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Je suis allé à un mariage et je suis sorti pas avec un bogoss, mais trois. On dit que les mariages sont les meilleurs endroits pour rencontrer quelqu'un. Oui en effet. Dans ma robe de demoiselle d'honneur verte, je voulais juste disparaître. Mais j'ai vu le plus bel homme du mariage qui me regardait. Et puis son ami a regardé aussi. Et puis son ami aussi. Étais-je folle ? Est-ce que je devenais folle ? Mais c'était vrai. Marc, Antoine et Gregory étaient certainement intéressés, et puis je devais certainement envoyer des ondes sensuelles à ma manière. Mais STOP ! C'est un mariage, pas une orgie ! Je suis censée être la demoiselle d'honneur avec des fleurs dans mes cheveux, projetant amour et pureté. Ce à quoi je penses est tabou, je devrais me concentrer sur la cérémonie ! Mais je le veux. Je LES VEUX ! Et ces trois hommes ? De quel manière célébreront-ils ce mariage ? La mienne ou la leur ?
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Veröffentlichungsjahr: 2018
Orgie au Mariage – Tome 1
Pauline Costa
La première chose qui me frappe chez une personne ce sont ses yeux. On peut être fasciné par la beauté d’un regard. On dit qu’il est une fenêtre sur l’âme. Est-ce vrai ?
Tant d’émotions passent dans ces deux cercles humides, de couleurs variables, de formes différentes, ridés, ou pas, encadrés par de longs cils, ou pas, apprêtés, maquillés, bouffis, cernés, rouges, injectés de sang, et on s’en fait tout un foin, car de beaux yeux, c’est une arme de séduction à nulle autre pareille, n’est-ce pas ? Mais quel peut bien en être l’intérêt, le fait qu’un œil présente un attrait esthétique, comparé à la profondeur et au vertige des émotions qu’il dévoile, parfois au grand dam de son possesseur ?
Moi j’ai toujours identifié une personne à son regard. Par exemple, mon amie Claire, qui va se marier aujourd’hui. Eh bien lorsque je pense à elle, ce que je convoque dans mon esprit, ce sont ses deux yeux bleus limpides, perpétuellement inquiets, légèrement tristes.
Il y a un regard qui me hante en particulier, c’est celui de mon ex. Oh, des yeux splendides, qu’il avait. Vert d’eau. C’était deux émeraudes qu’il possédait. Je suis tombée sous son charme à cause de ces yeux-là. Il en était conscient, je pense. Il en jouait un peu, pour être honnête. Mais bon. Le pire, c’est vraiment la lueur qui y est apparue lorsqu’il a essayé de me tuer. Et à ce moment-là, alors qu’il brandissait un énorme couteau de cuisine dans ma direction en me dévisageant, je me suis dit : comment des yeux aussi enchanteurs peuvent-ils devenir aussi laids ?
Terrifiants. Vides. Sans âme. Parce que je lis tant de choses dans les yeux des autres, j’y ai lu son désir de me voir mourir, de m’annihiler, de m’oblitérer de la Terre. J’y ai lu son espoir d’un monde dans lequel je n’existerais plus, et c’est une vision terrifiante, je puis vous le dire. Les yeux ne mentent pas. On n’oublie pas un tel regard. Parfois, à des moments où je suis plus le vulnérable aux émotions qui risquent de me traverser, cette image du passé resurgit alors que je m’y attends le moins, et je ne peux m’empêcher de me questionner ainsi : « Pourquoi suis-je toujours vivante ? ». Pourquoi est-ce que j’existe ? Je ne remplis aucune mission sacrée, aucune catastrophe naturelle ne se déclenchera à ma mort, pourquoi donc est-ce que je veux vivre avec tant d’ardeur ? Est-ce que c’est parce que c’est inscrit dans mon ADN ?
Je ne sais pas. Je ne sais qu’enfouir cette image au plus profond de moi-même, et lorsque je suis occupée, surchargée (je me débrouille toujours pour accumuler des horaires impossibles), lorsque je cours dans tous les sens, que je n’ai pas le temps de penser, juste de m’effondrer dans mon lit à minuit et de recommencer le lendemain mon marathon quotidien …dans cet équilibre précaire, j’atteins une espèce de contentement qui se rapprocherait le plus de ce que je qualifierais, moi, de « bonheur ».
Voilà, ça recommence. Je ne peux m’empêcher d’avoir des idées défaitistes, de ruminer, de céder à la morosité ambiante. De ne toujours retenir que le côté négatif des choses. Ca me rassure, je suppose. La vraie aventure, c’est de tenter d’être heureux, non ? Mais trêve de philosophie. Je n’ai jamais été bonne à ça. Et surtout, cette journée n’est pas à propos de moi, mais à propos de Claire. Oh, ma Claire !
Je suis tellement émue à l’idée qu’elle va se marier ! On s’est connues lorsqu’on avait dix-huit ans. C’était vraiment un petit bout de chou, à l’époque. Un petit bébé. Elle me regardait avec de grands yeux, essayait désespérément de m’impressionner par sa culture, mais je la sentais perdue, isolée et malheureuse.