Nelle et l’attaque des démons - Tome 3 - Samantha Diaz - E-Book

Nelle et l’attaque des démons - Tome 3 E-Book

Samantha Diaz

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Beschreibung

Nelle subit un drame affectif qui la pousse à tout quitter. Elle souhaite être loin de tout et de tous afin de tirer un trait sur son passé, mais la moindre occasion la poussera à y retourner et, une fois encore, à se dépasser pour affronter un nouveau mal qui sévira. Elle sera entourée des personnes qui la rendent heureuse. Toutefois, réussira-t-elle à oublier celles qu’elle a aimées ou qu’elle aime encore ?


À PROPOS DE L'AUTEURE


En écrivant ce troisième tome intitulé Nelle et l’attaque des démons, Samantha Diaz nous invite, comme elle, à nous évader de notre quotidien, à rêver, à voyager dans cet univers imaginaire et fantastique. Elle partage également avec nous sa passion pour l’écriture et de belles leçons de vie.

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Seitenzahl: 890

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Samantha Diaz

Nelle et l’attaque des démons

Tome III

Roman

© Lys Bleu Éditions – Samantha Diaz

ISBN : 979-10-377-5067-9

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Aidan est mort depuis deux mois. Sans sa présence auprès de moi ma vie n’a plus raison d’être. J’ai décidé de retourner chez mes parents avec Nelan.

Après avoir chargé mon coffre, je dis à ma façon adieu à tout le monde, ils sont là dans la salle de jeu à me regarder. Scarlett et Cécile sont en larmes, les hommes eux semblent être plus forts pour se retenir de pleurer.

Je fuis le campus, je fuis la magie, je ne veux plus et ne peux plus vivre dans un endroit qui me rappellera autant Aidan. Je n’ai plus le goût à rester et maintenant que j’ai Nelan je dois m’en occuper.

Dagon a insisté pour m’accompagner jusqu’à ma voiture. Comme Scarlett me l’a dit, il y a ce petit quelque chose entre Dagon et moi qui est fort, et incompréhensible même pour moi.

Il est assis à côté de Nelan quand je rejoins ma voiture. Je me penche légèrement pour les entendre.

— Il va falloir me promettre de bien veiller sur ta maman, mon bonhomme, tu as déjà beaucoup de poigne et je sais que tu ne vas pas laisser les hommes l’approcher de près.

Je souris en l’entendant parler.

Mon cœur s’accélère quand j’entends Nelan gazouiller et lui répondre :

— On est d’accord, bonhomme, il n’y a que moi qui aurais le droit de l’approcher ! Je compte sur toi hein.

De nouveau, il gazouille et je vois Dagon se pencher et embrasser le front de mon fils. Il sort de la voiture et me fait un magnifique sourire. Ce sourire cache des larmes au coin de ses yeux.

— C’est mal d’entendre la conversation de deux hommes en pleine discussion des plus sérieuses.
— Je te rassure, je n’ai rien entendu. À part que tu comptes dans 18 ans lui apprendre à être un tombeur des dames comme toi.
— Je ne te dis pas adieu, Nelle.
— Je ne suis pas contre avoir de tes nouvelles, mais j’ai besoin d’oublier tout ça, de fuir et de me retrouver.
— Ça fait deux mois qu’Aidan est mort, il te faut du temps, c’est normal.
— Je doute qu’un jour je puisse guérir de ce trou dans ma poitrine.

Il pose ses mains sur mes joues et son front contre le mien.

— Je t’aime, Nelle, depuis le premier jour et à jamais.

Je ferme les yeux et laisse les larmes sortir.

— Je t’aimerai toujours aussi.

Mes yeux sont toujours fermés quand je sens ses lèvres se poser sur les miennes. Ce baiser est tellement beau et doux. Je le laisse faire, car j’ai besoin de ça, j’ai besoin de son adieu, que tout se termine dans ma vie comme elle a commencé ; par un baiser de sa part. Mon Dagon, mon compagnon de cours de magie théoriques imbuvable, qui me faisait frissonner juste en sentant son odeur. Cet être qui a réussi à me rendre jalouse de blondes sulfureuses, ce blond qui a toujours été là pour m’aider et venir à mon secours. Prêt à mourir pour moi.

— Dagon.
— Oui ?

Je lui souris et relève la tête pour plonger une dernière fois mon regard dans le sien.

— Je suis un abruti, je sais.

Ça fait déjà quatre mois que je continue de respirer sans aucune envie de le faire. J’ai bien trop écouté : « avec le temps » ça passera, mais c’est faux, plus le temps passe et plus mon cœur se fragilise et souffre davantage. J’aurais préféré qu’il me quitte, mais pouvoir continuer à le voir. Il a disparu et même quand j’essaye de l’appeler, il refuse de venir.

Nelan est gardé par ma mère quand je suis au boulot, je travaille dans la boîte de nuit des parents de Léo et Clément pour gagner de quoi subvenir à ses besoins. Aidan avait bien mis une assurance à mon nom ; je le confirme et je refuse d’y toucher. Nelan pourra les utiliser à sa majorité et payer les trois ans de cours dans le campus qu’il aura choisi.

Mes parents sont très présents pour moi et m’ont beaucoup aidé avec Nelan. Ceux d’Aidan passent régulièrement aussi pour le voir et je fais en sorte de ne pas être présente. Je ne veux voir personne d’autre à part mes parents, je ne me sens pas prête à ça.

La seule personne que je laisse prendre de mes nouvelles c’est Dagon. Ce lien entre nous depuis le début ne semble pas disparaître. Il était présent pour l’enterrement d’Aidan et a été d’un énorme soutien pour moi. Il m’envoie régulièrement des messages. Il ne s’attarde jamais à aller au-delà de la politesse de base. Il a proposé de passer me voir une fois, mais j’ai refusé, il n’a jamais insisté.

Même si ma vie est affreusement triste ça me fait beaucoup de bien de pouvoir sortir et faire des choses sans me sentir en danger. Ici, personne ne me connaît moi et mes tares, c’est très bien comme ça.

À part les cheveux et la forme des yeux, mon fils me ressemble énormément. Ce n’est pas si mal d’une certaine façon, car si c’était le portrait de son père j’aurais du mal à regarder mon fils sans pleurer.

Les semaines et mois continuent d’avancer. Nelan a 3 ans maintenant. Il est très doux et calme comme moi. C’est un amour de petit gars. Mon amour pour Aidan ne m’a jamais quitté. En 3 ans, je n’ai jamais réussi à regarder un nouvel homme avec envie et désir. D’ailleurs, aucun homme n’a réussi à me donner envie d’aller plus loin qu’une commande au bar.

Quand je fais le bilan de ma vie, je vais avoir 24 ans, je travaille dans un bar la nuit et gagne très mal ma vie, je suis mère célibataire et chacune de mes relations s’est terminée par une rupture et à chaque fois brutale à mes yeux. Dagon m’a repoussée quand j’ai été libérée par Benjamin. Alex m’a fait comprendre qu’il ne m’aimait pas finalement après m’avoir fait violer et détruite de l’intérieur par un vampire, Benjamin m’a virée de sa vie et de sa chambre quand j’ai voulu être encore plus intime avec lui dans un lit et, en effet, enfin Aidan qui meurt, m’abandonnant seule dans ce monde où sans lui rien n’a plus aucun sens.

Les jours avancent et j’ai besoin de changement dans ma vie, je suis malheureuse ici.

Je m’apprête à aller bosser quand je reçois un appel, lorsque je vois l’identité, je souris.

— Bonjour Dagon.

— Bonjour, ma petite Nelle. Comment va Nelan ?
— Et moi je pue ?
— Oui, aussi.
— Hey !
— Je reformule, comment allez-vous ?
— Nous allons bien merci.
— Bon, tant mieux.
— Et toi ?
— Très bien.
— J’ai bien reçu le cadeau pour l’anniversaire de Nelan, et il a adoré, mais tu n’étais pas obligé.
— Je sais, mais à son âge il est un homme maintenant, il se doit d’avoir les baskets dernier cri.
— Ou pas, non.
— Il a eu combien de fiancées déjà ?
— Dagon.
— Je sais, je sais, je suis un abruti.
— Tu me manques, Dagon.

Ça a le mérite de mettre un froid, il ne s’y attendait pas, je pense, et moi non plus je ne m’attendais pas à dire ça, à oser le lui avouer.

— Tu as refusé que je vienne, je te rappelle, et je n’ai pas insisté.
— J’ai juste peur de ce que je vais pouvoir ressentir une fois devant toi.
— C’est si mal que ça ?
— Je ne sais pas trop de quoi je suis capable.
— On le découvrira ensemble quand je vais venir, OK ?
— D’accord.
— Tu veux vraiment que je vienne ?
— Oui.
— Quand ?
— Le week-end prochain, je ne travaille pas.
— C’est noté, je serais le blond.
— Et moi la rousse.
— Je te dis à très bientôt alors.
— Oui.
— Et même si tu annules je viendrais quand même, Nelle. Même si tu as une gastro, peu importe la raison.
— Et si c’est toi qui es malade ?
— Rien ne m’arrête quand ça te concerne et tu le sais non ?

Le coup dans mon cœur là est juste horrible… mais je ne dois pas fuir… je ne le dois pas.

— Je compte sur toi, car je vais fuir, c’est certain.
— Dans ce cas, jouons à cache-cache.

J’explose de rire à en pleurer.

— Merci Dagon, merci infiniment.
— À très vite, je t’embrasse, ma belle.
— Je t’embrasse aussi.

La semaine qui suit est une torture pour moi, je ne sais pas comment m’habiller, me coiffer ni même ce qu’on va pouvoir faire. Nelan est chez ses grands-parents paternels et j’ai ma journée et ma soirée tranquilles. Ma mère est adorable et vient me voir dans ma chambre pendant que je choisis minutieusement ma tenue. Elle m’a vue stressée au déjeuner.

— Tu m’expliques, ma chérie ?
— Je vais voir un vieil ami.
— Vraiment ? C’est une excellente chose ça, dis-moi.
— J’ai peur, dis-je en fermant les yeux histoire de réussir à respirer à peu près normalement.
— De quoi ?
— De le revoir.
— Il avait quelle importance à tes yeux ?
— Après Nelan et Aidan ?
— Oui après eux, me demande-t-elle en souriant.

Je lui fais un sourire timide et vu le sourire qui apparaît encore plus sur son visage, elle a compris. Elle approche et ouvre mon placard. Quand je la vois sortir un de mes shorts et un débardeur, je ne comprends pas du tout son choix.

— Un short ? Un débardeur ? Mais je…
— Il vient voir Nelle, la fille qu’il connaît depuis plusieurs années. Ne cherche pas à mettre une robe sexy ou autre, ça ne te ressemble pas, ma chérie.

Je prends ma mère dans mes bras et la remercie pour son aide. Et elle a raison, je mets ce qu’elle me conseille. Elle finit par me laisser seule face à ce miroir que je déteste, après un dernier « courage ma fille ».

Mon portable vibre sur mon bureau et je vais voir « Dagon : je passe te chercher chez toi dans 10 min, bisous ».

Ne tremble pas, Nelle, je t’en prie, ne tremble pas. Et pourtant mon corps est déjà en action. Je respire profondément quelques secondes et me force à sourire, des images joyeuses en compagnie de Dagon me gagnent l’esprit et j’avoue que ça m’aide beaucoup à me détendre.

Je retourne à ma tenue et à ce que je déteste depuis plusieurs années, moi !

Mes cheveux sont trop cours à présent pour les attacher, ils sont au niveau de mes épaules et sont raidis en permanence. Un peu de gloss et de mascara et je pense être prête.

J’enfile les sandales à l’entrée de ma maison et me montre à mes parents.

— Tu es parfaite, ma chérie, lance ma mère.
— Parfaite pour ? demande mon père surpris.

Il ne me voit plus du tout sortir, sauf pour aller travailler ou déposer et récupérer Nelan chez ses grands-parents.

— Voir un vieil ami, dis-je avec un gros manque de confiance en moi.
— Effectivement parfaite ! renchérit mon père avec un super sourire.
— Passe une excellente journée et soirée, ajoute ma mère toute contente.
— Ne m’attendez pas, je ne sais pas quand je vais rentrer.

Je les embrasse tous les deux et récupère mon sac pour m’apprêter à sortir de chez moi. Je ne sais pas si Dagon comptait venir sonner ou pas.

J’ouvre la porte et vois ma tête blonde préférée au bout de l’allée approcher à pied. Mains dans les poches, avec une magnifique chemise blanche et un jean bleu foncé. Baskets, tiens, les mêmes que Nelan pour adulte. Il me fait un magnifique sourire que je lui rends. Allez, fonce dans ses bras !

Je balance au sol ma veste, mon sac et cours dans ses bras. Je suis heureuse quand il me les ouvre et qu’il me serre fort contre lui. Des larmes de joie envahissent mes yeux puis mon visage.

— Bonjour, ma petite Nelle.
— Bonjour, Dagon.

Quand il me fait reculer et qu’il pose ses mains sur mon visage comme il l’a fait si souvent, j’ai un sourire puissance mille qui apparaît. Qu’est-ce qu’il est beau ! Il aurait pu mal vieillir, mais non, l’âge l’embellit encore plus c’est impressionnant. Je reste bloquée sur son visage qui me semble encore plus beau et plaisant qu’avant. Ses cheveux ont poussé aussi, ça lui fait ressortir les yeux.

Ses yeux verts brillent, en plus c’est magnifique à voir. Visiblement, je ne suis pas la seule à avoir versé quelques larmes.

— Désolé tu es encore mouillé par ma faute, dis-je en essuyant son col.

Il me fait un grand sourire et m’embrasse le front avec une douceur mélangée à une force qui me fait beaucoup de bien.

— Tu as coupé tes cheveux ? dit-il tout en passant sa main dedans.
— Oui, j’avais besoin de changer de tête.
— C’est très réussi en tout cas.
— Ce n’est pas la chemise que tu m’avais prêtée ?
— Oui, excellente mémoire, répond mon beau Dagon en souriant.
— Et je confirme que tu es très beau comme ça avec.
— D’après mes souvenirs, elle t’allait très bien également. Et je t’avoue avoir mis un moment à me décider à la laver, je savais que ton odeur aller y disparaître.

Ses mots me font tellement plaisir, au point où ça me gêne terriblement.

Nous restons là quelques instants à nous regarder, comme si on essayait de nous rappeler comment était l’autre avant.

— Tu as pensé un programme pour la journée ? demande Dagon.
— Non, je t’avoue que je pensais improviser avec toi.
— Ça me va, pas de soucis. J’ai ramené deux trois trucs.
— Deux trois trucs ? C’est-à-dire ?

Il me sourit, me prend par la main et m’emmène avec lui jusqu’à sa voiture.

— Très jolie voiture, dis-moi.
— Ce n’est pas la mienne, je l’ai empruntée à Jacob. La mienne est en révision.
— Jacob sait que tu viens me voir alors ?
— Non, rassure-toi.
— Comment va-t-il ?
— À merveille, fidèle à lui, droit, fiable et d’une amitié des plus sincère et authentique.
— Je le reconnais bien dans cette description, en effet.

Il ouvre son coffre et en sort plusieurs paquets.

— Dagon, il y a quoi dedans ?
— Tu verras.
— C’est pour qui ?
— Tes parents ne vont rien dire si je rentre chez toi ?
— Non du tout, mais tu ne réponds pas à ma question.

Il me sourit et me tend des paquets pour l’aider à porter.

— Allez, femme, avance !

Mes parents sont installés sur le canapé devant une série. En nous voyant entrer, ils se relèvent et approchent pour dire bonjour à Dagon. Bien évidemment, ils l’ont déjà vu.

— Bonjour M. et Mme Oksane, lance Dagon en tendant sa main.
— Bonjour, répondent mes parents.
— C’est mon ami Dagon.
— Oui, nous nous souvenons de lui, il était venu pour ton anniversaire, pour tes 20 ans, répond mon père.

Je suis censée faire quoi ? Proposer à Dagon de monter ?

— Nelan n’est pas là ? demande mon ami.
— Non, c’est le week-end chez ses grands-parents paternels.
— Je vois.
— C’est pour lui ?
— En partie.
— On va monter déposer les paquets dans sa chambre, il sera content de les découvrir en rentrant.
— Je te suis.

Je grimpe à l’étage et l’emmène jusqu’à la chambre de Nelan. Il va vite voir que mon fils ne manque de rien.

Il sourit en rentrant et en découvrant la décoration et la pièce bien garnie en jouets. Son lit est en hauteur, c’est un lit en forme d’arbre, ou il peut descendre avec une corde, un toboggan ou l’échelle en bois.

Je le vois approcher du circuit de voiture qu’il lui a offert pour Noël et se mettre à genou à côté. Je le vois alors poser deux paquets à côté.

— Ça va compléter ce qu’il a déjà.
— Tu n’aurais pas dû, Dagon.
— Bien sûr que si, j’aime ton fils, Nelle.
— Quoi ?
— Je l’ai vu naître, et un peu grandir. Il a une place dans mon cœur.
— Tu as envie de me voir pleurer, toi.
— Seulement si ce sont des larmes de joie.

Il approche et me pose un paquet dans les mains.

— Celui-là est pour toi.
— Tu n’aurais jamais dû.
— Ouvre-le déjà.

Je lui souris et l’ouvre. Je hausse les sourcils, c’est une invitation ? Quand je lis les noms je souris, Cécile et Greg se marient, oh trop mignon, c’est dans 18 mois et l’invitation est au nom de Dagon.

— Accompagne-moi, Nelle, s’il te plaît.
— Mais.
— S’il te plaît.
— Tu peux compter sur moi alors.

Il avance d’un coup vers moi et pose ses lèvres sur les miennes. Mince non je ne m’attendais pas à ça. Il n’aurait pas dû, il n’imagine pas à quel point ça s’accélère dans ma poitrine, à quel point mes sentiments pour lui refont surface comme si jamais ils n’étaient partis. Je suis censée faire quoi ? Le repousser ou lui montrer à quel point j’en ai envie aussi. Je recule légèrement et le regarde.

— Je suis désolé Nelle, tu n’imagines pas à quel point, j’en avais envie depuis que je t’ai vu me sourire dehors.
— Je serais une menteuse de dire que je n’en ai pas envie non plus.
— Dans ce cas, laisse-moi faire.
— Ce n’est pas sérieux.
— En quoi ?

Je pose ma tête dans son cou et le serre en mettant mes bras derrière sa tête.

— Pas encore, s’il te plaît, passons notre journée ensemble à discuter et rire.
— Allons nous balader alors.

Avec Dagon, nous rejoignons la voiture de Jacob et c’est parti pour une après-midi ensemble. Il me surprend en roulant plutôt normalement, au moins lui sa conduite ne me fait pas peur. C’est la première fois que je le vois conduire d’ailleurs. Il a l’air super à l’aise et maîtrise à merveille.

Et c’est exactement ce qu’on fera toute la journée. Il n’aura pas essayé de m’embrasser de nouveau, en revanche sa main sera restée en contact avec la mienne une bonne partie du temps. Nous nous sommes baladés, nous avons bu un verre et nous sommes allés faire quelques boutiques également. J’ai passé une super journée avec lui à rire et à bavarder, en discutant du passé. Nous terminons la journée par un dîner au restaurant et par une dernière balade de digestion dans la forêt à côté de chez moi là où j’avais pratiqué de l’escalade avec Aidan.

Quand il me raccompagne jusqu’à chez moi je sais très bien qu’il va vouloir reparler de notre baiser, de cet échange que j’ai arrêté.

Effectivement, ça ne loupe pas il joint de nouveau nos bouches et m’embrasse avec beaucoup de douceur.

Il m’embrasse qu’un court instant et me sourit tout en reculant.

— Je suis très content de t’avoir vu Nelle, laisse-moi revenir te voir avant 3 ans s’il te plaît dit-il tout en me caressant la joue.
— On se revoit très vite je te le promets.

Il m’embrasse le front et regagne sa voiture. Je suis tellement heureuse de le revoir. Cette journée m’a fait du bien de revoir un ami qui me manquait énormément. Je monte de suite dans ma chambre pour me laver puis pars me coucher.

Les jours qui suivent, nous nous écrivons un peu plus qu’en temps normal, mais ne parlons pas des baisers, comme d’habitude on parle plus de tout et de rien. Nous avons reprogrammé une autre journée et cette fois-ci il m’a demandé si Nelan pourrait être présent, cela serait plus sympa.

En découvrant les cadeaux, Nelan était aux anges et a sauté de joie partout, Dagon sait très bien comment faire plaisir à un petit garçon, c’est certain.

Ce soir, je suis seule au comptoir. Lidia est malade, pour un samedi de juillet je ne vais pas avoir le temps de m’ennuyer. La soirée bat son plein. Je suis surprise par une conversation de deux clients.

— Je t’assure avoir vu deux énormes personnes habillées bizarrement, affirme un client.
— Tu avais encore trop bu, répond le deuxième.
— Non, il faisait nuit et j’ai pu me cacher, mais j’étais terrifié.
— Tu penses que c’est lié avec tous les décès et disparition récemment non explicable ?
— Possible.

Il y a eu pas mal de décès et disparition récemment ? Je n’étais pas au courant.

— Mademoiselle, m’interpelle un troisième un peu plus loin au comptoir.

Je fais signe de patienter et reprends mon travail là où je l’avais laissé avant de surprendre la conversation qui semble me perturber plus que je ne le devrais.

Je finis de servir une table et retourne au comptoir, je m’approche du client sans le regarder et lui demande ce qu’il veut boire.

— Un verre de whisky s’il te plaît, Nelle.

Quoi il connaît mon nom ? Je relève la tête et mon cœur retient un battement en reconnaissant l’identité de la personne. Anderson !

— Je vous apporte ça.

Je me retourne pour préparer sa commande et lui pose son verre devant lui et m’éloigne.

— Nelle, il faut que l’on parle, me dit Anderson, le directeur de Nelune qui m’a rejoint derrière le bar.
— Vous n’avez rien à faire de ce côté du bar.
— Tant pis, mais je dois te parler, c’est important. Et ici, il faut gueuler pour se faire entendre.
— La Nelle que vous avez connue a disparu il y a longtemps.
— Nous avons besoin de toi.
— Non, je vous conseille de finir votre verre et de repartir.
— Tu finis à quelle heure ?
— Jamais.
— Nelan est en danger, me dit-il au moment où je m’éloigne.

Il est loin d’être stupide, et il a touché mon point sensible, mon fils, je refuse qu’il puisse être en danger. Il est tout ce qu’il me reste d’Aidan et je serais morte de l’intérieur, si je perdais mon enfant. Je finis par revenir vers lui. Mon regard se veut inquiet, j’aurais préféré qu’il soit en colère par ses mots d’avoir utilisé cette méthode pour m’amadouer.

— Je finis à 4 h, attendez-moi et nous discuterons.
— Je ne bouge pas de là.

La soirée passe rapidement, je finis par sortir et rejoins le directeur sur le parking. J’embrasse Clément au passage et lui dis à bientôt.

— Je vous écoute.
— On devrait aller dans un endroit plus tranquille pour discuter.
— Allons chez moi dans ce cas-là.
— Parfait.

Il monte avec moi en voiture et nous arrivons rapidement dans mon petit appartement en centre-ville.

— Il y a bien moins d’escaliers ici.
— C’est certain.

Une fois à l’intérieur je le débarrasse de sa veste et de son sac et lui propose à boire.

— Comment vas-tu, Nelle ?
— Je vous écoute.

Il me regarde en souriant, je ne pense pas qu’il soit là juste pour savoir si je vais bien et si je suis toujours vivante.

— Des démons ont réussi à rejoindre notre monde et détruisent tout sur leurs passages.
— C’est donc ça tous les meurtres ?
— Oui et ça empire au fil des semaines.
— Et le rapport avec moi ?
— Tu es forte et ton aide n’est pas négligeable.
— Les démons ne sont pas des morts, ma banshee n’aidera pas, et mes talents de médium n’ont plus.
— La force de tes ondes pourrait aider, bien qu’ils soient vraiment très forts.
— Je ne suis pas encore prête à affronter mon ancienne vie.
— On a besoin de toi pour convaincre les guerriers aussi de se joindre à nous, je suis allé les voir et ils ont refusé.
— Pourquoi ?
— Une envie de changer de vie également.
— Je peux les comprendre et vous aussi, je pense.
— Tu sais que ton sale caractère nous a manqué sur le campus la troisième année. Rien de méchant ou de dangereux ne s’est produit, nous nous sommes presque ennuyés.

Même s’il dit ça en souriant ça me fait vraiment très plaisir à entendre. L’absence de mes amis au fil des semaines est de plus en plus dure. À mesure ou mon cœur se soigne mon besoin d’être entouré se fait ressentir. C’est sûrement pour ça que j’ai besoin de revoir Dagon rapidement.

— Alors ? On peut compter sur toi ? Je peux compter sur toi ?
— Il va me falloir du temps pour réfléchir.
— Il y a eu déjà beaucoup de morts et de disparitions.
— Ce n’est pas mon problème, je ne veux plus me lancer dans ce genre de combat qui finira en drame dans ma vie.
— Et s’ils attaquent ici, et si les prochaines victimes étaient tes amis, tes proches, ton fils, tu le regretterais de ne rien avoir fait.
— J’ai besoin de temps.
— Sauf que du temps nous n’en avons pas Nelle, il faudrait partir cette nuit.
— Mais je ne peux pas tout abandonner comme ça, j’ai mon boulot, mon appartement aussi et surtout ma vie. Et Nelan ? Je fais comment avec lui ?
— Déjà, j’aimerais que tu finisses ton parcours, que tu valides ta troisième année. En parallèle, je vais te trouver un emploi au sein du campus pour que tu gagnes ta vie. Pour Nelan, il pourra bien évidemment venir avec toi. Que tu aies un enfant ne me pose aucun problème.
— Mais il vivra où ? Qui s’occupera de lui en journée ?
— Des anges, et il pourra avoir des cours avec Romain pour lui apprendre à utiliser ses dons.
— Romain ? Il enseigne toujours alors ?
— Oui, il est toujours là et je suis persuadé qu’il sera ravi d’apprendre tout un tas de choses à Nelan.
— Je veux qu’il grandisse sans magie.
— Il doit apprendre à s’en servir Nelle, il est fait pour ça.
— C’est non ! Aucune magie.
— Tu es sa maman, et c’est à toi d’en juger, je peux comprendre, mais il finira par le découvrir et rappelle-toi ce que tu as ressenti quand tu l’as découvert et que tu t’es sentie seule face à ce don que tu ne maîtrisais pas et qui te faisait peur.

Il a raison, mais je serais là pour l’aider et le protéger quand ils apparaîtront, je lui expliquerai et pourrai l’entraîner. Mais chaque chose en son temps. Pour l’instant, il doit avoir une enfance heureuse, comme un petit garçon de son âge doit avoir.

— Je n’ai aucune économie pour payer la troisième année, ce que vous me proposer comme boulot m’aidera seulement à garder mon appartement et subvenir au besoin de mon fils, pas plus.
— Je t’offre ta troisième année avec grand plaisir s’il n’y a que ça pour te faire dire oui Nelle.
— Je ne sais pas si je suis capable de vivre et voir les gens d’avant. Et puis j’ai 24 ans bientôt, être étudiante à mon âge ?
— Beaucoup d’étudiants ont ton âge, tu sais. En plus, tu reviens pile au bon moment sur le cursus d’une troisième année. Arrête d’essayer de trouver des excuses pour ne pas revenir. Je te ramène avec moi demain que tu le veuilles ou pas.
— J’ai peur, j’ai terriblement peur de cet inconnu qui arrive à grands pas.
— Tu vas principalement revoir tes professeurs Nelle, les étudiants sont nouveaux. Et à part en cours tu ne côtoies plus les élèves. Vous avez un dortoir et réfectoire séparé.
— Vous allez m’offrir quoi comme travail là-bas ?
— Tu vas enseigner.
— Vous êtes sérieux ?
— Oui très. Il y a deux médiums qui vont nous rejoindre et nous aurons besoin de toi.
— Même sans mon diplôme vous acceptez que j’enseigne ?
— Je te connais suffisamment pour savoir que tu es très douée et que ton don et toi ne faites qu’un. Et puis tu feras une excellente enseignante, j’en suis certain.

Je fais les cent pas dans mon appartement pour réfléchir. Cet appartement je l’ai pris en plus quand j’ai besoin de m’isoler, de me retrouver et ne pas être un poids supplémentaire à mes parents. Ce lieu n’a jamais été aussi petit et oppressant qu’aujourd’hui. Avant, mon 30 m² était suffisant, visiblement de faire des va-et-vient le rend minuscule.

Je suis vraiment perdu, mitiger entre l’envie de revoir d’anciennes connaissances, reprendre du poil de la bête et en même temps continuer à fuir cette vie qui à part emmener Nelan m’a apporté beaucoup de souffrance. Cette petite voix qui semblait m’avoir quitté à la mort d’Aidan revient, et me chuchote de prendre une fois encore mon courage à deux mains et de foncer, que mon aide doit être importante si le directeur c’est déplacé ici.

— Tu sembles prête à dire oui, mais quelque chose t’en empêche c’est bien ça ?
— J’ai peur, vraiment.
— Peur de quoi ?
— De plus être à ma place, de ne pas retrouver mes habitudes.
— Tu as mis du temps au début quand tu es arrivée à Nelune, et tu as fini par trouver tes marques, grâce à tes amis et surtout grâce à Aidan qui t’a touché en plein cœur.
— Aidan ne sera pas là.
— D’autres seront là crois moi.
— Mais ils ne seront pas lui.
— Ça ne rend pas les choses moins bien pour autant, ce sera juste différent.

Et il a raison, la différence est souvent très intéressante, la preuve mes amis sont tous différents, dans leurs dons et caractères. Et ça me donnera l’occasion de revoir un peu plus souvent Dagon aussi. Un léger sourire en repensant à ses baisers de la dernière fois apparaît sur mon visage.

— Je veux bien essayer, mais je ne promets rien. Si c’est trop pour moi et que je n’y arrive pas, je rentre.
— Si tu veux oui.
— Pour Nelan, je vais le confier quelque temps à mes parents. Ce n’est pas sa place là-bas.

Il me sourit et ne répond rien.

— On devrait dormir un peu avant de partir. Rouler de nuit n’est pas une bonne idée, surtout que je suis debout depuis un moment, dis-je en me stoppant dans mon marathon.
— Je vais aller trouver un hôtel et on se rejoint demain.
— Vous pouvez dormir ici, ce n’est pas très grand, et nous allons devoir partager la pièce, mais ça vous évitera de courir à cette heure.
— Je vais prendre le canapé dans ces cas. Je te laisse juste me donner de quoi dormir.

Je lui souris et lui sors tout le nécessaire.

Nous allons nous coucher et le lendemain à mon réveil je prépare mes valises en prenant le minimum pour l’instant. J’ai besoin de me rassurer en me disant que je peux revenir à tout moment.

Je n’oublie surtout pas mon pêle-mêle offert par Dagon. Finalement dans les places manquantes j’ai mis une photo de nous tous et une avec Aidan. La photo avec mes parents, je l’ai fait agrandir et je l’ai mise dans un cadre photo à part.

Quand je rejoins le directeur, je suis surprise de voir qu’il a tout rangé et qu’il est surtout sorti chercher à manger.

— Sans mon café le matin, je ne suis bon à rien, dit-il en me souriant.

Je lui rends son sourire, m’approche et m’installe en face de lui.

— Tu n’en bois pas toi, enfin il me semble.
— Non, je ne le digère pas très bien.
— Contente-toi du non, je ne veux pas avoir d’image bizarre te concernant.

Je lui fais un grand sourire et me sers une viennoiserie. Nous décollons une petite demi-heure après. Son geste est si banal et pourtant ça m’a un peu retiré de stress.

En rentrant dans la maison de mes parents, Nelan me fonce dans les bras.

— Maman, dit-il tout en me sautant au cou.

Mes parents approchent à leur tour et saluent Anderson.

— Bonjour, je m’appelle Quentin, lance le directeur à mes parents en leur tendant une main.

Mes parents lui tendent à leurs tours leurs mains et donnent leurs prénoms. Ils se tournent vers moi et je pense qu’ils attendent une explication.

— Je vais retourner sur le campus pendant un certain temps pour valider ma troisième année et enseigner un peu, dis-je sans grande conviction je dois l’avouer.
— Excellente idée ça Nelle, je suis content et fier de toi répond mon père avec un énorme sourire.

Je n’avais pas vu mon père aussi heureux depuis longtemps. Je pense que je n’ai vraiment pas du leur rendre la vie facile ses trois dernières années et je sais la chance que j’ai de les avoir. Ça me confirme qu’il y a quelques années j’ai bien fait de venir ici avec l’idée de me sacrifier pour qu’ils puissent vivre.

— Tu vas rendre ton appartement du coup ? demande ma mère.
— Je vous laisse le double et pour l’instant je vais le conserver. Ça me rassure comme ça.
— Et Nelan ?
— Je vais avoir besoin que vous le gardiez quelque temps, je veux qu’il grandisse loin de mon monde.
— Il sera en sécurité avec nous, tu peux partir sereine et penser à toi quelque temps, dit mon père.
— Merci beaucoup.
— Mais Quentin vous êtes quoi au juste ? ou qui, on ne vous a jamais vu, demande mon père avec beaucoup de curiosité.
— Le directeur de Nelune.
— Ah ! répond mon père qui semble surpris que cet homme à responsabilité, même aussi jeune puisse venir en personne me chercher.
— Maman tu vas revenir quand ? Le monsieur t’emmène avec lui ? m’interroge mon fils.

Quentin se met à sa hauteur pour lui parler.

— J’ai besoin de ta maman dans mon travail, elle est la meilleure de toutes et va m’aider, mais promis, tu pourras venir la voir quand tu veux et surtout elle reviendra te voir aussi souvent qu’elle pourra.
— Promis ? demande mon fils en regardant avec beaucoup d’intensité Quentin.
— Tu as ma parole.
— Mon petit cœur c’est promis je reviens très souvent et je t’appelle aussi souvent que possible.
— On devrait se mettre en route Nelle maintenant m’annonce Anderson.

J’embrasse mes parents et Nelan et décolle. Je rejoins Quentin sur le campus.

À peine arrivé que mon cœur bat à tout rompre. Je revois les yeux et le visage d’Aidan le jour de la rentrée. Par réflexe, je regarde autour de moi et aucune belle voiture rouge de sport garé. Après tout ce temps, comment puis-je encore garder l’espoir que… ne pense pas à ça, Nelle, tu vas te rendre malade.

Nous remontons jusqu’au bâtiment principal. Nous sommes encore en vacances scolaires. Seuls les professeurs sont censés être là.

Nous passons devant mon ancien dortoir et nous dirigeons vers un bâtiment tout neuf récemment construit, je pense. Il est beaucoup plus beau et moderne que le reste. Quentin pose sa main sur un boîtier contre le mur et la porte se déverrouille.

— Après toi, Nelle.

Je respire un bon coup et entre. Je suis dans une immense entrée ou je vois au loin d’un côté le réfectoire et de l’autre une espèce de salon ou des personnes semblent installer et discutent entre eux.

— Les gens savent que je reviens ?
— Non, je ne voulais pas prendre le risque de revenir sans toi.
— La peur de l’échec ?

Il tourne la tête vers moi et me sourit. Il ne va vraiment pas répondre ?

— Il y a encore du monde que je connais ?
— Oui Nelle. Tout va bien se passer tu verras.
— C’est ce qu’on m’a dit il y a 4ans quand je suis revenu alors que je n’en avais pas envie.

Mon cœur commence à accélérer à mesure où je m’approche des professeurs installés. Je ne suis plus très loin quand je reconnais enfin les visages. Ou du moins une bonne partie. Théo est face à moi ainsi que Martin. J’ai le droit à un super sourire quand ils me voient approcher. Ou du moins quand ils me reconnaissent. Je pense que la blonde de dos c’est Scarlett et que Romain et Enzo sont à côté. Les autres têtes, en revanche, je ne les connais pas du tout. Ou certaines, peut-être rapidement de vue au réfectoire.

— Bonjour, lance Quentin en premier.
— Bonjour dis-je à mon tour, plus par politesse là j’avoue.

Je suis gênée d’être là, et je le savais très bien avant d’arriver. Je reviens un peu comme une voleuse après m’être barré sans jamais donner une seule fois de mes nouvelles.

Ils finissent par tous se lever et s’approchent de moi pour me dire bonjour. J’ai une certaine retenue qu’ils perçoivent rapidement. Je ne suis plus tactile et câline, pas que je n’en ai pas envie, j’ai juste mûri et beaucoup changé. Ou alors cette longue durée sans les voir me fait peur à présent. Ma jeunesse et mon innocence sont parties à la naissance de Nelan. J’ai vieilli et là je le vois bien dans leurs regards. Eux aussi ont beaucoup changé, même si je les reconnais toujours facilement.

Quentin me présente les autres professeurs, mais pour l’instant mon cerveau ne semble pas vouloir coopérer et retenir leurs prénoms.

Il continu par me présenter et faut croire que même trois ans après on se souvient de moi. Les professeurs semblent étonnés que je sois celle qui a tué la nécromancienne, ou du moins qui a renvoyé les morts qui avaient envahi un campus par millier.

— Je ne pensais pas te revoir un jour ici Nelle.

Enzo est le premier à oser parler ! étonnant, ou pas finalement.

— Je suis toujours vivante, désolée de te décevoir.

Il me répond par un très joli sourire qui me change de d’habitude où j’ai le droit à un regard méprisant et froid.

— Je suis allée la chercher, nous avons besoin d’elle avant que les attaques ne prennent des proportions trop importantes. Explique Anderson.
— Le professeur que vous avez fait venir à l’autre bout de l’état ne suffira pas ? demande Scarlett.
— Je suis convaincu qu’il va beaucoup aider avec sa magie, mais ça ne suffira pas. Le mélange des deux dons peut être épatant, répond le directeur.
— Le nouveau professeur est un sorcier ?
— Oui Mlle Oksane, si on veut. J’ai eu beaucoup de mal à le faire accepter de venir enseigner et nous aider.

Tiens, il me vouvoie et utilise mon nom de famille ici. Très étrange ! pourquoi ?

— J’aimerais bien déposer mes affaires dans une chambre si possible directeur.
— On y va alors.

Je fais un signe de main aux professeurs et suis Quentin dans les couloirs. Il m’emmène à l’étage et finit par nous arrêter devant une porte. Quand on rentre, c’est un grand appartement très lumineux. Trois portes, une à ma droite et deux à ma gauche. Il y a un bureau de suite sur ma droite, et un canapé gris en tissu à quelques pas devant.

— Je te laisse visiter et choisir ta chambre.
— Il n’y a que moi qui vais vivre ici ?
— Oui.

J’ouvre la première pièce à gauche, c’est une salle d’eau avec w.c. La pièce est de taille moyenne, double vasque et un énorme miroir mural. Tout est blanc et noir ici. J’aime beaucoup, mais ça ne me ressemble pas. Je referme la porte et pars voir la deuxième porte. C’est une chambre plutôt jolie, un mélange de couleur taupe et de blanc. Deux grandes fenêtres qui apportent beaucoup de lumière. Le lit est pour deux. Un bureau et une porte qui doivent être le dressing. Je ressors et vois Quentin sourire, il a les fesses posées sur le bureau, bras croisé et patiente. Le pauvre il perd vraiment son temps là !

La dernière pièce est une chambre bien plus grande, avec deux portes à l’intérieur. La première est un dressing et la deuxième une salle de bain immense. Dans la salle de bain, il y a une douche en plus de la baignoire, et ce côté blanc, gris foncé et vert me plaît bien plus, ça fait zen et détente. Même les couleurs de la chambre sont attirantes, blanche et grise, le lit a l’air super confortable. Le bureau à côté de la porte est immense. Bon ben, ça sera celle-ci. Ça n’a rien avoir avec les chambres que j’ai eu à Aurore et ici il y a trois ans, elle est bien plus sympa et majestueuse. Et le petit fauteuil gris près de la fenêtre me donne déjà envie de m’y installer pour bouquiner et contempler la vue sur la forêt.

Je retourne vers Quentin qui n’a pas bougé.

— On est d’accord ? Tu choisis celle-ci.

Je lui souris et fais une moue de mince je suis démasquée.

— Je l’ai fait refaire avant d’aller te chercher, je savais que tu aimais le côté nature et zen.
— Elle est parfaite merci.
— Tu seras bien ici, et Nelan aura sa chambre quand tu le feras venir.
— D’où l’appartement, dis-je en souriant.
— Je voulais que tu te sentes chez toi, plus que dans une simple chambre d’étudiante. Les appartements ne sont pas dotés de cuisine indépendante, mais ce n’est pas le but du campus.
— Je sais très bien que la bonne entente et la cohésion entre les professeurs sont primordiales.
— C’est exactement ça.
— Bienvenue chez toi, ou chez ton fils et toi. N’hésite pas à rapporter des jouets et des affaires pour lui ici pour qu’il s’y sente bien à son prochain passage.

Je sens une montée de larmes arriver. Il le voit et s’approche de moi et me prend la main.

— La dernière fois où je t’ai vu pleurer, c’est en me voyant, je suis désolée de la peine que tu as ressentie, Alex m’avait dit de ne pas me montrer tout de suite que tu allais en souffrir.
— Je ne vous en ai jamais voulu, rassurez-vous. Et d’avoir parlé avec vous à l’époque m’avait beaucoup aidé à reprendre confiance en moi.
— J’étais venue par curiosité surtout, voir ce qui avait fait craquer mon frère à ce point-là, au point où il était prêt à se sacrifier pour toi.
— Il m’a quitté je vous rappelle, car il s’est rendu compte qu’il ne ressentait rien.
— Tu l’as cru ? dit-il en rigolant.
— Bien sûr, je ne voyais pas comment ça aurait pu en être autrement.
— Je ne me déplace que rarement pour ma famille. Mais quand j’ai reçu son appel quand tu étais devant lui dans un coma profond je n’ai pas hésité à aller le voir.

Je suis surprise par ses aveux.

— Il t’aimait vraiment Nelle, il avait juste peur de te perdre et n’a pas su gérer, mais je t’invite à voir avec lui, et avoir des explications.
— Du coup quand vous êtes venue dans la chambre, vous n’aviez pas l’idée de m’exclure ? Concernant le sort que j’avais envoyé à Aidan ?
— Non, j’étais juste venue voir qui tu étais. De la simple curiosité.
— Tout était du vent ?
— J’avais besoin de savoir ce que le professeur ressentait pour toi, et surtout si c’était réciproque et si mon campus risqué d’être impacté par un-vous.
— Et ?
— J’avoue qu’à part la bagarre entre Benjamin et Aidan vous avez été irréprochable, ou du moins en public.

Je lui souris et préfère ne pas repenser à tous les moments avec Aidan qu’on a pu partager dans cette enceinte.

— Tu vas vite adorer ton nouveau rôle tu verras, et ta vie va prendre un tout autre tournant.
— J’aimerais tellement y croire.
— Je dois retourner dans mes quartiers maintenant. Merci d’avoir accepté de revenir Nelle.
— Je ne promets pas de rester.
— Je sais. Tu es chez toi ici. Ne l’oublie pas.

Il fait quelques pas puis se retourne et me sourit.

— Cette nouvelle coupe de cheveux te va à ravir.

Je lui réponds par un simple sourire. En 21 ans, je n’avais jamais coupé mes cheveux. Et changer d’apparence m’a aidé à oublier. J’ai les cheveux au carré avec une frange. Ça a le mérite de me vieillir et de faire ressortir mes yeux.

Il sort de mon nouvel appartement et je commence à ranger mes affaires. Les larmes ne semblent plus vouloir sortir pour l’instant. J’installe en tout premier mon pêle-mêle sur mon bureau et la photo de mes parents ainsi qu’une de Nelan.

— Allez Nelle courage, tout va bien se passer !

Je me motive comme je peux, mais j’avoue que c’est compliqué. Je décide d’aller rejoindre les professeurs, je n’arrive pas à ranger mes affaires, prendre possession des lieux est trop dure pour l’instant. Nous avons beaucoup de choses à nous dire. Et bizarrement, leur présence de tout à l’heure m’a fait du bien. Quand je redescends, ils sont toujours installés en train de discuter et rire. J’ignore depuis combien de temps je n’ai pas rigolé avec beaucoup de plaisir. Si peut être le week-end dernier avec Dagon, enfin il a réussi à me faire sourire à plusieurs reprises surtout. Peut-être pour ça que je suis rentrée d’aussi bonne humeur le soir. Quand j’approche, Théo se lève et vient dans ma direction.

— Je suis très content de te revoir ma petite Nelle.
— C’est gentil. Je t’avoue ne pas être du tout à l’aise à l’idée d’être ici. Je ne me sens plus à ma place.
— Viens vers nous déjà, et joins-toi à la discussion.

Je m’installe sur un fauteuil à côté d’eux.

— Tu es donc de retour parmi nous en tant qu’enseignante ? me demande Martin.
— En tant qu’étudiante aussi, le directeur veut que je valide ma dernière année.
— Tu vas enseigner quoi ? renchérit Scarlett.
— Il va y avoir deux nouveaux médiums ici et je dois les former.
— Ils vont être chanceux de tomber sur toi répond mon amie tout en me souriant.
— Je n’en suis pas aussi certaine que toi. J’ai promis à Anderson d’essayer en tout cas.
— Tu as fait quoi ses dernières années ? m’interroge Martin.
— Je me suis occupée de Nelan principalement et il n’est pas au courant qu’il est différent.
— Pourquoi ça ? Il est important pour un petit garçon d’apprendre dès le plus jeune âge pour être plus à l’aise plus tard et mieux contrôler cette magie qui est en nous. M’explique Scarlett.
— Scarlett, crois-moi c’est bien mieux pour lui de grandir dans un monde sans horreur. Je veux qu’il grandisse parmi des gens qui n’utilisent pas de magie. Il y sera bien plus en sécurité.
— Je comprends, et je ne voulais pas te blesser, juste te rappeler ce que toi tu as vécu.
— Le directeur m’a fait la même remarque, mais je ne changerai pas d’avis.
— Tu as une photo de lui ?

Je tends mon téléphone à Scarlett. Elle change de sujet volontairement voyant bien que je me braque, et même après tout ce temps elle me connaît toujours visiblement. J’aurais fini par me lever pour partir sinon.

— Il est beau comme un cœur, dit mon amie.

Je vois Romain regarder également, son visage se ferme, je suis certaine qu’il se dit qu’il voit Aidan à travers Nelan et il a raison, c’est son portrait.

— Il a l’air adorable en tout cas, ajoute Scarlett.

Elle aussi a vu le regard de Romain.

— Il l’est, heureusement qu’il a été là, j’ai un petit bout d’Aidan comme ça avec moi.
— En voyant Nelan, on a aucun doute sur l’identité de son père, dit Romain.

Je ne pensais pas qu’il oserait dire ça, mais je pense que ça devait sortir, que ça le rongé de le garder pour lui.

— Tu as raison, Romain, c’est le portrait d’Aidan, dis-je en récupérant mon téléphone.

De penser à lui ne me fait plus pleurer depuis presque un an. Ça me fend juste un peu plus le cœur.

— Toujours la meilleure au billard ? demande Théo.
— Je n’y ai plus rejoué depuis longtemps. Je pense que maintenant tu as toutes tes chances de me gagner.
— Je suis sûr du contraire, et j’ai déjà hâte de te mettre au défi.
— Une autre fois, pourquoi pas.

Il se contente de me sourire. Il doit être déçu, lui qui aime tant jouer et qui gagne tellement facilement contre les autres.

— Pourquoi ce lieu a été créé ? demandé-je par curiosité.
— Pour libérer de la place dans le dortoir d’à côté. Deux campus nous ont rejoints, et du coup ils ont construit deux dortoirs de plus et on agrandit les salles de cours, me répond Martin.
— Les professeurs seront tranquilles ici, plus de jeunes étudiantes en chaleur ne pourront nous rejoindre la nuit, ajoute Enzo.
— Attention j’ai presque envie de te plaindre là.

Il me regarde et me sourit.

— Ah bon des étudiantes venaient te rejoindre ? Ça m’étonnerait, sort Scarlett en rigolant.
— Qu’est-ce que tu en sais toi d’abord ?

Ils se marrent tous, et le pauvre Enzo vient de se faire rabaisser et humilier d’un certain côté. S’il reste toujours avec la même bande de professeurs, il doit avoir ses raisons.

— Mais du coup, les professeurs et les élèves doivent prendre leurs distances en dehors des cours ?
— Pas nécessairement, mais on doit être juste plus prudent qu’avant, répond Romain.
— Je vois. Est-ce qu’il y a des anciens élèves qui sont devenus enseignants aussi ?

J’aimerai tellement qu’il me dise Dagon. Je sais qu’il enseigne, mais je ne lui ai jamais demandé où. Avec un peu de chance, il sera ici. Même Jacob ou n’importe lequel de mes amis soient ici.

Scarlett me fait alors un sourire lourd de sens, il y a bel et bien des professeurs qui sont ici et qui étaient étudiants avec moi.

— Qui ? dis-je, impatiente.
— Tu n’auras pas à patienter bien longtemps avant de savoir ma poulette.
— C’est-à-dire ?
— Retourne-toi, répond Théo.

Je tourne alors la tête, Dagon Jacob Mattieu et Logan sont là, à quelques mètres de moi. Ils ne semblent pas m’avoir vu ou reconnu, je me lève et vais à leur rencontre. Ils sont en train de discuter et rire entre eux. Ils sont juste à l’entrée du dortoir et ne semblent plus vouloir avancer.

— Vous n’avez pas l’impression de bloquer le passage ? dis-je en souriant.

Ils tournent la tête vers moi tous en même temps. Mes yeux sont rivés sur Dagon. Son visage quand ses yeux se posent sur moi est magique. Un mélange entre de la surprise et de la joie de me voir ici.

— Nelle ! dit Dagon.

Bien que j’adore les quatre, et même si j’ai vu mon ami très récemment, Dagon reste le premier sur qui je saute au cou et rapidement il me serre contre lui en m’enlaçant. Son odeur que j’aime tellement m’envahit littéralement. C’est tellement bon d’être là, de nouveau dans ses bras chaud et réconfortant. Je sens son visage et son souffle dans mon cou. Mes larmes de joies coulent le long de mes joues puis dans mon cou. Je n’ai aucun besoin de prendre mes distances avec lui visiblement. Bien au contraire, si je pouvais je resterais près de lui et contre lui des heures durant.

— Nelle tu comptes mouiller tous mes nouveaux hauts ?

J’explose de rire en entendant ça, je finis par reculer pour leur faire face, Dagon me lâche et pose ses mains sur mon visage pour essuyer les larmes. C’est vrai que la dernière fois j’avais fondu en larmes aussi, bon après là c’est aussi de voir mes trois autres amis que j’adore. Je pense que c’est un ensemble de choses qui me rend heureuse comme tout.

— J’espère que ce sont des larmes de joies de me revoir moi avec ma beauté.
— Oui, c’est exactement ça. Mais aussi de revoir mes trois autres loulous.

Mattieu, Jacob et Logan finissent par s’avancer à leur tour pour me prendre également dans leurs bras et m’embrasser. Beaucoup de joie de les revoir eux également, mais ça n’est pas comparable avec celle que j’ai pu ressentir en posant mes yeux sur le beau blond pour la deuxième fois en quelques jours.

— Toi ici, c’est incroyable, me dit Mattieu avec son éternel sourire rassurant.
— Il paraît que vous aviez besoin d’une personne supplémentaire pour tuer quelques démons.
— Heureux de te revoir Nelle, ça fait tellement longtemps, ajoute Jacob.
— Ça faisait 3 ans, répond Dagon.

Je regarde alors Dagon avec plein de tendresse, il prend ma main et la caresse avec douceur.

— Faisait ? demande Mattieu.
— Ta voiture est très jolie et confortable Jacob, dis-je en lui souriant.

Ils passent tous de Dagon à moi.

— Tu as récupéré la tienne j’espère ? demandé-je à Dagon.
— Oui, elle est sagement sur le parking là.
— Et pour ma voiture ? Je peux avoir une explication, demande Jacob.
— Nous nous sommes venus le week-end dernier, dis-je.
— Sympa ça, dit Mattieu en souriant.

Je saute de nouveau au cou de Mattieu heureuse de le revoir. De nouveau, des larmes de joies de les voir coulent encore.

— Tu aurais pu prévenir et j’aurais préparé des mouchoirs, sort Logan.

Je lui fais un grand sourire et pose ma tête contre son bras bouillant. J’avais oublié à quel point il est chaud. Lui aussi a beaucoup changé niveau visage, il fait beaucoup plus mûr alors qu’il est toujours très jeune pourtant.

— Vous êtes professeurs ici depuis longtemps ?
— Depuis deux ans. Nous avons fait un cycle tous ensemble, répond Jacob.
— Je comprends mieux vos rides, dis-je en souriant.

Ils explosent tous de rire et je me sens déjà beaucoup plus à l’aise avec eux.

— Il y a eu une pénurie de professeurs loups, du coup je n’ai pas hésité à me proposer il y a deux ans. Même pas eu besoin de me venter de tous mes exploits ou de mes super notes pour être pris.
— Je vois dis-je en souriant.
— Et moi j’ai suivi Logan vu qu’on était dans le même campus pour nos études, ajoute Mattieu.
— Je travaille dans un autre campus en revanche, mais je viens souvent les week-ends voir les autres. Dans mon campus il y a comment dire, des professeurs pas aussi sympas qu’ici. Et les liens sont plus compliqués à se faire, m’explique Dagon.
— Et pourquoi tu n’es pas ici toi ? Si les trois loulous le sont ?
— Pour ma sœur, Amber voulait devenir enseignante, et ça la rassure que je sois là-bas avec elle.
— C’est très gentil de ta part., mais Amber enseignante ? C’est possible ça ?
— Comme quoi.
— Elle enseigne quoi ?
— La natation.

Je suis un peu déçu de me dire que je ne pourrais pas le voir chaque jour. Mon pauvre petit sourire qui avait commencé à apparaître disparaît d’un coup.

— Tu as le droit de venir me voir quand tu veux tu sais, me dit-il tout en caressant ma joue.

Ah ben, il a dû le voir à ma tête que je suis triste. Nelle sérieux !

— Vraiment ? Ça ne va pas déranger ?
— Déranger qui ?
— Tu travailles loin ?
— Non à 1 h 30 environ.
— Tu es sûr que je pourrai venir ?
— Évidemment.

Il me reprend dans ses bras et m’embrasse la tête.

— Et les filles sont où ?

Logan et Mattieu se regardent et je déteste voir ce regard triste dans les yeux de Logan.

— Cécile est partie vivre avec Grégoire, et Marie est morte.

J’ai une montée de larmes qui m’envahit en entendant ça.

— Je suis désolée Logan, vraiment, dis-je.

Je n’ose pas lui demander de quoi Marie est morte ! Je ne veux pas le replonger encore plus dans une tristesse.

La main de Dagon qui tient toujours la mienne la caresse de nouveau.

— Ne t’inquiète pas ça va mieux maintenant. Et de venir ici m’a beaucoup aidé.
— Et Claire, elle est où, Dagon ?
— Nous avons rompu il y a bien longtemps.

Je suis une amie épouvantable, je me rends compte que je ne lui ai jamais demandé une seule fois comment allez Claire quand lui prenais la peine de prendre de mes nouvelles. En même temps, il t’a embrassé l’autre fois, tu aurais pu te douter qu’il était plus avec elle. Quoiqu’il m’ait embrassé deux fois alors qu’il était avec elle quand je n’étais pas encore avec Aidan ou qu’il était mort.

— Ah, je me sens honteuse, je suis vraiment désolé. Visiblement, nous avons beaucoup de temps à rattraper, enfin, moi surtout.
— Nous aussi te concernant, ajoute Jacob.
— Il n’y a pas grand-chose à savoir sur moi, j’ai travaillé jusque-là dans une boîte de nuit afin de m’occuper de Nelan la journée et gagner de quoi subvenir à ses besoins.
— Et c’est tout à ton honneur répond Jacob.
— Et si on rejoignait les autres ? propose Mattieu.
— Vous êtes amis avec eux ? demandé-je surprise.
— Aussi étonnant que ça puisse paraître oui, répond Dagon.
— Je suis épatée, Dagon.
— Je sais, je sais, dit-il en me faisant un magnifique sourire.
— Allez en avant Nelle, me dit Mattieu en me faisant signe d’avancer.

Dagon me sourit toujours et me fait signe de passer devant lui, après m’avoir gentiment lâché la main. Je m’assois de nouveau sur le fauteuil. La présence de Dagon semble déjà me détendre, ça me fait du bien de le voir, mes vieux sentiments le concernant semblent vraiment être réapparus, vu la joie que j’ai une fois encore ressentie en le voyant. Je suis bloquée sur son visage que je n’entends pas qu’on m’appelle.

— Nelle, me dit Dagon.
— Oui ?
— Je crois que Logan te parle.

OK, là je vire au rouge.

— Oui ? Pardon Logan.

Dagon a bien vu que je le regardais, il me fixe tout en me souriant, je pense aussi que les autres l’ont vu.

— Tu bavais déjà comme ça devant lui il y a quelques années, sort Mattieu.

Ça ne m’aide pas à redevenir blanche, je pense que je n’ai jamais eu aussi honte de ma vie. Ils se marrent tous en plus. Enfin tous sauf Enzo qui n’a aucun humour et Dagon qui semble gêné pour moi.

— Tu es revenu pour transmettre tes dons de médium aux deux nouveaux ? me demande Logan.
— Oui, le directeur semble confiant, mais moi j’avoue que j’ignore comment m’y prendre pour enseigner. Ça m’embêtera d’échouer.
— C’est pour ça que je ne veux pas enseigner autre chose que du sport, je me connais et ça m’agace quand on ne m’écoute pas, sort Dagon.
— Ne t’inquiète pas, Nelle t’écoute toujours quand tu parles, répond Mattieu.

Décidément, il veut me faire honte, mon petit Mattieu.

— Heureusement qu’elle est là alors, en conclut Dagon en me souriant.
— Tu dois rendre les étudiantes folles, dis-je à Dagon.
— Tu n’as pas idée à quel point.

Bien évidemment, je lui pose cette question pour savoir s’il a quelqu’un dans sa vie, et même si je me doute de cette réponse, j’en espère une autre.

— C’est pour ça que je fuis le week-end, pour être sûr de ne pas les croiser.
— Ah ben bravo, dis-je en souriant.

Scarlett semble toujours avec Romain et c’est vraiment génial. Je suis contente pour eux deux.

— Ça fait combien de temps Nelle que tu n’as pas utilisé tes dons ? demande Enzo.
— Longtemps. Je n’avais pas l’occasion de le faire en même temps.
— Tu vas enseigner à des étudiants alors que tu ne sais peut-être plus utiliser les tiens, dit-il en se marrant.
— Ça me rassure de t’entendre, être toujours toi-même, cash et sans limites. Je commençais à croire que tu étais devenu sympa. Mais là tu n’imagines même la joie que j’ai de pouvoir me lever pour t’en coller une si je le souhaite.
— Réussis à me toucher déjà.
— Tu me mets aux défis ? Toi ?

Martin et Romain explosent de rire.

— Tu as raison Nelle, montre-lui qui est la meilleure, lance Théo.
— Quand tu veux Nelle, ajoute Enzo.
— Allons-y maintenant et tu vas regretter de m’avoir provoqué.
— Nelle si tu n’as vraiment pas utilisé tes dons depuis un moment ça peut être dangereux, me dit Scarlett en me lançant un regard inquiet.
— Ne t’inquiète pas pour moi.