On ne badine pas avec la mort - Marie Torres - E-Book

On ne badine pas avec la mort E-Book

Marie Torres

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Beschreibung

La mort n'apprécie pas que l'on se joue d'elle...

Qu’est-ce qui peut pousser un mari à demander à l’amant de sa femme de le supprimer ? Ou, plus exactement, de le rayer de la liste des vivants ? Le désir d’échapper à un danger imminent et d’aller refaire, incognito, sa vie ailleurs. Mais ce qu’un amant peut accepter de faire par amour, la mort, elle, ne peut le tolérer. C’est qu’elle n’aime pas qu’on se joue d’elle. Ce qu’on lui promet elle le veut. Coûte que coûte. Qui en fera les frais ? Le mari trop hardi ? Les amants trop confiants ? L’assistante  trop amoureuse ? Une chose est certaine, l’inspecteur de police, lui, ne s’en laissera pas conter.

Plongez dans une pièce de théâtre et découvrez comme la mort exige ce qu'on lui a promis, coûte que coûte.

EXTRAIT

Pierre-Yves : Vous êtes un être monstrueux.
Hubert : Vous ne m’apprenez rien, je le sais. Mais sachez que bientôt vous serez, Delphine et vous, aussi monstrueux que moi.
Pierre-Yves : Parce que nous nous aimons ?
Hubert : Tout juste ! Parce que vous vous aimez. Vous vous aimez et vous savez maintenant que, moi vivant, votre amour ne pourra pas vivre au grand jour. Il devra se cacher. S'étioler. Vous, Docteur, vous commencerez sans doute à reprocher à Delphine cette situation sans issue. Toi, tu seras déchirée entre ton amour pour lui et la crainte de m’affronter. ( une pause) Vous ne dites rien. Ni l'un ni l'autre. Mais vous savez que j’ai raison. Que peu à peu vous en arrivez à penser ( il les regarde à tour de rôle) que les obstacles, et j’en suis un pour vous, que les obstacles lorsqu’on ne peut pas les surmonter, on les supprime. ( Pierre-Yves va parler) Non, taisez-vous. Supposez un instant que je disparaisse. Que se passerait-il ? Vous l'épouseriez. Elle s'installerait ici. Vous verriez comme cet appartement prendrait, comment dire, une autre dimension. Elle n'a pas son pareil pour créer une ambiance. Quelques fleurs ici et là. Un léger fond musical. Chopin, Bach ou Mahler, selon l’humeur du jour. Eh bien pour cela, il vous faudra attendre ma mort. ( il les regarde intensément) Vous semblez choqués et pourtant, croyez-moi, cette idée est déjà là en vous. Et elle va germer. Elle va, petit à petit, grandir jusqu'au jour où...

À PROPOS DE L'AUTEUR

Marie Torres, née le 23 mai 1953, est chargée de communication dans un groupe d’assurance et écrit, bénévolement, pour un web magazine culturel international, micmag.net.

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On ne badine pas avec la mort

Théâtre

Marie Torres

Dépôt légal octobre 2012

ISBN : 978-2-35962-328-4

Collection Entr’actes

ISSN : 2109-8697

©éditions Ex Aequo

©Couverture de Hubely

©2012.Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction intégrale ou partielle, réservés pour tous pays.

Éditions Ex Aequo

6 rue des Sybilles

SOMMAIRE

Acte I7

Scène 17

Acte II25

Scène 125

Scène 239

Scène 345

Acte III54

Scène 154

ON NE BADINE PAS AVEC LA MORT

Les personnages

Delphine : Épouse d’Hubert et maîtresse de Pierre-Yves puis épouse de ce dernier.

Pierre-Yves Chamfort : Amant puis mari de

Delphine.

Hubert Delamotte : Premier mari de Delphine.

Inspecteur Martinez : Inspecteur de police.

Carola : Collaboratrice de Pierre-Yves.

Le décor

Le salon d’un appartement moderne.

Le genre

Policier.

Acte I

Scène 1

Personnages : Delphine, Pierre-Yves, Hubert

Appartement de Pierre-Yves Chamfort.

En fond de scène, une bibliothèque, une CDthèque, un bar, une table basse, une lampe.

Au mur, des reproductions de dessins d’Edward Burnes-Jones.

Sur le devant, un canapé.

En fond sonore : Le rêve d'amour n° 3 de Liszt

Pierre-Yves et Delphine sont enlacés sur le canapé.

Delphine (elle regarde sa montre) : Dix-neuf heures ! (elle se lève rapidement)

Pierre-Yves : Je croyais que ton mari avait un dîner ce soir ? (il la prend par la main et l'attire sur le canapé près de lui)

Delphine : Un dîner ! C'est ce qu'il m'a dit, en effet.

Pierre-Yves : Tu penses qu’il ment ?

Delphine : Il ment. (elle se relève,prend son sac à main et son manteau)

Pierre-Yves (il se lève et arrête le CD) : Et pourquoi ?

Delphine : Parce que je le soupçonne d’avoir découvert notre liaison et de vouloir me confondre.

Pierre-Yves : Qu'est-ce qui te fait dire cela ?

Delphine : Je ne sais pas comment l’expliquer, mais depuis quelques jours il est bizarre.

Pierre-Yves : Bizarre ! Il me semble que c’est son état normal, non ?

Delphine : Préoccupé, tendu, pas comme d’habitude.

Pierre-Yves : Préoccupé. Pour moi, son inquiétude doit-être liée à la conjoncture économique. L'immobilier est bien chahuté en ce moment et quand on sait l'importance que ton mari accorde à ses affaires.

Delphine : Les problèmes économiques ont tendance à le stimuler. Plus cela va mal et plus il est dans son élément ! Non, je te le répète, il a découvert notre liaison. Cela devait arriver un jour ou l'autre. (elle est prête à partir)

Pierre-Yves (il la retient) : Si tu as raison, ne crois-tu pas que c’est l'occasion de tout lui avouer ?

Delphine : De tout lui avouer ! Comme s'il s'agissait de lui dire que j'ai acheté une nouvelle robe ou je ne sais quoi d'autre. Pierre-Yves, tu ne le connais pas. Tu ne sais pas de quoi il est capable... et moi non plus d'ailleurs, c'est bien ce qui me fait si peur.

Pierre-Yves : Combien de fois t'ai-je proposé d'aller le trouver et de tout lui expliquer moi-même ?

Delphine : N'y pense même pas !

Pierre-Yves : Tu dis qu’il ne t'accorde plus le moindre intérêt alors pourquoi te refuserait-il le divorce ? As-tu pensé à nous, Delphine ? Pendant combien de temps encore allons-nous vivre ainsi ? Je commence… (il ne finit pas sa phrase)

Delphine (elle s’assoit sur le canapé) : Tu commences à en avoir assez de cette situation. Je le sais. Je sais tout cela, mais il me terrorise. Je n’ai pas la force de lui parler. Et je redoute encore plus un tête-à-tête entre vous. (une pause) Notre histoire est sans issue. Il aurait mieux valu ne jamais se rencontrer.

Pierre-Yves (il sourit et s’assoit près d’elle) : Je n'aurais jamais dû me rendre le même jour et à la même heure que toi au Musée d'Orsay, c’est cela ? À l'exposition Edward Burnes-Jones. T'en souviens-tu ? C'était en juin 1999.

Delphine : Comment l'oublier.

Pierre-Yves (il la prend dans ses bras) : Je te revoie. Tu portais une robe bleue très fluide et tes cheveux, relevés en chignon, dégageaient la plus charmante des nuques. Quand je suis entré dans la salle, tu étais tout absorbée dans la contemplation du tableau, « L'Églantine ». Je me suis arrêté un instant. J’avais l’impression que la jeune femme du tableau et toi ne faisiez qu'une.

Delphine : Et tu as murmuré « Est-ce que je rêve ? »

Pierre-Yves(il l'embrasse) : Oui, je croyais rêver.

Delphine(elle se dégage de ses bras) : Et aujourd'hui, le réveil est douloureux, n’est-ce pas ?

Pierre-Yves : Pourquoi dis-tu cela ?

Delphine (elle se lève et reprend ses affaires) :Parce qu'on ne peut pas continuer à vivre ainsi, tu viens de le dire toi-même. Trois années déjà. Même si Hubert me laisse une grande liberté, ce n'est une vie ni pour toi ni pour moi. Et je ne vois aucune solution. (une pause) À moins bien sûr qu'il ne... disparaisse.

Pierre-Yves : Écarte cette hypothèse.

Delphine (pour elle-même) : Pourquoi, c’est un être nuisible.

Pierre-Yves : Que dis-tu ?

Delphine : Que c’est un être nuisible. Le seul acte charitable qu’il pourrait faire, c’est disparaître !

Pierre-Yves : Penses-tu vraiment ce que tu dis ?

Delphine : Je ne sais pas. Mais en y réfléchissant bien, c’est lui ou nous. Alors…

Pierre-Yves : Non Delphine, il y a une autre solution, c'est la vérité. Tout lui avouer.

Delphine (tout en parlant, elle prend un carnet posé sur le bar) : Le précieux « pense-bête » de Carola.

Pierre-Yves (un peu surpris) : Oui, Un petit « pense-bête », comme tu dis, qui m'est très utile, je l'avoue.

Delphine : Rédigé de ses propres petites mains. Je vois qu'elle mentionne même ce qui est personnel : prendre rendez-vous garage pour contrôle technique. Elle est parfaite.

Pierre-Yves : En tant que collaboratrice, elle est parfaite, en effet.

Delphine : Cela ne l’empêche pas d’être une femme et d’être amoureuse de toi.

Pierre-Yves : Tu exagères. C'est vrai qu'elle m'est très dévouée, mais je pense qu'elle aurait la même attitude avec n'importe lequel de mes confrères cardiologues.

Delphine : Non juste avec toi. Si tu étais couvreur, elle se passionnerait pour les tuiles et l'ardoise.

Pierre-Yves (il rit) : Je vais finir par croire que tu es jalouse.

Delphine (elle va répondre, mais est interrompue par l'interphone) : Attends-tu quelqu'un ?

Pierre-Yves : Non. (il décroche) Oui. (il écoute puis raccroche)

Delphine : Qui est-ce ?

Pierre-Yves : Monsieur Delamotte.

Delphine : Au théâtre, je m'exclamerais : ciel, mon mari ! Tu lui as raccroché au nez ?

Pierre-Yves : J'ai été surpris. Il va sûrement rappeler. (on sonne de nouveau)

Delphine : Ne réponds pas.

Pierre-Yves : Il sait que je suis là et c’est l’occasion que j’attends depuis longtemps. (il prend l'interphone) Excusez-moi, une fausse manœuvre. Je vous ouvre. (il raccroche - Delphine, au milieu de la scène ne bouge pas) N'aie aucune inquiétude, tout se passera bien.

Delphine : S’il te plaît, ne précipite rien. Peut-être vient-il… pour toute autre chose ?

Pierre-Yves : Je ne donne pas de consultation à domicile ! (d'un ton très théâtral) Je te promets qu’avant de parler, je m'assure qu'il n'est pas armé. (il l'embrasse. Elle sort de scène. On sonne, il ouvre. Hubert Delamotte entre) Monsieur Delamotte. (il lui tend la main) Pierre-Yves Chamfort, à quoi dois-je l'honneur de votre visite ?

Hubert (il examine la pièce) : À quoi devez-vous l'honneur de ma visite ? Devinez un peu. Je suis Hubert Delamotte. (il le regarde très intensément) Delamotte, ce nom ne vous évoque-t-il rien ?

Pierre-Yves (un peu perturbé par le regard d'Hubert) : Delamotte ?

Hubert : Oui, Delamotte. Je pourrais être un de vos patients, car vous êtes cardiologue et j'ai des problèmes cardio-vasculaires. Mais je suis là pour toute autre chose. En fait, je suis ici tout simplement parce que je suis le mari de votre maîtresse. Le cocu, en quelque sorte.

Pierre-Yves : Écoutez...

Hubert : C'est vous qui allez m’écouter. Où est mon épouse ? (il fait le tour de la scène)

Pierre-Yves : Elle n'est pas ici.

Hubert : Elle est ici, je le sais. (Delphine apparaît)

Pierre-Yves : Delphine (il la fait asseoir sur le canapé), j'aurais aimé t'éviter cette scène, mais (il regarde Hubert qui le fixe toujours). Monsieur Delamotte, j'aime votre femme et cet amour est partagé (il s'arrête gêné par le regard froid d'Hubert. Doucement il ajoute). Excusez-moi je suis peut-être un peu trop direct.

Hubert : En ce qui concerne l’amour, ne vous inquiétez pas pour moi. N’oubliez pas que si votre domaine est le cœur, le mien, c'est l'argent. Désolé.

Pierre-Yves : Ne le soyez pas. Puisque vous n'aimez plus Delphine, rien ne s'oppose à votre divorce.

Hubert : Là aussi vous vous trompez.

Delphine : Je te l'avais dit.

Hubert : Je ne suis pas ici pour écouter vos états d’âme. Je suis ici pour vous proposer un marché. (il se tait un instant et les regarde toujours très intensément) Maintenant, vous savez que je suis au courant de votre liaison et que je n’accepte pas le divorce.

Pierre-Yves : Mais enfin pourquoi ? Je n'arrive pas à vous comprendre.

Hubert : Parce que vous ne me connaissez pas. Pourquoi croyez-vous que Delphine ne m’a pas quitté ? Parce qu'elle m'aime ou parce qu'elle a peur de moi ?

Pierre-Yves : Vous êtes un être monstrueux.

Hubert : Vous ne m’apprenez rien, je le sais. Mais sachez que bientôt vous serez, Delphine et vous, aussi monstrueux que moi.

Pierre-Yves : Parce que nous nous aimons ?

Hubert : Tout juste ! Parce que vous vous aimez. Vous vous aimez et vous savez maintenant que, moi vivant, votre amour ne pourra pas vivre au grand jour. Il devra se cacher. S'étioler. Vous, Docteur, vous commencerez sans doute à reprocher à Delphine cette situation sans issue. Toi, tu seras déchirée entre ton amour pour lui et la crainte de m’affronter. (une pause) Vous ne dites rien. Ni l'un ni l'autre. Mais vous savez que j’ai raison. Que peu à peu vous en arrivez à penser (il les regarde à tour de rôle) que les obstacles, et j’en suis un pour vous, que les obstacles lorsqu’on ne peut pas les surmonter, on les supprime. (Pierre-Yves va parler