Micmac Provençal - Audrey Roman - E-Book

Micmac Provençal E-Book

Audrey Roman

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Beschreibung

Troisième volet de la saga des Régali, avec un dénouement qui laissera à chacun le choix de terminer comme il l'entend, cette rocambolesque histoire Provençale.

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Sommaire

Audrey Roman , André Valrais: Micmac Provençal

Nuit câline nuit de Chine (à Toulon)

Germaine et les ferrailleurs

Des nouvelles d'Irène

L'homme au galurin noir

Jamais deux sans...

La Chine a bonne mine

Le chant des sirènes

Des comptes à rendre

Gai luron et la joie de vivre

Quelle tournée !

Du brutal

Carte postale

La cigale d'or

Une fin au choix

Épilogue

Audrey Roman , André Valrais

Micmac Provençal

Ce récit n'étant pas tiré de faits réels, toute ressemblance avec des personnes existantes, ou ayant existé, ne serait qu'une fâcheuse coïncidence. Pour une bonne compréhension du texte, il est fortement conseillé de lire le tome 1 intitulé : les marmites Provençales, ainsi que le tome 2 : Mystère à Tréfort.

Après de longs mois d'enquête, la brigade des stupéfiants, dont le rôle consiste à démanteler les réseaux de trafics de drogues, mais aussi à lutter contre la consommation de produits illicites et à mener des actions de répression, en coordination directe avec les différents services de police, intervenait sur l'île de beauté démantelant tout le réseau de trafiquant qui comptait dans ses rangs beaucoup de connaissances de l'avocat Ange Casanova. Cerise sur le gâteau, quelques gros pontes de la cosa nostra Sicilienne, qui se trouvaient à Ajaccio à ce moment là, furent également pris dans les mailles du filet.

Les services de la répression des fraudes se penchèrent ensuite sur une entreprise fantôme du nom de Hestia et Athéna qui servait, grâce à des montages financiers à blanchir l'argent du milieu Corse, mais aussi Sicilien. En remontant la piste, ils trouvèrent un compte à la Banque Populaire Méditerranée sous le nom d'Albertu Alajaunis. Seul problème, c'est que cet autochtone était décédé depuis déjà vingt ans. Mais les Corses n'hésitant pas à faire voter leurs morts, celui-ci avait simplement été ressuscité pour la circonstance.

Mais revenons un peu en arrière. Sur les hauteurs d'Ajaccio au moment où Ange Casanova, ayant comprit que Germaine avait détourné des sommes importantes destinées à la mafia Sicilienne, la pria de se hâter de quitter l'île pour disparaître dans la nature. L'avocat, dans un ultime geste de bienveillance effaça toutes traces administratives de l'existence de Germaine Pétulance, la remplaçant par le sieur Albertu Alajaunis, devenu à titre posthume, le nouveau PDG de Hestia et Athéna. Ensuite, l'avocat contacta la brigade des Stups afin de dénoncer le mécanisme du blanchiment d'argent et le trafic de drogue organisé par le milieu Corse. Sachant qu'une telle trahison de sa part lui vaudrait une sentence définitive, il regagna lui aussi le continent pour se faire oublier le temps que l'intervention des forces spéciales ne vienne mettre un terme aux malversations des mafieux.

Mais pourquoi donc Ange Casanova avait-il pris un tel risque ? Pour le comprendre, il nous faut revenir de nombreuses années en arrière, période où l'avocat avait été approché par les services des douanes, alors qu'il était encore à Gibraltar, qui est une plaque tournante très importante du trafic de drogue provenant directement du Maroc situé juste en face du rocher. A ce moment là, la clientèle ne se bousculait pas dans la salle d'attente de l'avocat et le marché qui lui fut proposé fut le suivant : s'il acceptait d'indiquer aux douanes Françaises les précieuses informations qu'il obtenait de ses truands de clients, sur la livraison de marchandises illicites, invitant fortement ceux-ci à lui dire la vérité mettant en avant le fait que sans cela, il ne pourrait les défendre convenablement, il obtiendrait en échange une commission relative au nombre de kilos de drogue saisis par les douanes. Tandis que ses clients au passé sulfureux s'épanchaient sans méfiance, pensant bien naturellement être protégés par le secret professionnel, les gains s'accumulaient au gré des saisies et l'avocat envisagea alors de rentrer en France pour accéder à un train de vie supérieur. Il s'installa donc à Toulon, ville dans laquelle, de par ses réels talents de plaideur et d'orateur exceptionnel, il parvint à se constitua rapidement une clientèle huppée.

Quelques années plus tard, ses bons services rendus auprès des douanes lui valurent d'être à nouveau sollicité, cette fois-ci par la brigade des stupéfiants pour infiltrer le milieu Corse, île dont il était originaire et dont il connaissait bien les us et coutumes. Il fit ainsi la navette entre le continent et l'île de beauté où il lui arrivait de défendre les intérêts de mafieux qu'il connaissait depuis l'enfance. Étant extrêmement rancunier, l'avocat ne gardait pas un bon souvenir de ces tendres années, pendant lesquelles il était le souffre douleur de ces voyous, à cause d'un bégaiement qui fort heureusement, disparut avec l'âge. Ange Casanova se constitua ainsi dans le plus grand secret, un dossier sur chaque individu qu'il transmettait ensuite, dès que possible, aux Stups. Il ne manquait plus, pour faire tomber les caïds, que quelques renseignements pour démanteler tout le réseau et procéder à des arrestations.

Ce fut quand Cunégonde lui demanda de lui procurer des faux papiers, devenant ainsi Germaine Pétulance, qu'il eut l'idée de la bombarder PDG d'une importante entreprise de management spécialisée dans les travaux public, entreprise fantôme, qui allait lui permettre de proposer à la mafia Corse d'investir de fortes sommes d'argent sale pour son fonctionnement, celles-ci étant récupérées lors de l'attribution des marchés, après des appels d'offres, étant bien entendu tous emportés par l'entreprise de travaux public Hestia et Athéna.

Tout ce beau monde allait écoper de lourdes peines et se retrouver derrière les barreaux. L'arrestation très médiatisée fit les gros titres et les journaux télévisés passaient en boucle les images des mafiosos sortant des véhicules de gendarmerie, leur veste relevée sur la tête en passant devant les cameras. Il suffisait d'allumer le poste de télévision pour qu'après les pauses de publicités, on tombe sur les infos. Germaine qui était rentrée de sa promenade au parc et qui passait devant l'espace de vie collectif marqua un temps d'arrêt, puis elle s'approcha du téléviseur fixé sur son support en hauteur, afin que tous les résidents puissent le voir. Elle se campa sur ses jambes arquées et hallucina d'entendre citer les noms des mafieux qu'elle avait côtoyé. Elle en reconnu certains, malgré leur tentative d'échapper aux flashs des photographes et poussa un cri qui fit sursauter une patiente venue se placer à côté d'elle. Sortant précipitamment de la salle elle se dirigea vers le bureau du docteur Bohbo.

Même si Germaine s'était parfaitement adaptée à sa nouvelle vie au sein de l'établissement psychiatrique, utilisant ses talents de persuasion pour obtenir des petites faveurs de la part des infirmiers, quelques fois, en proie au cafard elle se disait que la vie ne vaut rien, mais que rien ne vaut la vie, et surtout en dehors des murs de l'Ordre Hospitalier des Frères de Saint-Jean de Dieu. Et pour Germaine Pétulance, les récentes actualités c'étaient du pain béni.

- Docteur je souhaite mettre fin à mon hospitalisation estimant que je me sens vraiment bien à présent.

- Vous pouvez bien sûr mettre fin à votre prise en charge, étant en soin psychiatrique libre, mais à condition de remplir une formalité.

- Laquelle docteur ?

- Signer une décharge. Je dois aussi vous avertir du risque de retrouver prématurément la vie à l'extérieur. Un changement brutal qui va peut-être provoquer chez vous des angoisses et disons... certaines difficultés à appréhender les aléas du quotidien.

- Parfait, me voilà prévenue. Quand puis-je partir ?

- Le temps de passer voir la secrétaire pour remplir les papiers et vous pourrez sortir libre comme l'air. Mais je trouve que c'est dommage, dans la mesure où vous vous êtes parfaitement bien intégrée et que votre séjour parmi nous vous a été visiblement bénéfique. Enfin... s'il y a le moindre problème vous savez que la porte vous est grande ouverte Germaine.

Elle sortit du bureau et monta prestement jusqu'à sa chambre pour faire sa valise, puis elle se présenta pour remplir les formalités de sortie à la secrétaire qui finissait de se vernir les ongles. Se retenant de ne pas crier de joie, Germaine signa les documents et quand la porte vitrée s'ouvrit sur l'extérieur, des larmes de joie coulèrent sur ses joues faisant dégouliner son fond de teint. Ces dix mois d'internement l'avaient mise à l'abri des représailles des mafieux Corses, mais leur arrestation en ce mois de Septembre 2012, allait marquer le retour de celle qui avait déjà quelques idées pour rebondir.

Elle prit le train jusqu'à Aix en Provence et ensuite un taxi qui la déposa sur la place du village de Tréfort. Elle régla la course sans laisser de pourboire au chauffeur et, triomphante, en tirant sa valise à roulettes de marque RIMOWA (dernier vestige du temps de sa splendeur) elle traversa la place pour passer devant la maison du père Gustave. De derrière la fenêtre de sa cuisine il la vit et sortit alors sur le palier. Il plissa les yeux en mâchant bruyamment, regardant s'éloigner celle qui, pour lui à n'en pas douter, représentait une somme colossale d'emmerdements à venir.

Germaine tourna la clé dans la serrure de la maison familiale, qui n'ayant jamais trouvé acquéreur, Irène s'étant lassée de faire paraître des annonces, était restée en l'état. Comme la cadette entrait dans le salon, la forte odeur de renfermé disparut après qu'elle eut ouvert les volets bleus.

Son arrivée délogea toute une ribambelle de souris qui, dans un sauve qui peut, s'engouffrèrent dans une petite ouverture dans la cuisine. Une impression d'abandon fit penser à Germaine qu'il lui faudrait redonner de l'éclat à cette bâtisse. Elle trouva une bouteille de whisky aux trois quarts vide dans l'un des meubles de style moderne qu'elle s'était fait livré, après que les époux Calbut eurent fait emporter les leurs par l'association Bric à Brac et rendu les clés.

Elle s'en versa un verre et le leva vers l'ajour de la fenêtre pour en admirer la couleur miel, légèrement dorée, avant de boire le breuvage de 10 ans d'âge cul sec. Elle fit claquer sa langue sur son palais et sortit sur le balcon pour s'apercevoir que la maison mitoyenne des Fauconyaca, donnait la même impression d'abandon. Elle pensa qu'elle risquait bien de tomber en ruine si la fille de Rita ne venait pas l'habiter vu que sa mère et son père n'étaient pas prêts de sortir de l'asile d'aliénés.

La cadette regarda un long moment le soleil qui enflammait le ciel dans un festival de couleurs oranges et rouges avant qu'il ne disparaisse derrière le massif de la Sainte Victoire. Elle se dit qu'elle ne pouvait pas rêver plus bel accueil en savourant sa liberté retrouvée.

Ses pensées allèrent à Ange Casanova. Elle se demanda comment les choses avaient bien pu tourner pour lui, une fois qu'elle eut quitter la villa sur les hauteurs d'Ajaccio. Elle essaierait de l'appeler demain après une bonne nuit de sommeil.

Le lendemain de bonne heure elle monta jusqu'à la mairie croyant y trouver quelqu'un qu'elle connaissait bien. Elle apprit ainsi par la secrétaire que l'adjoint au maire Jean Piètre avait quitté ses fonctions et qu'il s'adonnait à la pêche à la cuillère dans les eaux de la rivière de l'Arc et que son remplaçant, Raymond Téton n'allait pas tarder à arriver.

Elle fit ainsi la connaissance du nouvel adjoint au maire. Un homme de stature élégante à la diction agréable et apaisante. Immédiatement sous le charme, Germaine commençait à battre des cils et à se pâmer quand elle aperçut, posé sur le bureau le journal La Provence. Attirée par la Une du quotidien, elle cessa son jeu de séduction pour parcourir l'article.

Elle reposa le journal et sortit du bureau pour redescendre à toutes jambes vers la maison familiale. Arrivée dans le salon, essoufflée elle saisit le téléphone puis elle prit place dans son fauteuil Emmanuelle en rotin et appela Ange Casanova.

- Vous vous êtes servi de moi dans cette affaire !

-Ne vous inquiétez pas, j'ai effacé toutes traces pouvant vous rattacher à la filière du milieu Corse.

-Il n'empêche... si les choses avaient mal tournés, j'aurais pu y laisser ma peau !

-Je n'ai pas eu le choix. Ou bien j'acceptais de fournir les renseignements à la brigade des stups, ou alors j'avais un contrôle fiscal sur le dos.

- Quoi ? C'est tout ? Voilà la seule raison pour laquelle vous avez balancé vos amis Corses ?! Vous me prenez pour une dinde ?

- Bon, j'avoue qu'une forte prime a fini de me convaincre... mais là n'est pas l'important Germaine, le fait est, que vous voilà à nouveau libre de vivre votre vie comme vous l'entendez et si vous avez besoin de mes services n'hésitez pas à me contacter pour...

- Alors là pas de danger ! Vous appartenez désormais à un passé que je préfère oublier !

-Bien... mais encore un détail... j'ai fait transférer une certaine somme d'argent, après blanchiment, sur un compte en banque dans un pays qui fait du bon chocolat, juste histoire de redémarrer quelque chose.

Soudainement à ce point de détail, Germaine changea de ton et toujours dans son fauteuil en rotin, situé devant un grand miroir, elle fit une mimique avec la bouche en cul de poule et minauda en prenant la pose comme sur le poster de l'affiche du film Emmanuelle en essayant plusieurs expressions :

- Ah ? Eh bien je vous en remercie cher Maître. Et... de combien parle ton ?

- Je pense que, un 1 800 000 euros devraient vous permettre de démarrer...

- Ah c'est sûr que ça va me permettre de ne pas vivre petit bras ! Cher Maître, je vous remercie pour tout, vous m'êtes extrêmement sympathique vous le savez, et je ne manquerai pas de faire appel à vos services compétents au cas où.

- Vous pourriez descendre jusqu'à Toulon, et nous irions dans un bon restaurant pour poursuivre cet entretien en tête à tête... qu'en pensez-vous Germaine ?

Prise à contre pied par cette proposition, la cadette cessa d'être en représentation et se dit qu'après s'être déjà envoyé le Gaétan Caruso, elle pouvait accrocher à son tableau de chasse un avocat de classe supérieure. Elle répondit sur un ton détaché d'une voix doucereuse :

- Mais pourquoi pas, cher Ange, les gens comme nous, qui font partie des 20 pour cent, ne peuvent qu'avoir des choses à se dire relevant d'un destin hors du commun.

- Parfait ma chère, j'attends donc votre visite incessamment sous peu. Je vous remettrez le numéro de code d'accès à votre compte ce jour là.