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Paysages et coins de rues E-Book

Jean Richepin

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Beschreibung

Dans son oeuvre 'Paysages et coins de rues', Jean Richepin dépeint avec une précision remarquable les scènes de la vie quotidienne dans les rues de Paris au XIXe siècle. Son style littéraire, empreint de réalisme et de sensibilité, nous plonge au coeur des quartiers populaires de la capitale, nous faisant ressentir les joies et les peines des habitants. Ce recueil de poèmes reflète également les courants littéraires de l'époque, notamment le mouvement naturaliste qui encourageait la représentation fidèle de la réalité sociale. Jean Richepin, poète et dramaturge renommé, puisait son inspiration dans les rencontres qu'il faisait lors de ses promenades dans les rues de Paris, interagissant avec les anonymes qui peuplaient son univers. Son engagement en faveur des classes populaires transparaît à travers chaque vers de 'Paysages et coins de rues', offrant ainsi au lecteur une vision authentique et poignante de la société de son temps. Ce livre est une lecture incontournable pour quiconque s'intéresse à la littérature réaliste du XIXe siècle et à la vie urbaine de l'époque.

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Jean Richepin

Paysages et coins de rues

 
EAN 8596547442622
DigiCat, 2022 Contact: [email protected]

Table des matières

Préface
Baiser du Matin
La Féerie de la Rue
L’Italie pour Trois Sous
Le Carreau des Halles
Il Fait Froid
La Première de l’Hiver.
Soleil de Décembre
La Glissade
Rêverie Blanche
Gâteau à la Neige
La Dernier
Saint Degel
Déménagements
Première Variation
Deuxième Variation
Troisième manquant]
Rue des Partants
Vieilles Lanternes
La Traverée de Paris
Pendus Glacés
La Cité Jeanne-D’arc
Paris-Province
L’École des Clairons
Les Bouleux
Grand Evenement de Petite Ville
Paris-Province
Effets de Brouillard
Paris-Londres
Hallucination
Cauchemar
Symphonie en Gris

Préface

Table des matières

LES pages pittoresques que l’on réimprime ici ont paru, pour la première fois, il y a dix-huit ans, dans le Gil Blas, sous la rubrique: Chroniques du pavé. En1883, Jean Richepin, modifiant légèrement quelques titres de ces chroniques hebdomadaires, revisant peut-être même leur texte, ce que je n’ai pas eu le loisir de contrôler, les a réunies en un volume in-douze plus brièvement intitulé: Le Pavé. De cette édition originale du Pavé, dont ils forment une importante partie, sont extraits les Paysages et Coins de rues, aujourd’hui luxueusement édités par la librairie de la «Collection des dix» qui a bien voulu me confier le soin de les présenter aux bibliophiles. La mission est fort agréable assurément; je me demande pourtant s’il n’y a pas quelque fatuité, voire même inutilité, à barbouiller du Japon, du Chine ou du vélin pour «préfacer» un livre qui se présente si bien tout seul.

Je me souviens–souvenir hélas! lointain d’une quarantaine d’années–de certaine pancarte qui se balançait à la devanture d’une petite boutique des Champs-Élysées et sur laquelle le brave homme qui la tenait avait inscrit: Le bon pain d’épicen’a pas besoin d’enseigne. Ne me demandez pas si les produits de l’humble marchand réalisaient les promesses affriolantes de l’affiche; mes souvenirs sur ce point gastronomique manqueraient peut-être de précision; mais je vois encore, comme si je l’avais toujours sous les yeux, cette modeste enseigne de carton, avec ses lettres inégalement tracées, les unes grandes, les autres petites, celles-ci droites, celles-là penchées, et dont l’écriture prouvait surabondamment que son auteur n’était point «élève de Brard et Saint-Omer». Révérence parler, il en est d’un beau livre comme du pain d’épices de mon brave homme des Champs-Élysées: il n’a pas besoin d’enseigne. Tel est le cas de la nouvelle édition des Paysages et Coins de rues de Richepin, illustrés par Lepère et imprimés par Hérissey.

L’idée première de la publication revient à M. Charles Hérissey; c’est lui le véritable metteur en scène de cette pièce réaliste dont Paris forme le décor et dont Richepin et Lepère font habilement mouvoir les acteurs. Depuis longtemps déjà, le Gutenberg ébroïcien, qui a tant et tant imprimé et imprime encore pour les éditeurs en vogue, souhaitait le jour où ses presses rouleraient enfin pour son propre compte. Bibliophile, il méditait d’établir pour ses confrères en bibliophilie un livre, un très beau livre, agrémenté de vignettes gravées sur bois en couleurs, digne de figurer sur les rayons de leur bibliothèque, au milieu des plus remarquables éditions de notre fin de siècle. Ce livre, ce très beau livre, il le rêvait différent de ceux parus jusqu’alors, écrit par un prince de la plume, illustré par un maître du crayon. Dès l’instant où le principe de sa publication fut admis, le choix de l’illustrateur était déjà décidé. Lepère qui avait interprété, pour M. Beraldi, les Paysages parisiens d’Emile Goudeau, venait d’affirmer une fois de plus l’originalité de son talent dans les Foires et marchés de M. L’Hopital, publiés par la Société normande du livre illustré. Ce fut sur lui que, dès l’abord, M. Hérissey jeta son dévolu; je ne crois donc pas dépasser les limites de la vérité en avançant que la raison déterminante de cette entreprise bibliophilique a été Lepère.

Le maître du crayon choisi, restait à trouver le prince de la plume. Or, à ne considérer même que les écrivains de notre siècle, de Chateaubriand et Balzac à Mérimée et Daudet,

Ce n’est pas qu’il en manque,

comme on le chante dans Malborough; nombreux sont les poètes ou les prosateurs, les historiens ou les philosophes, les moralistes ou les romanciers qui ont illustré les lettres françaises à notre époque; c’est justement leur nombre qui rend le choix plus difficile à faire entre eux et la difficulté du choix grandit encore quand il est subordonné à celui déjà fait de l’illustrateur. Dans la circonstance, ce qu’il importait de trouver c’était un écrivain dont le talent fût en rapport avec celui de Lepère.

Au cours d’une conversation entre l’imprimeur-bibliophile et l’artiste, le nom de Richepin fut prononcé. Du Richepin illustré par du Lepère! La trouvaille était heureuse, car on pourrait chercher longtemps, sans les rencontrer, deux talents mieux appropriés l’un à l’autre, une plume et un crayon unis par de plus étroits liens de parenté. Aussitôt prise, la résolution des deux complices est transmise au poète de la Chanson des Gueux. Un texte inédit lui est demandé. Richepin le promit-il ou ne le promit-il point? Je l’ignore, mais les jours passèrent et le manuscrit souhaité ne vint pas. Force fut donc de se rabattre sur un texte déjà publié et je ne vois pas qu’il y ait à en éprouver le moindre regret; car rien dans l’œuvre pourtant considérable de Richepin, rien, si ce n’est peut-être Album intérieur, ne se prête mieux au vigoureux et pittoresque talent de Lepère que ces pittoresques et vigoureux Paysages et Coins de rues. Auteur, artiste et imprimeur tombèrent vite d’accord; Lepère se mit à la besogne.

Paris a été maintes et maintes fois décrit, envisagé sous tous ses aspects, analysé dans ses beautés comme dans ses verrues; mais si longue que soit la file des auteurs qui l’ont étudié, à des points de vue divers, il reste toujours à glaner après eux. Vers le milieu de ce siècle à son déclin, Privat d’Anglemont et Delvau ont soulevé le voile sur quelques coins ignorés de la vieille cité parisienne, révélé les industries ou les petits métiers, bizarres jusqu’à l’invraisemblance, qui s’y exerçaient chaque jour, mais ils n’ont ni tout dit, ni tout vu et, quelque vingt-cinq ans plus tard, Jean Richepin pouvait encore battre le pavé et rapporter de ses promenades d’artiste à travers les quartiers excentriques de la capitale les observations curieuses et suggestives qu’il a notées dans ses Paysages et Coins de rues.

«Il y a dans les rues des fleurs délicates qui ne peuvent être cueillies que par les poètes, comme il y a dans les cathédrales des ciselures qui ne sont vues que par les hirondelles.» Cet aphorisme–l’un de ceux formulés en tête du Pavé,–est d’une absolue vérité. Comme les peintres, les poètes sont doués d’une vision spéciale, et tel imperceptible détail les frappe, les émeut qui échapperait à un monographiste de profession, fût-il le maître de la monographie. Mais peut-être les fleurs de ce bouquet cueilli chemin faisant n’appartiennent-elles pas toutes à la famille des fleurs délicates dont parle l’auteur de Madame André? Si des unes s’exhale un parfum d’une exquise finesse, qui flatte agréablement les narines, capiteux jusqu’à griser, combien d’autres dégagent une odeur acre et violente qui suffoque et prend à la gorge! Dans ces brèves études de mœurs, croquées sur le vif, il y a de tout: de la tristesse et de la joie, des chants et des larmes, des bonheurs et des désespérances, de la nuit et du soleil, de la neige et des floraisons de printemps; dans ces pages émues ou piquantes, vivantes toujours, ne soyez pas surpris de rencontrer la poésie la plus douce, les sentiments les plus délicats alternant avec l’argot le plus pimenté et les comparaisons les plus hardies. C’est que la littérature de Richepin n’est pas, suivant sa propre expression, une «belle et honneste dame, fardée, maquillée...»; sa littérature, il la définit lui-même dans sa préface de l’édition définitive de la Chanson des Gueux: «La mienne, écrit-il, est une brave et gaillarde fille, qui parle gras, je l’avoue, et qui gueule même, échevelée, un peu ivre, haute en couleur, dépoitraillée au grand air, salissant ses cotes hardies et ses pieds délurés dans la glu noire de la boue des faubourgs ou dans l’or chaud des fumiers paysans, avec des jurons souvent, des hoquets parfois, des refrains d’argot, des gaietés de femme du peuple, et tout cela pour le plaisir de chanter, de rire, de vivre...»

En route donc, à la suite de Richepin, pour cette excursion à travers des régions parisiennes peu connues; nous visiterons avec lui Les Ternes et Montrouge, petites provinces dans Paris, La Glacière, Vaugirard et Levallois, bien d’autres coins encore; nous explorerons le pays des «Vieilles Lanternes», ruelles, impasses, cités de la route de la Révolte, où s’est cantonnée l’aristocratie de la Hotte, la rue des Partants, royaume des chineurs de «Ménilmuche», la Cité Jeanne-d’Arc, la rue Linné où «sont les derniers Italiens ayant l’air d’Italiens; et tandis que le poète, transformé en cicerone, nous initiera à la vie de tous ces gueux, loupeurs, loqueteux, stropiats ou biffins, Lepère, commentant de son crayon magique les descriptions à l’emporte-pièce de l’écrivain, fera passer sous nos yeux une succession variée de types bizarres, de paysages et de scènes d’une impressionnante réalité.

Présenter Lepère aux bibliophiles à qui est destinée cette magnifique publication serait une formalité ridicule.

Quel est l’amateur de livres modernes illustrés qui ne connaît l’œuvre sincère de cet artiste et n’apprécie l’art si personnel de ce peintre-graveur pour qui l’eau-forte et la lithographie n’ont pas plus de secrets que le bois? On me permettra cependant de rappeler ici quelques-unes des lignes que lui a consacrées, il y a une dizaine d’années, M. Henri Beraldi dans ses Gravures du XIXe siècle: «Ce qui fait de Lepère un artiste unique en son genre, c’est qu’il ne se borne pas à la traduction et qu’il se livre à la gravure sur bois originale. Il est le seul. Dessinateur spirituel et vif, il compose avec une élégante liberté, et, parisien, prend volontiers dans l’observation du Paris actuel les sujets de ses bois originaux qu’il grave avec une fantaisie et un piquant très caractéristiques.»

Quoique la tâche eût été fort agréable, je ne puis prétendre décrire, dans cette préface, chacune des soixante-quatre compositions de Paysages et Coins de rues, ni même en indiquer sommairement les sujets; le lecteur ne me pardonnerait du reste pas de lui ôter la joie–joie toujours grande quand on tourne les pages d’un livre–d’y découvrir lui-même les trésors qu’il contient.

Chaque composition comporte de deux à six couleurs; c’est donc une vingtaine de fois, en moyenne, que chaque feuille a passé sous la presse. Si l’on observe que l’ouvrage se compose de onze feuilles, on peut aisément se rendre compte du temps et du soin que nécessite un pareil tirage.

A regarder les bois de Paysages et Coins de rues, d’une intense vigueur malgré la sobriété de leurs tons, on éprouve une sensation absolument neuve, la sensation que produit une chose vue pour la première fois. Je n’entends pas dire que l’introduction de la couleur dans l’illustration d’un livre soit ici une nouveauté; ce genre d’illustration qui, depuis quelques années, est particulièrement en honneur chez les bibliophiles, parce qu’il mérite de l’être, existe de longue date. Beaucoup et de très beaux ouvrages ont été illustrés de cette manière; mais qu’ils soient ornés d’eaux-fortes en couleurs, de vignettes obtenues par le procédé, coloriées ensuite au patron, à la poupée ou à la main, tous ont été conçus avec la volonté évidente d’y reproduire le plus fidèlement possible les originaux de leurs illustrateurs, d’en donner la complète illusion. D’aucuns sont de véritables trompe-l’œil.

L’illustration de Paysages et Coins de rues procède d’un principe différent. C’est cette différence même de principe qui constitue l’originalité de la nouvelle œuvre de Lepère, et c’est aussi ce qui m’autorise à dire de son livre qu’il est un livre sans précédent. Il est, en effet, visible que tous les efforts de l’illustrateur ont tendu à écarter systématiquement ce qui pouvait donner à ses compositions, d’un art si personnel, l’apparence même lointaine d’un fac-similé d’aquarelle ou d’une imitation de peinture. Point de couleurs vives ni criardes, partout et toujours des tons neutres, des rouges atténués, des bleus éteints, des ocres pâles, des gris nuancés, des blancs légèrement teintés, ces blancs fournis par le papier lui-même.

Tous ces tons s’harmonisent à merveille entre eux; mais cela n’était pas suffisant; encore fallait-il, dans une œuvre essentiellement typographique comme l’est celle-ci, qu’une harmonie parfaite régnât entre le texte et l’illustration. C’est ce dont s’est avant tout préoccupé le graveur qui, pour obtenir le résultat voulu, a très ingénieusement relié la couleur de ses bois au noir de l’impression par des traits nettement affirmés.

L’art de Lepère, en tant que couleur, est tout de convention; ne cherchez point dans ses figures la pureté du dessin de M. Ingres; ne vous avisez pas de déshabiller ses bonshommes ni de faire l’anatomie de ses animaux; peut-être éprouveriez-vous quelque désillusion; considérez la masse sans vous arrêter aux bagatelles du détail. Mais, en revanche, si vous êtes avides de sensations violentes, si vous souhaitez l’impression de la chose vue, si vous voulez du mouvement, du grouillement, de la vie en un mot, alors vous serez servis selon vos souhaits, car nul, mieux que ce maître graveur, n’excelle à donner le mouvement et la vie, à faire grouiller les foules, à traduire la nature, à animer tout ce que touche son pinceau, sa pointe ou son crayon.

Au temps d’aujourd’hui où la couverture d’un livre a souvent, pour quelques amateurs, plus d’importance que le livre lui-même, je serais impardonnable de passer sous silence la couverture paysagesque et arborescente de Paysages et Coins de rues; je serais d’autant plus coupable que je commettrais un injuste oubli à l’égard d’une jeune artiste, une enfant encore, Mlle Suzanne Lepère, qui, de sa main mignonne, habile déjà, a gravé cette originale fantaisie.

Cette préface est longue, trop longue, et ma conscience serait bourrelée de remords si je ne savais, comme tout le monde, qu’on ne lit pas les préfaces. «Il est bien convenu, a dit quelque part Théophile Gautier, que les lecteurs (pluriel ambitieux) les passent avec soin»; mais à ceux qui, par un hasard inespéré, ne craindraient pas de donner un démenti au célèbre auteur de Fortunio, je demande très humblement pardon de les avoir si longtemps retenus comme en une sorte de purgatoire.

Qu’ils me fassent cependant la faveur de m’accorder encore quelques secondes, le temps seulement d’unir dans un même éloge les noms de Richepin, de Lepère et d’Hérissey; car, grâce au concours de ces trois maîtres, chacun en leur genre, la librairie de la «Collection des dix» a pu joindre à la liste de ses belles publications un nouveau et superbe livre, qui marquera son époque dans l’histoire de la typographie du dix-neuvième siècle.

GEORGES VICAIRE.

Baiser du Matin

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