Orfan - Tome 3 - Gaëlle Tertrais - E-Book

Orfan - Tome 3 E-Book

Gaëlle Tertrais

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Beschreibung

Depuis la victoire de la résistance dans la plaine de Medaba, le mal a pris un nouveau visage : des nuées sombres parcourent Mennelmär et s’infiltrent jusque dans le cœur des habitants, semant la haine et la discorde dans le pays. Orfan, Aël et leurs amis comprennent vite que leurs armes sont inutiles : seul l’amour peut vaincre le mal. Et il leur en faudra beaucoup pour surmonter les épreuves dans lesquelles leur nouvelle quête les entraîne. Parviendront-ils à vaincre le mystérieux roi Oromock, esclave de l’esprit sombre ?


À PROPOS DE L'AUTEURE


Autrice et éditrice jeunesse, Gaëlle Tertrais a écrit une vingtaine d’ouvrages pour enfants aux éditions Mame et Emmanuel.

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Gaëlle Tertrais

3. L’ultime sacrifice

Conception couverture : © Christophe Roger

Illustration couverture : © Dara

Illustration intérieure : © Marie-Alix de France

Relecture : Le Champ rond

Composition : Soft Office (38)

© Éditions Emmanuel, 2022

89, bd Auguste-Blanqui – 75013 Paris

www.editions-emmanuel.com

ISBN : 978-2-38433-062-1

Loi n° 49-956 du 16 juillet 1949 sur les publications destinées à sla jeunesse, modifiée par la loi n° 2011-525 du 17 mai 2011

Dépôt légal : 4e trimestre 2022

À mon cher, cher Loïc…

Précédemment dans Orfan…

Le secret du bracelet

Dans le pays de Mennelmär occupé par les Oromores, des créatures bestiales et cruelles, Orfan Gamará vit retiré du monde avec sa famille, dans le petit village de Sirbil. Mais son existence paisible prend fin lorsque des Oromores attaquent sa maison et enlèvent ses parents, Loïs et Amaya, et sa petite sœur, Thaïs. Orfan parvient à s’enfuir avec son jeune frère Goulven et leur vieux serviteur, Mat. Ils partent en bateau, à travers la mer des Courants, vers le pays de Brëanodor.

Durant la traversée, Orfan apprend qu’il est le descendant et dépositaire d’un ancien ordre de chevalerie dont font partie ses parents : les chevaliers des Quatre-Vertus. Mat, qui est lui-même chevalier en secret, adoube Orfan sur le bateau et lui remet un mystérieux bracelet serti de quatre pierres précieuses.

En Brëanodor, Orfan et Goulven sont accueillis par la famille Mariental dont la fille, la pétulante Aël, devient la grande amie d’Orfan. Durant ces mois d’exil, il apprend à utiliser son bracelet en pratiquant les quatre vertus : prudence, force, justice et tempérance, qui font chacune briller une pierre du bracelet. Ce pouvoir lumineux des pierres guide Orfan pour devenir un vrai chevalier.

L’invasion surprise des Oromores en Brëanodor décide Orfan à retourner en Mennelmär pour y soulever une résistance. Alors que les Oromores mettent le feu à la ferme des Mariental qu’ils capturent, Orfan, Goulven et Aël réussissent à partir à cheval, au cours d’une fuite épique, aidés par la puissance surnaturelle du bracelet d’Orfan.

Commence alors une longue odyssée à travers Brëanodor, dans un pays ravagé par les Oromores. Conduits par un certain Benoïn qui prend Orfan, Goulven et Aël sous son aile, les trois enfants tentent de rejoindre le port de Kerfissien où un réseau d’évasion leur fera traverser la mer des Courants. Ils sont rejoints par Wlad, un jeune garçon révolté par la mort de ses parents, dont l’arrivée dans le groupe ne fait pas l’unanimité. Pourtant, Orfan décide de lui donner sa chance.

Après que Benoïn a été blessé dans une attaque, c’est pourtant Wlad qui sert de guide sur la route périlleuse du volcan Kapurta, alors qu’ils sont toujours poursuivis par les Oromores. Face au danger, les quatre enfants associent leurs vertus et parviennent à vaincre tous les obstacles. Le bracelet des Quatre-Vertus manifeste à nouveau sa puissance.

Le groupe arrive enfin à Kerfissien où il prend un bateau pour Dannedebär, en Mennelmär. Après une arrivée rocambolesque, les enfants atterrissent chez les Écuyers du Nord auprès de qui ils ont bientôt la joie de retrouver Mat. Ensemble, ils préparent l’attaque de la forteresse d’Armura où les parents et la sœur d’Orfan et Goulven sont retenus prisonniers.

Ils parviennent à délivrer les parents d’Orfan et les autres prisonniers d’Armura, avec le secours des pierres du bracelet des Quatre-Vertus et les efforts de chacun. Puis ils se réfugient au cœur de la forêt de Carnoën, dans une grotte chargée d’histoire qui sera le lieu de l’adoubement des valeureux compagnons d’Orfan : Aël, Goulven et Wlad. Devenus chevaliers et sentinelle des Quatre-Vertus, ils promettent de consacrer leurs forces à la libération de Mennelmär et à la victoire du bien sur le mal.

L’heure des ténèbres

Depuis la libération des parents d’Orfan, la mainmise des Oromores s’est resserrée sur Mennelmär. Les chevaliers doivent vivre dans la clandestinité à Dannedebär, chez les Écuyers du Nord. Ils organisent des opérations de sabotage et de propagande pour déstabiliser les Oromores et réveiller la population. Peu à peu, la résistance s’étend dans le pays, grâce à Mat qui crée de nouveaux groupes d’écuyers.

Loïs et Amaya, les parents d’Orfan, révèlent aux quatre chevaliers le secret des pierres précieuses qui ornent le bracelet d’Orfan ainsi que les pommeaux de leurs épées de chevaliers et sentinelle. Elles ont un pouvoir surnaturel qui matérialise la force des vertus et la décuple en formant de puissants rayons lumineux. Les chevaliers apprennent ainsi l’existence d’une mine de ces pierres précieuses, savamment gardée par un sortilège. Mais quelqu’un d’autre a entendu cette révélation et compte bien en tirer profit… C’est Tarán, un des écuyers du Nord, jeune homme tourmenté et violent.

Une surprise attend Orfan et ses amis : l’arrivée d’Aquila, le frère d’Aël, et de ses compagnons de la Phalange des Purs et Durs. Cette organisation secrète, qui vise aussi la libération de l’oppression oromore, mais au moyen de méthodes violentes et radicales, ne plaît pas à Orfan. Et son arrivée attire l’attention des Oromores, qui attaquent la maison des Écuyers du Nord. Une bataille au corps à corps permet aux chevaliers d’échapper au massacre mais leur refuge est détruit par le feu et la résistance, dispersée.

Cachés dans la cave du forgeron Dragorn, les chevaliers se retrouvent isolés, blessés et découragés. Orfan commence à perdre espoir. C’est alors que l’idée leur vient de faire appel à l’aide d’un ancien chevalier et d’une ancienne sentinelle des Quatre-Vertus, Téhur et Lalibella, qui se sont retirés loin du monde. Ils espèrent rassembler toute la résistance du pays pour attaquer les Oromores dans la plaine de Medaba où ces derniers vont se rassembler pour des manœuvres militaires.

Orfan, Aël, Goulven et Wlad partent à la recherche de Téhur et Lalibella, accompagnés par Tarán. Commence un long voyage au cours duquel Wlad et Tarán leur font faux bond en volant la carte de Mennelmär. Orfan comprend tout de suite qu’ils veulent aller à la mine des pierres précieuses pour s’en emparer. Cette trahison ajoute encore à son découragement. Aël, qui a reçu d’Amaya un pendentif représentant une salamandre, symbole de la foi, reste la seule à garder confiance et espérance.

Les trois compagnons atteignent enfin le château de Téhur, après avoir traversé la mystérieuse forêt de Vohiboul, peuplée des étranges Tétitacs, un petit peuple caché qui vit dans les arbres. L’accueil et la bonté des Tétitacs ont redonné du courage à Orfan. La rencontre avec Téhur est chargée d’émotion mais l’ancien chevalier refuse d’aider les trois jeunes gens. Il a fondé une famille et a choisi de ne plus prendre les armes. Son épouse, une Dryade, la belle et forte Aetna, leur donne tout de même des informations pour trouver la sentinelle Lalibella. Orfan et ses amis partent pour les montagnes du Nord, en quête du repaire de la sentinelle. En chemin, ils font la connaissance d’un autre petit peuple, les Dômdus, des nains des montagnes grognons et facétieux. Avec leur aide, ils trouvent la grotte où Lalibella vit en ermite. Pendant ce temps, Wlad et Tarán réussissent à pénétrer dans la mine en venant à bout du sortilège qui la protégeait. Mais leurs intentions mauvaises provoquent la destruction de la mine qui s’effondre sur elle-même. Les deux garçons se sauvent de justesse. Les conséquences de cette destruction sont considérables : les pierres cessent de briller… C’est l’heure des ténèbres.

Devant cette triste découverte, la désolation et le découragement abattent à nouveau Orfan. Comment garder la foi quand tout semble perdu ? Heureusement, Lalibella décide de leur prêter main-forte et part avec eux trouver de l’aide chez les Écuyers des Hautecombes. La compagnie de ces jeunes écuyers surentraînés redonne espoir à Orfan. La grande bataille de Medaba se prépare, tandis que se rassemblent tous les groupes de résistants du pays.

Avant que ne sonne l’heure du combat, plusieurs centaines de résistants sont au rendez-vous. Mais Orfan a la stupeur de voir arriver aussi Wlad et Tarán. Un duel à l’épée l’oppose à ce dernier, donnant la victoire à Orfan. Face à Wlad, Orfan hésite. La colère prendra-t-elle le dessus ? Grâce à l’intervention d’Aël, le combat entre les deux chevaliers est évité et la réconciliation scellée. Orfan découvre que le pardon et l’amour font des miracles : en effet, les pierres se remettent alors à briller ! Les chevaliers peuvent à nouveau s’appuyer sur la puissance de leurs pierres.

La bataille commence sur la plaine de Medaba. Assisté d’animaux fantastiques, les donzibas, les charmars et les chiens bergers, le camp des chevaliers doit faire face à des créatures redoutables, les mordontes et les kragouls, ainsi qu’aux terribles flèches noires des Oromores. Quand tout semble perdu, l’arrivée inopinée des Tétitacs et des Dômdus, commandés par le chevalier Téhur, renverse l’issue de la bataille. Les Oromores sont écrasés et leur chef, Baltek, est fait prisonnier. Mais Téhur a été tué lors du combat, en voulant sauver Mat. Il est mort en héros, digne des plus grands chevaliers.

En interrogeant le prisonnier Baltek, les chevaliers apprennent le secret des flèches noires qui tirent leur pouvoir de l’esprit sombre. Mat découvre aussi les dangereux projets de cet esprit et décide de partir seul et à l’insu de tous pour le combattre dans son antre : la citadelle de Stoca, en pays d’Oro.

Pendant que la plupart des chevaliers et des écuyers poursuivent la libération de Mennelmär, Orfan et ses amis libèrent les parents d’Aël, esclaves dans les mines du Grand Nord. Le règne Oromore s’écroule. Les chevaliers sont vainqueurs dans presque tout le pays. Mais Orfan s’interroge sur l’étrange disparition de Mat.

Le combat de Mat

Tapi derrière un rocher, Mat observait avec précision les remparts de l’immense citadelle qui se dressait au-dessus de lui. Elle était solidement posée sur un éperon rocheux. En dessous : cent mètres de vide et de parois vertigineuses.

— Eh bien ! Il semblerait que Stoca soit aussi imprenable qu’on le dit, reconnut le vieux chevalier, sans perdre son flegme.

Mat fouilla l’horizon du regard… Mais pas la moindre trace d’une quelconque armée. Seulement des pierres, des rochers et des cailloux. Nulle végétation pour adoucir le paysage. Pas un arbre pour rafraîchir l’air étouffant. Seul un vent âpre et sec venait gifler le visage du chevalier solitaire. Au-dessus de la montagne planait un épais nuage noir, comme un nuage d’orage, menaçant, prêt à éclater.

Et toujours cette citadelle perdue, inaccessible, tout là-haut.

D’un mouvement souple, Mat quitta l’abri du rocher et s’éloigna de son observatoire. Il n’y avait plus qu’à attendre la nuit pour escalader la paroi.

L’ascension fut longue et silencieuse. Lorsqu’il prit enfin pied sur le rebord de la muraille, Mat découvrit toute une petite ville repliée à l’intérieur de la forteresse. Un silence de mort planait sur les lieux. Mat sentit monter en lui une inquiétude sourde : où étaient ses occupants ? Le chevalier ne distinguait pas âme qui vive. Furtif comme une ombre, il traversa l’esplanade qui en faisait le tour. Il se retrouva devant un long bâtiment aux fenêtres grillagées. Il le longea et déboucha sur un escalier de pierre. En bas, une cour étroite et biscornue s’ouvrait sur deux petits passages voûtés. Il en choisit un au hasard. Bizarrement, il ne croisa personne, ce qui l’angoissa davantage. Tout semblait dormir dans cette prison gigantesque. Pourtant, il le savait, un feu couvait sous lui. L’esprit sombre résidait là, dans les profondeurs de la forteresse. Et un ennemi puissant l’y attendait et peut-être l’observait… Le roi Oromock.

Mat descendit encore quelques marches et arriva sous les voûtes d’un cloître baigné d’ombre. Prudemment, il en parcourut un côté. La lune allongeait ses rayons blafards entre chaque colonnade. Pas un seul bruit ne troublait cette anormale quiétude. Parvenu au bout du long couloir, Mat tourna à l’angle. Soudain, devant lui, se dressa une forme noire encapuchonnée, qui lui barrait le chemin ! Mat se mit immédiatement en défense, la main sur la poignée de son épée.

— Oromock… gronda-t-il entre ses dents.

— Lui-même, répondit le roi des Oromores en esquissant un élégant geste de salut avec sa main gantée. Je t’attendais. L’esprit sombre qui voit tout m’a averti de ta venue.

— Alors, pourquoi aucun garde n’est-il venu m’arrêter ? demanda Mat, sur la défensive.

Pour toute réponse, la silhouette noire, avec des gestes lents, sortit de sous sa cape une épée de fer à double tranchant. Mat ne voyait pas son visage recouvert d’une large capuche qui retombait sur lui comme un linceul.

— J’ai voulu te laisser venir jusqu’à moi, dit la voix hautaine, et voir de mes yeux le chevalier rétif qui sème le trouble dans mes armées… J’aurai peut-être une proposition à te faire.

Mat était décontenancé. Oromock n’était ni grand ni massif comme le sont les Oromores. Sa voix était humaine et non désagréablement rocailleuse comme celle de Baltek. Le roi d’Oro n’était donc pas un Oromore ? Celui-ci fit un pas vers le chevalier :

— Que viens-tu faire dans mon domaine ?

— Te demander de laisser mon peuple tranquille. Tes Oromores ont été défaits à la bataille de Medaba. Accepte ta défaite et retire tes troupes de Mennelmär. Tu as perdu, Oromock ! Il est temps de signer une trêve…

— C’est hors de question ! hurla Oromock avec une soudaine explosion de colère.

Il se pencha en avant et pointa son épée vers Mat. D’un geste vif, Mat brandit la sienne et un puissant rayon de lumière verte fusa de sa pointe. Celle du roi d’Oro lança un étrange rayon noir qui sembla absorber la lumière environnante. Les deux adversaires croisèrent le fer et le tintement de leurs lames résonna sous les voûtes du cloître.

— Ne commets pas l’erreur de te croire invincible, Oromock ! le menaça Mat. Le peuple n’est plus avec toi. La résistance s’est levée en Mennelmär !

— Ah ! Tu oses me menacer ? Ne sois pas ridicule. Ma puissance dépasse tout ce que tu peux imaginer… Mat !

Le chevalier tressaillit. Oromock connaissait son nom et le prononçait d’une manière étrangement familière. Surmontant sa surprise, il se ressaisit aussitôt et redoubla de vigueur dans ses attaques. Pas à pas, il fit reculer son adversaire vers le fond du cloître.

— Toi non plus, tu ne me fais pas peur, Oromock ! lança Mat, agressif, en plaquant son adversaire contre le mur. La chevalerie est de retour. Elle est prête à se battre. Mais elle voudrait savoir contre qui. Où sont tes armées, maintenant que les Oromores se débandent ? Qui sont tes serviteurs ? Peut-être n’en as-tu pas, après tout ?

Oromock, le visage toujours caché par son ample capuche, se dégagea d’un coup d’épée, courut quelques pas et tourna à l’angle nord du cloître en faisant voler sa cape noire. Il fit volte-face et lança à Mat, qui ne s’était pas laissé distancer :

— J’ai une arme contre laquelle tes chevaliers de pacotille ne pourront rien… Ils succomberont tous. Je mettrai en face d’eux un ennemi bien plus puissant que tout ce qu’ils ont connu jusqu’alors, et qui prendra possession de leurs âmes !

Rempli d’une juste fureur, Mat lui décocha une estocade fulgurante. D’un souple revers du poignet, Oromock esquiva habilement. Mat eut une seconde de surprise : cette botte, il l’avait apprise dans sa jeunesse, au cours de sa formation de chevalier, à Armura. Très peu d’hommes la maîtrisaient. Comment Oromock en avait-il connaissance ? Il n’eut pas le temps d’y songer davantage. Déjà, les combattants dévalaient une volée de marches et Oromock disparut par une petite porte qui donnait dans une pièce sombre. Mat le suivit, intrigué par ce personnage troublant dont il ne pouvait voir le visage et qu’il tenait de plus en plus à percer à jour. Les deux hommes se mirent face à face dans la pénombre de la pièce, seulement éclairée par deux torches accrochées aux murs, et ils reprirent le combat. Les coups se succédèrent à une vitesse folle. Les deux adversaires semblaient de même force et leur jeu, de même style. Cela laissait chez Mat une impression familière qui le désarçonnait. Il perdit un peu de son assurance. Cependant, les lames continuèrent à tinter de façon saccadée. Les ombres des combattants voltigeaient sur les murs en une danse hallucinante. Sans ralentir ses gestes, Oromock se mit à parler :

— Je te connais si bien Mat, et je connais tes chevaliers. J’ai entendu parler de ce jeune Orfan que tu formes pour en faire ton double, celui qui porte le bracelet, dit-il en bloquant l’épée du chevalier. Lui et toi, ralliez-vous à moi.

— Jamais ! hurla Mat. Qui es-tu pour me parler ainsi ? Moi, je ne te connais pas !

— Le crois-tu vraiment ? susurra Oromock, un sourire dans la voix.

Mat repoussa violemment l’épée de son adversaire. Ce dernier ouvrit une autre porte et s’engouffra dans un couloir taillé dans la roche. Avant de s’y engager, il se retourna vers Mat :

— Bientôt, tu n’auras plus le choix !

Mat, furieux, se jeta sur lui. Les épées s’entrechoquèrent violemment. Oromock entraînait le chevalier dans le couloir obscur où ils s’affrontèrent à la seule lumière verte de la pierre d’épée de Mat. Tandis qu’ils se battaient, ils progressaient dans le souterrain et s’enfonçaient toujours plus avant dans les profondeurs de la montagne. Bientôt, le couloir s’élargit et une grotte s’ouvrit devant eux. Mat marqua un temps d’arrêt. Une lueur rougeâtre tapissait les parois rocheuses d’une teinte de feu. Oromock pénétra dans la grotte. Mat hésita, puis avança à sa suite. La chaleur y était beaucoup plus forte qu’à l’extérieur et une odeur de soufre lui irritait les poumons. Le chevalier embrassa la grotte d’un rapide regard circulaire et eut un mouvement de recul en découvrant, dans le fond de l’immense cavité, un véritable lac de magma en fusion qui bouillonnait en laissant s’échapper des jets de fumée noire. « Me voilà dans l’antre de l’esprit sombre… » songea-t-il, le cœur serré par un effroi épouvantable.

— La voici, mon arme ! C’est là qu’est ma force ! cria Oromock d’une voix puissante en tendant un bras vers le lac de magma. Tes chevaliers ne peuvent rien contre ça !

Son rire sinistre emplit d’échos la caverne tandis qu’un geyser de fumée noire fusait jusqu’au plafond. Puis le roi d’Oro ajouta d’une voix plus douce, plus envoûtante :

— Mat, sois de mon côté. Ensemble, nous serons d’une puissance inégalée. Pourquoi se diviser ?

— Je refuse !

Les armes se croisèrent à nouveau d’un coup sec et s’immobilisèrent l’une contre l’autre. Les visages des deux adversaires étaient tout près l’un de l’autre, mais Mat ne pouvait toujours pas voir celui d’Oromock, caché sous sa capuche. Lentement, les deux hommes tournèrent sur eux-mêmes. Leurs bras tremblaient. Leurs lames, poussées par deux forces égales, crissaient l’une contre l’autre. Ils appuyèrent plus fort. Les épées émirent soudain des rayons plus intenses. C’est alors que Mat remarqua, sur la garde de l’épée d’Oromock, un signe gravé sur une plaque d’argent. Un signe qu’il reconnut tout de suite…

— C’est toi ! s’écria-t-il.

Mat se figea de stupeur, à la fois saisi d’épouvante devant sa découverte et comprenant tout à coup tous ces infimes indices qui avaient attiré son attention depuis le début du combat. Loin de le réjouir, sa découverte l’horrifiait. Elle lui transperçait l’âme de la plus cruelle façon.

— Mais pourquoi ?… réussit-il seulement à dire.

Sous le coup de la surprise, il relâcha l’emprise de son bras. Pendant quelques secondes, les deux hommes restèrent l’un en face de l’autre, sans bouger.

— Oui, c’est moi… dit Oromock d’une voix sépulcrale.

Il fit alors glisser sa capuche et découvrit son visage… Bouleversé, Mat resta immobile, à le dévisager de longues secondes avec une infinie tristesse.

— Allez Mat ! Sois de mon côté, susurra encore Oromock en tendant vers lui sa main. Toi et ton jeune protégé, Orfan, rejoignez-moi. Nous ferons de grandes choses ensemble. Reconstituons les forces d’autrefois. Nous saurons faire régner l’ordre et la sécurité sur Mennelmär et sur le monde entier. Je suis prêt à partager mon pouvoir avec toi. Je t’ai toujours admiré, Mat, tu le sais…

— Comment peux-tu me le demander ? répondit Mat d’une voix assourdie par l’horreur. Autrefois, je t’aurais peut-être suivi, mais désormais, je serai toujours ton ennemi !

Le visage d’Oromock se crispa, comme si une douleur lui tailladait le ventre, et un éclair de haine traversa son regard froid.

— Tu refuses mon offre ? Tu me rejettes ? Moi qui ai tant compté pour toi autrefois ?

La voix d’Oromock grondait de colère ; elle tonnait, de plus en plus forte à chaque phrase. Son visage se déforma en une grimace de rage qui le rendait affreux.

— Alors, tu ne me laisses pas le choix ! Je dominerai le monde sans toi, mais pour y parvenir, je devrai détruire tes chevaliers, à commencer par celui que tu as mis à leur tête, Orfan ! Et toi, si tu ne me rejoins pas, tu mourras !

Oromock pointa son épée vers le magma noir et une formidable explosion de lave en jaillit. Mat fut projeté en arrière par son souffle brûlant et plaqué contre le mur. La déflagration fit éclater le plafond de la grotte. Un éboulement de pierres sombra dans le magma, ouvrant un puits de lumière au-dessus. Quand la poussière fut retombée, Mat vit d’épaisses volutes de fumée tournoyer sous la voûte de la caverne dans un bourdonnement assourdissant. Prises dans une danse folle, les fumées noires s’enroulèrent de plus en plus vite les unes autour des autres jusqu’à former une puissante tornade qui s’échappa par le trou béant, ouvert dans le plafond de la grotte. Oromock, le visage exalté et le regard dément, ordonna dans un grand cri :

— Esprit sombre, répands-toi sur le monde !

— Nooon ! hurla Mat, se rappelant les prédictions de Baltek.

— Va prendre possession des âmes, réduis la chevalerie en poussière ! Trouve ce jeune Orfan, celui qui a le bracelet, et tourmente-le, égare son âme, attire-le vers le côté obscur et livre-le-moi vivant ! hurla Oromock à l’esprit sombre en levant le bras vers le plafond béant, avant d’ajouter plus bas en se tournant vers le chevalier : Peut-être arriverai-je à le convaincre d’être à moi… Mais s’il résiste comme toi, Mat, je le tuerai moi-même !

Déjà la nuée noire commençait à se diffuser au-dehors. Mat frémit d’effroi pour Orfan. Bientôt les fumées le trouveraient, le rejoindraient et, alors, il serait en grand danger ! Non, il ne laisserait pas l’esprit sombre faire du mal au jeune chevalier, ni l’attirer dans ses pièges ! « Il faut à tout prix protéger Orfan, pensa Mat. Oui, à n’importe quel prix… » Le vieux chevalier ferma les yeux et rassembla toutes ses forces. De son épée jaillit alors un puissant rayon de lumière vert émeraude. Mat l’orienta sur la tornade de fumée pour la neutraliser. Il se campa solidement sur ses jambes et, tremblant sous l’effort surhumain qu’il était en train de fournir, il maintint le rayon lumineux sur la colonne de fumée pour l’empêcher de se répandre davantage à l’extérieur. Aussitôt, Oromock riposta en orientant son rayon noir sur l’épée de Mat. Sous la violence du coup, le chevalier fit un écart, mais il se ressaisit. Ses bras tremblaient, il sentait ses forces l’abandonner. Se concentrant sur la pensée du jeune chevalier qu’il voulait protéger, il puisa au plus profond de son cœur tout l’amour dont il était capable, et cette source lui sembla inépuisable. Le rayon de lumière redoubla d’intensité.

Soudain, il transperça la tornade qui éclata en laissant échapper des filaments de fumée. Dans un suprême effort, Mat serra un peu plus fort son épée, luttant à la fois contre la colonne de fumée et contre le rayon noir d’Oromock. Les veines de son cou étaient tendues à se rompre ; ses muscles allaient éclater ; son souffle se précipitait. Mais il tenait bon… Inlassablement, le rayon vert torpillait la tornade qui continuait à se disloquer en mille fragments fuligineux. Les fumées noires se répandaient dans la grotte, incapables de se projeter au-dehors, et retombaient sur Oromock et Mat en désordre. Le rayon noir de l’épée d’Oromock faiblit jusqu’à perdre toute sa vigueur. Mat abaissa le bras, à bout de force, mais heureux : l’esprit sombre n’était plus assez puissant pour continuer à se répandre au grand jour. Orfan était sauvé. Les fumées noires qui s’étaient échappées de la grotte n’étaient pas suffisantes pour l’entraîner dans l’abîme. Peut-être pourraient-elles l’affaiblir, mais Mat espérait avoir transmis à travers son épée assez de son esprit d’amour pour entourer Orfan d’une protection spirituelle. Pour lui, Mat avait donné jusqu’à ses dernières forces. Il savait qu’il n’avait plus assez d’énergie pour se battre contre Oromock qui, déjà, se dressait devant lui, le regard chargé de colère.

Le roi d’Oro regarda avec mépris le vieux chevalier épuisé et, d’un geste vif, il pointa sa grande épée sur les volutes de fumée qui tourbillonnaient sans but dans la grotte et les dirigea vers Mat. Elles se rassemblèrent autour du chevalier, mais celui-ci leva lourdement les bras et brandit encore son épée, écartant les nuées de son rayon lumineux. Aucune fumée ne parvenait à l’attaquer. C’était comme si une aura bienveillante l’entourait et le protégeait. Mat affichait un visage altéré par la fatigue mais victorieux et presque heureux. Il sentait qu’il donnait là ses dernières forces, mais, loin de l’attrister, cette pensée le remplissait d’une joie nouvelle. « Il n’est pas de plus grand amour, songea-t-il en voyant Oromock se précipiter sur lui, que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. »

Oromock s’élança, l’épée en avant. Mat, le bras tendu vers le ciel pour arrêter les fumées noires, n’eut pas le temps de parer le coup. Oromock se précipita sur lui en poussant un cri de bête féroce et, de toute sa force brutale, il enfonça son épée dans le cœur de son adversaire. Mat tituba, les yeux grands ouverts, l’air surpris. Dans un dernier souffle, il articula le nom de celui pour qui il avait donné sa vie, puis il s’écroula, mort, sur le sol.

Son épée tomba par terre à côté de lui, avec un bruit sonore… Sur sa garde, le rayon vert brillait toujours. D’un brusque coup de pied, Oromock l’envoya plonger dans le magma noir. Alors qu’elle s’y enfonçait doucement, un dernier rayon de lumière verte d’une incroyable intensité fusa vers le haut de la grotte et traversa le puits de lumière, puis s’éteignit définitivement, avalé par l’obscurité.

Oromock s’approcha de son ancien ennemi et le regarda longuement. Un trou noirâtre s’ouvrait au niveau de son cœur et du sang s’en écoulait sans discontinuer. Mat avait le visage paisible… Oromock s’accroupit à ses côtés, posa sa main gantée sur le front du chevalier et lui ferma les yeux doucement. D’une voix étouffée par les larmes, il murmura avec une sorte de tendresse :

— Adieu Mat… Tu es mort pour rien… Les fumées noires se répandent déjà dans le monde. On ne défie pas l’esprit sombre…

Les nuées noires

Sur le quai du port, Joss, le pêcheur, repliait ses filets. Le petit village de Sirbil n’avait jamais semblé aussi calme. La mer était d’huile et le ciel d’un bleu limpide. « Une journée à rester à terre », se dit le marin, pas mécontent de prendre un peu de repos. Les poissons pouvaient batifoler en paix. Lorsqu’il eut terminé son ouvrage, il releva la tête et fronça les sourcils.

— Qu’est-ce que c’est que ça ? grogna-t-il, la main en visière sur son front.

Un nuage sombre flottait au-dessus de l’eau, mince et long comme un serpent de mer. Il semblait avancer vers la côte. Pourtant, il n’y avait pas de vent… Joss se leva, agité par un mauvais pressentiment. Il alla trouver son ami Gwor.

— Tu vois ce que je vois ?

Déjà, le nuage arrivait au-dessus d’eux. Il projetait une ombre froide sur le sol.

— Jamais vu un truc pareil, marmonna Gwor en mâchouillant sa chique de tabac.

Les deux pêcheurs se retrouvèrent peu à peu entourés d’un brouillard opaque. Ils se retournèrent dans tous les sens pour essayer de comprendre ce qui leur arrivait. Tout le village était baigné de ces vapeurs étranges. L’inquiétude de Joss se mua en angoisse. Il se sentait pris dans un étau et commençait à avoir du mal à respirer normalement. À ses côtés, Gwor observait le phénomène tout en continuant à mastiquer sa chique. Oh ! Ce petit bruit énervant, comme il agaçait Joss ! Il l’agaçait d’ailleurs depuis si longtemps…

— Mais crache ça ! lança-t-il soudain à son ami.

— Eh ! Oh ! Fiche-moi la paix, tu veux ! riposta Gwor en colère.

Sans prévenir, Joss lui asséna un coup de poing bien ciblé dans l’estomac. L’autre se plia en deux, avant de sauter à son tour sur son ami, prêt à l’étriper. Tous deux roulèrent au sol, furieusement agrippés l’un à l’autre. Après quelques coups de poing, ils firent une pause pour reprendre leur respiration, piteusement affalés par terre.

— Mais ça ne va pas bien ? Qu’est-ce qui t’a pris ? interrogea Gwor en touchant la bosse qui gonflait à vue d’œil sur son arcade sourcilière.

— Mince alors, c’est venu comme ça, d’un coup. Tu m’énervais avec ta chique. Pourtant, ça ne date pas d’hier ! Je comprends pas…

Joss se grattait la nuque avec circonspection, encore ahuri par son propre comportement. Au-dessus de la tête des deux marins, le nuage filait vers l’intérieur des terres et une douce lumière caressait à nouveau les pavés du port et le dos des pêcheurs hébétés.

Armura… Dans la cour de la citadelle, au pied du donjon central, Pagano faisait les cent pas devant un escadron d’Oromores en piteux état. La plupart avaient perdu leur casque, les tuniques de cuir étaient déchirées, les armes perdues. Certains présentaient des blessures purulentes qu’un manque de soins avait envenimées.

Vraiment, tout cela contrariait beaucoup le grand ministre Pagano, dirigeant fantoche de Mennelmär, aux ordres du roi Oromock.

— Et les autres, où sont-ils ? hurla-t-il sans pouvoir contenir sa colère.

— Beaucoup sont morts dans la plaine de Medaba, répondit de sa voix éraillée le chef d’escadron oromore. Ceux qui restent sont encore en route.

— Vous êtes des incapables ! beugla Pagano en arrêtant sa déambulation.

Debout face aux soldats loqueteux et souffrants, il voulut leur offrir une nouvelle salve d’humiliations, quand son regard fut attiré par un moutonnement de nuages noirs qui avançaient à grande vitesse dans le ciel. Là où ils passaient, ils étendaient sous eux une ombre épaisse, comme si une éclipse avait caché le soleil et éteint toute vie. Les Oromores levèrent eux aussi la tête vers l’étrange cortège de nuées.

Lorsque les nuages noirs se trouvèrent exactement au-dessus d’eux, les Oromores furent enveloppés d’un brouillard grisâtre. Sans bien comprendre ce qui se passait, Pagano eut l’impression que les visages de certains s’effaçaient. « Curieux brouillard », se dit-il. Puis ce furent un bras, une épaule, le torse entier d’un Oromore qui s’estompèrent. Pagano se frotta les yeux, sentant monter en lui une irrépressible panique. Peu à peu, sous son regard effaré, les monstrueuses silhouettes de plusieurs Oromores s’effacèrent une à une, puis disparurent totalement en se transformant en une fumée grasse et noire comme de la suie. Chaque colonne de fumée s’éleva vers le ciel sombre, comme si elle était aspirée par les nuages. Et chacune venait augmenter l’étendue de ces nuées obscures. Ne restaient sur la place que les Oromores les plus forts et encore en bonne santé. Devant ce phénomène inexplicable, Pagano se mit à trembler de terreur. Cette peur sournoise, qui lui avait si souvent tenu compagnie au cours de sa vie, s’amplifiait en lui et le dominait tout entier. Il n’était plus maître de lui-même. Tombant à genoux, il supplia :

— Esprit de l’ombre, épargne-moi ! Je n’ai rien fait ! Je suis ton serviteur.

Le tonnerre tonna une fois, puis les nuées noires glissèrent sur Pagano, semblant le dédaigner, avant de partir vers d’autres contrées.

Dans son château, près de la forêt de Vohiboul, Aetna pleurait Téhur. Le corps de son époux avait été ramené de Medaba par les Tétitacs et avait été enterré près de leur demeure, sous un vieux chêne centenaire, au sommet d’une colline donnant sur la forêt. Chaque matin, la belle Dryade venait y déposer des fleurs et restait de longues heures à parler à l’âme de son mari. Parfois, elle y emmenait ses enfants, Lórien et Sidril, qui, âgés de 7 et 5 ans, étaient bien jeunes pour avoir perdu un père. Mais ce matin-là, elle était seule.

Les couleurs passées de l’automne s’accordaient bien avec sa peine. Les fleurs des champs se paraient de mauve, de jaune et de pourpre, comme pour respecter le deuil de leur princesse. Le vieux chêne fidèle et les arbres environnants laissaient tomber une à une leurs feuilles roussies, comme des larmes discrètes. La tristesse d’Aetna en était revêtue d’une sorte de douceur.

Une bourrasque, soudain, balaya la colline et une brassée de feuilles mortes tourbillonna dans l’air. Aetna leva les yeux. Au loin, une sombre nuée barrait le ciel. L’horizon tout entier s’obscurcissait, noyant la forêt de Vohiboul dans une pénombre inhabituelle. Aetna se redressa et observa le phénomène. Une sourde inquiétude monta de ses entrailles. Avec une rapidité surprenante, le nuage noir fut sur la colline. Toutes les fleurs se refermèrent et courbèrent la tête pour ne plus se relever. Les feuilles furent arrachées des arbres d’un seul coup. Un brouillard gris et poisseux tomba sur le château et tous ses environs. Tout à coup, un éclair transperça les nuées et vint frapper le chêne, à côté d’Aetna. Celle-ci poussa un cri et roula dans l’herbe humide. Lorsqu’elle se releva, elle découvrit l’arbre centenaire fendu en deux jusqu’à la racine…

Prise de frayeur, elle courut vers le château.

— Les enfants ! Tout va bien ? appela-t-elle, rongée d’angoisse.