Magot tabou pour toubabou - Claude Pariset - E-Book

Magot tabou pour toubabou E-Book

Claude Pariset

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Beschreibung

Saga financière en Côte d'Ivoire d'un coopérant militaire qui vend sa voiture avant de repartir en métropole. Généralement l'argent appelle l'argent lui il va donner de gré et de force son magot.

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Seitenzahl: 62

Veröffentlichungsjahr: 2016

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L’aventure commence par la vente de ma voiture, dans les rues de l’ancienne capitale de Côte d’Ivoire. En l’an 1976. C’est un vrai roman d’imagination emprunt de réalité vécue alors que j’étais coopérant. De l’argent pour quoi faire ?

Table des matières

Monsac croco est un trésor

A treichville, contraste entre misère et richesse.

Humour, humour quand tu nous tiens.

Il court, il court le maitre capucin.

La léproserie.

De treichville à Ouagadougou.

Retour à Treichville.

Des idées pour investir.

1. Mon sac croco est un trésor.

Un roman s’écrit comme un conte ; il existe des contes de fées mais il n’y a pas de roman de fées. Je mets l’usine (la fée Mélusine) en sommeil pour me raconter. Ce roman se passe dans les rues d’une ville nouvelle africaine en Côte d’Ivoire, à Abidjan.

Dans les rues, la police appuie sur le bouton à côté de l’allume cigare pour faire retentir un son répétitif, strident pour alarmer les passants de son passage : « tin,thym, teint » et se frayer un passage au détriment des règles du code de la route. De là où je suis, je ne les vois pas, ces préposés à la sécurité routière, je les devine près à verbaliser ou à recevoir un back chiche. J’en imagine même certains sans uniforme qui obéissent aux ordres du maire, quelle putain de paranoïa ! Prenons garde à la moindre faute en stationnement, ou aux excès de tout ordre.

Sans vergogne, face aux récalcitrants nerveux qui, en agglomération, enfoncent allégrement leur volant pour faire retentir leur klaxon, ils sont punissables au nom de la loi d’un procès verbal pour infraction au code, sans discussion l’électronique qui enregistre le numéro du véhicule me fait penser à un lecteur de carte bleue ; dépense en débit différé.

Le curé de la paroisse, très protecteur et attentif au cordon de la bourse de ses fidèles, avait sans vergogne affiché sur le mur à l’entrée de son église une feuille de papier de couleur orange, un texte qui présentait l’action de la police municipale pendant la messe : « risque de verbalisation autour de l’Eglise ». Des policiers musulmans en face de fidèles croyants ; voici encore une preuve que l’argent et Dieu ne font pas bon ménage. Quel honneur pour ces hommes ? Pour des chrétiens qui honorent Dieu, c’est le premier commandement de Moise, et de la toute puissance des Lois ; honorer Dieu et l’argent : considérer une messe sans quête est-il possible ?

En fait je venais de vendre mon automobile à un préposé de la poste qui l’avait jugée en bon état, malgré un début de corrosion habituel sous ce climat. L’humidité toujours présente, la saison des pluies, les trous dans les routes font d’une voiture neuve une occasion plus précoce que sous le climat occidental. J’en avais tiré 1.800.000 FCFA, au prix d’achat moins un bémol, parce que les routes sont si mauvaises ici, tôle ondulée, qu’un an de régime effréné avait altéré le capital de ma voiture, désolidarisé les éléments constitutifs de ma bagnole : cardans et rotules faisant un petit bruit inquiétant.

La pluie faisait grand fracas et remplissait les passages de pont en déclivité. Isolés nous l’étions dans cette ville moderne aux accents multiples et aussi new-yorkais avec ces grandes tours à cinquante étages défiant la lagune. La saison des pluies battait son plein, nous suions abondamment avec de forts ruissellements à travers nos tee-shirts collants, faisant une deuxième peau. La chute de grosses gouttes d’eau tiède ne venait pas rafraichir l’atmosphère ; l’air pesant et moisi affichait un taux perpétuel à 90% d’humidité, nuit et jour.

Le seul moment agréable si j’ose dire se situe juste avant une ondée, où les rafales de vent de Dieu font de cette brise un moment privilégié, le cou supportant la tête entre les épaules, sans penser à Saint Jean Baptiste qui eut la tête tranchée, suite à un pari avec les romains.

On aurait dit que les écluses du ciel s’étaient ouvertes devant nous, un déluge sur cette région pourtant habituée à ces déferlants célestes trois mois par an. Le réchauffement climatique a modifié depuis, cette saison de repli sur soi en décalant et allongeant cette période, oh merci pour les agriculteurs, la terre absorbant en partie cette eau divine ; châtiment d’un peuple, il a été même question de grêle sous un orage ou providence de sorcier faiseur de pluie ?

-« Que faire sinon attendre que ça passe ! » pensais-je.

-« Buvons un Casanis avec quatre cinquième d’eau », une boisson bien de saison pour des coopérants que nous sommes ; je venais juste d’engranger ma sacoche en cuir avec des billets rutilants tout neufs pour éviter qu’ils ne prennent l’eau, je ne voulais pas les utiliser pour en faire des poupées en papier mâché, vous savez avec du papier mouillé on fait de belles choses, si on veut.

Mon camarade Bourbouille, c’était son surnom après avoir hérité d’une mosaïque de boutons sur son dos me dit d’un air distrait :

-« Nous avons décidé d’aller en boite ce soir pour écouter de la musique, en avance car la nuit n’est pas tombée, mieux vaut attendre ».

L’averse ne saurait s’attarder le soir, les courants de convexion et les cumulonimbus déversent leurs eaux jusqu’à la fin de l’après midi, le temps que l’air très chaud monte au ciel. Contrairement à la petite saison des pluies en novembre où il pleut la nuit.

Je n’avais plus d’argent sur mon compte bancaire et ma sacoche bourrée de billets mon seul trésor. Avec tout ce butin je n’aurai pas de peine à passer une bonne soirée car le disc jockey n’a pas son pareil pour enflammer la piste de danse et faire danser à sa guise béguine, rock pour les jeunes de vingt ans que nous sommes.

Bourbouille me dit : « Tu as plus de deux mois de salaire dans ton abri en cuir ! ».

Je n’avais rien perdu à la vente de l’auto depuis son achat réalisé il y a un an. C’était après palabres une opération gagnante.

Je circule maintenant en taxi Datsun rouge et je pense « si Treichville m’était conté », par analogie avec « si Paris m’était conté ».

-« Il y a des bandits à tous les carrefours faisons attention ! » s’écrie Bourbouille.

-« Se trimbaler à Treichville avec une sacoche remplie comme la mienne, l’ouvrir en pleine rue c’est de la provocation en face de la misère ambiante, en ce lieu où les marins du port s’infligent des duels au couteau, pour une fille de bar, devant une troupe de miséreux autochtones désœuvrés mais pacifistes ».

-« Tu n’as pas d’autre choix, dans notre appartement pas de coffres-forts, viens avec moi on se protégera mutuellement ! » dit mon ami d’un air confiant.

-« Oui, les vols en appartements sont courants, les boys connaissent toutes les petites cachettes de leur maitres, et sans vergogne au risque d’être licenciés ils n’hésitent à faire main basse sur le magot ».

-« Et alors adieu veau, vache, cochon, couvée, sac en cuir ! » s’exclame Bourbouille.

-« Si au moins tu avais ta voiture au lieu de ton capital, tu aurais mis l’argent bien au chaud dans le coffre et là ni vu ni connu, sauf en cas de fouille par la police… » Continua-t-il.

En pleine saison des pluies une forte odeur de moisi enveloppait la ville et ses quartiers.