise et Connor se retrouve désormais sans défense.
Le chasseur de primes charge de nouveau. Connor, s’apprêtant à mourir, baisse son arme. C’est alors qu’il voit son couteau, qu’il a lâché dans sa chute, par terre.
Soudain, comme si le temps venait de ralentir, Connor se décale sur la gauche et fait une roulade, évitant ainsi la lame qui s’apprêtait à s’abattre sur lui. Il saisit son couteau et, sans se retourner, poignarde son adversaire à la cuisse. Le chasseur de primes tombe à genoux en poussant un hurlement de douleur et Connor, se retournant, plante le bout de la lame brisée dans la gorge de l’ennemi.
Le jeune homme regarde son adversaire se vider de son sang, abasourdi par ce qu’il vient de faire. Ce n’est pas la première fois que cela lui arrive, mais il semble avoir du mal à comprendre ce phénomène, ni même pourquoi il se produit.
Un hurlement venant du bureau de Lobster le sort de sa stupeur.
Lobster est à terre, un couteau dans le genou et le visage en sang. Le chasseur de primes est au-dessus de lui, sabre en main, prêt à l’achever. Le sergent n’a plus la force de réagir et accepte son sort. C’est alors que Connor arrive derrière l’ennemi et lui tranche la gorge avec son couteau. L’homme se vide de son sang avant de mourir. Lobster relève la tête.
— J’ai comme une impression de déjà-vu.