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Connor vient d'obtenir de nouvelles informations à propose de son frère et doit désormais se rendre sur l'île la plus septentrionale du monde : l'île Boréale. Pour cela, un aventurier nommé Aris va le guider sur son trajet. Entre mystères, combat et vengeances, le périple des voyageurs se poursuit dans l'inconnu...
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Seitenzahl: 338
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Prologue
Arc 1 - Vivre l’aventure
Chapitre 1 - Nouvelles primes
Chapitre 2 - Une nouvelle piste
Chapitre 3 - La mission de Saya
Saya
Chapitre 4 - Les clés
Chapitre 5 - En état d’arrestation
Chapitre 6 - Altercations
Chapitre 7 - Une cargaison de valeur
Chapitre 8 - Le repas de prisonniers
Chapitre 9 - L’embrasement du phœnix
Chapitre 10 - Meurtre dans la nuit
Chapitre 11 - Créatures affamées
Chapitre 12 - Godrik
Chapitre 13 - Nourrir les loups
Chapitre 14 - Vers Meliasthrème
Arc 2 - Une île peu hospitalière
Chapitre 15 - Meliasthrème
Chapitre 16 - Danger et curiosité
Chapitre 17 - Poursuite sur le port
Vaïmai
Chapitre 18 - Invitation à bord
Chapitre 19 - Le Vaheri
Chapitre 20 - Autour d’un verre
Chapitre 21 - La cérémonie de l’Hima
Chapitre 22 - Un homme curieux
Chapitre 23 - Leurs rêves
Chapitre 24 - Le débarquement
Chapitre 25 - Les habitants de Skölthor
Chapitre 26 - Un village en cendres
Chapitre 27 - Des origines mystérieuses
Chapitre 28 - Et par les mers gelées, nous partirons
Chapitre 29 - La cabane de Rollän
Chapitre 30 - Un don familial
Chapitre 31 - L’autel
Chapitre 32 - Un campement secret
Chapitre 33 - Poursuivi
Arc 3 - Un retour difficile
Chapitre 34 - Aux portes d’Asegaat
Chapitre 35 - Une étrange disparition
Chapitre 36 - Le ballet de lumière
Chapitre 37 - En observation
Chapitre 38 - Les aurores
Chapitre 39 - Les responsables
Alex
Chapitre 40 - Le charnier
Chapitre 41 - Fuite et course-poursuite
Chapitre 42 - Réflexions nocturnes
Chapitre 43 - Une mer de glace
Chapitre 44 - Retour à Meliasthrème
Chapitre 45 - Magma
Épilogue
Personnages
Glossaire des Clés
Mythologie
Un matin, peu avant l’aurore, Jorunn se prépare pour aller à la chasse. Il est déjà habillé et revêt un haut assorti d’un pantalon de cuir noir ainsi que des bottes. Le jeune homme s’est également préparé une sacoche la veille avec assez de nourriture pour tenir toute la journée. Jorunn est l’un des derniers chasseurs du village de Skölthor, situé sur la côte de l’île Boréale.
L'île se trouve au nord de Diadan et dépend de ce royaume, bien qu’historiquement, elle appartenait à l’Empire de Jjölgard. Les habitants de l’île Boréale ont d’ailleurs conservé la culture et le mode de vie de ce pays glacial plongé dans le froid hivernal pendant une grande partie de l’année.
Une fois préparé, Jorunn s’empare de son arc ainsi que d’un bon nombre de flèches et s’apprête à sortir lorsque sa sœur, Astrid, une adolescente de quatorze ans aux longs cheveux dorés, l’interpelle. La jeune femme a trois printemps de moins que son frère, mais elle lui ressemble comme deux gouttes d’eau. Tous deux ont un corps svelte et musclé, une belle chevelure blonde et quelques taches de rousseur. Jorunn se démarque cependant d’Astrid par sa moustache et son bouc naissants ainsi que par son annulaire gauche manquant.
— Qu’est-ce que tu veux ? demande Jorunn à sa sœur.
— Laisse-moi t’accompagner, s’il te plaît ! J’ai besoin de nouvelles plantes pour mes cours.
— L’herboriste ne t’en donne pas ? s’étonne Jorunn.
— Il a dit que je devais être capable de trouver les plantes moimême, répond Astrid.
— Désolé petite sœur, mais je vais chasser donc tu ne viens pas avec moi.
— Allez !... S’il te plaît ! Je serai discrète, promis.
— Jorunn, laisse ta sœur t’accompagner, intervient Martha, la mère des deux adolescents qui s’apprête à aller nourrir les poules.
— Je ne peux pas, maman, et tu le sais très bien… C’est l’hiver et le gibier est rare. Encore plus depuis que ces types du camp de Mylgaard se sont installés l’année dernière. Et puis il y a des loups là où je vais chasser. De plus Rollän, le vieux pêcheur qui vit au bord du lac, m’a dit avoir aperçu un ours il y a quelques jours.
— Ajoute encore un argument à ta liste et c’est toi qui ne sortiras pas, menace Martha.
— Mais… Que veux-tu que j’y fasse, la chasse, c’est dangereux, bougonne Jorunn.
— Je le sais que trop bien, je n’avais même pas la moitié de ton âge quand mon père a été tué par des loups… Pourquoi tu ne fais pas comme tes amis, finit par soupirer Martha.
— Parce que la pêche, c’est pas intéressant et parce que du chevreuil ou du lapin, ça nourrit plus que de la morue.
— Bon vas-y, cède sa mère.
— Et mes plantes ?! s’offusque Astrid.
— Je t’accompagnerai en fin de matinée, promet Martha avant de sortir de la maison familiale.
Jorunn suit sa mère et quitte également la maison.
À cette heure de la journée, le sol est encore gelé et les plantes sont couvertes de givre. Même les goélands ne semblent pas vouloir sortir pêcher. Le village est encore endormi lorsque Jorunn passe le mur d’enceinte armé de son arc et de ses flèches pour aller chasser.
Le jeune homme s’enfonce dans la forêt et se dirige vers un lac au bord duquel le gibier a l’habitude de venir se désaltérer tous les matins. Une fois sur place, Jorunn se poste dans un arbre afin d’avoir une bonne vue sur la berge et les alentours et ne bouge plus. Le chasseur patiente et attend qu’un animal se montre. Chaque fois qu’il sort du village à la recherche de nourriture, Jorunn parcours le même trajet. Il part un peu avant l’aube et se rend au niveau du même lac où il sait pouvoir trouver du gibier. Si aucun animal ne se montre après le lever du soleil, l’adolescent se met en mouvement et fait le tour du lac afin de chercher des traces récentes du passage d’un animal.
C’est ce qu’est finalement contraint de faire Jorunn puisqu’en deux heures d’attente, pas même un lapin ne s’est montré autour du lac. Le chasseur n’est pas étonné pour autant. Il sait qu’en hiver, les proies sont rares. Rapidement, le jeune homme finit par retrouver des empreintes de chevreuil dans le sol gelé. S’il en croit ce qu’il voit, l’animal semble être passé au lac quelques heures auparavant. Par conséquent, il ne doit pas être loin.
Jorunn suit la piste et s’enfonce de nouveau dans la forêt jusqu’à une petite clairière au milieu de laquelle il trouve finalement sa proie, assise à l’abri du vent, somnolant encore. Le chasseur se met accroupi derrière un arbre et observe un peu l’animal. C’est un jeune mâle déjà bien robuste pour son âge. La cible parfaite pour nourrir le village. Jorunn sort une flèche de son carquois et vise le chevreuil. Il tire et touche l’animal en pleine poitrine.
Paniquée, la bête se relève et prend la fuite, mais elle est mortellement blessée et s’effondre une vingtaine de mètres plus loin. Jorunn se dépêche d’aller la chercher et abrège ses souffrances d’un coup de couteau dans la gorge. Le jeune homme célèbre sa prise en faisant une rapide prière lorsqu’il est soudainement surpris par les grognements d’un gros animal.
Jorunn se relève aussitôt et regarde partout autour de lui sans rien voir. Les sous-bois sont encore sombres et il ne parvient pas à discerner ce qui s’y cache. C’est alors qu’un ours l’attaque par-derrière. Jorunn esquive le puissant coup de patte de justesse en faisant une roulade avant de se relever.
La bête se dresse également en poussant un grognement. Le chasseur sait d’expérience que lorsqu’un ours se tient debout, c’est qu’il sent ou observe les environs. Jorunn ne bouge pas afin de ne pas effrayer l’animal qui doit avoir été attiré par l’odeur du sang lorsqu'il remarque que son arc est de l’autre côté de la bête. Le jeune homme n’a que son couteau pour se défendre alors qu’il sent que le prédateur devient menaçant.
À la seconde où l’ours se remet sur ses quatre pattes, Jorunn prend les devants et l’attaque directement au visage pour le faire fuir. Il parvient à peine à effleurer sa truffe que l’ours réplique d’un coup de patte, faisant tomber le chasseur en le blessant superficiellement à la hanche. Jorunn ne se laisse pas abattre et se relève en évitant une seconde attaque. L’animal est relativement lent, ce qui permet au jeune homme de lui passer dans le dos et de lui asséner un coup de couteau dans la nuque.
L’ours se met à grogner et se redresse brusquement. Jorunn tombe à la renverse en perdant son arme qui reste plantée dans l’animal. Malheureusement pour lui, la plaie est profonde, mais non mortelle. L’ours se retourne vers le jeune homme, prêt à l’écraser de sa demi-tonne. Le chasseur, lui, ne perd pas son sang-froid et a désormais accès à son arc. Il se jette dessus, encoche une flèche et tire. Il touche l’animal à la poitrine.
Surpris, l’ours retombe lourdement sur ses quatre pattes juste devant Jorunn en poussant un cri rauque. Ce dernier a le temps de décocher une seconde flèche et touche la bête à la joue. Énervé, l’ours attaque de nouveau et donne de puissants coups de pattes au jeune homme qui se défend comme il peut avec ses bras. Heureusement pour lui, il ne sort jamais sans ses bracelets de cuir et peut ainsi limiter les dégâts.
Au bout d’un moment, l’ours se calme et laisse Jorunn, pensant l’avoir battu puisque ce dernier ne bouge plus. L’animal se retourne vers le cadavre du chevreuil et le hume avant de mettre un coup de croc dans sa patte. C’est alors que Jorunn, qui s’est discrètement relevé, se jette sur le dos de l’ours et met tout son poids sur la lame restée plantée dans la nuque de l’animal.
À force d’appuyer sur le couteau, Jorunn parvient finalement à tuer la bête qui s’écroule lourdement sur le sol gelé. Le jeune homme tombe juste à côté, réalisant à peine ce qu’il vient de faire. Il s’étend par terre et se met à rire en poussant des cris de victoire.
Quelques heures plus tard, alors que le soleil tend déjà vers l’horizon, Jorunn arrive à proximité du village. Il a pris le temps de dépecer la peau de l’ours et de la prendre avec lui, de même que sa tête et le corps du chevreuil. Le jeune homme, plus que chargé, a mis plus de temps que d’habitude pour rentrer au village et il craint que d’autres ne se soient mis à recherche.
Cependant, il ne croise personne aux abords du village, au lieu de quoi, lorsqu’il arrive à proximité des habitations, Jorunn découvre un champ de ruines. Skölthor a été incendié et mis à sac en son absence.
— Comment ça ? Ce carreau d’arbalète est maudit ? s’étonne Connor en observant le nouveau venu.
— Tu le connais, Connor ? s’inquiète Saya.
— On s’est déjà croisé à Bourg Ceos, répond l’inconnu en venant s’asseoir contre l’établi de la forge.
— C’était juste après ton enlèvement, ajoute le voleur.
— Je ne l'ai jamais vu moi, constate Alex.
— Oh, tu dois être le gamin insupportable que cherchait ton ami, sourit l’homme en sortant une nouvelle pomme de son sac.
— Hé ! Je ne suis pas insupportable ! râle l’adolescent. Connor, c’est toi qui lui as dit ça ?!
Le jeune homme ne répond pas et vient se placer face à l’inconnu qui se préoccupe plus de sa pomme que des gens autour de lui.
— Pourquoi dis-tu que ce carreau est maudit ?
— J’ai déjà vu ce motif noir et blanc, répond l’homme en désignant le motif des plumes et des bandes du projectile. Chaque fois, ils ont été désignés comme maudits, quant à savoir pourquoi, il faut demander à Rogue.
— Hors de question que je ressorte de là tant qu’ils sont dans les parages ! crie le forgeron depuis l’intérieur de sa maison.
Connor regarde dans la direction de l’habitation et soupire.
— Bon… Je crois que je n’aurai pas d’information ici… Retournons en ville, ajoute-t-il en faisant signe à ses amis de le suivre.
L’inconnu les regarde partir et croque dans sa pomme avant de se relever et de les rattraper.
— Je ne ferais pas ça si j’étais vous.
— Et pourquoi ? La seule personne qui peut m’aider ne daigne même pas ouvrir sa porte, se morfond Connor.
— L’Alliance continentale est en ville, explique l’homme à la pomme. Ils ont apporté de nouveaux avis de recherche qu’ils ont placardés partout.
— Des avis de recherche ? demande Saya.
— De tes amis, ma grande.
— Il fallait s’y attendre, soupire Connor.
— Quoi ?! Moi aussi ?! panique Alex.
— Respectivement de 50 000 et de 10 000 crédits… Le cassepieds pour avoir provoqué une explosion sur la voie publique et Connor pour attentat contre l’Alliance continentale.
— A-attentat ?... bégaye Saya.
— C’est en lien avec l’explosion qui a eu lieu quand on se battait contre Akane ? interroge Alex. Est-ce que tu vas bien vouloir me dire ce que tu as fait à la fin ?
Le voleur ne répond pas immédiatement. Il observe ses amis, l’inconnu et remarque du coin de l’œil que Rogue écoute tout depuis la fenêtre de sa maison.
— Je crois qu’on arrive au moment où je ne vais plus pouvoir cacher mes actes, soupire-t-il finalement. Quand on était à Windemer, avant que je te retrouve en mauvaise posture face à Akane, raconte Connor, j’ai posé des explosifs autour du poste de garde de l’Alliance.
Saya et Alex regardent leur ami. Ils sont interloqués. L’inconnu, lui, explose de rire et recrache des morceaux de pomme.
— T’as sérieusement fait ça ?! s’esclaffe-t-il.
— Quel intérêt j’aurai à mentir ?
— Tu me plais, toi ! continue-t-il de rire en allant vers la maison troglodyte.
— Où est-ce que tu vas ? demande Connor.
— Restez ici, je vais essayer de négocier avec Rogue pour qu’il vous aide. Votre groupe m’intrigue.
Les trois voyageurs regardent l’inconnu aller toquer à la porte du forgeron alors qu’il continue de rire. Alex s’assied par terre, toujours sous le coup de la surprise.
— Merde… J’ai une prime sur ma tête…
— Tu t’attendais à quoi ? lui demande Connor. Tu as fait exploser le port et l’équivalent de plusieurs milliers de crédits en marchandise.
— Connor… Pourquoi as-tu fait exploser un poste de gardes de l’Alliance ? demande Saya, inquiète.
— Ça ne servirait à rien de mentir en disant que c’était pour créer une diversion et permettre à Alex de s’échapper des griffes d’Akane… Si j’ai fait ça, c’est parce que j’ai de vieux comptes à régler avec l’Alliance. J’avais besoin de les provoquer.
— T’es fou en fait, soupire Alex.
— Toi, tu n’as pas le droit de te plaindre. Je te rappelle que c’est toi qui as insisté pour me suivre.
— Je sais, je sais… Maintenant, ça va être compliqué de se balader si on est recherchés sur tout le continent.
— Pour l’instant, ce n’est pas mon problème, avoue Connor. Ce que je veux, c’est savoir d’où vient ce carreau d’arbalète.
Pendant ce temps, l’inconnu est entré de lui-même chez Rogue. Le forgeron est assis dans un petit fauteuil face à la cheminée. Le visiteur prend une chaise qu’il laisse bruyamment traîner par terre et vient s’asseoir à côté de son ami.
— Il fait froid dehors, dit-il.
— Hors de question que j’aille leur parler, rétorque Rogue.
— Tu sais qu’ils ne sont pas maudits. Ce n’est que ce carreau.
— Et alors ?! Je ne veux pas d’ennuis ! Tu sais pourquoi je suis recherché, non ?
— C’est vrai, mais ça ne coûte rien de leur donner cette information.
Rogue ne répond pas et se contente de fixer le feu de cheminée. L’inconnu, lui, regarde son ami avec insistance.
— Non, Aris…, cède finalement le forgeron.
— Où a été fabriqué ce carreau ?
— Est-ce qu’au moins, tu sais dans quoi tu t’embarques ? soupire Rogue.
— Non, mais tu vas me l’expliquer, n’est-ce pas ?
— Ce ne sont pas les carreaux d’arbalètes ni aucune des armes portant ce motif qui posent problème. Ce sont ceux qui les utilisent… Ce sont eux qui sont maudits.
— Pourquoi ça ?
— Comment je le saurais ? J’ai toujours refusé de m’en approcher, répond Rogue en haussant les épaules.
Aris croque dans sa pomme tranquillement, laissant un blanc dans la conversation.
— Alors je suppose que tu n’as aucune idée de comment trouver les personnes qui utilisent ce motif.
— Non… Mais je sais où sont fabriquées les armes, avoue le forgeron en attisant son feu.
— Où ? demande Aris en reprenant une bouchée.
— À Skölthor. Sur l’île Boréale.
— Skölthor ? Que ferait un forgeron là-bas ? Je croyais que les habitants de l’île s'étaient reconvertis dans la pêche.
— Tu n’as qu’à accompagner tes nouveaux amis pour le savoir, répond Rogue d’un ton sarcastique.
— C’est peut-être bien ce que je vais faire, assure calmement Aris en terminant son fruit.
— Dans ce cas, méfie-toi du type au manteau noir. Celui qui a apporté le carreau. J’ai senti quelque chose en lui qui n’est pas normal.
— C’est ton Instinct qui te le dit ? demande le vagabond en se levant.
— Même pas… Tu as juste dit qu’il avait provoqué l’Alliance en faisant sauter un poste de garde. Ça ne peut pas être quelqu’un de normal.
— C’est précisément ce qui m’intrigue, dit Aris en se relevant.
— Toujours partant pour vivre l’aventure, sourit Rogue en retour.
L’aventurier se dirige vers la porte et avant de sortir de la maison, il s’arrête.
— Si j’en crois ce que tu dis, ça pourrait être la dernière…
Lorsqu’Aris ressort, Connor vient à sa rencontre.
— Alors ? Est-ce qu’il a bien voulu donner des informations ?
— Oui, je vais tout vous expliquer.
L’aventurier commence à raconter aux trois voyageurs tout ce que lui a dit Rogue, mais à peine a-t-il commencé ses explications que Connor voit apparaître une masse sombre entre lui et Aris. Le jeune homme comprend de quoi il s’agit et plonge en arrière pour protéger ses amis alors que la manifestation de son Instinct se met subitement à grossir.
Grâce à son Instinct, Connor a pu protéger ses amis et lui, alors qu’un projectile leur est passé devant à toute vitesse pour traverser la fenêtre de la maison de Rogue. Une déflagration détruit l’intérieur de l’habitation. Aris se relève aussitôt pour aller aider son ami, mais des soldats de l’Alliance continentale sortent du sous-bois pour attaquer les voyageurs. Au même moment, Rogue sort de chez lui, le visage noirci par l'explosion et les vêtements en lambeaux. Le forgeron veut rejoindre les autres, mais il se prend une flèche dans la gorge.
Aris regarde son ami s’étouffer dans son propre sang alors qu’une nouvelle volée de flèches est tirée. Connor, Alex et Saya, eux, sont déjà en train de fuir. L’aventurier, énervé et la larme à l’œil, finit par se relever en sortant une montre à gousset de sa poche de pantalon et appuie dessus avant de fuir.
Le voleur, voyant Aris à la traîne, se retourne et découvre avec stupeur que les soldats de l’Alliance sont totalement immobiles. Le temps semble s’être arrêté.
— Dépêche-toi ! On n’a pas beaucoup de temps ! dit l'aventurier en passant devant lui.
Connor le suit jusque dans la carrière qui se situe le long du chemin entre le village et la forge du défunt Rogue. Alex et Saya les y attendent. Le petit groupe se cache dans un petit tunnel et attend un peu que les choses se calment. Sans prévenir, le voleur sort son sabre et le pointe sur la poitrine d’Aris.
— Hé, qu’est-ce que tu fiches là ?! s’étonne l’aventurier.
— Oui, Connor, qu’est-ce que tu fais ?! répète Alex.
— C’est toi qui a ramené l’Alliance ici ? demande calmement l’intéressé.
— Quoi ?! Jamais de la vie ! Si c’était le cas, je n’aurais pas fui et je ne les aurais pas laissé tuer Rogue… D’autant plus que je ne suis pas un sain non plus ! se défend Aris.
— Et puis tu ne savais pas qu’on serait ici, je suppose, sourit Connor en rangeant son arme.
L’aventurier, soulagé de ne plus être menacé, se détend alors qu’on entend des soldats passer au loin.
— Je sais que tu n’y es pour rien. J’avais juste besoin de te mettre la pression pour savoir si tu avais quelque chose à te reprocher… C’était quoi ce pouvoir ?
— Quel pouvoir ? demande Alex.
— Le pouvoir de l’horloger. Il fonctionne grâce à cette montre à gousset, répond Aris en sortant l’objet de sa poche.
Connor observe l’objet qui a visiblement été sculpté dans de l’or pur. Le mécanisme de la montre est relativement complexe. Bien plus que celui des montres ordinaires puisqu’il semble fonctionner grâce à une petite pierre noire aux reflets métalliques.
— La montre, c’est le pouvoir ? demande Saya.
— Oui. Quand je suis entré dans le temple, je pensais récupérer un pouvoir classique, mais à la place, il y avait juste une stèle avec cette montre à gousset posée dessus. Lorsque je l’active, je peux stopper le temps des éléments que je désire. L’effet dure une minute.
— Trop bien ! Dommage que ça ne dure pas plus longtemps, s’exclame Alex.
— Tu n’as pas l’air content d’avoir ce pouvoir, remarque Connor en observant Aris.
— C’est vrai… À vrai dire, ce pouvoir a beau être classé en rang Or, je préfère ne pas l’utiliser. J’aurais préféré avoir le pouvoir du verger qui consiste à faire pousser les fruits que l’on veut.
— Vu le nombre de pommes que tu as mangées depuis qu’on se connaît, ça aurait été bien utile, constate Saya.
— Je ne te le fais pas dire, soupire Aris. En plus, avec ce pouvoir, j’aurais eu moins de rétribution.
— De rétribution ? questionne Connor.
— Oui… Vous ne connaissez pas ?
Les trois voyageurs secouent la tête en regardant Aris.
— C’est une forme de contrepartie qui va avec le pouvoir. Dans mon cas, chaque fois que j’utilise le pouvoir de l’horloger, je peux stopper le temps pendant une minute, en échange de quoi, je perds une journée d’espérance de vie.
— Aïe ! Tu m’étonnes que tu ne l’utilises pas souvent, grimace Alex.
— C’est pareil pour tous les pouvoirs… Le sergent Akane que vous semblez bien connaître. Elle, chaque fois qu’elle utilise son pouvoir, elle puise dans son propre sang pour invoquer Laifu. Ça la rend plus vulnérable.
— Alors c’est pour ça qu’elle n’a pas riposté quand on l’a attaqué à Windemer, comprend Connor.
— Autre désavantage, c’est qu’en fonction des personnes, il y a plus ou moins d’affinités avec les pouvoirs. Certains les supportent très mal et plus le pouvoir est puissant, plus il est difficile à assimiler.
— Difficile à assimiler ? On peut en mourir ? s’inquiète Alex.
— J’ai déjà vu des gens essayer de s’emparer d’un pouvoir de rang Diamant et ils en sont morts, raconte Aris.
— Alors on peut s’estimer chanceux d’avoir un pouvoir, comprend l’adolescent.
Il y a un blanc dans la conversation. Connor en profite pour aller s’asseoir sur un rocher et aiguiser un peu son sabre.
— Et pour le carreau d’arbalète ? finit-il par demander.
— Ah oui, ça, se souvient Aris. Rogue m’a dit qu’il ne savait pas où trouver les personnes qui utilisent les armes qui portent ces bandes blanches et noires. En revanche, il sait qui les fabrique.
— Qui ? demande Connor.
— Un forgeron de l’île Boréale… Il connaîtra sûrement les personnes que tu recherches.
— C’est où, l’île Boréale ? demande Alex.
— Au nord de Diadan. Une région qui grouille de bandits depuis quelque temps et puisqu'on est en plein hiver, le climat doit y être glacial. Si vous y allez, vous devriez vous acheter des vêtements chauds et préparer du matériel pour franchir les glaciers, conseille Aris.
— Vous ?! Tu ne viens pas avec nous ?! s’étonne Alex.
— Je ne fais pas partie de votre groupe et je suis un solitaire, même si je connais bien la région, explique l’aventurier en sortant la dernière pomme de sa poche, l’air innocent.
— Arrête de faire semblant, lui ordonne Connor. Ça se voit que tu veux venir avec nous.
— C’est vrai ?! s'enthousiasme l’adolescent.
— À vrai dire, je n’ai plus de pommes et ma bourse est vide, avoue Aris en sous-entendant qu’il souhaite être payé.
— Désolé, mais on n’a plus d’argent, feint le voleur.
Ses deux amis se tournent vers lui, surpris, mais Saya comprend ce que tente de faire Connor et intime un léger coup de coude à Alex qui s’apprêtait à tout révéler. Malheureusement, Aris le remarque et fait comme si de rien n’était en se dirigeant vers la sortie du tunnel.
— Dommage… Dans ce cas, je n’ai plus qu’à retourner à Bourg Ceos pour faire quelques larcins et remplir ma bourse.
Connor se relève finalement, pioche une petite bourse contenant une centaine de crédits et la lance dans le dos d’Aris qui s’arrête subitement.
— Achète-toi des pommes avec ça. En gage de remerciements pour les informations que tu nous as données.
L'aventurier ramasse la bourse en regardant le voleur qui lui sourit en retour. Aris le remercie d’un signe de la main et quitte le tunnel.
— Mais… Pourquoi tu le laisses partir, Connor ?! Il avait l’air trop cool, demande Alex, déçu.
— Ne t’en fais pas. Mon petit doigt me dit qu’il va accepter de venir.
Peu après le départ d’Aris, Saya a été envoyée à Bourg Ceos par Connor afin qu’elle y retrouve l'aventurier et qu’elle achète des vêtements chauds pour se rendre sur l’île Boréale. Selon le voleur, leur informateur est très certainement allé au marché pour s’acheter des pommes avec l’argent qu’il a reçu.
Cependant, Saya, bien qu’elle parvienne de nouveau à parler en présence de Connor ou d’Alex, peine encore à prendre la parole en leur absence. Ses amis le savent, mais malheureusement, elle est la seule membre du groupe à ne pas avoir de prime. Par conséquent, c’est à elle de se rendre à Bourg Ceos afin de ramener Aris. La jeune femme a promis à ses amis qu’elle essaierait de faire au mieux pour essayer de parler et de convaincre Aris, mais par précaution, Connor a écrit un mot à l’intention de l’aventurier dans le cas où Saya ne parviendrait pas à s’exprimer.
La jeune femme vient d’arriver en ville et se dirige vers la place du marché. Cette même place qui lui rappelle de mauvais souvenirs avec Azrill. Bourg Ceos est agitée par le passage de l’Alliance dans la région et nombreux sont ceux qui parlent de la présence de Connor dans les parages. Sa prime semble intéresser les habitants de la petite ville. Selon ce que peut entendre Saya, son ami serait quelqu’un qui pourrait rapporter gros sans être trop dangereux pour autant. Ce ratio risque-récompense allèche bon nombre de citoyens qui sont en train de s’équiper au marché.
Heureusement, Connor se doutait que sa nouvelle prime risquait d’attirer l’attention, d’autant qu’il ne serait pas difficile de savoir ce qu’il est venu faire en ville. C’est pourquoi il a décidé, avec Alex, de se diriger vers le Nord et de quitter la région de Bourg Ceos avant qu’on ne se lance à ses trousses. Il est prévu que Saya le rejoigne une fois qu’elle aura tout l’équipement et Aris avec elle.
Le souci est que la danseuse ne trouve Aris nulle part et à cause de toute cette agitation, il est difficile de retrouver sa trace. Saya a demandé à tous les maraîchers du marché s’ils avaient vu l’aventurier, sans succès.
N’ayant pas d’autre solution, la jeune femme erre dans Bourg Ceos dans l’espoir de tomber par hasard sur Aris. Malheureusement, le soleil est en train de se coucher et les rues se vident peu à peu. Saya n’a toujours aucune trace de l’aventurier et ses amis l’attendent le lendemain dans un bois, au nord de la ville.
La danseuse ne sait pas quoi faire. Elle hésite entre rejoindre Connor et Alex ou persévérer, quitte à être en retard. Sans s’en rendre compte, les recherches de Saya l’ont menées dans les hauteurs de la ville, dans un quartier pratiquement désert. La jeune femme, épuisée, s’assied sur le parvis d’un petit temple afin de réfléchir à la situation. Son ventre gargouille. Trop concentrée à chercher Aris, Saya en a oublié de s’acheter à manger et autour d’elle, il n’y a que des habitations.
La jeune femme n’a rien de plus à faire dans ce quartier et décide de redescendre vers le centre-ville et de passer la nuit à l’auberge grâce à l’argent que lui a donné Connor avant de l’envoyer à Bourg Ceos. Saya marche tranquillement dans les artères de la ville tout en prenant garde à éviter les ruelles dangereuses, car bien que ses amis lui aient appris quelques combines et lui aient donné un couteau, la jeune femme ne pense pas pouvoir assurer un combat si elle venait à être agressée.
C’est alors qu’en passant devant une ruelle sombre, Saya semble y voir des silhouettes menaçantes. Elle sait que le soir, de nombreux vagabonds s’abritent au fond des impasses afin de ne pas se faire prendre par les gardes de la ville, mais un mauvais pressentiment s’empare d’elle. Saya sent que les personnes qu’elle vient d’apercevoir la regardaient. La danseuse accélère le pas en espérant pouvoir rejoindre rapidement une avenue ou du moins, un endroit plus animé.
Malheureusement pour elle, en jetant un coup d’œil derrière elle, Saya se rend compte que quelqu’un la suit et avant qu’elle ne puisse tenter de le semer, une autre personne sort d’une ruelle devant elle. Sûrement l’inconnu a-t-il emprunté un chemin qui lui a permis de la devancer. Saya est maintenant prise en sandwich. Elle sent l’angoisse monter et veut appeler à l’aide, mais son traumatisme l’en empêche. La jeune femme sort son couteau alors que les deux inconnus approchent.
— Alors ma jolie ? Ta mère ne t’a jamais dit que c’était dangereux de se balader seule le soir ? dit l’un d’entre eux avec un sourire pervers.
Saya tente de l’attaquer, mais elle est rapidement désarmée. L’homme lui saisit le poignet, mais encore une fois, la jeune femme ne se laisse pas faire et tente d’appliquer l’un des conseils que lui a donné Alex. Un coup de pied bien placé dans l’entrejambe. Malheureusement, son agresseur la voit venir et évite l’attaque.
— C’est qu’elle a du caractère, rigole le second en venant se coller derrière la danseuse.
Saya commence à avoir vraiment peur. Elle qui pensait que tout ça était derrière elle, voilà qu’elle va se faire agresser la première fois qu’elle se retrouve seule depuis qu’elle a rejoint le groupe.
C’est alors que l’homme qui lui tenait le poignet reçoit un projectile derrière la tête. Surpris, il regarde par terre et se rend compte qu’il s’agit d’un trognon de pomme. Saya comprend aussitôt qui vient de lancer l’objet alors que son agresseur, lui, se retourne. À peine a-t-il le temps de voir la silhouette désinvolte du bienfaiteur que ce dernier sort une hachette et la lance sur l’homme. Le pauvre la reçoit en pleine tête et le crâne fendu, il s’écroule.
Saya en profite pour aller se réfugier derrière Aris qui avance lentement vers le second agresseur qui, paniqué, se jette sur l’aventurier. Ce dernier esquive la première attaque et saisit son adversaire à la taille afin de le plaquer au sol.
Aris domine le combat et frappe l’homme au visage tandis que Saya s’empresse de récupérer son couteau et le pointe en avant le temps de connaître l’issue du combat. L'aventurier obtient rapidement la reddition de son adversaire sans même avoir encaissé un coup. Fier de lui, il se relève et refait le col de son manteau avant d’aller récupérer sa hachette.
— On ne devrait pas rester ici, des gardes vont arriver… Tout va bien ? demande-t-il finalement en se tournant vers Saya.
La jeune femme ne lui répond pas, mais il la voit, furieuse, donner un coup de pied dans l’entrejambe de l’agresseur toujours en vie.
— On dirait que tout va bien, constate Aris en grimaçant de douleur par empathie.
Un peu plus tard, Saya et Aris sont attablés dans une petite taverne discrète du quartier. L’aventurier a proposé à la jeune femme de lui payer à boire afin de la rassurer dans un premier temps, puis de savoir ce qu’elle fait seule à Bourg Ceos.
— Où sont Connor et Alex ? demande-t-il une fois leurs boissons servies.
Saya veut répondre, mais le stress de l’agression est encore bien présent et provoque un blocage. Étant dans l’incapacité de parler pour le moment, la jeune femme se contente donc de sortir la lettre de Connor de sa poche et de la tendre à Aris. Ce dernier l’ouvre et commence à la lire à voix haute tout en jetant un regard intrigué à la jeune femme.
— “Aris, si tu lis cette lettre, c’est que Saya a un blocage et n’arrive pas à parler. C’est dû à un vieux traumatisme…”. Oh je vois, tu as besoin de te sentir en confiance.
Saya hoche la tête après avoir bu une gorgée de sa boisson.
— “... Je suppose qu’il y a de l’agitation en ville, c’est pourquoi j’ai envoyé Saya qui est la seule à ne pas avoir de prime sur sa tête…”. Il n’a pas tort. On dirait que tous les chasseurs de primes de la région sont à Bourg Ceos. J’espère qu’il n’est pas resté dans la carrière.
La danseuse fait non de la tête tout en faisant signe à l’aventurier de poursuivre sa lecture.
— “... Saya sait où on se trouve et elle doit nous rejoindre dans la nuit afin d’éviter d’être suivie. Elle devait acheter des vêtements chauds pour aller sur l’île Boréale et te retrouver pour que tu nous serves de guide…“. Tu risques d’être en retard. J’espère que ça ne va pas inquiéter tes amis.
La jeune femme regarde Aris sans savoir quoi répondre. Connor l’a prévenu qu’elle pourrait avoir un peu de retard sans que ce soit inquiétant, mais elle ne sait pas à partir de quand cela le deviendra.
— “... Si te demander ce service ne suffit pas, sache que la bourse que je t’ai offerte ne représente rien par rapport à ce que je peux t’offrir…”. De ce qu’il peut m’offrir ? demande Aris en regardant Saya.
La danseuse hausse les épaules. Elle n’en sait pas plus que lui.
Sûrement parle-t-il d’argent, mais peut-être parle-t-il d’autre chose. La jeune femme est en train de réfléchir lorsqu’elle voit Aris sourire.
— Tu sais quoi, Saya ? Ton ami m’a rendu curieux. On devrait les rejoindre maintenant., dit l’aventurier en se levant.
La jeune femme veut le retenir pour lui signaler qu’elle n’a pas eu le temps d’acheter les vêtements, ce à quoi Aris lui désigne un paquet accroché à son sac à dos.
— J’ai dépensé la bourse que m’a donnée Connor pour acheter des vêtements… Je reste un aventurier, je n’allais pas passer à côté d’une telle occasion.
Aris se met à rire en passant devant Saya et lui tapote affectueusement la tête avant de sortir de la taverne.
Le soleil est encore bien loin de se lever lorsqu’Aris et Saya arrivent au bord d’un petit ruisseau qui coule vers le bas de la vallée. L’aventurier sent l’odeur d’un ancien feu de camp qui vient d’être éteint. Il sait que leur arrivée a été remarquée. Aris sort sa hache afin de parer à toute éventualité lorsque Saya brise le silence pesant en appelant son ami. L’instant d’après, la zone est de nouveau éclairée par un petit brasero creusé à même le sol.
Connor a le genou à terre, le sabre dans une main et un briquet dans l’autre. Il reste silencieux et retourne s’installer au pied d’un arbre. Alex dort à côté.
— Content de vous voir tous les deux… Il n’y a pas eu de problème ?
— J’ai été agressée… Mais Aris m’a aidé.
— Merde… Merci Aris, remercie Connor d’un signe de tête.
— Pas de problème. Je n’allais pas abandonner un compagnon de route dès le départ, répond l’intéressé en venant s’asseoir face au voleur.
Pendant ce temps, Saya s’assied non loin du feu et se met à bâiller. Elle ne tarde pas à s’endormir.
Une fois tranquilles, Connor et Aris peuvent discuter plus librement.
—Je savais que tu viendrais, dit le voleur. Tu as dit être un aventurier, jamais tu n’aurais refusé de nous accompagner.
— C’est vrai… Je dois avouer que ton histoire m’intrigue et c’est d’autant plus le cas depuis que j’ai lu ta lettre. Je suis curieux de savoir pourquoi et comment tu peux réaliser mon rêve.
— Je ne peux pas encore répondre au “comment”, mais je peux te promettre de tout mettre en œuvre pour y parvenir…
— Tu ne devrais pas parler trop vite, sourit Aris. Tu ne sais même pas quel est mon rêve.
— Alors je t’en prie, dis-moi.
L’aventurier marque une pause et sort une pomme qu’il a volée, plus tôt dans la journée. Il croque dans le fruit tout en le regardant.
— J’aimerais pouvoir trouver un petit morceau de terre où m’établir et y cultiver des pommes, finit-il par dire.
— Ce n’est pas quelque chose qui me semble compliqué à obtenir, pense Connor à voix haute.
— Malheureusement, avec toutes les guerres, les maladies et je ne sais quels autres malheurs, il est de plus en plus difficile de vivre paisiblement.
— Dans ce cas, je te promets de tout mettre en œuvre pour que tu puisses avoir ton propre verger et vivre la vie que tu souhaites.
— Tu es vraiment quelqu’un d’intriguant, Connor, rigole Aris en prenant une autre bouchée.
— On me le dit souvent… Malheureusement, depuis que j’ai quitté Kimenir, je ne fais que me heurter à plus intriguant que moi.
— Que voudrais-tu savoir ? demande l’aventurier en comprenant où veut en venir son nouvel ami.
— Toi qui as un pouvoir, que peux-tu me dire à leur propos ?
— Les pouvoirs sont hérités des dieux et pour les obtenir, il faut être en possession de la clé du temple que tu convoites, mais ça, je suppose que tu es déjà au courant.
— En effet… Je veux en savoir plus sur leur classification, leurs faiblesses, leurs forces.
— Il existe un Grand Almanach des Temples qui est consultable à la Bibliothèque d’Ulkarmalion. Ce livre explique que certains liens peuvent être faits dans la descendance des clés. Dans mon cas, le pouvoir de l’horloger descendrait directement du pouvoir de Zana, la déesse du temps, mais cette classification n’est pas toujours fiable. Les gens préfèrent plutôt classer les pouvoirs en fonction de la génération du dieu qui y est associé et donc, de sa puissance. Mon pouvoir est de niveau Or, donc de septième génération.
— Comment est-ce que tu peux identifier la clé que tu possèdes ? demande Connor.
— Tu en as une ? questionne Aris, étonné.
— Non, mais j’en ai déjà vu une qui était magnifiquement sculptée dans un métal aussi blanc et aussi froid que la glace.