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Agnès et Vincent à la quête de l'horizon.
Agnès et son frère Vincent embarquent pour l’Afrique du Nord. Ils ont décidé, sur un coup de tête, de partir à la quête de l’horizon pour découvrir où le soleil se couche. C’est le début d’un long voyage… Les deux enfants font la connaissance de Mahmoud, jeune garçon appartenant au peuple des hommes bleus du désert. Ils se lient d’amitié avec lui et découvrent avec étonnement un nouveau mode de vie. Quel est le quotidien des nomades, et à quelles menaces doivent-ils faire face ? Nos petits héros ne sont pas au bout de leurs peines. Vont-ils arriver au terme de leur périple ?
Suivez Agnès et Vincent dans leur long périple, et découvrez avec eux le peuple nomade du désert et son mode de vie.
EXTRAIT
Il y avait maintenant plus de deux semaines que la caravane avait quitté Mostaghanem. Le paysage défilait lentement au rythme des sabots, un paysage monotone et pourtant sans cesse changeant. Des gorges étroites émergeaient des plateaux auxquels succédaient des dunes de sable. Chaque matin, on pliait la tente, regroupait les animaux, chargeait les dromadaires et on se mettait en route avant que la morsure du soleil ne se fasse trop intense. Chaque soir, quand le soleil disparaissait à l’horizon, la chaleur cédait la place au froid. Un froid que l’on appréciait quelques instants avant de se presser autour du feu pour se réchauffer.
Les deux jeunes enfants comprenaient maintenant ce qu’avait voulu dire le vieillard dans sa malice. L’horizon, parfois acculé contre une barre rocheuse, fuyait devant eux au sortir d’une gorge, se dissimulait derrière un écran de vapeur ou s’étalait, provocateur, sur l’immensité. Mais jamais, jamais il ne se laissait approcher.
Un soir, la caravane arriva dans une petite oasis. De grands bouquets de palmiers s’élançaient vers le ciel et les buissons étaient couverts de petites feuilles sur lesquelles chèvres et dromadaires se jetèrent avidement.
« Un lac ! s’exclama Vincent. Chic, on va enfin pouvoir boire de l’eau fraîche et se baigner !
— Ne te réjouis pas si vite, le prévint Mahmoud, l’eau est salée !
— Il n’y a déjà pas beaucoup d’eau, alors, si en plus elle est salée, c’est pas la peine », s’indigna Vincent.
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Seitenzahl: 62
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COLLECTION
ROMAN JEUNESSE
1.
Un loup dans la vitre
Philippe de Boissy
2.
Cloche
Clotilde Bernos
3.
Le cri
François David
4.
La promesse du bonhomme de neige
Eugène Trivizas
5.
Chat qui vole
François David
6.
Sous les sables d’Afghanistan
Jack Chaboud
7.
Direct au cœur
Yves Pinguilly
8.
Cœur d’Aztèque
Corine Pourtau
9.
Innocent
Magali Turquin
10.
Che Guevara habite au 7eétage
Bertrand Solet
11.
Silence et Papillons
E. Delafraye
12.
Mon mai 68
Aline Méchin
13.
Et moi dans tout ça ?
Heidi Dubos
14.
Crescenza, naissance d’un tableau
R.-C. Labalestra
15.
Celui qui voit avec ses pieds
Yves Pinguilly
16.
Sonakaï
Rachid Sadaoui
17.
L’affaire Attila
Jean-Pierre Tusseau
18.
Couleur Amour
E. Delafraye
19.
Une mère quelque part
Gérard Blandine
Illustration de la couverture : Juliette Laude
Tous droits de reproduction, de traduction
et d’adaptation réservés pour tous pays.
© 2012 éditions du jasmin
Dépôt légal 4etrimestre 2012
www.editions-du-jasmin.com
ISBN 978-2-3528-455-22
Avec le soutien du
L’auteur
Didier Debord est l’auteur d’une dizaine de romans pour la jeunesse et de pièces de théâtre. Il a également publié des ouvrages en littérature adulte.
Pour plus d’informations, consulter son sitewww.d-debord.com.
L’auteur a bénéficié d’une bourse d’écriture
Serrés l’un contre l’autre en haut de la passerelle, Agnès et Vincent regardaient le spectacle étrange qui se déroulait sur le quai. Ils tournaient fréquemment leurs regards vers le lent ballet des grues qui chargeaient et déchargeaient les bateaux. Cela leur rappelait les vacances au bord de la mer avec leurs parents. Sur le quai, en revanche, tout était si différent !
Des hommes au teint mat, les cheveux et la moustache noirs, s’interpellaient dans une langue rude et gutturale par-dessus les bruits assourdissants des grues et des moteurs essoufflés des vieux camions. Des petites carrioles tirées par des ânes se faufilaient habilement dans ce chaos. Leurs conducteurs, la plupart vêtus de djellabas, ces amples robes en toile épaisse qui leur descendaient jusqu’aux chevilles, injuriaient copieusement leurs bêtes pour les faire avancer.
Agnès poussa Vincent devant elle et les deux enfants, étonnés de leur propre audace, posèrent le pied sur le sol africain. La foule les entraîna aussitôt dans son sillage. Le frère et la sœur se tenaient anxieusement par la main, esquivant de justesse là une carriole, là un homme lourdement chargé, là un des nombreux trous de la chaussée.
La rue sembla soudain s’élargir. Vincent aperçut un tonneau et monta dessus pour voir où ils se trouvaient.
« Aide-moi à monter, cria sa sœur. Moi aussi, je veux voir. »
Juchés sur le tonneau, les deux enfants découvrirent une immense place sur laquelle régnait une animation indescriptible.
« On dirait une grosse fourmilière ! » s’exclama Vincent.
Ils étaient bien loin des marchés de leur petite ville d’Europe aux parasols pimpants et aux étalages bien ordonnés le long des trottoirs. À quelques mètres d’eux, assis en tailleur sur une couverture poussiéreuse, un vieil homme, la tête surmontée d’un énorme turban blanc, vendait quelques fruits de son jardin. Un peu plus loin, des femmes, le visage dissimulé derrière un voile noir, discutaient avec animation autour d’un lot de poules. Celles-ci, attachées ensemble par les pattes, se débattaient dans la poussière en donnant de furieux et inutiles coups d’aile. Il y avait des stands de légumes aux couleurs vives, des amoncellements de sacs de jute aux mystérieux contenus, des étendues riantes de tapis multicolores et bien d’autres choses que les enfants auraient été bien en peine d’identifier.
« Qu’est-ce que vous faites là-haut ? » dit tout à coup une voix d’enfant à leurs pieds.
Le frère et la sœur sursautèrent et Vincent faillit tomber de son observatoire.
« Eh bien, descendez ! reprit l’enfant en clignant des yeux face au soleil.
— Tu parles français ? demanda Agnès.
— Avant, il y avait beaucoup de Français dans notre pays, répliqua le petit Algérien. Et il y a aussi beaucoup d’Algériens qui ont travaillé en France, alors forcément, on parle beaucoup français en Algérie. »
Malgré son jeune âge – il devait avoir au plus une dizaine d’années – il avait déjà l’air un peu grave des adultes dans sa robe d’un bleu passé qui flottait autour de son corps frêle. Seuls ses grands yeux noirs et brillants dévoilaient cette candeur propre aux enfants. Son visage mat était encadré de longs cheveux noirs et bouclés qui lui tombaient jusqu’aux épaules. On aurait dit un petit animal sauvage mais curieux, désireux de se laisser apprivoiser, et pourtant prêt à s’enfuir si d’aventure on tendait trop brusquement la main vers lui.
« Je m’appelle Mahmoud, dit-il.
— Moi c’est Agnès, et mon frère s’appelle Vincent. Qu’est-ce que tu fais sur le marché ?
— Je vends des jouets. Et c’est moi qui les fabrique », ajouta-t-il fièrement en montrant son étalage sur le sol.
Jamais les deux enfants n’avaient vu de tels jouets ! Des petites carrioles en fil de fer, des voitures fabriquées avec des capsules de bouteilles, des boîtes de conserve vides, des noix de coco coupées en deux, des bambous… Mahmoud était vraiment un fin bricoleur.
« Ça, c’est mon plus beau jouet, dit Mahmoud en montrant une voiture de sport rouge bricolée avec une boîte de Coca-Cola vide.
— Y’a même la pub sur le capot, apprécia Vincent en connaisseur.
— Vous pouvez rester avec moi si vous voulez. Et après le marché, nous irons boire le thé sous notre tente.
— Sous la tente ? s’étonnèrent les enfants. Tu es en vacances ?
— Notre tente est notre maison. Nous sommes des nomades, répondit Mahmoud avec fierté. Nous sommes les hommes bleus du désert. Le monsieur, là-bas, celui qui discute avec deux hommes en burnous rouges, c’est mon oncle Rachid. »
Les deux enfants virent un homme très mince drapé dans la même robe bleu clair que Mahmoud. De son visage buriné, ils ne distinguaient que des mèches d’un noir d’encre et de grands yeux plissés. Le reste disparaissait sous un épais turban noir savamment enroulé. L’oncle de Mahmoud était en grande discussion avec les deux hommes, visiblement des commerçants désireux de lui acheter les tapis qui s’étalaient à ses pieds. Sa main osseuse effleurait parfois l’étoffe d’un tapis aux dessins géométriques et multicolores pour en souligner la qualité.
« Ces tapis, reprit Mahmoud, nous les achetons aux Berbères dans les montagnes, puis nous les vendons dans les villes ou les oasis. Dans le Sud, à des semaines de marche d’ici, nous achetons du sel, et nous le revendons là où il n’y en a pas. Alors il se revend très cher. Ou alors nous échangeons des bijoux touaregs et des sabres gravés et incrustés de pierres contre du mil ou des tomates séchées, pour notre nourriture. Nous voyageons toute l’année dans le désert avec nos dromadaires pour faire du commerce. »
Entre-temps, les hommes en burnous s’étaient éloignés lentement en discutant avec force gestes. Rachid les regardait partir en souriant.
« Ils ont certainement dit à mon oncle que ses tapis étaient trop chers, dit Mahmoud. Mais ils reviendront. Nos tapis sont les plus beaux et mon oncle Rachid est un habile commerçant. »
Mahmoud fit un petit signe de la main à son oncle. Celui-ci sourit en découvrant les deux enfants qui se tenaient timidement à côté de son neveu.
Ils échangèrent quelques phrases en arabe, montrant tour à tour le tonneau et Agnès et Vincent, qui reconnurent leurs noms au milieu de mots incompréhensibles à la consonance bien étrange.