Pulsions - Tome 2 - Marie-Pierre Nadal - E-Book

Pulsions - Tome 2 E-Book

Marie-Pierre Nadal

0,0

Beschreibung

Cayenne.
Capitale guyanaise étalant ses merveilles entre l’océan Atlantique et la plus hostile forêt au monde. Mais depuis plusieurs semaines, le danger sévit en son cœur. Des meurtres d’une rare sauvagerie sont perpétrés par une âme sombre. Le sang innocent de jeunes femmes tapisse les rues et l’ambiance mortifère sème la terreur chez la gent féminine. Le couple Josh et Audrey se rend sur place. Leur enquête les amènera jusqu’au pire de l’esprit humain, au-delà du naturel, au-delà du réel. Ils vont devoir affronter le mal en personne, non sans une aide précieuse et inopinée. Ils ne pourront plus compter sur leur esprit cartésien totalement soufflé par l’ineffable.


À PROPOS DE L'AUTEURE


Artiste Photographe et ancienne journaliste, Je me forme à l’étude des psychopathologies et à la criminologie.
Durant les longues journées laissées libres par un cancer, je décide de me mettre à l’écriture de cette étonnante aventure qu’est la maladie, avec l’humour pour arme complémentaire aux thérapies.
Cancer ascendant chimio voit le jour en 2015.
Inconditionnelle du cinéma noir, je tente, par la suite, l’exercice du récit policier. J’ai pu ainsi appliquer mes connaissances en psychologie criminelle.
Au fil des lignes et contre toute attente, j’ai glissé dans un tourbillon qui m’a menée tout droit vers le roman horrifique. La voie du thriller était tracée.
Découverte hasardeuse et belle surprise comme seule la vie sait vous en apporter.






Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 294

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



M-P. NADAL

FROM HELL

P U L S I O N S

II

A mes frères,

Remerciements à :

Mme Mylène De Fabrique Saint-Tours, pour sa patience, ses conseils et son professionnalisme, qui m’ont aidée et soutenue.

Elle courrait, courrait si vite. Comme si son destin lui échappait sans qu’elle pût le rattraper, elle fonçait droit vers le dénouement funeste qui l’attendait au bout du chemin. Elle suffoquait. À bout de souffle, elle ralentit.

Quelqu’un la suivait. Un esprit sombre sans la moindre mansuétude, sans une once d’état d’âme.

Puis le bruit d’un sifflement ponctua l’impact d’une flèche qui la transperça entre ses omoplates.

La course de la jeune femme fut stoppée net. Son corps s’effondra face contre terre. Dans un geste désespéré, elle tenta de récupérer son téléphone éjecté de la poche de son blouson. Elle tendit son bras, l’étira encore, ses doigts touchant l’appareil sans pouvoir le prendre.

Épuisée et meurtrie, elle leva la tête. Ses yeux se posèrent sur des bottes qui se tenaient là, immobiles.

L’homme récupéra son projectile encore planté dans le dos de la malheureuse, générant les hurlements de douleur de la jeune innocente qui suppliait, pleurait et demandait pourquoi. Retournée sur le dos comme une vulgaire crêpe que l’on roule, elle n’eut comme réponse que la lame acérée d’un couteau qui trancha son abdomen.

1

Nous connaissons tous la peur. Elle peut être un frein, un blocage soudain qui paralyse et fait perdre tout sens commun. Mais elle peut aussi être le stimulus déclencheur d’un courage insoupçonné.

On peut avoir peur de tout, mais jamais de rien. Sous quelque forme qu’elle se présente, elle est souvent générée par l’inconnu, les actes malveillants ou encore les choses inexpliquées qui dépassent les limites de l’acceptable.

Joshua Bennett connaît bien la peur. Non pas parce qu’il l’a éprouvée, mais parce qu’il en a été l’instigateur cinq années auparavant, il avait alors vingt-six ans.

Six atroces meurtres sont à son actif. Ou plutôt à celui de son frère jumeau, Logan, mort dès leur plus jeune âge, mais qu’il avait intégré dans sa propre personnalité, devenant ainsi un individu souffrant de Trouble Dissociatif de l’Identité. Les deux frères occupaient le même corps. Josh était un gentil lieutenant de police. Il devenait Logan dès lors qu’une violence se produisait à l’encontre d’un innocent ou qu’un tribunal libérait prématurément un délinquant sexuel.

L’origine de ce trouble remontait à leur enfance. À six ans, Josh avait été témoin du meurtre de son frère par leur propre mère. Refusant de le laisser partir, ou par simple culpabilité pour n’avoir rien pu faire pour le sauver, il l’avait inconsciemment incorporé en lui. Les deux personnalités ainsi formées étaient bien distinctes l’une de l’autre, sans que Josh n’eût conscience de ce que faisait « son frère » Logan.

Rien n’aurait pu les différencier si n’avait été leur latéralité. Josh était droitier alors que Logan ne se servait que de la main gauche. C’est d’ailleurs grâce à cette disparité qu’Audrey, capitaine Laroche à l’époque, fut en mesure de découvrir qui était le Tueur de l’Aube, en l’occurrence son collègue, le lieutenant Joshua Bennett.

Ayant été considéré comme irresponsable de ses actes, il avait été placé dans un établissement psychiatrique pour une durée indéterminée.

C’est au bout de trois ans que le corps médical l’avait jugé apte à continuer sa vie hors de l’enceinte. Cette liberté restait toutefois encadrée par la bienveillance médicale ainsi que celle, amoureuse, de son épouse.

Aujourd’hui jeune trentenaire, il vient tout juste de fêter ses deux ans de mariage avec Audrey Laroche, commandant de police et anciennement sa capitaine lors de cette triste affaire. Cinq années de bonheur et de complications soldées par une union, comme l’ouverture de guillemets annonciateurs d’une merveilleuse nouvelle histoire.

Au sortir de l’établissement spécialisé, il avait été engagé en qualité de réceptionniste dans un grand hôtel. Audrey s’était portée garante. Excellent employé, il y exerçait toujours ses fonctions d’accueil, tout en étant responsable à présent, de trois autres réceptionnistes.

Du haut de son 1,92 m, il affichait toujours cette jolie tête blonde aux yeux vert feuille, en parfaite symétrie au-dessus d’un nez retroussé, le tout sur un corps musclé au possible. Les employées qu’il avait sous ses ordres le badaient comme on contemple la vitrine d’une confiserie. Ça avait le don de le faire sourire.

Dimanche.

Le soleil était au beau fixe dans un ciel bleu azur, pourtant parisien. Ses rayons toquaient aux volets comme pour dire « Venez voir dehors, il y a de la vie ».

Charleston l’avait bien compris. Bien que n’étant pas pourvu de cordes vocales, le jeune border colley savait se faire comprendre. Il sauta sur le portemanteau et s’empara de sa laisse avant de plonger dans le lit de ses maîtres. Il ne pouvait y avoir plus explicite.

Le couple s’éveillait doucement et tendrement enlacé, jusqu’au « saut dans le lit » de leur ami canin.

— Regarde ton chien, plaisanta Audrey, il est aussi fou que toi quand tu me vois à poils !

— Très drôle ! rétorqua Joshua, essayant en vain de mettre un pied au sol.

— Va lui faire faire son pissou avant qu’il nous en serve une dose dans le lit, tu veux ?

Non sans bougonner, le jeune homme se redressa enfin sur ses jambes comme tous ceux de son espèce. Il enfila un pantalon abandonné là, tant la fougue amoureuse de la soirée ne lui avait pas laissé l’occasion d’être bien plié sur un fauteuil. Un sweat avait subi le même sort. Josh le passa et fut fin prêt pour la promenade. L’urgence ne supportait pas d’attendre la douche, ni même le petit-déjeuner. Audrey promit d’en préparer un pour leur retour, ce qui motiva son mari.

Ce dernier ouvrit la porte après avoir récupéré la laisse des crocs de l’ami Charly. Audrey les regarda sortir, ses yeux bleus criants d’amour. Elle s’attela, l’instant suivant, à la préparation de leur petit-déjeuner.

Il fut délicieux et la suite donna de quoi aimer la vie. Un bon repas, une sieste crapuleuse, un câlin à l’ami canin et il était déjà près de seize heures.

Une promenade au parc se profila aux alentours de seize heures trente. Bonne heure pour un goûter attendu.

Josh étala une couverture sous un saule, près d’un point d’eau d’où partaient des barques remplies d’amoureux qui s’enlaçaient.

— On pourrait en faire autant, proposa le jeune homme en désignant les embarcations.

— Avec ton chien ? rit Audrey. Mon chéri, même l’idée de grimper sur un de ces bateaux de bois me fait hurler de rire ! Alors, traverser le lac, non merci. Je préfère la terre ferme.

— Ta confiance me bouleverse ! ironisa Josh, sous les rires de son épouse.

Le brave Charleston, quant à lui, faisait peu cas des remarques de sa maîtresse, trop occupé à profiter de chaque brin d’herbe.

La belle journée se déroulait tout doucement. Le monde autour du couple profitait, comme eux, du soleil présent et de l’espace dédié aux jeux de ballon, lancés de Frisbees et autres promenades tranquilles. Le jardin d’Éden délogé des livres sacrés.

Proche de nos amoureux se tenaient un homme et celle qui devait lui servir de femme. Leurs deux enfants, certainement jumeaux, jouaient près de là. Josh les observait non sans un léger pincement au cœur. Audrey le remarqua.

— Ça va, chéri ?

Ce dernier émergea de ses pensées pour répondre à sa femme.

— Oui, pourquoi ça n’irait pas ?

— Je sais pas, tu as l’air songeur.

— Je regardais ces gosses. Ils sont jumeaux et je me rappelais Logan, c’est tout. On jouait comme eux, avant…

Le jeune homme ne termina pas sa phrase. Audrey n’insista pas et continua de disposer le goûter sur la couverture. Josh proposa de l’aider, le sourire revenu entre ses fossettes.

Il était temps de déguster le gâteau aux pommes qu’avait confectionné l’épouse modèle. La pâtisserie ne faisait pas partie de ses talents culinaires, pour autant qu’elle en eût. Cependant, Josh appréciait toujours ce qu’elle concoctait, car enrobé d’une épaisse couche d’amour. Le gâteau qu’elle découpait ne dérogea pas à la règle. Il prit la part qu’elle lui tendit et la savoura les yeux fermés.

Charleston, bien sagement assis, pour une fois, attendait son tour. Audrey ne lui refusa pas. Il eut sa part, qu’il goba.

Des cris se firent entendre. Les jumeaux, comme beaucoup d’enfants, chahutaient et leurs jeux passèrent vite de l’anodin au véritable combat. Josh tourna la tête et vit l’un des deux jeter violemment l’autre au sol après l’avoir frappé. Le jeune homme baissa les yeux, de tristesse.

Leur mère se leva soudainement pour aller corriger l’enfant déjà à terre. Ce dernier en prit pour son grade, molesté à la tête et à l’épaule.

Devant l’incohérente injustice dont faisait preuve cette femme, Josh se leva lui aussi, la colère montant le long de sa moelle épinière. Audrey s’approcha de lui et prit sa main.

— Josh ?

— T’as vu, cette salope ?

— J’ai vu, oui. Tu vas bien ? Josh ?

La terreur l’envahit l’espace d’une seconde. Était-ce Josh ou Logan ? Qui avait-elle à ses côtés ?

Ce dernier serra très fort la main de son épouse et tourna son joli minois vers elle.

— Quoi !? Tu crois que mon frère est revenu ? Non, mon cœur. Logan est bel et bien parti. J’ai quand même le droit de me mettre en colère devant ce spectacle affligeant, non ? Et puis tu sais bien que je ne tue plus personne. Allons, arrête d’afficher cet air effrayé, tu veux ?

La jeune femme s’accrocha à son cou et l’étouffa d’un baiser gourmand.

*****

Lundi

Retour vers la routine. Rituels quotidiens mais rassurants quelque part. Chacun regagna son lieu de travail. Le 36 pour Audrey, le palace pour Josh.

Ainsi passait le flot des heures et des jours, comme un collier de perles composant un cercle parfait.

Les affaires criminelles ne suscitaient guère l’excitation, à croire qu’assassins et autres psychopathes avaient déposé armes et démences, le temps de prendre quelques vacances. Elle était loin, l’horreur de la psychose. Tant d’émotions et de sentiments mêlés, pourtant encore si présents.

Audrey avait parfois bien du mal à considérer le fait que son désormais époux avait été l’initiateur d’une vague meurtrière. Il était si doux, son visage enfantin et ses manières gauches ne laissaient nullement présumer de la violence dont il avait fait preuve. Certes il n’était pas réellement lui-même lors de ses actes, mais ça donnait froid de vivre avec un tel individu. Même s’il était « guéri », ayant appris à contrôler « l’autre » en lui. La jeune femme s’efforçait de faire abstraction du danger que l’homme dont elle était éperdument amoureuse pourrait à nouveau générer. Elle devait se persuader à tout prix qu’il n’en serait rien et que tout ceci faisait désormais partie du passé.

Elle regagna son bureau. Le bonjour aux collègues, anciens et nouveaux depuis les faits, un bon café et elle était fin prête pour entamer une journée de travail.

*****

Un coup de fil, la voix sérieuse et contrariée de la commissaire Follet qui la convoquait dans son bureau. Un simple « J’arrive » ponctua l’appel.

L’étage qui séparait la divisionnaire de ses subordonnés fut empli d’une atmosphère lourde. Audrey pensa à tout et son contraire, sans pouvoir imaginer ce vers quoi l’amenaient ses pas.

Elle frappa à la porte du bureau directeur. Un « Entrez !» sonna comme un couperet qui aurait déjà fait son office.

— Fermez la porte, Audrey et asseyez-vous.

Sans même un bonjour qui aurait quelque peu adouci l’ambiance, la rudesse de l’entrée en matière n’augurait rien de bon. L’objet de la convocation ne concernait visiblement pas une promotion.

La jeune femme s’exécuta et prit l’un des deux fauteuils d’invités pour s’asseoir devant sa supérieure. Aucun mot ne put sortir de sa gorge. Elle attendit fébrilement que la commissaire ouvre les hostilités.

— Audrey. Vendredi soir, j’ai reçu un appel de nos confrères Guyanais. Il se passe des choses, là-bas.

Les yeux de la jeune commandante s’écarquillèrent. En l’espace d’un instant, des milliers de points d’interrogation se dessinèrent dans ses pensées. Que se passait-il donc à l’autre bout du globe pour justifier cet air lugubre et cette convocation matinale ? Et pourquoi elle ? Quel rapport avec elle ?

Devant le silence de sa subordonnée, la commissaire continua.

— Depuis environ six semaines, quatre meurtres ont été commis à Cayenne et ses alentours, il semblerait que ce soit le même tueur. J’attends le dossier sur ma boîte mail d’ici peu. Je peux déjà vous dire comment il procède… Il tue des femmes entre vingt-cinq et trente-cinq ans, d’abord d’une flèche dans le dos, ce qui pourrait faire penser à un chasseur, puis il les éventre. Les photos parleront d’elles-mêmes.

Le visage de la commissaire était sombre. Celui d’Audrey relevait d’une vision d’horreur. D’une voix presque inaudible, elle ne put que dire :

— Qu’est-ce que j’ai à voir avec ça ?

— Chère enfant, je n’irai pas par quatre chemins. L’affaire du Tueur de l’Aube est allée jusqu’à Cayenne. Votre réputation et votre expérience sont connues de toute la Guyane. Ils ont besoin de vous. Ils sont convaincus que vous seule pourrez les aider.

La jeune femme eut bien du mal à garder son calme.

— Écoutez, Cécile. J’essaie d’oublier les horreurs de ce style depuis cinq longues années et croyez-moi, ce n’est pas chose facile quand on vit avec le meurtrier. Qu’ils fassent donc appel à un criminologue confirmé. Moi, je tape en touche.

— Vous avez vécu ces choses. Vous avez été au cœur de la plus horrible affaire qu’on ait connue au 36. Vous êtes la seule qui peut l’arrêter.

Elle tendit le dossier qu’elle venait juste de recevoir et d’imprimer. Tout y était décrit et illustré par des photos plus atroces les unes que les autres. Audrey resta silencieuse en prenant connaissance des documents. « L’horreur ne s’arrêtera donc jamais » pensa-t-elle.

— Qui sont-elles ? questionna la commandante, la mine défaite.

— Des jeunes femmes sans liens apparents entre elles.

Audrey parcourut attentivement le dossier et le décrypta.

— L’origine ethnique n’est pas non plus déterminante, annonça-t-elle. Nous avons trois types caucasiens et un type africain. Pas plus que l’âge ni le physique qui sont très différents les uns des autres. C’est pourtant le même tueur, le mode opératoire est identique. Mais qu’est-ce qui le motive ?

La commissaire la regardait et l’écoutait. Elle ne put empêcher un léger sourire, expression de satisfaction à la vue de l’intérêt que commençait à porter sa subalterne sur l’affaire. Le poisson était ferré.

— Intéressée, finalement ? demanda-t-elle.

Audrey était horrifiée, terrifiée par le souvenir, mais une incontrôlable envie d’en savoir plus ajoutée à une irrésistible attirance pour les tourments de l’esprit humain la firent dire un timide « Oui ».

Tirant profit de cette réponse positive, la patronne n’attendit pas la minute suivante pour signifier ses directives.

— Très bien ! Vous partez à la fin de la semaine. Je vous donne congé pour vous préparer.

— Pardon ? s’écria l’officière de police. Je pensais bosser d’ici, et juste donner mon avis. J’ai pas envie de me taper le voyage et puis, il y a Josh ! Vous y pensez ? Je ne peux pas le laisser seul, est-ce que vous me comprenez ?

— Je comprends très bien, justement. Et je voulais vous en parler.

Audrey s’attendit désormais à tout.

— Voilà. Il faut que vous vous déplaciez, c’est une condition sine qua non. J’avais pensé que Josh pourrait vous accompagner en qualité de consultant.

Les yeux de la jeune femme s’arrondirent en un O d’effroi.

— C’est une plaisanterie ! Josh ? Mais il est encore sous contrôle psychiatrique ! Je ne sais pas à quoi vous carburez, commissaire, mais vous prenez de la bonne !

— Ne devenez pas insolente. Qui mieux qu’un tueur en série pour en attraper un autre ? Il sait ce qu’il ressent et comment agir.

— Josh n’est pas un meurtrier. C’était Logan, et il n’est plus là.

Les larmes naissaient sur les joues de la jeune femme, tel un abcès qui a du mal à se vider.

— Audrey. Considérez cette nouvelle affaire comme une thérapie. C’est peut-être votre chance d’arrêter les cauchemars. Oui, je connais votre état. Une occasion pour vous d’en finir avec ce traumatisme.

— Ma chance ? hurla à présent la jeune femme. Ma chance ? J’ai failli y laisser ma peau la dernière fois. J’ai vu l’horreur de ces corps déchiquetés, et celui que j’aimais le plus au monde en était l’auteur. Vous pensez vraiment que remettre le couvert pourrait m’aider ? Et Josh ? Vous y pensez ? Si Logan en remettait une couche, lui aussi ? Ce serait une vraie boucherie, puissance deux !

Elle sanglotait de toutes les larmes que pouvaient contenir ses beaux yeux azuréens.

— C’est ça qui vous effraie, avouez-le, insista la commissaire.

Un silence assourdissant envahit la pièce. Elle continua :

— Ce serait, pour vous, l’occasion de confirmer et de vous convaincre définitivement de la guérison de notre Josh.

Audrey baissait les yeux comme si le doute la rendait coupable.

— Votre mutisme montre que j’ai raison, termina la patronne.

Après une réflexion rapide mais fructueuse, la jeune femme releva la tête.

— J’accepte, répondit-elle finalement. À la seule condition que la présence de Josh soit officielle. Je veux un document attestant de la nécessité de l’employer à titre de consultant, le dispensant ainsi de ses visites obligatoires à l’hôpital. J’espère que vous vous rendez compte de la responsabilité que je vais devoir endosser. Vous allez envoyer le tueur de six personnes rencontrer le tueur de quatre, et plus si affinités !

— Il sait se maîtriser, non ? Tout se passera bien pour lui, j’en suis certaine. C’est un charmant garçon. Et, aucun problème, bien évidemment. Je fais établir dès aujourd’hui tous les documents nécessaires à votre départ. Il va falloir vous vacciner contre la fièvre jaune, je vais également prendre rendez-vous pour vous deux chez notre médecin.

— Un vaccin ? Ça va lui plaire ! rit à présent Audrey.

La commissaire rit avec elle. L’onde sombre s’estompait. Audrey avait pris sa décision. Elle était désormais soulagée et prête à affronter l’inqualifiable.

— Vous avez une semaine pour faire vos valises. Prévoyez pour trois ou quatre semaines, dans le meilleur des cas. Il est évident que tout vous sera payé. Seuls les achats touristiques seront à votre charge.

— Du tourisme ? Vous prenez vraiment de la bonne, Cécile !

Cette dernière prit cette fois la plaisanterie pour ce qu’elle était.

— Croyez-le ou non, j’ai hâte de revoir Josh. J’ai toujours aimé ce gosse. Quand vous viendrez chercher vos papiers, j’espère que vous irez saluer vos collègues avec lui. Ça leur fera plaisir, j’en suis persuadée.

— Bien sûr. Le plus difficile, à présent, va être de le convaincre.

Audrey rentra plus tôt. D’abord parce qu’elle en avait l’autorisation, et surtout parce qu’elle allait préparer un petit dîner dont elle avait le secret quand elle voulait quelque chose de son époux.

Il fallait mettre le paquet pour convaincre l’homme de sa vie d’aller jouer le psy à cinq mille kilomètres de leur cocon amoureux. Le psy ! Comme la vie peut être drôle, parfois !

Il est vrai qu’il semblait guéri. Logan n’avait plus ressurgi depuis quelques années. Toutefois, elle ne pouvait s’empêcher d’avoir cette crainte qui ne la quittait jamais bien longtemps. Un déclic avait suffi à faire naître le monstre en lui. Si, avec ce qu’il allait vivre et voir, ce déclic se déclenchait à nouveau ? Que se passerait-il si Logan revenait à lui ? Il était peut-être juste enfoui, prêt à renaître au moindre autre déclic. Serait-il pire, ou meilleur grâce aux thérapies ?

Josh était le plus doux des hommes alors que Logan était un monstre. Comment allait-il réagir face à un tueur de jeunes femmes innocentes ? Si le démon revenait, comment le gérer à l’autre bout de la terre ?

Mille questions s’entrechoquaient sans pouvoir atteindre un point de cohérence.

Elle préféra terminer sa préparation culinaire, plutôt que de devenir folle.

*****

Le joli prince charmant fit son apparition après une journée bien remplie. Il s’étonna de voir son épouse de si bonne heure et déjà affairée en cuisine. La table était dressée et l’hôtesse, quant à elle, bien apprêtée pour arriver à ses fins. Elle savait pertinemment qu’il ne résisterait pas longtemps à ses assauts séducteurs.

La prenant dans ses bras, il interrogea sa fliquette préférée.

— Mazette ! En quel honneur toutes ces belles et bonnes choses ? Tu as gagné le prix de la femme la plus aimée au monde ?

Elle se blottit contre lui et l’embrassa avec la fougue d’un premier amour.

— J’ai quelque chose à t’annoncer, lui chuchota-t-elle à l’oreille.

Josh crut à la plus belle nouvelle qui soit pour un couple : l’arrivée dans quelques mois, d’un bébé attendu. Le jeune homme courut s’asseoir sur le divan douillet, comme un enfant à qui on a promis un beau cadeau.

Audrey se doutait bien de l’objet de ses pensées et ça la rendait triste. Elle prit deux verres et une bouteille de scotch, qu’elle posa sur la table basse.

— Tu nous sers, chéri ?

— Tu veux de l’alcool ? Un jus de fruit serait peut-être plus approprié, non ?

Il était tellement persuadé. Il se trompait tellement. Il était si craquant.

— Un verre bien tassé, s’il te plaît. J’apporte les glaçons.

Le jeune homme s’exécuta, non sans afficher le visage dubitatif d’une poule qui a trouvé un couteau.

Audrey but une rasade avant de rentrer dans le vif du sujet, sans mauvais jeu de mots.

— Mon amour. Ne m’interromps pas, s’il te plaît. Laisse-moi parler et tu pourras parler à ton tour.

— Qui est mort ?

— Personne qu’on connaît, ne t’inquiète pas. Je vais y aller direct, ça sera plus simple.

— Tu commences à me faire peur, ajouta Josh.

— Bon. Follet m’a convoquée dans son bureau, ce matin. Il y a un tueur en série à Cayenne et elle veut que j’y aille.

Josh faillit bien lâcher son verre encore plein. Il le vida à moitié et s’en étouffa.

— Ça va, mon cœur ? s’inquiéta la jeune femme.

— Tu me demandes si ça va ? Tu vas partir à cinq mille bornes pour chasser un tueur en série, et tu me demandes si ça va ? Je suis au bord de me jeter dans le vide-ordures !

— C’est pour trois ou quatre semaines, pas plus.

— Tu vas revenir en trois ou quatre morceaux ! Je veux pas que tu y ailles.

Elle attendit qu’il soit mûr pour continuer…

— Tu viens avec moi.

Josh recracha la gorgée qu’il venait de prendre, effrayant le brave Charleston qui préféra se réfugier dans la chambre.

Audrey lui tendit une serviette et commença ses explications.

— Follet m’a convaincue. Et je dois dire que c’est pas une mauvaise idée.

— Non, bien sûr, c’est la pire mauvaise idée de toutes les mauvaises idées ! cria l’homme devenu gamin en un instant. JE SUIS un tueur en série ! J’ai déchiqueté six personnes, et tu voudrais que je tape la converse avec Mickael Myers ? Mais oui ! C’est évident ! Comment ne pas y avoir pensé avant ! On pourra causer sur les mille et une façons de pourfendre des innocents et discuter sur la dernière tronçonneuse en vogue ! Le tout, bien sûr, au coin d’un bon feu de forêt, à se répartir les cadavres ! Pourquoi pas ! J’ai pas encore tout épuisé en matière d’horreur, il faut que je progresse, et là, tu m’envoies en stage ! Je préférerais que tu m’attaches à poils au pare-chocs de ta voiture et que tu me traînes dans les rues de Paris !

— Tu es guéri, chéri.

— Va le dire à mon autre personnalité !

Elle comprenait bien sa colère et son ironie, outils parfaits pour appuyer son refus. Mais elle le connaissait et savait ce qui pouvait le faire changer d’avis.

— On a les mêmes craintes, mon bébé. On ne veut pas se l’admettre, mais on a la trouille « qu’il » revienne. Aller là-bas, changer d’air et aider la police locale nous ferait peut-être du bien. Ça exorciserait nos peurs.

— Tu l’as dit : peut-être !

— Laisse-moi t’expliquer, argumenter, et après on décide. D’accord ?

— Ok. De toute façon tu auras le dernier mot et je suis certain que les billets sont déjà imprimés.

Audrey ne put retenir un sourire plus amoureux que jamais. Elle détailla donc les faits portés à sa connaissance, sans aucun ménagement pour son époux.

Ce dernier l’écoutait avec toute l’attention d’un élève amoureux de son institutrice. Il la laissa terminer sans mot dire, en étant bien conscient qu’elle avait déjà pris sa décision. Pour elle, il accepterait. Pour cesser les cauchemars, il accepterait. Il devait lui prouver qu’il était guéri. Et pour elle, il le ferait.

— Juste un mot, ajouta le jeune homme, revenu au calme. On fait quoi si Logan pointe son couteau ?

— On va faire en sorte qu’il reste tranquille, répondit la belle.

— Je vais faire le plein de médocs !

Il restait une chose à annoncer au bel Apollon…

— En parlant de médecine, on va devoir se vacciner contre la fièvre jaune.

Josh s’écroula entre deux coussins.

2

Samedi.

Bagages bouclés, vaccins injectés, tout était paré pour la grande aventure amazonienne. Ne restait qu’à confier le brave Charleston à Laurie, psychiatre et amie du couple depuis les événements funestes.

— Alors, comme ça, tu vas prendre ma place en tant que consultant ? dit cette dernière à l’adresse de Josh.

— Aussi farfelu que ça puisse être, oui. Je vais jouer au tueur qui aide la police… Hannibal Lecter, à votre service !

Les deux femmes s’esclaffèrent malgré le cynisme percutant du jeune homme.

Après un café vite avalé, il était l’heure de se dire au revoir. Le couple salua Laurie, et Josh s’accroupit face à Charly qu’il embrassa et chatouilla, au grand plaisir du canidé.

— Toi, tu restes ici, mon copain. Maman et moi, on revient vite. Tu seras bien, avec tatie. Je t’aime, mon chien.

Il se releva subitement et sortit sans se retourner. Audrey fit de même, avec moins de démonstrations, cela dit.

Deux billets attendaient nos amis au 36. L’accueil fut des plus chaleureux, tant les collègues étaient heureux de retrouver leur ancien lieutenant. Josh était ému. Il ne les avait pas revus depuis si longtemps, préférant couper les ponts par honte, par respect. Chose dépourvue de sens au vu de l’amitié toujours présente dans les esprits et dans les cœurs.

La commissaire le prit affectueusement dans ses bras sans rien dire. L’accolade se passait de commentaires superflus.

Elle leur confia les billets et les encouragea pour la suite.

— Soyez prudents, mes enfants. J’attends des nouvelles régulières.

— N’ayez crainte, Cécile. Je suis bien entourée, tenta de rassurer la belle Audrey, en prenant la main de son époux.

— Oui, elle est avec moi ! dit le jeune homme sur le ton de la plaisanterie.

— J’ai confiance en vous, Josh. Je sais que j’ai raison. Eh oui, ça me rassure de vous savoir avec mon meilleur commandant.

Elle les embrassa une nouvelle fois et le couple sortit du bureau sous les applaudissements appuyés des collègues. Direction : l’aéroport.

*****

Après les formalités d’usage, les bousculades aux guichets d’enregistrement et la queue à l’embarquement, le couple attendait l’appel pour leur vol vers les Amériques.

Josh grignotait une barre chocolatée, histoire de calmer l’angoisse d’un premier vol. Il appréhendait les neuf heures qui les séparaient du sol amazonien. Audrey était auprès de lui comme une maman qui réconforte son petit avant un rendez-vous chez le dentiste.

La voix chaude et sexy d’une hôtesse annonça le début des hostilités aériennes. Il était temps d’embarquer.

Billets et passeports en main, les amoureux pénétrèrent dans le Boeing, accueillis par un steward et une hôtesse, qui, comme un seul homme, lancèrent des regards insistants sur les yeux de Josh. Il est vrai que leur vert profond rappelait vaguement la forêt émeraude vers laquelle ils allaient s’envoler.

Audrey arborait un sourire qui ne la quittait pas. Enfin installés à leur place et bien assis sur leurs fauteuils, Josh côté couloir, elle lui chuchota à l’oreille :

— T’as un ticket avec l’équipage, mon chéri.

Le jeune homme craignit de comprendre.

— Les deux ? Le mec aussi ?

Audrey étouffa un rire.

— Mais oui. Il te kiffe grave ! rit-elle.

— J’ai toutes les veines, moi !

— Ne te plains pas ! Tu vas pouvoir leur demander ce que tu veux, ils seront enchantés d’assouvir tes moindres désirs, mon amour.

— Arrête de te foutre de moi. Où sont les chiottes ? dit-il en se dévissant la tête à les chercher.

— Tu en as trois. Devant, au centre et à l’arrière de l’appareil. Mais c’est trop tard. On va décoller.

Le steward s’approcha de Josh et fit mine de vérifier si ce dernier avait bien attaché sa ceinture. Le sourire qu’il lui lança alors venait de lever tous les doutes. Josh stoppa la main du jeune homme comme si celui-ci voulait lui emprunter son pantalon.

— Merci, ça va aller, dit-il.

— Quand on sera en altitude, je vous apporte des boissons, ajouta le gentil garçon.

Audrey, le nez collé à la vitre du hublot, avait du mal à retenir son rire.

— Quoi !? s’écria Josh.

— Rien, rien, répondit la belle espiègle.

Les consignes de sécurité et le départ annoncés, l’avion commença à rouler sur le tarmac pour aller se placer au bout de la piste d’envol. Josh prit place au fond de son fauteuil, les mains fermement fixées aux accoudoirs.

Le Boeing roulait à vive allure et décolla finalement.

— Les roues ne touchent plus le sol ! informa Josh, figé sur son dossier par la poussée des réacteurs.

— Ben, pour décoller, c’est encore ce qu’il y a de mieux ! se moqua Audrey.

Elle ne reçut aucune réponse, le silence de son mari faisant office d’un long discours.

Le voyage se passa entre les regards langoureux de l’hôtesse et les sourires aimants du steward.

Quant à l’atterrissage, il eut raison des accoudoirs qui connurent une compression massive du sieur Josh, plus accroché à eux qu’un morpion à une moquette portugaise.

Les portes de l’appareil s’ouvrirent sur une fournaise lourde d’humidité. Josh y alla de sa remarque.

— Je vais mourir !

Audrey ne releva pas, juste un « Avance ! » ponctuant l’adieu au Boeing.

La récupération des bagages fut des plus aisées. Aucune perte de la compagnie aérienne, chose rare.

Le couple pénétra dans un immense hall d’où s’échappait un flot de voyageurs, vers les taxis et autres bus en partance pour le centre de Cayenne. Il n’en était rien pour eux, car un collègue les attendait. Un panneau mentionnant « COMMANDANT LAROCHE » était tenu bien haut par un quadragénaire.

Audrey s’approcha de lui, main tendue.

— Je suis Audrey Laroche, enchantée.

L’homme alluma un sourire et commença, sans la moindre mesure ni considération pour Josh, une drague accablante de lourdeur.

— Bonjouuurr ! dit-il sans vouloir lâcher la main du commandant. Bienvenue à Cayenne, dans la chaleur moite de nos nuits torrides. Je suis le lieutenant Bruno Laurent.

Audrey avait une irrésistible envie de rire. Ce n’était pas le cas de Josh qui se présenta à son tour et prit l’homme par les épaules. Il chuchota quelques mots bien pesés à son oreille.

— Vous voyez la femme qui est là ? C’est mon épouse. Et si vous vous souvenez du monstre qui a massacré six personnes il y a cinq ans, c’est moi. Alors, ne me mettez surtout pas en colère. On se comprend ?

Josh était d’un calme olympien. Il tapota l’épaule du cadavre potentiel et reprit sa valise en adressant un clin d’œil à sa femme. Cette dernière fit non de la tête, en levant les yeux au ciel. Quant au bellâtre, il restait coi, sans savoir si tout ceci était une blague ou argent comptant. Dans le doute, et n’attendant aucune explication, il les devança pour se diriger vers son véhicule.

Ce dernier traversa la capitale guyanaise dans le silence et les interrogations restées stériles. Il stoppa devant l’hôtel où le couple allait séjourner.

— Vous êtes arrivés, annonça l’officier, encore effrayé par les menaces à peine déguisées de son passager.

Les amoureux récupérèrent leurs bagages dans le coffre et saluèrent leur chauffeur. Josh s’approcha de la portière, faisant sursauter le conducteur.

— Allez, sans rancune ! dit-il en tendant sa main.

Le quadragénaire fit de même et scella ainsi une nouvelle collaboration.

— On se voit demain. Je viens vous chercher à huit heures, dit-il simplement, avant de démarrer et de disparaître.

Josh souriait. Audrey ne manqua pas de le recadrer.

— T’as à peine exagéré, non ? Le pauvre type est devenu plus blanc que tes ratiches !

— T’as vu comment il te draguait, aussi ? Merde ! J’ai stoppé net sa progression séductrice.

— Comme tu parles bien, mon homme ! Je manque d’habitude avec toi, dit-elle en riant.

Ils approchèrent de la réception. La jeune femme les présenta.

— Bonjour, Monsieur et Madame Bennett, dit-elle, pas peu fière.

La réceptionniste tendit la clé de leur suite après les avoir salués. Un groom vint les débarrasser de leurs valises et les conduire à leur chambre.

— Si vous voulez bien me suivre, dit-il.

— Une suite ? s’exclama Josh.

— Oui, ils ont sorti les grands moyens, rétorqua son épouse. On va pas se plaindre.

Le chasseur présenta les lieux, immense pièce à dormir, vivre et s’amuser, avec salle de bains digne des grands SPA. Après le pourboire, Audrey sauta sur le lit comme une puce sur un épagneul. Josh restait planté, debout, à regarder autour de lui. Il pénétra dans la salle de bains et hurla :

— C’est pas une chambre, c’est un établissement de bains ! Tu as vu la baignoire ? On pourrait faire un cinquante mètres nage libre.

Audrey rit de bon cœur, les bras en croix sur le lit à plusieurs places.

— T’as pas autre chose à visiter que la salle de bains ?

Josh passa la tête à la porte de la pièce.

— Hein ?

— Viens, idiot. On va honorer l’endroit, viens me faire la fête.

Le jeune homme ne se fit pas prier. Il ouvrit le robinet de la baignoire et sauta sur le lit.

— T’as pas peur que ça déborde ? demanda la belle en riant.

— On aura fini avant ! précisa son époux, sous les rires de sa femme.

*****

La soirée passa très vite, après le câlin, le bain et le rangement des valises. Les corps étaient épuisés et réclamaient une bonne nuit. Le dîner lui-même fut frugal, tant le repos s’imposait. Une corbeille de fruits locaux avait été offerte par l’établissement et leur avait grandement suffi. Ils verraient bien demain, pour un repas plus consistant.