Rêveries - Martin Greenfire - E-Book

Rêveries E-Book

Martin Greenfire

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Beschreibung

Quarante ans d’inspiration et d’émotions se déploient dans ce recueil où la poésie devient refuge, témoin et écho des joies et des tourments de l’existence. À travers une plume à la fois intime et universelle, l’auteur explore les méandres de l’âme humaine, entre souvenirs d’histoire et questionnements profonds sur la condition humaine. De « Foro imperiali », où résonne le poids du passé, à « Le sang des hommes », qui interpelle sur les affres de l’humanité, chaque poème se distingue par la richesse de ses images et l’intensité de ses émotions. Vibrant d’une musicalité envoûtante, cet ouvrage est une invitation à ressentir, à réfléchir et à se laisser emporter par la puissance du langage poétique.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Depuis son tout premier poème, né d’une amourette d’enfance, Martin Greenfire n’a jamais arrêté de jouer avec les rimes. Animé par une inspiration intarissable, il compose à un rythme effréné, et ce recueil ne révèle qu’un aperçu. À travers sa plume, il libère les émotions qui l’habitent, insufflant à ses écrits une intensité où se mêlent âme, mémoire et passion.

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Seitenzahl: 97

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Martin Greenfire

Rêveries

Recueil

© Lys Bleu Éditions – Martin Greenfire

ISBN : 979-10-422-6629-5

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Foro imperiali

La pluie en averse frémissante qui ruisselle sur la pierre d’albâtre,

De mes pas qui résonnent sur le pavé poli, mes empreintes sur celles des temps passés,

Seul je le suis dans cette intempérie, le poids des siècles sur mes épaules écrasées,

Dans mon âme chuchote un doux murmure, dans ma tête le souffle du vieil oracle.

L’histoire qui à moi se présente et qui s’éveille, la pierre devant qui debout se dresse,

Fierté antique dans le roc gravée, civilisation dans le marbre figée,

Empreintes intemporelles que des mains disparues ont façonnées,

Poids d’une histoire dans les limbes disparue, ces ruines par le temps mises en pièce.

Alors que mes pas foulent le pavé usé, s’évapore devant moi un voile d’obscurité,

Et dans ma tête la plainte de mille fantômes, plainte qui à jamais dans la pierre saisie,

Mille fantômes là qui devant moi me croisent en regard à jamais vides de toute vie,

Et écrase mes pieds d’une lenteur effacée l’empreinte de leurs pas sur le sol foulé.

Gladiateurs vestales et sénateurs, gens du peuple et esclaves d’un autre monde,

Mille visages de la pierre échappés, en arrière du rideau de pluie dissimulés,

En ronde autour de moi me dévisagent, en silence induit je suis interrogé,

Pour qui suis-je pour ma présence troubler la quiétude de bons nombres ?

Un instant se transforme le rideau de pluie en écran géant,

Où en ombres chinoises sur le sol esquissée la silhouette d’un monde dessiné,

Là où domus, insulas villas et corum viennent à la vie sur le pavé détrempé,

Soudain derrière la pluie s’anime le bruit du chaland, chante le cri du marchand.

Dans l’arène le choc des combats, sur le sable le goût du sang,

Les morts que la pluie ne cesse d’appeler, âpres clameurs d’un peuple sacrifié,

Un César couronne sur la tête coiffée, qui sur ce monde règne en maître incontesté,

Et soudain dans le néant le tout s’estompe, lourdeur d’un silence assourdissant.

Plus que la pluie qui frappe le pavé qu’érodent les larmes d’un passé de lumière,

Que désormais dans la pénombre, il se trouve de tristesse noyé,

Et en tambour dans ma tête résonnent les râles de ces âmes oubliées,

L’eau qui comme le sang dans les veines ruisselle dans les interstices de la pierre.

Fiertés d’un temps effacé, colonnes de marbre et linteaux d’avant,

Tout cela aujourd’hui plus que pierres grisées, tristes témoins de temps révolus,

Mais dans ma tête un instant la mosaïque d’une époque à la vie éternelle revenue,

Un instant j’ai subi le poids de l’histoire, et tombent mes larmes sur ce marbre d’antan.

La marche des donne-la-mort

Dans la fournaise vibre le pavé que le cuir des bottes talonne,

Les casques d’acier sur les têtes vissés qui dans le soleil étincellent,

Va la marche des Donne-La-Mort au pas martial et qui martèle,

Les ceinturons autour des tailles noués qui reluisent et qui rayonnent.

En ombres obscures avancent impassibles les Donne-La-Mort

Mâchoires sur menton fermées et yeux sans âmes vidés

Mentons carrés à l’échine relevée en fausse fierté,

Teints blafards à la peau sans vie, la marche encore et encore.

À la ceinture les dagues dans leurs fourreaux qui attendent leur moment,

Fusils en attaque pointés et baïonnettes sur canons montés,

Nul sur leur passage qui n’ose bouger, nul de son courage qui n’ose défier,

Sans mot dire le chaland laisse passer, les maudire son dernier retranchement.

Pas un bruit sauf le fracas des bottes, pas un mot sauf les ordres criés,

Aux fenêtres les gens qui frissonnent, sur les murs la Mort martiale qui résonne,

Là les faucheuses qui empoisonnent, là les geôliers qui emprisonnent,

Les tuniques sombres des Donne-La-Mort, la Mort qui marche d’un pas décidé.

Sur les chemins imperturbables elles avancent vers leur dessein perpétré,

Sur leur passage la balle qui transperce et la lame qui pourfend,

Les âmes fauchées qui s’effondrent, la vie meurtrie qui se répand,

Dans leur sillage en macabre traînée, les ténèbres en funestes destinées.

Saigne la terre de sang gorgée, pleure le ruisseau du sang versé,

Un élan stoppé, une vie fauchée, les Donne-La-Mort en hérésie,

Ils frappent ils tuent, le sang des entrailles qui jaillit

Des ténèbres la plainte des agonies, des cris dans la plaine sur ordres donnés.

Sur la peau le sang visqueux et collant, les cheveux par le sang rougis et souillés,

Les yeux figés sans âmes réfléchies, la Mort qui égrène son funeste dessein,

Le champ de bataille en fosse commune transformé qui accueille les corps défunts,

Tombés sous la lame froide de la baïonnette, la vie par la Mort déshabillée.

Les pas dans le lointain qui s’effacent, les cris dans la nuit qui s’estompent,

Passe la marche des Donne-La-Mort, comme un rêve jamais existé,

Cependant, pour seule preuve ce conte ensanglanté,

Passe la marche des Donne-La-Mort, vile désolation que nul ne raconte.

Sensualis

C’était un mois de mars, au soir d’un jour venté,

Les flots par les vents battus alors que le soleil se couchait,

Là, derrière ma fenêtre sa jeunesse se déhanchait,

La silhouette que pour un instant si court j’ai tant aimée.

Je l’ai vue, là devant moi blottie dans l’obscurité,

Persistante douceur de plaisirs raffinés,

Qui dans mon âme a saisi mon cœur chaviré,

Et la chaloupe dans l’océan de mes sentiments s’est renversée.

Les doigts sur la vitre écartés et le profil en ombre chinoise projeté,

La bouche entrouverte et la peau dénudée,

Les lèvres qui probablement susurraient un plaisir annoncé,

Elle était là, le corps qui lentement se trémoussait.

Et le vent qui au-dehors balayait le port de son souffle éméché,

Qui dans les gréements jouait de sa musique à la mélodie si timbrée,

Et le froid qui venait piquer les visages et saisir les membres exposés,

Et derrière la vitre, là-bas, elle était là en toute beauté.

Les cheveux décoiffés que je devinais encore mouillés,

Coulaient en vagues ondulatoires sur ses épaules abaissées,

Et son souffle lent sur le verre que je devinais en fine buée,

Et le plaisir que je discernais sur son visage renversé.

Dans son dos dans la pénombre son homme s’affairait,

Ni brute ni cœur tendre, mais en grande humilité,

Oh Dieu quel spectacle pour mes yeux écarquillés !

Cette silhouette qui sur un océan de plaisir semblait naviguer.

C’était un mois de mars, au soir d’un jour passé,

Les flots par les vents battus alors que le soleil était couché,

Là derrière ma fenêtre, de plaisir elle se trémoussait,

La silhouette que pour un instant si court j’ai tant aimée.

Penchée en avant la main sur la vitre posée,

Les doigts en éventail et la tête en arrière renversée,

La bouche trahissant son émoi et les lèvres qui tremblaient

Dieu que c’était beau, plaisir de sensualité !

Urban

Des klaxons impatients et des gens qui hurlent,

Des files d’attente qui jamais n’en finissent,

Crimes pétards et voyous, de partout un même supplice,

Ville qui grouille, ville qui étouffe, de partout des gens qui pullulent.

Foule d’hier et foule d’aujourd’hui, toute cette folie agoraphobe,

Que de petites gens les uns aux autres entremêlés,

Et que de petites gens les uns sur les autres entassés,

Pour qui d’écrasement ne meurt si ce n’est d’être claustrophobe.

La ville qui pue, la ville qui grogne, de partout les murs qui résonnent,

Bruit dans nos oreilles, bruit sur les nerfs acérés,

Ce son omniprésent, grand fléau d’hostilité,

Et l’odeur putride qui annihile les sens et endort les hommes.

La ville a faim, la ville a soif, avide de notre sang et friande d’adrénaline,

Elle nous absorbe elle nous digère, dans la rue des gens sur les nerfs,

Qui s’énervent et qui s’excitent, crime passionnel ou acte pervers,

Microcosme néfaste de la ville, dures mentalités citadines.

Les grues qui construisent, les hommes qui détruisent,

Politique expansionniste sur des terres restées vierges,

Les machines qui saignent la terre et creusent la glaise,

Tribus de la ville moderne où les ressources s’amenuisent.

Dans la ville là où le ciel est blanc, impénétrable voile d’arrogance,

Pollution et voitures à foison, cet air que respirent nos poumons,

Ces acides qui lentement se nourrissent de notre raison,

Nos âmes prisonnières nos âmes soumises, dans une prison d’intolérance.

Ville généreuse qui déborde de consommation et génère l’envie,

Dans les poubelles les décharges, les déchets d’une humanité,

Ville malheureuse qui ignore les enfants qu’elle a créés,

Dans la rue ceux-là mêmes qui mendient et qui sans abris.

Urbanité, mot cruel de société,

Urbanité, celle-là même qui dans ses griffes nous tient,

Urbanité, celle-là même qui nous tuera sans lendemain,

Les légendes urbaines, reflets mondains d’une triste vérité.

Terre de sang

Satan, Belzébuth, la Bête, qu’importe finalement son nom,

Le Diable il est et Diable il restera, là au milieu de la forêt,

Là dans cette prairie au milieu des arbres perdue il reste caché,

De ses yeux en fourbe dissimulation il observe en vile discrétion.

Sur une roche de lave isolée perdue, aux quatre vents balayée,

Assis sur ce caillou de braise chauffé, mes larmes dans mon âme qui pleure,

Par mes souliers ôtés pour sous mes pieds sentir le sable de la rancœur,

Tel le serpent s’étire ma jambe pour de mes orteils saisir la fleur fanée.

Mon pied qui dans le sable de sang imbibé s’enfonce, tant de sang par les batailles perdu,

Et dans les herbes hautes que balaie le vent dansent les pointes ensanglantées,

Ici l’Homme a saigné, ici l’Homme a péché, pour des millénaires le sang s’est épanché,

De mes pieds je foule la terre par arrogance souillée, sur ma peau la braise du grand cornu.

À la lisière du bois par cette pairie assiégée les branches qui s’agitent et qui m’épient,

Autant de bras qui m’appellent et me harcèlent, le Malin qui dans l’ombre tapi me désire,

Par ses yeux me déshabille pour me voir à nu, pour devant lui présenter mon âme à mourir,

Et dans le sable de sang gorgé, aux genoux je m’enfonce, tout autour dans l’herbe brunie.

Soudain devant moi sur ce rocher le Diable qui me regarde et m’encourage,

Là dans le cimetière des âmes arrachées, ici dans le caveau de l’homme en nombre tombé,

Je patauge et lentement je me noie, sombrant là dans cette terre de morts embaumés,

Mais dans un dernier élan je me retourne en volte-face en ultime outrage.

Ci-bas dans la fosse commune de l’humanité mes yeux dans ceux de la bête,

Les mains sur le rocher encore agrippées, cet îlot en pierre flottée qui encore me supporte,

Là au milieu de cette terre de sang la tête vers les cieux tendue pour mon âme si forte,

En dernier défi mon regard dans ses yeux plantés pour qu’enfin elle libère ma tête.

Dans mes oreilles le murmure du vent chanté qui en écho fredonne en paroles endiablées,