Noa Noa - Paul Gauguin - E-Book

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Paul Gauguin

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Beschreibung

« Noa Noa » se présente comme une anthologie éminemment riche, naviguant entre récit de voyage et expérimentation artistique, témoignant des interactions profondes et parfois troublantes entre Paul Gauguin et les îles de la Polynésie. Cette collection illustre une diversité de styles littéraires, s'ancrant fermement dans le contexte de la fin du XIXe siècle, période marquée par des quêtes d'authenticité et de primitivisme. Les œuvres incluses, sans se limiter à un auteu,r offrent une fenêtre unique sur la fascination occidentale pour l'« autre » ainsi que sur la complexité de l'impact culturel réciproque. Les contributions de Paul Gauguin, peintre et écrivain, aux côtés de Charles Morice, figure littéraire de son temps, reflètent des sensibilités artistiques et intellectuelles distinctes mais complémentaires. Leur collaboration met en lumière les mouvements symbolistes et post-impressionnistes, enrichissant ainsi le thème de l'anthologie par leurs perspectives diversifiées sur le primitivisme et l'exotisme. Ce dialogue crée une symbiose entre visualité et textualité, explorant des motifs culturels, ethnographiques et artistiques. Nous recommandons vivement « Noa Noa » aux lecteurs avides d'explorer la richesse des cultures et la complexité des échanges interculturels à travers le prisme d'un dialogue fructueux entre deux artistes majeurs de leur époque. Ce volume offre un espace unique pour une réflexion éducative sur les nuances de la représentation, l'appropriation et la transmission culturelle, invitant à une plongée dans l'univers captivant des premiers contacts entre l'Occident et les cultures polynésiennes.

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Paul Gauguin, Charles Morice

Noa Noa

 
EAN 8596547449812
DigiCat, 2022 Contact: [email protected]

Table des matières

I
I.
II.
III.
IV.
II
III
VIVO DU MATIN
SIESTE
LE SOIR
TUPAPAÜS
VERS LE SILENCE.
IV
V
I
II
III
IIII
V
VI
VI
VII
I
II
III
IV
V
VI
VIII
IX
I
II
III
IV
V
X
XI

I

Table des matières

POINT DE VUE

(Lecteur, sous les yeux de qui l'oeuvre tahitienne de Paul Gauguin passa peut-être inaperçue—tant on a peu de temps, à Paris et ailleurs, pour penser à soi, à son propre développement, à ses plus profitables plaisirs!—elle est là, je t'y ramène: le point de vue est en elle, des songeries que voici.) Dans ces toiles gonflées encore des souffles lointains qui nous les apportèrent, vivantes d'une vie à la fois élémentaire et fastueuse, c'est la sérénité de l'atmosphère qui donne à la vision sa profondeur, c'est la simplification des lignes qui projette les formes dans l'infini, c'est du mystère que l'intarissable lumière, en le désignant, irradie, révélant: une race.

Si distante de la nôtre, qu'elle te semble, dans le genre humain, une espèce différente de toutes, à part, exceptionnelle. Dans la nature éternellement en fête qui lui fait un cadre de luxuriance, avec le frisson glorieux de ses grandeurs anciennes, avec les marques fatales de sa présente agonie, avec sa religion recherchée dans ses origines et poursuivie jusque dans les conséquences qui l'amènent à l'orée du christianisme: une race, dite par un esprit, le mieux fait, ou l'unique, pour la comprendre et pour l'aimer, par les procédés artistiques les plus voisins de ce luxe extraordinaire en sa simplicité, luxe animal et végétal où le prodige de l'éclat n'égale que le prodige de l'ombre installée au fond de cet éclat même.

Vois, par exemple.

Des formes féminines, nues; dorées, bronzées, de colorations à la fois sombres et ardentes. Le soleil les a brûlées, mais il les a pénétrées aussi. Il les habite, il rayonne d'elles, et ces formes de ténèbres recèlent la plus intense des chaleurs lumineuses. À cette clarté, l'âme, d'abord, te semble transparente de créatures promptes au rire, au plaisir, hardies, agiles, vigoureuses, amoureuses, comme autour d'elles les grandes fleurs aux enlacements audacieux,—de ces filles indolentes et turbulentes, aimantes et légères, entêtées et changeantes, gaies le matin et tout le jour, attristées, tremblantes dès la fin du soir et toute la nuit: or, la lumière éblouit comme elle éclaire. Le soleil dévoile tous les secrets, excepté les siens. Ces obscurs foyers vivants de rayons, les Maories, sous des dehors de franchise, d'évidence, gardent peut-être aussi, dans leurs âmes, des secrets. Déjà, entre la majesté architecturale de leur beauté et la grâce puérile de leurs gestes, de leurs allures, un écart avertit.

Vois plus loin.

I.

Table des matières

En effet, la Maorie a tôt oublié les terreurs de la nuit pour la volupté d'être, dans la fraîcheur brillante du matin, et d'aller, et de s'ébattre, insoucieuse, libre dans la caresse de l'air, de l'herbe, du bain. Sa vie s'éveille avec la belle humeur de la terre et du soleil. Le plaisir est la grande affaire, et l'amour n'est que plaisir. Puis, elle danse, elle se couronne de fleurs, elle chante, elle rit, elle joue, et puis elle aime encore, à l'ombre des pandanus, et puis, elle rit encore, et tout n'est que plaisir. Et la mer est là, dont elle préfère le blanc rivage aux fourrés de la forêt, la mer jolie avec ses récifs de coraux, la mer vivante avec sa voix infinie qui accompagne sourdement l'iméné*, la mer reposante qui baise de ses brises les brûlures de l'amour et du soleil. Et l'amour n'est que plaisir, et tout n'est que plaisir, même le travail: l'occasion d'une promenade en mer ou sur la montagne, la gloriole de montrer sa force ou son adresse, le douceur d'obliger un ami,—le travail, plaisir des hommes qu'ils partagent avec les femmes et dont la nature a, d'avance, fait les frais. Et la sagesse, encore, est un jeu, le plaisir des vieillards, aux veillées—aux veillées où la peur, aussi, amuse (tant, du moins, que le soleil n'a pas quitté l'horizon et qu'on est à plusieurs), par des récits fantastiques, préludes aux prochains cauchemars et qui relèvent d'un peu de religieuse horreur le délice accompli du jour,—bien que déjà, durant la sieste, l'aile noire des Tupapaüs** ait effleuré le front des dormeuses.

* Ce mot, mais ainsi orthographié, appartient à la langue maorie, et signifie: chant de joie.

** Incubes et succubes, esprits des morts, génies errants.—Les u et les ü, dans les mots de la langue maorie, se prononcent ou.

Près de la case en bois de bourao, à distance du rivage que la matinée tropicale maintenant embrase, la forêt commence et de l'ombre fraîche tombe des premiers manguiers. Des hommes, des femmes, tanés, vahinés, sont là, groupés, épars, debout et affairés, assis ou couchés et déjà reposant. On boit, on bavarde, on rit.

Au loin, la mer, égayée de barques indolemment vites, que des jeunes gens dirigent, tantôt à la rame, tantôt par de simples déplacements du corps; et leurs paréos* bleus et blancs, et leurs poitrines cuivrées, et le jaune rouge du bois des barques, font avec l'azur du ciel et le vert et l'orange des flots une harmonie large et gaie, que rythment l'éclair blanc des dents aux fréquente éclats de rire et la frange blanche de la mousse des vagues.

* Ceinture: unique vêtement.

Sur le bord, malgré la chaleur, deux soeurs, qui viennent de se baigner, s'attardent en de gracieuses attitudes animales de repos, et parlent amours d'hier, de demain. Une querelle: un souvenir.

—Eh! quoi? tu es jalouse?

Au fond de l'anse, un jeune tané, admirable dans l'équilibre de sa force et la justesse de ses proportions, tranche à coups de hache un tronc d'arbre. Sur une barque, disposant les éléments d'une brève traversée, et se penchant, à genoux, le dos horizontal, les bras étendus, sa vahiné nue jusqu'aux hanches, les seins pendants, lourds et fermes et frémissants, garde, en dépit de la posture, une incontestable élégance.

Là bas vers l'intérieur, dans la maison maorie, ouverte, une femme, assise sur ses jambes, devant la porte, le coude au genou, les lèvres enflées de colère, seule au moins depuis cinq minutes, au moins pour cinq minutes encore, boude, sans que nul ni elle-même sache pourquoi, peut-être pour le plaisir.

L'heure de la sieste a passé, l'heure d'incendie, l'heure morte.

Le crépuscule vite tombe, et de partout sourd une agitation d'immense volière, dans les demi-ténèbres que la lune cisèle.

On va chanter, on va danser.

Les hommes s'accroupissent au pied des arbres. Les femmes, dans l'espace libre, comme dévêtues de blanc, remuent en cadence leurs jambes solides, leurs fortes épaules, leurs hanches et leurs seins, et les dernières lueurs du jour et les premières lueurs de la lune les poursuivent. La voix des hommes—orchestre de ce ballet—est monotone, grave, presque triste. Il se mêle des frémissements de peur aux trémoussements des femmes et à leur mimique invitant l'amour, qui va venir avec la nuit—avec la nuit tragique, où le démon des morts veille et rôde, et tout à l'heure se dressera, les lèvres blêmes et les yeux phosphorescents, près de la couche où les fillettes tôt nubiles ne dorment point paisibles, parce que les défunts reviennent—défunts amants ou défunts dieux.

II.

Table des matières

NOA NOA: odorant.

La majesté silencieuse de la Forêt accueille le pèlerin en route vers l'Aroraï, la montagne qui touche le ciel.

Nulle vie animale, point d'envols et de chants, et rien qui bondisse et rien qui rampe. Mais quelles harmonies dans les parfums qui grisent l'artiste voyageur! Que de beaux bruits dans l'éclat polychrome des feuilles, des fruits, des fleurs!

Ses yeux, où demeure l'éblouissement des splendeurs humaines contemplées à nuits, à journées pleines, ses yeux, repus de sensualités si chastes d'être si naïves, évoquent parmi ce triomphe végétal la Femme qui serait l'âme de la Forêt, l'Eve dorée, aux membres robustes et souples, aux jambes lisses, fortes, rondes, comme ces lianes, des cheveux drus, comme la mousse, des lèvres où fleurit la sève de l'églantier, deux fruits mûrs sur la poitrine, l'Eve dorée, reine enfant et déesse sauvage, sous le dais somptueux des frondaisons, sur le tapis des herbes, des feuilles amoncelées.

Dans l'extase de cette vision, à pas lents il traverse les clairières rares, les hauts fossés, les ruisseaux, gravit les pentes roides, s'aidant des mains, heureux de l'effort, aux parois de rochers, aux branches d'arbres,—jusqu'à ce qu'un glissement furtif sollicite non pas sa crainte vers l'anfractuosité profonde où luit le blanc ruban d'une source au delà d'un bouquet bas et large,—vers la grotte fraîche où bruit doucement la Source—Papemoë—la Source Mystérieuse: et c'est, soudaine, la présence réelle!

Un jeune être, penché, perché sur d'imperceptibles degrés taillés par le temps dans le mur stratifié de la montagne que la forêt habille de pourpre, un bel être nu boit dans sa main, à la source mystérieuse, à la source sauvage comme lui. Et l'artiste frémit dans son âme devant cette apparition qui lui révèle la vie secrète, le secret vivant de la Forêt, de la Montagne, de l'Ile.

Mais la jeune fille, avertie par la complicité fraternelle, autour d'elle, des choses qui lui dénoncent le témoin, se détourne, voit, et d'un essor léger s'efface sur le rideau des feuilles et des ramures qui s'entr'ouvrent à sa fuite, et se referment silencieusement, impénétrablement.

La Source mystérieuse continue sa plainte, pure comme une voix de femme. Parmi les senteurs vives dont est chargé l'air, s'exhale et domine, enivrant, l'esprit même, l'esprit parfumé de l'Ile Heureuse: NOA NOA.

III.

Table des matières

Matamua!

Il fut un temps, il fut, très jadis, un temps de gloire nationale et de féodalité, d'importance sociale, de richesse publique et privée,—il fut, dans la nuit ancienne, un temps de Dieux et de héros.

Matamua!

Alors la race autochtone régnait sur les Iles et les Eaux réjouies d'adorer les Atuas* universels, et Taaroa, leur père, et Téfatou, le roi de la terre, et Hina, déesse de la lune. Alors les prêtres sanglants prélevaient sur la vie généreuse la dîme essentielle du Sacrifice. Alors les femmes étaient honorées, plus d'une ayant été choisie pour le baiser divin, et maintes traditions attestaient que les mères de la race lui avaient mérité, au prix d'elles-mêmes et de rituels massacres dans le temple ouvert au sommet de l'Ile, l'origine céleste: au prix de massacres rituels qui ne devaient, à travers les âges, point cesser, afin que ne cessât point la Race.

* Les grands dieux

Mais les âges s'écoulèrent, et, un jour, l'homme blanc apparut, l'ennemi des Dieux. Il interdit les sacrifices, et bientôt l'on vit la race forte dégénérer, s'étioler. Et bientôt elle ne sera plus.

A ses derniers survivant les missionnaires chrétiens s'efforcent de faire une âme et une chair chrétiennes; et les marchands leur enseignent le travail forcé, lucratif, le négoce; et les magistrats leur récitent le Code Napoléon; et les arbitres de l'élégance leur montrent à porter des faux-cols, des gants, des habits, des corsets, des robes.

Les Maories écoutent, subissent les nouveaux maîtres, et semblent leur obéir. Mais dans ces yeux résignés persiste, invincible, le rêve vers Matamua, et chaque jour, par nombreuses théories nostalgiques, les Maories s'en vont la bas où sont les aïeux, dans la main de ténèbres des Dieux reniés, des Dieux qui se contentaient, jadis, de quelques gouttes de sang, et qui prendront tous, maintenant qu'on leur refuse tout.

Car la race entière périra pour avoir transgressé le serment des Mères.

Non, les missionnaires n'ont pas conquis au Christ l'âme maorie. Ils l'ont seulement, cette âme, amollie et troublée, et chez les femmes leur influence, plus active que sur les hommes, a eu le singulier effet d'exalter, aux dépens du rude et bon roi de la Terre, leur culte pour la divinité féminine, Hina, la Lune, la déesse du mensonge et de la pitié. C'est à Hina que le plus volontiers elles font les honneurs du passé, en des fêtes au clair de la lune, célébrées par les baisers, les chants et les danses, et cette légende:

_Hina disait à Téfatou:

—Faites revivre l'homme quand il sera mort.

Le Dieu de la terre répondit à la Déesse de la lune:

—Non, je ne le ferai point revivre. L'homme mourra; la végétation mourra ainsi que ceux qui s'en nourrissent; la terre mourra, la terre finira, elle finira pour ne plus renaître.

Hina répondit:

—Faites comme il vous plaira. Moi, je ferai revivre la lune.

Et ce que possédait Hina continua d'être. Ce que possédait Téfatou périt et l'homme dut mourir._

Ce goût de la pitié, qui n'était pas dangereux tant qu'il s'équilibrait par la pratique auguste du sacrifice où les hommes apprenaient à savourer l'extase de l'héroïsme, elles-mêmes les femmes sentent ce qu'il a, solitaire, de mortellement équivoque.—Mais rien de plus ne leur reste de Matamua, et elles se repaissent de ce vestige.

Rien de plus,—et leur beauté, et leur âme, inaltérables.

La jeunesse éternelle des éléments s'affirme, avec les caractères de leurs diverses essences, plus nécessairement en la Maorie qu'en toute autre femme. La légèreté versatile de l'air est dans sa pensée, dans ses sentiments, dans sa parole. La profondeur agitée de l'eau est dans son regard. Ses pieds solides tiennent à la terre aussi fortement que les racines des arbres. Le feu solaire flambe dans ses sens. Il en résulte un être singulier, puéril et majestueux, sculptural en ses rares instants d'immobilité, aux yeux très candides et très aigus, avec un charme unique, indéfinissable, peut-être impénétrable, et que les voyageurs s'accordent à désigner, renonçant à le définir: le charme maorie.

Je vois l'artiste, devant cet être, s'efforçant de lui dérober ses secrets. Je le vois contemplant cette enfant énigmatique, et pourtant nue dans son âme comme dans son corps, malgré, non pas aucune ruse, mais l'extrême mobilité de sa fantaisie qui précipite et brouille perpétuellement le kaléidoscope de ses pensées, unité nuancée d'une succession de contradictoires caprices qu'on croirait simultanés, tant des uns aux autres le passage est rapide. Je le vois poursuivant sa passionnante chasse au mystère et faisant parler le silence. Il sent peser sur cette jeune vivante l'ombre du vieux passé. Il cherche dans ce visage, où la chaleur du sang permet à peine aux souvenirs personnels de s'inscrire, les traces de cet insondable passé que la fécondité de la terre n'a pas permis aux aïeux de Téhura de fixer sur le sol par de durables monuments: car les végétaux ont lentement et sûrement repris à la pierre, dont le domaine est dans la nuit de la terre, la surface du sol, qui leur appartient*. La Maorie se laisse posséder, elle ne se livre pas. Toujours au bord du dernier mot elle se tait, au bord du seul mot qui eût tout dit, et son incompréhensible sourire intervient avec le silence, réservant l'intime vérité hors des prises humaines. Et la certitude ne sera jamais. Non plus la lassitude: avec le sourire, voici que tout l'être s'est renouvelé, sollicitant à de nouvelles études, gaiement, la curiosité jamais émoussée.

* Il convient d'ajouter que "l'expansion coloniale" de l'occident civilisateur a vivement achevé l'oeuvre des végétaux.

Peu à peu, dans les recherches de l'artiste, le type d'une Eve dernière s'informe, physique et comme végétale, le robuste jaillissement d'un jeune arbre dans l'aboutissement épuisé d'une hérédité longue, avec la consécration de l'antiquité fabuleuse qui fait le fond de ses regrets et de son orgueil, avec le sceau de ce vieux, de cet insondable passé où rêvent ses instincts, ses plaisirs, ses terreurs. Elle a dans Jadis son orient et rien ne naîtra d'elle, idole et prêtresse d'un culte défunt.

IV.

Table des matières

Parahi té Maraë: la réside le Temple.

Car le Temple, lieu ouvert et le sommet de la montagne que touchent les pieds des Dieux, est lui-même un vivant. Ici, lui seul: à son contact meurt la nature, de terreur ou d'amour, et les cimes des grands arbres s'inclinent au seuil de l'enceinte aride.

Lieu de grandeur et d'horreur; nudité des rites mortuaires; là coula le sang humain: et des têtes de morts, témoignages sculptés sur la barrière qui cerne le Temple, précisent.

Vue de ce sommet, la vie—en bas, dans les jardins du rivage, si gaie, tout le jour—n'apparaît plus vraie qu'en ses heures nocturnes, alors que les rieurs de midi se taisent et frissonnent.