Mystique - Tome 1 - Francine Labrecque - E-Book

Mystique - Tome 1 E-Book

Francine Labrecque

0,0

Beschreibung

Que sait-on vraiment des anges et des démons ? Appartiennent-ils seulement au monde surnaturel ou sont-ils ancrés dans le monde réel ? C’est ce que découvriront Jared et Gabriel le jour de leur 17e anniversaire. Alors que le premier sera appelé à devenir un mystique angélique, le second est prédestiné à devenir un démon. Amis depuis l’enfance, leurs destins se séparent au moment où une nouvelle étudiante, Grace, fait son entrée à l’Académie St-Michael. Cette rivalité pour la jeune femme ne sera que le début d’un fossé entre les deux amis.


À PROPOS DE L'AUTEURE 

Francine Labrecque écrit du fantastique, de la science-fiction, des contes et légendes, et de l’horreur. Elle a étudié à l’Institut national de l’image et du son à Montréal à titre d’auteure télé, et en Création littéraire à l’Université du Québec à Montréal. Elle écrit aussi pour la télévision et le cinéma.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 144

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



MYSTIQUE

Tome I :

MARQUÉS PAR LE DESTIN

Francine Labrecque

Fantastique

Illustration graphique : Graph’L

Images : Adobe Stock

Éditions Art en Mots

Chapitre 1

Jamais on ne voyait l’un sans l’autre. Et en ce premier jour de classe de leur dernière année du secondaire, Jared et Gabriel entrèrent à la polyvalente d’un même pas. Nés le même jour, ils s’étaient connus à la maternelle et on les fêtait toujours avec un seul gâteau sur lequel on inscrivait tout simplement leurs prénoms côte à côte. Ils avaient vite pris l’habitude de tout faire ensemble et étaient devenus les meilleurs amis du monde.

Maintenant âgés de 16 ans, bientôt 17, Jared et Gabriel entreprenaient cette année charnière à l’Académie Saint-Michel, autrefois un collège religieux pour garçons, maintenant devenu un établissement d’enseignement privé où seuls les plus doués, garçons et filles, étaient admis. L’école était située sur des terres qui appartenaient autrefois aux petites sœurs grises de la charité et qui étaient encore principalement constituées de boisés et de forêts denses. Pour s’y rendre, la file d’autobus jaunes devait emprunter un long chemin de terre sinueux mal éclairé le soir, ce qui rendait le trajet difficile l’automne lorsque la nuit tombait plus tôt. L’hiver, peu de neige suffisait à isoler l’école pendant plusieurs jours, obligeant les jeunes à passer ce congé obligé à pratiquer leurs sports préférés au village d’à côté, un centre de villégiature réputé.

Du haut des airs, Saint-Michel avait l’air d’une oasis au milieu d’une forêt obscure, avec ses grands terrains bien entretenus sur lesquels on retrouvait les différents bâtiments, dont celui où logeaient l’Administration et la plupart des salles de classe, une salle pour l’éducation physique et les arts de la scène, une vieille école primaire recyclée pour les sciences, et une chapelle en haut de la colline qui rappelait le passé religieux de l’endroit.

Aussitôt qu’ils eurent franchi la porte d’entrée du bâtiment principal, Gabriel s’arrêta net et jeta un rapide coup d’œil autour. Parce qu’il mesurait presque un mètre 82, il avait une vue en plongée sur la foule d’étudiants qui se pressaient dans le corridor principal. Il n’y avait pratiquement pas de place pour bouger tellement il y avait du monde. Les jeunes jouaient du coude ou d’astuce pour naviguer dans cette mer humaine.

— Dernière année. Ça va être débile ! annonça-t-il avec enthousiasme.

Jared se contenta de regarder les élèves qui se bousculaient entre les rangées de casiers pour rejoindre leurs copains de l’an dernier.

Les filles étaient-elles plus belles qu’à l’habitude, pensa Gabriel, ou peut-être était-ce le fait de ne pas les avoir vues depuis le printemps dernier ? Maquillées et bien coiffées avec leurs regards d’enjôleuses, elles jouaient les timides lorsque les garçons tournaient les yeux dans leur direction.

Même si on les voyait toujours ensemble, Jared et Gabriel ne pouvaient être plus différents l’un de l’autre. Jared, toujours vêtu de noir avec son vieux blouson de moto en cuir, portait les cheveux longs sur ses épaules. Depuis qu’il était tout petit, il pouvait réparer à peu près n’importe quoi et s’intéressait à la mécanique, aux voitures et aux motos. Il n’avait aucun intérêt pour les filles, préférant passer ses soirées et ses fins de semaine à travailler sur sa vieille voiture ou à parcourir la campagne en solitaire. Bien qu’il réussisse sans effort, l’école n’était pas d’une grande importance pour lui. Il lui était facile d’ignorer ses compagnons de classe en écoutant sa musique sur son cell. Seul Gabriel arrivait à le faire sourire, un sourire alors si séduisant que les filles en oubliaient à quel point il était marginal, et faisait briller ses yeux bleu foncé.

Gabriel, au contraire, portait ses cheveux frisés blonds toujours bien coiffés, et il s’habillait de vêtements plus décontractés. Espiègle et charmeur, il s’attirait l’attention de toutes les filles qui tombaient aussitôt amoureuses de ses beaux yeux bleu vert. Ne restant jamais en place plus que deux minutes, il aimait l’action et plaisanter en classe, ce qui dérangeait les autres élèves et lui avait mérité plusieurs séjours au bureau du directeur. Mais même le directeur, M. Pelikan, se laissait charmer par ses propos rigolos et son intelligence. Il l’écoutait raconter ses dernières aventures pendant une demi-heure et il le retournait ensuite en classe. M. Pelikan s’attendait à le voir au moins une fois par semaine, une pause bienvenue dans une tâche lourde où il n’avait affaire d’habitude qu’à des réponses monosyllabiques de la part des autres élèves et passer ses journées à signer des piles de papiers.

Dans le corridor, Jared mit ses écouteurs et décida sur le champ d’ignorer la foule qui se pressait devant lui. La musique devint alors la trame sonore sur laquelle le monde extérieur évoluait.

C’est alors que leur regard fut attiré par une belle fille qui se frayait un chemin dans leur direction. Elle portait ses cheveux blonds très courts, ce qui faisait ressortir sa peau couleur crème et ses beaux grands yeux bruns. Gabriel afficha un large sourire lorsqu’il s’aperçut qu’il s’agissait d’une copine.

— Charlotte ! Gros changement, tes cheveux. Mais tu es ravissante comme ça !

— Merci. Ça te plaît ?

— Plus que tes cheveux longs, oui. Ça te donne un air sexy, tout à fait ton genre !

— Et toi, Jared, s’enquit la jeune femme, tu aimes mon nouveau look ?

Jared vit qu’elle s’adressait à lui et enleva un de ses écouteurs en lui demandant de répéter la question.

— Comment tu trouves mes nouveaux cheveux ? lui demanda-t-elle en jouant avec ses courtes mèches du bout des doigts.

— Ah ! Pas mal. Oui, c’est très joli.

Là-dessus, elle attrapa Gabriel par le bras et l’entraîna avec elle.

— Viens ! Maude et Alyssa sont à la cafétéria. On t’attendait. Tu suis toujours des cours de théâtre avec nous cette année, hein ?

— C’est dans mes plans.

— Alors, on se dépêche pour être sûrs qu’on aura de la place.

Jared resta derrière tout près de l’entrée, sans aucune intention de se presser. Il replaça son écouteur et son univers se referma aussitôt autour de lui dans une musique rock enragée. Alors que Gabriel disparaissait dans la foule avec Charlotte, la porte s’ouvrit derrière Jared et le força à céder la place. En premier, il ne vit pas la jeune fille dont le visage était caché par de longs cheveux roux. Puis, il aperçut son visage et il ne put s’empêcher de dévisager la nouvelle étudiante. Elle tenait un gros cahier contre sa poitrine comme un bouclier devant un univers menaçant et survolté. Certes, elle semblait intimidée par le brouhaha d’un premier jour de classe. Il nota à quel point ses beaux yeux violet brillaient sous sa tignasse enflammée. Lorsqu’elle croisa son regard par accident, son premier réflexe fut de s’enfuir dans la marée humaine.

Jared était intrigué. La plupart des filles n’avaient aucun intérêt pour lui, même les plus jolies. Mais la nouvelle, avec son regard d’émeraude, lui sembla différente. Il décida donc de la suivre en gardant ses distances.

À la cafétéria, Gabriel était assis au bout d’une table avec Charlotte, Maude et Alyssa. Maude se démarquait par sa silhouette longue et fine et ses yeux toujours maquillés de paillettes étincelantes. Bien qu’elle ait un corps parfait pour la danse, elle préférait le volleyball et jouer les grandes pièces tragiques du théâtre. Il n’était pas rare de la voir dévorer une pièce de Shakespeare entre deux cours ou des notes sur les méthodes des acteurs célèbres. Alyssa, elle, aimait la comédie et avait une voix hors du commun pour son âge. Depuis son entrée au secondaire, elle avait toujours été des numéros de fin d’année et avait même un fan-club chez les plus jeunes.

Occupé par le récit des vacances de ses trois amies, Gabriel tourna le regard un instant vers l’entrée de la cafétéria. La nouvelle aux cheveux roux fit son entrée, stoppa un moment pour examiner les lieux, et se dirigea vers le fond de la salle pour s’installer seule à une table. Gabriel la suivit du regard, puis aperçut Jared derrière elle. Il lui fit signe de venir les rejoindre. Alors que Jared s’exécutait, Gabriel lui sourit malicieusement.

— Depuis quand tu cours après les filles comme ça ?

— Quoi ?

— La fille, dans le fond, c’est qui ?

— Je sais pas. Elle vient d’arriver.

— En tout cas, elle est vraiment jolie. Tu viens lui dire bonjour ?

— Comme comité d’accueil, c’est pas fort, rétorqua Jared en jetant un regard furtif en direction de la nouvelle.

— C’est mieux que rien, répondit Gabriel en se levant. Viens ! On va faire connaissance.

Au fond de la cafétéria, la jeune fille aux cheveux roux examinait les papiers qui lui indiquaient comment s’inscrire aux cours optionnels. Gabriel et Jared vinrent se planter droit devant elle.

— Bonjour. Moi, c’est Gabriel. Lui, c’est Jared. Bienvenue à Saint-Michel !

— Vous savez comment ça fonctionne ? leur demanda-t-elle en indiquant ses papiers.

— Ah, les cours optionnels. Il faut s’inscrire aujourd’hui dans le gymnase, répondit Gabriel. Tu t’intéresses à quoi au juste ?

— La photo, avec pellicule, la vieille méthode. Puis, il y a les cours d’écriture aussi. J’aime bien l’écriture.

— La création littéraire, oui, je l’ai fait l’an passé. Tu vas aimer ça. C’est quoi ton nom ?

— Grace…

— Enchanté, répondit Gabriel en prenant sa main et en y déposant un léger baiser.

Jared se contenta de les observer sans broncher. Il avait coupé le son de ses écouteurs pour mieux les entendre. Il observa la belle nouvelle alors qu’elle essayait de replacer une mèche rebelle qui lui descendait sans cesse sur les yeux.

— Et toi, Jared… Jared, c’est ça ? Tu prends quoi cette année ? lui demanda Grace.

— J’aime la photo moi aussi. Je vais m’inscrire à un cours avancé. Ça fait deux ans que j’en fais.

— Alors, peut-être qu’on se croisera, lui dit-elle en se levant et en ramassant ses papiers.

Comme si elle l’avait pressentie, la cloche sonna et la cafétéria se vida aussitôt. Grace suivit la foule, son cahier contenant tous ses papiers, toujours serré contre sa poitrine. Avant de disparaître, elle leur lança un rapide coup d’œil accompagné d’un sourire timide. Jared et Gabriel restèrent derrière un moment. Jared pensa qu’il s’agissait de la plus belle fille qu’il avait jamais vue. Gabriel, lui, fantasmait déjà sur un premier baiser avec la belle inconnue. Tous deux étaient tombés amoureux de Grace, la belle fille aux cheveux roux et aux yeux d’émeraude, comme ça, d’un seul coup. Ils se regardèrent en souriant, satisfaits de ce premier contact, puis ils prirent le chemin du gymnase pour s’inscrire à leurs cours.

Chapitre 2

Le lendemain, le soleil frappait fort même si l’air du matin était plutôt frisquet. Les jeunes avaient retrouvé leurs amis de l’an passé et chaque groupe occupait leur ancien lieu de rassemblement : les « bollés » se ramassaient près de la petite école où on retrouvait les équipements informatiques et les sciences pures alors que les plus nantis et les athlètes s’appropriaient le devant du bâtiment principal. C’est là qu’ils garaient les voitures de luxe achetées par maman et papa. Le reste des étudiants se rassemblaient en petits groupes selon leurs intérêts ou leur façon de s’habiller un peu partout sur les terrains de l’académie. Un peu à l’écart, il y avait aussi une clique de marginaux aux allures « gothiques », sombres et excentriques, qui occupait le cimetière ancestral derrière la chapelle.

Gabriel descendit de l’autobus scolaire alors que Jared arrêtait sa vieille voiture dans le stationnement au milieu des voitures luxueuses. Elle faisait un vacarme d’enfer, mais Jared en était très fier puisqu’il l’avait complètement remontée. Ça lui avait pris tout l’été pour dénicher les pièces manquantes et toutes ses économies y étaient passées. C’était une Dodge Charger 8 cylindres des années 70 de couleur vert olive avec une large bande noire peinte de l’arrière à l’avant. Ce qui avait été le plus difficile à trouver était la bonne teinte de vert utilisée dans les années 70, une couleur qui n’était plus disponible chez la compagnie depuis la fin de la production de ce modèle.

Gabriel vint rejoindre Jared et, du même coup, les deux amis aperçurent Grace qui se pressait vers le bâtiment principal. Elle était sexy avec son jeans défraîchi et son veston. Quand elle marchait, ses longs cheveux roux suivaient la cadence dans le creux de son dos. Les deux garçons accélérèrent le pas et c’est Gabriel qui la rejoignit le premier.

— Salut !

— Ah ! Gabriel. Ça va ? fit Grace, surprise.

— Je voulais te dire : je fais un party vendredi après les cours. Je voulais t’inviter.

— C’est notre anniversaire, ajouta Jared.

— Votre anniversaire… à tous les deux ?

— Jared et moi, nous sommes nés le même jour. Depuis la maternelle, on fête toujours ensemble.

— Ouais. On a invité des amis…

— Un party ? D’accord. Après les cours, alors ?

— T’inquiètes pas pour l’endroit. On prendra l’autobus ensemble, ajouta Gabriel.

— Ça me semble parfait. Oh, je suis en retard ! dit-elle soudainement en jetant un œil vers le clocher.

— Mais la cloche n’a pas…, commença Jared.

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase que le timbre électronique retentit. Grace se contenta de lui sourire et tourna aussitôt les talons pour entrer dans l’édifice. Gabriel et Jared se regardèrent, perplexes.

— Drôle de fille, nota Jared.

— Elle me plaît en tout cas, rétorqua Gabriel tout sourire.

Là-dessus, Gabriel entra dans la marée humaine, laissant Jared seul devant la porte. Comme il réussissait sans effort, ce dernier traînait toujours un peu derrière les autres élèves n’ayant nul besoin de réviser ses notes.

Soudain, il entendit un coup de tonnerre. Intrigué, il regarda le ciel qui était d’un bleu magnifique. Aucun nuage à l’horizon, pas la plus petite trace de mauvais temps en vue.

Avant que le cours de maths ne commence, Charlotte vint s’asseoir à côté de Gabriel près de la fenêtre.

— T’as invité la nouvelle à ton party ?

— Et tu sais ça parce que…

— Je vous ai vus ensemble.

— Une pointe de jalousie, Charlo ?

— Je pensais qu’on passerait du temps ensemble, toi et moi. Tu la trouves de ton goût, hein ?

— Pas juste moi. Jared aussi.

— Mais c’est de toi dont j’ai envie. Et je sais faire des choses que tu vas aimer…

Un énorme oiseau noir vint s’écraser avec fracas contre la fenêtre tout près de Gabriel qui sursauta. L’oiseau tomba par terre sur l’herbe, mort sur le coup. Gabriel ouvrit la fenêtre et sortit la tête pour mieux voir. C’est là que les cris d’autres corneilles se mirent à retentir dans un vacarme assourdissant. Gabriel referma la fenêtre aussitôt. Horrifiée, Charlotte avait les yeux fixés sur le sang qui coulait sur la vitre. Gabriel sentit que Charlotte était alarmée et il lui flatta le dos pour la rassurer. Elle rapprocha sa chaise de la sienne et passa le cours de maths collée à lui.

Plus tard, Jared n’avait pas revu Grace de la journée. Il prit place dans sa voiture qui démarra dans un bruit d’enfer. C’est à ce moment qu’il l’aperçut qui marchait dans sa direction. Il attendit qu’elle soit plus près de lui.

— Grace !

Elle sourit et se dirigea vers lui.

— Je vois que t’as pas à prendre l’autobus, lui dit-elle en inspectant des yeux la bagnole.

— Tu viens ? Je peux aller te reconduire.

— C’est gentil, Jared, mais je suis plutôt peureuse.

— Ah ! je suis prudent. Il n’y a pas de danger. Viens !

Grace hésita un moment, mais finit par accepter. Elle s’installa et mit ses livres sur ses genoux. Elle chercha la ceinture de sécurité qu’elle ne trouva pas. Cela fit sourire Jared qui se coucha sur elle pour aller la chercher près de la cuisse droite de celle-ci.

— Il n’y a pas de ceinture transversale. C’est un vieux modèle !

Il ramena la ceinture vers lui et l’attacha.

— T’en fais pas. Ces voitures-là, elles sont solides !

Grace rougie. Jared sourit de plus belle en faisant vrombir le moteur de sa voiture. Grace s’agrippa au bras de son nouvel ami, ne s’attendant pas à une telle puissance. Ils se regardèrent l’espace d’un moment. Elle le trouvait vraiment de son goût et il semblait gentil. Elle remarqua combien ses cheveux longs noirs faisaient ressortir le bleu foncé de ses yeux. En plus, ça lui donnait un air mauvais garçon qui lui plaisait beaucoup. Il fit rugir à nouveau le moteur.

— T’inquiètes pas, lui dit-il à nouveau. Je serai prudent.

La voiture démarra et s’inséra dans la file d’autobus qui prenaient le chemin du village.

Ils arrivèrent à destination. Jared se stationna devant une maison ornée d’une grande véranda. Il arrêta le moteur et se précipita aussitôt pour aider Grace à descendre. Celle-ci en échappa ses livres, et Jared se dépêcha de les lui ramasser. Leurs regards se croisèrent encore. Incapables de trouver quelque chose d’intelligent à se dire, ils restèrent là pendant quelques secondes sans parler.

— Grâce ! cria une femme de la véranda.

— J’arrive ! répondit la jeune fille.

— Ta mère ? lui demanda Jared.

— Non, ma tante. J’ai perdu mes parents l’an passé. Un accident.

Mal à l’aise, Jared mit ses mains dans ses poches.

— Je suis désolé.

— C’est la sœur de ma mère. Je n’ai personne d’autre.

— C’est pour ça que tu as changé d’école ?

— J’ai pas eu le choix. C’était ça ou une famille d’accueil.

— Bien, j’espère que tu te plairas ici.