Neosauria E-Book

Louis Hanquez

• Herausgeber: Books on Demand
• Kategorie: Fantasy und Science-Fiction
• Serie: Neosauria
• Sprache: Französisch

Seitenzahl: 826

Veröffentlichungsjahr: 2022

Beschreibung

Un avion s'écrase dans l'Atlantique suite à une collision avec un animal non identifié. En Inde, un village est détruit par une créature qualifiée de démon. Plusieurs bateaux disparaissent en Méditerranée. Le monde est sur le point de subitement changer alors que Connor et Kim prennent part à un voyage scolaire à la forêt nationale d'Angeles tandis que Jake y est appelé suite à la découverte d'un cadavre...

Leseprobe

Sommaire

Partie I

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Partie II

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Partie III

Chapitre 18

Chapitre 19

Chapitre 20

Chapitre 21

Chapitre 22

Chapitre 23

Chapitre 24

Chapitre 25

Chapitre 26

Chapitre 27

Chapitre 28

Partie IV

Chapitre 29

Chapitre 30

Chapitre 31

Chapitre 32

Chapitre 33

Chapitre 34

Chapitre 35

Chapitre 36

Chapitre 37

Chapitre 38

Chapitre 39

Chapitre 40

Chapitre 41

Partie V

Chapitre 42

Chapitre 43

Chapitre 44

Chapitre 45

Chapitre 46

Chapitre 47

Chapitre 48

Chapitre 49

Chapitre 50

Chapitre 51

Chapitre 52

Partie VI

Chapitre 53

Chapitre 54

Chapitre 55

Chapitre 56

Chapitre 57

Chapitre 58

Chapitre 59

Chapitre 60

Chapitre 61

Chapitre 62

Chapitre 63

Chapitre 64

Partie I

1

Le Parc National

Un homme d’une quarantaine d’années se promène seul dans le Parc National d’Angeles, en Californie. La nuit tombe. Le randonneur monte le camp au beau milieu d’un bosquet et, avant de s'affairer à la préparation d’un feu, il sort un paquet de viande séchée. L’homme en mange un morceau et pose le reste de la collation sur sa glacière.

Alors qu’il est en train d’attiser le foyer à l’aide de brindilles, le campeur entend un bruissement provenant de derrière lui. Il se retourne brusquement et voit, dans la pénombre de la végétation, la silhouette d’un animal fuyant. Le paquet de viande a disparu. Sans attendre, l’homme se lance à la poursuite du voleur sans même prendre le temps de s’équiper d’une lampe de poche. Rapidement, il perd tout repère, mais s’entête à poursuivre la bête en ne se fiant qu’aux gazouillis qu’elle émet.

Après une course à l’aveugle, le campeur retrouve finalement l’animal au pied d’un arbre, en train de se délecter de son larcin. L’obscurité l’empêche de distinguer nettement la bête. Mais le campeur est sûr d’une chose, il n’a jamais rencontré ce genre d’animal.

— Mais qu’est-ce que t’es, toi ? s’interroge-t-il.

L’animal, qui a cessé de manger, observe l’homme, intrigué. Ce dernier, voyant que le voleur n’a pas peur de lui, s’approche doucement et lui reprend la viande séchée, du moins, ce qu’il en reste. Sans rancune, le randonneur rebrousse chemin en pestant.

— Espèce d’enfoiré… Qu’est-ce que je vais manger maintenant ?!

Soudain, sortant de la végétation, deux autres bêtes de la même espèce bloquent la route au campeur. Tout comme leur semblable, leurs yeux luisent dans le noir. L’homme, peu impressionné par les nouveaux venus, jette un regard vers le premier animal qui l’observe toujours.

— T’as ramené tes copains à ce que je vois.

Le campeur tente de les contourner, mais ces derniers continuent de faire barrage. Perdant patience, il soupire.

— Je vois…

L’homme ramasse une branche et, malgré l’obscurité, il parvient à viser les pupilles brillantes et frappe l’une des créatures à la tête. L’attitude de la petite meute change brusquement. Les gazouillis deviennent des grognements et, bien que le randonneur ne puisse le voir, il devine la posture agressive des animaux.

La bête qu’il a frappée se relève en poussant un cri strident et en s’approchant dangereusement du campeur qui tente aussitôt de l’attaquer de nouveau. Cependant, le voleur, toujours dans le dos de l’homme, en profite et bondit.

Le campeur ressent comme un coup de poignard entre les omoplates et hurle de douleur avant de se débarrasser de son agresseur d’un mouvement sec.

— Saloperie !

Malheureusement, avant qu’il n’ait le temps de réagir, une deuxième créature l’attaque et lui lacère l’abdomen avec ses griffes. Tordu de douleur, l’homme tente de fuir, mais la troisième créature bondit à son tour et le saisit à la cuisse. Le randonneur sent la griffe s’enfoncer dans sa chair et descendant le long du muscle, lui laissant une entaille béante dans la jambe. Le sang coule à flots. L’homme est à terre, les larmes aux yeux et gémissant de douleur, voyant pour la dernière fois, six billes phosphorescentes couleur vert émeraudes se jeter sur lui.

Le lendemain matin, devant le lycée George Washington, à Los Angeles, Connor Bender, un jeune lycéen de 17 ans, fait la queue pour monter à bord d’un bus. Le jeune homme, aux cheveux bruns mi-longs et atteignant le mètre quatre-vingt-dix, doit participer à une sortie scolaire avec sa classe au Parc National d’Angeles. Son amie, Kim Yeonli l’attend dans le bus.

Kim est une jeune femme d’origine coréenne dont la silhouette relativement mince, les longs cheveux teintés d’une couleur gris argentée et le tout couplé à un visage innocent, lui donnent un air angélique. Sa relation avec Connor remonte à l’école élémentaire où ils se sont rencontrés et sont rapidement devenus amis.

Madame Schrute, la professeure de sciences accompagnant la classe en sortie, tire Connor de ses pensées lorsqu’elle l’appelle pour l’émargement.

— Connor Bender ?

— Présent, répond ce dernier.

Le jeune homme traverse la foule et signe la feuille que lui tend l’enseignante avant de monter à bord du bus. C’est alors qu’il voit Kim lui faire signe depuis sa place. Il la rejoint, pose son sac à ses pieds et s’assied à côté de son amie.

Comme à son habitude, la jeune femme a une queue-de-cheval et porte un t-shirt large ainsi qu’un short en jean, des chaussettes montantes et une paire de sneakers. Connor se dit qu’au final, lui non plus n’a pas quitté ses habitudes. Il porte un t-shirt à manches courtes et un jean. La seule différence est qu’il a opté pour des chaussures de randonnée pour l’occasion.

— Prêt pour la sortie ? demande Kim.

— Oui. Et toi ? répond Connor.

— J’ai hâte ! … D’ailleurs, regarde ce que j’ai préparé.

Kim fouille dans son sac à dos et en sort une boîte qu’elle tend à son ami. Ce dernier l’ouvre et y trouve des yakgwas, un biscuit coréen.

— Des yakgwas ?! Je pourrais en avoir ?! s’exclame le jeune homme.

— Évidemment ! J’en ai fait pour nous deux.

Soudain, un adolescent passe à côté des deux amis et tape dans la boîte, faisant tomber les biscuits. Des rires s’élèvent dans le fond du bus. Connor préfère ignorer le groupe et leur camarade qui les rejoint en s’esclaffant.

— Oh non ! … Les gâteaux sont fichus… Mince ! dit-il d’un ton ironique.

— C’est pas grave, sa copine lui en refera ! ajoute une adolescente.

Kim regarde Connor ramasser les yakgwas dans le silence tandis que les adolescents continuent de rire et de se moquer. La jeune femme semble inquiète.

— Elle a raison, j’en ferai d’autres, dit-elle pour rassurer Connor.

Le jeune homme ne répond que par un hochement de la tête tandis que le bus démarre.

Pendant ce temps, dans une supérette du quartier de Venice, Jake Rawson, un cryptozoologue de 24 ans discute avec l’unique caissière de la boutique. Jake est un homme qui n’a rien pour déplaire. Une carrure athlétique, un dégradé d’un roux flamboyant et une barbe de trois jours parfaitement taillée, le tout assortit à une chemise noire, un jean maintenu par une ceinture en cuir et des chaussures richelieu dans la même matière. Il ne lui manque que les lunettes de soleil pour devenir le portrait craché du personnage principal d’une série policière.

Jake est accoudé à la caisse enregistreuse et regarde la caissière d’un air charmeur. Cette dernière, qui semble conquise, est rouge comme une tomate.

— Alors vous venez du Texas ? dit-il.

— J’y ai vécu étant petite mais quand mes parents ont divorcé, j’ai dû venir vivre ici avec ma mère, lui répond la jeune femme. — Cela n'empêche que vous en êtes originaire et entre nous, j'adore le charme des jolies texanes en votre genre.

— Arrêtez, vous me faites rougir, répond-elle, l'air timide.

— Non vraiment, je vous trouve superbe… Mais dites-moi, qu'est-ce qu'une aussi jolie fille que vous fait dans une supérette minable, votre place est sur un podium, en train de défiler.

— Vous savez les temps sont durs, ma mère est malade.

— Oh non, la pauvre…

— Rien de grave ne vous en faites pas, mais elle doit se faire opérer et ça coûte cher. Le mannequinat est un milieu très fermé.

— Je comprends.

C’est alors que l’un des nombreux clients faisant la queue s’impatiente et interrompt Jake en lui tapotant l’épaule. Le cryptozoologue se retourne, l’air nonchalant.

— Dites, je ne vous dérange pas ? demande le client sur un ton ironique.

Jake désigne la caissière et répond d’un ton légèrement

irrité.

— S’il te plaît, mec. Tu ne vois pas que je parle à la demoiselle.

Il se retourne et reprend calmement sa conversation, laissant le client interloqué par ce comportement.

— Alors, où en étions-nous ? reprend Jake.

— Au mannequinat, lui répond-elle.

— Ah oui, franchement vous devriez essayer. Vous avez du potentiel.

Soudain, le téléphone portable du cryptozoologue se met à vibrer. Il décroche, prend ses sacs de courses et s’éloigne un peu. Les clients, soulagés, passent enfin à la caisse.

— Jake Rawson, cryptozoologue, à l’appareil.

— Oui, c’est Sam. Je ne te dérange pas, j’espère.

Tout en parlant, Jake sort de la supérette.

— Un peu, j’étais en train de discuter avec une texane.

— Ah. Elle est comment ? demande Sam, le stagiaire de Jake.

— Brune, bronzée et plutôt pas mal.

— Parfois je me demande comment tu fais pour avoir autant de succès auprès des femmes.

— Là ce n’était qu’une texane, c’est facile de les draguer. Pour ce qui est du reste, c’est secret.

— Il faudra que tu m’apprennes un jour, s’enthousiasme Sam.

— Quand tu ne seras plus mon stagiaire… Pourquoi t’appelles ?

— Je suis avec la police. Ils ont un cadavre au Parc National d’Angeles.

— Dans quel état ?

— En Californie.

— Très drôle… dit Jake d’un air exaspéré.

— Non, plus sérieusement, le corps est complètement déchiqueté. Ils n’ont aucune idée de ce qui a pu faire ça. Ils pensent à un ours, mais il vaudrait mieux que tu viennes voir par toi-même.

— Ça marche. Prends des photos comme d’habitude et vois pour les empêcher d’emmener le corps.

— Les photos sont déjà prises. Je vais faire ce que je peux pour retarder le retrait du corps.

— Nickel. T’es le meilleur des stagiaires.

— D’ailleurs en parlant de ça, ça fait trois ans que je suis ton stagiaire…

Jake raccroche au nez de Sam et retourne à sa voiture. Le pauvre garçon regarde son téléphone, blasé de son patron.

— L'enfoiré ! s’exclame-t-il au milieu de la scène de crime.

Un peu plus tard dans la matinée, Jake arrive à l’endroit indiqué par Sam. Ce dernier vient l’accueillir alors que le cryptozoologue sort de son pick-up. Les policiers sont en train de quitter les lieux.

— J’arrive trop tard on dirait, dit Jake.

— Oui, ils ont déjà emporté le corps, mais j’ai les photos… Et tu as l’autorisation d’enquêter sur la scène de crime, en revanche, les gardes forestiers sont partis à la recherche de l’animal. Ils ne pourront pas t’aider pour le moment.

— Tant mieux, je préfère travailler seul… Tu peux me donner les photos.

Sam sort une pochette et la tend à Jake qui l’ouvre et en inspecte le contenu. Sam le regarde faire sans rien dire. Après quelques instants de réflexion, Jake brise le silence.

— Bien. Tu peux rentrer chez toi.

— Mais… Il n’est que 10 h 50, répond Sam d’un ton confus

— Ah. Ce doit être parce que je n'ai pas dormi cette nuit, je me crois encore hier.

— Qu’est-ce que tu as fait cette nuit ?

— Disons que j’étais en bonne compagnie.

— Tu ne t’arrêtes jamais ! s’étonne Sam. Comment tu fais ?

— Je ne t’ai pas demandé de rentrer chez toi ?

— Si, mais… À cette heure-ci ?

— Considère ça comme un jour de congé. Non payé bien sûr, l’argent ne pousse pas sur les arbres.

— Celle-là, il fallait s’en douter, dit le stagiaire exaspéré. Bon, bonne chance avec ton enquête alors.

Sam s’éloigne, laissant Jake seul. Le cryptozoologue est déjà absorbé dans son travail et ne répond pas. Il observe les photos.

La classe de Connor et Kim, également dans le Parc, vient de finir la visite du camp de base. Ils s’apprêtent à partir en randonnée lorsque le guide reçoit un appel radio annonçant que les randonnées sont annulées pour le moment en raison de la présence d'un prédateur dans la région. Le guide annonce à contre-cœur l'annulation de la promenade, mais les élèves ne semblent pas déçus.

— Bon, je vais appeler le chauffeur du bus pour qu'il vienne nous chercher. On va rentrer au lycée et je vous ferai cours, déclare Madame Schrute.

L’enseignante sort son téléphone et cherche le numéro du chauffeur de bus dans son répertoire. Les élèves s’exclament en cœur.

— Oh non ! C'est pas juste ! Pourquoi vous nous faites ça madame ?

— Je ne veux pas vous entendre râler sinon je vous fais faire un devoir surveillé en rentrant, répond-elle sèchement.

Elle trouve enfin le numéro et appelle. Madame Schrute tombe sur le répondeur.

— C'est bizarre, il ne répond pas…

— Qu'est-ce qu'on fait ? demande le guide.

— Vous n'avez qu'à les amener au musée, ils visiteront par eux même. Je vais aller voir au niveau du bus. Le chauffeur m'a dit qu'il stationnait sur un parking à deux kilomètres d'ici.

— Ça marche… Allez les jeunes tous au musée, vous allez pouvoir refaire la visite en autonomie.

Le guide prend la tête du groupe et se dirige vers le musée du parc tandis que la professeure prend la route principale et la longe sur deux kilomètres pour finalement arriver au niveau d’un petit parking le long de la route. Le bus y est et les portes sont ouvertes. Elle appelle le chauffeur qui ne répond pas. Madame Schrute monte alors dans le bus, à la recherche du chauffeur et découvre son cadavre entre deux sièges. Le corps est complètement déchiqueté. Elle pousse un hurlement de peur et fait tomber son portable qui se fissure. Elle le ramasse, mais ne parvient pas à le rallumer. N’ayant pas d’autres choix, elle quitte le véhicule et repart en courant vers le musée.

Pendant ce temps, Connor et Kim font le tour de la boutique du musée. Le jeune homme voit Jake entrer dans le bâtiment, mais n’y prête pas attention. Kim fouille ses poches.

— Mince. J'ai oublié mon portefeuille dans le centre des visiteurs, se lamente-t-elle.

— Tu veux quoi ? Je te le paye si tu veux.

— Je t'ai déjà dit des dizaines de fois que je déteste qu'on me paye des trucs.

— Et moi je t'ai déjà dit que ça ne me dérangeait pas.

— Oui et tu finis toujours par te ruiner donc cette fois, je ne te dirai pas ce que je veux comme ça tu ne pourras pas me le payer, dit Kim avec malice, je vais aller chercher mon portefeuille, je reviens tout de suite.

Kim s’éloigne, mais Connor la rattrape. — Sauf qu'on n'est pas censé sortir d'ici.

— Je sais mais la prof n'est pas là donc rien ne m'en empêche, dit Kim en haussant les épaules.

— Depuis quand t’es rebelle ?

— Il faut croire que tu as une mauvaise influence sur moi.

— Si tu le dis. Je te laisse y aller, mais dans ce cas la prochaine fois, tu me laisses te payer quelque chose.

— Si ça peut te faire plaisir.

Kim sort de la boutique et s’approche discrètement de la sortie du musée. Elle regarde autour d’elle pour s’assurer que personne ne la voit. Les autres lycéens sont tous occupés, le guide lui tourne le dos et la garde forestière de l’accueil est occupée avec un autre visiteur. Kim sort du bâtiment.

À l’accueil, Jake interrompt la garde dans son travail. Il s’appuie sur le comptoir pour mieux lire le badge.

— Excusez-moi mademoiselle… Brett. L’uniforme vous va à ravir, dit-il de son air charmeur.

— Madame Brett, reprend-elle, insensible, Que puis-je pour vous ?

— Ah. Excusez-moi madame… Je me présente : Jake Rawson. Cryptozoologue. J'ai été envoyé pour enquêter sur le campeur retrouvé mort ce matin. J'ai fini mes analyses sur les lieux de l'accident. Malheureusement, il y a trop peu d'éléments pour me permettre d'établir une hypothèse… J'ai entendu dire qu'un groupe de lycéens est venu faire une visite du parc, j'aurais aimé avoir accès aux photos qu'ils ont prises pour voir si je peux en tirer d'autres indices.

— Bien sûr, venez. Je vais leur parler…

Brett se lève et passe de l’autre côté du comptoir pour rejoindre Jake. Elle lui fait signe de le suivre et appelle les élèves pour les rassembler.

— Excusez-moi, jeunes gens. Votre attention s'il vous plaît. Je vous présente Jake Rawson qui mène des recherches sur une espèce végétale endémique très rare qui se trouve dans le parc. Il aurait aimé avoir accès aux photos que vous avez prises dans le parc. Si vous voulez bien lui fournir, veuillez vous diriger vers cet ordinateur pour y transférer les dossiers s'il vous plaît. Merci de votre coopération.

La garde désigne un ordinateur destiné au public dans un coin du hall d’entrée.

— Vous pouvez utiliser cet ordinateur, dit Brett avant de retourner à son poste.

Jake s’installe au bureau tandis que les élèves volontaires arrivent. Connor observe la scène et, après plusieurs minutes, lorsque les lycéens ont terminé le transfert de leurs photos vers l’ordinateur, il rejoint Jake et s’assied à côté de lui. Le cryptozoologue continue de travailler sans même détourner le regard.

— Salut, commence Connor.

— Salut.

— Alors comme ça Jake Rawson s'est converti à la botanique, interroge Connor.

— T'as l'air de me connaître, dit Jake un peu surpris.

— J'ai déjà lu plusieurs de vos travaux, notamment l'affaire de l’hécatombe de bétail dans l'Arkansas.

— Tu peux me tutoyer, tu sais. Je ne suis pas encore vieux…

— Qu’est-ce que tu fais ici ?

Jake s'interrompt et regarde Connor. Il le juge longuement avant de dire.

— Bon, tu m’as l’air moins con que tes camarades… N'en parle à personne, mais ce matin, ils ont retrouvé un cadavre complètement déchiqueté, ils ne savent pas ce qui a pu faire ça. — Donc ils t'ont envoyé, dit Connor, intrigué.

— C'est ça. Le soucis, c'est que je ne sais pas ce que ça peut être.

Jake prend le dossier que lui a remis Sam et le tend à Connor. Ce dernier, enthousiasmé par le fait de pouvoir participer à l’enquête, se jette sur les photos. Jake se remet au travail.

— C'est pas beau à voir. Ça ne pourrait pas être un ours ?

— Non le nombre de doigts ne correspond pas et puis il y a aussi des morceaux de chair arrachés par endroits. Un ours ne ferait pas ça.

— Tu pencherais plus pour quoi alors ?

— C'est une bonne question, j'ai beau retourner la question dans tous les sens, aucun prédateur connu ne laisserait ce genre de corps derrière lui.

— Et si c'était un Homme ? Comme pour l’affaire de ce serialkiller à New-York sur laquelle t’as bossé il y a trois ans.

— C'est une autre possibilité mais je vois mal comment il aurait pu arracher des lambeaux de chair sans laisser de marque significative.

Soudain, Madame Schrute revient, complètement paniquée et se précipite vers Brett qui vient à sa rencontre, inquiète. Connor et Jake observent la scène, sans comprendre ce qu’il se passe. Après une courte discussion à voix basse, la garde rejoint Jake et le prend à part.

— La prof vient de me dire que leur chauffeur de bus est mort. Apparemment, son corps est complètement déchiqueté, dit Brett, l’air grave.

— Exactement comme le campeur de ce matin ?

— Exactement comme le campeur de ce matin… Je vais aller jeter un œil à leur bus, il est sur la route principale. Je veux que vous continuiez à faire vos recherches, mais surtout ne laissez personne sortir du bâtiment tant que mes collègues ne sont pas revenus.

— Ça marche.

— S’il y a quoi que ce soit, je vous contacte sur le canal 5 de ce talkie-walkie.

— Je ferais de même si je trouve quelque chose.

Jake regarde la garde sortir avant de retourner à son poste de travail. Il observe les alentours. L’enseignante est avec le guide, elle est sous le choc. En revanche, les élèves ne semblent avoir prêté aucune attention à ce qu’il vient de se passer. Connor, curieux, demande,

— Qu’est-ce qui se passe ?

—Votre chauffeur de bus s'est fait tuer, répond Jake d’un air désinvolte.

— Merde…

— Tu l'as dit. Mais au moins maintenant, on sait que ce qu'on cherche n'est pas nocturne et qu'il ne chasse pas que pour se nourrir : le cadavre était exactement dans le même état que le campeur d'après ce que dit ta prof.

— Tu penses qu'il pourrait simplement tuer pour le plaisir ? s’inquiète Connor.

— Je ne sais pas, c'est une possibilité. Personnellement, je pense, enfin, j'espère qu'il ne cherche qu'à faire une sorte de réserve.

— Dans ce cas, il faut l’arrêter avant qu'il ne tue d’autres personnes, dit Connor, déterminé.

— C'est justement ce que je fais.

— Tu penses qu'il pourrait s'approcher des habitations ?

— Je ne sais pas, je ne peux rien dire tant qu'on ne sait pas ce que c'est. Pourquoi cette question ? T'as peur ?

— Non j'ai pas peur, c'est juste que… Laisse tomber en fait.

— Non, vas-y.

— M'engueule pas alors.

— T'inquiètes je ne dirai rien.

— Eh bien fait, j'ai… Comment dire ?... J'ai mon amie qui a vu quelque chose à la boutique, mais elle avait oublié son portefeuille dans le centre des visiteurs.

— Elle est partie le chercher ?! s’exclame Jake.

— Oui…, s’excuse Connor

— Merde ! C'est pas vrai !... Il y a combien de temps ? s’énerve Jake.

— Il y a dix minutes environ.

Jake se calme et rationalise.

— Bon, si tout va bien, elle ne devrait pas tarder. Je finis de regarder les photos de ce téléphone et je vais la chercher.

— Je t'accompagnerai.

— Hors de question.

— Hé ! C'est mon amie, je veux venir, s’indigne le jeune homme.

— T'es sourd ou quoi ? J'ai dit non. Personne ne sort de ce bâtiment avant que les gardes ne reviennent.

Connor se résigne et ne répond pas. Jake continue de regarder les photos pendant quelques instants lorsque, soudain, il s’arrête sur l’une d'entre elles. Il zoome et quitte brusquement son poste. Jake, suivit par Connor, se dirige vers la sortie en marmonnant.

— Merde… C'est pas possible ? Mais comment… Se pourrait-il que ?... Non, il doit bien y avoir une explication…

—T'as trouvé quelque chose ? demande Connor, inquiet.

Arrivé au niveau de la porte, Jake se retourne pour faire face à Connor.

— Bouge surtout pas d’ici ! Je vais chercher ton amie tout de suite. Il ne faut pas rester dehors seul. Je reviens… Merde, merde, merde…

Jake sort du musée, laissant Connor seul. Le cryptozoologue prend la radio que lui a confiée Brett et tente de la contacter.

-Jake : Brett. Ici Rawson… Vous me recevez ?... Allô ? Brett ?... Brett ?... Fais chier !

Pas de réponse. Jake se hâte vers le centre des visiteurs.

Pendant ce temps, Connor prend la place de Jake à l’ordinateur et observe la photo qui est affichée à l'écran. Il s'agit d'un selfie de deux filles de la classe sur le parking du musée prise en arrivant, quelques heures plus tôt. On y voit dans le fond, deux Vélociraptor fouillant des poubelles.

2

Rawson

Brett arrive au bus sans encombre. Elle monte prudemment à bord du véhicule, arme à la main, et trouve le cadavre du chauffeur. La garde vérifie son pouls et conclut qu'il est bel et bien mort. Elle sort aussitôt du bus et retourne à sa jeep de service pour prévenir Jake. Alors qu’elle s’apprête à prendre la radio, une sorte de gloussement provenant de l'autre côté du véhicule attire son attention. Brett retire le cran de sécurité de son arme et se dirige prudemment vers la source du bruit. Elle n'y trouve rien et retourne alors vers la jeep. Elle attrape la radio lorsqu’elle entend de nouveau le gloussement. La garde se retourne et découvre, sur le toit du bus, une silhouette reptilienne qui pousse un cri. Au même moment, un second animal lui saute dessus et mord la main de Brett, sectionnant au passage le câble de la radio. Un troisième animal attaque et celui sur le toit saute pour les rejoindre tandis que Brett pousse des hurlements de douleur.

Pendant ce temps, au musée, Connor reste un moment devant les photos. Il ne parvient pas à y croire. Il se demande s’il n’est pas en train de rêver, mais tout semble bien réel. Le jeune homme décide finalement d’agir et se rend aux toilettes du musée. Par chance, il y trouve des fenêtres se situant au-dessus des cabines. Après s’être assuré qu’il était bien seul, Connor escalade la paroi de l’une des cabines en s’aidant de la cuvette afin d’atteindre la fenêtre. Il l’ouvre et se glisse difficilement à l’extérieur.

Jake, quant à lui, arrive à proximité du centre des visiteurs lorsqu’un mouvement dans les buissons avoisinant le bâtiment attire son attention. Il se cache et sort son arme, attendant de voir ce qui s'y trouve. Soudain, Connor sort des fourrés et se dirige tranquillement vers l’entrée. Jake, soulagé, quitte sa cachette en soupirant. Connor, voyant l’arme, demande,

— Les cryptozoologues ont besoin d’une arme maintenant ?

— Je croyais t’avoir demandé de rester au musée ! répond brusquement Jake.

— Je sais, mais j’ai vu les raptors sur les photos… Et puis c’est mon amie, alors je veux l’aider.

Jake soupire, exaspéré.

—Bon… OK. Mais saches que si toi ou ton amie mourrez, tu en seras l’unique responsable.

Connor semble soudainement moins sûr de lui, mais retrouve rapidement sa détermination.

— Ça marche, dit-il avec aplomb.

— Parfait. Pour tout te dire ça m’arrange. La garde, qui est partie voir le bus, ne répond pas à la radio. Il faut que j’aille voir si tout va bien. Je te laisse t’occuper de ton amie… Tiens, prends ça.

Jake tend son talkie-walkie à Connor.

— La garde avait le sien. Je te préviendrai une fois que je serai là-bas. Quant à toi, dès que tu auras retrouvé ton amie, retournez au musée et prévenez votre prof, OK ?

— Et s’il t'arrive quelque chose en chemin, on fait comment ?

— Tu t’en tiens à ce que j’ai dit… Et ne joue pas les héros.

Jake s’en va. Connor le regarde partir avant d’entrer dans le centre des visiteurs. Il appelle Kim, mais n’obtient aucune réponse. Le jeune homme avance jusqu'au vestiaire dans lequel étaient rangées leurs affaires. Connor fouille le sac de Kim et voit que le portefeuille n'y est plus. Il l'appelle de nouveau, mais toujours pas de réponse. Connor avance alors vers les toilettes, se disant que Kim y est peut-être lorsque, soudain, il entend un bruit sourd provenant du couloir derrière lui.

Jake court le long de la route jusqu'au bus. Il est à bout de souffle et se dit qu'il devrait faire plus de sport. Soudain, un bruit attire son attention. Il s'arrête et tend l'oreille. Il entend au loin une sorte de cri animal dont il ne reconnaît pas l'espèce. D’autres cris se font écho en réponse au premier. Jake hésite à aller voir d'où ils proviennent, mais donne finalement priorité à la garde. Une fois au bus, il découvre la jeep de Brett avec, à côté du véhicule, sa propriétaire étendu sur le sol, couverte de sang. Jake se précipite vers elle et prend son pouls. Elle est toujours vivante mais est sévèrement touchée, une artère semble être sectionnée. Jake comprime la plaie comme il peut et cherche la radio. Ne pouvant l'apercevoir depuis sa position, il retire sa ceinture pour faire un garrot à Brett puis il la laisse un instant le temps de trouver la radio. Il la cherche mais ne trouve que le câble la reliant à la voiture et finit par trouver le reste de l’appareil sous les pédales. La garde gémit. Jake retourne à ses côtés et tente comme il peut de stopper l'hémorragie.

— Merde…

De son côté, Connor prend un extincteur et se dirige doucement vers la source du bruit. Il fait une pause au coin du couloir par peur de découvrir ce qui s'y trouve. Il s'apprête à charger quand Kim sort de derrière le mur en chantonnant, casque sur les oreilles et paquet de bonbons à la main. Ne s’attendant pas à voir Connor, elle sursaute en poussant un cri.

— Ça va pas de me faire une frayeur pareille ?! souffle-t-elle, sous le choc.

— Qu'est-ce que tu fais ?! T'avais dit que tu prenais ton portefeuille et que tu revenais aussitôt ! s’énerve Connor.

— J'avais faim, j'ai été prendre quelque chose au distributeur… dit Kim en désignant la machine. Et toi qu'est-ce que tu fais là ?

— Je suis venu te chercher. Il ne faut pas rester ici, viens.

Connor prend Kim par la main, mais elle se dégage.

— Pourquoi ? L'ours ne va pas entrer, il ne sait pas ouvrir les portes.

— Sauf que c'est pas un ours. Dépêche-toi, dit Connor sur un ton pressé.

Il la prend de nouveau par la main. Cette fois, Kim ne résiste pas et le suit. Elle commence à s’inquiéter.

— Attends. Comment ça ce n'est pas un ours ? Ils ont trouvé ce que c'est ?

— Je t'expliquerai en chemin, viens.

Ils sortent du centre des visiteurs et se dépêchent de retourner au musée lorsqu’un cri d’origine animale retentit à proximité. Connor fait immédiatement demi-tour, tirant son amie par le bras pour qu’elle le suive et retourne dans le centre des visiteurs. Kim, se posant de plus en plus de questions, le regarde chercher de quoi bloquer la porte. Il finit par trouver une chaise et la place sous la poignée.

— Tu peux m'expliquer ce qui se passe s'il te plaît. Je n'y comprends rien ! s'exclame Kim.

La jeune femme regarde Connor qui monte la garde à la

fenêtre.

— Ce matin, ils ont retrouvé un cadavre dans la forêt, dit gravement Connor. Ils ne savent pas ce qui a tué le campeur, donc ils ont envoyé Jake Rawson, le cryptozoologue dont je t'ai déjà parlé. Il est arrivé un peu avant que tu ne partes. Il a demandé les photos prises par les gens de la classe pour son enquête. Vu que tu étais partie, j'ai été lui parler et il m'a expliqué pourquoi il était là…

— Moins vite s'il te plaît. Tu dis qu'ils ont trouvé un corps mais personne ne sait ce qui l'a tué ?

— Oui.

— Alors c'est pour ça qu'on n’a pas fait de randonnée… Il s'est passé quoi ensuite ?

— Peu après ton départ, Madame Schrute est revenue paniquée et a dit au garde que le chauffeur du bus est mort, donc elle est allée vérifier en laissant un talkie-walkie à Jake. J'en ai profité pour lui dire que tu étais venue récupérer ton portefeuille. Il devait venir te chercher, mais comme la garde ne répondait pas, il a décidé d'aller la voir. Moi, je suis sorti en douce du musée pour l'aider, c’est pour ça que je suis là.

Kim, n’en revenant pas, s’assied sur un banc, troublée. Elle fixe le sol. Connor quant à lui est toujours à la fenêtre.

— Donc vous ne savez pas ce qui a tué le campeur et le chauffeur ?

— Si, justement. Juste avant de quitter le musée, Jake a découvert un truc sur une photo.

— Qu'est-ce que c'est ? demande Kim en relevant la tête.

— Des raptors. Et actuellement, ils sont tout près.

Soudain, Kim se relève. Elle ne croit pas Connor et

s'énerve.

— Arrêtes de te moquer de moi ! Les dinosaures n’existent pas ! Retournons au musée.

La jeune femme se dirige vers la sortie et ouvre la porte, mais Connor s’interpose et la referme violemment. Apeurée par le comportement de son ami, Kim recule de quelques pas.

— Laisse-moi sortir Connor ! Tu me fais peur…

Connor prend la jeune femme par les épaules et la regarde droit dans les yeux.

— Est-ce que j’ai l’air de rigoler ?

Kim comprend qu’il est sérieux. — Alors ce ne sont pas des bêtises ?...

— J’ai bien peur que non…

— Il faut aider les autres, dit Kim, soudainement résolue. Connor sort sa radio et la montre à son amie.

— Jake m’a laissé un talkie, explique-t-il, il a dit qu’il préviendrait une fois arrivé au bus, mais j’ai toujours pas de nouvelles… J’ai peur qu’il ne lui soit arrivé quelque chose. Je dois aller voir.

— Alors je t’accompagne.

— Non, c'est trop dangereux, je veux que tu retournes au musée.

— Hors de question ! Je ne veux pas que tu prennes de risques pour un mec que tu ne connais pas. Pas sans moi en tout cas.

— Et moi je ne veux pas que tu prennes de risques tout court.

Tu retournes au musée.

— Je ne veux pas qu'on se sépare !

Soudain, des cris de panique interrompent les deux amis dans leur dispute. Des cris d’animaux que Connor ne reconnaît pas se mêlent à ceux des humains.

— Ils se font attaquer ! panique Kim.

— Il faut trouver Jake !

Connor et Kim sortent aussitôt du centre des visiteurs et courent en direction du bus sans même se retourner. Les cris, de ce qui semble être un bain de sang, se font entendre. Kim tente de se focaliser sur autre chose pour ne pas y penser.

Les deux lycéens atteignent le bus en un temps record et y retrouvent Jake, occupé à compresser la plaie de la garde forestière. En les voyant arriver, le cryptozoologue garde son calme et dit à Connor.

— T’écoutes quand on te parle ? Je t’avais dit de retourner au musée.

— Le musée est attaqué par les raptors ! souffle Connor, dégoulinant de sueur.

Jake se relève aussitôt et fait signe à Kim d’approcher.

— Journée de merde… marmonne-t-il.

La lycéenne s’approche. Jake la saisit par les mains et lui montre comment maintenir la pression sur la plaie.

— Presse là-dessus.

— Comme ça ? demande Kim, perturbée.

— Parfait. Surtout, ne relâche pas la pression.

Jake lui cède sa place et se relève. Il s’essuie les mains sur sa veste et va voir Connor.

— T’as de bons goûts en termes de filles, lui murmure le cryptozoologue.

Connor, gêné, rougit et rétorque.

— C’est mon amie, rien de plus.

— Dommage pour toi…

Jake monte à bord du véhicule de Brett, met le contact et ouvre la fenêtre.

— Bon, je prends la jeep pour retourner au musée. Vous allez être seul un moment, mais vous avez l’arme de la garde… En espérant que vous n’ayez pas besoin de l’utiliser.

Le cryptozoologue démarre en trombe et prend la route du musée, laissant les deux lycéens seuls, au beau milieu de nulle part. Après quelques instants, Connor fouille ses poches, à la recherche de son téléphone, mais ne le trouve pas. Il se tourne vers Kim, concentrée sur sa tâche.

— Kim, tu as ton téléphone ?

— Oui. Dans la poche de mon short. Prends-le, j’ai les mains prises.

Connor fouille son amie en faisant attention de ne pas la gêner et trouve le portable.

— Tu appelles les secours ? demande Kim.

— Oui.

Connor compose le numéro des urgences et patiente.

— Dis-leur juste qu’on a trouvé la garde qui est blessée, prévient-elle. Si tu parles des dinosaures, ils croiront à une blague.

— T’inquiètes…

Quelqu’un décroche.

— Allô ? Les secours ?... On a besoin d’aide.

Jake arrive au musée, il sort de la jeep et dégaine immédiatement son arme. Il compte ses balles.

— Un chargeur plein… Douze balles pour au moins deux spécimens dont je ne connais rien… C'est pas gagné.

Il entre dans le musée, les vitres de la façade ont été brisées. Le cadavre du guide gît sur le sol. Déchiqueté, comme les autres corps. Jake entend un animal courir, il pointe son arme et le cherche du regard. Il le voit passer derrière une étagère et tire mais manque son coup. Le Vélociraptor fuit dans les couloirs. Un gémissement attire l'attention de Jake. En avançant, il trouve le corps d'un des lycéens, éventré par le raptor.

— Merde ! Tiens bon. Je suis là, dit Jake.

L’étudiant, en pleurs, prend le bras de Jake qui tente doucement de se dégager.

— Je vais mourir n'est-ce pas ? murmure l’élève.

Le cryptozoologue jette un œil à la plaie. Elle est profonde, plusieurs organes, dont le foie, semblent touchés.

— C'est probable, oui. Désolé… En attendant si tu veux survivre appuis sur la blessure avec ce tee-shirt à trente dollars... répond Jake, insensible. Où sont les autres ?

— Cachés dans le musée… Je ne sais pas où… gémit le lycéen avant de perdre connaissance.

— Merci…

Jake avance prudemment et cherche les dinosaures. Soudain, il entend un cri de douleur. Il se précipite vers la source du bruit et trouve un autre étudiant blessé à la jambe avec deux Vélociraptor le suivant, comme s'ils jouaient avec. Jake siffle pour attirer leur attention. Ils relèvent la tête et grognent avant de charger. Jake tire à trois reprises avant de tuer le premier d’une balle en pleine poitrine, mais se voit obligé d'esquiver le second qui lui bondit dessus. Jake prend la fuite et retourne dans le hall du musée. Le Vélociraptor le suit. Le cryptozoologue fait volte-face et tire une première fois sur le raptor, mais le manque. Le dinosaure charge Jake qui tire de nouveau et manque son coup. L’animal bondit. L’homme tire une dernière fois et le blesse. Le Vélociraptor prend peur et fuit en boitillant. Il profite que l’animal soit de dos pour tirer de nouveau, mais au même moment, le troisième raptor attaque le cryptozoologue, le mordant au poignet, déviant ainsi le tir. Jake se débat pour lui faire lâcher prise sans succès. Alors que le Vélociraptor s'acharne sur le bras de son adversaire, celui-ci prend le pistolet avec son autre main et tire, mais le raptor, dans ses mouvements irréguliers, esquive la balle. Jake, énervé de perdre autant de munitions, fait un grand mouvement avec son bras vers le comptoir de la boutique. Le choc fait lâcher prise au dinosaure et en profite pour lui tirer immédiatement dessus. Il l'abat. Jake n'a plus que trois balles et espère que le dernier blessé soit aussi le dernier raptor.

Après avoir appelé les secours, Connor fouille le bus, mais ne trouve que le cadavre du chauffeur, il le regarde quelques instants d'un air dégoûté puis ressort.

— Il n'y a rien d'utile dans ce bus.

— Elle continue de se vider de son sang… dit Kim, désespérée. Si les secours n'arrivent pas bientôt… Elle ne survivra pas… Je me sens tellement inutile.

Connor s’assied à côté de Kim. Il lui frotte le dos pour la réconforter.

— Si elle venait à mourir, dis-toi que tu auras fait tout ce que tu pouvais pour la sauver, même si c'est pas grand-chose ça compte quand même.

Il y a un long blanc. La jeune femme finit par briser le silence.

— Il y a quand même quelque chose d'étrange dans tout ça…

— Il y a beaucoup de choses étranges.

— Oui mais surtout, tu as dit que c'est toi qui as été parler à

Jake Rawson. Ça ne te ressemble pas, tu parles très peu aux gens que tu ne connais pas habituellement.

— C'est pas faux.

— En fait, j’ai même l’impression que tu te comportes différemment depuis tout à l’heure. Tu n’as pas l’air d’avoir peur. On dirait carrément que tu es excité par la situation.

— C’est peut-être une question d’adrénaline, ou d’instinct. Va savoir.

— J'en sais rien… C'est possible… Ce qui est sûr, c’est que tu n'as jamais été vers quelqu'un de ton plein gré.

— C'est peut-être juste parce que je connaissais Jake grâce à ses travaux et que je me suis senti plus en confiance vis-à-vis de lui…

Soudain, Brett se met à convulser. Kim panique mais ne lâche pas la pression. Les deux adolescents ne savent pas quoi faire et la regardent, impuissants, jusqu'à ce qu'elle s'arrête et pousse un long soupir. Connor prend alors le pouls de la garde, mais ne sent rien. Il secoue alors la tête pour signifier à Kim que c'est fini. La jeune femme regarde le corps bouche bée, les larmes aux yeux. Au loin des sirènes retentissent.

Jake avance lentement. Il entre dans une salle présentant différents animaux empaillés. Soudain, un grincement l'alerte. Il s'approche, arme à la main, vers la porte d'où provient le bruit. Il attrape, sans faire de bruit, la poignée et ouvre brusquement. Il ne trouve qu'un des étudiants en pleurs et le pantalon mouillé, Jake tentant de garder son sérieux, demande au lycéen s'il a vu le dinosaure et l'étudiant lui fait signe du doigt en indiquant les toilettes. Jake y va. Il entend des bruits de griffes crisser sur le carrelage. Il n'a plus le droit à l'erreur. Il referme bien la porte derrière lui et sort un couteau de sa poche et le tient en position défensive par précaution. Le cryptozoologue attend un mouvement de la part du Vélociraptor. Il se passe plusieurs secondes quand soudain, le dinosaure sort d'une cabine et fonce droit sur Jake qui tire aussitôt deux balles consécutivement. Il touche le raptor qui s'écroule sur le sol. Une flaque de sang se forme autour du corps. Jake se penche au-dessus de lui et voit qu'il n'est pas mort. Le reptile pousse un grognement en tentant de se relever, mais Jake l'abat de sa dernière balle lorsque des sirènes retentissent.

Près d'une heure plus tard, alors que la nuit est tombée, la police est toujours sur les lieux et interroge les derniers élèves concernant l'incident. Les agents fédéraux sont également présents. Jake retrouve Connor et Kim à l’arrière d’un camion de pompier.

— C'est vous qui avez appelé les secours ? demande Jake.

— Oui avec mon portable.

— Je vois… Ne leur dites rien concernant mon boulot, compris ?

Les deux adolescents répondent à l’unisson.

— Compris.

— Comment va la garde ? s’inquiète Jake.

La mine de Kim s’assombrit aussitôt.

— Elle n'a pas survécu.

— Merde… On ne pouvait rien faire de toute façon.

— Et les raptors ? demande Connor.

— Tous morts. Mais ces enfoirés du gouvernement veulent étouffer l'affaire. D'où les papiers qu'ils vous ont fait signer, ils vous interdisent d'en parler à qui que ce soit.

— Tu as signé ?

— Non. D'ailleurs, je vais devoir y aller avant qu'ils ne viennent m'interroger.

— Vous avez un moyen de rentrer ? intervient Kim.

— Oui j'ai ma voiture garée plus loin… En tout cas, ce fut un plaisir… Et en espérant ne pas se revoir trop tôt.

Jake sert la main de Connor, puis celle de Kim avant de

s’en aller.

— À plus, lance l’adolescent.

— Au revoir, Mr Rawson. Et merci pour tout, ajoute Kim.

— Appelle-moi Jake.

Jake s'en va sans que la police ne le remarque. Un bus arrive enfin, prêt à escorter le groupe jusqu'à l'école. Les élèves montent à bord, tandis que les différents cadavres sont embarqués par la police scientifique et que les blessés sont emmenés en ambulance. Connor et Kim montent à leur tour dans le bus. Connor prend place côté fenêtre et regarde dans la direction par laquelle Jake est parti. Kim pose sa tête sur l'épaule de Connor et soupire.

— Quelle journée...

— Et je sens que toute cette histoire n'est pas terminée...

— Tu devrais penser à autre chose, essaye de dormir un peu.

— Oui, tu as raison.

Connor ferme les yeux.

Jake, seul dans les bois, arrive à sa voiture. Il ouvre la portière arrière et retire un drap pour découvrir le corps de l'un des dinosaures qu’il a abattu. Il le touche délicatement.

— Une fois que je t'aurai mis à l'abri, je pourrai te décrire puis revendre ton cadavre. Je deviendrai le plus grand cryptozoologue du monde et je deviendrai riche, très riche et les filles tomberont à mes pieds !

Jake célèbre sa trouvaille l’espace d’un instant avant de reprendre son sérieux. Il referme le coffre et s’apprête à monter dans son pick-up lorsque quelqu’un l'interpelle.

— Mr Rawson ? demande l’inconnu.

— Oui ?

En se retournant, Jake se fait assommer.

3

Les Adieux

Lorsque Jake reprend connaissance, il fait nuit noire. Il est encore sonné et en touchant l'arrière de son crâne, il sent un léger picotement. Le coup qu’il a reçu lui a ouvert le crâne. La première chose que fait Jake en se relevant est de regarder à l’arrière de son pick-up. Comme il s'y attendait, le cadavre du Vélociraptor a disparu. Jake frappe alors violemment la carrosserie et donne un coup de pied dans le pneu tout en pestant. Le cryptozoologue se met au volant et prend son téléphone. Il appelle un certain J-Wolf.

— Est-ce que tu as la moindre idée de l'heure qu'il est ? marmonne l'intéressé.

— Je dirais entre trois et quatre heures du matin, répond nonchalamment Jake.

— Alors pourquoi t'appelles ?

— J'étais sur un gros coup, le coup du siècle ! Mais ces enfoirés ! Ils me l'ont volé ! Volé ! râle Jake.

— De quoi tu parles mec ? T'es bourré ?

— Non je suis sérieux ! Ils ont volé son cadavre !... Et je ne bois pas d’alcool !

— Quel cadavre ?! dit J-Wolf d’un ton peu enjoué.

— Celui du raptor qui a tué le campeur ! Ils veulent étouffer l'affaire !

— Écoute mec, je comprends que dalle à ce que tu dis… Demain, je dois me lever de bonne heure. Tu ne préfères pas qu'on en parle autour d'un verre ?

— OK. Demain. 8 h 30 chez Jojo's.

— Ça marche. À demain alors.

J-Wolf raccroche. Jake jette son téléphone sur le siège passager et démarre la voiture.

Le lendemain matin, le réveil de Connor sonne. Il se lève et prend sa douche. Le lycéen repense aux événements de la veille, il aimerait en parler, mais n’en a pas l’autorisation. Il se dit qu’il aurait peut-être dû faire comme Jake et s’éclipser avant d’être obligé de signer ce papier. Connor doit désormais faire comme s’il ne s’était rien passé, mais comment faire lorsqu’on vient de vivre une chose aussi insensée. Après s’être douché, le jeune homme descend prendre son petit-déjeuner. Son père, Michael, médecin urgentiste de 43 ans aux cheveux grisonnants et père célibataire de deux enfants, est dans la cuisine. Il boit un café. Connor le rejoint et se fait une tartine à la confiture.

— Salut. Bien dormi ? Ça s'est bien passé ton voyage hier ? demande Michael.

— Ça va, on a vu pas mal d'animaux. T'es rentré tard hier soir, non ? répond Connor pour changer de sujet.

— Oui j'ai été retenu. Des alcooliques ont déclenché une bagarre aux urgences. Il a fallu appeler la police. La routine quoi. Kim est bien rentrée ?

— Oui, on l'a raccompagnée avec Kelsey. D'ailleurs, elle n’est pas là ?

— Partie travailler, dit Michael en prenant une gorgée, ils avaient des livraisons en retard qu'elle doit réceptionner ce matin. Kelsey m'a dit que Kim n'avait pas l'air bien hier soir.

— On a vu un lapin se faire tuer par un aigle, improvise Connor.

— Ah… Et son père rentre quand ? Ça fait un moment qu'il est en voyage d'affaires non ?

— Il revient dimanche après-midi si je me souviens bien… Bon. Ce n'est pas tout ça, mais je vais être en retard moi.

Connor se lève et prend son sac. Michael regarde sa montre et se dépêche de finir son café avant de se lever.

— Déjà cette heure-là ?! Il faut que j'y aille aussi si je veux éviter les embouteillages.

Connor et Michael sortent de la maison, Connor fait signe au bus d'attendre.

— Bonne journée fils… Au fait, je commanderai des pizzas pour ce soir, je risque de rentrer tard.

— OK. Bonne journée à toi aussi.

Jake attend J-Wolf au Jojo's. Il semble impatient et demande un café au bar. Quand il le voit arriver, il lui fait signe et commence sans tarder ses explications tandis que son ami s’installe.

— Salut. Je vais reprendre depuis le début. Hier matin, j'ai été appelé au Parc National d'Angeles concernant le corps d'un campeur qui avait été retrouvé un peu plus tôt et dont personne n'a pu dire ce qui l'a tué, explique Jake. J'ai mené mon enquête mais je n'ai rien trouvé jusqu'à ce qu'au musée du parc, je tombe sur un groupe de lycéens. Je leur ai demandé toutes les photos qu'ils avaient prises dans la journée et j'ai trouvé sur l'une d'entre elles, deux dinosaures, des Velociraptor pour être précis. Il y a eu des morts et des blessés. Heureusement, j'avais mon arme sur moi et je les ai tués, les trois raptors. Tu te rends compte ?! J'ai tué trois raptors. Ensuite, la police est venue pour interroger tout le monde sur l'incident, j'en ai profité pour amener un des cadavres de dinosaure à ma voiture. Sauf qu'un mec m'a assommé par-derrière et en reprenant conscience, le cadavre n'était plus là. Je ne sais pas qui c'était, mais je suis sûr que c'est le gouvernement qui essaye de nous cacher quelque chose.

J-Wolf est à peine attentif à ce que lui dit Jake. Il commande un café.

— J'ai du mal à suivre… T'es en train de me dire que t'as trouvé des dinosaures, que tu les as tué. Mais lorsque t'as voulu en garder un, quelqu'un te l'a volé… Ça pourrait coller, dit-il en réfléchissant.

— Je sais, ça paraît dingue, mais… Attends, quoi ? Ça pourrait coller ? demande Jake, intrigué.

— Oui. Hier soir, après m'avoir appelé, je n'ai pas réussi à me rendormir. Alors j'ai fait des recherches par rapport à ce que tu as dit. Et en cherchant bien, j'ai découvert plusieurs affaires que le gouvernement tente de nous cacher. Et à chaque fois, on pourrait faire un lien entre ces histoires. Tiens regarde.

Il sort un dossier de son sac et Jake le feuillette.

— Un crash d'avion à la suite d'une collision avec un animal… Un village entier détruit par un démon en Inde… Des bateaux de pêche qui disparaissent…

— Oui, et il y a plein d'autres affaires similaires, explique J-Wolf entre deux gorgées. Maintenant, regarde un peu les dates de ces événements… Le plus ancien date d'il y a deux semaines : une baleine retrouvée à moitié dévorée d'un seul coup de mâchoires sur les côtes australiennes. Ce n'était qu'un cas isolé, mais leur fréquence a augmenté au fur et à mesure. Un seul cas le vendredi d'il y a deux semaines. Cinq cas répertoriés vendredi dernier et rien que sur la journée d'hier, quarante six cas recensés.

— Et le point commun ?

— À chaque fois, la description semble se rapporter à un animal, soit reptilien, soit géant.

— Comme des dinosaures… comprend Jake.

— Exactement, alors je ne sais pas ce qui se passe, mais si tu veux mon avis, c'est déjà en train d'arriver et au rythme où ça va, le gouvernement aura du mal à le cacher bien longtemps.

Jake semble réfléchir un instant quand soudain, il se lève, récupère sa veste et part en trombe sans payer son café.

— Désolé J-Wolf, mais j'ai des trucs à faire.

— Eh ! Attends !... C'est toujours pareil, il part en trombe, et qui paye ? Toujours le même… Rawson, t'es incorrigible.

Connor prend place dans le bus qui démarre et s'assied à côté de Kim. Durant leur conversation habituelle, Connor évite de parler de la veille, car Kim semble ne pas avoir réalisé. Le bus finit par s'arrêter en plein milieu d'une avenue, à proximité d'un carrefour. Les élèves se demandent ce qui se passe. Plusieurs se lèvent pour voir ce qu'il y a devant. Soudain, un convoi militaire de grande envergure passe au niveau du carrefour.

— Waouh ! s’exclament les lycéens. Regardez ! Un convoi militaire… Il y a des véhicules blindés, des hélicoptères, même des chars… Il doit y avoir quelque chose d'important en ville.

— Tu penses qu'il y a un rapport avec hier ? s’inquiète Kim en s’adressant à son ami.

— Je ne sais pas… Je n'espère pas en tout cas, répond Connor.

— Qu'est-ce qui nous arrive, Connor ? Depuis hier, j'ai l'impression qu'il se passe des choses étranges autour de nous… J'en ai rêvé toute la nuit, j'ai peur.

Connor la prend dans ses bras. Un élève derrière eux fait une remarque.

— Bah alors ? On a peur, la chinoise ?

Connor se tend et ferme les yeux pour se calmer. Kim le

ressent.

— Ignore-le, Connor.

Après s’être calmé, Connor lâche Kim et lui propose,

— Tu veux venir dormir à la maison ce soir ? Comme ça, s’il se passe quelque chose tu ne seras pas seule… En plus, mon père a dit qu'il commanderait des pizzas.

— C'est gentil… Merci…

Pour sa part, Jake voit également un convoi militaire essentiellement composé de grues et d'immenses blocs de béton. Il est sur l'autoroute et se dirige vers le supermarché le plus proche, malheureusement, il y a des embouteillages. Jake s’impatiente et klaxonne lorsqu’il reçoit un appel de Sam.

— Allô ?

— Allô ? Patron ?... Ça va ? Je n'ai pas eu de nouvelles depuis hier, s’inquiète le stagiaire.

— Normal, j'ai été très occupé.

— Raconte-moi.

— J'ai retrouvé ce qui a tué le campeur. Le truc c'est que ça a aussi tué un guide, un chauffeur de bus et un garde forestier. Et ça a également fait plusieurs blessés.

— Qu'est-ce que c'était ? T'as pu le capturer ?

— J'ai été obligé de le tuer, ou plutôt de les tuer. C'étaient des Velociraptor.

— Hein ?! Des raptors ?! s’étonne Sam, incrédule. Comme les dinosaures ? Elle est bonne ! ajoute-t-il en riant. Bon, c'était quoi en vrai ?

Jake ne répond pas. Sam comprend alors que ce n’est pas une blague.

— Attends, t'étais sérieux là?!... Mais… Comment c'est possible ? demande Sam, perplexe.

— J'en sais pas plus que toi, malheureusement. Tout ce que je peux te dire, c'est que j'ai voulu garder un des corps, mais on m'a assommé pour me le voler.

— Le gouvernement ?

— Sûrement… J'ai contacté J-Wolf qui a mené sa petite enquête et d'après ce qu'il a trouvé, ce qui s'est passé hier au Parc National n'est pas un cas isolé.

— Comment ça ?

— Ça a commencé il y a deux semaines, une baleine a été retrouvée à moitié dévorée par je-ne-sais-quoi et il n'y avait qu'une marque de morsure d'environ trois mètres de diamètre. Ensuite, la fréquence de ces incidents n'a fait qu'augmenter, on a observé plus de quarante affaires de ce genre rien qu'hier.

— Et toutes ces affaires sont liées ?

— J-Wolf a établi un lien, des créatures reptiliennes, certaines atteignant des dimensions énormes.

— Exactement comme des dinosaures…

— Oui, et je ne sais pas si tu en as croisé mais je viens de passer à côté d'un gros convoi militaire. Il se passe quelque chose de grave.

— J'ai vu ça, oui. Je suis à l’aéroport, j'attends ma copine et j'ai vu toute une garnison de Marines revenant du Moyen-Orient débarquer. Apparemment, ils utilisent les aéroports civils en plus de ceux de l’armée. C’est forcément lié aux dinosaures, non ?

— C'est plus que probable. En tout cas, à ta place, je ne tarderai pas trop à faire des provisions et à me planquer. Je ne sais pas exactement ce qui est en train d'arriver, mais une chose est sûre, ça arrive et vite, dit Jake, l’air grave.

— OK. Je récupère ma copine et je fonce au supermarché.

— Sois prudent surtout. On s'appelle ce soir pour prendre des nouvelles, si possible.

— Ça marche. À ce soir alors.

— Ouais à plus…

Jake s’apprête à raccrocher, mais finit par ajouter.

— Sam ?

— Oui ?

— T'es embauché.

Jake raccroche et, las d’attendre, décide de passer sur la bande d'arrêt d'urgence jusqu'à la prochaine sortie à moins de cinq cents mètres. Il se dirige ensuite vers le supermarché, se gare et prend un caddie. Dans le magasin, Jake charge le caddie de plusieurs bidons d'eau puis se dirige vers la caisse, il paye, sort charge l'eau dans sa voiture et retourne dans le supermarché pour réitérer l'action avec des conserves. Au troisième voyage, il se dirige vers le rayon pharmacie, mais il tombe face à un homme en train de remplir son caddie avec les articles du rayon. Jake tente de s’imposer.

— Pardon, excusez-moi, dit le cryptozoologue.

L’homme l’empêche de prendre des provisions.

— Hé ! Attends ton tour mec ! s’énerve l’homme.

— C'est bon ! renchérit Jake. Je suis seul, je n'ai pas besoin de grand-chose.

— Dans ce cas t'es pas prioritaire ! Moi, j'ai une famille à protéger des foutues bestioles qui arrivent !

— Je ne cherche pas la merde mec. Laisse-moi juste prendre quelques trucs et tu pourras prendre le reste.

L'homme démarre au quart de tour et saisit Jake par le col. Ce dernier lève les mains, en signe de non-agression.

— Je t'ai dit de te casser ! hurle l’homme au milieu du magasin. — Wow ! Doucement… tente le résonner Jake. Si on se bat ici, devant tout le monde, on va se retrouver au poste de police, et tu ne pourras pas protéger ta famille derrière les barreaux…

Le cryptozoologue désigne un autre client se servant dans le rayon.

— Au fait, pourquoi moi tu m'empêches de me servir alors que lui, tu le laisses faire ?

L'homme lâche Jake pour s’occuper de l’autre personne. Le cryptozoologue en profite alors pour finir de remplir le caddie de l'homme et le prendre discrètement. Il passe à la caisse et se dépêche de rejoindre son pick-up. Jake voit son agresseur courir dans sa direction en hurlant.

— Hé toi là-bas ! Connard ! Rends-moi mes provisions !

Jake se dépêche de vider le caddie et démarre en trombe. L'homme furieux le poursuit, ramasse une pierre et la lance sur la voiture, fissurant le pare-brise arrière. Le cryptozoologue reprend la route. En chemin, il reçoit un autre appel, de J-Wolf cette fois.

— Jake ?! crie J-Wolf au téléphone. — Oui ? demande calmement Jake. — C'est la fin mec !

— Ça n’a pas l'air d'aller.

— Non ! Ça va pas du tout !... Je suis en route pour une conférence à Seattle. Il vient de se passer un truc horrible !

— Quoi ? Qu'est-ce qui s'est passé ? commence à s’interroger Jake.

— Un dinosaure ! Comme un tyrannosaure, mais en plus gros ! Il a attaqué les voitures avant de partir dans la forêt ! Il y a des morts partout !

— Calme-toi… D'où est-ce qu'il est sorti ?

— Juste devant moi, il est sorti d'un por… J-Wolf ne termine pas sa phrase et se met à hurler. Non ! Non ! Non ! Non ! AAAAAAH !

Le signal se brouille. Jake se gare le long de la route et regarde son téléphone, comprenant ce qui s’est passé.

— Merde… J-Wolf !

À l'hôpital, alors que Michael est auprès d'un patient, la télévision de la chambre diffusant le JT annonce un breaking news.

— Chers Téléspectateurs, chères Téléspectatrices, annonce gravement le présentateur. Votre attention s'il vous plaît. Plus tôt dans la journée, notre pays a connu une série d'incidents. Un peu partout, sont apparus des portails desquels ont surgi des dinosaures. Oui, vous avez bien entendu, des dinosaures sont apparus dans notre monde. L'un des cas les plus meurtriers s'est produit à soixante quatre kilomètres au nord de Los Angeles, sur la route 5.