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Frédérik, jeune réfugié politique polonais, nourrit depuis l’enfance une profonde vocation pour la musique. Élève assidu du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, il décroche brillamment sa médaille d’or en guitare avant de se lancer dans une carrière professionnelle. Mais au-delà des promesses de succès, il découvre les exigences et les désillusions du show-business. Saura-t-il imposer son talent et atteindre la notoriété à laquelle il aspire sans perdre son équilibre personnel ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Adepte du style romanesque,
Fabien Soucaille explore avec justesse l’univers de la musique, un domaine qui le fascine et qu’il maîtrise. Pianiste depuis de nombreuses années, il perçoit la musique comme bien plus qu’un art sonore : un langage d’émotions et d’histoires. Cette immersion nourrit ses récits, leur conférant une authenticité qui entraîne le lecteur au cœur de cet univers.
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Seitenzahl: 124
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Fabien Soucaille
Musiciens en exil
Nouvelle
© Lys Bleu Éditions – Fabien Soucaille
ISBN : 979-10-422-6469-7
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Chapitre I
Depuis deux ans, Frédérik et sa famille étaient réfugiés politiques polonais en France. À la suite d’un mouvement insurrectionnel de leur peuple contre le pouvoir, ils avaient décidé de s’exiler momentanément dans ce pays. Frédérik poursuivait ses études de guitare au conservatoire de Paris, car il se passionnait pour la musique et avait une âme d’artiste. Dès son plus jeune âge, lors de veillées familiales, il demandait à son père, lui-même musicien, de l’accompagner à la guitare sur des airs connus. Il avait un beau timbre de voix et le sens du rythme. Ses parents l’exhortaient à jouer. C’étaient eux qui l’avaient inscrit au conservatoire, car ils étaient conscients que Frédérik avait des dispositions pour la musique et qu’il voulait en faire sa vocation : devenir artiste était son credo. Mais un problème persistait dans l’apprentissage du jeune musicien : il n’était pas suffisamment assidu à ses études. Son professeur lui disait :
— Frédérik, tu n’as pas assez travaillé tes gammes, je le vois dans la façon dont tu places tes doigts sur les cordes. Il va falloir que tu t’y mettes plus sérieusement si tu veux réaliser ton rêve et devenir guitariste professionnel et compositeur !
Frédérik, qui ne voulait pas reconnaître ses torts, répondait :
— Ce n’est pas vrai ! J’ai passé plusieurs heures à m’entraîner cette semaine. Vous me parlez comme si j’étais un enfant ! Pourquoi faites-vous cela ? Je ne comprends pas.
— Parce que je souhaite que tu réussisses, et tu en as le talent. Tu verras, plus tard, tu me remercieras. Tu as quasiment 16 ans et il ne faut plus perdre de temps. C’est maintenant que tu dois apprendre à te perfectionner, après, il sera trop tard.
À force de remontrances, Frédérik finit par comprendre que ce que lui disait son professeur était vrai. Il fournit alors de gros efforts pour perfectionner sa technique et son doigté. Quelques mois plus tard, les progrès réalisés par Frédérik étaient conséquents, et son professeur lui dit :
— Frédérik, comme je suis satisfait du travail que tu as fourni ! Tu as vraiment beaucoup progressé et en peu de temps. C’est formidable, je te félicite. Tu es désormais arrivé presque à un niveau professionnel. Encore quelques cours, et tu seras un guitariste accompli.
— Oui, j’ai pris conscience qu’il ne suffisait pas d’être doué en musique pour réussir, mais qu’il fallait beaucoup travailler !
— C’est bien, Frédérik, et maintenant tu vas pouvoir te consacrer à ton objectif principal et premier : devenir guitariste et chanteur professionnel.
— Merci, Monsieur.
Encouragé par les résultats qu’il avait obtenus au cours de ces derniers mois, Frédérik poursuivit ses efforts et obtint sa médaille d’or à la guitare au Conservatoire. Sa formation était parachevée. Il pouvait à présent démarrer sa carrière d’artiste. Mais Frédérik hésitait. Il ne savait pas s’il devait se produire dans des cabarets ou, pour accélérer sa carrière, tenter de participer à un concours télévisé. La première option était peu lucrative, mais elle avait l’avantage d’être moins hasardeuse que la deuxième. Il eut avec son père une longue discussion à ce sujet et lui demanda ce qu’il ferait s’il était à sa place, sachant qu’il voulait devenir un artiste reconnu. Celui-ci lui répondit qu’il débuterait par les cabarets pour essayer de se faire un nom.
Frédérik continua de questionner son père à propos de son éventuelle participation à un concours national télévisé. Son père lui répondit que c’était à lui de voir, qu’il était seul maître de son destin. Frédérik retint ces conseils, pesa le pour et le contre, puis fit le choix de s’inscrire au concours télévisé. Celui-ci se nommait Le Trophée des artistes. Son père, en l’apprenant, se proposa spontanément de l’accompagner le jour de l’audition et de l’aider à réviser ses partitions. Mais Frédérik avait du travail sur la planche. En plus de jouer de la guitare, il devait chanter. Il devait se perfectionner, car parfois, il ne chantait pas « juste ».
Son père l’encouragea dans cette démarche. Après s’être renseigné auprès des responsables du concours, il décida d’interpréter une chanson qu’il appréciait beaucoup de Jacques Brel : Quand on n’a que l’amour. Comme il ne maîtrisait pas bien la langue française, il la chanterait en phonétique. Lors des révisions, Frédérik ne respectait pas le rythme ou faisait de fausses notes. Son père, qui était à ses petits soins, équipé de sa guitare, reprenait le passage qui n’allait pas et lui demandait de jouer en même temps que lui. Grâce à l’aide de son père, le jeune musicien fit rapidement des progrès et corrigea ses défauts.
Mais d’autres vicissitudes apparurent. Frédérik n’avait pas une tessiture qui lui permettait de monter dans les aigus. Son père essaya dans un premier temps de lui faire faire des vocalises pour développer son spectre vocal. Au bout d’un mois, il n’y avait aucune amélioration et Frédérik était désespéré. Il avait le regard triste des jours sombres. Sa voix tremblait d’émotion quand il discutait avec son père. Mais celui-ci trouva une solution, et la joie finit par regagner les traits du visage de Frédérik. Il lui déclara :
— Il ne reste plus qu’une seule solution, mon fils, pour que tu puisses chanter les aigus avec justesse dans cette chanson !
— Laquelle ?
— Transposer toutes les partitions deux tons plus bas !
— Je n’ai pas le courage de le faire, papa ! C’est un travail de titan. Comment allons-nous faire ?
— Ne t’en fais pas, je vais m’y atteler et, d’ici une semaine, la transposition du morceau sera faite. Tu pourras ainsi chanter sans forcer et avec plus de justesse.
— Merci mille fois, papa, sans toi, je ne pourrais jamais réussir.
Chapitre II
Le jour du concours approchait. Frédérik participait aux répétitions dans les studios de la télévision. Il avait le trac, car c’était sa première expérience télévisée, et il s’interrogeait sur la façon dont il devait interpréter sa chanson. Il demandait d’un air désespéré à son coach vocal :
— Ça va, ma voix n’est pas trop chevrotante et désagréable ?
— Vous croyez que je vais réussir à gagner le concours ?
Son coach, qui était une personne très empathique, lui répondait :
— Ne t’inquiète pas, Frédérik, tu es largement à la hauteur. Et puis tu verras, les autres aussi sont stressés. Tu ne dois pas être défaitiste, il faut absolument que tu croies en toi. Tu as toutes tes chances de réussir. Un dernier conseil technique : lorsque tu chantes, articule bien en exagérant chaque début de phrase, car c’est ainsi que tu peux leur donner la bonne intonation.
Mais ces propos ne suffisaient pas à rassurer complètement Frédérik. D’un air inquiet et abattu, il continuait d’interroger son interlocuteur :
— Qu’est-ce que vous pensez de mon interprétation à la guitare ? Vous la trouvez satisfaisante ? Je joue dans le bon tempo ?
— Oui, absolument, Frédérik. Et en plus, j’ai remarqué que tu ne faisais aucune fausse note, contrairement à la plupart de tes concurrents. Tu as donc un très bon niveau ! C’est sûr, je n’ai aucun doute là-dessus.
— Qu’est-ce que je peux améliorer pour être encore plus efficace lors de ma prestation ?
— Pour perfectionner ton show, je vais t’apprendre une chose.
— Laquelle ?
— Ta gestuelle n’est pas bonne. Tu bouges trop dans tous les sens ! Or l’émotion doit uniquement passer par la voix et les sons de ta guitare !
— Un peu comme le faisait Jacques Brel, si je saisis bien ?
— Oui, exactement, ses chansons sollicitent beaucoup la voix et les intonations ! Tu dois avoir une gestuelle sobre et faire preuve d’exaltation dans ta voix et tes accords de guitare.
— Ah, c’est entendu.
— Alors, on y va, recommence à chanter.
Pendant une heure trente, malgré la fatigue, sans jamais se décourager, Frédérik répétait inlassablement sa chanson. Il finit par obtenir l’assentiment total de son coach vocal :
— C’est très bien, Frédérik ! Tu vois qu’il ne fallait pas te faire du souci et que tu es tout à fait capable de chanter du Brel en public. Il ne te reste plus qu’à attendre après-demain que le concours commence.
Frédérik reprit confiance en lui et retrouva toute sa sérénité. Il demanda à son coach s’il devait revenir le lendemain. Ce dernier lui répondit que ce n’était pas la peine, car il n’y avait pas de répétition. Ses collègues et lui avaient décidé de laisser un jour de repos à tous les élèves, car, les années précédentes, ils avaient constaté que cela leur permettait de réaliser de meilleures performances. Le coach conseilla ensuite à Frédérik de continuer à faire des vocalises comme il le lui avait appris, car il avait besoin de progresser encore dans les aigus. Il lui demanda enfin s’il n’avait plus de doutes ni d’inquiétude concernant sa prestation et le déroulement du concert. Frédérik lui répondit qu’il n’avait plus aucun doute à ce sujet. Les deux hommes se séparèrent.
Chapitre III
Frédérik passa la journée de repos en toute tranquillité en compagnie de ses proches dans leur domicile. Cela lui permit d’évacuer la tension nerveuse qu’il avait accumulée au cours des dernières journées de répétition.
Le lendemain, lors du concours, au cours de son interprétation, Frédérik donna le meilleur de lui-même. Il parvint à séduire le public grâce à ses qualités de guitariste. Sa voix était d’un bon timbre. Il n’eut aucun mal avec les paroles jusqu’à la fin. Il les connaissait vraiment par cœur. Le public, en extase devant son spectacle, le congratula et applaudit à tout rompre. C’est pourquoi son père et sa mère nourrissaient l’espoir de le voir emporter le concours. Lorsqu’il les rejoignit en privé, son père lui dit :
— Je n’ai vraiment aucun doute sur ta victoire… Tu as admirablement chanté ce morceau… Tu vas remporter le concours, fais-moi confiance, Frédérik.
— Je crains que non, car mes concurrents Victor et Laurence ont choisi des chansons qui sont plus abordables que la mienne !
— Je ne suis pas de ton avis. La chanson que tu as choisie d’interpréter est universelle, elle plaît à un large public. Brel l’a chantée dans le monde entier. Garde confiance en toi, Frédérik. Je te le répète, tu vas gagner, j’en suis certain !
— Et maman, que pense-t-elle de ma prestation ? Est-elle aussi enthousiaste que toi ?
— Absolument, Frédérik. À la fin de la chanson, elle a été tellement émue par ta voix et par les sons de ta guitare qu’elle s’est mise à pleurer !
— Ah, vraiment ?
— Oui, je n’en rajoute pas !
— De toute façon, Frédérik, quel que soit le résultat, je suis fier de toi, car tu as fourni beaucoup d’efforts pour atteindre un tel niveau musical et vocal. Tu es méritant, et je te félicite.
— Merci, papa. Tes compliments me touchent beaucoup, car je sais quel est ton degré d’exigence en musique. Mais le plus dur reste à venir. Laurence va chanter Imagine de John Lennon, et elle possède une magnifique voix. Je suis inquiet.
— Quand auras-tu le résultat final ?
— Lorsque l’huissier aura reçu les votes du public, quinze minutes après la fin du spectacle !
— Je vois, mon fils. Il ne reste plus que vingt minutes d’attente, ça devrait bien se passer !
— Ce seront les vingt minutes les plus longues de mon existence. Bon, maintenant, arrêtons de parler pour écouter Laurence, elle débute sa chanson.
Le concours s’acheva et les résultats furent révélés au public. Ce fut une très mauvaise nouvelle pour Frédérik. En effet, il finit à la troisième place, et seuls les deux premiers artistes furent sélectionnés pour enregistrer un album. Le père de Frédérik était médusé, il ne s’attendait pas à ce résultat.
Au moment où furent désignés les deux lauréats, une vive émotion envahit Frédérik. Il était très triste de ne finir que troisième, de ne pas pouvoir bénéficier de la récompense attribuée aux deux finalistes. Pourquoi son travail n’était-il pas récompensé ? Il avait pourtant fourni de terribles efforts ! Il ne comprenait pas. Ses yeux étaient mouillés par les larmes, et pour le réconforter, le présentateur lui fit des compliments sur son talent.
Puis, avant de quitter le plateau télévisé, Frédérik s’adressa en ces termes au public :
— Je tenais à remercier mon coach Stéphanie, qui m’a conseillé lors de toutes les répétitions, mais aussi sur le plateau, les preneurs de son, les cameramen, les maquilleurs, les responsables du spectacle, qui sont d’une gentillesse admirable et qui, malgré l’enjeu du concours, nous mettent en confiance.
Des acclamations nourries répondirent à son discours solennel. La gratitude envahit alors le regard et le visage de Frédérik. Il était à nouveau à deux doigts de verser des larmes. Puis le présentateur clôtura le concours télévisé en donnant rendez-vous aux spectateurs l’année suivante.
Chapitre IV
Frédérik venait d’essuyer un revers du sort. Il était très déçu de ne pas avoir gagné le concours télévisé. Les mois suivants, il continua à jouer de la musique. À dix-huit ans, il se produisit dans de petits cabarets parisiens ou des bars musicaux. Au début, c’était éprouvant pour lui, car il finissait sa tournée à une heure du matin. Mais grâce à sa pugnacité, il finit par en prendre l’habitude.
Il devait aussi affronter l’adversité du public. Parfois, certains spectateurs, en soirée, le raillaient, car ils trouvaient qu’il n’avait pas une belle voix. D’autres lui demandaient quand il allait s’arrêter de jouer de la guitare, car cela leur cassait les oreilles. Dans ces moments, Frédérik était découragé et il se réfugiait alors dans son monde intérieur en se disant :
De toute façon, tous ces gens n’y comprennent rien. Moi, je suis convaincu que j’ai du talent et qu’un jour je réussirai. Ils ne parviendront pas à me faire abandonner mon objectif ; la musique est la seule chose que j’aime dans la vie.