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"Les mots écarlates" est un chant dédié à l’amour sous toutes ses facettes : l’amour enflammé, l’amour infini, celui qui est l’essence même de la vie. À travers une palette de styles poétiques, chaque poème devient une déclaration, qu’il s’agisse de l’amour passionné d’un partenaire, de la tendresse maternelle, des liens filiaux, de la fraternité, de l’amitié, ou encore un hommage vibrant à la magnificence de la nature. Ce recueil est une invitation à plonger dans la puissance des émotions humaines, à redécouvrir la profondeur et la beauté de nos sentiments et leur plus grande intensité.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Thésou Estrada, profondément attachée à son Languedoc natal, y trouve une source constante d’inspiration. Animée par l’écriture depuis son enfance, elle en a fait un art de vivre. Auteur de plusieurs ouvrages, dont "La faute d’inattention" aux Éditions du Vénasque, "Ven conmigo", "Lignes de vie et Lune de fiel" aux éditions Le Lys Bleu, elle poursuit son exploration littéraire avec son recueil, "Les mots écarlates", qui aborde les multiples facettes de l’amour et la gestion des émotions.
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Seitenzahl: 183
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Thésou Estrada
Les mots écarlates
Recueil
© Lys Bleu Éditions – Thésou Estrada
ISBN : 979-10-422-6763-6
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Poèmes d’amour
À la tombée du jour
Enfin vous me parlâtes
Sans aucun mot d’amour,
D’une voix adéquate
Pour qui vous n’aimiez pas.
Le lendemain matin,
Seul, vous vous en allâtes,
Moi, ma main dans ma main
Et vous, moi dans vos pattes.
Chéri, vous ne saviez pas.
Les heures passent et courent,
Le temps se carapate,
Et vous, mon bel amour,
Jamais vous ne regardâtes
Vers ma tendre direction.
Et s’agitait mon cœur,
Agile acrobate,
Lui qui d’amour se meurt,
Vous vous l’accaparâtes
Sans aucune intention.
Puis un jour de surprise,
Vos beaux yeux vous ancrâtes
Comme la tour de Pise
Sur moi vous vous penchâtes,
Et je vivais mon rêve.
Sur ma bouche, du rouge
Héla votre peau mate
Sans que jamais je ne bouge
Pour que vous, vous logeâtes
Vos baisers sur mes lèvres.
Les paroles m’arrivèrent
À l’oreille. Vous posâtes
Les mots couleur de fièvre,
Vos doux mots écarlates
Sur ma peau délicate,
Vos doux mots écarlates,
Sur ma peau délicate…
Vos baisers sur mes lèvres,
Vos baisers sur mes lèvres…
Il y avait les dunes qui venaient goûter l’eau,
L’horizon et des plumes dans le ciel de fils hauts,
Il y avait des traces de longs pas dans le sable
Mangés par les voraces ondulations instables.
Il y avait le soir qui menaçait le jour
De son large rideau gris de brume de velours,
Et la brise intrusive qui sans gêne s’immisçait
Dans mes cheveux de laine et sous mon pull
Chiné.
Il y avait de longues guirlandes d’étoiles
Qui cherchaient un sapin céleste sur la toile,
Un peu comme mes bras, guirlandes à orner
Un cou où se suspendre, des épaules à cerner.
Il y avait l’espoir d’un bonheur qui arrive
Discret, timide, sage, du côté de ma rive,
Porté par une mer qui secoue son grand drap,
Il y avait la Lune et puis il y avait Toi.
Âme seule, larmes sœurs,
Coulent, roulent sur mon cœur,
Où es-tu mon âme sœur,
Âme seule qui se meurt ?
Belle lune, plus de nuit
Ni de larmes, lune du ciel,
Plus aucune nuit sans lui,
Donne-nous une lune de miel.
L’âme de fond aime aimer,
Fond en larmes sans amour,
Amoureuse mal aimée,
Âme animée pour toujours.
Jaune lune de velours,
Veloutée et satinée,
Belle lune en lamé,
Deux âmes se sont enflammées.
Sapristi ! Comme je vous goûte !
Aurais-je dit aux temps passés.
Ôtez-moi donc de tous mes doutes
Mais non de mes mots surannés.
Diantre, que je vous chéris !
Vous, belle et aimable d’aspect,
Votre petit minois joli
Pourrait rendre mes gestes suspects.
Ho que nenni ! Je m’énamoure
De votre bouche faisant la moue
Quand d’autres menottes accourent
Et viennent se pendre à mon cou.
Saperlipopette ! Je brûle
Pour vous d’un amour platonique,
Au risque d’être ridicule,
J’avoue que de vous je me pique.
Fichtre ! Moult fois je me toque
De vos deux vertes perles fines,
De vos lèvres qui me rétorquent :
« Ne vous déplaise, je m’embéguine ! »
Ma mie, je vous idolâtre,
Mon fol amour, ma chère promise,
Vous incendiez, moi, le bellâtre,
Et mon cœur et mon âme éprise.
J’ai rêvé de tes lèvres à la lumière du soir,
À cette pêche d’été veloutée sur ma bouche
Qui se penche et s’entrouvre comme si elle venait
Boire
Au beau fruit doux, sucré, ni craintif ni farouche.
J’ai rêvé de tes lèvres sur ma peau, qui
M’honorent
De ces petits frissons, de ces tressaillements
Et qui jouent quelques notes de bonheur sur mes
Pores
Comme une mélodie sur un bel instrument.
J’ai rêvé de tes lèvres sur mon cœur de pirate
Oublié de ce souffle de l’amour exhalé,
Elles font que mes yeux brûlent et que mes longs
Cils battent,
Elles me font respirer d’aimer et d’être aimée.
J’ai rêvé de tes lèvres et puis je me réveille
Enlacée entre les lianes que sont tes bras,
À la lumière du jour, près de moi tu sommeilles
Un sourire à tes lèvres déborde sur nos draps.
Un cheveu sur les draps
Est resté ce matin
Qui n’était pas de moi,
Il a chu de tes mains.
Cet indice si long
Trouvé sur le satin,
Détaché d’un chignon,
Semblait bien féminin.
Une boucle très blonde
Déroulait sa spirale
Comme s’enroule l’onde
Sur une écume opale.
J’ai senti son parfum
Sur la taie d’oreiller,
Preuve qu’au moins l’un
Des deux y était couché.
Une trace de rouge,
Ignoré de ma bouche,
S’est posé sur tes rêves
En salissant ma couche.
J’ai compris les baisers
Vermillon ou carmin
Qui avaient dû glisser
De ses lèvres à tes reins,
Que tu ouvrais, j’ai vu,
Et ton cœur et mon lit
Aux blondes inconnues,
Aux beaux oiseaux de nuit.
Mais cet échantillon
Du doré écheveau
A coupé notre cordon
D’un grand coup de ciseau.
Tu ne toucheras plus
Mes noirs cheveux rebelles
Qui brunissaient nos draps
Sans chouchou ni dentelle.
J’ai noué ma chevelure
Dans une grosse barrette,
Enfermé ma blessure
Dans un coin de ma tête.
Tu donnes ton amour
On te rend la monnaie
En liquide si peu lourd
Qu’il te coule sur le nez.
Mais l’amour qui se donne
N’attend aucune pièce,
Ni miettes, ni aumône,
Il s’offre, il se laisse.
Et malgré l’éraflure
Griffée sur ton bon cœur,
L’amour sans conjecture
Ouvre son bec verseur.
Il saupoudre d’étoiles
La vie des miséreux
Ignorant que la moelle
Du bonheur est en eux,
Que la seule fortune
Qui rend les êtres riches
Est ce diamant de lune
Qui dans l’âme se niche.
J’ai bien peur que tu te méprennes
Je ne suis pas un cœur d’ébène,
Il est possible que je m’éprenne
De tes yeux clairs de porcelaine.
Il ne faut pas que je m’enchaîne
À tes lèvres hallucinogènes,
À tes deux grandes mains de phalènes
Qui suivent le bleu de mes veines.
J’ai bien peur que tu te méprennes
Je ne suis pas de bois de chêne,
Plutôt liège ou polystyrène,
Légère comme une feuille de frêne.
Il est possible que je m’éprenne
De ta bouche au goût de marjolaine,
Plus chaude que l’eau des fontaines,
Au débit d’une rivière pleine
De mots doux, de beaux mots charnus,
De clapotis sur mon corps nu,
De promesses de marées, de crues,
D’amour même, mais qui l’eût cru ?
Avant de te connaître,
Ma vie n’était pas triste.
Dépourvue de mystère
Sur un chemin tout lisse,
Aucun obstacle à terre
Pour me faire trébucher,
Aucun moment austère,
Quelques jours de gaieté.
Avant de te connaître
Coincée dans ma chaussure,
Aucune petite pierre
Ne causait de blessures.
Je cheminais tranquille
Sans ne jamais douter
Qu’aucun vent fou hostile
Ne viendrait m’emporter.
Et puis mes yeux surpris
Vinrent croiser les tiens
Comme brûlent les épis
Au soleil de juin.
En une seule seconde,
Je te vis, incendiaire !
Ton cœur devint mon monde,
Ta peau devint ma terre.
Un volcan débordant
D’une lave d’amour,
Rouge comme le sang
Vint recouvrir mes jours.
Ils devinrent lumière,
Ils devinrent passion,
Tes baisers embrasèrent
Les murs de ma maison.
Avant de te connaître
J’ignorais que tes mots
Consumeraient mon être,
Pauvre papier au fourneau !
Avant que je ne goûte
Le nectar de tes lèvres,
J’ignorais que le doute
Pouvait doubler la fièvre.
Avant de te connaître
Mon cœur battait serein,
Gardait son périmètre,
Sans soulever mon sein.
Avant que tu n’annexes
Et ne pilles mon âme
De l’accent circonflexe,
Je n’étais pas la femme
Qui souffle sur les cendres
D’un amour consumé.
La vie a dû m’apprendre
À éteindre les brasiers.
J’ai laissé derrière moi ma passion inutile,
Cessé l’abondant flux d’un amour hémophile,
J’ai marché tout droit sans me retourner
En épongeant mes yeux et la route mouillée,
J’ai parcouru la terre, ses monts et ses vallées,
Pour quitter ma douleur comme tu m’as quittée.
J’ai couru sous la neige pour oublier dans le froid
L’image de tes regards qui ne me regardaient pas.
J’ai même étouffé à l’orée des forêts
L’écho de ta voix sans chant énamouré.
J’ai continué à pied sous de violents orages
Pour rincer l’eau salée coulant sur mon visage
Et ôter de mes cils les grains cristallisés
De ce chagrin blanchâtre qui s’y était collé.
J’ai traversé encore des ponts et des rivières,
Escaladé des murs de rochers et de pierres
Pour éloigner mon corps et mettre de la distance
Entre mon cœur transi et ton indifférence.
Et quand j’ai pu franchir l’Océan Pacifique,
Violons et violoncelles en une douce musique
Ont résonné en moi comme un beau requiem,
Un air de paix pour que jamais plus je ne t’aime.
J’aime que les blanches pâquerettes
Se froissent, s’écrasent sous le poids
De nos deux corps, de nos deux têtes
Où marchent des insectes froids.
J’aime que l’ombre des hauts frênes
Dépose sa fraîche auréole
Autour des serviettes qui traînent
Là sur les herbes folles.
J’aime contempler, sereine et lasse,
L’onde du lac stable et patiente
Qui, plate, attend qu’à sa surface
La brise la rende frissonnante.
J’aime la caresse du soleil
Qui met l’ondoiement à ma peau,
Un chaud bruissement à l’oreille,
Comme fait le léger vent sur l’eau.
J’aime le passage des pies-grièches,
Petites au-dessus du lac,
Qui, volant, voient des gens qui pêchent
Des poissons bougeant dans un sac.
J’aime les enfants qui viennent et courent
Autour de nous en emportant
Le silence, à contre-jour,
Des rires aigus, des cris, des chants.
Et j’adore que tout près de moi
Ton épaule d’homme touche la mienne.
Le bonheur c’est peut-être ça,
Un lac, des pies, toi et des frênes.
Qu’est-ce que j’y peux si tu m’attires,
Si mes deux yeux brûlent d’un feu
Que tu ne pourrais circonscrire
Même en les mouillant d’un adieu ?
Qu’est-ce que j’y peux si mon cœur aime
Même le dessin de ton dos
Qui s’enroule dans nos draps blêmes
Évitant le grain de ma peau ?
Qu’est-ce que j’y peux si se retire
Ta faible inclinaison pour moi,
Comme une marée haute qu’aspire
La lune pour t’éloigner de moi ?
Qu’est-ce que j’y peux si toutes mes tripes
Se battent contre mon cerveau
Qui voudrait bien que je t’extirpe
De ma tête et de mes boyaux ?
Qu’est-ce que j’y peux si cet amour
S’est ancré comme un gros bateau
Sans aucune chance de retour
Dans le bouillonnement de mes flots ?
Je n’ai choisi ni l’incendie
Que mes larmes ne peuvent éteindre,
Ni la distance dans le lit,
Ni le silence du café-crème.
Et je n’ai pas choisi ces sables
Si mouvants après la marée
Qui m’engloutissent et qui m’avalent
Au milieu des algues salées.
Je n’ai pas voulu la douleur
Qui obture et qui m’oppresse,
Ni les petites gouttes de peur
Que tu partes et que tu me laisses.
Qu’est-ce que j’y peux, moi, si je pense
Que mes bras même vides de toi
Seraient remplis de ton absence,
Car ton absence c’est toujours toi ?
Si j’écris tous mes bleus, si je montre mes
Morsures,
Si j’écris à ce dieu même si je l’abjure,
Si j’écris toutes mes larmes qui mouillent ce papier
C’est pour laisser mes maux sécher comme un
Herbier.
Si j’écris mes douleurs comme on lance des
Fléchettes
Sur une mire fendue de pointes et d’arêtes,
Si j’encercle de rouge nos fautes que j’endure
Et si mon alphabet se couvre de ratures,
C’est que mon orthographe souffre de la lecture,
De ton cœur illettré de toutes mes boursouflures,
C’est que de tatouer au feutre la page blanche,
C’est couper au couteau une mauvaise branche.
Si j’écris tes regards comme des courbatures,
Des coups bas du hasard sur un point de rupture,
Si j’emplis tes silences de mots si abyssaux
Que parfois mon stylo remplace l’encre par l’eau,
C’est que je régurgite mes aigreurs d’estomac,
Libère toutes mes tripes de cet amour de toi,
C’est que j’abandonne au cahier les brûlures,
Et c’est que le bonheur n’aime pas l’écriture.
Une feuille légère
S’envola devant moi,
Tournoyant, éphémère,
La bise l’emporta.
Détachée de sa branche
Par le souffle d’un Dieu,
Elle effleura ma manche
En passant sous mes yeux.
Je la vis virevolter
En mouvements gracieux,
En ronds fins dessinés,
Belle plume des cieux.
Les contours aériens
De la légère feuille
Me montraient le dessin
D’un sourcil puis d’un œil.
Je vis une lumière
Au fond de la pupille
Qui éclairait la Terre,
L’éteignait quand elle cille.
C’était dans le soleil
Que la feuille prenait l’encre,
Belle plume de tilleul,
D’érable ou de pampre.
Enfin, je reconnus
Quand la bouche fut faite,
Les baisers absolus
Sur tes lèvres muettes.
Ton sourire adoré
Telle la feuille du matin
Léger, se balançait,
Se posait sur ma main.
Je reconnus l’amour
Qu’une étoile d’albizia
Fit étinceler pour
Que je ne t’oublie pas.
J’ai reconnu émue la lumière ascendante.
Ton âme mélangée au jaune et au bleu
Montait sur cette échelle aux mille marches brillantes,
Comme l’était toujours la pupille de tes yeux.
J’ai vu ta silhouette sur le croissant de lune,
La tête baissée vers moi et le regard perdu.
Tes deux mains appuyaient sur le sable des dunes,
Tes jambes balançaient dans le vide inconnu.
Tu me cherchais d’en haut à travers l’atmosphère,
Comme un pêcheur assis, là à califourchon,
Regardant vers le bas la belle boule Terre,
Surveillant si jamais remuait ton bouchon.
Si tout était si simple, je mordrais ton appât,
Accrochée à ton cœur comme à un hameçon,
Heureuse de m’asseoir à nouveau près de toi,
Mais la lune et la Terre jamais ne se joindront.
Pas même avec une canne ni même avec un fil,
Je ne pourrais atteindre le doux creux de tes bras,
Et je fixe en mouillant la racine de mes cils,
Le beau croissant de lune où assis je te vois.
Attends encore un peu mon bel amour stellaire,
Que passent les secondes de ma longue vie sans toi,
Le temps terrestre fuit, fugace et éphémère,
Garde-moi une place sur la lune près de toi.
Sans toi je n’aurais pas
Su que les longs silences
Entaillent avec violence
Plus que les mots parfois.
Sans toi j’ignorerais
Que des yeux cernés tombent
Des paroles aussi sombres
Que des forêts gelées,
Dans lesquelles se perdent
Mes émotions sans verbe,
Mes mots d’amours sans verve
Et mon chagrin muet.
Sans toi je n’aurais pu
Vibrer comme des cordes
D’un violoncelle qu’accorde
Un amour absolu,
Ni connaître l’aurore
Des matins frais et roses
Qui sans aucune prose
Poétise les corps nus.
Sans toi je n’aurais cru
Que les battements sourds
Derrière mes seins lourds
Cessent, interrompus
Par tes pas dans l’entrée
Et la porte qui claque,
Par tes mains pleines de sacs
Vidés de ton passé.
Sans toi je n’aurais vu
Que jamais rien ne dure,
Pas même les rayures
De l’âme, qui l’eût cru ?
Que le temps ponce et lisse
Comme un papier de verre
Et réduit en poussière
Toutes les cicatrices.
Sans toi je n’aurais su.
Comme un serpent brillant qui lèche la pierre
Sèche
Et agite sa sonnette tintant sous un fort vent,
Les vagues qui ondulent et se cognent aux roches
Rêches
Résonnent sous le bruit des cigales chantant.
L’eau claire qui appelle le baigneur dans l’arène
Recèle des trésors sous sa robe lamée,
Puis au soleil couchant se revêt de l’ébène
En offrant son mystère aux sirènes et aux fées.
C’est alors que j’espère que vers moi tu
Reviennes,
Assise sous les pins, frissonnante dans l’ombre,
Je fixe l’horizon fondu dans la mer même,
Et dans l’obscurité, aussi je fonds et sombre.
Demain, je reviendrai au bas des larges branches,
Voir si les créatures de l’eau t’auront posé
Sur la plage des amants perdus sous l’onde
Blanche.
Comme les femmes de marins, demain je
Reviendrai.
Dis à la lune qu’elle m’appelle
Et je regarderai d’en haut
Comment elle tire ses ficelles
Pour faire monter les marées d’eau,
Comment de son pouvoir magique,
Elle ôte le sommeil aux gens
Et que pleine, elle devient lubrique
Pour faire naître les enfants.
Dis à la lune qu’elle me nomme,
Je la regarderai ce soir
Tachée de cent cratères sombres
Comme cent grains de beauté noirs,
Peints par les météorites
Qui la bombardent de leur envie
Lui dessinant cernes et rides,
Mais la lune toujours resplendit.
Dis à la belle que je vénère
L’incandescente rotondité
Où je dépose de mes lèvres
Derrière ma vitre quelques baisers.
Dès qu’elle clignera de l’œil,
Je grimperai sur son échelle
En esquivant tous les écueils
Entre moi et l’aura éternelle.
Dis à la lune, toi qui luis
Près d’elle, Maternelle étoile,
Qu’à ton bras ma première nuit,
Sa lumière sera mon voile.
Est-ce le mal que tu m’as fait
Ou peut-être enfin un bienfait ?
Je ne peux qu’avouer le fait
Tu ne me fais plus aucun effet.
Certes mon lit n’est plus défait,
L’amour aujourd’hui est surfait,
Je dors dans les bras de Morphée,
Tu ne me fais plus aucun effet.
Assurément, rien n’est parfait
Mais hier je me suis vue pouffer
Toute seule devant mon café,
En écoutant les piafs piaffer.
De passion j’étais assoiffée,
J’étais une amoureuse fieffée.
Enfin j’ai déclaré forfait.
La vie distribue ses méfaits.
Le livret qu’on a paraphé
Faisons-en un autodafé.
Est-ce le mal que tu m’as fait
Ou heureusement un bienfait ?
Je ne peux qu’avouer le fait,
Tu ne me fais plus aucun effet.
Du bout de la main j’attraperai la lune,
Je t’en ferai la nuit de beaux origamis
En forme de feuilles ou en forme de plumes
Pour venir taquiner et chatouiller ta vie.
Du bout de mes lèvres, je prierai la lune
D’incendier ta route de mille lumières,
Alors tu verras bien que de toutes, aucune
Ne t’aimera autant que moi sur cette terre.
Du bout de mes doigts, j’offrirai à la lune,
Cueillies avec passion quelques tiges de fleurs,
Mauves, boutons d’or ou bruyères callunes,
Pour qu’elle veille sur toi et me donne ton cœur.
Du bout de mon âme, j’avalerai la lune,
Pour que tu voies en moi l’amour illuminé,
Et que parmi toutes, tu n’en choisisses qu’une,
Moi seule qui reste là ; là plantée à t’aimer.
Il était mon ami avant d’être mon âme,
Il était de ma vie le feu comme la flamme,
Il était mon ami, je l’avoue, je le clame,
Il était mon ami en étant moi sa femme.
Quand partit mon demi, sans amour pour sa
Dame,
Je perdis mon ami qui éteignit sa flamme,
Emportant avec lui l’amitié sans la femme.
Je perdis mon ami, parti avec mon âme,
Mon amitié perdue, qui m’écoute et me calme ?
Je perdis mon ami, ne restent que les larmes.
Plus d’amour ni d’ami, plus que du vague à l’âme.
Il était mon ami avant d’être mon âme,
Il était de ma vie le feu comme la flamme,
Il était mon ami, je l’avoue, je le clame,
Il était mon ami en étant moi sa femme.
Déshabillée de ton amour,
J’ai froid jusqu’au fond de ma tête,
Mes os sont gelés, mon sang court,
Se coagule puis s’arrête.
Je reste nue même de tendresse,
Frileuse sans ce léger linge.
Sous le poids du pont de tristesse,
Je reste immobile comme une sphinge.
Je suis le fruit que tu épluches
De ses couches épaisses de passion,
Sur moi plus aucune fanfreluche,
Plus aucun baiser de coton.
Le vent amer que tu déplaces
En tournant notre lourde page
A semé des frissons de glace
Sur mon corps qui a changé d’âge.
Je mettrais bien une petite laine
Sur mes épaules recourbées,
Rafraîchies des pas qui te mènent
Loin de mes prochaines années.
Déshabillée de ton amour,
Je n’ai pas un cœur de rechange,
Où sont tes mots sortis du four,
Tous chauds au bout de tes phalanges ?
Toutes les flammes sont éteintes,
Il ne reste même plus une bougie
Puisqu’il n’y a plus aucune étreinte,
Nos draps sont froids, vide est mon lit.
Le châle d’un sourire éphémère
Suffirait à mon âme triste
Ou la lueur d’un lampadaire
Ou le soleil peint d’un artiste.
L’hiver demande que je rhabille
Mon cœur à poil d’une autre flanelle,
D’un tissu rouge qui vacille
Comme le feu dans mes prunelles.
Je recherche cette allumette
Dont le soufre fera souffrir
Mon palpitant fou qui s’apprête
À vivre d’amour puis mourir.
Dans le bus en face de lui,
Je pense à tout ce temps qui passe,
À la vie qui file, qui fuit,
Jour et nuit, tour de passe-passe.
« J’écraserais bien cette mouche »,
lui dit-il sur un ton coquin,
À un centimètre de ta bouche,
Et celle posée sur tes reins.
Aussi la petite libellule
S’envolant droit vers ton nombril
Qui quand j’avance, vite recule,
Comme l’épeire se défile.