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Après la disparition de Connor, les survivants retrouvent un semblant de civilisation et redécouvrent un monde marqué par la misère et la peur. Alors que certains prennent la décision de tracer leur propre route, d'autres verront leur destin basculer. Pendant ce temps, à Washington, dix piques sont plantées sur une colline, marquant le début d'une chasse à l'homme.
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Seitenzahl: 332
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Préquel
Amitié
Errance – Partie I
Chapitre 1 : Libération
Chapitre 2 : Nouvelle vie
Chapitre 3 : Goutte d'eau
Chapitre 4 : Rebelle
Chapitre 5 : La rébellion
Chapitre 6 : L'étang
Chapitre 7 : Sauvage
Chapitre 8 : Vers l'avenir
Chapitre 9 : Saint Valentin
Chapitre 10 : Capture
Chapitre 11 : Évasion
Chapitre 12 : Huit Rois
Chapitre 13 : L'accord des Rois
Chapitre 14 : Hécatombe
Chapitre 15 : Apeuré
Chapitre 16 : Sauvetage
Chapitre 17 : Héros des Pirates
Chapitre 18 : Corps entassés
Chapitre 19 : Découverte des corps
Chapitre 20 : Rien à perdre
Chapitre 21 : Violeur
Chapitre 22 : Celui qui écoute
Chapitre 23 : Friandises
Chapitre 24 : Cousinades
Chapitre 25 : Face à la vérité
Chapitre 26 : Innocence Perdue
Chapitre 27 : Les deux tours
Chapitre 28 : Phœnix
Chapitre 29 : Changement de camp
Chapitre 30 : La Nouvelle-Venise
Chapitre 31 : Croisière
Chapitre 32 : Assaut
Chapitre 33 : Médias
Chapitre 34 : Marché explosif
Chapitre 35 : Couronne brisée
Chapitre 36 : Nouvel an
Chapitre 37 : La peste et le choléra
Chapitre 38 : Barrage
Chapitre 39 : Bonne chance
Chapitre 40 : Perdre et se perdre
Chapitre 41 : Premier duel
Chapitre 42 : Cocufiage
Chapitre 43 : Pachycephalosaurus
Chapitre 44 : Bougie
Chapitre 45 : Patience
Chapitre 46 : Le nid
Chapitre 47 : Black Plesio
Chapitre 48 : Merci
Chapitre 49 : Ange gardien
Chapitre 50 : Stockholm
Chapitre 51 : La mort de Chicago
Chapitre 52 : Les dix têtes
Chapitre 53 : Un marché risqué
Chapitre 54 : La Ville noire
Chapitre 55 : Le Français
Chapitre 56 : Les trois places
Chapitre 57 : Dernière tentative
Chapitre 58 : Enfants cachés
Chapitre 59 : Le faubourg
Chapitre 60 : Passeport
Chapitre 61 : Brûlée
Chapitre 62 : Déclaration de guerre
Chapitre 63 : Destinée
Chapitre 64 : Tasse de thé
Chapitre 65 : Venandosaurus
Personnages
Bestiaire
Connor se rend pour la première fois au zoo avec sa mère, son père et sa sœur Kelsey étant pris pour la journée. Connor est alors âgé de six ans et vit dans la banlieue de Bâton Rouge avec sa famille. Tout se passe bien jusqu'à ce qu'un sanglier traverse la route. La mère de Connor tente de l'esquiver, mais perd le contrôle et fait plusieurs tonneaux avant de percuter un arbre.
Connor reprend connaissance après quelques minutes. Paniqué, il appelle sa mère, son bras lui fait atrocement mal. Aucune réponse ne lui parvient, il rappelle, mais toujours rien. Connor se détache tant bien que mal et cherche sa mère dans la voiture, mais il n'y trouve qu'une ceinture arrachée et le pare-brise cassé. Il la retrouve au bord de la route, ensanglantée et le bras droit dans le mauvais sens. Connor se précipite vers elle et tente de la réveiller. Restant inconsciente, Connor ne peut s'empêcher de pleurer. Après de longues minutes, elle rouvre les yeux et pose un regard attendrissant sur son fils. Connor la supplie de se relever, mais sa seule réponse est un murmure dans lequel elle prononce « Je vous aime, toi et ta sœur » puis elle pousse son dernier souffle. Connor en larme hurle en appelant à l'aide, mais personne ne vient.
Quelques jours plus tard a lieu l'enterrement, Connor n'a pas parlé depuis ce jour et a toujours les yeux dans le vague. Il ne va plus à l'école et passe ses journées à regarder des photos de sa mère. Michael, son père, prend la décision de déménager pour le bien de son fils.
La famille part vivre à Los Angeles, Connor arrive donc dans une nouvelle école. Il a désormais neuf ans, mais est toujours aussi renfermé. Dans sa classe, tout le monde se moque de lui parce qu'il n'a pas de mère. À chaque récréation, Connor va se cacher dans un coin de la cour derrière la remise du concierge et pleure. Michael voit bien qu'il va mal et décide de l'emmener voir un psy, mais cela n'y change rien. Connor reste seul et ne parle à personne, son comportement est tel que ses camarades de classe le traitent d'autiste.
Un jour, alors qu'il pleure derrière la remise, comme à son habitude, une petite fille arrive en chantonnant dans sa langue natale. Elle remarque Connor, s’arrête et s'assit à côté de lui. Elle lui dit maladroitement :
— Pourquoi tu pleurer ?... Moi suis Kim, dit maladroitement la jeune fille.
— Hé, regardez ! Il y a la nouvelle bizarre qui parle à l'autiste !
se moque soudainement un garçon, accompagné de ses amis qui se mettent à rire.
— À cause garçons tu pleurer ?...
— En plus d'être un autiste, c'est un assisté ! Ahahahah ! continue de se moquer le garçon.
Contraint par les rires, Connor repousse Kim alors que les enfants rient de plus belle.
— Mais… , riposte tristement la jeune fille en insistant auprès de Connor sans comprendre ce qui se passe.
— Pars, je te dis ! crie Connor.
— Mais il parle maintenant ! se moquent encore et toujours les autres.
— Attrape-rêves pour toi, finit par dire la jeune fille en passant un collier autour du cou de Connor. Maneking baendeu !
[bande de nuls] ajoute-t-elle à l’intention des harceleurs avant de partir.
Durant le cours Connor fixe le collier que lui a donné Kim, il représente un attrape-rêve dont le centre du cercle principal est un papillon. Il regarde ensuite Kim assise deux rangées devant lui côté mur alors que Connor est côté fenêtre. Elle se retourne en même temps et lui fait signe en souriant.
Au midi à la cantine, Connor mange seul, mais il est rejoint par Kim qui s'installe en face de lui. Elle lui montre un papier sur lequel il est écrit « rentre chez toi la bizarre ».
— Regarde. Les gens est idiot, il veut je rentre à maison, mais nous encore avons école. Mais pourquoi il dit je suis bizarre ?
— ...Tu parles mal anglais, c'est pour ça, murmure Connor.
— Mais ça normal, je suis coréenne. Je arrive c’était il y a trois jours. Je appris anglais avant je arrive, mais difficile... Collier est joli, continue Kim en désignant le pendentif. Maman de je fabriquer ça. Elle dit je suis grâce de papillon. Attrape-rêve tue rêves méchants et retenir gentils rêves. Comme ça pas de problèmes… Pourquoi garçons te faire pleurer ? demande-telle après un moment.
Connor ne répond pas, Kim décide de continuer la conversation toute seule et lui parle de tout et n’importe quoi. La prof de Connor remarque la scène et décide d'en parler à Michael à la sortie des cours. Michael prend alors l'initiative de contacter le père de Kim afin de lui proposer que sa fille aille chez Connor pour passer du temps avec lui. Il lui explique également la situation vis-à-vis de sa mère. Le père de Kim voit ça comme une bonne chose pour Connor, mais aussi comme une opportunité pour Kim de se faire un ami et d'apprendre la culture et la langue.
Lors du premier rendez-vous, le père de Kim lui explique le comportement de Connor avant de la déposer. Michael accompagne Kim jusqu'à la chambre de Connor où il est en train de lire un livre.
— Bonjour Connor.
Kim se balade dans la chambre de Connor et inspecte le moindre objet. Elle tombe sur une figurine de dinosaure.
— Quoi c'est ?
Voyant que Connor l’ignore, Kim soupire et s’assied sur le lit du jeune homme.
— Maman à moi aussi est morte…
L’intéressé relève la tête.
— Quand je nais… Alors je pas sais quoi c'est avoir maman…
— Parasaurolophus...
— Quoi ?
— Le dinosaure… c'est un Parasaurolophus, répète Connor.
— Paharozofus ?
— Non... Parasaurolophus… Para, dit-il en incitant Kim à répéter.
— Para.
—Sauro.
— Sauro.
— Lophus.
— Lophus.
— Para-sauro-lophus.
— Para...Sauro-lophus.
— Bravo, la félicite Connor. Mais avant d'apprendre les dinosaures, je vais devoir t'apprendre à parler anglais.
Michael observe la scène. Kelsey le rejoint étonnée d'avoir entendu Connor parler. Michael verse une larme.
Connor se lève et va chercher quelque chose dans son tiroir. Il en sort un collier en forme de patte d'ours. Il le donne à Kim en disant que comme ça, ils sont amis.
Deux ans sont passés, Connor et Kim ont tous les deux onze ans, le début de la puberté. Grâce à Connor, Kim parle parfaitement anglais. De son côté, le jeune garçon parle un peu plus chez lui, mais à l'extérieur, il ne parle qu'à Kim. Un jour, alors qu’ils jouent au parc, un groupe de jeunes un peu plus âgés qu'eux commencent à tourner autour de Kim et demandent à ce qu'elle montre son soutif. Elle se défend comme elle peut, mais elle ne fait pas le poids face aux trois garçons. Connor regarde la scène, apeuré, il cherche quelqu'un aux alentours, mais il n'y a personne. Un des garçons attrape Kim et pose sa main sur sa poitrine en rigolant. Le cœur de Connor bat à toute allure et crie soudain « Arrêtez ! ».
Les garçons s’arrêtent, regardent Connor puis éclatent de rire. Le plus grand des garçons s'approche et lui met une droite, Connor tombe à terre et le groupe reprend son activité. La vision de Connor se trouble, il n'entend plus que les pleurs et les appels au secours de Kim. Soudain, Connor n'entend plus rien. Il se relève et avance vers les garçons en serrant les poings. Arrivé derrière le plus grand des trois, il lui met un coup de pied derrière le genou, le garçon tombe en poussant un cri et se retourne vers Connor qui lui assène un revers qui le met KO, mais Connor ne s’arrête pas là. Il enchaîne les coups au visage se couvrant de sang. Le deuxième garçon tente de frapper Connor, mais celui-ci esquive miraculeusement, se saisit du bras de son agresseur et le mord jusqu'au sang. Lorsqu'il lâche prise, l'enfant se tient le bras alors que Connor lui met un uppercut. Le dernier garçon prend peur et va chercher de l'aide.
Connor tombe à genoux, essoufflé, il fixe le grand qu'il a massacré alors que Kim le serre dans ses bras en pleurant et en le remerciant. Le garçon revient avec un homme qui lui demande ce qu'il s'était passé, Kim lui explique.
Depuis ce jour, Connor a changé du tout au tout, il n'a désormais plus peur de personne et ne fait plus confiance à personne d'autre qu'à Kim et sa famille.
25 mars 2021,
Kim est assise à l’arrière du bateau, recroquevillée sur elle-même, en train de pleurer. Malgré le fait qu’elle s’y soit opposé, Jake et Bakins ont démarré le bateau avant que Connor et Alan ne reviennent. Selon eux, c’est ce qu’a demandé son ami et maintenant, elle l’a perdu. Kim s’en veut parce qu’elle savait au fond d’elle qu’en laissant Connor faire diversion, il ne reviendrait pas et elle a beau se répéter qu’il lui dirait d’aller de l’avant, la jeune femme ne supporte pas d’avoir perdu son meilleur ami.
C’est alors que le moteur du bateau s’arrête, sortant Kim de ses pensées. Elle relève la tête et découvre qu’un autre bateau est en train de les aborder. Pourtant, le reste du groupe est relativement calme et laisse les inconnus s’amarrer. Kim sait que les Braconniers ne les ont pas suivis, ce doit donc être un autre groupe. Les nouveaux venus braquent les projecteurs sur le bateau pour les éclairer, ce qui lui permet de voir Jake qui va à la rencontre de l’un d’entre eux pour lui serrer la main, comme s’ils se connaissaient.
Kim ne connaît pas cet homme qui doit avoir la cinquantaine, cheveux courts et grisonnants avec un bouc. L’homme est assez mince et porte un pantalon noir et une chemise kaki.
— Merci beaucoup, dit-il.
— Merci pour quoi ? interroge Jake, l’air perplexe.
— On a vu ce que vous avez fait sur l’avant-poste. Grâce à vous, on a pu profiter de la discorde chez les Braconniers pour lancer une attaque. En ce moment même, les Pirates sont en train de reprendre l’avant-poste.
— On y est pour rien, Owen, dit humblement Jake. C’est à Connor et à Alan que reviennent les honneurs. Ce sont eux qui se sont sacrifiés pour nous permettre de nous enfuir.
Écoutant la discussion, Kim est surprise de voir que malgré sa mésentente avec Connor, Jake lui rend tout de même les hommages. C’est une jolie marque de respect.
— Oui, c’est ce qu’ont dit les prisonniers avant qu’on les exécute, reprend Owen.
— Qu’est-ce qu’ils ont dit ? interroge Jake.
— Qu’ils avaient vu deux intrus. Qu’ils en ont éliminé un, mais que Jeff, leur lieutenant, voulait se charger lui-même de l’autre.
— C’est Connor ! intervient soudainement Kim en les rejoignant.
— Et tu es ? demande le Pirate.
— Kim, l’amie d’enfance de Connor.
— Eh bien Kim, sache que ton ami semble avoir éliminé le bras droit des Braconniers. Il va être considéré comme un héros par les Pirates.
— Comme un héros ? À ce point-là ? rigole doucement Jake.
— Tu n’as pas idée de l’importance qu’a cet avant-poste pour nous.
— Je peux vous poser une question ? demande Kim en s’adressant aux deux hommes. Comment vous vous connaissez et comment vous avez fait pour nous retrouver ? continue-t-elle en voyant qu’elle a attiré leur attention.
— J’ai rencontré Owen pendant qu’on était à Miami, explique Jake. Pour monter mon réseau, j’avais besoin de contacts, ça m’a mené aux Pirates et notamment à Owen, l’un des plus grands capitaines de leur communauté.
— C’est ça… Et Jake savait qu’on se trouvait dans la région donc il nous a immédiatement contactés par radio après avoir volé un bateau.
— Je vois… Et maintenant ? demande la jeune femme.
— Mes amis sont en train de prendre en charge votre groupe.
On va vous débarquer sur une île. Vous y resterez le temps qu’il faudra.
— Alors c’est tout ?
— Que veux-tu de plus, Kim ? demande Jake.
— Je… Je ne sais pas… J’ai l’impression que tout a basculé d’un coup.
— C’est parce que tu as perdu Connor… Sache qu’il faut continuer d’avancer, peu importe ce qui se passe. Lui n’est plus là, mais toi si, alors ne te retourne pas et passe à autre chose.
D’autant plus que tant qu’on n’est pas sûrs qu’il est mort, il reste un espoir.
27 mars 2021,
Le lendemain de leur arrivée dans un campement Pirate, sur l’île de Bahamas, Jake se rend chez un petit commerçant pour acheter de la nourriture et autres provisions avant de retourner à la cabane qui lui a été attribuée à lui et au reste du groupe. À cette heure-ci, il n’y a personne. Le survivant en profite donc pour empaqueter ses provisions et vérifier ses armes.
Alors qu’il boucle son sac, Kelsey entre dans la cabane, elle est seule.
— Qu’est-ce que tu fais ? demande-t-elle en voyant Jake mettre son sac sur le dos.
— Je m’en vais… Mais je suppose que c’était une question rhétorique.
— Pourquoi tu t’en vas ?
— Ma place n’est pas avec vous. Il est temps pour moi de prendre un nouveau départ et de me lancer dans une nouvelle affaire.
— C’est à cause de ta relation avec Connor que tu pars ? demande Kelsey, triste d’apprendre cette décision.
— Rien à voir, Connor n’est même plus là. Comme je vous l’ai déjà dit, je n’ai jamais demandé à être avec vous. Au départ, je comptais rester seul à Los Angeles, mais par la force des choses, je me suis retrouvé à vous suivre jusqu’à Miami, puis sur l’île. Mais aujourd’hui j’ai le sentiment qu’une page se tourne alors je vais saisir ma chance et recommencer ma vie ailleurs.
— Alors tu retournes sur le continent ?
— Oui, j’ai eu ma dose d’îles paradisiaques… Owen a une affaire à régler à Miami. Il part à midi et je serai sur son bateau.
Mais ne le dit à personne s’il te plaît.
— Tu ne les préviens pas ? s’inquiète la survivante.
— Non. Certains pourraient vouloir m’en dissuader, surtout Alison que je soupçonne d’être enceinte. Quant à Enrique, il pourrait faire la bêtise de me suivre.
— Ne me dis pas que tu t’en vas parce que tu as peur qu’Alison soit enceinte ? soupçonne Kelsey.
— Non, rien à voir. On n’est même pas sûrs qu’elle le soit vraiment de toute façon.
— Je vois… Dans ce cas, je n’essaierai pas de te retenir.
— Merci, dit Jake en se dirigeant vers la porte.
— Prends soin de toi et fais attention, conclut Kelsey.
— Toi aussi.
Jake sort de la cabane et s’en va lorsque Kelsey l’appelle. Le survivant se retourne au moment où la jeune femme se jette dans ses bras.
— Sache que malgré la tension entre Connor et toi, il t'appréciait énormément… Nous aussi d’ailleurs, et ce, quoi que tu aies pu faire, lui murmure-t-elle.
— C’est sympa, merci, dit Jake en la faisant doucement lâcher prise pour reprendre son chemin.
Un peu plus tard, alors que Jake profite une dernière fois de la vue du campement depuis le pont du bateau qui va le ramener sur le continent, Owen vient le voir.
— Donc tu t’en vas sans faire tes adieux à tes amis ?
— C’est mieux comme ça, crois-moi.
— Hâte de retrouver le continent ? demande le capitaine.
— Ça fait plus de deux ans que je n’y ai pas mis les pieds, donc je dirai que oui.
— À ce propos, il a quelques trucs que tu dois savoir, prévient Owen.
— Dis-moi tout.
— Quoi que tu décides de faire, évite à tout prix le Gouvernement. Il y a quelques mois, pendant que vous étiez sur l’île, un conflit a éclaté entre les Généraux Himberg et Wallace. Washington est devenu un bain de sang, et pas seulement celui des militaires… Il y avait beaucoup de civils dans le tas.
— Qui a gagné ? demande Jake.
— Depuis le début de l’apocalypse, c’était le Général Himberg qui était à la tête du Gouvernement, mais en fin de compte, Wallace l’a exécuté en public. Il a aussi éliminé tous les sympathisants de Himberg avant d’instaurer ses propres lois.
Les territoires sous le contrôle du Gouvernement de Wallace sont pires qu’une dictature. Pour les reconnaître, les territoires comme les soldats, cherche un symbole avec un cercle d’étoiles et un W surmonté d’une couronne en son centre.
— Je m’en souviendrai… Et pour les Braconniers ?
— Pas grand-chose de neuf. Tyler est toujours à leur tête, mais il se terre quelque part. Apparemment, seuls ses trois lieutenants et quelques messagers sont au courant de son emplacement. En dehors de ça, nos sources nous ont récemment rapportées qu’il aurait réorganisé toute sa hiérarchie, mais on n’en sait pas plus.
— Et leurs territoires ?
— Disséminés à travers tout le pays. Ils se partagent les trois quarts du pays avec le Gouvernement. En Floride en revanche, tu seras tranquille tant que tu restes au sud d’Orlando, c’est notre territoire. Tout comme une bonne partie de la côte américaine dans le Golfe du Mexique. Au-delà, tu seras chez les Braconniers jusqu’à Atlanta et plus au nord, c’est le Gouvernement.
— C’est précis. Tu as de bons informateurs, fait remarquer Jake.
— Peut-être, mais les informations que j’ai, datent d’il y a deux semaines. Les frontières changent fréquemment. Il y a moins d’un mois par exemple, le territoire des Braconniers s’étendait jusqu’en Virginie.
— Dois-je en déduire qu’il y a de nombreux conflits armés ?
— C’est très fréquent, oui. En particulier dans les grandes villes qui servent de point stratégique en général… Et les guérillas sont toujours entre les grandes communautés du pays.
— Donc c’est quasiment impossible de s’en sortir en étant un petit groupe indépendant, je suppose, en déduit Jake.
— C’est ça, acquiesce Owen. La plupart des petits groupes se font massacrer ou finissent par en rejoindre un plus grand. À l’heure actuelle, les grandes communautés, si on peut les appeler comme ça, sont les Braconniers, le Gouvernement, les Vénitiens à New-York, les Patrols le long de la frontière mexicaine et nous, les Pirates. Il y a aussi un groupe canadien qui tente de s’imposer dans la région des Grands Lacs depuis quelque temps.
— Qu’est-ce qu’ils font exactement tous ces groupes ? demande Jake.
— Tu connais les deux premiers. En ce qui concerne les Vénitiens, ils se contentent de protéger leur ville. Ils sont plutôt passifs, mais assez nombreux pour se défendre en cas de besoin. Pour les Patrols, on n’a que très peu d’informations, mais il semblerait qu’ils trempent dans le trafic de drogues et d’humains. Ils ne sont pas très recommandables. Les Canadiens, eux, cherchent à contrôler une région qui leur permettrait de faire du commerce entre nos pays respectifs.
— Donc il n’y a aucun groupe qui fait de la contrebande dans le pays. Intéressant, en conclut le survivant.
— C’est ça… Mais… Ne me dis pas que tu comptes te lancer là-dedans ?! comprend Owen.
— Si.
— Mais tu as dit toi-même que c’était impossible de s’en sortir ! s’étonne le capitaine.
— J’ai dit “quasiment impossible”... Je m’en sortirai, ne t’en fais pas.
C’est alors qu’un homme vient à la rencontre d’Owen, les coupant dans leur conversation.
— Capitaine, on est prêts à larguer les amarres, dit-il.
— Bien, tout le monde à bord dans ce cas, répond Owen.
L’homme acquiesce avant de s’en aller. Owen se redresse et s’apprête à aller démarrer l’embarcation.
— Aucun regret ? demande-t-il à Jake avant de le laisser.
Pour seule réponse, le survivant lui fait signe qu’il s’en moque. Jake est prêt à reprendre de zéro.
20 juillet 2021,
Malik vit dans le zoo de Baltimore où il s'occupe comme il peut des rares animaux ayant survécu, autrement dit, il ne s’occupe que de quelques animaux de la ferme pédagogique du zoo, de quelques rapaces dont Falco, le faucon crécerelle qu’il avait l’habitude de soigner avant l’apocalypse, ainsi que Crolan, un vieux loup totalement apprivoisé.
Le survivant est un homme d’une quarantaine d’années, d’origine iranienne. Les cheveux noirs, grisonnant au niveau des tempes et un petit bouc. Une carrure plutôt sportive, des yeux noirs en amande et un regard perçant, à l’image de son faucon. Une cicatrice infligée par un rapace, partant du cou et se terminant au niveau de l’oreille gauche dont le lobe est arraché, complète une figure charismatique.
Malik vit seul et ne se soucie pas de ce qui se passe à l’extérieur de son zoo qu’il a réaménagé de manière à ce que les dinosaures ne puissent pas y pénétrer. Il n’a d’ailleurs jamais été attaqué, mais par sécurité, il dort dans l’ancien abri des félins de telle sorte à ce qu’il soit protégé par de solides grillages.
À l’intérieur du parc, la nature reprend rapidement ses droits, donnant à Malik la sensation de vivre dans une forêt.
En deux ans d’apocalypse, il n’a jamais eu besoin de quitter le zoo. Il a d’abord subsisté à ses besoins grâce à toutes les réserves d’eau et de nourriture présentes dans l’enceinte du parc, puis grâce aux animaux de la ferme.
Malheureusement, un jour de pluie, deux ans auparavant, Crolan se met à grogner et avant que Malik n’ait le temps de réagir, le loup sort de l’abri en courant et quelques secondes plus tard, des coups de feu sont tirés. Le survivant n’a qu’un fusil à fléchettes tranquillisantes pour se défendre et ne peut rien faire pour se défendre face aux intrus, tous en treillis militaire.
Aujourd’hui Malik est, contre son gré, devenu membre du Gouvernement. Son zoo a été réaménagé comme prison, toutes les cages et abris autrefois destinés aux animaux servent désormais à enfermer les humains. Les prisonniers, lorsqu’il y en a, ce qui arrive relativement rarement depuis que Wallace a pris le pouvoir, sont enfermés ici en attendant qu'il soit décidé ce qu’il adviendrait d’eux et bien souvent, c’était la mort.
À l’extérieur du parc, le Gouvernement a aménagé une immense fosse dans laquelle il envoie les cadavres de leurs prisonniers après leur exécution. Lorsque quelqu’un a le malheur de s’être fait un nom, son exécution est aussitôt rendue publique. Pour cela, le Gouvernement a récupéré des caméscopes et enregistre les exécutions sur des cassettes qu’il envoie ensuite vers d’autres camps gouvernementaux. Une diffusion radio est également faite en direct sur les fréquences militaires.
Le rôle de Malik consiste à garder les prisonniers qui sont amenés au zoo. Avant le coup d'État de Wallace, le gardien s’occupait sans problème des détenus, car il savait qu’ils seraient libérés tôt ou tard et si ce n’était pas le cas, alors la sentence était méritée. Mais depuis son accession au pouvoir, cela devenait de plus en plus difficile pour lui de supporter ça.
Voir de pauvres gens condamnés à mourir pour un petit larcin ou pour ne simplement pas avoir baissé les yeux au passage du Général et de ses sbires le rend malade. Malik n’en dort plus.
Même Falco semble désapprouver les actions du Gouvernement si on en croit les cris menaçants qu’il pousse à l’approche d’un soldat.
Plus tôt dans la matinée, l’ensemble des prisonniers a, une fois de plus, été amené à la fosse. Malik n’ayant plus personne à garder, il se rend dans un coin reculé du zoo, au niveau d’une ancienne serre tropicale, pour jouer avec son compagnon.
Plusieurs heures plus tard, alors que le gardien se trouve toujours à la serre, il reçoit un message radio sur son talkie-walkie lui demandant de revenir immédiatement à l’entrée.
Malik n’a pas le choix et fait signe à Falco de revenir avant de se rendre à l’endroit indiqué.
En arrivant, le survivant découvre tout un groupe de prisonniers de tout âge qui sont emmenés dans les cages. Malik est frappé par le nombre d’enfants.
— Ils sortent d’où ?! demande-t-il, surpris.
— La plupart des gamins viennent d’un petit réseau de voleurs.
Tous des orphelins qui volaient de la nourriture dans le camp de Baltimore, explique l’un des soldats. Les autres font partie d’un petit groupe qui a tenté d’intercepter le convoi pour libérer les prisonniers.
— Qu’est-ce que vous allez faire d’eux ? s’inquiète Malik.
— Demain, on amène les gosses à Washington pour une exécution publique. Les autres iront directement à la fosse se faire grignoter par les Compsognathus et les ptérosaures.
Malik ne répond pas, il regarde les prisonniers recroquevillés au fond de leurs cages, se sentant condamnés.
Pendant ce temps, le militaire s’éloigne.
— Ah oui, j’oubliais ! Si tu as besoin, tu peux prendre un des gamins avec toi cette nuit, propose le soldat avec un air mauvais tout en s’éloignant.
Cette proposition glace le sang de Malik. Cette fois, c’en est trop, il ne peut plus supporter ça. Il devra agir cette nuit. Comme si Falco devinait ses intentions, il se met à pousser un cri strident d’approbation.
21 juillet 2021,
Une heure du matin. La plupart des soldats se sont endormis et seuls ceux qui sont de garde sont encore debout.
Malik en fait partie. Il surveille l’entrée du parc. À l’extérieur, tout semble paisible. Seul un Philovenator se balade çà et là aux alentours du zoo. Il est temps pour le gardien de mettre son plan à exécution. Malik quitte son poste en assassinant le soldat qui lui tient compagnie et dissimule le corps dans un buisson avant de déverrouiller la porte principale du zoo.
Il ne lui reste plus désormais qu’à se rendre aux niveaux des cages sans se faire repérer et libérer les prisonniers, mais un bruit attire son attention. Malik observe discrètement par la fenêtre de l’ancienne boutique souvenirs d’où proviennent ce qui ressemble à des gémissements et découvre un militaire en compagnie d’une jeune fille dont la puberté est à peine entamée. La pauvre est en état de choc, incapable de bouger ni même de réagir face à ce que lui fait subir son agresseur.
Soudain, ressurgissent chez Malik, les images de militaires emmenant les prisonniers dans des coins tranquilles pour abuser d'eux, et de lui, au milieu de tout ça, impuissant. Il n’avait pas d’autre choix s’il voulait que son plan fonctionne.
Mais l’heure n’est pas aux regrets. Il est temps pour Malik d’agir et sans hésitation, il se faufile dans le bâtiment et passe dans le dos du militaire pour l’égorger d’un coup de couteau.
La jeune fille ne bouge pas, elle reste là, en état de choc, le sang du militaire tachant ses vêtements. Malik retire sa veste pour cacher les parties intimes et lui caresse doucement les cheveux pour la rassurer.
— Je dois aller libérer les autres. La porte principale du zoo est ouverte. Attends-moi là-bas, lui murmure-t-il.
Sur ces mots, Malik reprend son chemin et avance discrètement vers les cages. Il a envoyé Falco en éclaireur pour le prévenir de la présence d'autres soldats sur sa route, mais comme il l’avait prévu, tous sont en train de dormir. Le rebelle a donc la voie libre jusqu’aux cages où se trouvent les derniers gardes.
En arrivant au coin du bâtiment, Malik entend le cri de Falco le prévenant de la présence d’un soldat qui est tout proche. Le survivant s’arrête et observe discrètement l’entrée de la bâtisse et en effet, un garde se tient devant la porte.
Heureusement, il semble être hors du champ de vision de ses amis. Malik approche doucement en se dissimulant dans l’obscurité et passe dans le dos du militaire pour lui enfoncer sa lame dans la poitrine tout en l’empêchant de crier.
Une fois débarrassé du garde, le survivant récupère son arme et pénètre lentement dans le bâtiment. Un autre soldat le voit, mais camouflé par la pénombre, il ne reconnaît pas Malik et demande naïvement ce qui se passe. Pour seule réponse, le rebelle qui continuait d’avancer, lui tranche la gorge. Le bruit sourd du corps s’étouffant dans son propre sang et s’écroulant sur le sol attire l’attention des prisonniers.
Malik récupère les clés des cages et les ouvre une par une en rassurant les pauvres gens qui s’y trouvent et qui n’osent pas sortir.
— Je suis là pour vous aider, leur dit-il.
— Qui êtes-vous ? demande un homme relativement petit et maigre au teint pâle, lui donnant un air malade, mais dont le regard glace le sang.
— On verra ça plus tard, lui répond Malik en lui tendant l’arme du soldat. L’entrée principale du zoo est ouverte, partez devant ! Je vous rejoins ! ajoute-t-il à l’intention des prisonniers.
L’inconnu regarde le fauconnier ouvrir les dernières cages sans rien dire et remarque au passage un enfant d’une dizaine d'années se tenir accroupi devant le corps de l’autre gardien, il fixe son arme, hésitant à s’en emparer.
Soudain, Falco pousse un nouveau cri strident, alertant Malik de l’arrivée d’un autre militaire.
— Vous êtes le type au faucon ! reconnaît soudainement l’inconnu.
L'intéressé n’a cependant pas le temps de lui répondre, car des coups de feu sont tirés à l’extérieur du bâtiment. Malik devine aussitôt que la cible de tirs sont les prisonniers fuyant vers l’entrée du zoo. Il s’empresse donc de sortir et ouvre à son tour le feu sur le militaire. Il l’abat d’une balle dans la tête.
L’inconnu et l’enfant sortent à leur tour, tous deux armés, prêts à se défendre lorsque Falco pousse de nombreux cris d’alerte. Plusieurs soldats sont en approche. Malik, connaissant l’endroit comme sa poche, leur fait signe de les suivre et prend un autre chemin que celui par lequel il est arrivé. L’homme couvre leur fuite en tirant en direction des militaires.
L’équipe improvisée, lutte main dans la main au cours de leur fuite, éliminant les soldats un par un tout en suivant Falco qui, depuis les airs, leur montre le chemin le plus sûr à prendre. L’inconnu se révèle être un bon tireur tandis que, bien qu’il ait eu du mal à prendre l’arme en main, l’enfant ne manque pratiquement aucune balle.
Finalement, les trois survivants atteignent la porte principale en ayant éliminé quasiment tous les militaires lorsqu’un Tarbosaurus, attiré par la fusillade, sort de nulle part et empêche les soldats de progresser davantage. Ainsi, la petite équipe parvient à leur échapper et quitte le zoo avec seulement une dizaine de prisonniers qui ont pu s’en sortir, dont la première fille qu’il a pu sauver.
Philovenator
24 juillet 2021,
Les premières lueurs de l’aube pointent leur nez à travers les fenêtres de l’ancien amphithéâtre dans lequel se sont réfugiés les survivants du zoo. Au total, il y a seize rescapés dont quatre adultes, Malik compris. Le fauconnier, resté en retrait, les observe. Falco se tient à ses côtés.
Les adultes s’occupent des plus jeunes. L’homme qui a aidé Malik dans leur fuite discute avec ses compagnons de route en jetant de temps à autre des regards à leur sauveur.
L’inconnu est relativement petit et maigre. Son teint est pâle et est contrasté par de grands cernes, des cheveux noirs ainsi qu’une barbe mal rasée. Les traits de son visage sont marqués par les rides naissantes de la quarantaine.
L’enfant qui les a aidés, quant à lui, a de longs cheveux blonds et gras et de pauvres bouts de tissus lui servent de vêtements. Il a, dans un premier temps, inspiré de la pitié à Malik, mais en y regardant de plus près, il a remarqué dans son regard une profonde détermination ainsi que de la combativité.
Peut-être est-ce lié à la jeune fille que Malik a sauvée pendant qu’elle se faisait violer. L’enfant la tient justement dans ses bras, comme pour la réconforter alors qu’elle semble toujours être en état de choc. La jeune fille a les cheveux bruns, mi-longs et légèrement ondulés alors que de petites taches de rousseur perlent son teint hâlé.
Pendant que Malik observe les deux jeunes survivants, l’inconnu vient à sa rencontre et s’assied à côté de lui.
— Maintenant qu’on est en sécurité, pouvez-vous me dire qui vous êtes ? demande-t-il.
— Vous ne m’aviez pas reconnu tout à l’heure ? s’étonne Malik.
— Si… Ce que je veux savoir, c’est pourquoi un militaire nous a aidé ?
— Je ne suis pas un militaire et je ne l’ai jamais été d’ailleurs.
— Qui êtes-vous dans ce cas ?
— Un simple gardien de zoo qui ne supportait plus les agissements du Gouvernement, répond le fauconnier.
— Un rebelle donc… Nous aussi nous nous sommes rebellés quand on a appris qu’un groupe d’enfants avait été capturé et allait être exécuté, explique l’homme.
— C’est courageux de votre part, admet Malik.
— Non, au contraire. C’était stupide… On a perdu beaucoup des nôtres et finalement, notre plan a échoué.
— Aucun acte n’est stupide lorsqu’il est fait dans l’intérêt de tous ou lorsqu’il est fait pour le bien… Votre tentative de rébellion pourra être perçue comme un signe d’espoir pour ceux qui auront vent de cette histoire. Pareil pour ces enfants.
Ils apprendront que la vie est un combat et qu’il ne faut jamais lâcher… Le gosse qui nous a aidé semble l’avoir déjà compris, ajoute Malik en désignant le garçon de la tête.
— Ramzan ? Oui, c’est un sacré gaillard, confirme l’homme.
— Vous le connaissez ? demande le fauconnier, surpris.
— Oui. Au camp de Baltimore, il y avait tout un réseau d’enfants, orphelins pour la plupart, qui vivaient de larcins.
Malheureusement, ils ont tous été décimés par les militaires.
Ceux que tu vois là sont les derniers survivants de ce groupe et Ramzan est leur chef, si on peut appeler ça comme ça. C’est un enfant qui ne parle que très peu et qui n’a pas facilement sa confiance, mais il est droit dans ses bottes.
— Je vois…
— Et en ce qui concerne notre tentative de sauvetage, continue l’homme, elle a échoué lamentablement. Les gens ne s’en souviendront que comme une victoire de plus pour le Gouvernement… Ce que tu as fait en revanche, ça, ça restera comme un acte héroïque de rébellion.
— Je suis peut-être un rebelle, mais je n’ai pas la prétention d’être un héros, dit humblement Malik face au compliment de son interlocuteur.
— Soit. C’est toi qui vois. Saches cependant que si tu décidais de continuer à lutter contre Wallace et son Gouvernement, nous serions prêts à te suivre, nous les adultes tout du moins, avoue l’homme.
— Former un groupe de rebelles luttant contre le Gouvernement ? Je n’y avais jamais pensé, réfléchit tout haut Malik. Tu penses qu’on pourrait s’opposer à eux ?
— À l’heure actuelle, je ne pense pas, mais quand nous aurons raconté ce que tu as fait au zoo, des gens nous rejoindront.
Ainsi, on pourra entreprendre d’autres actions et gagner en popularité.
— Et pourquoi vous ne vous lancez pas sans moi ?
— Parce que tu es à l’origine de ce qui est arrivé au zoo. Tu es l’élément clé de cette rébellion, explique l’homme.
— Alors je n’ai qu’un mot à dire et je deviendrai chef d’une rébellion ?
— C’est ça.
— Comment tu t’appelles ? demande Malik.
— Aaron. Pourquoi ?
— Bien, Aaron. Je ne suis pas vraiment un leader, alors je n’accepte qu’à une condition : sois mon bras droit.
— S’il ne faut que ça pour que tu acceptes alors je serai ton bras droit.
Sans rien dire de plus, Malik se lève et rejoint l’estrade de l’amphithéâtre et monte dessus pour se retrouver face au petit groupe de survivants. Aaron est également descendu et se tient un peu en retrait.
— Excusez-moi, appelle Malik après s’être éclairci la voix. J’ai longuement discuté avec Aaron ici présent, continue-t-il une fois sûr d’avoir l’attention de toute l’assemblée, et il en est ressorti que vous autres, adultes, seriez prêts à me suivre dans un mouvement de lutte contre le Gouvernement de Wallace. Il ne m’aura pas fallu longtemps pour réfléchir et comprendre qu’il n’est plus possible de les laisser agir de la sorte. Les massacres, les viols et autres abus contre les survivants de ce monde sont déjà bien assez durs ne peuvent plus être tolérés.
C’est pourquoi aujourd’hui, j’ai pris la décision d’accepter votre requête et de prendre la tête d’un nouveau groupe, d’une rébellion. La Rébellion. Celle qui mettra fin au règne de Wallace. Ma première décision en tant que leader de la Rébellion est de nommer Aaron comme mon premier lieutenant.
Malik fait une pause dans son discours improvisé et laisse la petite assemblée l’applaudir quelques instants. Il remarque au passage que la jeune fille en état de choc applaudit légèrement sous le regard stupéfait de Ramzan. Malik se tourne donc vers ce dernier.
— Maintenant, je m’adresse à toi Ramzan. Tu étais le chef de ces enfants à Baltimore. C’est pourquoi je te propose également d’être un de mes lieutenants dans cette nouvelle alliance. Il n’y a bien sûr aucune obligation, ni pour toi, ni pour aucun de tes camarades. Je sais que c’est une entreprise dangereuse pour des enfants, pour des adultes aussi d’ailleurs, mais plus nous serons nombreux, plus nous aurons une chance de renverser le Gouvernement. Alors, Ramzan, qu’en dis-tu ?
L'enfant regarde à tour de rôle le fauconnier et son amie. Il finit par se lever, se dirige vers l’estrade et dans un regard plein d’assurance et de maturité, il tend la main à Malik.
Ce dernier le lui rend et de nouveaux applaudissements s’élèvent dans l’amphithéâtre.
— Comment est-ce que vous vous appelez ? demande soudainement quelqu’un. On ne connaît pas votre identité.