Réflexion sur réflexions - Christian Pineau - E-Book

Réflexion sur réflexions E-Book

Christian Pineau

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Beschreibung

Et si la vie n’était qu’un incroyable accident dans l’immensité du cosmos ? Et si nos civilisations, si fières de leurs idéologies et de leurs conquêtes, n’étaient que le fruit d’un équilibre fragile entre survie et pouvoir ? Ce récit fascinant vous invite à remonter le fil du temps, depuis la fournaise du Big Bang jusqu’aux sociétés humaines d’aujourd’hui, pour comprendre comment la matière inerte s’est animée et comment Homo sapiens a façonné un monde tantôt uni, tantôt divisé. Une réflexion audacieuse et passionnante sur l’épopée de la vie et les choix de l’humanité.

À PROPOS DE L'AUTEUR 

Au cours de sa carrière, Christian Pineau a contribué de manière significative à la médecine et à la santé des patients, tant en exerçant son rôle de médecin généraliste libéral qu’en occupant des postes de responsabilité dans des établissements hospitaliers. Il cherche dorénavant à évaluer dans le miroir de notre société les éléments apportés à l’humanisme par la technologie tout en transmettant son savoir aux nouvelles générations.

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Seitenzahl: 312

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Christian Pineau

Réflexion sur réflexions

Une brève histoire du passé,

une brève projection vers l’avenir

Essai

© Lys Bleu Éditions – Christian Pineau

ISBN : 979-10-422-6039-2

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Avant-propos

J’ai voulu tenter de répondre aux questions que je me suis toujours posées, induites par mon éducation, à travers mes vies sociale et professionnelle, dont l’intensité ne m’a pas toujours facilité une réflexion chronophage.

Veuf et retraité, j’ai repris cette quête inassouvie, parce que j’aime écrire pour fixer mes idées, les analyser et les corriger. Et peut-être dans l’espoir que ces mêmes idées écrites puissent servir à mes enfants et petits-enfants qui se poseraient les mêmes questions, découlant de la même éducation transmise. Ils seraient possiblement curieux comme j’ai pu l’être, d’essayer d’approcher l’historique de la naissance de la Vie et son devenir, de comprendre la progression des connaissances scientifiques de Sapiens, la naissance de la gestion des cités avec l’apparition des mythes fondateurs nés dès les premières collectivités, et appréhender leurs interprétations successives au fil de l’histoire des civilisations et des développements technologiques, au risque d’en modifier ou contredire le sens initial.

Cette quête n’a de volonté que la transcription de ma réflexion sur ce que la société moderne réfléchit du miroir de notre civilisation européenne et judéo-chrétienne, la vérité n’existant probablement pas, si ce n’est celle, plutôt triviale, qui me rattache encore à ce monde…

Je ne retiendrai de mes recherches forcément partielles et personnelles que deux valeurs essentielles et fondamentales de Sapiens :

– La Dignité manifestée essentiellement dans la tolérance et l’altruisme, quels qu’en soient les dogmes laïques ou religieux.
– La beauté du monde, et celle des discours et des lettres de nos maîtres qui la racontent ou l’interprètent.

Il n’est pas vrai que c’était mieux avant, mais je crains que Sapiens, dans son orgueil et son désir de pouvoir, induit par une seule voie de récompense au sein de son cerveau, n’aie pas conscience que la Nature, dont il est lui-même issu et dépendant, est essentiellement fragile et périssable si l’on modifie ou interrompt ses cycles évolutifs naturels…

Je veux être « raisonnablement » optimiste lorsque je vois le chemin parcouru par Homo, avant même qu’il ne devienne Sapiens ! Mais je crains que quelques ego ne se servent de cette science et du développement des technologies pour imposer des idéologies plus contraignantes, voire liberticides, par la mise à disposition de moyens de persuasion et de manipulation plus performants que ceux construits jusque-là, au service de leur pouvoir !

Introduction

L’histoire de l’apparition et de l’évolution du vivant, comme celle de l’humanité, me passionne ! Comment la matière inerte, issue du big bang dans la fournaise du début, est-elle devenue vivante ? Et comment cette qualité de « matière vivante » a-t-elle pu acquérir une telle diversité d’espèces allant du virus (même si sa qualité de « vivant » est discutée par certains) au Physarum Polycephalum (communément appelé Blob) en passant par les eucaryotes et métazoaires ? Ou pourquoi de telles différences d’aspects et d’éthologie, non seulement entre les Archées, les bactéries et les eucaryotes, mais au sein même des eucaryotes divisés en végétaux, champignons et animaux, et entre les multiples espèces d’animaux, endémiques de leur milieu, dont nous faisons partie ??

L’histoire de l’évolution de l’espèce Homo, de ses religions et de ses civilisations me passionne aussi ! Des collectivités créées par Homo Sapiens devenu sédentaire, qui, des religions ou des civilisations, auraient eu la préséance d’existence à la gestion et l’organisation de ces regroupements ? Laquelle de ces deux institutions aurait possiblement induit l’autre pour gérer ces collectivités : le regroupement autour d’une croyance (religion), ou la culture transmise au sein d’un groupe (civilisation) ? Au-delà de la violence animale instinctive décrite dans les mythes du crime fondateur des sociétés, est-ce le besoin de spiritualité au sein de groupes constitués par affinité ou besoins économiques, ou la constitution de groupes de même spiritualité ou religion à l’origine de ces regroupements ? Si la paléontologie et la paléoarchéologie, ou même la plus récente paléogénétique, nous ont permis de reconstruire une partie de cette évolution, beaucoup d’hypothèses restent encore à démontrer.

L’avenir de ces différentes histoires du vivant me passionne également. L’homme moderne, par sa présence même, témoigne de facultés d’adaptation et de résistance de l’Homo Sapiens initial à un environnement hostile. Cet homme moderne a inventé la technologie pour parvenir à modifier et asservir son environnement naturel au profit de son confort propre, après que les premiers Homos ont eu fait l’effort de seulement s’en défendre pour s’adapter. Mais quelle est la limite admissible de ces modifications technologiques dont certaines pourraient anéantir la planète en quelques décennies, voire quelques heures ? Cet environnement évoluant au gré de quelques secousses climatologiques naturelles ou anthropocentrées, ayant perturbé son équilibre depuis 4,55 milliards d’années, que pourrait-on prédire de l’avenir de Sapiens dans les 5 milliards d’années restantes, avant que notre système solaire ne disparaisse ?

L’homme a toujours rêvé d’augmenter sa puissance et son pouvoir, en palliant ses déficiences physiques naturelles. Et cela ne date pas d’hier ! Depuis la maîtrise du feu par Homo Erectus il y a quelques 400 000 ans, les archéologues ont retrouvé des prothèses chez les momies égyptiennes, bien avant que Sapiens ne parvienne aux technologies NBIC modernes (Nano, Bio, Informatique et Cognitive) il y a une cinquantaine d’années. L’évolution de cette technologie lui a permis au cours du temps d’augmenter ses possibilités physiques et son emprise sur l’environnement afin de résister à une Nature hostile, puis de moduler et transformer celui-ci à sa convenance. Il arrive même à quelques-uns de vouloir imposer leur pouvoir à leurs concitoyens au moyen de ces technologies, confondant « être » et « avoir »… Et au moment où le développement des technologies NBIC gérées par l’intelligence artificielle vont le leur permettre, au moment où l’on parle de transhumanisme et de post-humanisme, il paraît important de faire le point sur ce que chacun de ces éléments apporterait, ou emporterait, de notre espèce auto-considérée comme la plus évoluée, voire unique dans l’univers, jusqu’à preuve du contraire…

La plupart de mes lectures sont tournées vers cet intérêt, ou devrais-je dire cette obsession, non seulement de l’évolution de la matière vers le vivant, mais aussi de l’évolution même de ce vivant groupé en sociétés idéologiques ou civilisations économiques. Il me semble que les colonies de Sapiens sont réparties, ou même divisées et quelques fois opposées, en fonction de collectivités initialement dépendantes de la notion de leur sécurité, puis de leur intérêt économique ou de l’intérêt politique de quelques leaders égocentriques, plutôt que regroupées autour de notions idéologiques et spiritualistes d’altruisme, de « bien » ou de « mal ». Cette notion de « mal » ou de « bien » étant de définition variable au sein des regroupements de la même espèce. Ces critères matérialistes ou spirituels aléatoires définissent ou identifient les civilisations, les font vivre, et quelques fois, les font mourir.

Ce qui pose quelques questions subsidiaires, mais très complémentaires :

Comment les civilisations apparaissent-elles ou meurent-elles au-delà du mythe du meurtre fondateur par le sacrifice du bouc émissaire ?

Est-ce la communauté de spiritualité qui crée les civilisations ? Ou le besoin de spiritualité au sein de regroupements des collectivités crée-t-il les religions ? Ou la notion humaniste de respect et de dignité est-elle un simple moyen de gestion et de régulation des collectivités au service de quelques-uns ?

L’homme naît-il bon comme l’affirme Jean-Jacques Rousseau ou naît-il mauvais comme le pensent avant lui Thomas Hobbes, ou actuellement René Girard ? (Je vois Satan tomber comme l’éclair ; Grasset,1999). Toutes les religions monothéistes faisant de l’homme un exilé du paradis en raison d’une faute originelle, promouvant le « c’était mieux avant » anti-progressiste.

L’amélioration/augmentation du seul individu engendre-t-elle de meilleures sociétés, comme le pense la culture libérale anglo-saxonne, ou de meilleures sociétés basées sur la citoyenneté républicaine et l’idéologie laïque médiocratique devraient-elles créer de meilleurs hommes, comme le pensent les milieux socialistes européens à la suite de Rousseau ?

Je suis un lecteur assidu de Michel Onfray avec qui je partage (modestement…) beaucoup de visions philosophiques, si ce n’est le partage de sa vision politique (je ne vote plus depuis longtemps) entrevue dans « le Front Populaire » ou « Foutriquet » et « la nef des fous »… Encore que ce dernier livre se voudrait plus humoristique que philosophique ou politique, et se permet de faire rire de l’indigence de nos politiques… qui devrait plutôt inciter à faire pleurer ! J’ai lu quasiment tous ses livres, au contraire de ceux de sa bibliographie que lui-même affirme avoir entièrement lus ! Mais j’avais un métier qui ne me laissait guère de temps pour les loisirs et la lecture autre que la lecture d’articles professionnels et de Formation Médicale Continue, dans un souci de perfectionnisme déontologique et éthique, obligé par le développement exponentiel des savoirs, lié à celui de la technologie. La retraite et quelques soucis de santé ont augmenté mon temps de lecture, et je bénéficie du recul de 45 ans d’expérience, d’observation professionnelle de mes patients et d’implications associatives bénévoles, ce qui devrait m’autoriser une certaine compétence dans la connaissance de la nature humaine… Ma réflexion récente est induite de la lecture du dernier ouvrage de Monsieur Onfray : « Anima » en attente du second annoncé « Barbarie », qui ne devrait pas tarder à être édité s’il ne veut être obsolète dès sa sortie, à la vue des débordements sociétaux actuels… (je n’ai appris que récemment que sa sortie avait été annulée…). J’ai été un peu choqué par le sous-titre de Anima : « Vie et mort de l’âme » qui résume parfaitement mes préoccupations métaphysiques citées plus haut. Comment peut mourir une âme qu’il affirme n’avoir jamais existé par ailleurs ? Je ne sais ce qu’en pense son auteur dont les ouvrages antérieurs m’avaient laissé soupçonner (Traité d’Athéologie de 2005 entre autres), références bibliographiques à l’appui, qu’il n’y croyait pas non plus (Théorie de Jésus ; Bouquins, 2023)… mais croyait plus à la réflexion et au dialogue issus de l’esprit, qu’à l’affrontement et la domination issus de la testostérone à la base du meurtre cathartique du bouc émissaire mis en avant dans le mythe fondateur des sociétés ! Ou et peut-être quelques intérêts personnels, économiques ou politiques dépendant plus de la concentration de Dopamine dans leur cerveau limbique…

Chapitre I

Le souffle vital

1 – Phylogenèse

Seule la Vie sous ses différents aspects paraît constante tout au long de l’évolution de la terre depuis son apparition. La vie est apparue sur terre il y a environ 3,8 milliards d’années, au sein de la matière agrégée il y a quelque 4,55 milliards d’années, de débris issus de l’explosion de quelques novae. Elle met donc environ 700 000 ans pour apparaître dans un milieu géographiquement privilégié par sa distance à notre étoile, le soleil, qui permet une atmosphère terrestre stable, la protégeant des radiations, et une température permettant la présence d’eau sous forme liquide. Cette vie terrienne est la seule que l’on connaisse actuellement au sein de notre univers comportant une infinité de galaxies d’âges différents. Mais depuis que l’on sait identifier la présence de planètes dans les différents systèmes stellaires qui foisonnent dans notre galaxie, on sait qu’il existe une réelle chance de trouver des conditions similaires à celles de la terre au sein même de notre propre galaxie, et probablement au sein d’autres galaxies. Depuis 1924 qu’Edwin Hubble a découvert d’autres galaxies regroupées en plusieurs amas au sein de l’univers, on sait qu’il existe mathématiquement, une infinité de chances de découvrir d’autres foyers de vie ! Mais d’autres questions viennent à l’esprit : cette vie terrienne est-elle un simple aboutissement de complexification locale de la matière née du Big Bang ayant donné naissance à tout l’univers et ses galaxies ? Est-elle importée d’autres planètes ou galaxies où elle aurait pu préexister, transportée par des bolides cosmiques errant dans l’espace depuis sa création il y a 13,8 milliards d’années ? On retrouve en effet, grâce aux progrès technologiques, les molécules essentielles, dont est constituée la matière vivante terrestre (Hydrogène, Oxygène, Carbone et Azote), réparties de façon homogène, partout dans l’infini de l’univers exploré. Outre l’hypothèse des « multivers » créés dans le même Big Bang, une question peut déjà se poser : l’Univers a-t-il créé la vie « par hasard » ? Ou notre Univers connu a-t-il été créé pour la « nécessité » de la vie ? L’a-t-il importé d’un autre Univers préexistant lors d’un Big Rebound ? Ou d’un univers parallèle, ou même coexistant ?

Pour l’instant, outre les hypothèses statistiques, nous ne pouvons que constater que la vie existe partout sur notre terre, même dans les milieux extrêmes où l’on ne pensait pas la trouver. Ceci permet d’envisager, sachant que les mêmes molécules constituant cette vie terrestre sont réparties partout dans l’Univers, non seulement que cette Vie peut s’adapter dans des milieux extrêmes identiques à ceux de la terre, mais que la Vie peut naître dans tous les environnements, aussi extrêmes soient-ils, à partir de ces molécules. C’était le but de l’expérience de Harold Urey et Stanley Miller en 1953 qui consistait à mettre ensemble pendant plusieurs jours de petites molécules constituantes probables de la soupe primitive (méthane, ammoniac, dihydrogène et de l’eau) et les soumettre à de fortes décharges électriques assimilées à des éclairs d’orages ou d’activité volcanique. Cette expérience a permis de constater qu’il s’est formé quatre acides aminés, qui sont les briques élémentaires du vivant. Mais Miller n’a pas su expliquer la formation de ces premières molécules, et n’en a pas suivi l’évolution ultérieure, sachant que les recherches alors en cours sur l’atmosphère de la terre primitive montreront qu’elle était constituée de gaz carbonique plutôt que de méthane. Le laboratoire de physique des interactions ioniques et moléculaires de Marseille a repris plus tard les recherches de cette chimie prébiotique avec l’expérience Mic-Moc (Matière interstellaire et Cométaire-Matière Organique Complexe) en utilisant une glace identique à celle trouvée dans la poussière interstellaire composée d’eau, ammoniac, méthanol et monoxyde de carbone, exposée à un rayonnement ultra-violet identique à celui émis par les étoiles. Cette expérience a obtenu de nombreuses molécules organiques semblables à celles retrouvées dans la météorite de Murchison en 1969, et dans les astéroïdes ou comètes explorées par spectrométrie… Tout porte à croire que ces prémices pré-biologiques sont une partie essentielle de tous ces environnements depuis leur création, et aboutissent au vivant sous certaines conjectures… Mais comme l’univers est infini et se renouvelle à l’infini, il existe une infinité de « conjectures » ! Je crois que c’est en ces termes qu’il faut envisager la théorie de la « panspermie » initiée par Anaxagore de Clazomènes dès le Ve siècle avant notre ère, qui fut curieusement condamné pour « impiété » (déjà le pouvoir des religieux !). Cette théorie fut reprise par Francis Crick et Fred Hoyle dans les années 1970, et même par Stephen Hawking sous l’appellation de lithopanspermie en 2009, après que l’on eut découvert des porphyrines, molécules protéiques indispensables au métabolisme cellulaire et sa respiration, non seulement dans la météorite de Murchison, mais aussi au sein de plusieurs autres météorites découvertes sur terre. Ces observations attendent la confirmation de prélèvements extraterrestres sur quelques astéroïdes (quelques grammes de poussière de Ryugu pour la sonde Hayabusa 2 récupérée en décembre 2020), et d’autres en quantité plus conséquente, annoncés pour 2024 et 2025. Il m’arrive de penser que la « panspermie » est une erreur de traduction… Le préfixe « pan » (« tout ») issu du grec ancien, devrait être traduit comme issu de « pantos » qui signifie « partout », et « panspermie » devrait être traduit comme « graine universelle » de vie, avec diverses formes de vie selon les milieux où elle peut se former. Elle n’est pas liée à un vecteur universel de la vie née par hasard dans un « coin » de l’univers, qui ensemencerait peu à peu les planètes prêtes à le recevoir, comme cela a pu être discuté. Cette « graine universelle » est le symbole de l’unité de la vie et de la matière, selon une équation qui reste à définir, à l’identique de celle qu’Einstein a pu montrer entre l’énergie et la matière.

Mais restons sur terre (si j’ose dire) dans un milieu que nous connaissons bien, de plus en plus accessible par les progrès de nos technologies. Le « vivant » est défini par trois caractéristiques : l’organisation de sa structure, sa reproduction, et le métabolisme utilisant de l’énergie et consommant des nutriments. Ces caractéristiques correspondent à deux types de vivant : les procaryotes (organismes unicellulaires sans noyau), et les eucaryotes (animaux, végétaux, champignons). Les eucaryotes, dont la cellule contient un noyau concentrant le code génétique spécifique de l’espèce au sein de leur cytoplasme, contenant par ailleurs des organites assurant le métabolisme, et une ou des mitochondries fournissant l’énergie nécessaire à ce métabolisme. Cet ensemble cellulaire est limité par une membrane, dont l’orientation des lipides qui la composent permet des échanges spécifiques avec le milieu environnant. Ces eucaryotes constituent le sommet de la pyramide du vivant, qui coexiste avec les procaryotes, entités plus simples sans noyau individualisé, comprenant les bactéries et les archées. Et peut-être les virus…

Ces structures sont communes à tout le vivant, de la simple cellule isolée et autonome par sa structure fonctionnelle, à l’assemblage en organismes de plusieurs milliards de cellules formant certaines espèces dont les mammifères représentent les plus complexes. Tout le vivant est régi par le même code génétique défini par Watson et Crick en 1962, sous la forme d’une double échelle spiralée dont les montants sont des polymères de phosphates et de sucres (Désoxyribose ou Ribose), et dont les échelons sont constitués d’une paire de bases azotées puriques (Adénine et Guanine) et pyrimidiques (Cytosine et Thymine) unies spécifiquement deux à deux : (AT et CG). Les Eucaryotes présentent la particularité d’un noyau dans lequel est concentré l’ADN (Acide DésoxyriboNucléique) codant la transmission des caractères héréditaires spécifiques de l’espèce possédant le même code génétique, par l’appariement de mêmes nucléotides. Cela implique que tout ce vivant est issu d’un ancêtre cellulaire commun, bien avant LUCA (Last Universal Common Ancestor : pour Dernier Ancêtre Commun Universel des primates et des hominidés). Les Eucaryotes eux-mêmes pourraient être une combinaison entre procaryotes, certaines Archées « Asgards » contenant un noyau, découvertes par des scientifiques suédois au fond de l’atlantique nord. Ces procaryotes se seraient associés à certaines bactéries intégrées au sein des cellules sous la forme de mitochondries ; mais la thèse actuellement admise est que les Eucaryotes sont plutôt des « sœurs évolutives » des archées partageant de nombreuses propriétés communes, dont celles de gènes partageant la transmission de l’information génétique.

La question reste : comment le vivant s’est-il formé à partir des molécules inertes initiales, et comment est-on passé du stade de la chimie minérale à la chimie organique, à la chimie probiotique, puis à la biologie… la présence des peptides et protéines est universellement reconnue et peut s’expliquer par l’association de quelques molécules sous l’effet de catalyse de certains métaux et rayonnements, abondants dans tout l’univers. Ces protéines sont-elles à l’origine de notre code ADN ? ou le code ADN est-il nécessaire à la fabrique des protéines ? Qui de l’œuf ou de la poule précède l’autre ? Pour le prix Nobel de chimie 1980 Walter Gilbert, ce serait l’ARN qui serait apparu en premier, dont on connaît le rôle dans la synthèse des protéines, mais on n’a pas trouvé à ce jour un tel ARN, transfert ou messager, capable de se répliquer dans la nature comme en est capable l’ADN, expliquant bien l’évolution darwinienne. Une fois la vie apparue, tout porte à croire, comme le soutient la même équipe suédoise à propos de l’apparition des eucaryotes, que la diversité des espèces du vivant peut s’apparenter à la sélection symbiotique, et quelques fois l’intégration cytoplasmique, de divers organismes différents ayant acquis une expertise particulière. À l’exemple des arbres qui fournissent, grâce à la chlorophylle et la photosynthèse, les sucres nécessaires aux champignons associés à leurs racines qui n’ont pas les moyens métaboliques de le synthétiser, lesquels champignons fournissent eux-mêmes l’azote nécessaire aux racines pour la croissance des arbres. Il en est de même pour les coraux qui ne peuvent vivre sans la présence d’une algue unicellulaire appelée zooxanthelle, ou même encore les lichens que l’on sait depuis Simon Schwendener en 1867, vivre grâce à une symbiose entre un mycobionte (champignon) et un photobionte (une cyanobactérie chlorophyllienne) et peut-être même un troisième larron qui serait une levure…

Il y a aussi des êtres unicellulaires, les virus, qui ne sont pas considérés par certains biologistes comme vivants, car ils ne peuvent se reproduire seuls et nécessitent pour cela de pénétrer dans une cellule vivante à laquelle ils se fixent, afin d’utiliser la machinerie cellulaire complétant l’ADN ou l’ARN dont ils sont constitués. Au cours de cette phase de division intracellulaire, ils se conduisent comme n’importe lequel des organismes vivants… s’ils peuvent prendre une forme sporulée « d’attente du vivant » comme n’importe quelle graine de plante ou bactérie. Les virus « bactériophages lytiques » ou « virulents » sont capables de parasiter les bactéries et les tuent pour s’approprier leur machinerie avant que le système immunologique des bactéries ne les rejette. Mais il existe aussi des « bactériophages lysogéniques » ou « tempérés » qui passent inaperçus dans la machinerie cellulaire bactérienne et se reproduisent en même temps qu’elle. Ils peuvent même transporter une partie du gène de la bactérie parasitée dans une autre cellule visitée ultérieurement, participant ainsi à sa mutation.

Les différentes « extinctions massives » historiques du vivant depuis qu’il est né sur notre terre, prouvent bien son ubiquité planétaire, sa résistance et sa résilience. La naissance de la terre est estimée à quelque 4,55 milliards d’années, en même temps que l’ensemble de notre système solaire, et les premiers signes de vie détectés datent de quelque 3,8 milliards d’années. Il n’a fallu que 700 à 800 millions d’années pour que le magma initial, créé par l’agrégation de matière, refroidisse afin de le rendre compatible avec le développement de la vie qui y était inscrite selon la théorie de la « lithopanspermie ». C’est ce « souffle de vie » qui me paraît le « principal essentiel », ou « l’essentiel principal ». La vie m’apparaît comme une constante biologique de l’univers, accolée à d’autres constantes fondamentales physiques ou mathématiques, déterminées et plusieurs fois vérifiées par l’homme, sans que l’on trouve à ce jour d’hypothèse qui soit plus « compliante » que les théories en cours. Cependant, il persiste d’immenses inconnues sur la nature complète de l’univers ! Les théories physiques actuelles ne rendraient compte que de 5 à 10 % de la masse totale de l’univers… les 90 à 95 % résiduels répondant aux formules mathématiques définissant les hypothèses actuelles, seraient constitués de matière noire ou énergie noire, indétectables jusqu’à présent avec nos technologies modernes. Si ces « matières invisibles » n’existaient pas, cela invaliderait les hypothèses physiques en cours, ou les calculs mathématiques qui y sont rattachés. Il reste encore quelques inconnues qui pourraient modifier les consensus actuels dans cette quête de Sapiens de savoir « où il est », avant de comprendre « d’où il vient »…

L’homme moderne animé de ce « souffle vital » n’est qu’une espèce animale particulière, développée au sein d’un environnement favorable, issu de l’évolution de la matière des mêmes « poussières d’étoiles » chères à Hubert Reeves ! par hasard ou par nécessité, peu importe… Ce « souffle vital » commun à l’ensemble du monde vivant, ne doit pas être confondu avec le « souffle spirituel », plus tard renommé ou confondu avec « l’âme », par les seuls représentants Sapiens de cette espèce Homo particulière, orgueilleuse et avide de pouvoir et de spiritualité, qui s’autoconsidère comme l’évolution ultime.

Les découvertes paléontologiques ont permis d’estimer la naissance de l’animal du genre Homo avec Homo Habilis il y a 2,8 millions d’années, à la séparation des hominidés en paranthropes et primates, aboutissant, après plusieurs essais avortés, à l’espèce Homo Sapiens, il y a 300 000 années. Cet Homo primitif n’était pas le mieux équipé des animaux pour survivre dans la faune et la flore de l’époque de sa naissance. Il n’était ni le plus gros, ni le plus puissant, ni le plus rapide des animaux primitifs, ne sachant spontanément ni nager ni voler… et il était plus fréquemment désigné comme proie que comme prédateur… jusqu’à l’apparition de l’espèce Sapiens après 2,5 millions d’années d’évolution de ce genre Homo. Il était le seul bipède, bénéficiant non seulement d’une vision plus haute et dégagée que les primates à quatre pattes, lui permettant de prévenir les dangers potentiels de la savane ayant remplacé la forêt à l’occasion de transformations climatiques. Mais dans le même temps, cette bipédie a-t-elle libéré l’utilisation de ses membres supérieurs et de ses mains à la confection d’outils, inventés par un cerveau devenu conscient et « intelligent » par l’augmentation du volume du crâne, traduisant une majoration du nombre des neurones, et surtout de leurs connexions synaptiques. L’intelligence doit s’entendre ici comme la capacité d’appréhender son environnement et de s’adapter à de nouvelles situations. En particulier celles potentiellement léthales par la rencontre d’animaux plus grands, plus lourds, plus puissants ou plus rapides, surtout dans les débuts de l’évolution du genre Homo qui ne devaient pas être très nombreux au sein des Hominidés et Paranthropes que nous avons en commun avec les grands singes. Il semble en outre indispensable, pour profiter de cette analyse intelligente de l’adaptation au milieu, de maîtriser la capacité de construire une conceptualisation et une symbolisation des événements, et d’une communication par un langage élaboré… toutes fonctions obligatoires pour transmettre son expérience aux autres membres de son groupe. La rencontre avec un prédateur plus puissant ou plus rapide risque de laisser, si elle ne tue pas, quelques séquelles physiques ou psychiques potentiellement handicapantes, ne permettant pas de transmettre à ses congénères la gestuelle de l’action salvatrice par sa répétition au cours d’un apprentissage direct. Il semble que cette gestuelle soit le cas général de la transmission du savoir-faire animal d’un individu à l’autre, les enfants copiant les gestes des parents, et plus souvent ceux de la mère. Il paraît nécessaire à cet Homo primitif de garder en mémoire l’analyse de l’incident auquel il a plus ou moins survécu, d’en faire une synthèse et d’en déduire des symboles et concepts, afin d’en faire profiter ses semblables avertis par le langage, pour prévenir ou infléchir leur comportement, en réaction à un environnement défavorable ou dangereux. C’est ainsi que Homo est devenu Sapiens il y a 300 000 ans et a pu survivre aux autres genres homos, Habilis, Erectus ou Ergaster. Mais Sapiens a de nombreux « cousins » qui lui sont contemporains ! Comme Néandertal, le plus connu, avec qui il semble avoir échangé quelques gènes, mais aussi Floresiensis, Denisova, Naledi ou Luzonensis… qu’il a probablement rencontrés quelque part à un moment ou l’autre de son développement. Et il reste à découvrir pourquoi ces cousins ont disparu, et Sapiens peu à peu, non seulement leur survivre, mais apprivoiser la matière dont il est issu.

Il est acquis que le vivant, dès la naissance des premières cellules, avant même les organismes pluricellulaires et même LUCA (Last Universal Common Ancestor) que l’on recherche encore dans notre généalogie à sa sortie de l’océan, se préoccupe essentiellement de « survivre ». Pour témoigner du milieu hostile de la terre, il y a quelque 500 millions d’années, au moment où la vie semble avoir explosé, même si elle s’est préparée depuis environ 4 milliards d’années à la recevoir ou la révéler au sein de l’univers, il suffit de compter le nombre des extinctions terrestres d’espèces vivantes. Les scientifiques en recensent cinq actuellement, intéressant seulement les animaux : Ordovicien : -475 millions d’années, Dévonien : -360 millions, Permien : -250 millions, Trias-Jurassique : -200 millions, et Crétacé : -66 millions. Il est intéressant de remarquer qu’entre chaque extinction de masse il s’écoule entre 50 et 100 millions d’années, qu’elles ont été provoquées par des changements climatiques favorisés par des événements cosmiques, et qu’elles ont, à chaque fois, permis le développement d’une autre espèce mieux adaptée aux nouvelles conditions climatiques et météorologiques. La plus populaire et la mieux connue est probablement celle du Crétacé qui a vu le remplacement des dinosaures il y a 65 ou 66 millions d’années par les mammifères, dont nous sommes les représentants censés être, en tout cas auto-proclamés, les plus évolués. Il semble que des deux hypothèses de l’origine de cette extinction, la chute d’un astéroïde sur la terre vers le golfe du Yucatan actuel soit préférée à l’éruption d’un super volcan… mais les conséquences sur l’atmosphère sont identiques, avec un nuage de fumées et de débris dans les deux cas, qui aurait obscurci le rayonnement solaire entraînant une glaciation et la mort des végétaux à photosynthèse, cette mort des végétaux entraînant la mort des grands dinosaures herbivores. On a quelques difficultés à envisager ce que ces mastodontes de plusieurs dizaines de tonnes ingurgitaient comme quantité de végétaux pour apporter l’énergie nécessaire à leur métabolisme… la disparition de ces dinosaures herbivores par manque de nourriture a entraîné, ipso facto, la disparition de leurs prédateurs dinosaures carnivores, quasiment aussi gigantesques qu’eux, mais probablement plus mobiles, et soumis aux mêmes contraintes de quantité de nourriture pour assurer leur survie. Cette disparition a profité à quelques mammifères de quelques grammes, nés comme eux au Trias autour de 220 millions d’années, sachant se contenter des ressources nutritionnelles restantes, peut-être en raison de leurs besoins énergétiques moindres.

On ne sait encore comment la première « algue bleue » unicellulaire (ou cyanobactérie qui n’a rien à voir avec les algues que nous connaissons à notre époque), est issue vivante de la matière inerte, mais on sait que ses constituants moléculaires sont universels, retrouvés dans tout l’univers, et que la genèse de cette transformation peut exister dans un environnement local favorable, qui peut se substituer à une « panspermie » cosmogénique. On sait cependant que nous devons à cette cyanobactérie non seulement la présence de l’oxygène dont notre atmosphère était initialement dépourvue, permettant aux organismes vivants de respirer de l’oxygène, et permettant également toute la chaîne évolutive des espèces vivantes oxygéno-dépendantes. Il se peut que la diversité des espèces résulte de symbioses opportunistes d’organismes ayant acquis séparément des fonctions spécifiques, et/ou de transformations génétiques liées aux variations de l’électromagnétisme terrestre, ou au bombardement de particules cosmiques non arrêtées par l’atmosphère initiale, selon la théorie darwinienne. On admet avec Charles Darwin que la sélection naturelle des animaux les rend mieux adaptés aux fluctuations de l’environnement de même origine, selon le principe « action/réaction ». Homo Sapiens n’est que la dernière chaîne évolutive de l’espèce Homo, issue de cette cyanobactérie originelle il y a 3,8 milliards d’années, Sapiens n’apparaissant qu’il y a 300 000 ans seulement ! soit les 90 dernières minutes sur une échelle ramenant à un an la naissance de l’univers, estimée il y a 13,8 milliards d’années… Sur l’échelle d’une journée depuis la création de la terre elle-même, les peintures de Lascaux qui lui sont attribuées n’existeraient que la dernière minute de cette journée (36 000 ans), et l’époque de la Renaissance, avec les philosophes des Lumières et la technologie occidentale, n’apparaîtrait sur la même échelle, qu’à la dernière seconde !! (Selon Trinh Xuan Thuan dans « La place de l’homme dans l’univers » in Académie des Sciences et Politiques ; http ://www.asmp.fr). Les paléoanthropologues nous apprennent qu’il semble exister un ancêtre commun hominoïde aux gorilles et grands singes (chimpanzés et bonobos) devenu hominidé après la séparation de la branche des gorilles, puis homininé comprenant les paranthropes et les chimpanzés il y a environ 10 millions d’années, puis Australopithèque autour de 7 millions d’années, et enfin Homo dont il existe plusieurs espèces, de Habilis, Erectus, Denisova et Néandertal pour les plus connues… et jusqu’à quatorze selon les classifications de divers auteurs. Il y a là, matière à être moins arrogant pour l’Homo Sapiens moderne !

Quoiqu’il en soit, au milieu de la diversité des espèces, c’est Sapiens qui a le plus profité de cette évolution. Sapiens occupe l’ensemble de notre planète Terre, et assure sa domination non seulement sur la faune, mais aussi sur tout l’environnement végétal ou climatique initialement hostile. Sapiens, ultime survivant du genre Homo, est censé représenter l’ultime étape… mais pas forcément la dernière ! Si ce n’est, chez les créationnistes, la perfection auto-déclarée « à l’image du Dieu créateur » de la Genèse (1 : 31) dont Sapiens paraît pourtant bien éloigné… Homo Sapiens par son intelligence, a sauvé l’espèce Homo de la destruction par une adaptation à un environnement agressif au moyen d’outils augmentant sa puissance, avant de vouloir soumettre l’environnement et la matière à ses propres désirs. Homo Sapiens est cependant une chimère, un condensé physique et symbiotique de tous ses ancêtres, lorsque l’on sait qu’il compte dans ses propres gènes, certains gènes issus de Néandertal, que les mitochondries sont des bactéries spécialisées dans la transformation énergétique, intégrées à ses cellules, et qu’il contient dans son intestin autant d’organites bactériens saprophytes que de cellules dans son cerveau… Le bon fonctionnement de ces deux cerveaux (biotope et encéphale) nécessite non seulement l’intégrité métabolique de chacun, mais aussi la nécessité d’une communication efficace et compréhensible entre l’un et l’autre. La naissance de cette intelligence ne lui appartient pas en propre non plus ! Je n’en veux pour preuve que le développement ontologique du cerveau qui reproduit la filière phylogénétique de l’évolution intelligente vers l’homme. Nous avons en fait deux systèmes nerveux : l’un dit « autonome » ou « végétatif » et l’autre « somatique », dont nous parlerons plus loin.

Il paraît évident que le souffle spirituel soit secondaire à celui de la survie du souffle vital, sans lequel il n’existerait pas ; même si l’on n’a toujours pas trouvé « l’âme » depuis le temps que l’on cherche à la situer : dans le cœur, dans le cerveau, au sein de la glande pinéale, appelée maintenant épiphyse, dont on sait qu’il s’agit d’une simple et unique glande endocrine sécrétant la mélatonine et gérant le cycle circadien. Il est certain cependant que la collectivité des Sapiens bénéficie, outre la chimère physique, sélectionnée de spécificités diverses appartenant à d’autres espèces, bénéficie également de l’expérience transmise des ancêtres de la même espèce, et qu’il dispose d’une curiosité « génétique ». Sapiens se pose beaucoup plus de questions que les autres animaux, au fur et à mesure de l’augmentation du volume de son cerveau, voire des outils ou de la technologie qu’il a créés. Son intelligence née de l’évolution de la matière, de celle de la biologie adaptative, et augmentée par la transmission ancestrale des concepts, pourrait être aidée, même éventuellement dépassée, par une Intelligence Artificielle qu’il a créée depuis peu, lui permettant de détecter et s’accommoder au mieux de milieux hostiles, voire de les domestiquer. Il me semble que l’on ne peut prendre garde au « souffle spirituel » humain, quelquefois appelé « âme », sans tenir compte du « souffle vital » qui l’a précédé pour rendre la matière vivante, toute entité spirituelle innée éventuelle écartée…

2 – Ontogenèse

En biologie de l’évolution, on dit parfois que l’ontogenèse récapitule la phylogenèse. Ce concept énoncé par Ernst Haeckel au XIXe siècle est peut-être une exagération, mais il souligne que l’ontogenèse d’un individu apporte de nombreux renseignements sur la phylogenèse de son espèce, c’est-à-dire sur son histoire évolutive, avant même que n’existe la paléogénétique. Ce qui entraîna en 1958 l’hypothèse de Paul Mac Lean du « cerveau triunique » sur l’étude de l’évolution de l’encéphale chez les animaux au cours de la phylogenèse. Mac Lean présente une théorie neurophysiologique qui s’appuie sur une conception évolutionniste de structuration et de dominance étagée de nature ontogénétique des systèmes nerveux. Il distingue chez Sapiens trois cerveaux différents :

– Le cerveau reptilien situé dans le tronc cérébral. Cette zone primitive de la base du cerveau, avec ses noyaux gris centraux, se continue par la moelle épinière et contrôle automatiquement plusieurs fonctions vitales comme la respiration, le rythme cardiaque, la motricité intestinale, et l’homéostasie (l’équilibre métabolique interne) garantissant l’homogénéité de l’organisme indépendamment de l’hétérogénéité de l’environnement. Le cerveau reptilien est le siège de l’instinct, des comportements de survie, automatiques et invariables, caractéristiques de l’espèce. Les vertébrés primitifs ne possèdent que cette structure, qui correspond chez Sapiens au SNA (Système Nerveux Autonome) ou « système végétatif ».
– Le cerveau paleo-mammalien qui donnera le système limbique : il est responsable de la naissance des émotions, des motivations, de la mémoire et de l’apprentissage. On retrouve cette partie du cerveau, étroitement liée au système olfactif (le plus ancien des sens) chez la plupart des mammifères, même les plus primitifs comme les marsupiaux, les insectivores ou les rongeurs, dont le volume et la surface de ce cerveau sont variables. Il est surtout le siège de l’hypothalamus gérant l’homéostasie en fonction de l’analyse des différents stimuli externes, et celui du circuit de récompense avec l’aire tégumentale ventrale en relation avec le cortex pré-frontal par le noyau acumbens, l’amygdale et l’hippocampe avec le neuromédiateur Dopamine appelé aussi « hormone du plaisir ». Nous verrons plus loin les conséquences de cette particularité exploitées par les GAFAMs et les influenceurs du Web.
– Le cerveau néo-mammalien ou le cortex : Il est développé essentiellement chez les mammifères les plus évolués comme les carnivores, les ongulés et les primates. Ce cortex a dû se plisser pour augmenter sa surface : les replis ainsi formés (les circonvolutions) sont donc un signe d’évolution (cette surface mesure chez l’homme 1,60 m²). Ce cortex est le siège de l’activité volontaire raisonnée, et de la plupart de nos fonctions mentales, comme le langage par exemple. C’est le siège de la conscience, et de la pensée, de la fabrication des concepts. Il est le cerveau de l’anticipation, et du choix rationnel face à une stimulation du monde extérieur.