Rien n'est acquis - Tome 1 - Sandrine Rodrigues - E-Book

Rien n'est acquis - Tome 1 E-Book

Sandrine Rodrigues

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  • Herausgeber: Publishroom
  • Kategorie: Erotik
  • Sprache: Französisch
  • Veröffentlichungsjahr: 2016
Beschreibung

Découvrez le roman qui a déjà séduit plus de 300 000 lecteurs en ligne.

Alors qu’elle monte dans l’avion pour rejoindre son meilleur ami aux États-Unis, Tess rencontre Adam. Entre eux, c’est le coup de foudre immédiat. Ils se retrouvent à Boston et entament une relation passionnelle. Mais leur amour sera-t-il assez fort pour faire oublier à Tess le traumatisme qu’elle a vécu il y a quelques années à peine ? Résistera-t-il aux tentatives répétées de Marissa, l’ex d’Adam, pour le faire cesser ?

Plongez-vous sans attendre dans le premier tome de cette saga romantico-érotique !

EXTRAIT

Il me prend dans ses bras et je l’encercle avec les miens. 
– Tess, s’il te plaît, reste. Ma soirée est loin d’avoir été mauvaise parce que je t’ai retrouvée, je te recherche depuis mon rendez-vous à New York. J’ai besoin de te parler, je veux tout te raconter et je veux que tu me parles aussi.
Nous restons pendant un bon moment enlacés jusqu’à ce que je lui dise que je vais prendre une douche, ce à quoi il me sourit et m’emmène dans une salle de bains.
Après la douche, je reviens dans le salon où je le vois torse nu allongé sur le canapé regardant la télévision. Apparemment, il s’est également lavé. Je n’arrive pas à décrocher mes yeux de son torse, de ses bras. Il n’y a que des muscles, il est sculpté comme un dieu, il n’a même pas un petit défaut, c’est injuste. 
Mon Dieu, pourquoi me torturez-vous ainsi ? Je ne suis pas prête à voir ça !

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Une romance teintée d'érotisme. Avec des protagonistes au passé douloureux. Ce qui leur donne de la profondeur. Un récit par lequel on se sent directement emporté. - Blog Un monde de passion et d'envies

Un coup de cœur pour ce livre. Une histoire sans prise de tête qui fait sourire vis-à-vis des peurs d'Adam et de Tess. Pressée d'attaquer le tome 2. - Caroline-10, Booknode

Un livre très addictif avec une très belle histoire d'amour. J'ai adoré ce tome impossible à arrêter. - Poussinette88, Booknode

Ça faisait longtemps que je ne m’étais pas autant attaché à un couple dans une romance érotique. Adam et Tess me plaisent beaucoup et l’histoire est vraiment intéressante et pleine de surprises et de profondeur. Un beau coup de cœur ! - Blog Les mots de Virginie

À PROPOS DE L'AUTEUR

Sandrine Rodrigues vit en région parisienne depuis son enfance, elle est passionnée de lecture, adore voyager et passe sa vie à chanter. Lors d’un week-end en Suisse, au sommet d’une belle montagne enneigée, elle a écrit les premiers chapitres de Rien n’est acquis qui germaient dans son esprit depuis quelques jours. Et c’est alors le début d’un extraordinaire succès, avec des milliers de lecteurs et de fans en ligne.

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Sandrine Rodrigues

Rien n’est Acquis

(Tess & Adam)

Tome 1

Chapitre 1 ‒ Tess

L’avion décolle dans vingt minutes !

Je cours vers la porte d’embarquement. Une annonce incompréhensible résonne dans tout le terminal de l’aéroport, mais finit par attirer mon attention lorsque j’y entends mon nom.

Mince ! J’arrive, attendez-moi, je ne veux pas rater mon avion, s’il vous plaît !

Je n’ai réussi à m’endormir que deux heures avant que le réveil ne sonne, résultat, je ne l’ai pas entendu. Ma chance a été d’avoir réservé un taxi pour 7 heures ce matin et que le chauffeur ait eu la gentillesse de m’appeler plusieurs fois en arrivant en bas de chez moi.

Je ne me souviens pas m’être préparée aussi rapidement de ma vie. Je me suis habillée, brossé les dents et les cheveux, j’ai fermé ma valise et je me suis précipitée dans l’escalier de l’immeuble avec mon bagage d’une vingtaine de kilos.

Je n’avais que trente minutes de retard au moment d’entrer dans mon taxi, mais il ne faut pas oublier que nous sommes à Paris et que la voiture se dirigeait vers l’aéroport Charles-de-Gaulle un mardi à 7 heures 30 du matin.

Sortir de la capitale à cette heure de la matinée est loin d’être une partie de plaisir, les rues sont remplies d’automobilistes allant au travail, le périphérique avance en accordéon et il faut prier pour que sur l’autoroute, il n’y ait pas d’accident.

Je pensais avoir eu de la chance jusqu’à ce que le taxi se retrouve bloqué dans un embouteillage un kilomètre avant la sortie de l’aéroport. Les chauffeurs de poids lourds sont en grève aujourd’hui et ils ne laissaient aux voitures qu’une seule voie sur l’autoroute pour circuler.

Mon Dieu, s’il vous plaît, faites en sorte que je prenne cet avion, j’ai besoin de vacances ! J’ai besoin de revoir Nathan !

Je rentre dans l’avion, cherche la place qui m’a été attribuée et je mets mon sac dans le compartiment au-dessus avant de m’écrouler sur mon siège, déjà exténuée par cette matinée. Les portes de l’avion se ferment et nous décollons peu de temps après vers le continent américain.

Merci mon Dieu, je suis dans l’avion ! Je promets de tout faire pour en profiter !

Pendant le décollage, je repense à mon meilleur ami, Nathan. La dernière fois que je l’ai vu, c’était il y a cinq ans, j’avais fait l’aller-retour jusqu’à Boston, pour son mariage, où je n’étais restée qu’une semaine. Depuis, avec sa femme Stella, ils ont eu deux beaux garçons que je n’ai vus qu’en photo ou par webcam lorsque nous discutons sur Skype.

J’avais 6 ans lorsque Nathan est venu vivre dans l’appartement en face du mien, nous nous sommes tout de suite entendus et avons joué ensemble. Ma mère, qui a rencontré les parents de Nathan le jour de leur emménagement, s’était proposée de garder leur fils pour la journée afin qu’ils puissent s’installer tranquillement.

Depuis ce jour, Nathan et moi avons toujours été inséparables, nous étions dans la même classe. Ma mère et ses parents se relayaient pour nous emmener ou nous chercher à l’école.

À partir du collège, nous faisions le trajet ainsi que nos devoirs ensemble, nous nous étions même mis d’accord sur les activités extrascolaires afin de ne pas être séparés.

J’ai toujours vu Nathan comme un frère, ce que les filles de notre école ne comprenaient pas puisqu’elles voulaient toutes sortir avec lui. Là, c’est moi qui ne voyais pas ce qu’elles lui trouvaient avec ses cheveux bruns toujours en bataille, ses yeux marron et son look jean troué et tee-shirt serré. Il a beaucoup de charme et il est vrai qu’il a un sourire magnifique, mais pas de quoi faire chavirer tous les cœurs ! C’était peut-être sa gentillesse qu’elles aimaient, il était adorable et serviable avec tout le monde.

Après le baccalauréat, j’ai suivi des études dans l’immobilier et Nathan s’est spécialisé dans l’informatique, ce qui n’a pas réussi à nous séparer.

Notre rêve commun était d’aller vivre aux États-Unis. Lui l’a réalisé, il a eu une proposition de stage dans une grande entreprise qui a fini par l’embaucher. Quant à moi, je ne me voyais pas laisser ma mère toute seule en France.

Avant le départ de Nathan, nous nous étions promis de ne jamais laisser passer plus d’un an sans nous revoir, mais la vie en a décidé autrement.

L’hôtesse me sort de mes pensées lorsqu’elle me sert un copieux petit déjeuner. Après m’être rassasiée, j’incline mon siège et savoure son confort me laissant basculer dans un profond sommeil.

~~~~~~~~~~~~~~~

Je me réveille en sursaut.

Où suis-je ?

Je fixe un écran devant moi qui représente un avion au-dessus de l’océan Atlantique. Mon cœur bat à tout rompre, j’ai le souffle court et les larmes aux yeux comme si je venais de courir un marathon dans un hiver glacial.

Ah oui, dans l’avion vers New York. J’ai encore fait un cauchemar, merde !

J’ai du mal à reprendre mes esprits, mon retour à la réalité prend toujours un certain temps lorsque je me réveille aussi brutalement.

L’hôtesse apparaît précipitamment s’arrêtant à ma hauteur et me demande en anglais si je vais bien. J’essaye de reprendre mon souffle, ma gorge est sèche et je déglutis avec difficulté afin de pouvoir lui répondre.

–Oui, ça va merci.

–Désirez-vous boire quelque chose ?

–Un café, s’il vous plaît.

Faites que ça m’aide à ne pas me rendormir pour le reste du vol !

L’hôtesse me dévisage d’un air inquiet, je lui retourne un faible sourire pour lui assurer que je vais bien, elle me sourit à son tour et détourne son regard vers le hublot en disant :

–Monsieur ?

Mon corps se fige d’un coup, une sensation étrange s’empare de moi et je n’ose regarder qui est assis à mes côtés. Mon cerveau se met en ébullition, j’essaye de me remémorer le début du vol.

Je deviens folle, ce n’est pas possible ! Il n’y avait personne, j’en suis sûre. Mais comment aurait-il pu s’installer dans le fauteuil sans me réveiller ?

J’entends une voix grave répondre, dans un anglais parfait contrairement à moi :

–La même chose, s’il vous plaît.

L’instant suivant, je sens la main de mon voisin se poser sur mon bras, un frisson parcourt mon corps. En tournant mon visage vers lui, une larme coule sur l’une de mes joues et malgré mes yeux embués, j’aperçois qu’il me tend un mouchoir en tissu. Par réflexe, je le lui prends pour sécher mes larmes et le remercie timidement. Un parfum divin s’en dégage, je le hume à plusieurs reprises avant de me tourner totalement vers lui pour le lui rendre.

Oh mon Dieu !

Je me retrouve hypnotisée par un intense regard vert émeraude. Nous restons les yeux dans les yeux, je ne sais combien de temps puis il me sourit et ouvre légèrement la bouche, ce qui attire mon regard sur celle-ci. Ses lèvres sont parfaites, fines et généreuses en même temps. Je les imagine se poser sur mon cou avec douceur, parsemant ma peau de baisers et cherchant le chemin pour embrasser mes lèvres. Je frissonne de tous mes membres, ce qui me fait sortir de mes pensées.

Qu’est-ce qu’il me prend ? Pourquoi, juste en regardant cet homme, je me sens attirée ? Je ne comprends pas…

–Gardez-le, vous me le rendrez si un jour j’ai le plaisir de vous revoir.

Quoi ?

Désorientée par ce que je ressens et par ses propos, je le remercie une deuxième fois, lui souris également et je mets le mouchoir dans la poche de ma veste.

Il faut que j’arrête de le dévisager ainsi !

Mes yeux vont de ses yeux à ses lèvres et vice-versa, je sens ma respiration s’accélérer. Je me force à reprendre mes esprits et détourne le regard sans savoir où le poser jusqu’à ce que l’hôtesse apparaisse avec nos cafés.

–Avez-vous envie de discuter ? me demande-t-il d’une voix douce.

Je le dévisage et m’aperçois qu’il a les cheveux noirs et courts, il porte un costume gris foncé avec une chemise blanche déboutonnée au col, sa cravate du même gris que son costume est suspendue à un petit crochet sur le siège devant lui près de l’écran. Il est mince et a l’air assez grand, avec les épaules carrées et un cou parfait.

Waouh, qu’est-ce qu’il est beau ! Pourquoi me dévore-t-il des yeux, je ne devrais pas l’intéresser, je suis tout son contraire !

Ma tenue est décontractée, je porte un jean et un pull col en V noirs. Même s’il n’y a pas de code vestimentaire pour être en première classe, je suis loin d’avoir sa prestance. Je ne suis pas très grande, plutôt mince, trop même depuis quelque temps, je suis brune avec des reflets cuivrés et les yeux bleus, pas de quoi être attirante.

–Heu… oui, je veux bien, mais je ne sais pas très bien parler anglais.

Ça c’est tout moi ! Je sais parler anglais, c’est juste que j’ai honte et que je suis persuadée d’avoir un accent à couper au couteau. Grrr… Je suis la reine dans le domaine du manque de confiance en soi, je me mettrais des baffes quelquefois !

–Vous vous débrouillez bien je trouve, je parlerai lentement si vous voulez, me dit-il en souriant. Je m’appelle Adam et vous ?

–Tess.

–Enchanté Tess. Vous allez à New York pour visiter ?

–Je vais à Boston voir un ami.

Il hausse un sourcil puis fait un sourire en coin, mais son visage redevient neutre rapidement. Je vérifie que mon café ne soit pas brûlant et en bois une gorgée, je sens le regard d’Adam sur moi.

Attend-il que je lui pose des questions ?

–Vous êtes timide ou avez-vous honte de parler anglais ?

–À dire vrai, j’ai… peur que l’on se moque de mon accent.

–J’aime bien votre accent. Je le trouve charmant.

–Merci.

Je rougis. Il sourit.

–Vous êtes très belle quand vous rougissez.

–Heu… merci, je réponds gênée.

–Et votre ami parle couramment ?

–Oh oui, il vit à Boston depuis dix ans, il a eu le temps d’apprendre.

–C’est la première fois que vous venez aux États-Unis ?

–Non, c’est la troisième fois.

–Et vous allez toujours chez votre ami ?

–Oui, c’est mon ami d’enfance et j’essaye de le voir le plus souvent possible.

–Alors, vous ne connaissez que Boston ?

–Oui, mais j’espère visiter d’autres villes cette fois.

Adam se tourne vers sa tasse, il boit son café d’un trait et regarde par le hublot. Le silence s’installe entre nous, j’ai l’impression que quelque chose l’a contrarié, mais je ne sais pas quoi.

Allez Tess, courage ! Tu as promis de tout faire pour en profiter, ça sera une première étape de parler avec Adam !

–Vous allez à New York pour affaires ?

Il tourne son visage vers moi et me sourit.

–Oui, jusqu’à la fin de la semaine. Je vais prendre un jus d’orange, voulez-vous quelque chose ?

–La même chose s’il vous plaît, la vitamine m’empêchera peut-être de dormir.

Il fronce les sourcils et appuie sur le bouton d’appel.

–Vous faites souvent des cauchemars ?

Mince, j’avais oublié qu’il a assisté à mon réveil !

–Non heu… je suis désolée si je vous ai réveillé.

–Je ne dormais pas, je vous regardais.

Mon sang afflue dans mes joues, je dois être rouge comme une tomate.

–Pourquoi me regardiez-vous dormir ?

–J’essayais de deviner la couleur de vos yeux, me dit-il avec un large sourire.

–Vous devez être déçu, je n’ai pas de beaux yeux verts comme les vôtres.

Mince ! Pourquoi ma bouche dit tout ce qui me passe par la tête ? Il va croire que je lui fais des avances ! Ma mère m’a toujours dit de tourner sept fois ma langue dans ma bouche avant de parler. Qu’est-ce qui m’a pris ?

–Pas du tout ! Vous avez de beaux yeux bleus qui me font penser à la mer des Caraïbes.

Qu’est-ce que ça veut dire ?

Déboussolée, je lui adresse un sourire et bois le reste de mon café. L’hôtesse nous donne les deux verres de jus d’orange puis un nouveau silence de quelques minutes s’installe.

–Tess, souhaitez-vous parler de ce cauchemar qui vous a tant remuée ?

–Je heu… je ne m’en souviens plus, désolée.

Il fronce les sourcils une nouvelle fois puis boit une gorgée de son jus d’orange.

–Vous restez longtemps à Boston ?

–Un mois, peut-être plus. Adam ?

–Oui.

–Vous heu… étiez à cette place au décollage ?

–Non, j’étais assis trois rangs derrière. Voulez-vous que je reprenne…

–Non, non pas du tout, c’est juste que je ne me souvenais pas vous avoir vu à mes côtés lorsque je me suis endormie, cela m’a heu… troublée.

Il me dévisage d’un regard sérieux qui s’adoucit peu à peu. J’ai l’impression de l’avoir froissé.

–Sous quelles conditions resteriez-vous plus d’un mois à Boston ?

–Je n’ai pas acheté de billet de retour donc je ne sais pas combien de temps je vais rester. M. Brant m’a accordé un congé indéterminé, je verrai plus tard la date de mon retour en France.

–M. Brant… ?

–Mon patron.

–Vous travaillez dans quel domaine ?

–L’immobilier, enfin plus exactement l’immobilier de prestige.

Je crois entrevoir une étincelle traverser son regard.

Il y a six mois que j’ai pris mon billet. Je faisais des recherches sur Internet pour mon travail quand une publicité est apparue sur mon écran concernant des promotions pour des billets d’avion, mon patron qui passait derrière moi au même moment m’a dit :

–Ah enfin Tess, vous vous décidez à prendre des vacances ?

Cela faisait un peu plus de deux ans que je n’avais pas pris de congés, je me suis donnée corps et âme à mon travail pour m’occuper l’esprit et surtout pour oublier ma vie.

Ce jour-là, je me suis sentie prête à lâcher prise et à m’accorder un repos bien mérité. Je n’ai pas hésité une seconde à prendre un aller simple pour Boston afin de revoir Nathan.

Après avoir imprimé mon billet, je suis allée dans le bureau de mon patron pour l’en informer. Ce à quoi il m’a répondu d’un air narquois :

–Vous déménagez à Boston ?

–Non, c’est juste que…

–Prenez le temps que vous voulez, vous le méritez Tess, mais informez-moi de votre retour dès que vous aurez votre billet en main et profitez-en pour perfectionner votre anglais.

Deux hôtesses passent avec un chariot pour vendre des produits duty free, j’en profite pour acheter un parfum pour Stella et un autre pour Nathan. L’hôtesse a la gentillesse de me donner mon sac qui est au-dessus dans le compartiment afin que je puisse payer.

Je regarde Adam qui me sourit, il défait sa ceinture et se lève.

Il est plus grand que je ne le pensais ! Enfin je suis assise donc je ne m’en rends pas bien compte !

–Donnez, je vais remettre vos affaires dans le compartiment.

Waouh ! Quel homme galant !

Il ne me laisse pas le temps de me lever et passe devant moi pour se mettre dans le couloir.

Heureusement qu’il y a de l’espace entre les sièges en première classe !

Je lui tends mon sac et mes achats qu’il range, puis il revient s’asseoir à côté de moi.

–Vous connaissez Boston ?

–Oui, ma sœur qui a d’ailleurs fait ses études à Paris y habite et j’y ai également un appartement.

–Votre sœur a étudié à Paris ? Où exactement ?

–Elle vivait dans le 16e arrondissement et l’école était dans le 15e. Vous connaissez ?

–Oui, je travaille dans le 16e.

–Et vous y habitez aussi ?

–Oh non, le quartier est trop cher pour moi. J’habite dans le 17e, le quartier des Batignolles.

–Vous serez hébergée par votre ami dès votre arrivée ?

–Oui.

–Et votre ami habite dans quel quartier de Boston ?

–Dans le quartier de Downtown.

–Comment se prénomme-t-il ? Peut-être que je le connais ?

–Nathan Brunel.

Pourquoi me pose-t-il autant de questions ? Il me trouble et je me demande si ce sont ses questions ou son attitude !

Je bois mon jus d’orange espérant qu’il m’évitera de sombrer dans un nouveau sommeil agité, mais j’ai peu d’espoir, cela fait quinze jours que je dors mal, je fais des cauchemars toutes les nuits et je me réveille en pleurs la plupart du temps. De plus, il me reste cinq heures de vol et mes paupières commencent à être lourdes, mission impossible.

–Vous souhaitez peut-être dormir, ne vous inquiétez pas, je vous réveillerai si vous refaites un cauchemar.

Voilà ce qui me déstabilise chez Adam, il est observateur et attentionné, je n’ai jamais eu l’habitude que l’on s’occupe de moi surtout venant d’un inconnu ! J’ai l’impression qu’il ressent tout de moi, comme s’il était… dans ma tête !

Voyant mon air interrogateur, il poursuit.

–Avant votre réveil, vous étiez très agitée et vous avez crié.

–Je suis désolée.

–Ne le soyez pas, cela arrive à tout le monde.

–Et vous ? Vous ne dormez pas ?

–Je n’ai pas sommeil et j’aurai le temps de dormir à New York, je n’ai qu’un seul rendez-vous à mon arrivée.

–Vous travaillez dans quoi ?

–J’ai repris l’entreprise familiale qui s’occupe de l’authentification, l’achat et la vente d’œuvres d’art, j’ai également créé plusieurs branches dans des domaines variés afin de la faire évoluer et plus récemment j’essaye de me développer dans le secteur de…

Sa voix est comme une berceuse à mes oreilles, d’une douceur qui me fait fermer un peu plus les yeux chaque seconde, je lutte pour me concentrer, mais je ne vois qu’une image floue du visage d’Adam jusqu’à ce que mes yeux se ferment.

Je sens une main qui me caresse la joue, j’ouvre les yeux et vois Adam qui me sourit, j’ai une couverture sur mon corps que je ne me souviens pas avoir installée et ma tête est posée sur son épaule.

–Bonjour, me dit-il d’une voix douce.

–Bonjour, désolée je me suis endormie pendant que vous étiez en train de me parler de votre métier, je suis confuse, dis-je en relevant la tête.

–Ce n’est rien. Je me suis permis de vous réveiller, car nous allons déjeuner et arrivons sur New York.

–Merci, c’est gentil.

Je lui adresse un sourire et me rends compte qu’il tient ma main droite dans la sienne, par gêne et surtout par réflexe, je la retire rapidement puis retrouvant mes esprits, j’enlève la couverture et appuie sur le bouton afin de repositionner mon siège pour l’atterrissage.

L’hôtesse nous sert le déjeuner qui paraît succulent. Je regarde Adam qui n’a plus sa veste, ce qui me laisse entrevoir les muscles de ses bras ainsi que ceux de son cou.

Oh mon Dieu !

–Bon appétit, Tess.

–Merci, à vous aussi, Adam.

Nous dégustons notre repas en silence. Je suis contente, malgré une bonne différence de prix, d’avoir acheté un billet surclassé, les sièges sont très confortables on peut y dormir correctement, les repas sont excellents et les hôtesses aux petits soins.

Après avoir été débarrassés de nos plateaux-repas, le signal « attacher les ceintures de sécurité » s’allume et je vois du coin de l’œil Adam qui se tourne vers moi.

–Tess ?

–Oui, je réponds en me tournant vers lui à mon tour pour le regarder.

–Je serai à Boston la semaine prochaine, accepteriez-vous d’y prendre un café en ma compagnie ?

–Oui, avec plaisir, Adam.

L’avion amorce sa descente, et je regarde droit devant moi les mains crispées sur les accoudoirs effleurant la main d’Adam ce qui bizarrement me procure un calme réconfortant.

Je n’ai jamais aimé les atterrissages !

Je sens son regard sur moi jusqu’à ce que l’avion s’immobilise totalement. À mon tour, je le regarde boutonner sa chemise et remettre sa cravate, je défais ma ceinture de sécurité et me lève pour récupérer mon sac.

Adam est déjà debout à mes côtés. Je remarque qu’il me dépasse facilement de vingt centimètres, il attrape mon sac, mes achats et me les tend, je le remercie puis il prend sa veste et son attaché-case.

Je le vois se pencher vers moi, je reste pétrifiée en le regardant s’approcher, sa joue effleure la mienne et il murmure à mon oreille :

–Je vous retrouve à Boston.

Je crois que je me suis transformée en pierre, je suis tellement raide que je ne peux plus bouger, et n’arrive à articuler aucun mot.

Il se redresse, tend sa main et me caresse l’autre joue avec son pouce, le seul mouvement que je fais est de fermer les yeux afin de ressentir plus intensément la douceur de ce geste. Lorsque sa main se retire, j’ouvre les yeux, il me sourit puis se dirige vers la sortie.

Je reste là, à le regarder s’éloigner jusqu’à ce qu’il disparaisse, comme si un maléfice m’avait paralysée. Je finis par me ressaisir puis me rends compte en regardant autour de moi que je suis la seule personne à ne pas avoir quitté le compartiment de la première classe.

J’aperçois près du cockpit l’hôtesse qui me regarde avec un merveilleux sourire. Je prends conscience qu’elle a été témoin de la scène. Gênée, je le lui rends et sors enfin de l’avion pour aller prendre la correspondance pour Boston, heureusement que j’ai deux heures devant moi, car je marche au ralenti.

Que vient-il de se passer ? Qui est cet homme ? Pourquoi suis-je aussi troublée et attirée par lui ? Je ne connais que son prénom et lui le mien, nous n’avons échangé ni nos noms, ni nos numéros de téléphone, ni… rien à vrai dire. Il ne connaît rien de moi, ni moi de lui alors comment va-t-il faire pour me retrouver à Boston. Il est beau et mystérieux, je ne sais pas quoi penser ! Que signifient tous ses gestes tendres, me regarder dormir, me prendre la main lorsque je dors, la couverture qu’il a mise sur moi, sa caresse du pouce !

Quelles sont les chances de revoir un inconnu ? Aucunes…

Je sors de mes pensées et m’avance vers la porte d’embarquement pour aller à Boston.

~~~~~~~~~~~~~~~

J’aperçois Nathan, il est plus grand que la plupart des gens. Il a toujours ses cheveux en bataille, la seule chose qui ait changé, c’est qu’il n’a plus de trou dans ses jeans. Lorsqu’il me voit à son tour, un sourire illumine son visage comme un rayon de soleil qui apparaît au milieu des nuages. Mon visage émet la même expression, mais plus je m’approche de lui et plus ma vision devient floue, des larmes inondent mes yeux.

Nous nous précipitons l’un vers l’autre, je lâche ma valise pour me jeter dans ses bras. Des larmes coulent sur mes joues, il m’embrasse sur le haut du crâne et je finis par éclater en sanglots, son étreinte se fait plus oppressante, au point d’avoir l’impression d’étouffer.

–Pardon, Tess.

Je me calme et m’écarte pour le dévisager d’un air interrogateur. Il prend mon visage entre ses mains et essuie mes larmes de ses pouces.

–Pardon de ne pas avoir été là lorsque tu avais le plus besoin de moi.

Je racle ma gorge pour pouvoir lui parler.

–Nathan. Stella allait accoucher d’un moment à l’autre, tu n’allais pas laisser ta femme au risque de ne pas assister à la naissance de ton fils.

–Oui, tu as raison… mais je m’en veux de ne pas avoir été présent pour toi surtout après ce que tu as vécu.

–Ta vie est ici, tu ne peux pas tout lâcher et faire six mille kilomètres pour me soutenir en cas de coup dur. S’il te plaît, arrête de te sentir coupable.

–Je voulais seulement te le dire de vive voix, désolé.

–Allez, sortons de cet aéroport que je puisse profiter de mes vacances.

–OK, allons-y.

Nathan récupère ma valise puis nous nous dirigeons vers sa voiture, qui en sortant du parking s’insère dans des rues remplies de personnes sortant de leur travail.

–Tu as fait un bon voyage ?

–Oui, c’était très agréable.

–Très agréable ? Les gens se plaignent toujours d’être cassés, d’avoir mal au cou ou…

–J’étais en première classe, il y a plus de confort.

Nathan me regarde d’un air interrogateur, il n’a pas l’air convaincu par ma réplique.

Des images d’Adam me reviennent en tête, ses magnifiques yeux verts, son corps svelte, les muscles que sa chemise laissait facilement voir, sa manière de me réveiller…

–À quoi tu penses ?

–À rien.

Il fait chaud dans cette voiture !

Je regarde mon ami qui me connaît on ne peut mieux, il affiche un air de dire « mouais, c’est ça, je te crois… ».

–Viens, je vais te montrer quelque chose.

Nous entrons dans un appartement simple et décoré avec des meubles modernes. L’entrée dessert un couloir sur la gauche où se trouvent deux chambres avec penderies et salle de bains, en face un double séjour spacieux avec une cuisine américaine.

–Waouh, c’est magnifique !

–Content qu’il te plaise. Avec Stella, nous avons pensé que tu serais plus à ton aise ici qu’à la maison, avec nos deux terreurs, ce ne serait pas de tout repos pour toi.

Je reste sans voix, j’ai vraiment de la chance d’avoir un endroit à moi pendant les vacances, ce n’est jamais facile de s’installer chez quelqu’un, même pour une courte période.

–Alors, tu préfères venir chez nous ou rester ici ?

–Vous en êtes propriétaires ?

–Oui, depuis quelques mois.

–D’accord. Alors, je reste dans l’appartement, mais je veux contribuer aux frais, il est hors de question que je sois ici sans payer.

–Tu verras avec Stella. Je vais chercher ta valise.

–Merci.

Nathan m’aide à faire le lit, il me montre tout ce dont j’aurai besoin.

–Mince ! On a oublié de faire les courses. Il n’y a pas de shampoing, ni…

–Ne t’inquiète pas, je devais y aller de toute façon.

–Je viens avec toi, tu ne dois plus te souvenir où c’est.

–Quoi ? Bien sûr que je sais où se trouve le magasin, sauf s’il a changé d’endroit en cinq ans. Nous sommes à une rue de chez toi, Nathan.

–Quelle mémoire et quel sens de l’orientation Tess. Pour une femme, c’est rare !

–Macho ! Ce sera déformé et répété à ta femme.

Nous éclatons de rire.

–Tu manges avec nous ce soir ?

–Bien sûr, j’ai hâte de voir Stella et les garçons.

Nathan insiste pour venir avec moi faire les courses. Je suis heureuse, cela faisait tellement longtemps que je ne l’avais pas vu, nos moments à deux m’ont terriblement manqué et je m’en rends compte subitement. Une douleur envahit ma poitrine, je réalise avoir perdu cinq ans et je le regrette.

–Qu’est-ce qui se passe Tess ?

–Rien, je réponds les yeux remplis de larmes. C’est juste que tu m’as tellement manqué Nathan.

Il me prend dans ses bras et m’embrasse les cheveux, resserrant son étreinte sur moi.

–Toi aussi, si tu savais à quel point. Je n’ai pas passé un jour sans penser à toi depuis tout ce temps. Ne pleure pas Tess, nous allons rattraper tout le temps perdu et puis les garçons sont plus grands maintenant, nous pourrons plus facilement aller en France.

–Oui, je sais. Je suis seulement contente que l’on soit ensemble. Allez, faisons nos courses.

~~~~~~~~~~~~~~~

En revenant à l’appartement, je range mes achats et je m’effondre sur le canapé.

–Motive-toi Tess. Prends une douche et appelle ta mère pour lui dire que tu es bien arrivée.

Voilà que je parle toute seule maintenant !

En sortant de la douche, j’ai vidé le contenu de mon sac à main sur le lit, vérifié ma valise ainsi que la penderie.

Mais où est mon portable ?

J’aperçois la veste que je portais pendant le voyage et en sors le mouchoir, un sourire se forme sur mes lèvres. Mon portable est dans l’autre poche, j’appelle ma mère et me mets dans le lit avec le seul objet qui m’évoque ma rencontre avec Adam, j’hume l’odeur qui s’en dégage pendant toute la conversation. Après avoir raccroché, tous ces moments me reviennent en mémoire jusqu’à ce que je sombre dans les bras de Morphée.

La sonnerie de mon téléphone me réveille en sursaut, je le prends et vois le nom « Nathan ».

–Oui, dis-je d’une voix endormie.

–J’étais sûr que tu dormais. Tu as eu le temps de prendre une douche ?

–Oui.

–Alors, lève-toi ! Je serai à l’appartement dans trente minutes.

–D’accord, je réponds en bâillant.

–Je te rappelle dans dix minutes pour être sûr que tu ne te sois pas rendormie.

Je raccroche et lève les yeux au ciel parce que je sais qu’il va faire ce qu’il a dit. Je porte le mouchoir que j’ai dans une main à mon nez pour le sentir une dernière fois en fermant les yeux. Automatiquement, apparaît dans ma tête l’image d’Adam ; ses yeux verts, ses lèvres, je ressens la douceur de la caresse du bout de ses doigts sur ma joue. J’ouvre les yeux et secoue la tête.

Je deviens folle, si quelqu’un me voyait, je finirais à l’asile, c’est sûr ! Sentir le parfum d’un homme que je n’ai vu qu’une fois et que je ne reverrai plus jamais ! N’importe quoi Tess, tu es pathétique !

Je pose le mouchoir sur la table de chevet et me lève pour me préparer, mon téléphone sonne à nouveau.

–Je suis debout et presque prête, rassuré ?

Nathan éclate de rire ce qui me fait sourire.

–J’arrive dans quinze minutes. 

Je me prépare et pense à prendre les parfums pour Stella et Nathan ainsi que les cadeaux que j’ai achetés pour les garçons.

Comme prévu Nathan est à l’heure pour m’accompagner jusque chez lui. Steve et Lucas viennent me faire des bisous, ils me reconnaissent grâce à nos conversations avec webcam. Stella apparaît et nous nous prenons dans les bras pour nous faire la bise chaleureusement.

Pendant le repas, nous discutons de tous les moments que nous avons vécus chacun de notre côté, puis vient l’heure de coucher les enfants.

Nathan nous sert un digestif.

–Normalement pas en semaine, mais aujourd’hui c’est exceptionnel et ça se fête.

–À nos retrouvailles et je te promets de ne plus rester éloignée de toi aussi longtemps grand frère.

Nous trinquons tous les trois en souriant et buvons. Vers 22 heures, il m’accompagne à l’appartement.

–Tu ne vas pas me raccompagner tous les soirs ?

–Si, pourquoi ?

–Parce que l’appartement n’est pas loin de chez toi et je connais le chemin.

–Je ne veux pas qu’il t’arrive quoi que ce soit, la discussion est close, d’accord ?

Je lève les yeux au ciel et il se met à rire.

–Merci de prendre soin de moi.

Il me souhaite une bonne nuit en bas de l’immeuble et retourne chez lui.

Arrivée à l’appartement, j’enfile une nuisette et je m’allonge sur le canapé pour regarder la télévision.

Après avoir vu un film, je me mets au lit, j’éteins la lampe de chevet et ferme les yeux. Je tourne en rond, je n’arrive pas à dormir, je repense à la soirée, mais autre chose trotte dans ma tête. Je repense à ma rencontre avec Adam, je me demande pourquoi il est venu s’asseoir à côté de moi.

Pour discuter sans doute !

Je me tourne encore et vois son mouchoir sur la table de chevet, je le prends pour le sentir une dernière fois avant de dormir. Des images passent dans ma tête, son incroyable sourire quand il m’a réveillée, ses yeux qui me regardaient intensément la première fois que nos regards se sont croisés, son cou magnifique qui me donnait envie d’y mettre ma tête et d’y déposer de doux baisers.

J’ai chaud tout à coup, je repousse la couverture, mets le mouchoir près de mon visage et ferme les yeux. Enfin, je tombe de fatigue.

Chapitre 2 ‒ Adam

Arrivé au terminal de J.F.K., j’aperçois mon chauffeur.

–Bonjour, monsieur James. Avez-vous fait bon vol ?

–Bonjour, Kevin. Le meilleur de ma vie.

Je me rends compte que j’ai un sourire qui traverse tout mon visage en parlant, ce qui explique le regard étonné que Kevin me lance alors que, d’ordinaire, il est totalement impassible. Sûrement s’attendait-il à ce que je sois en colère étant donné que j’ai pris un vol commercial.

Je m’installe confortablement sur la banquette arrière de la voiture, Kevin referme la portière puis s’installe derrière le volant.

–Pourriez-vous vous arrêter pour me prendre un café, s’il vous plaît ?

–Bien sûr, monsieur. Avez-vous réussi à dormir dans l’avion ?

–Non, je n’ai pas fermé l’œil.

Je repense au moment où mes yeux se sont posés sur Tess lorsqu’elle est entrée dans l’avion.

Elle était à contre-jour et je ne distinguais que sa silhouette toute mince avec ses cheveux ondulés, puis elle est passée à côté de moi dans le couloir pour s’installer à sa place. Son parfum a envoûté mes narines, je crois même avoir fermé les yeux une seconde pour respirer profondément cette odeur délicieuse.

Elle a mis son sac à main dans le compartiment au-dessus de son siège et lorsque son visage s’est tourné dans ma direction, mon cœur s’est emballé. Les traits de son visage étaient si fins, sa peau avait l’air si douce que je me voyais déjà l’attirer dans mes bras et embrasser chaque centimètre de son visage, de son cou et m’attarder sur ses lèvres.

Il fallait absolument que je lui parle, que je la touche. J’ai donc attendu qu’elle s’endorme pour changer de place. Je me suis faufilé sur le siège en prenant bien soin de ne pas la réveiller, j’ai défait ma cravate, déboutonné ma chemise puis je l’ai regardée dormir. Elle ressemblait à un ange.

Après trois heures de vol, elle a commencé à s’agiter de plus en plus et à crier « non », son corps a fait un bond en avant et ses yeux se sont ouverts brusquement.

Kevin me sort de mes pensées.

–Mlle Stone est venue à votre appartement hier soir, pensant vous y trouver.

–Et que lui avez-vous dit ?

Je sors mon portable pour voir si Marissa a essayé de me joindre, aucun appel ni message de sa part. Je fronce les sourcils.

Si elle est passée chez moi pourquoi n’a-t-elle pas appelé avant ? Que me veut-elle ?

–Que monsieur avait eu un rendez-vous de dernière minute et qu’il avait dû partir en urgence à Paris.

Ça m’étonnerait que Kevin ait pu se débarrasser de Marissa aussi facilement !

–Vous a-t-elle cru ?

–Non, pas au début, monsieur. Elle sait que votre jet est en réparation et ne croyait pas que vous auriez pris un vol commercial. Mme Rimes a immédiatement accouru lorsqu’elle a entendu Mlle Stone crier afin de confirmer ce que je disais et a réussi à la calmer.

–Elle vous a dit ce qu’elle voulait ?

–Non, monsieur.

Je sens l’irritation monter en moi. Je ne tolère pas que l’on mette en doute la parole de mon personnel et encore moins que l’on crie sur eux. Cela fait quatorze ans que Mme Rimes et M. Scott travaillent pour moi, j’ai toujours eu beaucoup de respect pour eux, pour leur loyauté et leur intégrité envers moi. Leurs métiers respectifs sont loin d’être faciles, ils doivent me suivre la plupart du temps dans mes déplacements, que ce soit à New York, Boston ou San Francisco. Même si je les rémunère assez généreusement, je n’oublie pas qu’ils n’ont pratiquement aucune vie personnelle et je fais de mon mieux pour la leur faciliter.

–Je suis désolé Kevin, je vais faire en sorte que cela ne se reproduise pas.

–Ce n’est rien monsieur, question d’habitude. Je voulais juste vous en informer.

–Vous avez bien fait, merci.

Il me regarde dans le rétroviseur en hochant la tête et sourit, j’en fais autant.

Je sais très bien que Kevin et Élise, ma gouvernante, ne portent pas Marissa dans leurs cœurs et je comprends très bien pourquoi.

Je reporte mes yeux sur mon portable, j’ouvre la galerie où se trouvent stockées mes photos pour regarder celles que j’ai prises de Tess lorsqu’elle dormait. Je me remémore notre conversation, toutes les informations qu’elle m’a données sur elle et je repense à son ami Nathan Brunel qui vit à Boston.

Pourquoi ce nom me dit-il quelque chose ?

La voiture s’arrête.

–Je vais chercher votre café, monsieur.

–Très bien, merci.

La douleur à l’estomac que j’ai eue dans l’avion me reprend, comme au moment où Tess m’a parlé de son ami. Rien que d’imaginer qu’il va la prendre dans ses bras à son arrivée à Boston me donne envie de mettre un coup de poing dans la vitre de la voiture. Je serre les poings et regarde à travers la vitre teintée, tentant de me calmer en respirant profondément.

Pourquoi suis-je aussi jaloux de savoir qu’un autre homme va prendre Tess dans ses bras ? Nous ne sommes pas ensemble ! Mais qu’est-ce qui me prend ?

Kevin entre et me tend mon café puis reprend la route.

J’arrive à mon rendez-vous qui est au domicile de mon client. Nous nous dirigeons vers la pièce où sont les tableaux qu’il veut me montrer.

Quand mes yeux se posent sur l’un d’entre eux, je repense à Tess. Il représente une femme brune assise vue de dos, ses cheveux sont attachés dans un chignon que ses mains posées sur sa tête retiennent. Son dos est totalement nu, elle a un discret tatouage dans le bas du dos et un drap bleu entoure ses hanches. Elle est magnifique, je reste bouche bée à regarder le tableau pendant un bon moment.

–Monsieur James, voulez-vous boire quelque chose ? me demande mon client en souriant.

Je me reprends et le regarde.

–Oui, excusez-moi. Je rentre de Paris et le voyage a été un peu long, je prendrai un café avec plaisir, s’il vous plaît.

Lorsque mon client revient avec la tasse, je bois une gorgée et me mets tout de suite au travail. J’explique à mon client que je dois faire des recherches sur les tableaux et je prends des photos puis je lui propose un rendez-vous pour le lendemain afin de lui donner plus d’informations, ce qu’il accepte.

–Souhaiteriez-vous juste les faire évaluer ou les vendre également ?

–Je pense les vendre. Auriez-vous des acheteurs potentiels ?

–Je pense que oui, je vous tiendrai informé. Au revoir M. Hamber.

J’arrive enfin à mon appartement, je suis exténué, mais je me dirige vers mon bureau pour faire des recherches sur le tableau de la femme.

J’envoie toutes les photos à ma sœur pour qu’elle puisse m’aider et je l’appelle pour l’en informer.

–Bonjour, petit frère.

–Bonjour, Eva. Je viens de t’envoyer des photos par mail, tu peux regarder si tu les as bien reçues.

–Je vais voir tout de suite… Oui, je les ai. Je regarde rapidement, reste en ligne.

J’attends en continuant de regarder ce tableau qui me fascine littéralement, il me rappelle vraiment Tess, son corps menu, ses cheveux, sa délicatesse…

–C’est un client qui vit en France ?

–Non, il est à New York, pourquoi ?

–Parce que, le tableau de la femme nue est d’un peintre qui vit à Mulhouse appelé Chris Halbeisen. Cela m’étonne de retrouver un de ces tableaux ici, mais c’est super, cela veut dire qu’il plaît et qu’il peut se faire connaître.

–Eva, pourrais-tu l’estimer s’il te plaît ?

–Oui, bien sûr. Ce n’est pas un peintre réputé mondialement, il ne doit donc pas valoir un prix extravagant.

–Tu peux me tenir au courant pour ce soir, au plus tard demain matin 8 heures, s’il te plaît ?

–Tu as l’air pressé, il a quelque chose de particulier ce tableau ?

Sa voix est suspicieuse, ce qui fait monter mon stress d’un coup.

–Non, j’ai rendez-vous demain matin avec le client. Eva arrête de t’imaginer tout et n’importe quoi, répliqué-je d’un ton sec.

–Ne t’énerve pas, je te tiens informé ce soir. Va te reposer, tu en as besoin. 

J’ai surtout besoin de me dépenser oui !

Malgré la fatigue, je me change et descends dans la salle de sport de l’immeuble. Il n’y a personne et j’en profite pour courir pendant vingt minutes les écouteurs aux oreilles, puis je décide avant de remonter de faire un peu de musculation.

De retour à l’appartement, je vais voir Élise pour lui demander à quelle heure le dîner sera prêt et je prends une douche.

En sortant de la chambre, je retourne dans mon bureau en attendant l’heure du dîner. Ma sœur m’a envoyé un mail pour me confirmer que le tableau de la femme était bien du peintre Chris Halbeisen, il a pour nom Couleurs d’Orient.

Je vais sur Internet pour faire des recherches sur ce tableau et en découvre un autre d’une femme que l’on voit de profil avec une robe bleue qui laisse voir également son dos nu, ses cheveux roux cuivré sont relevés, il a pour nom Transparence. Mes pensées reviennent instinctivement à Tess, j’essaye de l’imaginer les cheveux attachés qui laissent découvrir son cou, sa nuque, sa peau douce. Les battements de mon cœur s’accélèrent d’un coup, je sens mon excitation augmenter, je ferme les yeux et serre les poings sur mon bureau pour me concentrer.

Pourquoi ces deux tableaux me rappellent autant Tess ? Pourquoi je me sens aussi bizarre en repensant à elle ? Pourquoi me suis-je énervé contre ma sœur quand elle a compris que ce tableau m’intéressait ?… Si ça me fait penser à elle, c’est parce que je l’ai rencontrée aujourd’hui et que la femme du tableau a ravivé ce souvenir, parce qu’elle dégage la même sensualité !

Je regarde ma montre, il est 20 heures. Je vais dans la cuisine pour dîner, je me sens seul d’un coup, mais je n’ose demander à Élise, ni à Kevin de dîner avec moi, je ne l’ai jamais fait auparavant et ils risquent de se poser des questions.

Mais qu’est-ce qu’il m’arrive ? J’ai toujours dîné seul et cela n’a jamais été un souci pour moi. Pourquoi ce soir ai-je envie de compagnie ?

Je repense au déjeuner dans l’avion avec Tess assise à mes côtés, nous nous sommes souhaité un bon appétit et n’avons pas échangé un seul mot pendant que nous mangions, mais juste sa présence suffisait.

Je ne finis pas mon repas, je me lève et prends mon assiette que je vide à la poubelle. En relevant la tête, je vois Élise, les yeux écarquillés et la bouche ouverte qui me regarde.

–Monsieur James ce n’était pas bon ?

–Si c’était très bon Élise, je n’ai pas très faim ce soir.

–Vous souhaitez que je vous fasse un thé ou autre chose ?

Elle s’approche de moi et me prend l’assiette des mains pour la laver.

–Oui, je veux bien un thé, s’il vous plaît. Je serai dans le salon.

Je m’allonge sur le canapé et allume la télévision, c’est la première fois depuis bien longtemps que je n’ai pas envie de travailler. Avec la télécommande, je fais défiler plusieurs chaînes et finis par regarder une émission en buvant mon thé.

Pendant toute la soirée des images de Tess me reviennent en tête assez régulièrement, je dois me battre contre moi-même pour pouvoir me concentrer sur ce que je regarde.

Vers 23 heures, je décide de prendre mon ordinateur portable et l’emmène dans la chambre. Je me déshabille, pose mon téléphone sur la table de chevet et m’installe dans mon lit. Je consulte mes mails, il y en a un nouveau de ma sœur qui détaille un par un tous les tableaux que je lui ai envoyés en photo, je le lis et regarde une dernière fois le tableau avec la femme au dos nu puis j’éteins l’ordinateur et me couche.

Cela fait dix minutes que je tourne dans tous les sens, à chaque fois que je ferme les yeux, le visage de Tess apparaît. Je m’assieds dans le lit et prends mon téléphone pour regarder une nouvelle fois les photos que j’ai prises d’elle pendant son sommeil. Je me surprends à caresser d’un doigt l’écran de mon téléphone comme si je la caressais, elle.

Je deviens fou ! Il faut que je me reprenne ! Arrête de penser à Tess bordel !

J’éteins mon téléphone et le repose puis m’allonge. J’essaye de penser à mon travail jusqu’à ce que je finisse par m’endormir.

~~~~~~~~~~~~~~~

Un sourire égaye mon visage en revenant à mon appartement, je suis parti de chez M. Hamber avec le tableau Couleurs d’Orient sous le bras. Notre rendez-vous s’est très bien passé, j’ai laissé à mon client toutes les informations nécessaires et l’estimation de chacun des tableaux.

Je regarde la ville de New York défiler sous mes yeux et une question que j’ai posée à Tess me revient en mémoire. « Alors vous ne connaissez que Boston ? Oui, mais j’espère visiter d’autres villes cette fois. » Je regarde à côté de moi sur la banquette arrière de la voiture comme si je pensais la voir assise là et je ressens dans ma poitrine une sensation de vide en ne voyant personne.

La voiture est arrêtée à un feu rouge, j’aperçois Kevin qui me regarde dans le rétroviseur, il redémarre et je tourne à nouveau mon attention vers la rue.

Mon Dieu, expliquez-moi ce qui m’arrive ! Pourquoi cette femme m’obsède-t-elle autant ? Pourquoi tout ce que je vois ou ce que je fais se rapporte à Tess ?

En me réveillant ce matin, ma première pensée a été pour elle, je me suis demandé si elle était déjà réveillée, ce qu’elle allait faire de sa journée, si elle pensait à moi comme je pensais à elle et si elle avait parlé de moi à son ami.

Elle n’a pas quitté mes pensées de toute la matinée, je crois que je suis en train de devenir dingue. J’ai envie de la voir, d’entendre sa voix, de lui caresser la joue, de lui prendre la main, de voir son merveilleux sourire, de sentir le poids de sa tête sur mon épaule comme dans l’avion.

–Monsieur James, nous sommes arrivés, me dit Kevin.

Élise m’a préparé l’un de mes repas préférés, du saumon avec une sauce à base de crème fraîche accompagné d’un risotto.

–C’est en quel honneur Élise ?

–Vous n’avez rien mangé hier soir et vous n’avez pris qu’un café ce matin, je voulais vous faire plaisir. Monsieur, je m’inquiète pour vous, depuis que vous êtes revenu de Paris, vous ne mangez plus et je vous trouve… ailleurs.

Je lui adresse un sourire. Élise a toujours été comme une seconde mère pour moi, elle travaillait dans la maison de mes parents avant de travailler pour moi et me connaît depuis mon enfance.

–Merci Élise. Ne vous inquiétez pas, je suis juste un peu préoccupé, mais cela va passer.

Elle me sourit et je m’installe à table pour manger ce délicieux repas.

Kevin me conduit à mon premier rendez-vous concernant la nouvelle branche de l’entreprise que je suis en train de créer avec mon assistante, Lexie. Nous avons décidé de nous lancer dans l’immobilier de luxe à New York et Boston, ce qui me fait penser de nouveau à Tess qui est du métier.

Je regarde par la fenêtre, la voiture s’immobilise et mes yeux se portent vers un couple qui s’enlace sur le trottoir au milieu des gens qui affluent dans tous les sens, la femme est brune, ses cheveux sont longs et ondulés comme ceux de Tess. Malgré tout ce monde autour d’eux, ils ont l’air seuls sur Terre, je me rends compte que je souris en les regardant et ma tête se remplit d’images du visage de Tess.

Je prends mon téléphone et envoie un mail à Jim qui travaille pour mon entreprise Jamesart comme agent de sécurité, lui demandant de faire des recherches sur un certain Nathan Brunel en lui donnant toutes les informations que j’ai eues par Tess et lui disant que j’ai rapidement besoin de ces renseignements.

Depuis que j’ai envoyé le mail à Jim, je consulte mon portable toutes les deux minutes, mais aucun nouveau mail de lui n’apparaît sur ma messagerie.

Mais qu’est-ce qu’il attend pour me répondre ? J’ai l’impression de devenir fou !

Il y a deux heures que je regarde les moindres détails des onze appartements que comporte cet immeuble. L’agent immobilier nous donne toutes les informations nécessaires des différents matériaux utilisés dans chaque pièce que nous visitons, des explications importantes sur l’immeuble et sur les différents appartements, mais je n’arrive pas à me concentrer. Heureusement que mon assistante est venue de Boston spécialement pour ce rendez-vous, elle prend note de chaque information nous suivant pas à pas.

Lorsque nous nous dirigeons vers une pièce aménagée en bureau afin de clôturer ce rendez-vous, mon assistante m’interpelle :

–Monsieur James, pourrais-je vous parler un moment, s’il vous plaît ?

–Oui, bien sûr.

Je me tourne vers l’agent immobilier.

–Excusez-nous un instant.

–Je vais me préparer un café, souhaitez-vous boire quelque chose ?

–Je veux bien un verre d’eau, s’il vous plaît et un café pour M. James, lui répond mon assistante.

Je me tourne vers Lexie et lui indique de la main une autre pièce.

Après avoir fermé la porte, elle s’arrête d’un coup et se tourne vers moi, les sourcils froncés et les yeux rétrécis.

–Adam, pourriez-vous m’expliquer ce qu’il se passe ?

Lexie est la seule, à part ma sœur, à m’appeler par mon prénom quand nous ne sommes pas en rendez-vous professionnels.

De quoi parle-t-elle ? Qu’est-ce qui ne va pas ?

–Rien, il ne se passe rien. Pourquoi cette question ?

Elle a les yeux écarquillés.

–Rien ! Vous en êtes sûr ?

Elle ferme les yeux un instant pour respirer et se calmer.

Pourquoi réagit-elle comme ça ? C’est la première fois que je la vois si exaspérée !

–D’accord… Adam y a-t-il quelque chose qui ne s’est pas bien passé pendant votre séjour à Paris ? Et ne me dites pas rien, car je ne vous crois pas.

–Tout s’est bien passé à Paris.

–Écoutez, depuis que vous avez mis les pieds dans cet immeuble, vous êtes absent. À chaque fois que l’agent immobilier vous a questionné ou parlé, vous ne l’écoutiez pas. Alors, expliquez-moi ce qu’il se passe, cela fait six mois que nous travaillions ensemble d’arrache-pied pour créer cette nouvelle branche de l’entreprise, nous avons enfin notre premier rendez-vous et vous êtes absent.

Je viens de me prendre une gifle virtuelle de mon assistante. Elle a raison ! Mon corps est présent, mais mon esprit n’est pas là, tout cela parce que je n’ai pas de nouvelles sur les informations demandées à Jim et parce que je ne cesse de penser à Tess ! Je ne comprends pas pourquoi elle hante autant mon esprit, d’autant plus que je ne suis pas un homme qui s’attache et encore moins qui dépend d’une femme !

La plus longue relation que j’ai eue était avec Marissa, enfin si l’on peut appeler cela une relation. On se voyait de temps en temps et nous couchions ensemble, elle en voulait plus, mais ma priorité a toujours été mon travail.

Ces derniers mois, j’essayais de créer cette branche immobilière pour faire évoluer l’entreprise, cela me prenait beaucoup de temps, ce qui nous a fait nous éloigner l’un de l’autre, jusqu’à rompre. Cette rupture s’est passée naturellement, sans cris, sans pleurs, sans douleur, comme s’il n’y avait pas d’autre issue.

Comme toutes mes autres ruptures d’ailleurs !

–Lexie, vous avez raison, mes pensées sont ailleurs. Veuillez accepter mes excuses, je sais que vous avez énormément travaillé sur ce projet et que vous avez dû laisser votre mari pour venir me rejoindre à New York.

–Vous aussi avez énormément travaillé sur ce projet Adam. Excusez-moi de m’être emportée ainsi.

–Ce n’est rien, oublions.

–Avez-vous des problèmes ? Peut-être que je pourrais vous aider ?

–Ce n’est pas vraiment un problème, c’est plutôt personnel.

–Alors, pensez-vous pouvoir vous concentrer sur cette dernière ligne droite ?

–Oui, Lexie. Allons-y.

Eh bien, mon assistante qui me remonte les bretelles. C’est une première !

Nous retournons dans l’immeuble pour finaliser ce rendez-vous, je m’efforce de rester concentré pendant ce dernier entretien et pose plusieurs questions à l’agent immobilier. Trente minutes plus tard, nous sommes dehors.

–Je vous invite à boire un verre, c’est le moins que je puisse faire.

–Avec plaisir, Adam.

Nous nous dirigeons vers ma voiture où nous attend mon chauffeur.

–Nous voudrions aller boire un verre, Kevin.

–Très bien, monsieur.

Lorsque la voiture démarre mon portable vibre dans ma poche, une boule s’empare de mon ventre en voyant le nom de Jim apparaître sur l’écran.

–James.

–Monsieur James, je viens de rassembler toutes les informations que vous m’avez demandées.

–Je vous écoute, dites-moi juste sa situation personnelle et envoyez-moi le tout par mail, s’il vous plaît.

–M. Brunel Nathan est marié depuis cinq ans avec une femme prénommée Stella, ils ont deux garçons, Steve et Lucas. Ses parents vivent en France, il a vécu toute son enfance à Paris et s’est installé à Boston, il y a dix ans.

–Merci, Jim.

–Je vous en prie, monsieur. Je vous envoie toutes les informations par mail.

–Jim, pourriez-vous également faire des recherches professionnelles sur un certain M. Brant, il aurait une agence immobilière de biens de prestige dans le 16e arrondissement de Paris. Envoyez-moi également un mail, s’il vous plaît.

–Très bien, monsieur.

Je raccroche le cœur léger et le sourire aux lèvres.

Son ami est marié, c’est ce que j’espérais !

Lexie me dévisage étonnée.

–Pourquoi me dévisagez-vous comme ça ?

–Parce que vous avez un sourire qui va d’une oreille à l’autre. Et que normalement, vous ne souriez que très rarement voire jamais. Je suis contente de vous voir heureux, mais je n’y suis pas habituée et je vous trouve… bizarre. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé pendant ce voyage, mais quelque chose en vous a changé.

Elle a raison bordel ! Élise me trouve différent depuis mon retour et même Kevin était étonné de mon sourire à l’aéroport. Le fait d’avoir rencontré Tess m’a changé, mais pourquoi ? Je ne comprends rien à ce qu’il m’arrive ! Je pense avoir besoin de l’avis d’une femme, mais si j’en parle à ma sœur, elle aura déjà organisé mon mariage avant que j’aille boire un café avec Tess !

–Lexie… vous êtes une femme et…

–Jusqu’à preuve du contraire, oui.

J’éclate de rire à sa remarque, ce qui me vaut des regards étonnés de Lexie et de Kevin dans le rétroviseur. Je me ressaisis instantanément.

–Depuis quand rigolez-vous à mes piques ? me demande-t-elle surprise.

–Pourquoi ? Je n’ai jamais ri auparavant ?

–Non, vous ne souriez que très peu et c’est la première fois que je vous entends rire. Non pas que cela me déplaise au contraire, mais vous ne me ferez jamais croire qu’il ne s’est rien passé pendant votre séjour.

–Très bien, de toute façon j’ai besoin de l’avis d’une femme, nous parlerons autour d’un verre.

Dès notre arrivée au bar, je raconte à Lexie mon séjour à Paris où j’ai dû aller authentifier des tableaux qui ont été retrouvés. Puis, lorsque arrive le moment de lui parler de mon retour en avion, je ne dis plus rien.

–Adam, avez-vous l’intention de me parler de la raison de votre changement où dois-je vous tirer les vers du nez ?

–Je ne sais pas comment vous expliquer parce que je ne comprends pas moi-même. Je ne sais par où commencer.

–Commencez par le début.

Je souris à sa réflexion.

–Tout d’abord, promettez que cette discussion ne sortira pas d’ici.

–Vous me faites peur, vous avez tué votre pire ennemi ou quoi ?

–Non ! Promettez !

–Promis. Cette conversation restera entre nous.

–Très bien.

J’inspire un bon coup.

–À mon retour une femme est entrée dans l’avion, je n’arrivais pas à détacher mes yeux d’elle, j’ai attendu qu’elle s’endorme pour m’asseoir à ses côtés, puis je l’ai regardée dormir, elle a fait un cauchemar et s’est réveillée brusquement en larmes, on a parlé de tout et de rien, puis je suis parti de l’avion.

J’ai débité mon récit d’un trait.

–Et c’est tout ?

–Comment ça, et c’est tout ?

–À part le moment où vous ne pouviez pas arrêter de la regarder et quand vous avez pris place dans le siège à côté du sien, il n’y a rien d’exceptionnel. Quel comportement avez-vous adopté à son réveil, avez-vous été charmant avec elle ?

–Euh… oui, je réponds mal à l’aise.

–Adam, ou vous me raconter tout, ou vous vous taisez et je ne vous serai d’aucune aide, me dit-elle d’un air sévère.

Je suis gêné, mais j’ai vraiment besoin d’avoir l’avis d’une femme.

Je veux savoir ce qu’il s’est passé entre Tess et moi, et surtout pourquoi je n’arrête pas de penser à elle !

Et je lui raconte toute l’histoire du début à la fin.

–Waouh ! C’est ce que l’on appelle un coup de foudre, tout simplement.

–Un coup de foudre ?

–Oui, vous avez immédiatement été attiré par cette femme et avez tout fait pour pouvoir lui parler. Avez-vous ressenti un bonheur euphorique ou une sensation bizarre ?

–Oui.

–Avez-vous été déçu lorsque vous avez entamé la discussion avec elle ?

–Non, pas du tout au contraire. J’aurais voulu rester plus longtemps, j’ai même pensé à soudoyer le pilote pour qu’il retarde l’atterrissage.

Nous éclatons de rire.

–En tout cas cette femme vous est très bénéfique à ce que je vois. Vous riez à mes blagues et maintenant vous faites aussi de l’humour.

–À vous entendre, j’ai l’impression d’avoir été un monstre jusqu’ici.

–Non, juste un patron, me répond-elle en souriant.

Je reste silencieux, je suis en train de réaliser qu’à trente-quatre ans, je n’ai jamais vraiment profité de la vie.

–Et maintenant ? Que faisons-nous pour la retrouver ?

–Nous ?

–Oui, nous. Je vais vous aider parce que si vous ne la retrouvez pas, vous allez être infernal.

Je lève les yeux au ciel en souriant.

–J’ai fait appel à Jim pour qu’il retrouve son ami qui vit à Boston, d’ailleurs je vais tout de suite consulter mes mails.

Je sors mon portable, puis je vais sur ma messagerie.

–Comment s’appelle son ami ?

–Nathan Brunel.

Lexie émet un petit cri aigu, je lève mon regard vers elle.

–Qu’est-ce qu’il se passe ?

–Nous avons un Nathan Brunel qui travaille pour Jamesart au service informatique, c’est peut-être lui. Il ne doit pas y en avoir beaucoup à Boston.

Je savais bien que ce nom me disait quelque chose !

–Cela me faciliterait les choses si c’était lui.

J’ouvre le mail de Jim. Il y a l’adresse de Nathan, son numéro de téléphone, le prénom de sa femme, ceux de ses enfants et de ses parents. Il y a également des informations sur la date de son arrivée aux États-Unis, les études qu’il a faites et sur son poste à Jamesart.

–Alors ?

–C’est bien le même Nathan. Que me conseillez-vous ?

–Je connais Nathan, c’est un homme adorable. Vous a-t-elle dit s’ils étaient proches ?

–Oui, elle m’a dit que c’était un ami d’enfance.

–Avez-vous autre chose à faire à New York Adam ?

–Oui, mais rien d’urgent. Pourquoi ?