Monrose - André-Robert Andréa de Nerciat - E-Book
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Beschreibung

Extrait : "Je reviens à vous, chers lecteurs, puisque vous voulûtes bien m'écouter avec autant d'indulgence la première fois que je m'avisai de vous entretenir. Mais malgré l'espèce d'engagement que j'avais pris avec moi-même de vous donner les suites de mes Fredaines, ce sera pas cependant de moi que je parlerai. Trouvez bon de ne me plus voir sur la scène qu'en qualité d'accessoire : Monrose ( dont vous vous souvenez sans doute ) va maintenant y jouer le rôle principal."

À PROPOS DES ÉDITIONS LIGARAN

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EAN : 9782335054699

©Ligaran 2015

Monrose n’est que la suite du roman de Félicia et encore une fois, ainsi que le dit le titre du premier chapitre : c’est Félicia qui parle. Ce qu’elle dit, l’auteur le pensait lui-même, et ce chapitre est fort intéressant puisqu’il fait connaître le caractère et quelques opinions du chevalier Andrea de Nerciat au retour de ses voyages. Ce chapitre, le voici.

Je reviens à vous, chers lecteurs, puisque vous voulûtes bien m’écouter avec autant d’indulgence la première fois que je m’avisai de vous entretenir. Mais malgré l’espèce d’engagement que j’avais pris avec moi-même de vous donner les suites de mes Fredaines, ce ne sera pas cependant de moi que je vous parlerai. Trouvez bon de ne me plus voir sur la scène qu’en, qualité d’accessoire : Monrose (dont vous vous souvenez sans doute) va maintenant y jouer le rôle principal.

Au surplus, ne vous imaginez pas que ce soit faute de matériaux qu’il me convienne de laisser un autre lier son monument aux pierres d’attente du mien, au contraire, bien plutôt, mes chers amis, serais-je dans le cas de m’appliquer ce mauvais vers :

Pour avoir trop à dire… je me tais.

Mais pendant plus de dix ans qui se sont écoulés depuis que j’ai cessé d’écrire, tout ce que j’ai pu me permettre d’agréables folies ressemble si bien à ce que vous connaissez déjà, que j’ai cru devoir vous épargner des redites. J’ai beaucoup voyagé ; mais que fait un nouvel auteur du voyage ? Répéter, s’il est véridique, ce qu’un autre, aussi bon observateur, aura dit avant lui, mieux ou plus mal, des mêmes objets remarquables. J’ai lu aussi dans les cœurs plus à fond que du temps où j’écrivais pour la première fois, mais mes notes n’ayant pas été toutes gaies et à l’avantage de l’espèce humaine, et mon esprit n’étant d’ailleurs nullement enclin à la satire, j’ai fait vœu de ne rien peindre de ce qui exigerait que je mêlasse une trop forte dose de noir à mes couleurs. Pourquoi, sans vocation, et je crois, sans moyen, pour la médisance, m’élèverais-je comme exprès : afin de vous donner de l’humeur contre une infinité de choses qui souvent ont excité la mienne ! Ces Français ont cessé de me plaire depuis que, de gaieté de cœur, ils ont renoncé à être d’amusants originaux, pour devenir de sottes copies. Les Anglais m’ont évaporée ; les Allemands m’ont passablement ennuyée, tout en me forçant de les beaucoup estimer ; les Italiens m’ont excédé de leurs grimaces et de leur multiforme agitation. C’est pour ne pas délayer tous ces travers sur mon papier : c’est en un mot, pour n’être méchante sur le compte de personne, en particulier, que je renonce à vous parler de moi. Le petit nombre d’amis choisis avec lesquels je passe doucement ma vie, ne mérite que des éloges. Or, l’éloge n’est point ce qu’on lit avec le plus d’appétit, non plus que la description monotone d’un petit bonheur exempt de ces traverses romanesques, de ces oppositions délicieuses pour le spectateur qui, pourvu qu’il ait du plaisir, ne s’embarrasse guère de ce qu’ont à souffrir les héros de la scène.

Le deuxième chapitre intitulé Éclaircissements nécessaires, n’est pas moins intéressant. Félicia raconte ce que fit Monrose pendant le temps où elle l’avait perdu de vue.

Monrose n’est point mon frère quoique l’aient ainsi consacré de nombreuses éditions qu’on a faites de mes Fredaines. Si la première qu’on fabriqua chez les Belges à mon insu, et que toutes les autres ont plus ou moins incorrectement copiée, n’avait par elle-même été toute autre chose que ce que j’avais écrit, on saurait, que Monrose, mon neveu seulement, est le fils de Zeïla, devenue Mme de Kerlandec et depuis encore, devenue Milady Sydney ma sœur, et nullement ma mère. Ail surplus l’occasion naîtra de rectifier, chemin faisant, des erreurs généalogiques, qui, dans le fond, sont de peu de conséquence pour le lecteur. Mais il est à propos de lui dire, s’il n’a pas sous la main quelque exemplaire de mes Fredaines, que ce fut moi qui lançai dans le monde le charmant Monrose, et qui lui donnai les premières leçons de bonheur ; qu’on lui fit faire ensuite un voyage en Angleterre ; qu’il en revint à l’occasion du débrouillement de nos intérêts de famille, qu’alors il fut inscrit dans la compagnie des Mousquetaires noirs, et qu’à leur suppression, Monrose à peine âgé de 16 ans, mais grand, et assez formé pour qu’on pût supposer qu’il en avait deux de plus, fut pourvu d’une réforme de cavalerie.

Les êtres bien nés, bien inspirés, se livrent volontiers avec enthousiasme à la profession qu’ils ont embrassée. Monrose, militaire, crut devoir épier les moindres occasions d’apprendre son métier, et chercher par toute la terre à s’y rendre recommandable. Il prit donc de lui-même le parti d’aller servir en Amérique où la France prodiguait son or et ses soldats pour le soutien de cette insurrection prétendue philosophique, dont l’exemple est devenu funeste à plus d’une contrée de l’Europe et de laquelle certains politiques jugent que nous aurions mieux fait de ne point nous mêler.

Quoi qu’il en soit, comme une discussion de ce genre est absolument étrangère à mon sujet, il me suffit de dire qu’utile ou préjudiciable à l’État, cette émigration militaire fournit à Monrose l’occasion, d’une heureuse caravane. Il partit comme volontaire déterminé par des convenances avantageuses, et assuré de l’intérêt particulier que prendrait à lui certain officier général.