Lumen - Francine Labrecque - E-Book

Lumen E-Book

Francine Labrecque

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Beschreibung

L'amour entre un druide et une fée est-il possible ?


Un jeune apprenti druide tombe éperdument amoureux de Lumen, une jeune fée. Mais Lumen est la cadette des quatre filles du roi des fées. Depuis la mort de sa reine qu'il attribue aux druides qui étaient présents à la naissance de Lumen, le roi des fées a proclamé que les deux mondes, le monde humain et le monde magique, seraient à jamais séparés. Mais l'amour entre le jeune druide et Lumen persiste.


Une aventure dans un monde ancien plein de magie, et d'êtres fabuleux et fantastiques.


À PROPOS DE L'AUTEURE


Francine Labrecque écrit du fantastique, de la science-fiction, des contes et légendes, et de l’horreur. Elle a étudié à l’Institut national de l’image et du son à Montréal à titre d’auteure télé, et en Création littéraire à l’Université du Québec à Montréal. Elle écrit aussi pour la télévision et le cinéma.

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Francine Labrecque

LUMEN

 

 

 

Art en Mots éditions

 

Fantastique

Éditions « Arts En Mots »Illustration graphique : © Graph’L

Image : Adobe stock

 

 

 

 

 

CHAPITRE 1

 

Aujourd’hui, on célébrait le début de la saison obscure. C’était aussi le temps où le voile entre le monde réel et l’autre monde, le Sidh, était le plus mince et les gens, effrayés que les êtres magiques ne pénètrent dans le leur, s’habillaient de costumes macabres et de masques funèbres pour les éloigner.

 

Les druides aussi avaient l’obligation de certains rituels pour éviter toute rupture entre les deux mondes. Beaucoup savaient que les druides allaient chercher leurs pouvoirs en côtoyant certains mondes défendus aux hommes, mais, depuis plusieurs années, il semblait que les druides avaient perdu de leur pouvoir. Les chevaliers du roi, la deuxième classe redoutée de la société celtique de l’époque, avaient repris leur place aux côtés du monarque et les druides perdaient peu à peu leur influence. Personne ne savait ce qui s’était passé…

 

À quelques jours de la Samain, des voyageurs de partout dans le royaume étaient venus célébrer et vendre leurs denrées. Le temps était à la fête, et le vin et la bière coulaient à flots. Les troubadours enveloppaient la campagne de leur musique et les paysans, après une dure année de labeur, se laissaient aller à boire, à rire et à danser.

 

Au milieu de la foule qui se pressait entre les chariots des revendeurs pour voir ce qu’ils avaient à offrir, un petit garçon habillé de haillons se tenait immobile devant un étalage de pommes et de poires. Âgé à peine de 6 ans, il se contenta de regarder les fruits, les uns après les autres, pour choisir le plus beau d’entre eux. Visiblement, le pauvre garçon n’avait pas mangé depuis longtemps, mais il ne bougeait toujours pas. Son regard s’arrêta sur une grosse pomme bien rouge.

 

Tout à côté, un homme vêtu d’un long manteau noir l’aperçut. Pendant un moment, il examina le bambin en haillons qui avait les yeux braqués sur une belle pomme devant lui. C’est à ce moment que la pomme s’éleva de la tablette tout doucement et vint se déposer d’elle-même dans les mains du petit garçon.

 

–– Hé ! au voleur ! cria le vendeur derrière le chariot.

–– Il n’a rien volé, lui dit calmement l’homme au grand manteau en lui remettant une pièce d’argent.

 

Puis, il se retourna vers l’enfant.

–– Je m’appelle Finn Finn. Quel est ton nom ?

–– Corann.

–– Et ton père, et ta mère ?

 

L’enfant resta silencieux en baissant les yeux tristement vers la terre. Finn comprit que l’enfant était seul au monde.

 

–– Allez, viens avec moi. Je te donnerai un gîte et quelque chose à manger.

 

Finn lui prit la main et, sans aucune hésitation, le gamin le suivit en croquant dans sa belle pomme qui reluisait sous les rayons du soleil.

Onze ans plus tard, Corann était devenu l’apprenti de Finn Finn, un druide puissant et redouté dans toute la contrée. Maintenant âgé de 17 ans, Corann était un beau grand jeune homme aux cheveux blond-roux et aux yeux verts. Toutes les filles au village ne manquaient pas de s’intéresser à lui, mais ses études avec Finn Finn avaient jusque-là pris toute la place. Toutefois, il n’avait encore appris que les choses superflues des arts divinatoires et magiques comme certaines cérémonies, la médecine naturelle, l’histoire orale et les traditions, ainsi que l’art de la guerre, mais en théorie seulement. Ses études le préparaient maintenant à la prochaine phase de son apprentissage qui allait durer 20 autres années aux côtés de son mentor.

 

Finn demanda donc à Corann de le suivre jusqu’à l’arbre de vie où seuls les druides connaissaient son existence. Le lieu était caché aux yeux des hommes et ses secrets, bien gardés. Le périple dura une partie de la journée à travers des sentiers sinueux en passant par des rivières et des montagnes de pierres à gravir. Le vieux Finn Finn, malgré son âge avancé, ne sembla pas avoir perdu de sa forme et n’eut aucune difficulté à garder le pas avec son jeune apprenti.

 

Ils suivirent alors à contre-courant un petit ruisseau qui se transforma bientôt en une rivière qui les mena enfin à une façade de pierres d’où une merveilleuse chute plongeait dans les eaux d’un lac au beau milieu d’une forêt dense. Une biche s’y désaltérait sans se soucier de les voir si près.

 

–– C’est magnifique ! dit Corann, émerveillé par la beauté d’un tel lieu.

–– Cet endroit n’est connu que des druides et des êtres magiques de l’Autre-monde.

–– Le Sidh ? Mais je croyais qu’il ne s’agissait que de légendes ?

–– C’est ici que leur savoir nous était enseigné. Mais ce temps est révolu, dit Finn tristement.

–– Vous les avez vus, ces êtres lumineux ?

–– J’en ai connu plusieurs. Des êtres d’une grande beauté. Les fées étaient nos plus grandes alliées. Leur savoir nous a longtemps servis. Mais il est maintenant interdit pour nous de traverser dans le monde magique et pour eux, de pénétrer dans le monde des humains.

–– Que s’est-il passé, Finn ?

–– Il y a longtemps, les druides sont allés bénir la naissance de la cadette du roi Freyr, le roi des fées. La petite a survécu, mais, malheureusement, sa mère est morte au même moment. Freyr a fait une telle colère qu’il a décrété que nos deux mondes étaient maintenant séparés à jamais. Il blâma les druides pour la mort de sa femme Pandora.

–– Alors, avant ce malheureux incident, nos deux mondes co-habitaient ? demanda Corann, intrigué.

–– Il est arrivé au cours des siècles que des gens pénètrent dans le monde de Fearie où se trouvent les êtres magiques et les fées. Ils ont rapporté des objets ensorcelés de grande valeur, maintenant perdus depuis longtemps. C’est aussi dans le Sidh qu’on retrouve le domaine des Dieux et l’Entre-monde. Peu se sont rendus jusque-là.

–– L’Entre-monde ? Je n’en ai jamais entendu parler, s’enquit Corann, de plus en plus curieux.

–– C’est l’univers des fantômes, des âmes en peine et des démons. Ce monde est très différent des autres et très dangereux. Il est facile de s’y perdre, car il ne suit pas nos conventions de la réalité.

— Ceux qui y sont allés, sont-ils revenus ?

–– Non. Tout ce que nous savons sur cet univers nous vient des êtres de lumières, de ceux qui habitent le monde des fées.

–– Et où sont ces fées dont vous me parlez ?

–– Il leur est maintenant interdit de pénétrer dans le monde humain. C’est dommage. Ce sont elles qui donnaient les dons aux enfants lors de leur naissance, des dons de voyance pour certains, de chance pour d’autres…

–– C’est vrai qu’elles sont minuscules ?

 

Finn se mit à rire de bon cœur devant l’ignorance de son jeune apprenti.

 

–– Elles sont pareilles à vous et moi, certains mâles, d’autres femelles. Ce qui les distingue est leur grande beauté et des ailes diaphanes magnifiques de deux fois leur hauteur. Il est malheureux que vous n’ayez jamais eu la chance de les voir. Leurs ailes ne sont visibles que lors d’émotions intenses, scintillantes et légères comme l’air, aux couleurs d’oiseaux et de fleurs sauvages. Quand elles pleurent ou sont prises d’une grande tristesse, leurs ailes les enveloppent comme un cocon de voiles, hermétique et impénétrable, pour les protéger.

–– N’y a-t-il pas lieu de mettre fin à cette querelle, Finn ?

–– Peut-être est-ce pour le mieux, dit simplement le vieil homme. Tant que nous étions en bons termes avec les êtres magiques, nous bénéficions de pouvoirs qui auraient pu être utilisés avec de mauvaises intentions. D’ailleurs, c’est cela qui a causé des guerres entre les royaumes et tué des centaines de bonnes gens.

–– Et qu’obtenaient-ils en échange, ces êtres lumineux ?

–– Ah… Les habitants de Faerie venaient ici pour se délecter dans les plaisirs humains. Notre nourriture et notre alcool leur plaisaient, et les plaisirs amoureux aussi. L’amour entre un être de lumière et un être humain peut être une expérience sublime… enfin, c’est ce qu’on m’a dit.

–– N’es-tu jamais tombé amoureux de l’une d’elles ? s’enquit le jeune Corann.

–– C’était défendu. Ce n’était pas notre rôle. Nous étions les confidents du roi et nous le conseillions, même dans les grandes batailles. Nous vivions séparés des paysans pour une raison. Nos affaires avec l’Autre-monde se limitaient à parfaire nos connaissances en magie, en médecine et dans les arts de la guerre.

–– Mais on les voyait en forêt, n’est-ce pas ? Les légendes en parlent toujours, insista Corann.

–– Certaines Bansidh, ces femmes de Faerie, venaient visiter les pauvres gens pendant qu’ils dormaient. Certaines étaient maîtres de leurs rêves et les faisaient tomber amoureux ; d’autres, plus malicieuses, leur donnaient des cauchemars horribles. L’une d’elles, toute vêtue de blanc, ne leur apparaissait qu’à la veille de leur mort.

–– Oui, j’ai entendu cette histoire.

–– Ce n’est pas une histoire : c’est la Dame blanche, une fée enchanteresse responsable d’avertir les hommes de mauvaise volonté de faire amende honorable avant leur mort. C’était le seul moyen pour eux d’éviter d’être perdu à jamais dans l’Entre-monde.

 

Finn Finn s’assied sur une grosse pierre.

 

–– Les fées apportaient aussi avec elles les bonnes moissons, levaient le brouillard sur les mers pour ramener les vaisseaux à bon port, veillaient sur les troupeaux. Depuis qu’elles ne nous visitent plus, plusieurs années ont été maigres pour les paysans et les maladies ont décimé les troupeaux, ce qui ne plaît pas au roi et aux chevaliers à qui toutes ces denrées étaient promises. Même nous, nous n’avons plus l’oreille du roi et notre sort risque d’être compromis.

–– N’y a-t-il pas une solution si leur magie est nécessaire à la nature ?

–– Je l’ignore, mon jeune ami, je l’ignore. En attendant, pour vos 17 ans, j’ai quelque chose pour vous, lui dit-il en souriant mystérieusement.

 

Finn sortit de la poche intérieure de son grand manteau un petit objet de métal finement sculpté. Il s’agissait d’un petit anneau incrusté de pierres précieuses. Il la déposa dans la main de Corann.

 

–– Cet anneau, que vous porterez à l’oreille droite, est le signe que vous êtes bien l’un des nôtres. Votre apprentissage ne fait que commencer et durera 20 ans, comme c’est la coutume.

–– Elle est magnifique, Finn.

–– J’ai fait mettre une pierre pour chaque élément : un saphir pour l’eau, un rubis pour le feu, un grenat pour la terre et un diamant pour l’air, que vous semblez déjà manipuler avec aise. Vous continuez vos exercices, j’espère ?

–– Lorsque vous m’en laissez le temps, répondit Corann pour taquiner son maître.

–– Ah ! Je suis un bourreau de travail, je sais ! Mais viendra un jour où vous en comprendrez tous les bénéfices. Venez maintenant. Quittons cet endroit et surtout, ne le dévoilez à personne.

–– Et l’arbre de vie ? Où est-il ?

–– Il n’est pas visible à tous. Peut-être un jour le sera-t-il pour vous, mon jeune ami…

 

Il mit son bras autour des épaules du jeune homme et l’emmena avec lui sur le chemin du retour.

 

Alors que Corann et Finn disparaissaient derrière la première colline, un arbre magnifique apparut au centre du lac dans lequel plongeait la chute. Son tronc noueux faisait plusieurs mètres de circonférence et ses branches affichaient des feuilles et des fleurs multicolores qui s’élançaient vers le ciel. D’autres branches sous la canopée plongeaient directement dans le lac pour s’abreuver. De partout, les oiseaux fendirent le ciel pour venir s’y installer et déguster ses fruits dès qu’il apparut.

 

De son tronc, une main pâle et délicate surgit de l’écorce et se glissa entre les lianes qui l’entrelaçaient. L’arbre frémit et les lianes et l’écorce laissèrent place à une jeune fille qui émergea tout droit de son centre. Aussitôt sortie, elle regarda nerveusement autour d’elle et fut satisfaite de ne voir personne.

Grande et mince, d’une beauté inimaginable avec ses longs cheveux noirs qui lui descendaient jusqu’aux cuisses, elle ne portait pas grand-chose comme vêtements. Elle avait les yeux d’un bleu si clair qu’ils reflétaient le ciel et ses nuages. Elle fit quelques pas et mit un pied à l’eau. Elle s’y glissa aussitôt pour une baignade et s’amusa à jouer avec les poissons qui passaient tout près d’elle, la frôlant presque. Elle se mit à rire de plaisir, un rire presque enfantin. Elle alla sous la chute aussi pour y laver ses cheveux, puis sortit s’asseoir sur une grosse pierre. C’est alors que deux ailes magnifiques se déployèrent derrière elle, d’une hauteur d’au moins trois mètres, translucides et colorées, scintillantes sous les rayons du soleil. Elles flottaient et ondulaient sous la douce brise tellement elles étaient fines et délicates. La jeune femme finit par s’endormir sur son rocher, heureuse de ce bel après-midi.

 

Le soir venu, Corann avait rebroussé chemin sans le dire à Finn Finn qui avait pris beaucoup d’avance sur lui. Il voulait revoir cet endroit merveilleux et peut-être y découvrirait-il des pistes ou des traces de ceux qui l’avaient visité au cours des années. Il reprit donc sous les étoiles le même sentier et disparut rapidement dans l’obscurité de la forêt. Corann savait très bien comment négocier les sentiers difficiles, même la nuit. Ce n’était pas la première fois qu’il se baladait en pleine noirceur ; c’est là qu’il découvrait tous les petits êtres qui sortaient la nuit pour s’abreuver, chasser et se nourrir. C’était un monde différent, mais tout aussi occupé. Les chauves-souris remplaçaient les oiseaux dans le ciel et, dans les broussailles, des yeux lumineux regardaient avec curiosité ceux qui arpentaient les sentiers dans le noir. D’ailleurs, plusieurs herbes et fleurs ne pouvaient être cueillies que la nuit venue pour en conserver toutes les propriétés bienfaisantes. Corann aimait aussi observer le ciel étoilé défiler au-dessus de sa tête, et s’imaginer tous les mondes incroyables qui devaient s’y trouver.