Merci, mon loup - Babeth Atineaulle - E-Book

Merci, mon loup E-Book

Babeth Atineaulle

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Beschreibung

Laure-Hélène est une jeune femme qui ne s’épanouie que dans le travail. Sa vie sociale se résume à un père invalide, un frère absent, et son emploi. Sa monotonie se voit chamboulée lorsqu’elle rencontre tout un monde nouveau. Un homme, un pompier, un patron, un amour, et le tout en une seule personne. Jonathan devient alors son nouvel univers, mais en y amenant tout un palmarès de rencontres, de surprises, d’aventures et d’une nouvelle famille.

Découvrir qui elle est, est devenue une priorité pour elle comme pour lui. L’homme est un loup pour la femme et pour Laure-Hélène, ce n’est pas à prendre au premier degré.

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Merci,

Mon loup.

Babeth Atineaulle

Fantasy

Image : Adobe Stock

Illustration graphique : Graph’L

Éditions Art en Mots

1/ Laure-Hélène.

Un soleil haut dans le ciel et éclatant surplombe ma petite maison. Allongée sur mon transat dans mon petit coin de verdure privatif, je me pavane pour faire passer le temps.

La chaleur est étouffante et me prends à la gorge, la sueur m’irrite la peau, mais je serre les dents. Je veux parfaire mon bronzage. Pour être précise et honnête, je fais plutôt rougir ma peau par de nombreuses cloques. Alors jusqu’au bout je tente de tenir tête au soleil ardent, juste encore un peu.

Ma peau est souvent mitigée entre mate et rosée, mais surtout très douloureuse en ce moment. Mais ça ne dure jamais bien longtemps, je guéris vite et je ne suis jamais malade. Je dois avoir des anticorps super résistants ou un truc dans le genre.

Des gouttes de sueur parsèment mon petit top à fines bretelles, j’ai les cheveux qui ressemblent à une motte de foin défraichie, j’ai les chevilles gonflées et les jambes lourdes, mais je ne lâche rien, je suis une teigne. Enfin bref, je sens que la fin de ma journée sera encore longue et interminable, pourtant il va bien falloir que je supporte ce calvaire qu’est l’ennui. Il me reste encore quelques jours de repos avant de reprendre le chemin du travail et de retrouver un train de vie qui me porte, qui me stimule et qui me ressemble vraiment.

Depuis cet incident, je suis en vacances, ainsi que tous mes collègues. Vacances n’est pas le bon mot, car c’est un congé dû par la force des choses. Je n’ai jamais eu de congés, ni de vacances, parce que je n’ai pas pour habitude de ne rien faire. Je déteste perdre du temps inutilement.

Je ne sais pas comment occuper mes longues heures de repos contraintes et surtout parce que j’aurais pu travailler de chez moi. J’ai grandi en me débrouillant seule, mon père n’étant plus le même depuis le décès de maman, il y a dix ans déjà. J’ai dû prendre soin de lui plutôt que de moi. Mon père a tenu deux ans à la suite de cette perte tragique, mais il a fini par sombrer, perdre pied et son emploi par la même occasion.

Il a fallu que je trouve un petit boulot pour subvenir aux besoins de ma famille et plusieurs autres par la suite. J’ai grandi plus vite que les jeunes de mon âge. Pendant que mes camarades d’école faisaient des sorties au cinéma, moi je faisais la baby-sitter pour quelques dollars. Pendant qu’ils sortaient en boîte le soir moi je travaillais de nuit dans un supermarché.

Je n’avais pas le droit de m’apitoyer sur mon sort ni de pleurer la perte de ma mère, la personne qui me comprenait le plus, qui me soutenait quoi qu’il arrive et qui savait panser toutes mes blessures.

Elle avait toujours le mot qu’il fallait, elle avait toujours une solution pour me redonner le sourire. Je dois maintenant vivre avec des souvenirs. Je n’avais pas grand-chose à l’époque. Mon paternel a vendu tout ce qu’il était possible de vendre, tout ce que nous avions, mais il n’a jamais tenté de refourguer mes affaires. Pourtant en les vendant nous aurions pu avoir de meilleurs repas pendant cette période drastique.

Je ne possédais pas grand-chose, un ordinateur et une voiture. L’ordinateur était le seul bien matériel que j’utilisais et qui me permettait de m’évader de ma triste vie. Maman me l’avait offert lors de mon 10ème anniversaire. Grâce à lui, j’ai pu voir autre chose, voir le monde extérieur à ma façon. Je pouvais naviguer sur le net et découvrir d’autres pays, d’autres cultures, d’autres situations, des tas de choses sur la vie en elle-même et de savoir qu’un jour j’aurais une vie convenable. Il m’a permis de me projeter et de croire que tout serait possible.

Et je possédais également une voiture, mais je ne pouvais pas la conduire lorsque j’en ai eu l’acquisition, j’étais trop jeune à cette époque. Mon grand-père me l’a léguée lorsqu’il est décédé, 2 ans avant maman, parce que nous étions toujours ensemble en balade dans cette voiture.

Mais aujourd’hui c’est un réel plaisir de la conduire. Me mettre derrière le volant et me laisser submerger par les souvenirs de mon grand-père.

Lui en train de se battre avec l’autoradio afin de trouver une station convenable, lui en train de mettre les mains dans le moteur alors qu’il n’y connaissait rien. Ou bien la fois où la voiture est tombée en panne sur une aire d’autoroute en revenant d’un week-end camping tous les deux.

Je me souviens de ce jour, il a trouvé le moyen de s’en prendre au dépanneur lorsqu’il est arrivé bien trop longtemps après son appel. Cette voiture est mon grand-père. Tout en elle me le rappelle.

Les années ont passé et elles ont renforcé mon tempérament. Je suis passée de petite fille sage et discrète à une jeune fille robuste et volontaire. Je suis malgré tout quelqu’un de déterminée dans la vie, je ne sais pas ce que je veux exactement, mais je sais ce que je ne veux pas.

Je ne veux pas vivre une nouvelle fois en bas de l’échelle sociale. Je ne veux pas être pauvre et devoir revivre toutes ces épreuves dégradantes dans lesquelles nous avons dû survivre.

Bon j’avoue que je suis toujours aussi timide et réservée, mais je ne recule pas devant l’effort et assume toutes mes responsabilités.

Je suis une droguée de l’informatique depuis mes 10 ans, et au fil des années je suis devenue une petite hackeuse qui aime farfouiller et fouiner un peu partout. Mon domaine c’est l’autre côté d’internet, le darknet et toutes les conséquences que cela m’indue.

J’aime traquer les gens infâmes qui trafiquent toutes sortes de choses, les enfants et les femmes, en particulier. J’aime les chasser, détourner leurs sites et les mettre face à la justice. Je ne sais pas vraiment si cela fait de moi une personne malhonnête vu que je suis dans l’illégalité en faisant ces actes héroïques. Mais j’aime la sensation que cela me procure, j’aime l’idée d’être une femme espionne au service du peuple.

Mon travail officiel est bien payé, enfin tant que je n’ai pas de grosses factures. Ce poste me permet aujourd’hui de faire des petites recherches un peu partout en sécurité, même si sans l’adrénaline ce n’est pas aussi prenant. J’aime mon travail, effectuer des recherches sur les employés, leurs passés, leurs petites manies, tout savoir est un atout, ne pas être pris au dépourvu et savoir à qui l’on a à faire.

Mais aujourd’hui mon emploi est en suspens. Depuis l’incident à l’agence, je suis en congé forcé, le temps que tout rentre dans l’ordre. Et en plus, j’ai une dette envers un pompier et je n’aime pas avoir des dettes. Je pense que j’en ai assez comme ça !

Entre les dettes de mon père qui s’accumulent, celles pour les soins de ma mère et mes propres factures. Je coule sans cesse, mais je garde la tête haute, et mon travail illégal me rapporte un peu d’argent, fort heureusement.

Mon agence à exploser, pas toute, non, juste l’étage où se situait mon bureau, et de source sûre, c’est un acte criminel. Aussi criminel que d’avoir hacker les dossiers de la police pour avoir tous les détails sur l’enquête. Depuis que je le sais, j’ai repris tous les fichiers des employés un par un, je suis obsédée par cette enquête et je me suis lancée dans un défi de taille.

Je dois absolument trouver qui a bien pu en arriver à une telle extrémité et pourquoi ? Il n’y a eu que des dommages matériels à déplorer heureusement. Je n’aurais pas supporté de savoir mes collègues et amis, pour certains, être blessés ou même pire.

Je dois trouver le coupable ! Je sais pertinemment que ce n’est pas de ma responsabilité, mais je connais les dossiers des employés, j’ai déjà vérifié leurs antécédents et tout ce qui s’en suit, alors j’ai dû passer à côté de quelque chose. Je me sens coupable d’avoir laissé entrer le responsable dans l’agence. Je suis à peu près sûre que c’est quelqu’un de chez nous. Un traître, une taupe, un vendu, un concurrent, une merde.

La boîte roule très bien et nos concurrents sont aux aguets à chaque parution de magazine qui nous fait rester numéro 1, de justesse, et je sais que cela les mets dans tous leurs états. Leurs numéros sont similaires aux nôtres, et leurs parutions sont quasiment rapprochées des nôtres. En termes de date de sortie et d’articles.

Mon boulot n’est pas aussi stressant que ça, je veux dire, comparé à toutes les équipes qui elles, doivent gérer la parution, la publication, les articles, les photos, les mannequins, etc. Moi, je m’occupe de la logistique de tous les ordinateurs, la sécurité des sites en ligne, de la gestion du personnel, bref l’informatique rien de bien compliqué et surtout, je travaille seule et ça, ça n’a pas de prix.

Mais pour le moment donc, je n’ai rien de tout ça. Ces deux dernières semaines, mon quotidien se résume à me lever et tout simplement glander jusqu’à ce que le soleil daigne enfin se coucher. Rien de bien passionnant. Ce soir j’ai envie d’autre chose, je veux bouger et voir du monde, je veux profiter de mon temps libre avant de reprendre le chemin de ce train-train.

La boîte pour laquelle je travaille a déjà acquis de nouveaux locaux et je suis impressionnée de voir la rapidité et l’efficacité de ce grand PDG qui ne laisse rien au hasard. Ou bien c’est tout simplement un tordu qui ne peut pas imaginer ses employés restés sans rien faire et qui veut absolument exercer son autorité en toutes circonstances. Mais je m’en fiche, j’adore l’idée de retourner derrière mes écrans !

Il me reste deux jours à combler et donc deux soirées. Il faut vraiment que je me sorte le boulot de la tête. Je prends mon téléphone et fait défiler ma liste de contacts et ne cherche pas de nom en particulier, je vais directement à la lettre V. Seule Valérie peut me remonter le moral et trouver une solution pour m’occuper ce soir. J’ai envie de me sentir vivante et elle sait toujours comment me faire penser à autre chose qu’à mes foutus ordinateurs et le tout, en passant une excellente soirée. Oh non mes bébés, je suis désolée je ne voulais pas dire ça ! Un peu de respect pour mes amis de toujours.

— Hé ! Salut ma belle !

— Salut Val !

— Quoi de neuf ma chérie ? Je suis contente que tu appelles.

— Je vais bien ne t’inquiète pas. Tu as des projets pour ce soir ?

— Ba écoute, rien de précis encore, mais je sens que tu sais déjà ce que tu veux !

— Pas d’idée précise non plus, mais on pourrait se retrouver pour prendre un verre, et nous laisser guider pour la suite !

— Je suis toujours partante ma chérie !

Nous nous donnons rendez-vous dans un bar non loin de chez elle. J’ai envie, non, j’ai besoin de me sentir cool et élégante à souhait ce soir. Mais avant, je décide d’appeler cette caserne, j’ai toujours un pompier à remercier.

Si je ne le fais pas, je vais finir par avoir un ulcère et si le numéro sonne encore occuper ça va se finir par une dépression nerveuse mon affaire.

J’étais à l’agonie jusqu’à ce que je sois complètement inconsciente lorsque ce pompier m’a trouvée. Je le sais, car lors de l’explosion j’ai été projetée de mon bureau pour venir m’écraser sur l’étagère en ferraille, qui se trouvait à l’opposé de la pièce. Le souffle de l’impact était violent et le plafond m’est tombé dessus. Je n’ai rien vu venir.

J’ai senti que l’on me soulevait, mais je n’avais pas la force nécessaire pour ouvrir les yeux. Je ne sais pas qui est cet homme, je ne connais rien de lui, j’ai juste supposé qu’il soit pompier. Le nom de la caserne intervenante ce jour-là est la Boston Fire Departement, Engine 33 Lader 15.

Mon entourage me bassine à me dire de passer à autre chose, d’abandonner, de ne pas encombrer la ligne pour ne pas empêcher une intervention urgente, que ce pompier n’a fait que son travail ! Ils m’ont même demandé si je n’étais pas atteinte d’une espèce de syndrome de Stockholm. Mais n’étant pas consciente lors de mon pauvre sauvetage, je suis dans le flou total.

Bien évidemment je ne suis d’accord avec personne. Ce pompier a fait preuve de professionnalisme et il m’a sorti de ce cauchemar. Pour moi, un pompier, engagé ou volontaire, met autant sa vie en danger que la personne qu’il secourt. Et je pense, non, je suis persuadée que c’est notre devoir en tant que citoyen de les remercier de leur travail. Sans eux, les dégâts seraient beaucoup plus conséquents et je tiens donc à le remercier personnellement, car grâce à lui, je suis encore ici.

J’appelle de nouveau cette caserne, mais la voix stridente de la boîte vocale pré enregistrée me dit que le numéro que j’ai composé est erroné, ce qui n’est pas logique, sauf si le numéro a été changé. Je réessayerais plus tard, car là, j’ai rendez-vous avec ma meilleure amie.

J’inspire pour reprendre le contrôle de mes pensées et je me dirige d’un pas décidé vers ma salle de bain. Je profite de l’eau qui coule en cascade sur mon corps tout en pensant à cette soirée. Il y a bien longtemps qu’il ne se passe rien dans ma vie sentimentale et je suis encore vierge à 24 ans. À mon âge, la seule expérience que j’ai dans ce domaine n’est que pure théorie.

J’aimerais vraiment rencontrer celui qui saura me faire l’honneur de me procurer toutes ces sensations que je ne connais pas encore, toutes ces premières fois. Bien sûr, j’ai eu quelques petits amis, mais rien de sérieux.

En dernière année de maternelle, il y a eu Loïc, nous nous donnions la main comme les grands. Il était tout mignon avec ses petites lunettes toutes rondes.

Puis il y a bien eu Nicolas au collège, avec qui j’ai partagé mon premier baiser. Mais c’était surtout lors d’un pari, donc rien de bien romantique.

J’ai failli lâcher prise avec Matthew, un ami de la fac, mais ça n’a pas marché. Je savais qu’il voulait juste être le premier et disparaître, mais je ne voulais pas faire comme toutes mes copines.

Non, moi, je crois en l’amour, le vrai, le seul. Donc comme je disais, rien de concret, et je ne me complais pas forcément dans ce mode de vie, mais je veux être la femme que d’un seul homme.

Je fonce dans ma chambre en me baissant, de peur qu’un voisin ne me voie nue par la fenêtre. Je n’ai pas de vis-à-vis, mais je crains toujours d’être épiée, je suis un peu trop paranoïaque. Voilà que je vide complètement mon armoire sur mon lit.

Étagères, penderie, tenue après tenue, je vide sans grand plaisir. Rien ne me donne envie, rien ne dit « je suis cool et charmante », rien de tape-à-l’œil. Et d’un coup, je réalise que je ne suis que moi, la fille la plus banale de la galaxie. Dernier cintre. Une robe. La seule qui soit dans cette maison !

Je la saisis et inspire profondément. Elle est un brun provocatrice, mais pas vulgaire non plus. Noire, longue et moulante, avec un décolleté révélateur, et fendue des deux côtés jusqu’à mi-cuisses. Robe que j’avais achetée pour un pot de départ d’un collègue au bureau, mais j’avais renoncé à m’y présenter. Et encore moins dans cette tenue. En plus, il ne faisait même pas partie de mon service, alors à quoi bon. Je décide ce soir de la porter.

— Allez ! C’est peut-être le grand soir après tout !

Une fois cette robe passée, je me trouve assez potable, ni belle, ni sexy, mais juste présentable. Je ne suis pas une de ces bombasses à forte poitrine. Mes seins sont plutôt discrets sauf lorsque je les mets en valeur, ce qui n’arrive jamais pour ainsi dire. Mes fesses sont légèrement rebondies, mais rien de vraiment flatteur et elles sont souvent cachées par un long manteau. Ma tignasse chocolat est souvent impossible à dompter avec ces milliers de frisottis qui la caractérise. Une queue de cheval ou un chignon sont toujours privilégiés. Mon visage est rond, mais pas bouboule non plus et mes traits sont à peine marqués. Mes yeux sont noisette avec une touche de bleu qui entoure mes iris. Mes lèvres ne sont pas vraiment pleines et pulpeuses, mais plutôt fines, et d’un rose naturel. Je me maquille à peine, je préfère ne pas me cacher sous une couche de peinture.

La partie adverse a droit de savoir à qui elle a à faire. J’aime lorsque les choses sont faites dans les règles de l’art même si je ne suis pas digne d’un Picasso.

Je suis fin prête. Il ne me reste plus qu’à prendre ma pochette assortie à ma tenue et de filer au bar. Ma voiture m’attend sagement à sa place, devant ma maison. J’aime cette voiture. Entendre le doux murmure de mon vieux cabriolet Datsun Fairlady est une douce mélodie. Elle n’est plus toute jeune, et elle a été rafistolée plus d’une fois, mais elle tient encore la route et surtout elle me rappelle les longues virées en compagnie de ce dernier. Je ne pourrais pas m’en séparer même si elle devenait une épave. Bon allez, fini de se lamenter sur les vieux souvenirs, je dois prendre la route.

Ceinture, rétroviseur interne, j’insère la clé, met le contact et là, rien ! Aucun son, aucune vibration dans l’habitacle, le moteur est comme endormi. Ma voiture ne me répond pas. Une peur m’assaille tandis que je répète l’opération. Mais elle ne veut rien savoir.

Désemparée, je prends mon téléphone et appel un taxi. Je préviendrais mon garagiste habituel pour qu’il vienne voir ça, cet homme était un ami de grand-père. En y réfléchissant, il est le dernier à l’avoir eu entre les mains, je ne sais pas ce qu’il a fait à mon bébé, mais il va m’entendre si c’est sa faute.

J’attends le taxi depuis un moment et enfin je le vois qui s’approche doucement. J’ouvre, m’installe et donne l’adresse. Les yeux dans le vague, je laisse mon front claqué sur la vitre. Les rues défilent devant mes yeux, même si je ne les distingue pas vraiment.

Ma voiture ne peut pas me lâcher, j’en ai besoin pour travailler et je n’ai pas les moyens d’en racheter une maintenant.

Le chauffeur hèle un "Madame", et au son de sa voix je réalise qu’il est garé devant le bar et qu’il est irrité que je ne lui prête pas attention. Je paye la course et sors vite fait de son véhicule. Je souris d’un air penaud et affronte l’air chaud de ce début de soirée qui me scotche un moment. Mes hauts talons me donnent de l’assurance, alors je bombe le torse, relève la tête et j’aperçois Val qui vient à mon encontre quelques minutes après mon arrivée.

Nous pénétrons dans ce fameux bar, le City Bar Back, qui est un peu notre endroit fétiche de début de soirée. Nous évitons les personnes agglutinées devant la porte, à croire que quelque chose peut arriver à tout moment et qu’être près de la sortie est la chose primordiale à ne pas négliger.

C’est déjà blindé de monde et les odeurs se mélangent. Les effluves d’alcool, de transpiration et de parfums sont déjà bien imprégnés dans les lieux. J’ai des nausées rien qu’en respirant l’air, mais je prends mon mal en patience, après tout, ce n’est que pour un verre et ensuite, on bouge.

2/ Jonathan.

Il commence à se faire tard et mon bureau est enfin calme. Je peux enfin ouvrir ma boîte mail afin de faire un minimum de travail pour terminer cette journée qui n’en finit pas. Je fais défiler les 209 messages qui sont inscrits en gras, et ce ne sont que ceux d’aujourd’hui.

« Votre dévouée employée » est l’intitulé du premier et comme un idiot je l’ouvre. Encore une femme qui s’exhibe pour chercher de l’attention, mais elle n’a aucune chance avec moi. Cette vie n’est pas faite, enfin, n’est plus faite pour moi. Ce fut un temps où je n’avais nullement besoin d’aller chercher qui que ce soit. C’étaient les femmes qui venaient à moi, mais aucune d’entre elles n’en valait la peine.

Je ne sais pas depuis combien de temps je rêve de tout plaquer pour aller m’isoler aussi loin que possible. Loin de tout mon entourage malsain pour commencer. Ma famille me bouffe de l’intérieur, petit bout par petit bout, en prenant soin de ne rien oublier sur son sillage.

Je ne suis pas n’importe qui pour eux et pourtant ils ne veulent que profiter sans rien donner en retour, même si je ne leur dois rien. Je ne le supporte plus. Je ne la supporte plus.

Ma mère veut absolument me caser avec une des femmes de notre meute, mais je ne me lierais à une autre que lorsque ce sera ma partenaire, mon âme sœur, ma compagne, ma femme. Ce qui n’arrivera sûrement jamais parce que je ne la cherche plus. Je ne suis même pas sûr que la Déesse de la lune m’en ait prévu une. Je me suis fait à l’idée de rester seul et de patienter jusqu’à ce que je devienne fou de solitude. Certains d’entre nous partent à la conquête du monde pour trouver la leur, ou bien ils font appel à des chamanes ou toutes sortes d’esprits assez forts pour les relier. Mais je ne suis pas comme ça, je ne recherche pas ce qui n’existe certainement pas.

Je suis un homme d’affaires, je suis un pompier volontaire et je suis également le chef de mon clan. Je me suis fait tout seul, parti d’une simple idée, j’ai gravi les échelons et monter ma propre boîte à seulement 21 ans. Je reprends mes esprits et fixe de nouveau mon écran. Ce mail encore affiché me renvoie l’image d’une femme d’une vingtaine d’années qui s’offre en pâture sur internet. Mais elle n’enclenche aucune réaction chez moi. Je trouve même cela dégradant pour elle. Je n’aimerais pas que ma petite sœur soit ainsi exposée aux yeux de tous et tout ça pour quelques dollars. Certainement pas !

Je ferme mon écran et tourne mon fauteuil vers la baie vitrée qui entoure mon bureau. La nuit est tombée, la rue est éclairée par les lampadaires, les voitures illuminent de leurs phares les quelques passants. La lune brille, haut dans le ciel, et me sourit. La vitre me renvoie mon reflet, un visage fermé et tendu. Ma froideur peut en faire pâlir plus d’un, sauf ma famille bien sûr.

J’ai bâti mon entreprise en partant de zéro, et avec le temps je me suis élargi, et ce, dans plusieurs domaines. Au fil des années, mon business est devenu un empire, alors la froideur est de mise dans ce monde de charognards qu’est celui des affaires. Je me suis construit en dehors de notre clan et je sais comment consolider mes deux natures, alors je peux être partout sans risquer de mettre notre espèce en danger. Car le danger, c’est moi !

Les gens pensent que je suis quelqu’un d’insensible et autoritaire, sans scrupules. J’aime qu’ils aient cette opinion de moi. Cela ne me dérange pas, et personne ne sait qui je suis vraiment. Cela restera comme ça. Je préfère être seul avec une poignée d’amis, qu’entouré de personnes indénombrables, mais toutes aussi fausses les unes que les autres.

Si les gens pensent que je suis froid alors il ne faudrait pas qu’ils me voient dans ma seconde peau. Ma vraie nature est encore bien plus sombre que tout ce que le monde extérieur peut penser. Mais je ne suis pas un monstre, uniquement avec mes ennemis. Je sais aussi que pour réussir il ne faut pas ressembler à un gros matou et il faut savoir être impitoyable.

Je sais aussi que cette envie de changement ne peut pas arriver, en tout cas pas de manière définitive. Je ne peux pas abandonner toute ma meute. Mais rien ne m’empêche de prendre un peu de recul et changer d’air pendant quelque temps.

Je ne vais pas laisser ma place au premier venu et encore moins donner l’occasion à ma scrupuleuse de mère de me remplacer. Ni même le petit con qui lui lèche le cul en longueur de journée, au sens propre comme au sens figuré bien sûr. Oui ma mère rêve de me voir sombrer et de me prendre tout ce que je possède, allez savoir pourquoi ? Et ce merdeux de Mick est bien trop médiocre pour me succéder et encore faudrait-il qu’il tente de me tuer avant d’avoir une once d’espoir d’aller jusque prendre ma place.

Je dois constamment jongler entre mes entreprises de technologie, celles de vêtements, le magazine, et même celles dans le cosmétique. Elles sont toutes faites pour hommes. Et bien sûr cela me laisse moins de temps pour mon métier de cœur, en tant que pompier volontaire.

Cependant, mon rôle d’Alpha est de mise à tout instant. Entre les conflits entre clans, les guerres à éviter, les ennemis à repousser, les problèmes internes, il y a de quoi faire. Et encore ce n’est que la partie visible de l’iceberg.

Mais je dois respirer et prendre le large pendant un moment, j’en ai besoin. Et mon plus fidèle ami saura gérer la machine en mon absence. Abdoulhamid, un grand gaillard originaire de Mayotte, avec un accent très prononcé.

Il est devenu mon ami depuis notre rencontre. Je l’ai intégré à ma meute il y a plusieurs années, lorsqu’il était encore très jeune. Il a été abandonné par sa famille pour une raison inconnue en ce qui concerne le côté officiel, mais la vraie raison c’est pour sa nature animale, que sa mère n’avait jamais soupçonnée chez son père.

Ce dernier a séduit sa mère, puis a repris sa route sans demander son reste. Je l’ai pris sous mon aile et depuis il vit au sein des miens. Il connaît l’entreprise et son fonctionnement, il sait aussi comment je fonctionne. Je sais qu’il ne me décevra pas.

J’ai trouvé facilement la solution qui me permettrait de partir sans trop me poser de question. J’ai repris une caserne de pompier, dans une ville voisine, à Boston, ville où j’ai déjà une succursale de mon business magazine et vêtements.

Le capitaine de la Boston Fire Departement est en convalescence et il a perdu quelques hommes ces derniers temps. J’ai trouvé son annonce sur le Net sans vraiment savoir ce que je cherchais. J’ai étudié les articles ainsi que cette dite annonce et j’ai pris le poste, sans même m’en rendre compte.

L’ancien capitaine a jeté l’éponge il y a à peine 15 jours, dire qu’il est en congé est plus acceptable qu’un abandon de poste. Mais grâce à lui, je vais pouvoir faire ce que j’aime et en profiter pour m’éloigner un peu de ma vie d’ici.

Je pars dans quelques jours, ou bien avant selon mon envie. Je ne laisserais rien au hasard en partant et je veux que tout soit prêt afin d’avoir l’esprit tranquille. Être aussi serein que possible.

J’espère pouvoir me ressourcer une fois là-bas. Pour le moment je quitte le bureau et rentre chez moi. Un super loft très calme. Mais ou je me sens affreusement seul.

Je pourrais passer mes soirées avec une femme, n’importe laquelle, et même plusieurs si je le voulais, et ce tous les soirs, mais je ne m’y résous pas. Mes hommes m’ont offert une femme pour mon anniversaire, il y a déjà deux mois, mais je l’ai refusée avec la plus grande courtoisie et en la refilant à celui qui la voulait. Je ne veux pas m’abaisser à sauter sur tout ce qui pourrait me passer devant les yeux.

J’aime ma tranquillité, être isolé et ne rien faire à part du sport, m’éclater sur la zappeuse de mon écran géant, enfin ça c’est ce que je tente de faire croire à mon cerveau. Bon, des soirs comme celui qui se présente à moi devraient être punis par la loi.

Mon calme va être de courte durée, car un imbécile frappe à ma porte comme un forcené. Mon vieil ami cogne de plus belle et râle derrière le bois, il va la faire sortir de ses gonds s’il continue comme ça, bien qu’un simple coup de poing pourrait la faire céder aussi, s’il l’avait voulu.

Malgré ma position de morse échoué au soleil un lendemain de tempête, je me lève en râlant moi aussi, et vais déverrouiller cette fichue porte.

— Pourquoi tu verrouilles ta porte ?

— Pour éviter que des abrutis déboulent dans mon salon à tout moment !

Je vois d’ici la conversation. Sujet en cause, ma mère. Il est vraiment remonté et je comprends pourquoi. Il ne la supporte pas et personne ne le peut d’ailleurs. Il tourne autour du pot et au bout de dix minutes il finit par y venir.

— Tu ne veux pas l’emmener avec toi ? Sérieux mec ! Ou bien, lui trouver une mission, genre méga impossible à l’autre bout du monde !

— Tu comprends pourquoi je pars !

— Justement ! Alors, emmène-moi !

Il me fait sa plus belle tête de chien battu et tombe à genoux, les mains jointes pour me supplier de céder à sa requête. Ça me fait rire, mais il sait qu’il n’aura pas gain de cause.

— Prends un verre au lieu de dire des conneries.

— Merci Alpha, tu es un vrai pote. Mais tu pourrais me servir, on est chez toi !

— Tu vas me remplacer le temps de mon absence, alors avant de prendre tes marques, commence par te servir !

— Tu pars quand du coup ?

— Demain ! Les bureaux de Boston accueillent le personnel dans deux jours, je veux y faire un tour avant l’ouverture.

— Tu es sûre que tu dois en passer par là ?

— Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai besoin de le faire. Boston m’appelle mec, c’est une obsession. C’est comme si la caserne m’attendait, c’est une chance alors je ne ferais pas marche arrière !

— Je te suis ! En restant ici, je sais, j’ai bien compris !

Tout se passe dans le calme finalement. Abdou a fini par mettre ma mère de côté et profiter de notre dernière soirée. Il est mon meilleur Bêta et il doit prendre conscience de ce que c’est que de vivre en haut. Rien de simple en tant qu’Alpha intérimaire.

Je reste l’Alpha où que je sois ! Les gars qui me suivent à Boston sont tous chez moi avec leurs valises. Ils ont tous débarqué, après que je leur ai envoyé la date et l’heure de départ. J’ai la place qu’il faut pour accueillir tout le monde. Moi, je ne m’encombre pas de valises, j’ai déjà fait le nécessaire pour que tout me soit livré une fois sur place.

Je ne sais pas pourquoi, mais je n’ai pas envie de dormir et je n’y arrive pas. J’ai tellement hâte de partir. Il n’y a qu’une fois que je serais dans l’avion que ça aura un aspect concret pour moi. Mon pilote m’a conseillé de décoller vers 7h30, car le temps d’aujourd’hui risque d’être mauvais.

D’habitude ma vie est bien mieux réglée, au millimètre près, mais je me suis aperçu que ce n’est pas tout à fait une vie. J’ai tout pour être heureux et pourtant ce n’est pas vraiment le cas.

Je souhaite retrouver cette énergie qui m’habitait autrefois et en allant à Boston ce serait peut-être la solution. Être pompier pour quelque temps devrait me redonner ce regain nécessaire et combler un peu ce manque auquel je n’arrive toujours pas à mettre d’étiquette dessus.

Après une nuit à tourner en rond, nous sommes enfin dans l’avion. Le pilote règle les derniers détails avec la tour de contrôle et nous décollons. Les gars sont tous à leurs places et je les regarde un par un. Yakidou est dans son coin comme à son habitude, ses écouteurs sur les oreilles et la tête dans son téléphone. Il est associable et pourtant il me suivrait au bout du monde sans que je le lui demande.

Frank et Mathéo se battent pour savoir qui aura raison sur l’heure d’arrivée exacte sur le tarmac. Ils se chamaillent à la moindre occasion, tout est prétexte à lancer les paris. Andrew est assis près de sa compagne Anissa qui est blottie dans ses bras. J’ai l’impression que ça fait des siècles qu’ils sont ensemble, et ils sont toujours comme au premier jour. Le temps n’a pas d’effet sur leur relation.

Plusieurs fois, je dois avouer que je les aie enviés, je suis heureux de les savoir ensemble, mais je ne sais pas ce que c’est que de vivre ce genre d’histoire. Et non loin de moi, il y a Chloé.

C’est un amour, toujours le sourire, elle ne fait pas partie de la brigade, mais je ne peux rien lui refuser à cette boule d’énergie. Elle a tout fait pour m’accompagner. Elle ferait surtout n’importe quoi pour éviter ma mère. Elle nous fait l’hôtesse de l’air à sa façon, ce qui amuse la galerie. Elle parle d’une voix suraiguë et agite les bras, son visage se déformant sous les grimaces. Je sais pertinemment qu’elle s’occupe l’esprit pour ne pas penser au décollage.

Je suis dans un coin, assis sur mon siège avec une vue sur toute la cabine, un verre de scotch à la main pour me tenir compagnie.

Mon cerveau vagabonde un peu partout. Je pense déjà à tout ce que pourrait me réserver cette ville qu’est Boston. Je prends la bonne décision en prenant du recul avec ma ville natale, le clan est entre de bonnes mains avec Abdou à la barre bien que ma très chère mère soit encore dans les parages. Mais Boston est-elle vraiment la solution ? J’aurais dû m’implanter n’importe où ailleurs. Mais l’appel de Boston est plus attrayant que tout ce que j’ai pu visiter. Ma grand-mère était de là-bas.

La première fois que j’ai atterri ici, après des années d’absence, je suis tombé amoureux de la ville et j’ai ouvert une succursale. C’était il y a un peu plus de six ans déjà.

Nous sommes enfin à destination, notre avion personnel vient de se poser. Nous ne sommes pas encore descendus que Frank et Mathéo sont repartis dans une engueulade enfantine. Ils ont tous les deux perdu, mais ils veulent savoir lequel a le plus perdu. Ça se joue à quelques minutes, mais tant qu’il n’y aura pas un vainqueur ils se battront comme des chiffonniers. Ils sont fatigants ces deux-là !

Nous rentrons directement chez moi, dans ma villa, une belle bâtisse que j’affectionne beaucoup. Particulièrement parce qu’elle sort tout droit de mon imagination. Elle a été construite lorsque j’ai monté ma boîte ici. Il me fallait un pied à terre lors de mes visites. Trois jours que mes employés nettoient, aèrent et préparent les lieux.

Ça faisait longtemps que je n’étais pas venu. La nostalgie peut-être ou le manque de temps. Chacun a de quoi loger ici, mais ils sont tous libres de rester ou bien de se trouver un truc plus intime. Mais comme je m’en doutais, tout le monde décide de rester chez moi. Je m’y attendais et heureusement les chambres sont prêtes pour tous.

Chloé elle, est chez elle ici, elle a sa propre chambre avec ses affaires personnelles. Ça ne me dérange pas qu’ils soient avec moi, enfin pour le moment. Tant que je suis seul ! Car si un jour quelqu’un partage ma vie alors les choses changeront peut-être. Mais il y a encore de la marge avant que ça n’arrive.

Une fois tout ce petit monde installé, et l’heure du repas bien dépassé, je les abandonne pour aller faire un tour en ville. J’ai quelques petites choses à régler avant demain matin. Je vais à un rendez-vous à la banque faire le point sur les ressources précises de Mod’Hom. Le banquier est heureux de voir enfin le PDG en personne. Je ne viens que rarement ici.

Tout étant en règle je peux continuer mes visites. Donc je me rends à un autre rendez-vous à la tour des anciens. Le vieil Amazé est plus vivace que jamais, à croire que le temps n’a pas d’emprise sur lui. Un bilan sur les agissements des meutes avoisinantes ainsi que sur la mienne ici. Tout est en règle et rien ne se passe ici depuis des lustres.

Et enfin je me rends à un rendez-vous avec une jeune femme qui postule pour être ma secrétaire. Elle a un CV assez prometteur, une identité simple et des attentes simples. Mais quelque chose me dérange, c’est comme si son profil était fait pour me plaire.

Nous avons un entretien dans un café très fréquenté et les tables sont déjà toutes occupées lorsque j’y pénètre. Mon entrée est vite remarquée. Un homme d’1m90 ne passe pas inaperçu. Hors de question de se voir dans un lieu restreint et d’être tenté de finir avec le pantalon en bas des jambes. Et son sourire carnassier me laisse penser que je n’ai pas tout à fait tort. Si c’est ce qu’elle attend de moi, elle va vite déchanter la pauvre.

Au bout de plusieurs heures et une perte de temps, je suis de retour à la villa. Les nerfs en ébullition à cause de cette foutue blonde décolorée et refaite de partout. Certaines femmes n’ont aucune pudeur et se vendent au premier venu.

Résultat des courses : je n’aurais pas de secrétaire, je ne prendrais pas le risque de me battre même au boulot. Je suis en conflit avec mon moi intérieur pour ne pas avoir cédé, mais je reste maître. La soirée se finit autour de pizzas en tout genre.

Les gars sont des crevards surtout quand il s’agit de la malbouffe. Mais c’est bon enfant ce genre de soirée, les gars grognent et se lancent des pics, des coups de crocs, mais rien de bien méchant. Chloé elle, reste une femme en toutes circonstances. C’est le cerveau en miette que je vais me coucher, mais vu la nuit dernière et la journée prenante que je viens de vivre, je devrais me coucher sans soucis ce soir.

Effectivement, j’ai dormi comme un louveteau et je suis disposé à me rendre dans les locaux de Mod’Hom et voir si tout est prêt. Je ne laisserais rien dans le flou, tout doit être passé au crible. Mes gars sont déjà épuisés avant même que je ne franchisse les portes. Mais pas le choix, ce qui est arrivé ne doit pas se reproduire. Ensuite je consacrerais le reste de ma journée à cette caserne.

3/ Laure-Hélène.

Les journées sont passées plus vite que je ne l’avais envisagé depuis cette soirée dans ce bar. C’était très agréable, mise à part la partie dudit bar, avec ces gros balourds qui puaient les égouts.

Nous nous sommes éclatées comme des folles et je ne regrette pas de l’avoir suivie dans son délire de boîte de nuit. Val a conduit jusque notre prochaine destination, malgré les nombreux verres qu’elle a réussi à avaler en si peu de temps.

Nous avons pris la route à peine une heure après mon arrivée. Nous avons roulé jusqu’au Down Nightclub Boston. Un endroit que je ne connaissais pas, en même temps je n’en connais aucun vu le nombre de fois où je sors. Mais dans lequel j’ai été reçue telle une VIP.

Bon je dois dire merci à ma chère Val, qui elle, est une habituée. Le DJ était vraiment bon même si je ne sais pas qui il est, ni comment il se fait appeler et à dire vrai, je ne connaissais pas la moitié de la musique qu’il passait.

La piste de danse était d’une taille adéquate, et valait mieux vu le nombre de clients, tout le monde était à l’aise et personne ne se marchait dessus.

Nous avons bu des cocktails aux noms exotiques, dont le Boston Rum Punch. Celui-ci m’a donné assez d’ailes pour me pavaner sur la piste et me déhancher comme une endiablée. J’avais la tête qui tournait, mais j’étais bien. C’était sans compter sur ma timidité et mon manque de confiance en moi pour faire fuir n’importe quel homme qui tentait tout rapprochement.

Ma petite Val n’a eu aucun souci de ce côté-là et a passé une partie de sa soirée avec un jeune homme, plutôt pas mal à regarder. Nous avons beaucoup ri des autres, de nous-mêmes et nous avons fini par rentrés. Elle était toujours avec son compagnon de nuit, c’était quoi son nom déjà ? Terry, non, Tyron. Oui c’est ça, Tyron.