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Fraîchement diplômée, Nathanaëlle refuse de se plier aux désirs de ses parents pour son avenir et se trouve rapidement déchirée entre deux mondes. La question cruciale se pose alors : où se situe la frontière entre le bien et le mal ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Samantha Diaz se décrit comme une rêveuse romantique qui a besoin d’écrire pour s’évader et faire voyager ses lecteurs. "Les mondes de Nathanaëlle" complète la trilogie de Nelle. Il est le fruit de l’imaginaire de son auteure, influencé par l’amour, la magie et le mystère.
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Seitenzahl: 455
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Samantha Diaz
Les mondes de Nathanaëlle
Roman
© Lys Bleu Éditions – Samantha Diaz
ISBN : 979-10-422-2224-6
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Pour une amie de longue date qui depuis quelques mois est devenue ma meilleure amie, ma confidente, ma sœur de cœur. Ce livre est important pour moi, je me plonge dans un nouvel univers où règnent mythologie, rêve et romance. J’espère qu’elle appréciera l’histoire.
Je viens d’avoir mon diplôme, celui qui me permettra si je le souhaite d’aller travailler dans les champs avec mes parents. Mais moi, je ne veux pas de cette vie-là. Mon grand frère et ma grande sœur ont toujours été prédisposés à faire ça. Ça n’a jamais surpris personne quand ils sont revenus travailler à la ferme après avoir obtenu leurs diplômes, pour la plus grande fierté de mes parents.
Moi j’ai envie de voyage, d’aventure, de découverte. Le plus loin où je suis allée c’est à 30 km de chez moi. En 19 ans ce n’est franchement pas glorieux ! Mes parents n’ont ni le temps ni l’argent pour nous permettre de partir.
Mes faibles économies ne me permettront pas de voyager bien loin ni bien longtemps. Au mieux j’irai dans la ville voisine visiter leur super cave à vin et je rentrerai complètement soûle et les poches vides.
J’ai ce grand défaut d’être une rêveuse, je suis facilement distraite.
Un dernier coup d’œil dans la glace et je suis enfin prête à partir au bal de fin d’année où je suis conviée et surtout invitée par Alban. Le fils de nos voisins les plus proches. Ils sont dans la ferme à deux kilomètres de chez nous. Pour mes parents Alban est le mari parfait, je ne manquerai de rien avec lui. Mais c’est peut-être ça le problème. Le côté tout cuit ne me ressemble pas.
J’enfile mes escarpins qui ne font que m’allonger un peu plus la taille et je quitte ma chambre. Ma mère a été sympa de me coudre cette magnifique robe noire qui me donne un côté sérieux et femme fatale. Chignon haut et rouge à lèvres, ma tenue est parfaite.
Vu le regard et sourire que me fait Alban, il aime.
Décidément nous ne nous comprendrons jamais lui et moi.
Ma sœur et ma mère m’embrassent et je suis Alban jusqu’à sa voiture.
Par chance il a quand même pas mal d’humour et se met à rire.
En quinze minutes à peine nous sommes sur le parking du lycée. C’est la dernière fois que je viens ici et ça me réjouit d’avance. Mes amies Ève et Noémie m’attendent devant l’entrée. Leurs cavaliers de la soirée ne semblent pas encore arrivés.
Elles avancent en me voyant et me font la bise.
Ève est ma meilleure amie, je la connais depuis l’école maternelle et nous avons ensemble fait les quatre cents coups, où l’une va, l’autre suit. Son père et sa mère tiennent la boulangerie du village et c’est plutôt top pour avoir des viennoiseries gratuites le matin avant d’aller en cours.
Noémie est une nénette dans la classe d’Ève, elle la suit partout comme un petit chien, elle n’est pas méchante, juste très inintéressante. Avec son air hautain à tout savoir mieux que les autres, ça m’agace. Elle est ainsi, car elle est plutôt jolie et a des yeux d’un bleu qui fait vite pencher la balance à côté de mes pauvres yeux marron.
Son regard méprisant me confirme qu’on ne pourra jamais être amies elle et moi. Heureusement qu’Alban est là pour nous couper dans notre début de querelle. Il nous propose de rentrer et nous joindre à la foule.
Les minutes passent à une vitesse impressionnante, et ce n’est clairement pas grâce à l’ambiance. La majorité des lycéens dansent et moi je me sens seule. À choisir, je préfère aller dehors et observer les étoiles.
Je m’installe dans l’herbe avec mon nouveau verre de punch et le bois à peu de chose près cul sec comme les trois derniers. L’effet de l’alcool est là et ça me permet d’oublier que dans quelques heures je vais rentrer afin de commencer une nouvelle vie de travailleuse à la ferme. J’aime aider mes parents dans les champs, mais à petite dose.
Je me retourne et ce n’est que Louis. Louis est le fils du maire, il n’est pas méchant, juste con et imbu de sa personne. S’il était moche, il le serait clairement moins. Toutes les pouffes du lycée étaient accros à lui. Personnellement je le trouve tellement banal, sans charme, sans intérêt.
J’essaye de lui répondre le plus sèchement possible. J’ai envie qu’il parte vite et loin. Je ne lui ai parlé que deux secondes et il réussit déjà à m’ennuyer.
Tout en me relevant, je lui explique qu’il doit se sortir toute idée de sa tête. Il semble en avoir décidé autrement quand je le sens attraper mon poignet et me tirer contre lui.
Quand il approche sa bouche pour m’embrasser, je ne peux pas m’empêcher de lui coller une gifle. Je flippe quand je vois sa main vouloir me rendre ma baffe. Je ferme les yeux aussi fort que je peux et patiente.
Pourquoi je ne le sens plus me tenir ?
J’ouvre les yeux et un homme plutôt jeune même s’il fait terriblement mature, tient le poignet de Louis.
Mais qui c’est lui ?
Quand je vois Louis voler en arrière et frapper de plein fouet un lampadaire, mes yeux s’écarquillent. C’est lui qui a fait ça ?
Il fait un geste de main en fixant Louis puis tourne la tête vers moi et me sourit.
Je ne me rends compte qu’il me tient le poignet qu’au moment où il le relâche. Je balbutie, chaque mot qui sort de ma bouche résonne bizarrement.
Il me sourit et disparaît sous mes yeux. Je rêve, ce n’est pas possible ? Et pour le coup je pense comprendre ce qu’il a voulu dire par là.
Je mets quelques secondes pour réussir à reprendre pied. Mon cerveau essaye de me convaincre que j’ai trop bu et que rien de tout ça n’est vrai. « Il a disparu ? Comme par magie ? Non Nat sérieusement ». Je commence même à oublier le visage de cet homme.
« Brun Nat, il était brun, les yeux noirs, et une cicatrice entre les yeux. Une mèche de cheveux passe entre ses yeux, ce qui accentue son regard fin et en amande. » Son sourire m’a permis d’apercevoir des dents terriblement blanches. Et cette carrure, à vue d’œil, il a une bonne tête de plus que moi et surtout le double de mon poids. En très peu de temps, je me rends compte que j’ai réussi à bien l’observer.
« Répète-toi ça en boucle avant d’oublier ». J’ignore combien de temps je suis restée dehors, mais là j’ai besoin de parler avec Ève. Je fonce dans le gymnase à sa recherche après avoir remis mes escarpins. Il faut que je lui raconte. Elle est au buffet et se sert à boire.
Je ne devrais peut-être pas lui en dire plus finalement, elle me prendra pour une folle et le mec qui m’a aidée aura peut-être des ennuis.
Je cherche Alban en espérant qu’il accepte de me raccompagner. Il semble tellement bien s’amuser que ça m’embête pour lui. Tant pis, c’est parti pour quarante minutes de marche.
Qui était ce mec ? Je suis certaine de ne jamais l’avoir vu dans les environs.
Tout comme Louis, l’inconnu dégage une assurance. Son regard et son sourire sont enregistrés dans ma tête. Brun les yeux noirs avec une cicatrice et cette mèche qui passe pile entre ses deux yeux. Bon au moins j’ai retenu. De l’avoir répété plusieurs fois semble m’avoir aidée.
La probabilité que je le croise de nouveau est quasi nulle et je ne l’ai même pas remercié.
La route a été plus rapide que je ne le pensais. « En même temps tu n’as pas cessé de penser à ce gars sorti de nulle part et qui a disparu d’un seul coup. »
Est-ce que j’ai rêvé ou est-ce que j’ai vraiment vu cet homme ? Louis n’a pas volé contre le lampadaire, c’est quelqu’un qui l’a envoyé ça c’est certain. Et je ne peux pas avoir de doute là-dessus.
Ça fait une semaine que je suis revenue de ce foutu bal. Je n’ai pas quitté une seule fois la ferme. Après un appel à Ève, on décide de se rejoindre en ville. Pour gagner du temps, je coupe par la ferme abandonnée des Nolan. Mon père me l’interdit, mais si j’avais dû obéir à tous ses ordres je serais au couvent là.
Le terrain est couvert d’herbe, je ne peux pas avancer à vélo. Obligée de le pousser.
À mesure que j’avance, il me semble entendre du bruit dans la grange. Quand j’entends un bruit sourd, je suis mitigée à prendre mes jambes à mon cou pour fuir ou au contraire aller voir. Quelqu’un est peut-être tombé et a besoin d’aide.
Je me fraye un chemin jusqu’à la porte et pense avoir un arrêt cardiaque en voyant deux personnes se battre. L’un des deux à comme une aura blanche qui l’entoure et l’autre porte des ongles longs, noirs et très épais. On dirait des griffes. Mais qui sont ces mecs ? Je ne suis plus dans mon monde ou rêve ? Ils se frappent violemment, enfin ça à l’air en tout cas.
Pour le coup, je présume que le bon c’est celui avec l’aura. Quand il tourne la tête vers moi ça le déconcentre et le deuxième en profite pour le frapper dans le ventre et le renverser au sol.
Mince non ! Rapidement il le domine et commence à vouloir l’étrangler. Quand je vois l’aura le quitter pour rejoindre le corps de l’espèce de monstre aux ongles affreux, je dois trouver une idée pour stopper ça.
« Allez Nat réfléchis bordel. » Un énorme bout de bois au sol fera l’affaire, enfin j’espère. Je me précipite sur celui de dos et le frappe aussi fort que possible.
Ça a le mérite de le faire lâcher prise. Il se redresse, se retourne et avance vers moi. Eh mince ! Je n’avais pas prévu ce détail. Je n’avais rien prévu du tout d’ailleurs. Je recule, mais en deux enjambées il m’a rattrapée.
Je n’ai pas lâché mon énorme bout de bois. Je regarde rapidement au sol et l’autre reprend doucement connaissance.
« Allez, Nat, frappe-le de nouveau en plein visage. »
Justement en essayant de lui en coller une, il rattrape mon arme et me la retire des mains avec une facilité déconcertante. Un sourire moqueur apparaît sur son visage. Par pitié un peu d’aide. Il attrape mon poignet avec force et me tire un peu plus vers lui. De plus près il est encore plus laid. J’ai une lueur d’espoir quand il se stoppe et qu’un de ses sourcils se redresse.
Et il disparaît. Il vient vraiment de parler ma langue ? Mon cœur bat à la chamade en pensant à ça et en voyant l’autre avec de nouveau son aura autour de lui !
Le monstre a disparu lui aussi… comme l’autre gars lors du bal de fin d’année ! À présent je suis certaine de ne pas avoir rêvé à la soirée. Je suis hésitante à aller voir le blondinet allongé au sol. Il se redresse tout doucement et se frotte la gorge. Il finit par se relever avec difficulté et me rejoint.
Je ramasse mon bout de bois et me mets en position d’attaque.
Pour le coup vu la tête qu’il fait il semble sincère. Mais je n’en mène pas large quand même. Et encore plus quand son aura disparaît en rentrant en lui.
Je vois parfaitement qu’il essaye de me faire douter de ce que j’ai vu, mais je n’ai pas rêvé.
Je ne me vois pas répondre autre chose, j’ignore si j’ai vraiment envie de savoir finalement.
Quand je le vois lever la tête et regarder un peu partout autour de lui, je ne suis pas rassurée. Je ne vois et n’entends rien contrairement à lui.
Je maintiens fermement mon bout de bois, on ne sait jamais, mais je commence à marcher en direction de la sortie.
Je dis oui de la tête et accélère le pas jusqu’à mon vélo. Je pose mon bout de bois, empoigne le guidon et commence à pousser.
Pour le coup j’ignore si je dois lui faire confiance ou pas. Je reprends mon bout de bois ce qui me fait rire intérieurement. S’il avait eu envie de me faire du mal, il l’aurait déjà fait, enfin je pense non ? J’essaye de me rassurer comme je peux.
Nous avançons aussi vite que possible jusqu’à la sortie de la ferme et atterrissons sur le rebord de la route. Un pick up est garé sur le bas-côté.
Sa réponse a le mérite d’être claire au moins. Aucune émotion ne se dégage de lui. Pas de sourire moqueur. Rien.
Il soulève mon vélo avec facilité pour le poser à l’arrière du pick up et insiste une fois de plus pour me raccompagner.
Ève qui m’attend toujours me vient en mémoire. Eh mince ! Pas vraiment le choix, je monte en voiture avec cet inconnu et le laisse me guider jusqu’au centre-ville. Ève est forcément déjà arrivée.
Il est sympa et sort de sa voiture pour descendre mon vélo.
Il me dit ça comme s’il attendait quelque chose de ma part.
Quand j’entends Ève hurler mon prénom, je comprends qu’il attendait ça.
Il hausse un sourcil, me sourit et file. Pourquoi tu as sorti ça sérieux ? Tu aurais pu demander qui c’était plutôt l’autre qui a disparu !
« Croustillante » ma chérie c’est le mot, mais ne compte pas sur moi pour te le dire.
Elle n’insiste pas… ouf !
Avec Ève nous allons comme à notre habitude nous poser devant notre boutique favorite. Celle où sont vendus un tas d’objets tous aussi étranges les uns que les autres.
Nous aimons nous moquer des gens qui entrent et sortent. Nous imaginons le motif qu’ils trouvent pour acheter tel ou tel objet. Et surtout pourquoi ils sont venus jusqu’ici dans ce bled paumé pour le faire. Le maire n’a pas eu d’autre choix que d’accepter l’ouverture de ce dernier. En même temps c’était soit ça, soit il se mettait à dos le shérif de la ville.
Notre partie de plaisir commence quand Ève m’annonce l’arrivée de Mme Cat. Nous l’appelons ainsi, car elle se promène en permanence avec plusieurs chats. Elle est toute petite et rondelette. Ses lunettes ne la rendent que plus étrange. Certains jeunes de la ville l’appellent « la vieille folle » et d’autres « l’enfant du diable ». Vu son âge elle devrait être sa mère plutôt. Elle est rousse, et l’une des rares habitantes des alentours.
Ma curiosité m’a toujours titillée, qu’est-ce qu’elle peut bien acheter ici ? Et surtout pourquoi venir avec ses chats ?
À mesure où elle avance, je me sens trembler. Non seulement elle me fixe bizarrement, mais en plus j’ai l’impression que ses chats aussi.
Je rêve ou elle n’a pas d’ombre ? Je regarde les autres passants et ils en ont tous une. Ève ne semble même pas le voir.
Faut que je trouve une idée de diversion.
J’aurai finalement gagné 3 fois sur 5 et c’est donc elle qui me devra le petit déjeuner qu’elle apportera demain matin chez moi.
Je rentre une bonne heure avant le dîner histoire d’aider ma mère et ne pas avoir de réflexion sur mon absence de la journée.
Ma sœur et ma mère sont au fourneau quand j’arrive pendant que mon père et mon frère Charly sont dans les champs.
Et pour une fois je suis plutôt d’accord de ne pas m’éloigner de chez moi. On se demande bien pourquoi.
Au moment d’aller dormir, je me remémore ma journée qui pour le coup a été plutôt originale, effrayante surtout en fait. Après avoir tourné et viré dans le lit et avoir compté les moutons, je finis par m’endormir.
Quand mes yeux s’ouvrent, je suis attachée sur une table et plusieurs personnes sont debout tout autour de moi. Ils sont tous habillés de noir et leurs visages sont cachés par des capuches.
« Mon dieu je suis où ? Où est ma famille ? »
Leur dialecte est incompréhensible pour moi et ça ne fait qu’augmenter la peur que j’ai commencé à ressentir en me réveillant. Ça ne sera clairement pas discret si j’essaye de me détacher.
« Nat, tu ne devrais pas faire ça », mais ma curiosité me pousse à regarder tout autour de moi. L’un d’entre eux est devant un pupitre et récite des incantations que tous les autres répètent.
Ils répètent ça en boucle.
Des flammes jaillissent du sol et un cri de peur sort de ma bouche.
Je me redresse brusquement en poussant un nouveau cri. Mon Dieu, Silver est là devant moi et a déjà mis sa main sur ma bouche, avec son index il me fait signe de me taire.
Ce n’était pas un rêve alors. Il retire sa main et me sourit. Pas un sourire de « je suis content de te voir », mais plutôt un « je suis là, respire ça va aller ».
Il me fait non de la tête et l’expression de son visage change. Je regarde mes poignets et me mets à les frotter. Aucune trace de lien.
Je prépare un sac en quatrième vitesse et quitte ma maison avec Silver. Nous sommes en voiture, quand je vois la lumière de ma chambre s’allumer. Je reconnais le brun de la grange regarder par ma fenêtre ce qui me provoque un mouvement de recul.
Il démarre et accélère si vite que ma maison disparaît dans le rétroviseur en quelques secondes. Je sens déjà des larmes couler sur mon visage.
Je regarde mon bras et je ne vois rien. Il parle du brun de la soirée ? Il m’a laissé une trace ? Je ne comprends pas ce que Silver veut dire.
Il demeure silencieux le reste du trajet. Il me lance par moment des petits regards. J’aurais mieux fait de ne jamais traverser ce champ. Je me serais contentée du visage du brun qui m’a aidée. À mesure que nous roulons, je commence à regretter ma vie dans ma maison de campagne.
La maison de mes parents est une vieille grange rénovée. Elle n’est pas spacieuse ni moderne, mais elle a le mérite d’être chaleureuse et accueillante. Mes parents me manquent comme si je ne les avais pas vus depuis des siècles. Ce sentiment de ne pas pouvoir revenir avant un moment me serre la poitrine.
Ici ? Il n’y a rien du tout pourtant à part une forêt. Quand je le vois prendre un chemin à travers les bois, je comprends mieux pourquoi un pick up. Nous ne roulons que quelques minutes et une sorte de montagne cachée derrière une cascade s’offre à nous. Un lac est éclairé par un rayon de soleil qui traverse la cime des arbres. À défaut d’être perdu, c’est vraiment joli comme endroit. On quitte la voiture après avoir récupéré mon sac. Plusieurs autres pick up sont garés, mais où sont tous les propriétaires des véhicules ?
Il me sourit et quand je le vois ramasser un bout de bois et me le tendre je suis partagée entre rire ou paniquer.
J’ai même pris l’arme, on ne sait jamais.
Nous avançons jusqu’à la cascade et il me fait signe de m’arrêter.
Il veut rigoler ? Rigolons. Je commence à avancer quand il me retient par le bras et me tire en arrière.
Il ne me laisse pas le temps de finir que sa main est posée sur ma bouche. Il est rapide le bougre, je ne l’ai pas vu bouger. Je lui retire la main avec force et recule.
Il semble remonter par ma faute. En même temps je ne pouvais pas savoir. Il avance près de la cascade et lève les mains en l’air.
J’ai envie de rire quand je l’entends prononcer des mots dans un dialecte tout aussi étrange que ceux entendus dans mon sommeil. Mon corps entier frissonne en y repensant.
Il répète deux fois capria nefasto, capria nefasto et de gros rochers passent à travers la cascade frayant un chemin à travers la montagne. Dans quel monde je vis ? Je suis juste dans un cauchemar et je vais me réveiller ! Allez Nat réveille-toi rapidement et fais plaisir à tes parents en faisant du ménage dans la cave ! Hop Hop Hop ! Debout.
J’avoue ne pas être très emballée, on ne voit absolument rien tellement c’est sombre.
« Respire Nat », je fais les cent pas devant lui, je voulais une autre vie, je suis servie pour le coup. C’est un mauvais rêve ! C’est juste un mauvais rêve. Je me répète ça. Je n’ai pas d’autre explication rationnelle en même temps. Je sens que dans ma tête tout s’embrouille. Que même si en temps normal je suis courageuse, là je flippe.
Comment savoir si je peux lui faire confiance ou non ?
Je dis oui de la tête et lui emboîte le pas. Finalement, après avoir parcouru quelques mètres dans cette grotte, une lumière éclaire une pièce qui est juste belle et majestueuse. Comment un lieu pareil peut-il exister ? La lumière entre par une énorme baie vitrée qui donne dans le vide. Cette vue est à couper le souffle. Je vois mon village au loin et toutes les fermes voisines. Et encore plus loin des forêts qui s’étendent à perte de vue.
Cette pièce est composée d’un bar en pierre juste devant la baie vitrée, d’une énorme table en bois à gauche en rentrant dans la pièce. De deux grands canapés en cuir en plein milieu, et une cuisine plutôt basique, mais qui a le mérite d’être là à droite. Une magnifique cuisinière à bois.
Une ouverture dans la falaise et un couloir derrière dessert pas mal de pièces visiblement. Nous remontons cette allée quelques instants et il se stoppe d’un coup ce qui me fait lui foncer dedans.
Je lui souris et le pousse gentiment.
Je suppose que c’est sa chambre. Elle est plutôt sympa à regarder. Elle aussi est éclairée par la lune. L’ouverture vers l’extérieur est nettement moins grande, mais elle est suffisante pour permettre à la pièce de respirer.
À part un lit et un placard, on ne peut pas dire que ce soit très riche en décoration. En même temps l’essentiel est présent et ce n’est pas si mal que ça. Une question existentielle me vient alors en tête. Il compte dormir avec moi ? Je me sens devenir rouge en imaginant ça.
Quand je tourne la tête dans sa direction, il a les mains dans la poche et me sourit. Pour le coup celui-ci est clairement moqueur.
Je le vois alors se pencher en avant et sortir un matelas du dessous du lit. Mon cœur ralentit et pour le coup je suis rassurée.
« Ne panique pas Nat. Il va te surveiller et tout ira bien. » Il me propose de sortir de la chambre pendant que je me change et que je le rejoigne dans la pièce principale.
Une fois terminé, je quitte la chambre et fonce de plein fouet dans un torse. Aïe !
C’est tout ? Il ne compte pas me dire comment lui s’appelle ? Ils sont tous blonds aux yeux très clairs ici ? Je vais faire tache avec mes cheveux noirs et mes yeux marron.
Il s’éloigne de moi en direction du séjour. Je le suis, mais cette fois-ci je garde une distance de sécurité, je ne voudrais pas foncer une troisième fois dans quelqu’un.
Je me sens gênée, et de me faire toute petite va être compliqué. Mes parents ne sont pas très grands et pourtant ils ont réussi à pondre une fille d’1m75. J’ai toujours détesté être grande. Le nombre de personnes plus grandes que moi se compte sur les doigts de la main dans mon lycée. Au moins pour une fois avec eux deux je me sens petite.
Il n’est vraiment pas aimable lui, j’aurais dû garder mon bout de bois.
Je me retourne et un blond de plus arrive. Il s’approche de moi et me sourit. On dirait le portrait craché de l’autre.
Le petit sourire qui avait réussi à apparaître sur mon visage s’efface en l’espace de quelques secondes.
Je dis oui de la tête et le suis jusqu’à sa chambre. Je n’attends pas mon reste pour prendre son lit qu’il a proposé de me laisser.
Effectivement s’il n’avait pas été là j’aurais de nouveau été submergée deux fois par des cauchemars. Quand mes yeux s’ouvrent pour de bon, la pièce est envahie par le soleil et la chaleur. Silver n’est plus là. Il m’a laissée seule au risque que je puisse cauchemarder ? Je regarde ma montre, il est déjà 11 h !
Je me change en speed et hésite plusieurs minutes à aller dans le salon. Je pense qu’il y a cette fois-ci plusieurs personnes. Au pire Silver va finir par s’inquiéter et il viendra me chercher ici. Après m’être donné des baffes par la pensée je prends mon courage à deux mains et quitte la chambre. Avec un peu de chance, les autres résidents, s’il y en a, seront peut-être sympas.
J’arrive aussi doucement que possible. Ils sont vraiment nombreux pour le coup, je dirais une petite dizaine de personnes assises à table. Ils discutent de combats. Quand je vois Florent me fixer, je sens qu’il va encore ouvrir sa bouche.
Un froid règne dans la pièce et moi je me sens encore plus mal à l’aise.
Je suis persuadée que le brun que j’ai croisé au bal est bon. Il ne m’aurait pas aidée sinon. Silver me présente alors les mecs, Azure, Colon, Velez, Asan, Lounis, Ciney, Fabrize et Lotan. Il me rappelle aussi les prénoms des deux frères Flo. Je suis rassurée de voir qu’il y a tout de même trois bruns.
J’ai besoin de réponse. J’ai besoin de comprendre dans quoi je me suis embarquée malgré moi.
Les autres le regardent alors bizarrement. Ça a au moins le mérite de me faire un peu sourire.
Je ne vois pas ce que ma réponse a de drôle, mais en tout cas ils se marrent bien.
Florent et son regard de provocateur se met à me sourire et me dit d’un ton fier :
Je ne réponds rien et m’installe sur un coin de canapé. Je reste loin à ma façon.
Ils se regardent tous. Sûrement pour savoir qui va avoir la contrainte de me répondre.
J’explose de rire, je sais que c’est purement nerveux et que si je rigole c’est pour éviter de stresser et paniquer. De voir bouger Silver en se levant me stoppe net.
Il s’approche quand même et se met à genoux devant moi.
Ils explosent tous de rire et moi ça me détend très légèrement quand Silver me sourit.
Ils m’agacent à rire à chaque fois que j’ouvre la bouche.
Je me lève d’un coup pour faire les cent pas. La bonne blague, ils sont vraiment en train de se foutre de ma gueule en plus. Les saloperies.
J’ouvre des yeux énormes quand je les vois presque tous avec une aura apparaître. Silver se redresse d’un seul coup et se retourne. OK il ne m’a vraiment pas menti alors.
Silver se tourne vers moi et me dit, ou du moins m’ordonne de ne surtout pas sortir d’ici. Ils devraient être de retour dans deux heures environ.
Ils partent tous rapidement, me laissant seule ici.
Silver m’avait dit que je pourrais téléphoner à mes parents aujourd’hui, je ne vois aucun téléphone ici, il veut que je fasse comment ? En même temps il ne semble pas avoir le courant non plus.
Pour perdre un peu de temps, je m’octroie la mission de débarrasser la table et de faire la vaisselle. Vu la quantité de choses à laver, ça me prend une bonne demi-heure quand même.
Mon côté curieux me pousse à visiter les lieux à présent. Je vais juste éviter de rentrer dans les pièces du couloir, je n’aimerais pas qu’on renifle dans ma chambre sans mon autorisation. Heureusement que Silver m’a dit hier où trouver les toilettes et la salle d’eau. En revanche il n’a pas pensé à m’expliquer comment chauffer l’eau. La douche va être super rapide pour le coup.
« Décidément ma pauvre Nat tu n’as pas de bol, elles sont ou les serviettes ? » Je suis là à ouvrir chaque placard en espérant trouver mon bonheur. Mon cœur cesse de battre quand la porte de la salle de bains s’ouvre.
Un cri de peur sort de ma bouche et le seul réflexe que j’ai c’est de me retourner.
Un silence règne, je n’ose pas me retourner j’ai trop honte. Quand je sens une serviette se poser sur mes épaules je sursaute et me cache avec. J’entends la porte de la salle de bain se refermer. Je ne perds pas de temps pour me sécher et me rhabiller. J’espère qu’il s’est trompé d’adresse et que je ne le recroiserai jamais de ma vie. « Ta pensée est complètement stupide ma pauvre fille. Il serait rentré ici comme par magie ? Pfff. » Il ne fait pas partie des mecs de ce matin ça c’est certain.
« Allez, retourne dans la pièce à vivre Nat, il faudra bien l’affronter et surtout il a intérêt à s’excuser ». Je quitte la salle de bains et gagne le séjour. Il est dans la cuisine et semble préparer quelque chose. Il me lance un regard rapide quand il me voit et continue à avancer dans sa préparation.
Il ne relève même pas la tête alors que je suis en train de lui parler. C’est quoi cette mentalité ?
Il marque un point. Mais il ne va quand même pas s’en tirer comme ça.
Et pour le coup il le dit bien haut et fort.
Les secondes passent et il ne semble vraiment pas enclin à le faire. En montant le son de ma voix et en donnant un coup sur le plan de travail, je lui dis que j’attends.
Ma colère est tellement présente que je sens que sous peu des larmes vont sortir. Non seulement j’ai honte d’avoir été vue ainsi. Mais en plus je suis terriblement triste par ses propos sur mon physique.
Je me dirige vers la sortie rapidement quand je sens des larmes sur mon visage et une honte qu’il me voie comme ça. Je suis presque à la sortie quand je sens une main me rattraper par le bras.
Il me tire par le bras trop fort pour résister. Je le suis, mais qu’il ne rêve pas, je ne parlerai pas.
Les minutes passent et je l’aide à éplucher et couper les légumes qu’il me donne. À plusieurs reprises il a essayé de lancer une discussion et il a abandonné quand j’ai refusé de lui donner mon prénom. Le repas est presque prêt quand certains hommes reviennent. Certains ont l’air crevés et d’autres contents. Je suis inquiète quand Silver ne revient pas. Les deux Flo ne sont pas là non plus. Je ne suis pas suffisamment à l’aise pour demander où ils sont.
Les minutes qui passent sont affreuses, heureusement que j’arrive tant bien que mal à m’occuper en mettant la table et nettoyant la vaisselle. Quand je vois Ciney approcher et me sourire, je souris intérieurement en me disant que j’ai réussi à retenir son prénom. Ciney est plus petit que les autres, il a ma taille, il est brun aux yeux noisette. Son sourire, comme celui de Silver, est rassurant et doux. Physiquement en revanche, ils se ressemblent tous, ils sont plutôt costauds et musclés. Ça se voit qu’ils s’entraînent et se battent souvent. Mais pour des demi-dieux ils ne sont pas censés être incroyablement beaux ? « Non Nat là tu es méchante, certains ne sont vraiment pas vilains à regarder. »
En tournant légèrement la tête dans sa direction pour lui faire un sourire en retour et me contenter d’un « oui » je vois le brun qui m’a vue nue sourire. Il connaît mon prénom dorénavant. Quand j’entends des voix dans le couloir et que je vois Silver rentrer, je suis soulagée, et encore plus quand il semble aller bien. Il me lance un regard et un sourire rapide et rejoint les autres qui se sont installées sur les canapés.
Silver a une fossette qui apparaît sur sa joue gauche quand il sourit, contrairement à sa joue droite où il n’y a rien.
Le repas et la table sont prêts et ils s’installent tous. Silver me fait signe de venir à côté de lui.
Il lance un regard vers le brun puis rapproche sa bouche de mon oreille.
Quoi ? Je pense que mon visage change de couleur, vu la tête de Silver.
Je me rends compte que j’ai attrapé Silver par le col de sa chemise et que mon visage est quasiment collé au sien sans compter le regard noir que je lui lance.
Je relâche Silver et place mes mains sur ma bouche après avoir crié.
Rhooo non pas ça. Je me lève précipitamment et cours aux toilettes. J’ai envie de vomir. Je suis sûre que c’était à cette soirée qu’elle s’est fait elle aussi remarquer.
Je me relève après avoir tiré la chasse d’eau et pars me rincer la bouche.
Je me retourne et fixe le demi-dieu. « Tiens c’est Florent. Il sait être sympa lui ? » Il me tend une serviette. Je le remercie d’un signe de tête.
Il me regarde comme s’il cherchait les bons mots à utiliser. Qu’il pesait le pour et le contre de ses paroles. Quand une autre voix prend place dans notre discussion, je tourne la tête et c’est le brun pervers, Côme.
Les minutes passent et je ne me sens pas aller mieux, au contraire, même si finalement il est plus sympa qu’il ne semble, il n’arrive pas à me rassurer sur un futur pour moi. Je ne peux pas faire grand-chose que de retourner dans le séjour. Les autres font comme si de rien n’était et Silver après un sourire me fait un compliment sur la cuisine.
Comme prévu je vois Silver me demander de le suivre et m’emmène dans le centre-ville pour aller voir Ève. Côme même s’il ne semble pas emballé est le seul de disponible pour nous accompagner. Silver veut être sûr que je ne suis pas en danger.
Il me lance son fameux regard de mec désolé, mais là j’ai besoin bien plus de remonter le temps et de ne jamais avoir vécu tout ça. Côme se sera moqué de ma tête de fille désespérée et horrifiée.
Après 15 min à rouler, nous arrivons devant la boulangerie. Ève n’est pas devant. En même temps elle doit être en larmes dans sa chambre.
Je quitte la voiture et entre dans la boulangerie. Ses parents sont débordés par la clientèle et me font signe de monter.
Allez, respire Nat, tu vas gérer.
Je frappe à la porte et j’entends une petite voix m’inviter à entrer. Quand Ève me voit, elle se relève et me fonce dans les bras.
Elle a des larmes qui coulent sur son visage, c’est atroce de la voir comme ça.