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James, un jeune homme autiste doté d'une détermination sans faille, a toujours aspiré à devenir avocat pour défendre les injustices. Soutenu par l'amour de sa mère et la protection de son frère, il surmonte les défis et obtient son diplôme en droit. Dès le début de sa carrière, James est plongé dans une affaire complexe où une femme prétend avoir trouvé son mari mort dans leur sous-sol. En parallèle de cette enquête palpitante, il découvre des sentiments naissants pour sa collègue Louise et doit apprendre à gérer ses relations avec les autres, parfois entravées par son comportement critique. Avec l'aide précieuse de sa psychologue, James s'efforce de concilier son dévouement professionnel et les turbulences de sa vie personnelle. Va-t-il réussir à démêler la vérité dans cette affaire troublante tout en trouvant un équilibre dans sa vie personnelle ? Et parviendra-t-il à canaliser son esprit critique pour bâtir des relations harmonieuses malgré son autisme ?
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Seitenzahl: 297
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Un grandissime merci à
Taniasans qui ces livres
ne seraient pas ce qu'ils sont.
Également, un grand merci à mes sources
d'inspirations, Gaëlle, Louise, ainsi que toutes
les personnes qui ont crues en moi et qui m'ont
permis page après page d'écrire ces romans.
DIPLÔME MÉRITÉ
RECHERCHE D'EMPLOI
VISITES
NOUVELLE EMPLOI
NOUVELLE PARTENAIRE
SUIVIS
COMPTES
OUÏE MISE À MAL
SILENCE
PRESQUE SANS NOUVELLE
VRAI DU FAUX
MANQUE
ACTIONS
MÉPRIS INCONTRÔLABLE
AIR FRAIS
SOURIRE AUX LARMES
PROCÈS
PREMIERS COMBATS
ANTI-GASPILLAGE
SENS À AIGUISER
REBONDISSEMENTS
PANSEMENT
DÉSILLUSION
SANS NOUVELLE
"Nombre d'années ont passé depuis, mais je garde cet événement tragique en tête. Je n'arrive pas à tourner la page. J'aimerais tant pourtant... L'abandon par un être cher ". Ces quelques mots tirés de mon vécu résument la raison pour laquelle je crois en mes convictions.
Je suis persuadé que vous connaissez bien cette sensation que j'essaie de faire ressortir, issue de votre propre expérience. Vous avez sûrement en tête un souvenir en particulier que vous n'arriviez pas à vous défaire, alors que vous espériez de tout cœur vous en libérer. Vous avez lutté sans merci contre ces rappels douloureux pendant des années.
Et un beau jour, quand vous ne pensiez plus jamais les revoir dans votre vie - c'est à ce moment précis que je vous parle ! - lorsque tous vos sens sont en veille et que vous n'êtes pas méfiant dans votre routine quotidienne, cet événement décide de refaire surface.
Vous vous demandez comment l'affronter de nouveau ? Eh bien, il suffit de faire appel à moi, car aucun acte malsain à votre encontre ne doit rester impuni. Peu importe le temps qui se sera écoulé, tant que justice n'aura pas été rendue, je serai là pour faire valoir vos droits, afin qu'un jour, vous puissiez reconstruire une vie saine sur de nouvelles bases solides.
Mon existence m'a mis face à de multiples défis à relever. Étant pour le moins égocentrique, je ne le cache pas, j'aime raconter mes histoires, tout du moins mes réussites personnelles en particulier. Je suis doué, il n'y a pas de doute là-dessus.
Alors, je serai l'homme de la situation. Cependant, il faut que je vous mette en garde, j'ai un défaut majeur : j'aime juger et je ne me fie qu'à ce que je vois et entends ! C'est un point de mon caractère très ironique, car moi-même, j'ai été jugé toute ma vie et continue de l'être constamment.
Ah, j'ai peut-être omis une chose à mon égard que vous ne tarderez pas à apprendre.
Elle a un teint magnifique, des yeux d'une clarté inégalée et son corps... j'en suis fou depuis un bon moment déjà. Je ne sais pas pourquoi je ne lui ai jamais dit, enfin si, c'est à cause de ce que je représente aux yeux des autres.
Tellement de pensées me viennent à l'esprit lorsque je l'observe. Son parfum aux arômes orangés, dont je ne peux me lasser. Son regard profond, bleu comme une mer turquoise immaculée, et ses cheveux roux qui brillent de mille feux lorsqu'un rayon de soleil les caresse.
Sa mâchoire fine mais robuste, ses pommettes bien dessinées lorsqu'elle s'esclaffe et ses clavicules proéminentes lui donnent un tout féminin, adorable, mais n'effacent cependant pas son caractère en acier forgé que j'apprécie tout autant.
Je baisse les yeux lorsqu'elle passe à un pas de moi pour s'installer sur une chaise non loin. Mon cœur s'emballe, mes lèvres s'agitent, je ne peux m'empêcher de lui adresser la parole.
— Bonjour... Louise. C'est bien ton nom, hein ? Parce que moi, c'est James ! James KINGSON.
Sérieusement, je viens réellement de lui demander comment elle se nomme ! Je mériterais qu'on me gifle parfois. D'ailleurs, je trouve ça drôle que personne n'y ait encore jamais songé. Maudit soit celui qui m'a donné ce langage si infect. Un langage que je qualifierais de "neuneu ".
Bon, peut-être est-ce dû à mon handicap ? Je n'arrive pas à gérer mon stress, mon anxiété et je ne supporte pas le regard que me portent les autres humains lorsque je les interpelle. C'est sûrement pour ça que je suis si différent. C'est infernal et invivable.
— Hum, oui, James. Tu es au courant que nous avons passé toutes nos années d'études dans le même amphithéâtre, n'est-ce pas ? Et il est très difficile de te rater, crois-moi.
Pourquoi, dès que j'adresse la parole à une personne, elle se sent dans l'obligation de me rabaisser ? Je la trouve hautaine, à peine croyable. Madame, qui n'a aucune maladie de naissance, s'octroie le droit de me répondre de la sorte ! Deux mille vingt-deux... Encore une année qui pour moi sera désavantageuse jusqu'au bout, je le sens... Quelle triste ironie, je me fais là, jamais une seule année de ma vie ne sera aussi heureuse que pour une personne dite "normale "!
— Ah, oui, tu as raison. Je voulais juste te dire bonjour. Alors, bonjour Louise. C'est une super journée aujourd'hui, je suis très heureux d'être là.
— Oui, bonjour James. Moi aussi, je suis très heureuse, je pense qu'on l'est tous.
Elle s'éloigne de moi après avoir levé les yeux au ciel. Je suis définitivement nul avec les femmes. Pourtant, ce n'est pas comme si j'étais repoussant. Face à un miroir, je peux y voir un homme svelte, grand, brun aux yeux marron brillants, doté d'une mâchoire carrée proéminente, qui prend soin de lui et aime particulièrement plaire aux autres. Je pourrais être décrit comme un métrosexuel. Concrètement, je prends autant soin de moi, du moins j'essaie, qu'une femme. Et pour ma part, c'est loin d'être un défaut ! J'ai passé un nombre important d'années sur les bancs d'école à côtoyer des hommes crades qui puaient la transpiration. Au fond de moi, je rêve d'un monde rempli de métrosexuels.
Mon véritable "problème" est donc tout autre ; je suis atteint d'une TSA, un trouble du spectre autistique et plus précisément d'Asperger. Néanmoins, l'être qui m'a créé a cru bon de me doter d'une intelligence hors norme. J'arrive à visualiser certaines choses dont vous ignorez l'existence, comme percevoir à travers l'aura des autres leurs pensées les plus profondes. C'est ma différence et j'en suis très fier. C'est ce que les médecins appellent le syndrome du savant.
Ce qui fait de moi un autiste ne ressemble pas aux autres de prime abord. Si je passais à côté de vous dans la rue, vous me trouveriez insignifiant et ne daigneriez même pas me regarder tant je suis commun. Je suis comme vous, en fait ! Un être à l'apparence banale, jusqu'à ce que je vous adresse la parole. Mes manières maniaques, mon regard parfois vide qui ne vous fixera pas une seconde et ma tonalité de voix monotone me trahiraient. Le syndrome d'Asperger crée majoritairement un déficit de l'apprentissage du langage et de la communication dès le plus jeune âge. Hormis cela, je suis meilleur que vous dans presque tous les domaines !
Inopinément, dans la société dans laquelle nous vivons, il est bien d'éviter de le crier sur tous les toits. Car avoir une grosse différence, sonne mal dans l'esprit de bon nombre d'humains. Que ce soit lié à mon QI ou au fait que je sois atteint d'autisme. Vous ne trouvez pas ? Ce blocage psychologique me donne encore bien plus de difficulté à m'intégrer, à converser avec les autres sur divers sujets, voire à exister aux yeux des autres.
Pourtant..., au fond de moi, je suis l'homme dont j'adorerais que les personnes me voient. Un jeune homme chaleureux, intelligent, qui ne s'intéresse pas seulement à sa petite personne, mais bien un ami sur qui l'on peut réellement compter. Peu d'individus acceptent la différence à bras ouverts, la plupart du temps c'est pour se faire bien voir des autres. Typiquement comme ces horribles personnes qui se filment sur les réseaux sociaux pour venir en aide aux sans-abris. Cela rend le geste malsain.
"Ami", un mot si abstrait pour moi. Je n'aime pas sortir de ma zone de confort, alors je n'ai jamais vraiment réussi à m'en faire tout au long de ma vie. Ce qui expliquerait également que cette cause est sans doute liée à l'un de mes défauts majeurs : le jugement. J'adore ça et je ne peux pas m'en passer. C'est bien le comble pour une personne comme moi de juger ce qui est différent, alors que je le suis moi-même.
Bon, il faut sérieusement que je change de sujet. Aujourd'hui est un autre jour et une journée peu banale. Je dois laisser mes souvenirs négatifs derrière moi. Aujourd'hui est le début de ma nouvelle vie. Après des années d'études, me voilà enfin diplômé.
Si je ne suis rien aux bons vouloirs de mes semblables, ce n'est plus le cas de la société. Je suis quelqu'un, ça y est ! J'attendais ce moment depuis que je suis tout petit, depuis que je sais ce que je veux faire dans la vie.
Malgré mes différences sur le plan mental par rapport aux autres, j'entends, j'ai bien su mettre en avant toutes mes qualités. Pour mieux comprendre ce que je veux dire, je vais vous les énumérer. Je suis à l'écoute de qui veut bien venir me parler, à condition qu'il ne soit pas démuni d'intelligence et que ses propos aient du sens. Après tout, mon avenir sera en partie mis sur le chemin de personnes qui solliciteront mes oreilles et mon professionnalisme.
— James ! Concentre-toi un peu, tu as l'air d'être dans la Lune. Et reste assis.
— Pardon, oui. J'arrête de regarder en l'air, je regarde devant moi. Je sais que je peux y arriver.
— Bien sûr que tu peux y arriver, mon chéri.
Un autre grand défaut. J'ai un ego surdimensionné. Peu importe la personne avec qui je parle, j'ai l'éternelle sensation d'être sous-estimé. Cela m'est tout bonnement invivable, alors je mets ça sur le compte de son imbécilité. Pour qui me prennent-ils ? Je suis le plus beau, le plus fort et le plus érudit ! Mes qualités ? Il me faudrait la patience d'écrire un roman pour toutes vous les citer.
Trêve de plaisanteries. Je n'ai plus beaucoup de temps avant que l'on me dérange à nouveau. Je suis quelqu'un capable de résoudre n'importe quel problème, tant que celui-ci ne touche pas aux femmes, bien trop complexes pour moi. Je sens comme une touche de misogynie dans mes pensées là…
Ensuite, je n'abandonne jamais. C'est grâce à ce trait de caractère que j'en suis là. Pour finir ma petite liste, je réussis tout ce que j'entreprends ! Un avantage pour mes futurs clients, quand ils verront leur désir se réaliser, quand je leur obtiendrai JUSTICE !
Mon futur métier : avocat. Maître KINGSON. Je suis impatient que l'on me nomme ainsi. Au fait, encore une petite précision, je suis le plus jeune diplômé de l'histoire. À seulement treize ans, j'ai acquis mon bac scientifique sans trop de difficulté. Vu l'état de l'éducation nationale, je ne trouve pas que ça soit un exploit. Puis j'ai immédiatement intégré une faculté de droit, de mon choix, à Paris.
J'ai dix-neuf ans. L'âge du plus jeune avocat à le devenir. Je suis sûr de rentrer dans l'histoire. Toutefois, je ne veux en aucun cas que l'on associe cette réussite au fait que je sois atteint d'une maladie de naissance... Sinon, je sais sur quel sujet porteront mes premières procédures !
— Allez James, assieds-toi maintenant ! Tu as assez observé le monde qui t'entoure. Fais un effort aujourd'hui, ne m'oblige pas à monter la voix devant toutes ces personnes.
— Je m'en fiche des autres, moi.
— Oui, bon, écoute-moi et tout se passera bien.
Ma mère... Je l'aime de tout mon cœur. Elle est à mes yeux la seule personne sur cette terre à voir en moi plus loin qu'un simple humain en situation de handicap. Si j'en suis là aujourd'hui, je dois l'admettre, c'est également grâce à elle. Je souhaiterais tant lui déclarer ce que je ressens, ce que j'ai au plus profond de moi. La remercier de tout ce qu'elle a fait, mais j'en suis incapable. Ce serait pour moi une façon de me discréditer : "L’homme qui s’est fait grâce à sa mère ! "
Quelle classe, je m'imagine bien l'entendre à longueur de journée par les frustrés qui n'auront pas réussi à obtenir leur diplôme du premier coup !
Au fond de moi, je suis persuadé qu’elle en a conscience. Elle sait que je la remercie du plus profond de mon être. Ça y est, enfin ça bouge sur l’estrade, juste en face de moi. On est nombreux dans cette vaste salle, cette promotion risque de durer une éternité.
— Bonjour à vous chers élèves, chers parents. Si nous sommes réunis ici tous ensemble aujourd’hui, c’est avant tout pour féliciter le travail acharné des futurs diplômés.
Bla bla bla, que de la gueule celui-là. Le directeur de l’établissement, que l’on devrait plutôt nommer comme "l'homme au cul bordé de nouilles ". Je suis persuadé qu’il n’a pas eu beaucoup à travailler pour arriver là où il en est aujourd’hui.
Tous ceux qui l'entourent disent de lui qu'il fait un métier prestigieux... Il est né dans une famille prestigieuse surtout ! Tout lui a été mâché, il lui a seulement fallu avaler. Je parie que même ça, a été trop compliqué pour lui. Ah, elle est belle l’aristocratie du monde moderne, un monde de pistonnés !
Ma mère, célibataire contre son gré, a dû se démener, avec son "petit salaire ", pour pouvoir payer mes études. Je me suis promis de lui donner une meilleure vie, de la remercier à ma façon dès que je serai entré dans la vie active.
Pouvais-je l'aider d'une quelconque manière ? Non ! Avec la masse de devoirs que l’on nous donnait, il était tout bonnement impossible de cumuler école et travail. Après, je dois admettre que l’État nous a bien aidé. J’ai pu accumuler des bourses et je n’ai jamais été dans le rouge. Même si je n'ai jamais vraiment compris le métier qu'elle faisait réellement…
Puis, ce n’est pas pour être jaloux de leur situation, à tous ces privilégiés, mais la plupart des élèves sont des fils à papa, sans aucun problème d’argent. Ils aiment le montrer et le faire comprendre aux autres. Eux vivent dans un autre monde. Payer pour réussir doit être normal pour eux… Avec ce qui se passe dans notre monde, je trouve leurs comportements indécents.
Quelle fierté d’avoir réussi "seul ", avec ses propres moyens et le dur labeur de ma mère !
— J’espère que la cérémonie d’ouverture vous plaît. Pour commencer en douceur, je vais appeler la personne qui a très certainement, le plus de mérite parmi nous.
J’en étais sûr, pourquoi se sent-il obligé de toujours parler de moi en premier. Il y a sûrement quelqu’un d’autre de plus intéressant, non ?! Un autre élève méritant ! Après, je peux le comprendre, je suis jeune, je suis doué. En plus de ça, j’ai des facilités à…
— Allan BARRY. Venez me rejoindre s’il vous plaît mon garçon.
PARDON ! Il existe donc bien une personne de supérieur à moi ? Hilarant. Qui plus est, ce nom de famille est pour le moins dépassé. Non, mais qu’a-t-il fait pour récolter cet honneur de plus que moi ?
Je m’emporte très vite lorsque l'on titille mon égo et davantage lorsque j'ai des pensées, que je sais hautaines et remplies de sarcasme. Avant d'émettre d’autres jugements précipités, je vais d’abord entendre ce qu’il a à nous dire d'intéressant pour mériter ce premier honneur, peut-être serai-je surpris.
— Merci à vous tous pour votre accueil chaleureux. Ces dernières années ont été pour moi, ainsi que pour tous mes camarades présents, une période difficile, multipliant les cours intenses, dans lesquels la moindre seconde d'inattention pouvait être fatale avec, bien entendu, des devoirs dignes des plus grosses affaires de l’histoire, à tenter de décrédibiliser les plaidoiries adverses et j'en passe. En y repensant, que de bons souvenirs, que de bonnes nuits blanches surtout ! Pour conclure, je souhaite à tous les diplômés, une vie riche en émotion et une longue carrière. Pour ma part, je prônerai l’altruisme… Je plaisante bien sûr ! Je vais de ce pas, chercher les clients les plus fortunés ! Bonne journée à vous et n'oubliez pas que l'on n'a qu'une vie, alors faites-vous plaisir et envoyez ceux qui ne sont pas du même cran que vous au tapis.
Je reviens sur mes propos. Dire que c’est à lui que l’on a donné la parole… Ça me donne littéralement envie de vomir. Et pour en rajouter, toute la salle se met à applaudir.
Mais dans quel monde vivons-nous ? Rien qu’à sa façon de m’observer, je vois que ma mère est d’accord avec moi. D’ailleurs, son regard perçant en dit long. Elle détourne son regard de moi après quelques instants comme elle a l'habitude de le faire, sachant que je n'aime pas ces échanges de longue durée.
Bon allez, j'arrête de me plaindre, il y a quand même de bons côtés à cette journée. J’ai pu parler à Louise, cette douce Louise...
Puis cette salle, que dire de plus si ce n’est qu’elle est magnifique. Non, splendide. On sait où l’argent des élèves passe chaque année. Du marbre partout, jusque sur les colonnes qui soutiennent le premier étage, recouvertes d’or vingt-quatre carats, si ce n'est plus. Du rouge de partout, absolument pas digne d'un des plus grands théâtres alors que nous sommes simplement dans une école certes cotée, mais ça reste une école !
Où va-t-on ?! J’espère sincèrement que j’arriverai à faire changer les choses dans ce monde de privilégiés et de capitalistes outranciers en tout genre. On a besoin de moi, je le sais ! Le chauve au ventre proéminent reprend le micro, j'ai hâte de savoir qui il va appeler à présent.
— Merci à toi Allan, toujours aussi hilarant celui-là... Maintenant, nous allons accueillir un garçon étonnant. Malgré sa personnalité particulière, il a réussi à faire face à toutes les difficultés et au travail intensif de cette école. Son mental d’acier a fait qu’il parvienne à ce niveau et réussisse haut la main ces années d’études. Je demande à James KINGSON de venir me rejoindre à présent.
J'ai entendu dire, il n'y a pas si longtemps, que la première place des écoles était donnée à celui dont les parents avaient réalisé le plus gros don. La deuxième est donc finalement la vraie première place !
Ça y est, c’est à moi. Allez, donne-moi ce fichu diplôme et qu’on en finisse. Ici, je ne me suis jamais vraiment senti accepté. Je me lève, mes mains tremblotent, mais j'essaie de faire abstraction.
J'observe mon environnement en avançant à travers les nombreuses rangées qui me séparent de l'estrade. Bizarrement, ça me paraissait plus proche quand j’étais assis au côté de ma mère.
Une femme d'un certain âge semble ne pas apprécier que je passe devant elle. Eh oui, Madame, quand une personne se lève de sa chaise, la plupart du temps, c'est pour passer. Allez, on se pousse ! D'ailleurs, vous devriez m’applaudir plutôt que de râler parce que vous devez bouger. Vous avez simplement de la chance que je n’ose pas vous adresser la parole. Je vous aurais remis à votre place, vous et votre regard perçant. Une dernière chose... Est-ce votre mari à côté ? Intéressant. Apparemment, il est captivé par une autre personne, bien plus jeune et plus belle que vous. Monsieur a du goût, à ce que je vois. Cependant, au vu de son âge et de celui de l'autre personne, il devrait se faire suivre !
Bon, allez James, concentre-toi. Une, deux, trois marches. Oublie que tout le monde te regarde, oublie qu'une personne chère à tes yeux n'est pas dans cette salle pour une raison quelconque, et tout devrait bien se passer.
— Bonjour Monsieur KINGSON, comment allez-vous en ce superbe début de journée ?
— Je vais bien, je suis content d'être ici.
C'est bon, arrête de parler et de me forcer à répondre, et donne-moi mon diplôme. Il est à moi ! Waouh, tu sais sourire maintenant ? Je n'ose imaginer tes pensées profondes à cet instant. Désolé d'avoir ce genre de réflexions, mais ce n'est pas moi que tu as appelé en premier. Il faut bien que je me venge d'une certaine manière.
Pourquoi reprend-il le micro ? Il ne peut pas simplement me donner ce maudit papier ?! Tout le monde me regarde en souriant, alors que la plupart ne me connaissent même pas. Soudain, je trouve que le temps défile lentement, je n'apprécie pas ça.
— Le jeune homme que vous avez devant vous n’est âgé que de dix-neuf ans et est atteint d'un trouble particulier. Tout ceci fait de lui le plus jeune avocat diplômé de France et très certainement... du monde ! Je vous demande de l'applaudir s’il vous plaît.
Devant moi, une dizaine, non, une centaine de personnes qui ne me connaissent pas me félicitent, me sifflent, m'applaudissent. Mais pour quoi au juste ? Des choses qu'ils ne pourront jamais réaliser ? Je ne comprends pas bien ! D'un résultat dont je suis le "seul " à être récompensé… Encore une belle bande d'hypocrites, je vous l'assure ! Ceux-là même qui, il y a moins d'une semaine à peine, continuaient de me faire vivre une vie de cauchemar et de rejet de la différence. J'ai envie de crier, mais je ne le ferai pas. Allez, je respire un grand coup et je leur récite mon petit discours que j'ai préparé et répété une bonne vingtaine de fois devant mon miroir.
Je le connais sur le bout des doigts, ça va aller.
— Je vous remercie tous. Je tiens juste à vous assurer que, quand on veut atteindre un objectif, il faut y croire au plus profond de soi et cela nous donne l'impression que tout est plus facile, peu importe la difficulté du chemin à parcourir. Il y en a beaucoup ici qui ne pourront jamais arriver à mon niveau, mais ça ne veut pas dire qu'il ne faut pas essayer. . Alors appréciez et échouez, ce n'est pas grave.
Je parle tellement lentement, puis ma voix... rha… Je rêverai qu'un jour, juste une toute petite journée, je puisse être une personne normale. Ne plus me poser de questions pour mille et une raisons, arrêter de mal regarder des passants, pensant qu'ils m'ont eux-mêmes jugé, alors que je ne peux m'empêcher de le faire sans cesse. Je suis une personne horrible en fin de compte.
Un silence de plomb retombe dans ce vaste espace et les regards que me portent tous ces inconnus semblent me faire comprendre que j'ai pu dire quelques mots blessants. J'ai encore beaucoup de mal à comprendre les émotions alors, peut-être, sûrement que je me trompe.
— Ne soyez pas vexé, il a raison, il est brillant, vous pouvez me croire ! Comme James vient de vous le dire. Non seulement il est maintenant titulaire d'un diplôme de droit, mais il est également atteint d'une maladie que vous connaissez très bien, l'autisme. Je souhaite, par son parcours, prouver au monde entier que peu importe les gènes que la nature vous attribue à votre naissance. La seule chose qui fait de vous ce que vous êtes, ce sont vos choix et vos ambitions. James, je te souhaite une très belle carrière. Tu seras très certainement le plus grand avocat que l'histoire aura la chance de connaître. Et je suis plus qu'heureux d'avoir encore suffisamment d'années devant moi pour voir se réaliser les propos que je tiens ici et maintenant.
— Merci, j'espère en effet que vos paroles deviendront réalité.
Ça, c'est fait. J'ai fait couler deux ou trois larmes en passant, tout bénéf pour ma part. À présent, je me mets à côté de toi, Allan. Non, ne t'inquiète pas, ne bouge pas, j'ai largement assez de place avec ton corps frêle.
Ce vieux monsieur n'en rate pas une pour se rendre intelligent. Il me fait, par la même occasion, rire : "encore suffisamment d'années devant moi ", ah le papy. Vu son stade de vieillissement, il est plus proche d'être enfermé dans une boîte que de faire des balades dans les bois !
Ah non, là j'admets que je suis méchant. Finalement, il ne m'a rien fait de mal, il veut juste se servir de moi pour faire sa promotion. Sournoiseries ! Et maintenant, il n'y a plus qu'à attendre que les autres élèves passent avant de prêter serment. Ça, je sens que ça va vite m'ennuyer. Je n'aime pas que l'on attribue aux autres le même mérite que moi et encore moins pendant plus d'une heure. Car, au fond, si un tas de gens sont capables de réaliser des projets que je pense exceptionnels, ils ne le sont plus vraiment. J'apprécie l'idée que je suis et resterai unique.
— Je tiens à tous vous féliciter. Mais avant de vous laisser partir, prêts à affronter le monde. Une dernière chose vous attend.
Non, mais sérieusement, il va nous faire prêter serment tous ensemble… En chœur ?! Qu'est-ce qui se passe, on manque de budget, la salle doit être rendue dans quelques minutes ? Je suis plus que déçu. Je veux rentrer chez moi.
Je jure, en tant qu'avocat, d'exercer mes fonctions avec dignité, conscience, indépendance, probité et humanité.
Et voilà, un engagement à respecter avant même d'exercer. Non, je plaisante, bien sûr que je suis fier de prêter serment. Que le monde s'ouvre à moi à présent, car moi, je m'ouvre au monde.
Aïe, j'ai choisi une profession où les opportunités sont limitées. Je crains que trouver un travail sera un peu plus difficile que ce que je pensais. Là, je suis sur mon ordinateur portable, à ouvrir tous les mails de refus que je ne cesse de recevoir depuis plusieurs jours déjà.
— Non, toujours pas de réponse dans ce cabinet. Là... Négatif, négatif aussi.
Bon, j'ai assez perdu de temps. J'ai bien d'autres choses à faire que de passer toutes mes journées devant mon ordinateur à recevoir ce genre de réponse. Ils ne voient pas ce qu'ils perdent !
— Je suis stupide, stupide, stupide.
Attends, je n'ai jamais mentionné ma situation de handicap. Les articles L 5212-1 et L 5212-2 du Code du travail vont m'être d'une grande utilité. Je ne sais pas pourquoi je n'y avais pas pensé plus tôt.
Allez, je m'y mets maintenant. Je dois trouver une entreprise d'une vingtaine de salariés pour espérer avoir le droit de revendiquer cet article de loi. Ne jamais remettre à demain ce que l'on peut faire aujourd'hui. C'était la devise de mon père, avant qu'il décide de nous… Je n'aime pas dire ce mot maudit, même dans mes pensées !
— Bonjour à vous. Je recherche activement...
Bon, les nouvelles demandes d'entretiens pour espérer rejoindre un gros cabinet parisien, c'est fait. Maintenant, je vais m'occuper comme je peux.
Et si je reprenais la lecture du Code civil que je n'ai pas ouvert depuis un moment ? C'est une bonne idée. Mais où est-ce que j'aurais bien pu le mettre ?!
— Il est dans mon tiroir de bureau, je suis sûr qu'il est dans ce tiroir, c'est là que je stocke tous mes livres de droit ! J'adore lire.
Mon téléphone se met déjà à sonner après quelques instants de lecture ! Qui cela peut bien être ? Il est à peine midi. Je vais décrocher et bien voir ce qui se cache derrière ce numéro masqué. Que je déteste ne pas savoir qui j'ai au bout du fil avant de devoir prendre la parole !
" — Bonjour, vous êtes bien Maître KINGSON ?
— Ou… Ou… Oui.
— Je ne vous dérange pas, j'espère.
— Non madame, pas du tout. Enfin si, peut-être un peu. Je lisais le Code civil qui est très intéressant. Je suis au chômage, je ne trouve pas de travail depuis que j'ai eu mon diplôme il y a quelques jours. Je commence à m'inquiéter, c'est pour ça que je lis, pour faire descendre mon anxiété.
— Alors, vous allez être heureux. J'ai une très bonne nouvelle à vous annoncer. Votre candidature que vous venez de nous faire parvenir nous intéresse grandement. Quand êtes-vous disponible monsieur KINGSON, pour un entretien ? On a hâte de vous rencontrer. "
Eh bien, je ne m'attendais pas à une réponse aussi rapide d'un quelconque cabinet ! Tant mieux, devrais-je dire.
Après, je me doute qu'ils sont d'abord séduits par mon statut de handicapé plutôt que de mes compétences. Je devrais accepter l'entretien et voir ce qu'ils ont à me proposer, c'est gagnant-gagnant. J'ai besoin de travailler ! Le monde a besoin de moi, rapidement !
Mais avant toute chose, je pense qu'un petit recadrage ne serait pas de trop. Il est inadmissible d'interpeller une personne, un inconnu, sans même daigner se présenter.
" — Qui êtes-vous, Madame ?! Vous ne vous êtes même pas présentée ! Je n'aime pas parler à une inconnue. D'habitude, je raccroche pour moins que ça.
— Oui, vous avez tout à fait raison. Veuillez m'excuser, commençons par les bases. Je me présente, je suis Maître ROSE. Avocate à la cour de Paris depuis une décennie maintenant et collaboratrice d'un grand avocat qui ne vous est pas inconnu. Maître GAPRA, je pense que son nom vous est plutôt familier. Je ne pense pas me tromper, n'est-ce pas ? "
Maître GAPRA ! Bon sens, j'ai envoyé ma candidature à son grand cabinet, sans même m'en apercevoir ! Comment est-ce possible sérieusement ? Ou bien ce doit être un nouveau qu'il a créé avec des collaborateurs à lui, il y a peu de temps.
Et c'est bien lui qui a envie de me contacter ! Je crois être dans un rêve, c'est inespéré. Peut-être bien qu'en fin de compte, il est vraiment intéressé par mes qualifications. Après tout, avec du recul, qui ne le serait pas ! Je peux enfin envisager une vie sans jugement avec un tel statut social. Maître KINGSON qui devient collaborateur avec l'un des plus brillants avocats du barreau de Paris de ces dernières décennies !
" — Oui, je connais ce nom. J'adore ce nom pour être franc avec vous. Je… Je me dois d'être franc. Je suis très content, madame.
— C'est donc une très bonne nouvelle pour vous. Dans notre cabinet, vous serez accueilli à bras ouverts. Nous sommes vraiment impressionnés par toutes vos capacités mentionnées dans votre CV. Et puis votre âge. Ce serait un vrai honneur de simplement vous rencontrer pour tout vous avouer, monsieur KINGSON. Auriez-vous une date à nous donner pour notre entretien, ou une heure dans la journée qui vous conviendrait ?! Le plus tôt sera bien évidemment le mieux. "
Je suis persuadé que d'autres propositions me parviendront d'ici à ce soir, donc qu'elle arrête immédiatement avec son débit de parole sinon j'irai voir ailleurs.
Rien à foutre de son cabinet, rien à faire de Maître GAPRA, si l'on ne me respecte pas avant même de se rencontrer ! Elle ne sait vraiment pas y faire avec moi… D'ailleurs, on est mercredi, j'ai pris l'habitude d'aller me promener avec maman, donc elle attendra !
" — Non, pas aujourd'hui, je dois aller me promener avec ma maman. C'est plus important, je ne loupe jamais une petite randonnée avec la femme de ma vie.
— Je comprends, ne vous en faites pas. Si je vous laisse mon numéro de téléphone professionnel, auriez-vous la possibilité de me rappeler lorsque vous aurez un moment de libre pour notre rencontre ? "
James, calme-toi. Voilà, ce n'est pas si compliqué de rester courtoise et compréhensive. J'avais l'impression d'être asséné de coups, avec toutes ces questions. Je vais devoir lui inculquer les bonnes manières quand nous nous rencontrerons, même si elle a déjà fait un grand pas pour moi. Ne pas juger ma manière de parler.
Elle doit comprendre que de nous parler comme ça, nous les autistes, pour certains, je l'entends, ça peut nous braquer, voire nous déstabiliser au point de ne plus rien pouvoir faire, durant tout le reste de la journée. Un bon et long moment de gâché par des personnes pressées !
Ce sera donc l'une de mes missions prioritaires, si ce doit être avec elle que je devrais collaborer à l'avenir. Réussir à éduquer mon futur entourage à l'appréhension du handicap, quel que soit celui-ci.
" — Oui, je veux bien votre numéro, je vais le noter sur une feuille. Il me faut un stylo. J'ai trouvé un stylo.
— Très bien, je ne souhaite pas vous le divulguer par vocal. Vous recevrez un courrier électronique en réponse à celui que vous nous avez envoyé. Nous appeler à nouveau nous permettra de créer un lien plus fort qu'un simple mail, vous l'entendez bien ?! "
Et ça y est… Elle recommence, c'est vraiment impossible. Ce n'est pas si compliqué de faire l'entre-deux. Parlez-moi comme si j'étais une personne normale, je ne suis pas différent de vous, madame ROSE !
Entre être strict et trop compréhensible, il y a des limites. Si sa fonction est bien avocate et qu'elle conduit des dossiers clients, je plains ceux qui l'auront pour leur défense et leurs plaidoiries.
" — D'accord, au revoir.
— Vous allez… "
Je raccroche, ça t'apprendra à me prendre pour une guimauve. Je peux également avoir un caractère de merde, comme n'importe qui que l'on prendrait pour une cruche !
Une simple demande pour un poste "lambda " d'avocat, qui se transforme en un entretien psychologique, tout cela parce que l'interlocutrice comprend et a lu que je suis différent d'elle.
À la marge de la société, bien que je fasse tout pour m'intégrer. Elle ruine tous mes efforts, en pensant bien faire, alors que je demande simplement à être NORMAL. Que l'on me voit NORMALEMENT, que l'on ne me juge plus, et par-dessus tout, que l'on me parle comme si rien ne nous différenciait.
Pourquoi ai-je l'impression que le monde entier ne tourne pas rond lorsque l'on m'adresse la parole ? C'est infernal ! Je devrais créer une association pour sensibiliser les hommes et les femmes qui naissent sans "complication ". C'est sûrement une cause perdue d'avance, mais ne pas tenter serait une erreur.
Je n'ose plus regarder l'heure depuis cet appel. Je me suis senti jugé et pris pour un enfant. Même ouvrir le Code civil pour me décontracter ne fonctionne pas, mon esprit est bien trop préoccupé.
— NON !
Quelqu'un toque à la porte de ma chambre et je sais déjà de qui il s'agit. Je ne peux pas faire quoi que ce soit plus de cinq minutes avant que l'on vienne m'embêter !
— Non, non ! Je ne veux pas qu'elle vienne. JE NE VEUX PAS DE TOI MAINTENANT !
Je sais pourquoi elle vient toquer à la porte. Mais ça reste ma chambre et à mon âge je pense avoir le droit à l'intimité que je réclame. Quelle que soit la circonstance.
— Mon chéri, ouvre la porte s'il te plaît.
— NON !
— James... Commence par respirer profondément.
— Pourquoi je devrais ouvrir la porte maman ? Ah, nous allons nous promener maintenant ! D'accord, j'arrive.
Avec un tout petit peu de chance, je suis persuadé que cette fois-ci, ma petite sournoiserie me fera arriver à mes fins !
— James, je ne joue pas avec toi. Donc, ouvre-moi la porte immédiatement, sinon tu peux tirer une croix sur la promenade !
Le roi abdique, je crains que je ne l'aurai jamais, elle gagne sans cesse. Finalement, les chiens ne font pas des chats et je dois bien admettre que si mon intelligence est belle et bien réelle, c'est sûrement grâce à ses gènes.
Je déverrouille les différents loquets que j'ai dû installer sur la porte pour obtenir ce semblant d'intimité que je convoite. Ma mère entre aussitôt.