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Ce recueil propose un florilège de poèmes anciens et récents. Il s’attache tout d’abord à présenter un bestiaire où les « zanimos » sont mis à l’honneur, suivi d’une rétrospective des « zumains », depuis leur naissance jusqu’à leur vieillesse. Les évènements et les états d’âme sont dépeints avec une sensibilité particulière et un langage personnel qui les élèvent dans les plus hautes sphères quand la poésie rejoint la rêverie. Laissez-vous emporter dans « Un moment suspendu au-dessus des nuages, où la magie voyage. »
(L’Heure Clémentine) !
À PROPOS DE L'AUTRICE
Après des contes, nouvelles et poèmes de jeunesse,
Karin ESPADA écrit Les "Cavatines" à 17 ans, son premier roman.
En 1983, elle publie "Instantanés", (recueil de poésies) puis en 2007 "Un Espace pour se rencontrer" (roman). La Nouvelle Pléiade édite deux recueils de poésies "Présence d’Esprit" en 2015 et "Fragmentations" en 2016. Son troisième roman "Grande classe, Madame", a paru en 2024 aux éditions Le Temps d’un Roman, suivi de "Vibrisses" chez le même éditeur, un plaidoyer pour les animaux.
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Seitenzahl: 63
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Les zanimos
&
Les zumains
de Karin Espada
« La poésie, c’est le chant intérieur. »
Chateaubriand
LES ZANIMOS
L’ESPRIT ZANIMOS
En un temps reculé, et tellement lointain
Que ma mémoire vacille entre mes souvenirs
Comme une flamme pâle au rythme incertain,
La légère brise du soir semblait se retenir.
C’était à l’île Maurice, ce lieu paradisiaque
Des couples amoureux pour leur voyage de noces,
Où les tropiques incitent aux pensées élégiaques
Et la nature chasse tout mouvement véloce.
La plage immaculée, ponctuée de palmiers,
S’alanguissait au calme d’un lagon limpide,
Peignant les teintes vierges de ces instants premiers
Lorsque l’humanité vivait des jours candides.
Dans cet hôtel de luxe envahi de touristes,
Les terrasses étalaient leurs tables au bord de l’eau.
Des vigiles féroces au regard belliciste
Patrouillaient arme au poing, effrayant les oiseaux.
Trompant leur attention, parfois par le rivage
Se faufilaient des ombres se mêlant à la nuit,
Noirs, que les étrangers prenaient pour des sauvages,
Qui venaient vendre au black leurs objets sans un bruit.
Cependant quelquefois, bravant l’autorité,
Certains s’aventuraient à approcher plus près
Et montrer leurs talents avec grande fierté,
Chantant des airs connus aux dîneurs empourprés.
L’un d’eux sans retenue se mit à entonner,
Grattant une guitare qu’il semblait écorcher,
Une chanson du maître, l’illustre Bob Marley,
Assassinant les notes d’une voix haut perchée.
Plus le monde riait et plus il chantait fort,
Jusqu’à ce que les gardes l’empoignent par le dos.
« Laissez-moi donc jouer, hurlait notre ténor,
Car grâce à la musique j’ai l’esprit zanimos. »
OMBRES CHINOISES
En quittant le rivage,
Une barque fragile
Trace une double ride
Sur le miroir placide
D’un lac inoffensif.
Dans la fraîcheur du jour
Une lourde odeur de vase
S’élève dans l’air humide
Étouffant les parfums
Des essences subtiles
Qui montent de la terre.
Les arbres démasqués
Par la lueur naissante
Dédoublent leur image
À la surface de l’eau.
Au bruit claquant des rames,
Solitaire dans la brume,
Un envol subreptice
Décore le ciel plombé,
Grisâtre et délavé.
Le monde répand le chant
D’un triste concerto.
Trois ombres ont traversé
Le ciel gris et zébré.
Pâles ombres chinoises
De trois oiseaux furtifs
Et troublés par les rames
Comme le silence froid.
Pris par un brusque effroi
Ils se sont envolés
À peine perceptibles
Dans l’éclair de leur fuite.
Étaient-ils blancs ou noirs ?
Comment peut-on savoir
Puisque l’on a surpris
Uniquement leurs ombres.
SOLIDARITÉ VOLATILE
Quatre canetons au marché furent vendus.
Ils se trouvèrent parqués dans un enclos de bois
Pour être engraissés et donner de bons foies.
L’hiver fut rigoureux et l’un d’entre eux mourut.
Deux finirent en cocotte bien que fort peu dodus.
Le dernier grelottait de tristesse et de froid,
Quand il fut décidé de le rendre à l’endroit
Naturel, que quitter il n’aurait jamais dû.
À l’orée d’un plan d’eau, ainsi il fut conduit.
Ne sachant pas nager, il hésita et puis
Dans les flots il tomba, quand arriva soudain
Un escadron serré de glissants congénères
Venant à sa rescousse. Ensemble ils l’entourèrent
Comme pour le protéger et l’emportèrent au loin.
L’OISEAU
Demain, je vais emprisonner
Cet oiseau de malheur
Qui a élu domicile dans ma nuit.
Il s’est assis
Sur mon croissant de lune
Et l’a décroché.
Il a semé la pagaille
Dans la basse-cour
En réveillant les volailles.
Il gonfle ses plumes ébouriffées
Comme un coq de bruyère
Bombant le torse avant le combat.
Il se pavane devant les poules
Qui caquètent et se moquent de lui.
Il a rompu le charme
De l’obscurité.
Il brisé le calme
De l’ordre établi.
Demain, j’irai acheter
Une cage en fer,
Une toute petite cage
Aux barreaux serrés.
Il ne pourra pas voler.
Tout ce qu’il pourra faire
C’est se balancer sur son perchoir
En attendant le jour.
Demain, j’enfermerai
Cet oiseau de malheur
Qui me picore le cœur
Dans une cage dorée
Que je couvrirai d’un grand drap noir.
Même les rayons laser
Ne pénètreront pas
La trame de la moire.
Et l’oiseau attendra le jour
Sans cesser de se balancer.
HISTOIRE D’UN FOU
Les falaises escarpées de la côte atlantique
S’érigent en refuge aux oiseaux pélagiques.
Ils se reposent, après avoir plané si haut
Que leur reflet élude la surface de l’eau.
Leurs immenses yeux bleus finement maquillés,
Donnant à leur regard un air écarquillé,
Fixent les importuns d’une insistance étrange
Et laissent au fond de l’âme une image qui dérange.
D’un blanc immaculé leurs plumes sont si légères
Qu’ils semblent frissonner au moindre courant l’air.
Mais leur longs becs gris perle élégamment courbés
Trahissent leur candeur de lames acérées.
Ils plongent dans l’océan à une vitesse folle
En pics vertigineux sans prendre leur envol.
Cette pêche périlleuse inspira aux marins
Leur surnom dérivés d’un archipel lointain.
Rien ne peut les atteindre, ils sont si téméraires !
De braver les tempêtes parfois ils sont si fiers !
Mais nul ne peut lutter contre les éléments
Quand la tourmente gonfle tous les vents véhéments.
Je n’avais jamais vu de grand fou de bassan.
Surpris par les rafales, balloté, impuissant,
Un soir j’en trouvais un, échoué sur la route
Qui se brisa les ailes dans son vol en déroute.
Le pauvre oiseau perdu en affrontant l’orage
Se dressait sur ses pattes poussant des cris sauvages.
Souffrant de sa blessure, il s’affolait sans doute,
À rejoindre les siens cherchant coûte que coûte.
N’osant pas l’approcher et ne sachant que faire,
J’ai appelé en vain tous les vétérinaires :
Aucun ne se déplace pour les oiseaux de mer.
Je restai stupéfaite de ce constat amer.
Ce furent les hommes du feu qui vinrent le secourir
Et trouvèrent un asile où il pourrait guérir.
En hommage à ces hommes pour qui la vie importe,
Cette histoire d’un fou, aujourd’hui je rapporte.
RAPACES
Jours en parenthèses,
Je me tourne vers toi.
Dans ton dos
Je t’écoute dormir.
La fenêtre baille
Les oiseaux piaillent
Et se disputent
Des graines enfouies.
La nuit blêmit,
Fraîcheur exsangue.
La terre bascule,
Le ciel s’imbibe,
Symbiose de l’aube.
J’absorbe tes joues
Sans molle tiédeur.
Mon visage qui en raffole
S’y colle
Pour apaiser
Ma peau brûlée.
Raffut affamé
Sur la pelouse
M’amuse.
Assemblée confuse
Au jardin.
Pépiement, picorement,
Ça discute, ça déguste.
Je jette des mies de pain
Qui s’enfoncent
Dans les sillons humides,
Blessure neuve,
Chair ouverte,
Semence poussive
Agressée de voraces.
Dehors les rapaces.
Ma peau tailladée
Où tu croîs
Saigne la douleur
Incolore et sans voix.
Blessure à blanc.
COMPTINE POUR LÉA
Je suis un pingouin, je suis un pingouin,
Je vis sur la banquise,
Je fais que des bêtises,
Je suis un pingouin.
Je suis un babouin, je suis un babouin,
Je vis dans la savane,
Je me suspends aux lianes,
Je suis un babouin.
Je suis un marsouin, je suis un marsouin,
Je vis en eaux profondes,
Je plais à tout le monde,
Je suis un marsouin.
Je suis un canard, je suis un canard,
Sauvage à plumes noires…
Mais que fais-tu là vilain petit canard
Dans cette histoire en ouin ?
Je suis un milouin, je suis un milouin,
Coin-Coin.
LA PATTE DANS LA MAIN
Nous irons tous les deux, loin des lieux ténébreux
Délaissant les futaies aux sentiers salébreux,
La patte dans la main, toi blanche et moi ambrée
Comme l’ambre de tes yeux dans mes prunelles cendrées.
Nous marcherons, radieux, riant du lourd passé,
Sur les berges du lac où se sont amassés
Des canards aux cols verts flottant et cancanant
Dans les reflets brouillés de branchages tremblants.
Nous foulerons ensemble l’herbage immaculé
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