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Un nouveau cycle s’ouvre sur
Pénombre, un campus réputé. Quennie y est admise et, bien que surprise, est ravie de pouvoir le rejoindre. Seulement, elle se rend rapidement compte qu’il ne sera pas aussi simple d’y étudier, surtout avec les voix qui la hantent et la poussent au trépas…
À PROPOS DE L'AUTEURE
Samantha Diaz a une inclinaison pour les univers remplis de magie, de mystère et de romance. Rêveuse, ses écrits sont un ticket d’évasion et de voyage.
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Seitenzahl: 438
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Samantha Diaz
Pénombre
Roman
© Lys Bleu Éditions – Samantha Diaz
ISBN : 979-10-377-7677-8
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ma sœur jumelle arrive en courant dans ma chambre et, vu comment elle sautille devant moi, elle trépigne d’impatience.
Allez, sois sympa et vas-y ma fille. Je me lève de mon bureau où j’étais en train de raconter ma vie minable dans mon journal intime, pour rejoindre la cuisine. En 18 ans, je suis à mon quinzième livre. J’adore écrire depuis toujours. L’inspiration et le plaisir d’écrire ont toujours été bien présents.
Je rejoins mes parents, eux aussi sont dans le même état d’esprit que ma sœur. Je suis même étonnée de les voir aussi patients. Je pensais que les enveloppes seraient déchirées… et ben non. Je vais avoir la joie, ou du moins l’opportunité, de découvrir la première où je suis prise pour la rentrée. Maintenant que j’y suis, je ne suis pas certaine d’en avoir vraiment envie.
Depuis peu, c’est le doyen de la magie qui valide les inscriptions en étroite collaboration avec les directeurs de campus. J’ai postulé, ou plutôt, mes parents ont postulé en notre nom pour les dix facultés de sorcellerie du pays. Ils voulaient montrer qu’ils étaient ouverts à toutes les écoles, et que le coût de l’enseignement ne devait pas être un facteur principal de choix, bien que notre formation de futurs sorciers soit offerte par nos grands-parents. Comme ils disent, ils souhaitent être investis dans l’éducation de leurs uniques petits-enfants. Ils s’y sont mis tous ensemble pour nous faire ce plaisir. Trois ans tout frais payés. Mes parents en revanche sont censés nous envoyer un peu d’argent chaque mois, pour nos dépenses personnelles sur place. Si c’est toujours possible, j’aimerais trouver un emploi au sein du campus pour me mettre de l’argent de côté et ainsi m’offrir un ordinateur portable flambant neuf et avancer dans mes projets personnels.
J’espère juste une chose : ne pas être au même endroit que ma sœur. J’aime Kirsty, je serais prête à donner ma vie pour elle, mais je sais que je ne serais jamais tranquille. Ce sera miss moucharde auprès de mes parents, mes moindres faits et gestes seront répétés et surtout empirés.
On a beau être très ressemblantes physiquement et en avoir joué souvent en cours, nous sommes totalement différentes, au niveau caractère.
Ma sœur est très timide, douce et calme, même si elle a tendance par moment à être agressive quand elle se sent vexée par quelqu’un. Elle est peureuse et chouine pour un rien. Elle a du mal à s’imposer et se faire des amis. Du coup, elle me suit partout où je vais.
Je m’approche pour prendre mon enveloppe et l’ouvre. Mon cœur accélère en voyant tout en haut marqué « Félicitations, Mlle Caprone, nous avons le plaisir de vous annoncer que votre demande d’inscription a été retenue en priorité pour le campus Pénombre ». Sérieux, ils veulent de moi ? Pénombre est principalement composé de loups mordus, ceux qui se transforment la nuit tombée en animal, ils ont besoin d’un entraînement bien spécifique et souhaitent avoir le meilleur dispositif possible. On peut y voir pas mal de guerriers également, disons qu’ils y vont pour leur côté rebelle, et surtout parce qu’ils pourront se défendre et en coller une aux loups en cas de besoin. Ce que moi je serais incapable de faire.
Je suis contente de ne pas être retenue pour Nelune ou Aurore. Les campus là-bas sont très réputés pour former les meilleurs. Je ne souhaite pas être la meilleure. La seule chose que je veux c’est fuir trois ans ma maison et ensuite pouvoir reprendre des études et un jour devenir écrivain. Le besoin de liberté et de tranquillité me correspond bien plus. Autarcie est noté aussi juste en dessous. Je suis donc prise dans les deux ? Vraiment ?
Je ne mens pas vraiment, je dirai juste après pour Pénombre, je ne suis pas à une minute près…
Oh oui ! Quelle joie !
En continuant de lire ma feuille, je me rends compte que d’autres campus ont répondu oui également et que je suis sur liste d’attente. Mince, je suis première en liste d’attente sur tous les autres campus, même Nelune et Aurore. Alors là, j’ai besoin de comprendre pourquoi.
Mon père arrive rapidement et me prend la feuille des mains. Les ennuis vont commencer…
Ma mère prend la feuille de Kirsty et tire la tête, visiblement elle n’est pas prise ailleurs.
Super… je l’avais prévu en même temps. Elle a un franc-parler qui se cache sous sa timidité et pas seulement. Elle peut devenir un vrai petit monstre quand sa jalousie prend le dessus. Combien de fois mes parents ont dû m’acheter des choses en douce pour éviter ses crises. Enfin bref, je préfère être moi.
Je ne pense pas que mon pouvoir de bouger très rapidement et d’un coup soit la raison d’avoir été prise. Ni mes bonnes notes comme a pu le dire ma sœur. Ils ont peut-être fait une inversion de dossier ?
Notre monde est peuplé de tout un tas d’individus possédant des dons allant de la magie à un pouvoir de se transformer en animal, ou même détenir une force surhumaine. Ils vivent au milieu des civils, sans jamais se faire repérer. Pour cela, il est bien de rejoindre un des dix campus ouverts et cachés pour leur apprendre à vivre dans une société normalement, sans risquer de se faire démasquer. Mes parents ont opté, quand nous étions petites avec Kirsty, de nous supprimer nos dons… oh super. Nous les avons récupérés récemment et je dois avouer que quand je me suis tapé un sprint d’un coup j’ai eu super peur. Kirsty a un don déjà plus sympa, elle peut faire apparaître un bouclier tout autour d’elle, ce qui la rend intouchable. Même si dans la vie de tous les jours je ne vois aucun intérêt de les avoir, ça reste drôle d’être différente.
Le téléphone qui sonne met fin à notre câlin. Ma mère part décrocher et fait de gros yeux en me regardant.
Je m’approche intéressée.
Ah non, pas ça, je refuse moi.
Sérieux ? On n’est pas censé commencer fin juillet ? nous sommes en mi-juillet, non, mais, je refuse !
Elle raccroche et me fonce dessus et me serre super fort dans ses bras.
Je reprends mon enveloppe et fonce dans ma chambre pour m’y enfermer. Faut que j’appelle Cathy, ma meilleure amie, en espérant qu’elle soit prise là-bas également. Quand elle m’annonce qu’elle va aussi à Pénombre, mon cœur se soulage. Une chance sur dix et elle est avec moi. Elle a des notes tellement canon qu’elle a été prise partout. Mais, comme moi, elle ne voulait pas aller à Nelune ou Aurore, elle voulait la meilleure des autres. Moi, Autarcie, ça m’allait très bien au pire.
Ça frappe à ma porte et je suis obligée de raccrocher. Mince, je n’ai pas demandé si elle venait aussi dès demain. Tant pis, je vais lui écrire dans la voiture.
J’entends la porte s’ouvrir et surtout des bruits de pas approcher.
Inévitablement, elle fond en larmes et je suis obligée de la prendre dans mes bras. Quand mes parents arrivent, ils essayent aussi bien que mal de la rassurer. Mais pour eux, c’est un tel honneur d’envoyer leurs jumelles dans le top trois des campus. Il nous faudra quand même deux bonnes heures pour boucler nos valises. Nous serons tellement loin que, si on oublie quelque chose, ça va être compliqué. Mes parents ont cédé quand j’ai insisté pour prendre mes cahiers où je note tout, par moment, ça me fait du bien de relire certains passages.
Je vide ma tirelire dans mon porte-monnaie et je suis prête.
J’essaye de faire la forte, de me dire que tout va bien se passer, mais j’avoue avoir peur. Me retrouver sur un campus où la nuit je risque de croiser des loups-garous prêts à me bouffer, ça ne me réjouit pas. Mais je suppose que depuis le temps ils ont tout prévu non ?
Mes parents et moi, nous nous relayons toutes les trois heures au volant. Ma sœur a raté son permis deux fois et n’a pas eu le temps de le passer de nouveau. En même temps, là-bas, je pense que ça ne nous sera pas d’une grande utilité.
Je vois mon père regarder ma mère comme s’il attendait son accord pour répondre.
Ou alors elle arrive à la faire stresser aussi.
Son stress commence à me contaminer, moi qui ne le suis pas d’ordinaire. Je ne peux pas dire que je sois courageuse, mais je ne suis pas quelqu’un de peureux à l’extrême comme Kirsty.
Ma sœur aura passé son trajet à nous dire qu’elle veut être à Autarcie et non pas à Pénombre. Qu’à Autarcie il n’y a que des sorciers et quelques druides. Même si les druides peuvent se transformer en félin ou en ours, ils sont d’une gentillesse et d’une douceur qui font d’eux d’excellents amis et les rendent protecteurs. Ce sont les amis de la nature, on fait appel à eux pour soigner les gens blessés, ils sont plus ou moins puissants dans ce domaine, mais un druide sous son coude est toujours le bienvenu. Mes parents lui proposent de visiter et, si vraiment elle refuse, il la ramène et elle ira dans un campus parfait pour les simples sorciers. Ils auront insisté en lui expliquant que chaque individu avec un don mérite d’être sur un campus pour apprendre à le maîtriser et ainsi vivre librement parmi les civils ensuite.
Tout le monde dort quand j’arrive sur le campus. Il est tout juste 10 h et j’aurais passé ma nuit à conduire. J’avoue être fatiguée, mais je me connais, finalement, le stress d’être ici est tellement fort que je n’aurais pas réussi à fermer l’œil. Je me gare sur le parking qui est juste immense, entouré d’arbres qui semblent toucher le ciel. D’ailleurs, je ne le vois pas. OK, tout va bien. Je quitte la voiture seule sans faire de bruit. J’ai besoin de me faire ma propre opinion sur les lieux. Le parking est loin d’être rempli mais les voitures présentes sont pour la plupart immenses. Genre les gros pickups qui semblent résistants à toute épreuve. OK, ça ne me rassure pas du tout en fait.
Je regarde autour de moi et il me semble apercevoir quelque chose ou quelqu’un dans l’ombre de la forêt. C’est cette personne qui a parlé ? Mais à qui ? Je ne vois personne d’autre près d’elle pourtant. Ma curiosité, qui m’a valu quelques ennuis plus jeune, me pousse une fois de plus à approcher pour voir. Il fait tellement sombre autour de lui que j’ai l’impression de ne voir que deux points verts, des yeux peut-être, je n’ai même pas le temps de faire plus d’un mètre que ça disparaît d’un coup, faisant bouger les branches à côté. Il y avait bien quelqu’un ou quelque chose alors. Un bruit de portière qui claque derrière moi m’interpelle. Je me retourne et deux mecs à une cinquantaine de mètres me fixent. Je suis censée faire quoi là au juste ? Garde ton calme, Quennie, allez. Tu vas rester ici trois ans, tu seras avec Cathy, tout va bien ! Une portière à l’arrière du pickup s’ouvre et une femme en sort. Vu leur taille et leur carrure, ce sont des guerriers, du moins, je pense…
Ils sont très bruns tous les trois mais, à cette distance, il m’est impossible de voir la couleur de leurs yeux. Je me retourne de nouveau et continue de contempler les lieux. La forêt entoure vraiment le parking, un passage s’ouvre devant moi, pas très large, juste un chemin de terre qui semble mener vers le cœur du campus. Je ne devrais pas y aller seule mais, en même temps, avec mes parents, ça va faire tache. Quand une main se pose sur mon bras, je tourne la tête prête à frapper. Kirsty sérieux !
Je me retourne et la première chose que je vois ce sont des yeux noir profond ! C’est à la fois terrifiant et envoûtant. Je ne me souviens pas d’avoir vu des yeux aussi foncés de ma vie. Je regarde très rapidement les trois individus pendant que ma sœur s’accroche à mon bras. Je m’arrête finalement sur la fille et lui rends son bonjour. Kirsty semble tétanisée et ne bouge plus et surtout ne parle pas.
Les deux mecs disent bonjour à leur tour et la noirceur de leurs yeux ne me rassure pas beaucoup.
Allez, brise ce moment gênant.
Oui, en même temps, je suis con. Pourquoi les visages des deux mecs sont devenus encore plus froids ? Les secondes qui passent deviennent gênantes. Que quelqu’un mette fin à ce moment…
Pourquoi tu poses cette question ? Ça se voit non ?
En même temps, il en existe des faux ?
Je me retiens de sourire qu’il ait répondu ce que moi je pensais.
Donc lui c’est Priam, et l’autre Axel.
J’écoute parfaitement ma sœur qui a du mal à déglutir, la pauvre. Il n’est vraiment pas sympa de lui avoir répondu ça de cette manière.
Ça devient vite gênant son regard sur moi. Les yeux de Priam continuent de me procurer tout un tas d’effets contradictoires.
Ça a le mérite de faire détourner ses yeux, au guerrier froid.
Elle les contourne super vite, ce qui me fait pouffer de rire. Oh, tiens, un léger sourire de Priam. Bon, je suis censée faire quoi moi ? Une blague, c’est encore trop dans notre début d’échange, fuir serait mal poli et leur demander leur âge encore plus. Ils vont vraiment penser que je les trouve vieux.
Sympa pour moi. Je sens mon visage se décomposer ! Au moins, elle y va franco, elle. Moi qui essayais de trouver une entrée plus douce en termes de conversation. Bien que, jusqu’ici, aucun des trois n’a été tendre en paroles.
Mais qu’est-ce qu’il fait cet idiot à bondir pile devant moi ? Il espérait me faire peur peut-être ? Il est à quelques centimètres de mon visage et plonge son regard dans le mien. Je confirme que ses yeux sont d’un noir transperçant. Et encore plus, vu notre promiscuité. À cette distance, je peux voir tous les petits défauts sur sa peau. Ne souris pas, Quennie ! Il va penser que tu te moques de lui. Et pourtant il le mériterait tellement.
Axel et Nat explosent de rire et s’approchent. J’avoue être contente de ma répartie, je ne suis pas de nature timide, mais la gêne que je ressens aurait pu me couper dans mes mots.
Il reste là quelques secondes à me dévisager sans qu’aucune expression se dégage de ce visage froid et ténébreux. Quand il s’éloigne, j’avoue me demander ce qui me retient de remonter en voiture et fuir pour Autarcie. Je suis sûre que là-bas c’est plus lumineux et plus ? Quel est le bon mot ! coincé. Oui, ça doit être ça. Je regarde une fois de plus tout autour de moi, et ma sœur n’a pas tout à fait tort, c’est sombre, très sombre. Mais c’est tellement loin d’être laid.
Mes parents quittent enfin la voiture et, à leurs têtes, je pense que, tout comme Kirsty, ils ne sont pas emballés. Par pure politesse, ils souhaitent gagner le bâtiment principal et voir à quoi ressemblent les salles de cours, le réfectoire et les dortoirs.
Nous avançons enfin dans le chemin de terre. J’ai l’impression que ça n’a pas de fin.
Je vois enfin la fin, et ça ne semble pas plus éclairé.
Une énorme place s’ouvre à nous. Quelques rayons de soleil passent à travers la cime des arbres qui nous entourent une fois de plus. Je suis surprise, je ne m’attendais pas à ça. Mais vraiment pas. Quatre bâtiments disposés tout autour de nous à une distance égale entre chacun et surtout d’une taille identique. Sur chaque bâtiment, il y’a comme une espèce d’immense cheminée qui mène au-dessus des arbres. Le toit de chaque bâtiment semble en verre. Je suis trop bas pour voir et en être sûre.
Je m’exécute et vois des bâtiments au-dessus de nos têtes. Je comprends mieux le côté sombre. C’est quoi au juste ?
Un homme d’une trentaine d’années, je pense. Il me fixe et me sourit. Il passe rapidement de Kirsty à moi puis tend sa main en avant pour dire bonjour à mes parents.
De nouveau, le professeur regarde ma sœur un court instant, puis moi.
Il est déjà bien plus souriant que les deux mecs de tout à l’heure. En même temps, lui est professeur. Ou alors il est simplement plus sympa et moins complexe comme personne. Il est très brun avec des yeux marron. Il est de taille et de corpulence moyennes. Rien qui ne fait rêver et, même s’il n’est pas moche et que son style vestimentaire est moderne et classe, je ne compte pas baver devant lui en cours des fois qu’il enseigne une matière susceptible de m’intéresser.
Il me fait un grand sourire et me fixe vraiment droit dans les yeux.
Je lui rends son sourire sans y mettre autant d’émotions. Il nous propose de le suivre et c’est dans un pur silence dans ma famille que nous nous exécutons.
Notre visite commence par le premier bâtiment à gauche en arrivant. Un couloir s’ouvre tout de suite à nous. Quatre doubles portes à gauche et deux plus petites tout au bout.
OK, OK, relaxation pourquoi pas, mais herbologie et alchimie bof bof.
Quand je regarde un peu autour de moi dans le couloir, je vois des barreaux aux fenêtres, enfin c’est plus de petites lucarnes à vrai dire. Ça permet plus de voir à l’extérieur qu’autre chose. Sans oublier la porte d’entrée bien blindée. Je pense que le professeur voit mes yeux se poser sur ce genre de détail. Je suis quelqu’un de méfiant et qui ne fait pas facilement confiance, du coup je suis très observatrice afin de me rassurer comme je peux.
Je repense à l’explication de mon père.
Il me sourit et semble plus gêné tout à coup.
Ma sœur devient blanche sans parler de ma mère.
Je n’ose finir ma phrase, pour les stopper, ils ont été tués ou pas ? Le professeur me fixe, puis se retourne et s’approche d’un meuble vers l’entrée. Il l’ouvre et en sort une carabine.
Il me montre une recharge de munitions dans le placard au cas où.
Je fais un signe de tête et j’ai envie de voir à quoi correspond la cheminée. Je m’avance dans le couloir pour regarder. Je vois seulement une partie. Effectivement, c’est pour une partie du toit en verre. Des bruits de pas s’approchent.
Je lui souris sans vraiment savoir quoi répondre. Je ne suis pas du genre fouineuse non plus.
Il m’ouvre la porte et je suis surprise par la taille de la pièce. Je suis à la troisième salle, je suppose que l’amphi à droite, celui des cours de magie théorique, doit être encore plus imposant. Je vois enfin l’intérieur du conduit qui fait la taille de la pièce et qui doit dépasser également sur les salles à côté. Effectivement, une lumière aveuglante sort par là et donne un peu de vie et de lumière ici. Les portes sont blindées également. En revanche, zéro ouverture vers l’extérieur hormis le tube là.
Ma sœur et mes parents sont restés à l’entrée du bâtiment. Kirsty ne va pas rester, c’est certain. Ses yeux sont braqués sur la carabine et les recharges. Elle est sûrement en train de s’imaginer l’utiliser.
Nous avançons vers un deuxième bâtiment. C’est un énorme gymnase, avec piscine tout à droite, trois portes dans le fond et tout à gauche tout un arsenal de vélos, de sacs de combat, de rings et de choses dont j’ignore l’utilité. Donc ici, on s’entraîne. Oh, il y a même une espèce de parcours d’obstacles dans le fond. Trop bien. Ici, on a de quoi s’occuper au moins. Bon le principe de tout avoir au même endroit c’est pratique mais j’avoue que si tout le campus est présent en mode sport et que moi je nage et donc en maillot de bain devant tout le monde… l’idée ne me réjouit franchement pas.
Je tourne la tête d’un coup vers lui pour comprendre.
Il me regarde mais ne semble pas vouloir répondre.
Il rigole mais ça ne me rassure pas, surtout si c’est moi qui suis en train de me faire grignoter un bout de tibia.
Je lui souris et le suis vers l’extérieur.
Au tour du troisième. Il l’ouvre et c’est un réfectoire vraiment immense. Il me sourit et tapote sur un meuble. Je me retiens de rire. OK, ici aussi il y a l’armoire à carabines. Je pense que ce sont les sanitaires derrière les portes du fond. Et, en effet, quelques instants après, il me le confirme. Une bonne quinzaine au moins de plans de travail avec cuisinières et fours sont disposés ici et là. Est-ce que cela veut dire ce que je pense ? Une cinquantaine de tables hautes allant de 4 à 8 chaises disposées un peu partout. Un mur complet rempli de frigos et de congélateurs. Dès que je peux, je pose ma question !
Vu son sourire, il a de l’humour, ouf !
Rhoooo, non !
Je suis heureuse en rentrant dans le dernier bâtiment, il a raison. Table de jeu, bibliothèque, bureau. Enfin tout ce qu’il faut pour passer un moment agréable. De même, je suppose que ce sont des sanitaires au fond. Le puits de lumière est bien là aussi comme je l’avais vu de dehors.
Il ne s’adresse vraiment qu’à moi, en même temps ma sœur et mes parents restent en retrait. Ils ne semblent pas être à l’aise ici, et ça devrait être pareil pour moi… pourtant, quelque chose de mystérieux se dégage d’ici, quelque chose qui me pousse malgré moi à continuer de vouloir découvrir ce qui m’entoure. J’ai besoin d’en apprendre plus sur ce campus, sa façon de fonctionner.
Nous le suivons jusqu’à la forêt, il s’arrête devant un arbre et me fait signe de regarder. Je lève la tête et me demande si c’est là où je vais dormir.
Il me sourit et, après avoir tiré sur une espèce de corde, une échelle en tombe. Il est sérieux là ?
Vu son sourire, je dirais que non. OK ben go dans ce cas-là.
Je tire dessus pour voir la solidité et commence mon périple. Heureusement que je n’aime pas les robes et jupes ! mais je regrette d’avoir mis mon short. J’aurais été plus à l’aise en pantalon pour le coup.
Je l’entends parfaitement dire à mes parents qu’ils peuvent rester en bas s’ils préfèrent, en revanche, Kirsty n’a pas le choix et elle doit grimper. Aucune chance qu’elle accepte, déjà parce qu’elle est en robe longue, mais robe quand même et qu’ensuite elle a peur de grimper. Petite, elle refusait de me suivre quand je mettais ma vie en danger en montant en haut des arbres. Elle préférait chouiner et rester en bas tout en me menaçant de tout balancer à nos parents… une vraie peste.
Il me faudra quand même cinq minutes pour arriver au sommet. Pourquoi une échelle ? Ils ne connaissent pas les escaliers. Quand j’arrive en haut, une main se tend devant moi. Je lève les yeux, oh, Nat ! Elle me sourit et me fait un signe de tête. Je l’empoigne et elle m’aide à me redresser.
Nat explose de rire et me fait un énorme sourire.
J’adore le sourire de Nat, en revanche, Priam ne s’attendait clairement pas à ce que je puisse sortir ça ouvertement.
Je marche un peu sur la terrasse où j’ai atterri. Plusieurs chemins de bois à travers les arbres se dressent devant moi. C’est magnifique à voir, ici il fait jour, le vrai jour. Je me penche sur la corde et regarde le sol. Ah oui, nous sommes super haut. Ma sœur est toujours en bas, et fidèle depuis son arrivée, accrochée à mon père.
Je vois Priam et Nat me regarder, la pression !
Une fois encore, je ne me prive pas de dévisager Priam.
Il me sourit et me fait signe de le suivre.
Priam peut se gratter avant d’avoir un sourire de ma part. Je le suis plusieurs minutes et il se stoppe devant une petite cabane toute mignonne. Il l’ouvre et m’invite à entrer.
Tout est en bois, ça fait chalet. Une porte m’indique que ce sont les sanitaires, enfin j’espère ! Quand j’ouvre et que je vois une penderie, mon cœur s’arrête.
La simplicité règne ici, un bureau en bois à droite en rentrant, un lit d’une place et demie, je dirais, juste devant une immense fenêtre avec une vue directe sur la cime des arbres. À défaut que ça ne soit pas moderne c’est d’une incroyable beauté. À Autarcie, clairement je n’aurais pas ce genre de spectacle. Ni ce genre de formation et d’expérience dans ma vie. Au moins, je vais pouvoir raconter plein de choses dans mes livres.
Je n’ai aucune envie d’aller à Autarcie, ni à Nelune ou même à Aurore, je veux juste être loin de ma sœur et ma famille. Être seule, un peu comme un pèlerinage, seule face à cette nature pour me ressourcer et mieux me retrouver.
Il me sourit et mets ses mains dans sa poche. Il sourit vraiment tout le temps ? Ça contraste juste avec moi qui est moins guillerette.
Son visage semble se figer quand je dis ça. J’ai dit quoi de mal ?
Le sourire qui ne le quittait pas depuis mon arrivée semble quant à lui ne pas vouloir réapparaître.
Effectivement, vu comme ça.
Je fais des va-et-vient dans cette minuscule pièce en essayant de me concentrer. Si je pouvais faire ma liste du plus et du moins ça m’irait, mais devant lui ça risque d’être compliqué.
Cathy avec son côté folle et suicidaire va kiffer cet endroit, elle va avoir l’impression de faire du camping.
Je visite un peu plus ma chambre minimaliste. Et reste bloqué en ne voyant aucun moyen de chauffage.
Je lève les yeux en prenant conscience qu’il fait super clair, oh c’est vitré, et c’est super beau. Il y a un rideau pour se cacher heureusement.
Il se met à rire et je ne peux m’empêcher de le fixer.
Je ferme les yeux pour reprendre mes esprits en espérant avoir une évidence qui s’impose à moi.
Je me retourne et regarde par la fenêtre, et je ne vois rien. Mais d’où vient cette voix, sérieux ? Le professeur ne l’a pas entendu ?
Je respire un bon coup et me retourne pour sourire au professeur.
Je quitte le chalet et plusieurs élèves ou profs je ne sais pas trop passent devant moi. Un bonjour rapide et ils continuent leurs chemins.
Je passe vers Priam et Nat qui n’ont pas bougé mais qui ont été rejoints par d’autres personnes, dont Axel.
Je pff et commence à descendre à l’échelle. Un pied-à-terre et je suis fière de moi.
À mesure où ils essayent de me dissuader, moi j’ai encore plus envie de rester. Quand je vois Cathy arriver derrière et seule, je suis aux anges. Je fonce vers elle et lui saute au cou.
Je me retourne et un homme blond aux yeux très clair approche. Alors là lui on peut dire qu’il est juste canon. Vu la tête de Cathy, elle est bien emballée également. C’est le genre de mec qui doit avoir tout un tas de groupies qui le suivent partout et qui obtient tout ce qu’il souhaite. 1m85 je dirais, sculpté par les dieux et vu la chemise entre ouverte imberbe ! c’est bon, je signe où pour me marier avec lui ?
Vu le sourire qu’il fait, sa réponse le fait rire. Il me regarde rapidement et après un signe de tête, Cathy le suit. Bon, elle semble emballée et ça me rassure. Mes parents approchent et me disent qu’ils acceptent mais que j’ai intérêt à être sérieuse et à bien obéir aux règles. En même temps, ils imaginent quoi ? Que je vais descendre la nuit pour aller faire mumuse avec les loups ? Je n’ai jamais rêvé de me transformer en bête sauvage et manger de la viande crue et sanglante. Mon steak, en général, je le veux bien cuit. Je raccompagne mes parents jusqu’à la voiture et récupère mon énorme sac à dos et mes deux valises à roulettes.
Surtout pour moi en fait.
Mes parents, après un énorme câlin, me donnent une enveloppe puis montent en voiture.
Elle ne me dit même pas au revoir et monte en voiture. J’attends qu’ils s’éloignent pour ouvrir l’enveloppe. Oh ! plusieurs billets, et un petit mot. « Un début pour l’achat de ton ordinateur, on est fier de toi, on t’aime ». Je suis contente par ce geste. Je range l’enveloppe dans ma valise et me dirige vers le cœur du campus. Des bruits dans la forêt m’interpellent encore, je tourne la tête et cette fois j’ai bien un léger mouvement de recul. Les yeux verts sont encore là, mais pas seulement, c’est un loup à côté de lui ? Il fait jour, pas un mordu alors !
Encore la voix ! Le loup grogne tout à coup et se penche un peu en avant comme s’il voulait attaquer. Oh non pas ça ! c’est moi qu’il vise ? Vu comment il se baisse davantage, je pense que oui. L’humain pose alors sa main sur la tête de l’animal, ça semble fonctionner par chance, car il se redresse et repart en courant après avoir laissé le mec monter sur son dos. Pourquoi ce loup qui était noir et blanc avec une noirceur dans le regard voulait m’attaquer ?
Est-ce que je dois parler de ça à quelqu’un ou pas ? Après quelques secondes à analyser tout ce qui m’entoure, pour être sûre de ne pas voir autre chose qui me fera une fois de plus flipper, je me remets en route.