Pleine lune - Christelle Dumarchat - E-Book

Pleine lune E-Book

Christelle Dumarchat

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Beschreibung

Océane est une jeune femme peu conventionnelle partageant sa vie entre sa famille et la découverte des villes côtières qu'elle aime tant. Bien que solitaire, cette existence lui convient. Mais c'était sans compter sur sa rencontre avec Antoine, un jour de pleine lune. Aussi beau que mystérieux, il attise sa curiosité et pourrait bien la mettre en danger... Ce recueil contient également la nouvelle courte Éclat

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Seitenzahl: 69

Veröffentlichungsjahr: 2023

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Sommaire

Au lecteur

Pleine lune

27 juin 2010

27 juillet 2010

25 août 2010

Début septembre 2010

14 novembre 2016

Éclat

J - 10

J - 8

J - 7

J - 5

J - 3

Jour J

Au lecteur

Voici Pleine Lune, un court roman paru chez Something Else Editions de juillet 2017 à janvier 2022. Il a été revu, augmenté et corrigé. Il est suivi d’une brève nouvelle sur le même thème, écrite bien avant et parue chez L’ivre Book en 2019, également revue et corrigée.

Alors, plongez en compagnie d’Océane et de Marine dans les fonds marins, ou visitez les côtes bretonnes. Bonne lecture !

Pleine lune

27 juin 2010

Ce début de matinée était paisible. Très prometteur. L’été demeurait sa saison favorite.

Elle adorait sentir la chaleur du soleil naissant sur sa peau. Sur toute sa peau. Le sable était tellement doux lorsqu’elle faisait glisser ses grains entre ses doigts, allongée paresseusement dessus, alors que la fraîcheur était encore présente.

Une seule journée.

Plus les années passaient, plus attendre autant lui devenait compliqué à supporter. Sa patience s’amoindrissait. Ses sœurs le lui reprochaient souvent, mais découvrir le monde était pour elle son plus grand plaisir, car son exploration lui semblait infinie. En effet, contrairement à elles, elle éprouvait toujours le besoin d’être constamment dans l’action, de poursuivre un but, même si elle ne savait pas encore trop vers quoi elle se dirigeait.

La nuit précédente, il lui avait été possible de profiter de la solitude de la plage, en toute quiétude, puisqu’il n’y avait pas eu de fête impromptue organisée en ce lieu qui puisse l’empêcher d’agir à sa guise. Trop de fois, elle n’avait pu le faire tranquillement à cause des présences importunes. Sans compter ces longs mois froids où elle ne pouvait rien faire. Alors passer cette nuit à courir, sauter, marcher ou simplement à contempler le panorama de l’océan sous la pâleur lunaire avait été un vrai bonheur.

Elle acheva de coiffer ses longs cheveux blonds avec le peigne d’écaille ancien qui ne la quittait jamais, trouvé oublié sur un rocher il y avait quelques années, puis elle les tressa et les attacha avec le ruban bleu noué autour de son poignet. Ensuite, elle se leva rapidement, saisit les vêtements mis à sécher à côté d’elle et les enfila.

Elle était enfin prête à affronter le monde. En ce jour, c’était décidé, elle se rendrai dans le village pour découvrir leur vie de plus près. Et tant pis si cela ne plaisait pas à Père. Elle en avait trop envie. Voir les gens évoluer de loin ne lui suffisait plus. Elle désirait en apprendre davantage sur eux, s’en approcher dans les limites du raisonnable.

Elle se mit en route, escaladant avec facilité les rochers, forte de ses étirements nocturnes. Après, elle s’engagea sur le petit raidillon qui bordait la côte et qui menait aux toits qui se profilaient dans le lointain. Elle prit son temps, appréciant le paysage qui variait chaque fois qu’elle revenait, savourant les sensations provoquées par le vent qui jouait dans ses cheveux et qui effleurait sa peau, humant les odeurs de bruyère et des autres fleurs qui se trouvaient de chaque côté du passage esquissé dans la végétation. En face d’elle, le clocher grandissait progressivement et les premières bâtisses apparurent à un détour de la sente qui devenait également plus large et plus praticable.

Elle avait déjà eu l’occasion d’emprunter ce chemin, toutefois il était difficile de le faire sur une certaine distance dans le plus simple appareil sans se faire remarquer. Pour ses pérégrinations, elle avait besoin des vêtements dénichés sur la plage, ce qui n’était pas toujours le cas. Cette fois-ci, il lui avait été possible d’en rassembler suffisamment dans sa cachette au fond de la grotte qui servait il y avait deux siècles aux contrebandiers. Par chance, cette dernière n’était plus dans les mémoires et la mer avait fait son œuvre autour. Dès lors, elle avait pu en faire son repaire secret, dorénavant camouflé derrière des rochers à l’aspect redoutable et en partie obstrué par l’eau.

Peu à peu, elle arriva au village. Lorsqu’elle y pénétra par une petite ruelle, elle se dirigea vers la place de l’église et les bruits lui parvinrent avec force : voitures, cris, musique. Sur le moment, cela lui donna une perception assez désagréable, agressant ses sens, mais elle se reprit et s’engagea sur la place. Ce jour-là, il y avait beaucoup de monde qui y déambulait. Elle comprit pourquoi quand elle entendit à un moment deux vieilles personnes parler de « marché ». Elle savait que c’était un instant privilégié où les marchands des alentours venaient vendre leurs produits. Elle devina qu’elle allait avoir la possibilité d’observer beaucoup de choses intéressantes.

Elle se promena tranquillement parmi les autres badauds. Autour d’elle, des sortes de tables étaient disposées sur lesquelles s’étalaient de multiples choses : de la nourriture, des vêtements et divers objets qu’elle avait du mal à identifier. Elle était fascinée par cet univers qui s’ouvrait à elle. Être en mesure de se rendre au milieu des terres était souvent ardu et elle mettait à profit chaque instant avec enthousiasme. Pourtant, elle éprouvait également de la peur. Se faire bousculer, sentir ces corps qui frôlaient le sien de manière si rapprochée, même si ce n’était pas voulu ni offensif, était réellement étrange à vivre, très différent de ce qu’elle connaissait dans l’eau. Là-bas, tout était fluide. Ici, cela devenait oppressant. Pourtant, prenant sur elle, elle commençait à s’y faire.

Et puis il y avait tous ces effluves à la fois agréables et étranges qui lui parvenaient : sucrés, floraux, et d’autres inconnus…

Les interpellations, les rires, les appels des marchands…

Les variétés des couleurs.

Tout cela était plutôt étourdissant, entêtant. Toutefois, par-dessus tout, c’était passionnant. Tous ses sens étaient en éveil.

Elle sentait aussi les regards pleins de surprises qui se posaient sur elle : il était vrai qu’avec ses cheveux blonds qui descendaient jusqu’en bas du dos, malgré la tresse, ce pantalon court, ample et bariolé, ce haut avec marqué dessus I Love NY en rose, et ses pieds nus, elle devait avoir une apparence assez exotique dans ce coin de Bretagne, bien que la saison estivale s’ouvrât. Mais elle n’avait rien pu récupérer d’autre. Trouver une paire de chaussures complète était impossible, et elle n’aimait pas cela. En outre, la robe qu’elle portait avant avait été usée par le temps. Elle était beaucoup plus jolie. Cependant, elle ne pouvait pas se permettre de faire la fine bouche. Une journée de liberté était à ce prix-là. Et puis, vu la tenue dans laquelle elle évoluait la plupart du temps, ce que les humains appelaient « la mode », d’après ce qu’elle avait pu comprendre grâce aux conversations ouïes au fil des années, et à laquelle ils accordaient une grande importance, n’en avait aucune pour elle. Le sourire aux lèvres, ses réflexions l’accompagnaient et elle laissait de côté les mauvaises idées pour ne pas bouder son plaisir.

Brusquement, il y eut une bousculade.

Ses jambes, sans doute fatiguées par un usage aussi long, se dérobèrent sous elle.

Une main survint à temps pour la retenir.

Elle leva les yeux.

Et ils s’attachèrent au regard noir qui plongea dans le bleu du sien. Elle put même y distinguer des paillettes dorées tant il était proche et manifestement très surpris.

— Mademoiselle, ça va ? demanda une voix emplie de sollicitude.

Par chance, comme elles étaient douées pour les langues, elle put répondre dans celle qui se parlait ici sans aucune hésitation et aucun accent :

— Je crois.

L’homme la prit doucement par la taille pour la conduire à un banc qui se trouvait à proximité.

— Asseyez-vous, lui conseilla-t-il.

Se retrouver dans cette position, nettement moins pénible pour ses jambes, lui permit de se ressaisir. Elle prit conscience qu’elle en avait trop fait, poussée par sa volonté d’en connaître davantage. Si elles étaient faites pour marcher, cela se saurait ! Elle n’était plus accoutumée à parcourir une si grande distance, son entraînement nocturne n’avait pas été suffisant, il ne remplaçait pas la force de l’habitude.

— Voilà, cela va mieux ? s’enquit-il avec gentillesse, penchant sa tête brune sur un côté.

— Oui…

— Vous avez mangé ce matin ?

Bon sang, de la nourriture !