Mystère à Tréfort - Audrey Roman - E-Book

Mystère à Tréfort E-Book

Audrey Roman

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Beschreibung

Il y a des successions familiales qui n'en finissent pas de réserver des surprises et dans ce tome 2 les protagonistes vont une fois de plus être confrontés à des situations pour le moins dantesques et cocasses. De nouveaux personnages vont, au fil du récit faire leur apparition, rajoutant leur grain de folie dans cette saga déjà désopilante.

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Sommaire

Audray Roman et André Valrais

Une agence de détective

La valse des maires

L'auberge

Menu Gastronomique ou...

Les moules farcies

Annette et Lulu

Le retour de Cunégonde

Boule de gomme sans mystère

Des fantômes Écossais

Le serrurier

Une histoire de fou

Les frères Parpaing

Le retour des Anglais

Le deuxième spectacle

La maison Régali

La reconstruction

Germaine et les mafieux

Un village pas si tranquille

Retrouvailles impromptues

Révélation

Quel cirque

Alain Possible nul n'est tenu

Vue sur la mer

L'argent ou le plomb

Retour à la case départ

Epilogue

Audray Roman et André Valrais

Mystère à Tréfort

Les événements rapportés ci-après n'étant pas tirés de faits réels, toute ressemblance avec des personnes existantes, ou ayant existé, ne serait que pure coïncidence. Pour une meilleure compréhension du texte, il est fortement conseillé de lire le tome 1 : Les marmites Provençales.

Après une remarquable prestation à la prestigieuse salle Newyorkaise du Carnegie Hall, Irène quitta sa loge pour se rendre à l'hôtel situé au dessus de Central Parc, ayant décidé cette fois-ci de ne pas se joindre aux musiciens pour l'after concert traditionnel, se sentant fatiguée à cause du énième décalage horaire qu'impliquait sa tournée internationale.

A 2 heures cette nuit là, la sonnerie du téléphone retentit dans la chambre 108, tirant Irène de son premier sommeil. Comme elle ouvrait un œil contrarié, elle décrocha pour s'entendre dire d'une voix mal assurée : « - Allo Irène ? Je suis désolé de te déranger en pleine nuit mais ce que je vais t'annoncer est important. » Intriguée, elle se redressa en calant un oreiller dans son dos et lança :

- Jean Piètre … c'est toi ? Mais que, t'arrive t-il qui nécessite un pareil appel ?

- Ce que j'ai appris et que je vais te dire va te paraître surréaliste. Mais,il faut que tu saches qu'il se passe des choses étranges dans ton ancienne maison familiale.

- Mais de quoi tu me parles là ? Ce sont sans doute les propriétaires alors vois ça avec eux. Mais c'est pas croyable ça, demain je m'envole pour l'Italie. Je viens de chanter pendant deux heures et tu m'empêches de dormir. La maison Régali et tout ce qui s'y passe ne me concerne plus.

- Les anglais, Oliver Calbut et sa femme ont quitté la demeure il y a déjà une année, et elle n'a pas été revendue depuis. Cependant, des témoins m'ont rapporté avoir vu des lumières à l'intérieur certaines nuits.

- Mais enfin, Jean, ce sont sûrement des squatteurs voilà tout.

- Je ne t'ai pas encore tout dit...

- Bon Dieu mais tu as une case en moins pour m'appeler ici pour me parler par énigmes. Où veux-tu en venir à la fin ?

- Il se trouve que Rita, la voisine m'a affirmé qu'il n'y a pas de squatters dans la maison...

- Je sens que tu ne me dis pas tout. Tu ne m'aurais pas dérangée au bout du monde pour me parler de vagues lumières et de bruits suspects. Crache donc le morceau.

- Eh bien voilà... il me semble bien avoir vu Cunégonde sur le marché de St Auban...

- Quoi ?! Mais tu délires, Cunégonde est décédée à l'Hôpital psychiatrique de l'Ordre des Frères de St Jean de Dieu, et elle est enterrée dans le caveau familial.

- Elle était affublée d'une perruque rousse, mais je suis sûr que c'est elle, avec ses jambes arquées à la Lucky Luke. Tu sais bien que c'est une sorte de marque de fabrique. De plus, Je suis sûr d'avoir reconnu sa voix tandis qu'elle invectivait la marchande des quatre saisons, provoquant un attroupement tandis qu'elle lançait à la cantonade d'aller se faire voir ailleurs.

A l'autre bout du fil, Irène resta un moment sans voix. Puis, rompant le silence pesant qui s'était installé, elle rétorqua :

- Tu penses être sûr de toi ? Cela pourrait être un sosie par exemple, carle docteur en psychiatrie, Arsène Tuladanlos en personne, nous a délivré le permis d’inhumer. Il n'y a pas d'erreur possible.

- Quelque chose me dit qu'elle est bien vivante et qu'elle n'a rien perdu de sa verve légendaire. Il y a un certain vocabulaire et des intonations de voix que l'on n'oublie jamais.

- Alors là... je ne sais pas quoi dire. L'hôpital aurait-il commis une erreur monstrueuse, en déclarant morte une autre personne portant le même nom, et de ce fait nous aurait refilé le mauvais macchabée ? Tout ceci me paraît bien loufoque et mérite un éclaircissement. Écoute, je vais honorer demain soir le dernier concert de ma tournée à La Scala de Milan, et je rentrerai ensuite à Tréfort. Si tu as vu juste c'est qu'il y a là, pour parler poliment un cheveux dans le potage. Le docteur Tuladanlos nous aurait-il enfumés ? Si c'est le cas nous aurons le fin mot de l'histoire. En attendant, continu de surveiller la maison, et surtout Rita, dés fois qu'elle essaye de nous la faire à l'envers, ce qui ne m'étonnerait pas vu qu'aux obsèques de Cunégonde elle a gardé les yeux secs, et qu'elle arborait un sourire en coin énigmatique qui ne l'a pas quitté durant toute la cérémonie... maintenant que j'y repense.

- Entendu, sitôt revenue à Tréfort nous en reparlerons. Je te souhaite un bon concert à Milan et je te dis donc à bientôt.

L'adjoint au maire raccrocha et se mit en quête d'une agence de détective privé, pensant que seul un professionnel pouvait, en toute discrétion, se rapprocher de la vérité en se rendant à L'Ordre hospitalier des Frères de St Jean de Dieu pour mener des investigations. Il se dit qu'il devrait quand même aller à nouveau interroger la voisine qui avec son air couillon et sa vue basse, devait en savoir plus qu'elle voulait bien le laisser paraître. Dans la foulée il se dit qu'il cuisinerait aussi son mari Roger, qui ne s'était jamais remis du coup de matraque souple reçu derrière les oreilles, asséné par un des truands du gang des Toulonnais, lors de l'épisode qui les avaient amenés jusqu'au village de Tréfort pour récupérer leur précieuse marchandise de stupéfiants dérobée par Cunégonde. Il en avait d'ailleurs conservé un strabisme divergeant le jour, et convergeant la nuit, ses yeux ne se retrouvant dans l'axe que sous l'effet d'une très forte émotion. C'est ainsi que quand Jean Piètre le questionna sur les lumières et les étranges bruits provenant de la maison Régali, le regard redevenu normal du sieur Roger se fixa dans celui de son interlocuteur, lequel perçut tout de suite qu'il était faux comme la justice et que le lascar devait savoir quelque chose lui aussi au sujet de cette étrangeté. Pendant son tour de chant à La Scala de Milan, Irène fortement contrariée par les révélations de Jean Piètre, ne pu donner son maximum et fit une modeste prestation qui lui valut des critiques acerbes de la part des journalistes conviés à cet événement, ce qui ne manqua pas, par la suite, de nuire à sa belle carrière.

Une agence de détective

Légère et court vêtue, Annette s'en allait dans la rue vers son rendezvous. La veille elle s'entendit dire lors d'un échange téléphonique avec un employé de l'agence nationale pour l'emploi : « - Préparez bien votre dossier avec toutes vos démarches. Nous ferons le point sur votre projet personnalisé d’accès au retour à l'activité. » Elle se présenta à l'heure dite avec son porte documents sous le bras. Quand vint son tour d'être reçue elle expliqua sans rire qu'elle souhaitait créer une œuvre intemporelle et que pour cela, elle songeait à un moyen pour stopper la roue de la réincarnation. Devant l'air ahuri de la jeune femme qui écoutait ses propos, Annette sourit avant de déclarer :

- C'est une blague, je plaisante ! En fait j'ai dans l'optique de créer une agence de détective privé et je recherche un collaborateur compétent. J'ai déjà un très beau local me venant de mes parents, suite à leur décès tragique dans l'escalade du nanga Parbat, une montagne située dans la chaîne de l'Himalaya. En effet, après avoir dévissé d'un piton rocheux juste en dessous du sommet, à 8126 mètres, ils crurent s'en sortir car leur appel radio avait été localisé, pour finalement finir ensevelis sous une bête avalanche.

- Eh bien, ce n'est pas banal. Mais vous ne pensez pas qu'en cette période de crise, se lancer dans une telle entreprise serait quelque peu aléatoire ?

- Vous savez, il y aura toujours des gens qui voudront savoir ce que fait leur conjoint de cinq à sept. Je précise que j'ai obtenu l'agrément de la profession d'Agent de Recherches Privées, qui est réglementée, et que tout aspirant détective est tenu d'obtenir avec un diplôme homologué par la Commission Nationale de Certification Professionnelle.

- Eh bien si vous me permettez... j'ai peut-être dans mes fiches le profil de la personne que vous recherchez. Voyons voir... ah voilà ! Rentré récemment d'Argentine, Lucien Vaurien se présente comme un aventurier chercheur d'or au fort caractère, choisi pour sa détermination pour aider les groupes miniers à exploiter les terres du Sud de la Patagonie. La fortune ne lui a pas sourit et il est revenu raide fauché. Une fois ses rêves envolés, il aurait pu, comme d'autres européens, se convertir à l'élevage des ovins, mais le personnage a préféré rentrer dans son pays d'origine. J'ajoute que c'est un expert en informatique. Le jour où il est venu s'inscrire à l'agence, il a réparé et remis en service trois ordinateurs que les techniciens n'arrivaient pas à refaire fonctionner. Un vrai petit génie. Si vous voulez je peux vous donner ses coordonnées.

- Parfait. Puis-je vous soumettre quelques slogans qui figureraient sur la plaque murale de l'agence ?

- Pourquoi pas... je vous écoute...

- Tout d'abord je pensais à celui-ci : « Annette Quequette enquêtes et filatures discrètes. » Ou encore : « La vérité, toute la vérité par le flash. » Et le nom de l'agence serait celui-ci : « L'agence : on sait tout, mais on dira rien. »

- Oui c'est assez accrocheur. Je suis heureuse de voir que vous avez enfin un projet, vu que d'après votre dossier vous donnez l'impression de ne pas tenir en place chez un employeur. Vous avez trente deux ans et déjà vingt emplois différents à votre actif... il serait temps de penser à vous stabiliser.

- Oh vous savez, moi ce qui me plairait bien finalement, c'est un job comme le votre... assise là à ne rien faire, sinon a juger les capacités des gens, capacités que vous n'avez pas. Fonctionnaire c'est sécurisant avec un petit plan de carrière. Mais dites vous bien mademoiselle, que si il n'y avait pas les demandeurs d'emploi, vous n'en auriez pas non plus. Donnez moi donc les coordonnées de ce type que vous avez dans vos petites fiches et brisons là si vous le voulez bien.

Une fois sortie de l'agence, Annette démarra le solex qu'une amie lui avait prêté, puis elle entra dans le trafic pour se rendre au garage où elle avait laissé sa coccinelle en réparation. Elle tenait à cette voiture qui lui venait de son père et à laquelle se rattachaient des souvenirs, comme quand il conduisait sa fille aux rochers de Fontainebleau pour pratiquer la varappe le week-end.

- Alors voilà... ça vous fait 6000 euros !

- 6000 euros ?! Mais à ce prix là vous avez changé le moteur ou quoi ?

- Elle ratatouillait dans les montées ?

- Oui...

- Elle plafonnait sur le plat ?

- Oui aussi...

- Eh bien voilà, c'était l'allumage.

- Il suffisait de changer les bougies alors !

- Oh que nenni, quand c'est l'allumage nous on change tout. Le faisceau électrique, les bougies, le Delco, l'alternateur... tout. Maintenant votre voiture c'est un petit bijoux.

- Ha ben à ce prix là, j'espère que l'écrin est fourni avec !

- Je vous sort la facture... vous êtes une marrante vous. Il vous faudra revenir car j'ai remarqué qu'une durite est faiblarde, et ça... à coup sur c'est la panne. Comment réglez-vous ?

- Par chèque, et si possible encaissez le dans quelques jours.

- Par de problème ma jolie... disons que je vous fait une fleur.

- A ce prix là se dit Annette, c'est tout le magasin qu'elle aurait pu s'offrir. Après avoir quitté le garage, elle se rendit sur les lieux du rendez-vous qu'elle avait consenti de convenir avec celui qui allait devenir son futur collaborateur.

La valse des maires

Quand elle arriva au village, Irène s’arrêta un long moment devant le mur en pierre de la maison Régali, qui fut à moment un donné, celui des lamentations. Elle en eut presque les larmes aux yeux devant la bâtisse qui donnait l'impression d'être abandonnée avec sa vigne vierge envahissant la façade sud. Un battant des volets bleus mal fixé claquait au vent et un flot de souvenirs vinrent assaillir Irène, qui ne resta pas plus longtemps et emprunta à grands pas la rue qui passe derrière la maison et qui conduit à la mairie. Là, elle appris que l'ancien maire de Tréfort avait fait plusieurs tentatives de suicide, se ratant à chaque fois, pour enfin arriver à ses fins en se pendant à une branche d'olivier avec sa ceinture, après le scandale qu'avait provoqué le procès intenté contre la mairie au sujet du domaine public par les propriétaires anglais, les époux Calbut, qui finirent pas comprendre qu'ils ne pourraient jamais jouir entièrement de leur terrasse et que de ce fait, ils ne pourraient pas aménager leur jardin d'hiver. Ceux-ci quittèrent les lieux très remontés promettant de donner suite à cet incident qu'ils assimilèrent à la bataille de Burgoyne, où la Grande-Bretagne fut défaite face la France, laissant la maison Régali à l'abandon. L'adjoint au maire fut aussi éclaboussé par le scandale mais il conserva son poste après un recadrage musclé. La goutte d'eau en trop dans cette affaire, fut sans doute la présentation à la juge Pétula Chastagne d'une lettre jadis adressée à Mme Regali, dont la teneur donnait à penser que la municipalité pratiquait le racket, dissimulé sous forme de « dons » versés par les contrevenants. Lettre, dont vous trouverez copie ci-après :

Le contenu de cette missive tamponnée en bonne et due forme, s'apparentait plutôt à des pots-de-vin perçus par une famille à la Corleone, avec un corps municipal dont l'organe exécutif en serait le parrain. Les anglais avaient tout fait exploser en remettant sur le tapis le domaine public, qui reste inaliénable et incompressible. Le notaire qui a l'époque, pour accélérer la vente de la maison Régali, s'était assis sur cette certitude, avait également fait les frais du courroux des époux Calbut et c'est ainsi que Maître Enfoiros avait du se reconvertir, après la perte de son étude, dans le métier d'écrivain public, sans grand succès. Pendant qu'Irène faisait le tour du monde portant sa voix dans les salles les plus prestigieuses, son village natal faisait la une des journaux, et ce n'était pas pour vanter la qualité de son huile d'olive et de sa tapenade. En effet, les britanniques avaient pris un avocat qui depuis Londres envoyait des écrits cinglants à l'attention du maire de Tréfort et du notaire véreux qui avait autorisé la vente du bien en toute illégalité. Le journal The Daily Telegraph avait même inséré un entre-filé à ce sujet dans sa chronique réservée aux transactions foireuses.

Pendant que notre soprano d'Irène buvait des cocktails Margarita à Acapulco, une guerre des tranchées s'était ouverte entre le France et son ennemi héréditaire par l'entremise de missives incendiaires. Le torchon brûlait et il fallut l'intervention ni plus ni moins du préfet qui promis que des têtes allaient tomber et que les époux Calbut allaient rentrer dans leurs frais pour calmer les esprits échauffés. L'équipe de rugby à XV d'Angleterre surnommée le XV de la Rose avait même promis une défaite cuisante à l'équipe de France sur le terrain de son choix et une baston générale à la 5ème mi-temps.

Pour couronner le tout, la facture bidon fournie par Cunégonde pour justifier de la légalité de la construction du fameux mur de soutènement de la terrasse ne convainquit pas plus de monde, et la mairie, qui en avait permis l'érection, fut déclarer autant fautive que la cadette qui avait fait le forcing ignorant les mises en garde de l'ancien maire du village : « - reste sur limite Cunégonde sinon tu auras des ennuies. » Ce à quoi elle répondit stoïquement : « - Pas grave, ça va faire joli. » La facture en question, rédigée par le maçon, le sieur Alain Possible, qui entreprit les travaux reste à ce jour incompréhensible, une véritable énigme comptable, comme vous pourrez en juger ci-après :

L'auberge

Quand Jean Piètre vit arriver Irène devant la mairie, il sortit vers elle et l’entraîna jusqu'à la terrasse du café situé en face. Là, il lui dit qu'il avait fait appel à un détective privé pour en savoir plus au sujet de Cunégonde et qu'une certaine Annette quéquette avait répondu à son annonce.

- Tu sais que cette histoire de succession a tellement mis le foutoir que c'est tout le conseil municipal qui a été remanié. Et pour remplacer tout ce beau monde on nous a envoyé des candidats pas piqués des vers. Il y a eu tout d'abord une certaine Mme Pivoli, qui s'est engatsé sans préliminaire avec le candidat Charles Moutard. Puis un certain Aldo Falco qui faisait le cacou et qui s'est fait recadrer vertement par une Mme Vassal, cafie de bracelets, et dotée d'un timbre de voix strident, qui faisait sa mijaurée sous l’œil gourmand d'un jeune crétin fraîchement diplômé. Et c'est alors que tout d'un coup, qui voilà qui arrive ? Norbert Mariani, élu récemment à la tête du syndicat du BTP de la région PACA, fortement soupçonné de traficoter avec la mafia et qui attend son heure planqué comme un roucaou derrière un banc de moules, les prochaines élections Régionales pour se représenter. Tout ce beau monde avait son avis sur la désignation de l'organe délibérant et de l'organe exécutif à mettre en place. Le conseil municipal, chargé par ses délibérations de régler les affaires de la commune s'est mis d'accord et un consensus fut enfin trouvé évitant que les réunions ne tournent au pugilat. Notre nouveau maire, le énième depuis la Révolution de 1789, la liste depuis 1945 s'allongeant jusqu'à celui-ci, qui prend régulièrement des grands airs de Mr Brun pour enfin, à la fin des délibérations, ne calculer dégun pour faire exactement comme il l'entend. Mais pour en revenir à ce qui nous préoccupe, j'ai un peu secoué le mari de Rita et je suis sûr qu'il n'est pas net.

- Mais quand même, c'est une histoire de fou. Tu es vraiment sûr de toi au sujet de la cadette ?

- Ma main au feu que c'était elle. C'est un modèle unique, et le moule fort heureusement est cassé. Toutes les personnes qui ont eu affaire à elle en gardent une trace indélébile. A côté d'elle les chutes du Niagara ne sont que des larmes de crocodile et un typhon un doux zéphyr.

- Les anglais sont partis depuis longtemps ?

- Cela fait plus d'un an qu'ils ont regagné leur pays sans plus s'occuper de rien. Il n'y a plus ni eau, ni électricité et il doit pleuvoir à l'intérieur de la maison. C'est bien triste.

- Mais comment quelqu'un pourrait-il vivre dans une maison sans commodité, si tu me dis que des gens ont aperçu de la lumière.

- Peut-être étaient-ce des bougies...

- Mais enfin, tu n'es pas allé voir par toi même ?

- La porte est fermée à clé, et je n'ai aucun pouvoir pour pénétrer dans les lieux.

- Où se trouve donc ta détective ?

- Elle est sur Paris.

- Paris ? Tu n'aurais pas pu trouver plus prêt ?

- C'est l'intitulé de leur agence qui ma accroché.

- Ah bon, et qu'est-ce que ça dit ?

- L'agence : « on sait tout, mais on dira rien »

- Et tu trouves ça accrocheur toi ? Moi ça me fait plutôt penser à une équipe de pieds nickelés. Et quel sont leurs tarifs ?

- Alors là, je n'en sais fichtrement rien pour l'instant.

- Parce que de la capitale jusqu'à l'Ordre hospitalier des Frères de SaintJean de Dieu, ça fait une sacré trotte et s'ils te facturent au kilomètre tu peux commencer à organiser une tombola, car la note de frais sera salée.

- Ben en fait je comptais un peu sur toi pour m'aider à payer.

- Nous verrons ça plus tard. Je ne sais pas encore où je vais m'installer pendant les quelques jours que durera cette enquête, bien que je doute encore de ce que tu as vu. Moi tu sais, je suis comme St Thomas.

- Et moi je n'en démords pas.

- Après tous ces déboires pour arriver à vendre cette maison familiale avec cette harpie qui nous a mené une vie d'enfer, rien qu'à l'idée de me dire qu'elle pourrait être toujours de ce monde me donne des brûlures d'estomac. Mais elle est bien capable de revenir de l'au-delà pour nous faire un doigt d'honneur. Tu ferais mieux de faire appel à un exorciste à la place d'un détective, qu'il rapplique avec son attirail et des jerricans d'eau bénites !

- Je vais te trouver un endroit tranquille, sympa et au calme. La propriétaire est une amie. C'est à l'auberge de La Bérézina. En ce moment il n'y a que des têtes blanches qui tapent le carton, qui jouent aux boules et qui finissent leur soirée à la verveine menthe. Je te réserve une chambre avec vue sur la piscine.

- Bien, alors je vais m'y rendre, mais je veux éclaircir cette histoire de lumières aperçues dans la maison Régali, aussi va t-on se revoir demain pour interroger l'ensemble des témoins de cet étrange phénomène.

Menu Gastronomique ou...

Irène se gara devant une haie parfaitement taillée qui laissait le passage jusqu'à la tonnelle abritant la porte d'entrée de l'auberge. Une jolie bâtisse rénovée qui donnait envie de s'y arrêter. Elle fit quelques pas en longeant la façade jusqu'à la salle du restaurant, qu'elle entrevit par les fenêtres ajourées par de grands vitrages.

Les tables dressées lui firent penser à un de ces jolis endroits gastronomiques qu'elle avait l'habitude de fréquenter lors de ses tournées. Elle ignorait, alors qu'elle était du coin, qu'il exista un endroit aussi sympathique et accueillant à quelques kilomètres à peine du village de Tréfort.

Elle fit un effort pour ajuster sa vision et ainsi, elle pu lire sur l'un des menus :

Alléchée par un aussi affriolant menu elle retourna vers la porte d'entrée pour se présenter à l'accueil. Le tintement clair de la sonnette fit sortir de sa loge une femme, le tablier à carreaux enfariné, les cheveux en bataille, un mégot de cigarette papier maïs pendant à sa lippe boudeuse. Elle essuya son front perlé de sueur d'un revers de la main et demanda à Irène : « - Qu'y a t-il pour votre service ma p'tite dame ? » Surprise par cette apparition, Irène hésita un laps de temps avant de décliner son identité.

- Ah... c'est vous la cliente envoyée par Jean. Comment il va cet olibrius ? Quand nous étions jeunes on en a fait des virés ensemble, et il me culbutait sur sa banquette arrière, quand il n'était pas rond comme une queue de pelle !

- Ce serait pour quelques nuits.