Orgie au Mariage - Tome 3 - Pauline Costa - E-Book

Orgie au Mariage - Tome 3 E-Book

Pauline Costa

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Beschreibung

Je suis allé à un mariage et je suis sorti pas avec un bogoss, mais trois. On dit que les mariages sont les meilleurs endroits pour rencontrer quelqu'un. Oui en effet. Dans ma robe de demoiselle d'honneur verte, je voulais juste disparaître. Mais j'ai vu le plus bel homme du mariage qui me regardait. Et puis son ami a regardé aussi. Et puis son ami aussi. Étais-je folle ? Est-ce que je devenais folle ? Mais c'était vrai. Marc, Antoine et Gregory étaient certainement intéressés, et puis je devais certainement envoyer des ondes sensuelles à ma manière. Mais STOP ! C'est un mariage, pas une orgie ! Je suis censée être la demoiselle d'honneur avec des fleurs dans mes cheveux, projetant amour et pureté. Ce à quoi je penses est tabou, je devrais me concentrer sur la cérémonie ! Mais je le veux. Je LES VEUX ! Et ces trois hommes ? De quel manière célébreront-ils ce mariage ? La mienne ou la leur ?

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Veröffentlichungsjahr: 2018

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Orgie au Mariage – Tome 3

Pauline Costa

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je danse comme une tarée. Je ne suis pas sûre que l’on puisse appeler ce que je fais de la danse mais je me fais plaisir. J’ai passé tellement d’heures de ma vie à segmenter mon corps en parties distinctes que je peux maintenant bouger séparément à l’envi, dépensé tellement de sueur à arpenter le sol, à faire des galipettes, à trottiner, me déhancher, me trémousser, m’élancer et glisser sur des planches de bois, des tapis de danse, du simple béton brut, tellement d’énergie et d’argent à contrôler l’incontrôlable, à anticiper l’imprévisible, à m’ouvrirà l’instant, à fléchir mes pieds, à faire des pointes, des pirouettes, des arabesques, à tourner sur moi-même, à rester des heures immobiles debout, que lorsque je peux juste me contenter de faire n’importe quoi, de partir en transe, lorsque je ne suis pas dans l’obligation d’être gracieuse et féminine, j’en profite au maximum. Je danse pour moi-même. Le déstructuré me fait jouir. Le « boogie-bouga ». Au diable le classicisme ! Place à la folie dionysiaque !  

 

C’était la soirée dansante. Pablo et Claire avaient troqué leurs costumes de mariés contre une tenue plus appropriée (costard à paillettes et petite robe bleue moulante) et je m’amusais comme une folle. C’était moi qui avais engagé le DJ de la soirée et il m’était débrouillé pour créer une playlist digne de ce nom.

 

Il y avait des tubes qui mettraient tout le monde d’accord mais aussi de vrais morceaux expérimentaux et artistiques, atmosphériques, du genre qui vous faisaient planer dans d’autres stratosphères (si l’alcool, la danse et l’allégresse ne s’en étaient pas déjà chargées). Je me rappelle avoir dansé comme une folle, comme une folle. Je ne pensais plus à rien. Je ne cherchais même pas à ce que le regard de ces hommes soient posés sur moi.

 

J’ai appris tous les codes. Tous sans exception. Je peux jouer la salope, l’élégante, la timorée, la racaille, le garçon manqué, la riche, la pauvre, les bébés, les vieilles, je connais toutes les attitudes, je connais tous les masques, je les ai tous travaillés. J’ai regardé la société et j’ai analysé les pantins dont elle était constituée. Avant, ce que je cherchais naïvement dans le jeu théâtral, c’était la profondeur de l’émotion, le transcendantal, la sincérité. Maintenant je me contente d’en épouser le superficiel. Son cynisme. Son rituel. Ses codes. Toutes nos attitudes ne sont qu’une question de convention et de déterminisme.

 

Les stars de cinéma sont terriblement égocentriques et me font doucement ricaner. Elles croient que l’art consiste à fonder un culte sur leur petite personne : « Je suis moi », disent-elles, « Je reste moi-même ». Oh mes chéris, mais vous n’êtes rien ! Vous n’existez pas ! Je n’existe pas ! Je ne suis qu’un pantin articulé, qu’une bande enregistreuse de tous les réflexes et mécanismes qu’on m’a patiemment inculqués et enfoncés dans la gorge. Je suis une oie gavée. L’art suprême de l’acteur consiste à cette révélation que nous ne sommes rien, intrinsèquement, au fond. Rien que du néant. Et donc en épouser l’altérité est le seul recours. Il faut apprendre à disparaître. L’art suprême de l’acteur est semblable à celui du magicien. Pfutt, envolée, la colombe ! Mais où est-elle passée ? Il n’y a plus d’acteur ! Il n’y a plus personne ! Rien qu’un être, qu’un pantin articulé ! Mais c’est cela la vie !  

 

Et donc, petite précision à propos de Pablo déclarant avec emphase que j’étais « nulle » dans ma dernière pièce (une mise en scène d’Un fil à la patte de Feydeau) : mais c’est faux ! Archi-faux ! J’étais magnifique. Je m’étais trouvée. J’avais atteint mon vrai moi. Mon vrai moi étant un vide. Voilà. Au cas où vous me prendriez pour une artiste ratée. Pas tout à fait. Les choses ne sont pas aussi simples. Maintenant je recherche juste la disparition. Je veux disparaître. Revenir aux sources. Un atome. Une molécule. Mon cerveau est une radio que je ne peux débrancher. Je veux tomber dans l’abîme du Grand Tout. Allons bon. Voilà que je parle comme une illuminée de je ne sais quelle secte. Bref. Ça me fait penser aux documentaires sur l’attentat du 11 novembre.