Les mots écarlates - Thésou Estrada - E-Book

Les mots écarlates E-Book

Thésou Estrada

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Beschreibung

"Les mots écarlates" est un chant dédié à l’amour sous toutes ses facettes : l’amour enflammé, l’amour infini, celui qui est l’essence même de la vie. À travers une palette de styles poétiques, chaque poème devient une déclaration, qu’il s’agisse de l’amour passionné d’un partenaire, de la tendresse maternelle, des liens filiaux, de la fraternité, de l’amitié, ou encore un hommage vibrant à la magnificence de la nature. Ce recueil est une invitation à plonger dans la puissance des émotions humaines, à redécouvrir la profondeur et la beauté de nos sentiments et leur plus grande intensité.

À PROPOS DE L'AUTRICE

Thésou Estrada, profondément attachée à son Languedoc natal, y trouve une source constante d’inspiration. Animée par l’écriture depuis son enfance, elle en a fait un art de vivre. Auteur de plusieurs ouvrages, dont "La faute d’inattention" aux Éditions du Vénasque, "Ven conmigo", "Lignes de vie et Lune de fiel" aux éditions Le Lys Bleu, elle poursuit son exploration littéraire avec son recueil, "Les mots écarlates", qui aborde les multiples facettes de l’amour et la gestion des émotions.

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Seitenzahl: 183

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Thésou Estrada

Les mots écarlates

Recueil

© Lys Bleu Éditions – Thésou Estrada

ISBN : 979-10-422-6763-6

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Poèmes d’amour

Amour rubis

Les mots écarlates

À la tombée du jour

Enfin vous me parlâtes

Sans aucun mot d’amour,

D’une voix adéquate

Pour qui vous n’aimiez pas.

Le lendemain matin,

Seul, vous vous en allâtes,

Moi, ma main dans ma main

Et vous, moi dans vos pattes.

Chéri, vous ne saviez pas.

Les heures passent et courent,

Le temps se carapate,

Et vous, mon bel amour,

Jamais vous ne regardâtes

Vers ma tendre direction.

Et s’agitait mon cœur,

Agile acrobate,

Lui qui d’amour se meurt,

Vous vous l’accaparâtes

Sans aucune intention.

Puis un jour de surprise,

Vos beaux yeux vous ancrâtes

Comme la tour de Pise

Sur moi vous vous penchâtes,

Et je vivais mon rêve.

Sur ma bouche, du rouge

Héla votre peau mate

Sans que jamais je ne bouge

Pour que vous, vous logeâtes

Vos baisers sur mes lèvres.

Les paroles m’arrivèrent

À l’oreille. Vous posâtes

Les mots couleur de fièvre,

Vos doux mots écarlates

Sur ma peau délicate,

Vos doux mots écarlates,

Sur ma peau délicate…

Vos baisers sur mes lèvres,

Vos baisers sur mes lèvres…

Ce soir-là

Il y avait les dunes qui venaient goûter l’eau,

L’horizon et des plumes dans le ciel de fils hauts,

Il y avait des traces de longs pas dans le sable

Mangés par les voraces ondulations instables.

Il y avait le soir qui menaçait le jour

De son large rideau gris de brume de velours,

Et la brise intrusive qui sans gêne s’immisçait

Dans mes cheveux de laine et sous mon pull

Chiné.

Il y avait de longues guirlandes d’étoiles

Qui cherchaient un sapin céleste sur la toile,

Un peu comme mes bras, guirlandes à orner

Un cou où se suspendre, des épaules à cerner.

Il y avait l’espoir d’un bonheur qui arrive

Discret, timide, sage, du côté de ma rive,

Porté par une mer qui secoue son grand drap,

Il y avait la Lune et puis il y avait Toi.

Âme et lune

Âme seule, larmes sœurs,

Coulent, roulent sur mon cœur,

Où es-tu mon âme sœur,

Âme seule qui se meurt ?

Belle lune, plus de nuit

Ni de larmes, lune du ciel,

Plus aucune nuit sans lui,

Donne-nous une lune de miel.

L’âme de fond aime aimer,

Fond en larmes sans amour,

Amoureuse mal aimée,

Âme animée pour toujours.

Jaune lune de velours,

Veloutée et satinée,

Belle lune en lamé,

Deux âmes se sont enflammées.

Déclamation d’amour

Sapristi ! Comme je vous goûte !

Aurais-je dit aux temps passés.

Ôtez-moi donc de tous mes doutes

Mais non de mes mots surannés.

Diantre, que je vous chéris !

Vous, belle et aimable d’aspect,

Votre petit minois joli

Pourrait rendre mes gestes suspects.

Ho que nenni ! Je m’énamoure

De votre bouche faisant la moue

Quand d’autres menottes accourent

Et viennent se pendre à mon cou.

Saperlipopette ! Je brûle

Pour vous d’un amour platonique,

Au risque d’être ridicule,

J’avoue que de vous je me pique.

Fichtre ! Moult fois je me toque

De vos deux vertes perles fines,

De vos lèvres qui me rétorquent :

« Ne vous déplaise, je m’embéguine ! »

Ma mie, je vous idolâtre,

Mon fol amour, ma chère promise,

Vous incendiez, moi, le bellâtre,

Et mon cœur et mon âme éprise.

J’ai rêvé de tes lèvres

J’ai rêvé de tes lèvres à la lumière du soir,

À cette pêche d’été veloutée sur ma bouche

Qui se penche et s’entrouvre comme si elle venait

Boire

Au beau fruit doux, sucré, ni craintif ni farouche.

J’ai rêvé de tes lèvres sur ma peau, qui

M’honorent

De ces petits frissons, de ces tressaillements

Et qui jouent quelques notes de bonheur sur mes

Pores

Comme une mélodie sur un bel instrument.

J’ai rêvé de tes lèvres sur mon cœur de pirate

Oublié de ce souffle de l’amour exhalé,

Elles font que mes yeux brûlent et que mes longs

Cils battent,

Elles me font respirer d’aimer et d’être aimée.

J’ai rêvé de tes lèvres et puis je me réveille

Enlacée entre les lianes que sont tes bras,

À la lumière du jour, près de moi tu sommeilles

Un sourire à tes lèvres déborde sur nos draps.

Le cheveu

Un cheveu sur les draps

Est resté ce matin

Qui n’était pas de moi,

Il a chu de tes mains.

Cet indice si long

Trouvé sur le satin,

Détaché d’un chignon,

Semblait bien féminin.

Une boucle très blonde

Déroulait sa spirale

Comme s’enroule l’onde

Sur une écume opale.

J’ai senti son parfum

Sur la taie d’oreiller,

Preuve qu’au moins l’un

Des deux y était couché.

Une trace de rouge,

Ignoré de ma bouche,

S’est posé sur tes rêves

En salissant ma couche.

J’ai compris les baisers

Vermillon ou carmin

Qui avaient dû glisser

De ses lèvres à tes reins,

Que tu ouvrais, j’ai vu,

Et ton cœur et mon lit

Aux blondes inconnues,

Aux beaux oiseaux de nuit.

Mais cet échantillon

Du doré écheveau

A coupé notre cordon

D’un grand coup de ciseau.

Tu ne toucheras plus

Mes noirs cheveux rebelles

Qui brunissaient nos draps

Sans chouchou ni dentelle.

J’ai noué ma chevelure

Dans une grosse barrette,

Enfermé ma blessure

Dans un coin de ma tête.

Le diamant de lune

Tu donnes ton amour

On te rend la monnaie

En liquide si peu lourd

Qu’il te coule sur le nez.

Mais l’amour qui se donne

N’attend aucune pièce,

Ni miettes, ni aumône,

Il s’offre, il se laisse.

Et malgré l’éraflure

Griffée sur ton bon cœur,

L’amour sans conjecture

Ouvre son bec verseur.

Il saupoudre d’étoiles

La vie des miséreux

Ignorant que la moelle

Du bonheur est en eux,

Que la seule fortune

Qui rend les êtres riches

Est ce diamant de lune

Qui dans l’âme se niche.

Qui l’eût cru ?

J’ai bien peur que tu te méprennes

Je ne suis pas un cœur d’ébène,

Il est possible que je m’éprenne

De tes yeux clairs de porcelaine.

Il ne faut pas que je m’enchaîne

À tes lèvres hallucinogènes,

À tes deux grandes mains de phalènes

Qui suivent le bleu de mes veines.

J’ai bien peur que tu te méprennes

Je ne suis pas de bois de chêne,

Plutôt liège ou polystyrène,

Légère comme une feuille de frêne.

Il est possible que je m’éprenne

De ta bouche au goût de marjolaine,

Plus chaude que l’eau des fontaines,

Au débit d’une rivière pleine

De mots doux, de beaux mots charnus,

De clapotis sur mon corps nu,

De promesses de marées, de crues,

D’amour même, mais qui l’eût cru ?

Avant de te connaître

Avant de te connaître,

Ma vie n’était pas triste.

Dépourvue de mystère

Sur un chemin tout lisse,

Aucun obstacle à terre

Pour me faire trébucher,

Aucun moment austère,

Quelques jours de gaieté.

Avant de te connaître

Coincée dans ma chaussure,

Aucune petite pierre

Ne causait de blessures.

Je cheminais tranquille

Sans ne jamais douter

Qu’aucun vent fou hostile

Ne viendrait m’emporter.

Et puis mes yeux surpris

Vinrent croiser les tiens

Comme brûlent les épis

Au soleil de juin.

En une seule seconde,

Je te vis, incendiaire !

Ton cœur devint mon monde,

Ta peau devint ma terre.

Un volcan débordant

D’une lave d’amour,

Rouge comme le sang

Vint recouvrir mes jours.

Ils devinrent lumière,

Ils devinrent passion,

Tes baisers embrasèrent

Les murs de ma maison.

Avant de te connaître

J’ignorais que tes mots

Consumeraient mon être,

Pauvre papier au fourneau !

Avant que je ne goûte

Le nectar de tes lèvres,

J’ignorais que le doute

Pouvait doubler la fièvre.

Avant de te connaître

Mon cœur battait serein,

Gardait son périmètre,

Sans soulever mon sein.

Avant que tu n’annexes

Et ne pilles mon âme

De l’accent circonflexe,

Je n’étais pas la femme

Qui souffle sur les cendres

D’un amour consumé.

La vie a dû m’apprendre

À éteindre les brasiers.

Le requiem

J’ai laissé derrière moi ma passion inutile,

Cessé l’abondant flux d’un amour hémophile,

J’ai marché tout droit sans me retourner

En épongeant mes yeux et la route mouillée,

J’ai parcouru la terre, ses monts et ses vallées,

Pour quitter ma douleur comme tu m’as quittée.

J’ai couru sous la neige pour oublier dans le froid

L’image de tes regards qui ne me regardaient pas.

J’ai même étouffé à l’orée des forêts

L’écho de ta voix sans chant énamouré.

J’ai continué à pied sous de violents orages

Pour rincer l’eau salée coulant sur mon visage

Et ôter de mes cils les grains cristallisés

De ce chagrin blanchâtre qui s’y était collé.

J’ai traversé encore des ponts et des rivières,

Escaladé des murs de rochers et de pierres

Pour éloigner mon corps et mettre de la distance

Entre mon cœur transi et ton indifférence.

Et quand j’ai pu franchir l’Océan Pacifique,

Violons et violoncelles en une douce musique

Ont résonné en moi comme un beau requiem,

Un air de paix pour que jamais plus je ne t’aime.

Le lac

J’aime que les blanches pâquerettes

Se froissent, s’écrasent sous le poids

De nos deux corps, de nos deux têtes

Où marchent des insectes froids.

J’aime que l’ombre des hauts frênes

Dépose sa fraîche auréole

Autour des serviettes qui traînent

Là sur les herbes folles.

J’aime contempler, sereine et lasse,

L’onde du lac stable et patiente

Qui, plate, attend qu’à sa surface

La brise la rende frissonnante.

J’aime la caresse du soleil

Qui met l’ondoiement à ma peau,

Un chaud bruissement à l’oreille,

Comme fait le léger vent sur l’eau.

J’aime le passage des pies-grièches,

Petites au-dessus du lac,

Qui, volant, voient des gens qui pêchent

Des poissons bougeant dans un sac.

J’aime les enfants qui viennent et courent

Autour de nous en emportant

Le silence, à contre-jour,

Des rires aigus, des cris, des chants.

Et j’adore que tout près de moi

Ton épaule d’homme touche la mienne.

Le bonheur c’est peut-être ça,

Un lac, des pies, toi et des frênes.

Qu’est-ce que j’y peux ?

Qu’est-ce que j’y peux si tu m’attires,

Si mes deux yeux brûlent d’un feu

Que tu ne pourrais circonscrire

Même en les mouillant d’un adieu ?

Qu’est-ce que j’y peux si mon cœur aime

Même le dessin de ton dos

Qui s’enroule dans nos draps blêmes

Évitant le grain de ma peau ?

Qu’est-ce que j’y peux si se retire

Ta faible inclinaison pour moi,

Comme une marée haute qu’aspire

La lune pour t’éloigner de moi ?

Qu’est-ce que j’y peux si toutes mes tripes

Se battent contre mon cerveau

Qui voudrait bien que je t’extirpe

De ma tête et de mes boyaux ?

Qu’est-ce que j’y peux si cet amour

S’est ancré comme un gros bateau

Sans aucune chance de retour

Dans le bouillonnement de mes flots ?

Je n’ai choisi ni l’incendie

Que mes larmes ne peuvent éteindre,

Ni la distance dans le lit,

Ni le silence du café-crème.

Et je n’ai pas choisi ces sables

Si mouvants après la marée

Qui m’engloutissent et qui m’avalent

Au milieu des algues salées.

Je n’ai pas voulu la douleur

Qui obture et qui m’oppresse,

Ni les petites gouttes de peur

Que tu partes et que tu me laisses.

Qu’est-ce que j’y peux, moi, si je pense

Que mes bras même vides de toi

Seraient remplis de ton absence,

Car ton absence c’est toujours toi ?

Si j’écris

Si j’écris tous mes bleus, si je montre mes

Morsures,

Si j’écris à ce dieu même si je l’abjure,

Si j’écris toutes mes larmes qui mouillent ce papier

C’est pour laisser mes maux sécher comme un

Herbier.

Si j’écris mes douleurs comme on lance des

Fléchettes

Sur une mire fendue de pointes et d’arêtes,

Si j’encercle de rouge nos fautes que j’endure

Et si mon alphabet se couvre de ratures,

C’est que mon orthographe souffre de la lecture,

De ton cœur illettré de toutes mes boursouflures,

C’est que de tatouer au feutre la page blanche,

C’est couper au couteau une mauvaise branche.

Si j’écris tes regards comme des courbatures,

Des coups bas du hasard sur un point de rupture,

Si j’emplis tes silences de mots si abyssaux

Que parfois mon stylo remplace l’encre par l’eau,

C’est que je régurgite mes aigreurs d’estomac,

Libère toutes mes tripes de cet amour de toi,

C’est que j’abandonne au cahier les brûlures,

Et c’est que le bonheur n’aime pas l’écriture.

La feuille

Une feuille légère

S’envola devant moi,

Tournoyant, éphémère,

La bise l’emporta.

Détachée de sa branche

Par le souffle d’un Dieu,

Elle effleura ma manche

En passant sous mes yeux.

Je la vis virevolter

En mouvements gracieux,

En ronds fins dessinés,

Belle plume des cieux.

Les contours aériens

De la légère feuille

Me montraient le dessin

D’un sourcil puis d’un œil.

Je vis une lumière

Au fond de la pupille

Qui éclairait la Terre,

L’éteignait quand elle cille.

C’était dans le soleil

Que la feuille prenait l’encre,

Belle plume de tilleul,

D’érable ou de pampre.

Enfin, je reconnus

Quand la bouche fut faite,

Les baisers absolus

Sur tes lèvres muettes.

Ton sourire adoré

Telle la feuille du matin

Léger, se balançait,

Se posait sur ma main.

Je reconnus l’amour

Qu’une étoile d’albizia

Fit étinceler pour

Que je ne t’oublie pas.

Le croissant de lune

J’ai reconnu émue la lumière ascendante.

Ton âme mélangée au jaune et au bleu

Montait sur cette échelle aux mille marches brillantes,

Comme l’était toujours la pupille de tes yeux.

J’ai vu ta silhouette sur le croissant de lune,

La tête baissée vers moi et le regard perdu.

Tes deux mains appuyaient sur le sable des dunes,

Tes jambes balançaient dans le vide inconnu.

Tu me cherchais d’en haut à travers l’atmosphère,

Comme un pêcheur assis, là à califourchon,

Regardant vers le bas la belle boule Terre,

Surveillant si jamais remuait ton bouchon.

Si tout était si simple, je mordrais ton appât,

Accrochée à ton cœur comme à un hameçon,

Heureuse de m’asseoir à nouveau près de toi,

Mais la lune et la Terre jamais ne se joindront.

Pas même avec une canne ni même avec un fil,

Je ne pourrais atteindre le doux creux de tes bras,

Et je fixe en mouillant la racine de mes cils,

Le beau croissant de lune où assis je te vois.

Attends encore un peu mon bel amour stellaire,

Que passent les secondes de ma longue vie sans toi,

Le temps terrestre fuit, fugace et éphémère,

Garde-moi une place sur la lune près de toi.

Sans toi

Sans toi je n’aurais pas

Su que les longs silences

Entaillent avec violence

Plus que les mots parfois.

Sans toi j’ignorerais

Que des yeux cernés tombent

Des paroles aussi sombres

Que des forêts gelées,

Dans lesquelles se perdent

Mes émotions sans verbe,

Mes mots d’amours sans verve

Et mon chagrin muet.

Sans toi je n’aurais pu

Vibrer comme des cordes

D’un violoncelle qu’accorde

Un amour absolu,

Ni connaître l’aurore

Des matins frais et roses

Qui sans aucune prose

Poétise les corps nus.

Sans toi je n’aurais cru

Que les battements sourds

Derrière mes seins lourds

Cessent, interrompus

Par tes pas dans l’entrée

Et la porte qui claque,

Par tes mains pleines de sacs

Vidés de ton passé.

Sans toi je n’aurais vu

Que jamais rien ne dure,

Pas même les rayures

De l’âme, qui l’eût cru ?

Que le temps ponce et lisse

Comme un papier de verre

Et réduit en poussière

Toutes les cicatrices.

Sans toi je n’aurais su.

L’amant perdu

Comme un serpent brillant qui lèche la pierre

Sèche

Et agite sa sonnette tintant sous un fort vent,

Les vagues qui ondulent et se cognent aux roches

Rêches

Résonnent sous le bruit des cigales chantant.

L’eau claire qui appelle le baigneur dans l’arène

Recèle des trésors sous sa robe lamée,

Puis au soleil couchant se revêt de l’ébène

En offrant son mystère aux sirènes et aux fées.

C’est alors que j’espère que vers moi tu

Reviennes,

Assise sous les pins, frissonnante dans l’ombre,

Je fixe l’horizon fondu dans la mer même,

Et dans l’obscurité, aussi je fonds et sombre.

Demain, je reviendrai au bas des larges branches,

Voir si les créatures de l’eau t’auront posé

Sur la plage des amants perdus sous l’onde

Blanche.

Comme les femmes de marins, demain je

Reviendrai.

Dis à la lune

Dis à la lune qu’elle m’appelle

Et je regarderai d’en haut

Comment elle tire ses ficelles

Pour faire monter les marées d’eau,

Comment de son pouvoir magique,

Elle ôte le sommeil aux gens

Et que pleine, elle devient lubrique

Pour faire naître les enfants.

Dis à la lune qu’elle me nomme,

Je la regarderai ce soir

Tachée de cent cratères sombres

Comme cent grains de beauté noirs,

Peints par les météorites

Qui la bombardent de leur envie

Lui dessinant cernes et rides,

Mais la lune toujours resplendit.

Dis à la belle que je vénère

L’incandescente rotondité

Où je dépose de mes lèvres

Derrière ma vitre quelques baisers.

Dès qu’elle clignera de l’œil,

Je grimperai sur son échelle

En esquivant tous les écueils

Entre moi et l’aura éternelle.

Dis à la lune, toi qui luis

Près d’elle, Maternelle étoile,

Qu’à ton bras ma première nuit,

Sa lumière sera mon voile.

Aucun effet

Est-ce le mal que tu m’as fait

Ou peut-être enfin un bienfait ?

Je ne peux qu’avouer le fait

Tu ne me fais plus aucun effet.

Certes mon lit n’est plus défait,

L’amour aujourd’hui est surfait,

Je dors dans les bras de Morphée,

Tu ne me fais plus aucun effet.

Assurément, rien n’est parfait

Mais hier je me suis vue pouffer

Toute seule devant mon café,

En écoutant les piafs piaffer.

De passion j’étais assoiffée,

J’étais une amoureuse fieffée.

Enfin j’ai déclaré forfait.

La vie distribue ses méfaits.

Le livret qu’on a paraphé

Faisons-en un autodafé.

Est-ce le mal que tu m’as fait

Ou heureusement un bienfait ?

Je ne peux qu’avouer le fait,

Tu ne me fais plus aucun effet.

L’amour illuminé

Du bout de la main j’attraperai la lune,

Je t’en ferai la nuit de beaux origamis

En forme de feuilles ou en forme de plumes

Pour venir taquiner et chatouiller ta vie.

Du bout de mes lèvres, je prierai la lune

D’incendier ta route de mille lumières,

Alors tu verras bien que de toutes, aucune

Ne t’aimera autant que moi sur cette terre.

Du bout de mes doigts, j’offrirai à la lune,

Cueillies avec passion quelques tiges de fleurs,

Mauves, boutons d’or ou bruyères callunes,

Pour qu’elle veille sur toi et me donne ton cœur.

Du bout de mon âme, j’avalerai la lune,

Pour que tu voies en moi l’amour illuminé,

Et que parmi toutes, tu n’en choisisses qu’une,

Moi seule qui reste là ; là plantée à t’aimer.

Il était mon ami

Il était mon ami avant d’être mon âme,

Il était de ma vie le feu comme la flamme,

Il était mon ami, je l’avoue, je le clame,

Il était mon ami en étant moi sa femme.

Quand partit mon demi, sans amour pour sa

Dame,

Je perdis mon ami qui éteignit sa flamme,

Emportant avec lui l’amitié sans la femme.

Je perdis mon ami, parti avec mon âme,

Mon amitié perdue, qui m’écoute et me calme ?

Je perdis mon ami, ne restent que les larmes.

Plus d’amour ni d’ami, plus que du vague à l’âme.

Il était mon ami avant d’être mon âme,

Il était de ma vie le feu comme la flamme,

Il était mon ami, je l’avoue, je le clame,

Il était mon ami en étant moi sa femme.

À poil

Déshabillée de ton amour,

J’ai froid jusqu’au fond de ma tête,

Mes os sont gelés, mon sang court,

Se coagule puis s’arrête.

Je reste nue même de tendresse,

Frileuse sans ce léger linge.

Sous le poids du pont de tristesse,

Je reste immobile comme une sphinge.

Je suis le fruit que tu épluches

De ses couches épaisses de passion,

Sur moi plus aucune fanfreluche,

Plus aucun baiser de coton.

Le vent amer que tu déplaces

En tournant notre lourde page

A semé des frissons de glace

Sur mon corps qui a changé d’âge.

Je mettrais bien une petite laine

Sur mes épaules recourbées,

Rafraîchies des pas qui te mènent

Loin de mes prochaines années.

Déshabillée de ton amour,

Je n’ai pas un cœur de rechange,

Où sont tes mots sortis du four,

Tous chauds au bout de tes phalanges ?

Toutes les flammes sont éteintes,

Il ne reste même plus une bougie

Puisqu’il n’y a plus aucune étreinte,

Nos draps sont froids, vide est mon lit.

Le châle d’un sourire éphémère

Suffirait à mon âme triste

Ou la lueur d’un lampadaire

Ou le soleil peint d’un artiste.

L’hiver demande que je rhabille

Mon cœur à poil d’une autre flanelle,

D’un tissu rouge qui vacille

Comme le feu dans mes prunelles.

Je recherche cette allumette

Dont le soufre fera souffrir

Mon palpitant fou qui s’apprête

À vivre d’amour puis mourir.

Insectes

Dans le bus en face de lui,

Je pense à tout ce temps qui passe,

À la vie qui file, qui fuit,

Jour et nuit, tour de passe-passe.

« J’écraserais bien cette mouche »,

lui dit-il sur un ton coquin,

À un centimètre de ta bouche,

Et celle posée sur tes reins.

Aussi la petite libellule

S’envolant droit vers ton nombril

Qui quand j’avance, vite recule,

Comme l’épeire se défile.