Rencontre d’univers - Salvator Batty - E-Book

Rencontre d’univers E-Book

Salvator Batty

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Beschreibung

Rencontre d’univers transcende les bruits du monde et redonne à la poésie sa légitime noblesse. Les quarante-six titres qui le composent sont des tentatives de questionnement permanent, cherchant à capturer la beauté dans sa forme la plus pure. Ils font éclore des fleurs verbales, laissant une rémanence, la trace d’une sensibilité perdue ou encombrée. Explorez l’universalité de ces poèmes au pouvoir contagieux, offrant ainsi un aperçu complet de leur profondeur.




À PROPOS DE L'AUTEUR

Salvator Batty est un poète contemporain qui aborde la littérature avec une sensibilité ancrée dans son époque. Il est l’auteur de Combat, recueil de poèmes publié en 2017 par La Baie des Lueurs, et Échos des profondeurs, auto-édité en 2018. Rencontre d’univers est son troisième ouvrage.

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Salvator Batty

Rencontre d’univers

Recueil

© Lys Bleu Éditions – Salvator Batty

ISBN : 979-10-422-2566-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À ma fille

Une photo de vingt ans et pas une ride ;

Un siècle n’y suffirait pour la faner.

Dans ma vie austère tu as rempli un vide ;

Un amour hors du temps, un pont tu as dressé,

De mon ancien désert : pierres et sable brûlant,

À cette belle oasis qu’est ta nature d’enfant.

Tu ressembles à une extraterrestre atterrie

Sur mes genoux ; tes grands yeux attentifs

Interrogent ce bonhomme tellement émotif

Qu’il cache dans une grimace le rythme de ses battements.

Toi, tu n’as pas encore appris à faire semblant ;

C’est étrange, de nous deux c’est moi le tout-petit.

Tu es entrée dans ma vie, c’est la révolution.

Les repères quotidiens ont changé de direction

Et mon amour grandit à te voir évoluer.

Tu es maintenant femme, quelle source de fierté !

Ta mèche en forme d’antenne de télévision

Et ton regard-question en forme de tire-bouchon :

On te sent concentrée, tu prépares l’avenir ;

Il n’y a pas de temps à perdre, tu ne peux discourir ;

Ce bonhomme fera-t-il un solide papa ?

Il faut l’examiner pour voir s’il te va.

Moi j’ai déjà craqué et je suis sous le charme ;

Responsabilité ! Je doute, je m’alarme :

Va falloir assurer, sortir de ma peau de bête ;

Apprendre à t’aimer ça ne se fait pas dans la tête.

Dans cette relation tu as un train d’avance :

De l’amour de la vie tu possèdes la science.

Tu es entrée dans ma vie, c’est la révolution.

Les repères quotidiens ont changé de direction

Et mon amour grandit à te voir évoluer.

Tu es maintenant femme quelle source de fierté !

Depuis cette photo, des années ont passé ;

C’est vrai que toi et moi, on a beaucoup changé.

Ta naissance temps-zéro d’une nouvelle histoire

Où le blanc grignote tranquillement le noir.

Je regarde cette photo mais pas par nostalgie ;

Elle rappelle quand j’oublie, qu’on peut croire en la vie.

Avant tout

Avant même le lever des minuscules rideaux de chair qui voilent le jour ;

Avant que l’éclat n’illumine les prunelles et ouvre dans la tête un chemin inédit ;

Que les muscles ne s’étirent, ne se détendent, reposés et avides de donner consistance au matin ;

Avant que l’esprit ne s’empare du monde, ne lui dicte sa conduite ;

Avant tout ;

Au seuil des habitudes et des désirs, avant l’esquisse des mots, justes à l’orée de la vie qui renaît des épaisseurs nocturnes.

Mon âme ! Que le vide du monde, le plein d’infini, l’espace inviolé où se déploient les prodiges se gorgent de l’Aurore !

Oh, Aurore espérée, tu n’es pas un moment, pas un rituel reprenant sa place après chaque marée de nuit ;

Tu n’es pas la phase d’un cycle immuable ; le point crucial d’attente d’une nature transie de rosée ;

Tu n’es pas la marque du jour qui déclenche l’horloge affairée d’activités brouillonnes ;

Tu n’es rien qui vienne et qui passe, laissant dans son sillage un souvenir pâli.

Qu’es-tu alors ? Qui prend place dans une définition ? Qui s’installe au cœur du langage et donne un sens au défilement machinal ?

C’est Impossible ! Comment la bouche te dirait-elle, qui mâchonne des paroles psalmodiées à l’utile ? Comment l’esprit t’envisagerait-il dans sa besogneuse fabrique des raisons ?

Et pourtant ! Comment se lever sans que ta chaleur n’illumine mon ciel ? Comment vivre sans que ta promesse ne ressuscite mon énergie terrassée par la fatigue cruelle des routines encensées ? Comment même oser attendre ton retour ?

Pourtant, chaque matin, le miracle se drape de virginité. Envahi par l’imprononçable, une vague d’amour gorge mes cellules d’un sang qui n’est pas rouge.

Oh Aurore aimée ! Matrice d’arc-en-ciel, couleurs qui tressaillent de pigments inouïs, sonorité divine imperceptible à l’oreille, où le cœur se recueille et s’enfle d’espérance ;

Tu viens, je deviens voile qui se grée, se gonfle d’une brise neuve et s’habille du rougeoiement de l’astre téméraire.

Son éclat redessine les chemins impossibles, retrace les routes oubliées dans les méandres des histoires humaines aux minuscules tumultes.

Charpentier du quotidien, mon vaisseau, œuvre complexe, se lance sur la houle du jour pour une autre traversée.

Un jour, fatigué des expéditions, les cales pleines de sagesses et d’épices existentielles qui façonnent son tissage de beauté et de résistance, le navire saillera vers des rivages inexplorés.

Il abandonnera sa coque aux récifs furieux des hommes ; la voile libérée des pesanteurs terrestres volera vers l’Aurore en fusion.

Son aile se gonflera des sucs puissants de la Vie infinie.

Babel Bercy

Babel, le mythique vertige des disputes, élevé comme une tour pour la possession du Ciel,

S’est effrité, éparpillé en quelques sous-sols.

Bercy en est un.

Mais l’ombre portée de l’édifice n’a pas disparu.

Son symbole, s’éclate maintenant en milliards de débris, montés sur porte-clés.

Ils s’exhibent à la boutonnière des esprits. Ce transfert fait loucher :

Pourquoi regarder en Haut quand toute raison est en moi ?

Pourquoi regarder loin devant quand les battements de cœurs sont l’unique projet ?

Bercy, Babel version moderne. L’antique malédiction s’est accomplie :

Les yeux et les oreilles sont tournés en dedans.

Homme, pourquoi te parler quand le mirage technologique m’offre mieux que ta réalité ?

Pourquoi te regarder puisque tu n’offres rien d’autre que toi ?

Étrange fourmilière sans projet collectif. Dans ce sous-sol, chacun poursuit sa trajectoire secrète. Où vas-tu, toi qui passes, qui pousses obstinément ton bagage roulant ?

Passant sans un mot, un regard par peur, peut-être, de déflorer son espace secret.

Jeunes ou âgés, natifs ou étrangers, blancs ou colorés, tous soumis à la loi d’indifférence.

Bercy, cube de béton paradoxal, grouillant d’allées venues pourtant si vide de vie.

Les gares et les aéroports sont souvent décorum ; ils mettent en scène le voyage, le parent d’une légèreté de fête, tentant de pallier l’absurde regroupement sans liens ; construisant à coups de lumière et d’images une réalité d’ivresse.

Bercy, réalité vide. Virtualité qui ne laisse dans ceux qui le traversent aucune mémoire ; rien à quoi s’accrocher,

Où l’être est simplement confiné dans sa minuscule intention.

Babel éparpillé, présence saupoudrée devenue nature humaine ; aussi efficace qu’une guerre pour douter de la vie.

Banlieue

Que tu sois né en banlieue ou dans les beaux quartiers,

D’un côté ou de l’autre de la Méditerranée,

Quand tu veux vivre ta vie, t’es toujours immigré.

Oublie ta liberté, faut suivre les voies tracées.

Que l’on soit riche ou pauvre, peu importe, c’est pareil ;

Car Dieu sur les humains, fait lever le même soleil.

La question du social est vraiment secondaire

Tant que les hommes ignorent ce qu’ils font sur la terre.

De Neuilly à Barbès, on est tous programmé

Pour être un rouage X de notre société.

C’est vrai que ta prison n’est pas trop confortable

Mais elle est moins visible quand elle est agréable !

Tu veux pas qu’on t’exploite, alors tu travailles pas ;

Le système t’assiste mais ça n’te gêne pas.

T’as pas choisi d’être là, donc tu trouves ça normal

Mais cette contradiction te bouffe le moral.

Tu rêves d’apocalypse, de destructions massives,

D’un truc qui règle l’histoire de manière décisive.

Tu casses des vitrines, tu t’attaques au bourgeois ;

C’est pas une solution car ça ne change pas

L’équilibre de ce monde basé sur la vengeance.

C’est assez triste à dire mais ta haine est tendance.