Nice : Bien plus qu'une promenade - Patrice Montagu-Williams - E-Book

Nice : Bien plus qu'une promenade E-Book

Patrice Montagu-Williams

0,0

Beschreibung

Parce que pour connaître les peuples, il faut d’abord les comprendre

À Nice, la Méditerranée est une personne. Mais quelle est vraiment la personnalité de cette ville – française mais de culture italienne – où grandirent Max Gallo, Joseph Kessel et Romain Gary, dans l’ombre du passage de Giuseppe Garibaldi ? Ceux qui gardent en tête – et comment l’oublier – l’image terrible de la nuit du 14 juillet 2016 doivent absolument parcourir ces pages. Elles redonnent à Nice toutes les saveurs que connaissent ceux qui l’aiment : celles de sa gastronomie, de son carnaval, de ses péripéties politico-financières, de son climat unique, gorgé de soleil et du bleu de la mer à laquelle cette cité a toujours tendu les bras.

Il fallait, pour parler de Nice, un auteur qui la connaisse de l’intérieur. Un Niçois capable de regarder sa ville autrement avec l’indulgence et l’amour des enfants qui ont grandi ici. Parce que pour comprendre une ville, il faut d’abord en connaître les bonheurs et les tourments.

Un grand récit suivi d’entretiens avec André Giordan ( La relation des Niçois à la mer a longtemps été paradoxale), Alex Benvenuto ( Nos origines sont romaines, pas gauloises) et Patrick Mottard ( Il manque à Nice une atmosphère de fête).

Un voyage historique, culturel et linguistique pour mieux connaître les passions niçoises. Et donc mieux les comprendre.

EXTRAIT

Posons donc notre caméra à l’est de la ville, sur la colline du Mont Alban, à côté du fort, ouvrage du seizième siècle avec bastions et échauguettes, qui doit être prochainement transformé en un espace dévolu à l’art contemporain. En un lent panoramique, on peut alors découvrir successivement, de gauche à droite, l’Italie, le Cap-d’Ail, Saint-Jean-Cap-Ferrat, puis la baie des Anges et, au loin, tout à l’ouest, la plage de la Garoupe, à Antibes. On dit même que, depuis cet observatoire unique et par grand beau temps, on peut apercevoir la Corse. Un peu plus bas, sur le devant de la colline, la Batterie du Mont-Boron, ancien fort militaire, devrait devenir bientôt, sous la houlette de l’architecte star Jean Nouvel, un haut lieu de la création et de la recherche architecturale française.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

- […] Belle et utile collection petit format chez Nevicata, dont chaque opuscule est dédié à un pays en particulier. Non pas un guide de voyage classique, mais, comme le dit le père de la collection, un « décodeur » des mentalités profondes et de la culture. Des journalistes, excellents connaisseurs des lieux, ont été sollicités […]. À chaque fois, un récit personnel et cultivé du pays suivi de trois entretiens avec des experts locaux. - Le Temps

- Comment se familiariser avec « historique, les traditions ? » Une démarche d'enquête journalistique au service d'un authentique récit de voyage : le livre-compagnon idéal des guides factuels, le roman-vrai des pays et des villes que l'on s'apprête à découvrir. - Librairie Sciences Po

À PROPOS DE L'AUTEUR

Infatigable romancier, Patrice Montagu-Williams nous a ramené Brésil, dans les pas du géant de ses longues années passées dans cet immense pays. Grand voyageur, ce Niçois pur jus a toujours gardé, rivée au cœur, la ville de son enfance. Il nous en ouvre les clés dans Nice, bien plus qu'une promenade.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 87

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



L’ÂME DES PEUPLES

Une collection dirigée par Richard Werly

Signés par des journalistes écrivains de renom, fins connaisseurs des pays, des métropoles et des régions sur lesquels ils ont choisi d’écrire, les livres de la collection L’âme des peuples ouvrent grandes les portes de l’histoire, des cultures, des religions et des réalités socio-économiques que les guides touristiques ne font qu’entrouvrir.

Écrits avec soin et ponctués d’entretiens avec de grands intellectuels rencontrés sur place, ces riches récits de voyage se veulent le compagnon idéal du lecteur désireux de dépasser les clichés et de se faire une idée juste des destinations visitées.

Une rencontre littéraire intime, enrichissante et remplie d’informations inédites. Parce que pour connaître les peuples, il faut d’abord les comprendre.

Richard Werly est le correspondant permanent à Paris du quotidien suisse Le Temps. Précédemment basé à Bruxelles, Genève, Tokyo et Bangkok, il s’est lancé dans l’aventure éditoriale de L’ âme des peuples après avoir réalisé combien, en Europe et dans le monde, la compréhension mutuelle et la connaissance des racines culturelles et religieuses ne cessent de reculer sous la pression d’une économie toujours plus globalisée et de crises nouvelles et parfois brutales.

« Hé bien, je vais vous raconter. Nice, c’est une oasis au bord de la mer, avec des forêts, des mimosas et des palmiers et il y a des princes russes et anglais qui se battent avec des fleurs. Il y a des clowns qui dansent dans les rues et des confettis qui tombent du ciel et qui n’oublient personne. »Émile Ajar (Romain Gary)La Vie devant soi

À mon père, né à Nice, qui repose au cimetière de Gairaut, face à cette baie des Anges qu’il a tant aimée et qu’il peut à présent contempler pour l’éternité.

À tous ceux aussi qui ont perdu la vie sur la promenade des Anglais, une nuit de 14 juillet, victimes de la folie des hommes.

AVANT-PROPOS

Pourquoi Nice ?

Pourquoi revenir dans une ville où l’on a passé son enfance et son adolescence mais que l’on a quittée il y a longtemps, une ville où l’on sait que, quoiqu’il arrive, on ne sera jamais un touriste ? Pourquoi vouloir raconter l’âme d’une métropole en apparence si fidèle à mes souvenirs, mais aujourd’hui totalement bouleversée ? À coup sûr, pas pour essayer de retrouver des racines : une fois tranchées, celles-ci ne repoussent jamais. Non, ce livre est d’abord conçu pour réparer, à mes yeux, une injustice. L’injustice d’une ville largement méconnue dont je voudrais arracher le masque de préjugés et d’idées reçues qui, souvent, la défigurent1.

Nice, que le temps n’est pas arrivé à effacer de ma mémoire, est un peu comme ces élégantes que l’on retrouve sur les aquarelles peintes par les frères Trachel2 qui arpentaient, au début du dix-neuvième siècle, la promenade des Anglais, celles qu’Alexandre Dumas qualifiait de « population à ombrelles, à voiles et à brodequins verts » : à force d’apercevoir tous les jours leurs silhouettes élancées, on croyait connaître ces belles inconnues. Certains les disaient princesses. D’autres, aventurières ou demi-mondaines, comme la Belle Otero3 ou celles que l’on peut retrouver dans le roman de Jean Lorrain Le Poison de la Riviera, mais, en vérité, on ignorait tout d’elles.

Nissa la bella4, cette ville éminemment féminine, cultive une sorte de mystère. De prime abord pourtant, elle adore s’exhiber. Elle a servi de cadre à d’innombrables films (tournés dans les studios de La Victorine ou dans la région) et s’étale souvent dans la presse en raison de multiples faits divers romanesques : le casse du siècle d’Albert Spaggiari, l’affaire Médecin, le mystère de la disparition de l’héritière du Palais de La Méditerranée (affaire Le Roux), la relation supposée de certains juges avec la franc-maçonnerie locale et la mafia calabraise. Jusqu’à l’attentat meurtrier du 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais, qui a laissé des traces profondes dans la ville, attentat à propos duquel le niçois Jean-Marie Gustave Le Clézio, prix Nobel de littérature, a écrit : « Que soit maudit l’assassin qui a ouvert cette blessure dans cette ville »5, tandis que l’on pouvait lire sur les réseaux sociaux, au lendemain du drame, cette phrase en niçois, sorte de pied de nez orgueilleux aux auteurs de l’attentat : « M’en bati, sieu Nissart »6. « Dire qu’on est de Nice c’est comme exhiber son casier judiciaire » affirme, un brin provocateur, Joann Sfar, niçois lui aussi, auteur de BD, illustrateur, romancier et réalisateur qui vit à Paris mais oublie de préciser que la ville n’est cependant pas le théâtre de règlements de compte à la kalachnikov, comme on peut en voir dans les quartiers nord de Marseille.

Les auteurs de polars qui ont choisi Nice pour le cadre de leurs romans – Nice, 42e rue de Patrick Raynal et Mort-flash à Nice-Ouest de Isabelle Luminet et Catherine Sackur, entre autres – ont d’ailleurs bien compris tout le parti qu’ils pouvaient tirer de cette réputation quelque peu sulfureuse sur laquelle ils surfent allégrement, tout comme Joann Sfar qui, dans son roman Le Niçois7, imagine le retour – quelque peu loufoque et déjanté – de l’ancien maire, Jacques Médecin, alias Jacques Merenda, dans sa ville.

Est-ce ainsi que vivent les Niçois ? Non. À la vérité, Nice cache, sous une image parfois contrastée, une personnalité forte, originale et attachante, beaucoup moins superficielle qu’il n’y paraît. « C’est Cosmopolis s’il en fut jamais en Europe » disait Nietzsche qui y séjourna cinq fois, de décembre 1883 à avril 1888.

Nice est, avant tout, une terre d’accueil, fruit de l’histoire – complexe – d’une ville frontière qui a souvent changé de nationalité par le passé, ce qui lui a appris à ouvrir largement ses bras à l’étranger.

Posée dans un écrin somptueux formé, d’un côté, par la Méditerranée et, de l’autre, par les derniers contreforts des Alpes, la ville n’est pas un simple décor planté au bord de l’eau, comme peuvent l’être Cannes ou Monaco. Au contraire, c’est une vraie ville qui offre à ses habitants et à ses visiteurs tous les atouts d’une capitale régionale. Terre de peintres, d’écrivains et de musiciens, elle reste cependant aux yeux du grand public, une terra incognita, une terre inconnue.

J’ai parfois de la peine à reconnaître les quartiers où j’ai passé mon enfance et mon adolescence, comme le quartier Notre-Dame car, conséquence directe de l’arrivée du tramway, les populations immigrées et à plus faible niveau de vie de la zone nord, qui hésitaient auparavant à se rendre dans le centre-ville, y sont maintenant très présentes, ce qui a sensiblement modifié l’ambiance régnant avenue Jean Médecin, place Masséna ainsi que dans les rues avoisinantes, quartiers de la ville auparavant plus bourgeois : une jeunesse gaie et bruyante y côtoie une foule bigarrée où les femmes portant le voile sont nombreuses.

Pourtant, le passé de Nice, riche et tumultueux, affleure partout. C’est ce mélange assez unique de modernité et de tradition qui fait l’âme de cette inconnue célèbre, que ce petit ouvrage – portrait personnel de cette belle brune qui porte dans ses yeux les reflets bleus de la Méditerranée – a l’ambition de décoder.

1 Parti à Paris pour mes études supérieures, je me souviens de l’accueil : j’étais pour tous « Le Niçois », celui qui venait d’une ville presque mafieuse, réputation amplifiée dans mon cas par mes liens familiaux avec la famille Médecin.

2 Ils sont trois : Hercule, l’aîné (1820–1872) dont Ingres disait avoir tout appris de lui, Antoine (1828–1903) et Dominique (1830–1897).

3 Elle mourut à Nice, pauvre et oubliée après avoir perdu près de 25 millions $ au casino (voir La Belle Otero, Raoul Mille, Albin Michel, 1994).

4Nice, la belle, titre de l’hymne de la ville composé par le barde niçois Menica Rondelly en 1903.

5 In Le Point, 19 juillet 2016.

6 M’en fous, je suis niçois.

7 Dans le livre, l’actuel maire, C. Estrosi, n’est autre que le fils naturel de J. Médecin (Michel Lafon, 2016).

Bien plus qu’une promenade

François Truffaut réalisa à Nice, en 1973, La Nuit Américaine, en hommage au septième art et aux studios de La Victorine. Rien d’étonnant : depuis que Rex Ingram, l’homme qui fit tourner Rudolf Valentino dans Les Quatre Cavaliers de l’Apocalypse, prit le contrôle des studios, en 19251, Nice a longtemps été une terre de cinéma, même si, depuis, son étoile dans ce secteur a singulièrement pâli.

De Gérard Philippe à Robert de Niro en passant par Alain Delon, Elizabeth Taylor, Sophia Loren et Brigitte Bardot, d’Alfred Hitchcock à Luis Buñel, à Jacques Tati et à Prince, tous ont tourné aux studios de La Victorine (devenus depuis Studios Riviera).

Posons donc notre caméra à l’est de la ville, sur la colline du Mont Alban, à côté du fort, ouvrage du seizième siècle avec bastions et échauguettes, qui doit être prochainement transformé en un espace dévolu à l’art contemporain. En un lent panoramique, on peut alors découvrir successivement, de gauche à droite, l’Italie, le Cap-d’Ail, Saint-Jean-Cap-Ferrat, puis la baie des Anges2 et, au loin, tout à l’ouest, la plage de la Garoupe, à Antibes. On dit même que, depuis cet observatoire unique et par grand beau temps, on peut apercevoir la Corse. Un peu plus bas, sur le devant de la colline, la Batterie du Mont-Boron, ancien fort militaire, devrait devenir bientôt, sous la houlette de l’architecte star Jean Nouvel, un haut lieu de la création et de la recherche architecturale française. Tout au nord, implanté sur le Mont Gros, le magnifique observatoire conçu par Gustave Eiffel et Charles Garnier, véritable « opéra scientifique » selon ce dernier, dresse sa coupole de 24 m de diamètre, la plus grande du monde à l’époque de sa construction. L’observatoire continue à explorer le ciel et fait partie d’un centre de recherche internationalement reconnu.

Braquons maintenant l’objectif sur le port. Entouré de bâtiments du dix-huitième siècle, l’ensemble, assez exceptionnel, s’apparente à l’urbanisme baroque turinois. « Je suis du port. J’ai aimé les bateaux, dans mon enfance, les pointus des pêcheurs, les vieux cargos rouillés qui trafiquaient le vin rouge et le liège sanglant » a écrit Jean-Marie Gustave Le Clézio qui passa son enfance dans l’appartement familial qu’il possède toujours au centre du port, dans le même immeuble où résida Jean Lorrain3. Quartier un peu glauque à une certaine époque (c’est là que se trouvait L’Iguane Café, un piano-bar tenu par Sébastien Bonventre, dit Bastien, truand à l’ancienne et parrain de la pègre niçoise), l’endroit est, aujourd’hui, l’un des plus recherchés de la ville. C’est d’ailleurs dans le quartier du Port que s’est installé le fameux Village Ségurane et sa centaine d’antiquaires et de galeries4.