Les plus étonnantes aventures de l'histoire du Q - Didier Dillen - E-Book

Les plus étonnantes aventures de l'histoire du Q E-Book

Didier Dillen

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Beschreibung

Histoires croustillantes au fil des âges

Des témoignages coquins que nous ont laissés Monsieur et Madame Cro-Magnon aux conceptions étonnantes des hommes et des femmes de l’Antiquité sur la sexualité ou l’homosexualité, jusqu’au sexe 2.0, friend fucking et exhibitionnisme, voici une petite histoire du sexe à ne pas manquer. Dans ces pages, à découvrir...
– les us et coutumes amoureuses d’ici et d’ailleurs
– les modes et tendances de l’érotisme à travers le temps
– les légendes urbaines à caractère sexuel
– la gaudriole durant les guerres, en avion, chez les gourous
– les statistiques de l’amour en tout genre
– le fonctionnement de notre mécanique intime
– ce qui se trame dans les labos
Rien n’est oublié ! En prime, un petit dico destiné à enrichir votre vocabulaire érotique, ainsi que l’origine étymologique de certains des mots les plus coquins de la langue française ! Le monde est sexe depuis qu’il est le monde ! Et ce n’est pas prêt de s’arranger...

Un livre instructif pour découvrir les traditions et habitudes sexuelles selon les époques.

EXTRAIT :

Que sait-on de la vie amoureuse des hommes et des femmes préhistoriques ? S’envoyaient-ils seulement en l’air ? Oui, sinon nous ne serions pas là pour en parler ! Mais à quoi pouvait bien ressembler le Don Juan des cavernes ? À un genre de King Kong avec un peu moins de poils ? C’est en tout cas l’image que des dizaines de livres, films ou BD ont contribué à donner de notre lointain ancêtre. Côté pilosité pourtant, on repassera. Sur les nombreux vestiges laissés par l’art paléolithique, les hommes sont en général représentés cheveux courts, sans moustache, ni barbe, ni touffes sous les aisselles et encore moins aux endroits stratégiques. S’épilaient-ils ou se rasaient-ils ? Mystère et silex taillé. Une chose est sûre, Cro-Magnon et Cro-Mignonne étaient habillés de façon bien plus recherchée que les protagonistes du film La guerre du feu. Oubliez donc le slip et le cache-seins en peau de renne bouffés aux « mythes ». Oubliez aussi l’image du séducteur préhistorique qui conte fleurette à sa « conquête » à coup de gourdin et la tire ensuite par les cheveux pour l’emmener dans la caverne conjugale. Bien sûr, on ne sait quasi rien des coutumes matrimoniales du Paléolithique. Néanmoins, en étudiant le mode de vie des dernières tribus de chasseurs-cueilleurs de la planète, on a de bonnes raisons de croire que les jeunes hommes quittaient par exemple le clan pour gagner d’autres groupes et y trouver des épouses, à l’instar de ce qui se passe aussi chez certains animaux. Les cas de violence, conjugale ou pas, sont d’ailleurs quasi inconnus au Paléolithique, preuves archéologiques à l’appui.

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Les + étonnantes aventures de l’histoire du Q

Didier Dillen

CHAPITRE I LA FOLLE HISTOIRE DU SEXE

La vie intime de Cro-Magnon

Que sait-on de la vie amoureuse des hommes et des femmes préhistoriques ? S’envoyaient-ils seulement en l’air ? Oui, sinon nous ne serions pas là pour en parler ! Mais à quoi pouvait bien ressembler le Don Juan des cavernes ? À un genre de King Kong avec un peu moins de poils ? C’est en tout cas l’image que des dizaines de livres, films ou BD ont contribué à donner de notre lointain ancêtre. Côté pilosité pourtant, on repassera. Sur les nombreux vestiges laissés par l’art paléolithique, les hommes sont en général représentés cheveux courts, sans moustache, ni barbe, ni touffes sous les aisselles et encore moins aux endroits stratégiques. S’épilaient-ils ou se rasaient-ils ? Mystère et silex taillé. Une chose est sûre, Cro-Magnon et Cro-Mignonne étaient habillés de façon bien plus recherchée que les protagonistes du film La guerre du feu. Oubliez donc le slip et le cache-seins en peau de renne bouffés aux « mythes ». Oubliez aussi l’image du séducteur préhistorique qui conte fleurette à sa « conquête » à coup de gourdin et la tire ensuite par les cheveux pour l’emmener dans la caverne conjugale. Bien sûr, on ne sait quasi rien des coutumes matrimoniales du Paléolithique. Néanmoins, en étudiant le mode de vie des dernières tribus de chasseurs-cueilleurs de la planète, on a de bonnes raisons de croire que les jeunes hommes quittaient par exemple le clan pour gagner d’autres groupes et y trouver des épouses, à l’instar de ce qui se passe aussi chez certains animaux. Les cas de violence, conjugale ou pas, sont d’ailleurs quasi inconnus au Paléolithique, preuves archéologiques à l’appui.

Le triangle des cavernes

Le sexe devait également jouer un rôle considérable dans la vie des hommes et des femmes préhistoriques. Les formidables artistes de cette époque ont ainsi laissé des milliers de gravures et objets à caractère nettement explicite : phallus fièrement dressés, vénus aux croupes et aux seins largement soulignés, vulves stylisées… Un véritable catalogue érotique avant la lettre. Longtemps, ces découvertes mirent d’ailleurs les premiers archéologues dans l’embarras. Pour éviter de susciter la concupiscence ou les réprobations outrées, les représentations de sexes féminin ou masculin furent souvent censurées, voire reléguées dans les réserves des musées. En 1941 par exemple, la fameuse scène de la grotte de Lascaux montrant un bison blessé fonçant tête baissée sur un homme fut reproduite dans un magazine, qui pour l’occasion masqua pudiquement la verge turgescente du protagoniste humain !

Des sexes, il y en a pourtant dans l’art préhistorique, et même beaucoup. La plupart des hommes sont ainsi représentés nantis d’une belle érection. Certains scientifiques ont même calculé que, par rapport aux hommes modernes, Cro-Magnon devait être particulièrement bien membré… Ou très vantard ! Les femmes sont quant à elles quasi toujours représentées nues, souvent ornées de bijoux (résilles, colliers, bracelets), et plus souvent encore enceintes et pulpeuses à souhait, comme pour mieux souligner leur féminité. Ce qui frappe surtout, c’est le nombre de vulves représentées, quand ce ne sont pas d’autres parties du corps féminin. Parfois stylisées à l’extrême par un simple triangle, parfois plus détaillées, on en retrouve des centaines, et cela jusqu’en Russie. Pourquoi autant ? On ne sait pas. Peut-être parce que ceux qui les ont dessinées étaient des hommes, tout simplement.

Du porno très vintage

Exit en tout cas l’idée que les scènes de nus plus ou moins artistiques seraient une invention moderne. Les premières représentations à caractère sexuel datent carrément du Paléolithique ! Le plus ancien coït dessiné aurait au moins 12 000 ans. Plus vintage que ça… Depuis qu’il grave la pierre, l’os de mammouth ou le bois de renne, Homo Sapiens gribouille donc des personnages dénudés. Était-il pornographe avant l’heure ? Vouait-il plus simplement une forme de culte à la fécondité ? Nul ne le sait. Dès la naissance de l’art pariétal, voire avant, on voit en tout cas apparaître les premiers objets ouvertement suggestifs. Mise au jour en 2008 dans une grotte située en Allemagne, la Vénus de Hohle Fels, aux formes généreuses et à la vulve bien dessinée, date par exemple probablement de 40 000 ans avant notre époque. Cela en fait un des plus anciens exemples connus d’art figuratif.

À partir du Paléolithique supérieur, il y a entre 35 000 et 10 000 ans donc, les images érotiques vont commencer à se multiplier. Des milliers de gravures, dessins et objets à caractère nettement sexuel ont ainsi été recensés. Certains objets, sculptés en os ou en corne, sont tellement réalistes qu’on se demande s’ils ne sont pas les ancêtres des godemichés. Fait curieux : parmi toutes ces images, les hommes sont largement sous-représentés et, quand ils le sont, leur phallus en érection est souvent le seul détail morphologique un tant soit peu détaillé. Rien à voir avec le traitement artistique réservé aux femmes. Non seulement les modèles féminins de la préhistoire sont plus beaux et plus nombreux, mais Cro-Magnon s’est aussi ingénié à en restituer avec soin les caractères sexuels et même à les accentuer : seins sur-gonflés, fesses et hanches callipyges, pubis rebondi… Il s’est même arrangé, petit coquin, pour représenter une fente on ne peut plus explicite là où la position du personnage ne permet normalement pas de la révéler ! En témoignent ces merveilleuses Vénus préhistoriques justement, dont quelque deux cents cinquante exemplaires ont été retrouvés un peu partout en Europe, et ce jusqu’en Sibérie.

Coït préhistorique

Si les artistes de l’époque osent le déshabillé et le plan rapproché, ils semblent n’avoir représenté aucune scène de sexe proprement dit, en tout cas entre humains. Les images présentées par certains chercheurs comme autant de scènes de coït, de masturbation, voire d’amours lesbiennes ou bestiales, sont loin de faire l’unanimité parmi leurs pairs. Pour prendre Cro-Magnon en flagrant délit de galipettes, il faut attendre la toute fin du Paléolithique supérieur. Une plaque en schiste découverte dans la grotte d’Enlène, en Ariège (France), montrerait ainsi presque à coup sûr un couple en train de pratiquer une véritable levrette ! Elle daterait d’environ 12 000 ans, ce qui en ferait la plus vieille image porno au monde. Pour certains, il s’agirait même peut-être d’un coït anal entre hommes.

À l’exception de cette plaque, il faut patienter jusqu’au début du Néolithique pour voir les scènes graveleuses se multiplier, non plus en Europe, mais au Sahara cette fois, dans ces régions jadis fertiles bien connues pour leur magnifique art rupestre. Certains endroits présentent même une concentration spectaculaire de gravures franchement olé-olé qui pourraient dater de 5 400 ans avant J-C. C’est le cas entre autres de la région de l’Oued Djerat en Algérie ou encore du fameux site de Ti-n-Lalan en Libye. Plus réalistes, plus obscènes aussi, ces représentations montrent des hommes et des femmes en train de se faire du bien dans à peu près toutes les configurations imaginables : exhibitionnisme, sexe oral, masturbation, levrette, position accroupie, sur le dos, et parfois même à plusieurs ! Certaines gravures montrent aussi des accouplements étonnants entre des femmes et d’étranges créatures mi-homme mi-animal, toujours solidement montées. Fantasmes érotiques ? Personnages déguisés et masqués ? On ne s’ennuyait en tout cas pas du tout au Néolithique !

Homosexualité préhistorique

L’homosexualité n’était certainement pas inconnue de nos très lointains ancêtres. Au Néolithique, les cas de dessins montrant des couples de même sexe en train de faire crac-crac sont même assez courants. Sur le plateau du Messak libyen, on peut ainsi admirer plusieurs représentations mettant en scène deux hommes, dont l’un, coiffé de cornes, est clairement en train de sodomiser le second. Une autre gravure, tout aussi explicite, fait même intervenir un troisième larron !

Missionnaire ou levrette ?

Les hommes et les femmes de la Préhistoire connaissaient-ils déjà la position du missionnaire ou se contentaient-ils de la bonne vieille levrette de grand-papa australopithèque ? Allez savoir. Aucun sex-shop des cavernes n’ayant été découvert, les anthropologues doivent se contenter de ce qui reste : les gravures ou peintures explicites de ces temps reculés, c’est-à-dire pas grand-chose. Or, les très rares témoignages du Paléolithique arrivés jusqu’à nous montrent des couples, au sexe parfois indéterminé, en train de jouer à la brouette de Tautavel ! Jusqu’au second tiers du XXe siècle, la plupart des spécialistes n’imaginait d’ailleurs pas nos lointains ancêtres s’envoyer en l’air autrement qu’en position fronto-dorsale, soit par derrière. Pas assez raffinés. La polémique n’est pas tout à fait close aujourd’hui. Il faut en tout cas attendre le Néolithique pour les voir copuler dans d’autres configurations amoureuses.

Sexe antique

Contrairement à ce que certains suggèrent perfidement, la Grèce n’est pas le paradis de la sodomie. Ou plutôt, elle ne l’est plus depuis l’Antiquité, pendant laquelle nos conceptions modernes d’hétérosexualité et d’homosexualité n’avaient probablement pas cours. Ce qui compte à l’époque n’est pas tant le sexe biologique des partenaires que ce qu’ils font avec leurs protubérances et orifices (et fesses) respectifs. Les Grecs anciens, et les Romains après eux également, font effectivement la différence entre les vrais hommes, ceux qui pénètrent et qui se montrent actifs, et les « enfilés ». Hommes ou femmes, prostitués ou esclaves, le sexe biologique de celui qui est pénétré ne compte pas vraiment. Pour un homme libre, il est ainsi socialement réprouvé de se faire pratiquer une turlutte ou d’être sodomisé : trop passif. Par contre, il n’est pas nécessairement mal vu de sodomiser son prochain ou de pratiquer l’irrumation ou fellation active.

Plutôt que d’homosexualité, il faudrait parler de pédérastie. En Grèce antique, il s’agit d’une véritable institution. Elle est même parfois érigée en loi, comme à Sparte. C’est difficile à admettre aujourd’hui, mais pour les Grecs d’alors, la relation qui unit l’éraste (un homme souvent fortuné et influent) à l’éromène (un jeune garçon qui n’a jamais moins de douze ans) possède une vocation éducative. Il s’agit de préparer le garçon à son futur rôle de citoyen et même de guerrier. Rien « d’efféminé » dans ce rapport en tout cas. À Thèbes, le mythique Bataillon sacré, composé de cent cinquante couples de pédérastes, resta longtemps invaincu sur le champ de bataille.

Dans la Grèce antique, érotisme et sexualité sont érigés en art de vivre, au même titre que le boire et le manger. On se bat littéralement pour certaines prostituées de luxe. C’est aux Grecs que l’on doit également un des tout premiers jeux érotiques connus : le cottabe. Il se joue dans les bains publics et au cours des nombreux banquets auxquels se livrent les Hellènes de l’Antiquité. Comme dans tous les banquets, on boit beaucoup et on plaisante. On drague et on joue aussi pas mal. Un des jeux favoris est justement celui du cottabe. Le but est de jeter le fond de sa coupe de vin dans une vasque posée au milieu des invités, tout en dédiant ce geste au convive présent, jeune homme ou courtisane, sur lequel on a des vues particulières. Celui ou celle qui y réussit avec élégance a de bonnes chances de conquérir l’élu de son cœur ou de son corps. C’était en tout cas vu comme de bon augure pour la suite. L’ivresse aidant, l’exercice n’était pas des plus faciles. Cela explique sans doute les succès amoureux des meilleurs joueurs de cottabe, comme le révèle une anecdote qui met en scène le fameux philosophe Diogène. Abordant un jeune joueur de cottabe aux bains publics, celui-ci le mit en garde en lui déclarant : « Mieux tu feras, pis ce sera » ! Pas sûr que cela ait eu beaucoup d’effet.

À Rome…

Et dans l’opulente Rome, que se passe-t-il donc sous la toge ? Dans les péplums et les séries à succès, les Romains de l’Antiquité passent pour des êtres décadents, avides d’orgies et de pratiques toutes plus perverses les unes que les autres. Attention aux clichés ! La sexualité des Romains était sans doute moins débridée que celle de leurs empereurs débauchés : Claude ou Néron qui allaient plus souvent au bordel qu’au Sénat, Caligula qui couchait avec sa sœur, Tibère qui, dans sa villa de Capri, se baignait avec de jeunes esclaves qu’il appelait ses « petits poissons », et bien entendu César lui-même, dont Suétone dit qu’il est « le mari de toutes les femmes et la femme de tous les maris » et que Catulle, qui semble savoir de quoi il parle, surnomme mentula, alias le pénis !

Il ne faut pas se fier à ces seuls exemples pour en tirer des conclusions hâtives sur la vie sexuelle des citoyens de Rome. Ceux-ci appartiennent à une culture du « convenable » où chacun soigne son image sous le regard sourcilleux des autres. Il est ainsi mal vu pour les amants de faire l’amour en pleine lumière ou de se montrer mutuellement nus. Cliché aussi l’image d’une sexualité brutale. Dans l’Empire, les plaisirs érotiques sont plutôt faits de douceur et de langueur. Si rien n’est formellement interdit – sodomie, recours à la prostitution (les lupanars sont presque aussi nombreux que les tavernes), homosexualité –, les excès sont par contre stigmatisés. Tout dépend aussi de la classe sociale à laquelle on appartient. Entre un homme et une femme libres, toute relation est en principe proscrite en dehors du mariage. En revanche, avec un esclave ou un affranchi, tout est permis, ou presque.

Le zizi grec

Quel est le point commun entre, mettons, le Discobole, l’Apollon du Belvédère ou le Diadumène du sculpteur Polyclète ? Les muscles saillants ? Le fameux nez grec ? Non, c’est le petit zizi ! Diverses raisons parfois farfelues ont été avancées pour expliquer cette particularité de la statuaire antique : difficulté à restituer dans le marbre le membre en question, ode à l’hermaphrodisme, pudeur… Pour certains, les Grecs anciens étaient tout bêtement affublés de petites bites. Rien de tout cela selon les historiens de l’art. Si les Grecs anciens représentaient les hommes peu membrés, c’est apparemment par souci d’esthétique. Selon les canons de l’époque, les petits pénis étaient vus comme plus nobles et moins bestiaux. O tempora, o mores !

Dieux du sexe ! Oh, my God(e)

Qui a dit que les hommes étaient à l’image des dieux ? Ne serait-ce pas plutôt l’inverse ? Aux êtres humains, les divinités empruntent souvent les mêmes traits de caractère et petits défauts, comme celui d’aller batifoler à gauche ou à droite quand l’occasion se présente. Le grand Zeus est un spécialiste de la chose. Quand il ne lutine pas une déesse ou une nymphe, il jette son dévolu sur une belle mortelle.

Si certains dieux aiment s’envoyer au septième ciel, où ils sont pourtant déjà censés se trouver, d’autres font de l’amour une spécialité, disons, professionnelle. Il n’y a quasi aucun panthéon digne de ce nom qui ne compte au moins une divinité de la fertilité, de la passion ou de la bagatelle. Prenez Éros, qui en plus d’être beau comme un… dieu, possède trois sexes : féminin, masculin et hermaphrodite. C’est évidemment bien pratique quand on se veut le symbole de l’amour sous toutes ses formes. Tantôt fils adultère de la belle Aphrodite, autre divinité grecque des plaisirs de la chair, tantôt à l’origine de tous les autres dieux, Éros a également deux visages : l’Éros qui sème à tout vent et pour qui tout fait farine au moulin, homme ou femme ; et l’Éros fidèle, cosmique même, épris de beauté, qui n’aime que le sexe masculin. Nous sommes dans la Grèce antique, ne l’oublions pas. On voit d’ailleurs souvent Éros représenté sur des vases, un lièvre à la main, le lièvre étant chez les Grecs d’alors le cadeau par excellence de l’éraste à son jeune amant. À noter que ce n’est que chez les Romains qu’Éros, devenu Cupidon, prendra les traits d’un angelot joufflu nettement moins suggestif.

Pas de vierges au Walhalla

Les compatriotes d’Ulysse ne sont bien sûr pas les seuls à porter un culte à l’amour et à ses divinités. Le panthéon scandinave compte par exemple une divinité tutélaire du mariage et de la maternité, la grande Frigg, épouse d’Odin, mais aussi une déesse de l’attirance amoureuse, de l’érotisme et de la fertilité, en la personne de Freya, curieusement aussi déesse de la guerre. Un sex symbol que cette grande blonde aux yeux bleus, dont on dit qu’elle possède un collier magique fabriqué par des nains, qui rend tous ceux qui la contemplent, hommes ou dieux, incapables de résister à ses charmes. Même certains géants, disent les légendes nordiques, aimeraient bien lui faire son affaire. Ce ne sont d’ailleurs pas les amants qui lui manquent. Freya a même couché avec les quatre artisans nains qui ont façonné son collier ! La plus coquine des déesses scandinaves est évidemment Lofn. Là où Freya se contente de susciter l’attirance entre tout un chacun, la douce et tolérante Lofn a quant à elle le pouvoir de mettre ensemble les hommes et les femmes à qui le mariage est normalement interdit (lisez, notamment aux couples illégitimes). Cela en fait une déesse fort appréciée des Scandinaves de l’époque.

Ailleurs aussi, d’autres dieux et déesses s’occupent activement des coucheries en tous genres des simples mortels. Dans la mythologie aztèque, Tlazolteotl est par exemple associée à la luxure, au péché de chair, aux amants adultères ainsi, bien sûr, qu’aux accouchements. Un job à temps plein, à n’en pas douter. On l’appelle aussi la « mangeuse d’immondices », car selon la légende elle dévorerait toutes les impuretés accumulées par l’âme du mourant avant qu’il ne trépasse. Selon d’autres sources toutefois, son nom pourrait provenir des caresses bucco-sexuelles qu’elle prodigue avec plaisir au fameux dieuserpent Quetzalcoatl.

Tantra, tantra pas ?

S’il est une civilisation où le sexe est susceptible d’avoir sa divinité, c’est bien celle de l’Inde. Un culte très sympathique y est ainsi voué à Kâma, dieu du désir amoureux. Comme Éros, il utilise un arc et des flèches pour répandre l’amour. Il est aidé dans sa tâche par sa compagne, la très sensuelle Rati, déesse des plaisirs du lit. Selon la légende, c’est grâce à l’une des flèches de Kâma que le dieu Shiva finit par s’éprendre de la belle Pârvatî, autre déesse hindoue. Tous deux se livrèrent ensuite aux plaisirs de l’amour charnel durant mille ans ! Cupidon peut donc aller se rhabiller.

Magie sexuelle

On ne compte plus les pratiques occultes (en un ou deux mots) qui s’inspirent directement du symbolisme sexuel, ni les philtres censés susciter le désir. Les alchimistes qualifiaient par exemple leurs mélanges de « noces du Roi et de la Reine » ou « d’inceste du frère et de la sœur ». Les astrologues se référaient quant à eux au sexe des planètes (Mercure étant réputé androgyne). Sans oublier les sorciers et les sorcières, dont on disait jadis qu’ils acquéraient leurs pouvoirs en copulant avec les démons lors de sabbats nocturnes, ce qui en fait probablement les ancêtres de la partouze en plein air.

Potion amatoire

En Europe, au Moyen Âge, les aphrodisiaques extraordinaires sont innombrables. Le sel de queue de lézard assure par exemple une érection infaillible. La verge de taureau desséchée et pulvérisée, mêlée à un œuf, permet de réaliser des prouesses érotiques au lit. Dit-on. Le grand Nostradamus lui-même, en plus de ses centuries, donne la recette d’une potion « amatoire », propice à déclencher le désir, composée entre autres de mandragore, de verveine, de sang de passereaux mâles ou encore d’ambre gris. Il recommande d’en avoir toujours sur soi dans une fiole et de profiter du baiser de la dame qu’on convoite pour lui en instiller un petit peu dans la bouche. Attention, précise Nostradamus, à ne pas avaler par mégarde tout le philtre, sous peine de devoir faire l’amour le jour même avec une autre. Absorbé en excès, l’élixir en question avait aussi pour conséquence funeste d’augmenter la production de sperme, lequel était susceptible ensuite de monter au cerveau et de rendre fou celui qui en avait abusé, dixit du moins le fameux devin.

Ta femme tu adoreras

Il existe également des formes de magie sexuelle nettement plus élaborées. Plus question ici de virilités défaillantes, d’amant à séduire, mais de spiritualité, de contrôle de soi. Le Tao, apparu au début de notre ère, a ainsi sacralisé la sexualité au point que ce sont les moines taoïstes eux-mêmes qui se sont d’abord chargés de l’enseigner… et de le pratiquer. Le but du Tao est d’assurer à ses adeptes, via les mouvements du coït, une longue vie et une éternelle jeunesse.

En Inde, le yoga tantrique, une branche du yoga traditionnel, a pour but ultime de transformer l’homme ou la femme en l’égal du dieu Shiva ou de la déesse Shakti ! Inutile cependant de vous jeter sur votre partenaire. Cette forme d’illumination ne se réalise qu’après avoir accompli un long rituel, le maithuna, qui demande une préparation préalable de plus d’un an ! Durant celle-ci, le néophyte apprend à devenir maître de ses sens. D’après les enseignements, l’homme qui aspire à cet état doit en effet servir sa femme comme domestique durant plusieurs mois, sans jamais la toucher, et doit même dormir au pied de son lit ! Un autre cérémonial tantrique consiste à diviniser progressivement sa moitié, laquelle ne s’en plaindra évidemment pas. Il faut pour cela adorer les lieux où elle se rend, la baigner, s’incliner dix-neuf fois devant elle ou répéter cent fois une formule mystique en intégrant l’image de sa partenaire dans son esprit. Ensuite et ensuite seulement, l’homme peut faire l’amour à sa femme, en se retenant cependant d’éjaculer, la rétention du sperme étant une condition indispensable du perfectionnement spirituel. C’est dur de devenir un dieu !

Au lit avec un incube

Le début du XXe siècle voit se développer un net regain d’intérêt pour l’occultisme. C’est l’époque du spiritisme et des sociétés secrètes. Certains se vantent de faire tourner les tables, d’autres de s’envoyer en l’air avec une créature surnaturelle et invisible. On relate même le cas d’une femme, la sœur du philosophe Henri Bergson, qui aurait trompé régulièrement son mari avec un incube ! Monsieur était cependant d’accord, c’est même lui qui prononçait le rituel d’apparition, pour le plus grand bonheur de sa femme qui jouissait, dit-on, fantastiquement. Ah, ces incubes, quel tempérament !

Bonjour ma concubine

Vénéré comme un dieu, l’empereur de Chine n’en possédait pas moins un sexe, et la façon dont il s’en servait était considérée comme une affaire d’État ! De son assiduité et de sa virilité dépendait en effet le sort de la dynastie. Résultat : il était d’usage que le prince héritier ait déjà trempé son litchi avant de convoler, c’est à dire entre treize et dix-sept ans. Ce ne sont d’ailleurs pas les femmes qui manquent au Palais impérial. Vers la fin de la dynastie Ming, on y recensait neuf mille servantes, auxquelles il fallait ajouter les nombreuses concubines de papa et les dames de la Cour chargées de les assister. Il n’était donc pas rare que certains princes et prétendants au trône aient des enfants avant leurs noces ! Ce fut par exemple le cas du futur empereur JinHui, sous la dynastie Xijin. Marié à l’âge de treize ans, il était déjà père d’un enfant qu’il avait eu avec une charmante compagne offerte par son père !

Préceptrices particulières

Dans la Cité interdite, on n’y allait donc pas avec le dos des baguettes en matière d’éducation sexuelle. Sous la dynastie Qing, le fait pour le futur souverain d’avoir une solide expérience amoureuse était même stipulé dans les lois. Avant de se marier, il était ainsi tenu de choisir huit jeunes et jolies préceptrices très particulières, chargées de lui apprendre l’art de la chambre à coucher. Être élue comme partenaire pour le futur empereur était, paraît-il, un grand honneur pour ces jeunes femmes, qui se voyaient ensuite entretenues à vie par l’État ; une sorte de pension pour services rendus. Avec une telle éducation, il n’est pas étonnant que certains empereurs aient été particulièrement portés sur la chose. Ceux de la dynastie Han passaient ainsi pour spécialement dissolus. Les trois premiers empereurs avaient un goût marqué aussi bien pour les innombrables femmes de la Cour que pour leurs beaux favoris. L’empereur Chou-Hsin était quant à lui capable de faire le tour d’une pièce avec une femme sur son pénis en érection et de s’envoyer en l’air avec dix partenaires féminines chaque nuit ! C’est du moins ce que dit la légende…

Dallas sur Yang Tsé

Impossible évidemment d’aborder la vie sexuelle des empereurs de Chine sans parler de leurs fameux harems. Certains vont ainsi entretenir plus de huit cents concubines ! Mais c’était pour la bonne cause. Le taoïsme voyait en effet dans les relations sexuelles multiples un moyen de prolonger la vie. Parmi ces innombrables femmes, rares étaient évidemment celles qui pouvaient espérer passer ne fut-ce qu’une nuit avec le Fils du Ciel. Or, porter l’enfant de l’empereur, c’était avoir une chance de devenir impératrice, voire impératrice douairière, dont le pouvoir était immense. Du coup, la compétition entre ces dames était féroce et débouchait sur des complots quotidiens, voire des assassinats ! Il était cependant mal vu pour le souverain de tomber amoureux d’une de ses concubines. C’était trop dangereux pour la stabilité de l’État. Au VIIIe siècle après J-C, l’empereur Xuanzong fut ainsi contraint d’assister à l’exécution de sa favorite, la très belle et très plantureuse Yang Guifei. Inconsolable, il finit par abdiquer. Qui a dit que le harem était un lieu de délices ?

Nuits câlines ?

L’empereur n’était en théorie pas censé piocher librement dans son harem. Le nom de certaines concubines lui était présenté gravé sur de petites plaques qu’il devait retourner pour marquer son choix, le tout selon un rituel rigoureux. La concubine ainsi désignée était lavée, préparée et fouillée par la même occasion, pour vérifier qu’elle ne portait ni arme ni poison. On n’est jamais trop prudent. Elle était ensuite amenée nue, enveloppée dans un grand manteau, jusqu’au lit impérial. Là, un eunuque était chargé de prendre scrupuleusement note des détails de la rencontre. Corruptions et complots n’étant pas rares, il arrivait pourtant que la concubine proposée ne soit pas la bonne ! De quoi faire débander même un empereur de Chine.

Coutumes coquines

Malheur aux célibataires du temps jadis. Non contents de finir leur vie seuls, et pauvres de surcroît, les vieux garçons étaient généralement raillés et les vieilles filles vilipendées. Pour conjurer le sort, les tendrons en âge de se marier se livraient donc à d’innombrables rituels censés leur apporter l’amour. Les menhirs et autres dolmens étaient souvent mis à contribution. À Plouër-sur-Rance, dans les Côtes d’Armor (France), les jeunes filles se laissaient par exemple glisser fesses nues sur un gros bloc de quartz blanc, la Roche de Lesmon. Celles dont le popotin restait velouté et indemne d’écorchures étaient, paraît-il, assurées de trouver rapidement un mari.

Ailleurs en Europe, les pierres de ce genre étaient également réputées pour venir en aide aux femmes en mal de descendance. La postulante, souvent nue, devait tantôt se frotter lascivement la vulve ou le nombril contre la pierre en question, tantôt la chevaucher à la manière d’une fougueuse amazone. Dans certains cas, le mari ou le fiancé était tenu de s’associer au rituel, ce qui explique peut-être sa relative efficacité ! À Thuillies, près de Thuin (Belgique), existait justement une telle pierre pseudo magique, le Tchèvau d’cayau, le cheval de pierre, qui a aujourd’hui disparu. La coutume voulait que les femmes stériles chevauchent cul nu ce grand menhir les nuits de pleine lune, pour être sûres d’enfanter dans l’année !

Baiser prolongé

Penser au mariage n’empêchait évidemment pas les jeunes de jadis de se donner un peu de bon temps quand l’occasion se présentait. On convolait sur le tard (environ vingt-cinq ans !) et quand on en avait les moyens. Il fallait donc bien que les hormones s’expriment ! Cela se faisait parfois ouvertement avec l’assentiment de tous. En Vendée, jusqu’au milieu du XXe siècle, les jeunes des deux sexes bénéficiaient par exemple d’une coutume plutôt agréable : le maraîchinage, une sorte de flirt poussé, au cours duquel baisers prolongés, caresses poussées et même parfois masturbation mutuelle, étaient tolérés par les adultes. Tout cela se faisait avant le mariage, et parfois même avant les fiançailles ! En Vendée, on maraîchinait ainsi un peu partout : après les vêpres, en se promenant dans les chemins, dans les prés, lors des foires et des marchés, dans les auberges, et même sous le toit parental. Au XIXe, il n’était pas rare de croiser de jeunes couples installés sous un traditionnel parapluie violet, en train de s’embrasser à bouche que veux-tu et de se peloter à pleines mains. Un cas isolé ? Pas du tout. Les villages du canton de Parthenay, dans les Deux-Sèvres, jouissaient d’une coutume prénuptiale tout aussi grivoise et au nom explicite : le fouillage. Certains couples allaient même jusqu’à faire l’amour, mais le garçon était tenu de se retirer « à temps ».

Mariage à l’essai

À Bayonne et dans tout le Pays basque, ce sont les mariages à l’essai qui vont être monnaie courante durant des siècles. La coutume arrange tout le monde, des jeunes amants chauffés à blanc aux parents de la fille, qui s’assurent ainsi de la vigueur de leur futur gendre, en passant par la fiancée elle-même, qui a la liberté de congédier le jeune homme s’il ne donne pas satisfaction ! Elle est si appréciée, cette coutume, qu’elle va résister jusqu’au XVIIIe siècle à l’influence de l’Église et aux efforts des évêques de Bayonne, qui n’hésitent pourtant pas à excommunier à tour de bras les fiancés récalcitrants.

La braguette au cours des âges

Il fut un temps pas si lointain où les hommes n’avaient rien dans la braguette ! Et pour cause, jusqu’au XIVe siècle, tout le monde porte en effet une robe ou une tunique, les hommes comme les femmes. Pas très viril et encore moins pratique pour faire pipi contre un arbre… Seules les petites gens revêtent une sorte de caleçon long maintenu à la taille : les braies ou bragues, deux termes hérités du celte qui donneront plus tard les mots brayette et braguette. Mais la mode évolue. Lassés de leurs robes, les hommes troquent celles-ci contre une veste, le pourpoint, et des bas passablement moulants : les chausses. D’abord assez long, le pourpoint va se raccourcir jusqu’à dévoiler ce qui, jusqu’ici, était caché. Ce spectacle d’hommes se pavanant en moules burnes médiévales ne plaît évidemment pas à tout le monde. En 1467, le chroniqueur Mathieu de Coucy s’indigne par exemple de ces « hommes vestus plus court qu’ils n’eurent oncques fait. Tellement que l’on voit la façon de leurs culs et de leurs génitoires ».

L’âge d’or de la braguette

Cette nouvelle mode fait cependant fureur. Par souci pratique, les chausses sont munies d’une pièce de tissu triangulaire, la braye, qui s’ouvre et se ferme grâce à un genre de lanières, les aiguillettes. L’ensemble maintient le service trois pièces de ces messieurs en place et l’empêche de batifoler à tout moment à l’extérieur, mais surtout, il ne le cache plus. C’est l’ancêtre de la braguette moderne. Pour certains coquets, ce n’est pas encore assez sexy. Ils s’inspirent alors des coquilles en métal portées par certains soldats et choisissent d’en garnir triomphalement leur entrejambe. De simple bout de tissu, la braguette devient alors une poche rembourrée destinée à faire l’éloge flamboyant de leur virilité. Avec la Renaissance, cette braguette capitonnée va prendre des formes de plus en plus impressionnantes et suggestives. Elle s’orne par la même occasion de rubans, de dorures, de joyaux ; tout dans la discrétion ! Il n’est pas rare aussi de fourrer un tas de choses dans cette poche, en plus de ce qui s’y trouve habituellement : lettres, mouchoir, menue monnaie et même parfois des fruits qu’on offre ensuite bien tièdes à sa belle. Nous sommes au XVIe siècle, l’âge d’or de la braguette. La virilité des hommes s’expose au moins autant que la poitrine des femmes !

À gauche ou à droite ?

Avec la montée en puissance des dévots, la braguette se dégonfle à vue d’œil. Elle disparaît même au profit d’une simple fente, boutonnée ou non, et par ailleurs invisible sous le costume des hommes. Adieu réticules coquins, aguichante brèche et renflements prometteurs ? Heureusement, non. Au XVIIIe siècle, la braguette fait un timide retour avec la culotte à pont : une culotte tout ce qu’il y a de plus banal, à ceci près qu’elle est munie d’un grand rabat qui part de l’entre-jambes et se boutonne à la taille. L’ensemble est déjà un peu plus évocateur de la virilité masculine.

Pas de bol, le XIXe siècle amène, en plus du pantalon, un nouveau vent de pudeur. Strictement boutonnée, la braguette se cache désormais sous une patte la plus discrète et la plus plate possible. Pire, le gentleman doit absolument cacher tout renflement suspect et par trop visible. À l’époque, les pantalons sont donc munis d’un gousset le long de la cuisse, dans lequel l’homme est tenu d’insérer l’objet du délit ; d’où, parait-il, la question rituelle des tailleurs : portez-vous à gauche ou à droite ? Il faudra attendre finalement le XXe siècle pour voir la braguette réapparaître. Asexuée, elle a tout de même perdu une bonne partie de son symbolisme. Pour l’effet « gros paquet », il faut désormais s’en remettre au slip. Mais ça, c’est une autre histoire.

Braguette pour femme

Depuis que les femmes portent la culotte, elles bénéficient aussi de cette prodigieuse invention qu’est la braguette, à ceci près que leurs pantalons sont souvent munis d’un rabat à droite, alors que celui des hommes est traditionnellement à gauche. Pourquoi ? Par commodité tout simplement. La majorité des hommes étant droitiers, il est plus facile d’ouvrir une braguette installée à gauche que l’inverse. Dans le même ordre d’idées, la majorité des droitiers place, semble-t-il, coquette à gauche par facilité.

Syphilis m’était contée

De toutes les infections sexuellement transmissibles, la syphilis est sans doute une de celles qui a le plus frappé l’imagination. Jugez plutôt. Voilà un fléau qui apparaît subitement à la fin du XVe siècle et qui, en quelques décennies, touche l’Europe entière. Chancres mal-placés, éruptions cutanées, graves atteintes osseuses, nerveuses et cardiovasculaires, les symptômes de la maladie frappent d’autant plus les populations que la syphilis apparaît comme particulièrement virulente à ses débuts. Si tous n’en meurent pas, beaucoup en sont affecté. Deux siècles après, la vérole est tellement fréquente qu’elle prend même place dans les conversations mondaines : « Monsieur le Duc a donné la vérole à Madame de Pris, Madame de Pris l’a donnée à Monsieur de Livry, Monsieur de Livry l’a donnée à sa femme, sa femme l’a donnée à La Peyronie1et La Peyronie les guérira tous », note ainsi une certaine Madame de Brossay au XVIIIe siècle.

Le péril vénérien

Au XIXe siècle, la lutte contre la syphilis prend des airs de croisade. Les considérations morales prennent le dessus. Suspectée d’entraîner une « dégénérescence de la race » et associée à la débauche, la syphilis devient un problème d’envergure nationale. C’est la naissance du « péril vénérien », qui rejoint les grands fléaux sociaux du moment que sont la tuberculose et l’alcoolisme. On terrorise les populations à coups d’images dramatiques, pas toujours infondées d’ailleurs. À l’époque, la vérole passe pour être aussi fréquente que le rhume ! Les dossiers de certaines compagnies d’assurances semblent le confirmer : au début du XXe siècle, ils révèlent qu’au moins 14 à 15 % des décès peuvent être attribués à cette maladie.

On purge pépé !

Déconcertés par les ravages du fléau, les médecins improvisent avec les connaissances de l’époque. Superstitions et charlatans s’en mêlent aussi. On préconise la diète, la saignée, les cures thermales, la prière ou encore les purges. Venu d’Amérique du Sud, le bois de gaïac passe pour souverain contre le mal. François Ier en fait venir un bateau entier du Brésil ! Mais le traitement, en plus d’être peu utile, est exténuant. Strictement confinés dans une chambre ou une tente surchauffée, les malades sont tenus d’absorber huit à dix tasses de décoction plusieurs fois par jour. Saignées et purgations répétées préparent par ailleurs le traitement, qu’il faut prolonger pendant deux à trois mois. Très vite aussi, le mercure fait figure de remède miracle, mais se révèle tellement toxique et peu efficace qu’il tue presque autant que la maladie elle-même. Il continuera pourtant à faire figure de traitement de référence jusqu’au début du XXe siècle.

La paille et le foutre

Mais où est réellement née la terrible vérole ? C’est simple : un peu partout, mais surtout chez les autres. C’est ainsi que les Français l’attribuent aux Italiens, les Anglais aux Français, les Écossais aux Anglais, les Portugais aux Espagnols, les Polonais aux Allemands et les Russes aux Polonais ! Ouf. Plus sérieusement, l’origine de la syphilis fait encore l’objet de vives controverses. La théorie qui veut que Christophe Colomb ait ramené ce fléau d’Amérique est remise en cause par la découverte de lésions identiques à celles de syphilis antérieures à 1493. Reste qu’une épidémie a bel et bien frappé l’Europe à partir du XVe siècle. S’agissait-il de la syphilis actuelle ? On n’en est même plus sûr aujourd’hui. La vérole pourrait aussi avoir déferlé sur l’Europe, non depuis les Amériques, mais depuis la péninsule ibérique, rapportée par les marins portugais fréquentant les côtes d’Afrique. Plus de quatre siècles après son apparition, la syphilis reste donc toujours un mystère. Elle est loin d’avoir complètement disparu, que du contraire. Les médecins alertent même sur une résurgence de la maladie.

Punition divine, le retour

La syphilis n’est pas sans entretenir des similitudes avec le sida. Comme pour ce dernier, on va fustiger les débordements des mœurs et voir dans la vérole une punition divine. Comme pour le sida, une partie de la population, ici les prostituées, sera accusée de propager l’épidémie. Comme pour le sida, le port du condom sera recommandé comme seul moyen de prévention et, comme avec le VIH, cette mesure prophylactique sera condamnée par Rome dès 1826 !

La fesse cachée de Versailles

Tout le monde connaît Versailles côté pile : son château, ses fastes, ses personnages historiques, mais il existe un Versailles plus intime, fait d’alcôves secrètes, de catins titrées et d’anecdotes coquines ! L’Histoire de France avec un petit « Q ». C’est que l’on a toujours eu le coup de rein facile à la Cour de France, sauf peut-être sous le règne de Louis XIII, ce roi qui eut toutes les peines du monde à engrosser sa royale épouse. En matière de stupre, le Louvre et les autres domaines royaux n’arrivent pas à la cheville de Versailles, comme le révèle Alain Baraton dans un livre aux innombrables anecdotes grivoises. Versailles fut de plus, bien avant sa naissance officielle, un des terrains de chasse préféré du Vert Galant qui aimait y débusquer, dit-on, le gibier à poil, à plumes et à jupons.

Coup de rein bucolique

La carrière de ce véritable temple de l’amour commence évidemment avec Louis XIV, à qui l’on prête au moins dix-huit maîtresses et favorites. Certains font admirer leur collection d’estampes, le Roi Soleil emballe quant à lui ses futures conquêtes en leur faisant faire le tour du propriétaire. Les jardins du château ne sont pas encore terminés qu’il y culbute déjà Mme de Montespan. Il y en aura d’autres, beaucoup d’autres. Il faut dire que les candidates se bousculent au portillon : certaines de leur plein gré, comme la marquise de Maintenon, née noble mais désargentée, d’autres poussées par leur famille qui espère obtenir en échange les faveurs du Roi. Le lit du souverain vaut tous les plans de carrière, à condition d’échapper à la vigilance de la maîtresse en titre. À cette liste déjà longue, il faut ajouter les femmes de moindre condition, les chambrières que la favorite glisse dans le lit du souverain quand elle ne peut s’y rendre et qui ne risquent pas de lui faire concurrence. Bref, on se bouscule dans la couche de Louis XIV, mais aussi aux alentours, le monarque de droit divin ne dédaignant pas, on l’a vu, les coups de rein bucoliques. Certains bosquets et alcôves de Versailles ne seraient d’ailleurs pas là pour satisfaire une quelconque exigence ornementale, mais uniquement pour s’isoler et batifoler à l’abri des regards !

Le parc aux cerfs… et aux biches !