Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Les coquillages, compagnons silencieux de notre enfance, nous suivent à travers les âges. Mais qui sont-ils vraiment, entre la palourde qui se cache et l’huître qui s’expose avec audace ? Ce recueil met en lumière l’huître, fière et résistante, qui, même blessée, offre aux femmes les plus précieuses des perles. D’autres coquillages, tout aussi fascinants, viennent magnifier la femme dans ses splendeurs, amplifiant la beauté et la force de son être.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Poète, peintre et photographe, Michel Cossec considère les mots comme des révélateurs du regard intérieur. À travers eux, il expose des paysages hantés, traversés tels des miroirs, où l’essence du réel se dévoile.
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 53
Veröffentlichungsjahr: 2025
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Michel Cossec
Ontologie des coquillages
Recueil
© Lys Bleu Éditions – Michel Cossec
ISBN : 979-10-422-7033-9
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Chez Dremmwel Poésie :
– Accent grave (2021).
Chez Edilivre :
– L’ici-ou-là (2018) ;
– L’écume dissidente (2019) ;
– Armorique comprise (2020).
Chez Éditinter :
– Cité des alizés (2012) ;
– Divans (2013) ;
– Désastres noirs (2014).
Chez L’Harmattan, collection Poètes des cinq continents:
– On dirait, d’une lointaine vague (2017) ;
– Effraction 2 – Poseurs de lumière – Aux confins des sens (2020).
Ouvrage collectif sous la direction de Philippe Tancelin ;
– Dédale des songes et incantations, suivi de Non-lieu (2022) ;
– Dire et le silence qui reste, suivi d’Autres dires (2022) ;
– Anthologie de l’eau (2022).
Ouvrage collectif sous la direction d’Anthemana
– D’ouest en ouest (2023).
Chez Le Lys Bleu Éditions
– Gwerzioù nevez, Chants de marins (2023) ;
– Cap Caval, j’en appelle sans le nom (2024).
Revues :
– À l’index ;
– Recours au poème ;
– Écrit(s) du Nord.
Un livre de Marc Le Gros, remarquable, fait L’éloge de la palourde. Il présente toutefois une injustice à mes yeux : celle de stigmatiser l’huître, elle qui fait l’objet de tant d’attentions, religieuses ou philosophiques, elle porteuse d’une symbolique érotique exacerbée. Riche de tant de perceptions contradictoires qui font sa fortune sémantique.
La palourde est certes une manière de perfection, mais elle est d’une discrétion peut-être trop grande. Que l’on songe à la malice des porcelaines, à leur si belle anatomie et à cette façon qu’elles ont de se déshabiller de leur manteau, théâtre autrement plus émoustillant que celui de la palourde. Que l’on songe encore à la suave moule quand l’évoquer n’est pas convoquer le moindre des appétits ! Charles Bonnet1 prétend que les coquillages ne sont dotés d’aucune âme, d’aucune sensibilité, eux qui ont engendré tant de mythes audacieux. Alors, c’est croire l’homme bien peu doué d’imagination ni posséder le sens des métonymies. Plus regrettable encore, être insensible à la poésie.
La langueur du sable où s’enfouissent les palourdes est une vacance, une timidité qui peut faire craindre l’ennui. C’est de fougue que l’on s’éprend, d’ardeur et de passion, et les déchirements de la coquille de l’huître ne sont que les cris qui traversent les passions du corps et l’âme. Osons le dire, la marque d’instants christiques.
L’huître sait faire face à la brutalité des océans, audace dont s’exempte la palourde, toujours escampée dans ses molles alcôves de sable. Bien pâle amante en somme, recluse.
Songeons aux chimériques sirènes. Pour ne pas être coquillages, elles n’en sont pas moins couvertes d’écailles : elles savent la hargne que sont d’abord les amours humaines et, quitte à leur céder, s’habillent d’un apparat guerrier qu’il nous faut savoir transgresser.
On peut encore comprendre l’huître comme l’image du marin confronté à la fureur de l’océan quand se forge sa gloire. S’imagine-t-on un Châteaubriant planté sur un esquif au bout de quelque estran, avachi sur des voiles affalées alors que le rêve nous pousse dans les griffes des Dercéto2 ? Son immobilité n’est pour l’huître qu’un faible frein à la ferveur des amours qu’elle suscite : elle est ce roi d’Ithaque qui n’aura jamais quitté son île. Platon disait de l’huître qu’elle est une âme dans le tréfonds d’un corps-coquille. Pour ceux, sceptiques, qu’ils se rappellent, Pindare pour qui médire n’est que tirer des flèches dans les étoiles. Blesse-t-on jamais une étoile ?
Fière et pugnace, l’huître défie l’intempérance de la houle, la force des vagues. Guerrière, elle ne recule jamais. L’offensez-vous ? Blessée, elle pare les femmes des perles les plus belles.
Magnanime, généreuse autant que sauvage, voilà l’Huître dans toute sa grandeur. La femme dans toute sa splendeur.
Nacre nacaire3 !
conque où se cache l’ambre des tréfonds
On s’épargne la vague
et l’on s’échoue sur un estran cocos fesses
Une femme brûle son ongle
au bord du dernier voile
femme-triton4 qui porte l’écho
de flux en reflux
de légende en dévoration
Une femme brûle sur l’estran
de rugissement en rugissement
Évidemment, la palourde ! Mais sa gibbosité, ses valves, sa vulve où s’articule une vie de sable, timide et cachée. Évidemment, la palourde, mais sa vie d’ombre et de silence.
L’huître, elle, coquille tout aiguisée, est sentinelle qui fait face à l’âpreté des vagues. Armurée de pied en cape, elle affronte la rage de l’écume, huître ō-yoroi5 en quelque sorte, plus fière qu’un samouraï, et redoutable.
Puisse l’huître dont la coquille est née de l’or nous défendre de la peur, dit l’Alharva Veda (IV, 10).
L’huître est coup de foudre dont on s’éprend, sang vif sperme sauvage, qui se moque bien des épaves qu’elle aura domptées. Elle est spered gouez6 dit-on en Bretagne, esprit sauvage.
L’huître
À chaque marée,
palourdes et tellines
restent en leur sable
quand toi ta nacre est soleil
qui s’expose
Corbière le savait, tu es
mendiante d’amour, passion
averse qui traverse,
tu es le fruit attendu
qui ravive l’antan
vieil et déchu
Tu es chal ha dichal7
Pléiade qui engendre
des fleuves d’étoiles jaillissantes
So when the music’s over
When the music’s over, yeah
When the music’s over
Turn out the lights
Turn out the lights
Turn out the lights
The Doors
Qui n’a rêvé Aphrodite au plus secret de ses mœurs ? Qui n’a souffert des passions qu’elle instille ?
On dit de la Déesse qu’elle émergea des océans sur la coquille d’une huître pour aborder un rivage et qu’y naît Éros. Alors, les hommes firent de sa coquille un sanctuaire, l’emblème l’asile8 de la beauté des femmes.