Toi, lui, l’autre et moi ! - Angélique Auguri - E-Book

Toi, lui, l’autre et moi ! E-Book

Angélique Auguri

0,0

Beschreibung

La vie sentimentale de Gwendoline ne cesse d'être compliquée. Jusqu'au jour où...

Gwendoline va divorcer. C’est certain à présent. Dans cette phase instable, elle peut compter sur ses amies, mais elle a aussi besoin de se rassurer en tant que femme. Alors, quand le hasard, bien qu’un peu provoqué, met sur sa route un ex très particulier, elle retrouve les frissons de ses vingt ans. Mais les choses ne sont pas si simples, et la vie sentimentale de Gwendoline se complique...

Découvrez sans plus attendre une romance contemporaine, au coeur de la vie d'une femme qui nous ressemble tant.

EXTRAIT

Les minutes passent lentement. Je regarde mon portable, 6 h 59, toujours rien. Au tour de Benjamin de ne pas répondre. C’est de bonne guerre. À moins qu’il ne dorme encore.
J’ai l’impression de retrouver la jeune femme que j’étais lorsque nous avions entamé notre relation. Celle qui espère une réponse rapide, mais qui tarde volontairement à répondre pour ne pas paraître accro et disponible. Peut-être qu’il agit simplement de la même manière que moi. La différence la plus notable, excepté cinq kilos en plus sur la balance, quelques ridules et des cheveux blancs masqués par ma couleur auburn, est qu’à présent je suis mère de famille. Mes fils rythment mon quotidien et je trouve cela pesant. J’évite d’y penser et tente d’être une bonne maman. Après tout, Côme et César n’y sont pour rien si Gaëtan et moi divorçons et si, depuis quelques mois déjà, je me sens un peu lasse et fatiguée. Je dois me reprendre en main, mes amies n’arrêtent pas de me le dire, mais je crois que j’ai besoin d’un électrochoc. Ou plutôt de me sentir à nouveau attirante. C’est très probablement pour cette raison que j’ai appelé le seul dentiste de la ville répondant au nom d’Arnaud. J’espérais revoir « mon » Benjamin et c’est chose faite.
Comme chaque matin, je m’occupe des enfants, mais aujourd’hui ils restent plus longtemps devant la télé, car je prends du temps pour moi, pour me préparer. Je veux être à mon avantage, pas comme hier. La fenêtre de la salle de bain est ouverte. Tandis que je me maquille, un courant d’air me surprend. Et me fait replonger dans mes souvenirs.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Depuis l’école primaire, Angélique Auguri a toujours une histoire dans la tête. Face aux montagnes, entourée de ses trois enfants, de son homme et de ses trois poules, elle prend plaisir à créer des univers qui feront voyager ses lecteurs et ses lectrices.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 170

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



1 Se revoir

Dans la salle d’attente, mon cœur s’emballe. Ça doit être à cause de la fraise. Des années que je n’ai pas mis les pieds chez le dentiste, il est donc normal de ressentir une petite appréhension, non ? Je sors mon portable et relis le dernier SMS que j’ai reçu :

Cabinet dentaire : Le docteur Arnaud vous confirme votre rendez-vous de ce jour à 11 heures. Merci de ne pas répondre à ce message. Bonne journée.

Le docteur Arnaud. Il doit y en avoir des dizaines, peut-être même des centaines, donc aucune raison de s’angoisser. Mais quand même, le doute subsiste. Sur la porte du cabinet, il est précisé : « Docteur B. Arnaud ». Ça réduit forcément les probabilités.

Il est inutile de se torturer l’esprit de la sorte. Lui, pas lui. Peu importe ! J’ai une rage de dents et l’essentiel est qu’on me soigne.

— Mme Bourgeois ! lance une voix féminine en entrant dans la salle d’attente.

Je me lève et suis l’assistante du docteur B. Arnaud jusque dans la salle où m’attend le dentiste.

Mes mains sont moites, c’est gênant. Je me demande si on doit serrer la main à son dentiste. Comment savoir ? La dernière fois que j’en ai vu un, je devais avoir quinze ans. Si seulement j’avais accompagné les jumeaux à leur bilan bucco-dentaire gracieusement offert par la Sécu pour leurs six ans…

L’assistante me précède et ouvre la porte sur une salle vide.

— Installez-vous, le docteur arrive.

Quelques minutes d’attente, encore. Mais bon sang, pourquoi ai-je pris le premier dentiste que j’ai trouvé dans les pages jaunes ? Aurais-je volontairement cherché à le revoir ? Après tout, je suis en instance de divorce et les hommes autour de moi se limitent à mon futur ex-mari, mes fils, mon père et mon voisin de palier qui assure la maintenance de l’appartement maintenant que Gaëtan a quitté le domicile familial.

B. Arnaud, Benjamin Arnaud, mon...

— Bonjour, madame, excusez-moi pour le retard.

Je tourne la tête et le reconnais immédiatement. Mon cœur tape si fort que je suis persuadée qu’il l’entend lui aussi. Nos regards se croisent, mais rien, il ne m’adresse qu’un sourire poli en me demandant de bien vouloir m’installer dans le fauteuil. Je n’en reviens pas, il m’a oubliée. Je ferme les yeux et les laisse, lui et son assistante, s’occuper de ma dent numéro quarante-six. Finalement, c’est une bonne chose qu’il ne me reconnaisse pas, je ne suis même pas maquillée et j’ai mal dormi.

Le dentiste m’explique que j’ai un vieux truc qui commence à dater et qu’il faut le reprendre en faisant un autre truc plus moderne. D’accord, ce ne sont pas exactement les mots qu’il emploie, mais ma tête est ailleurs. Exit les termes techniques, mon esprit est parti presque deux décennies plus tôt, lors de notre première rencontre.

Il était attablé avec une dizaine de copains. Ils avaient presque fini de manger lorsque nous sommes entrées dans le resto bondé. Impossible de ne pas nous remarquer, nous étions déguisées et bruyantes. C’était l’enterrement de vie de jeune fille de ma cousine. Un pari lancé et j’ai fini à la table de Benjamin. Un peu saoule, je l’ai aguiché. Quand il m’a donné le numéro de son portable, sur un morceau de serviette en papier, je me suis fait la promesse de le jeter dès mon retour à la maison.

Je n’en ai rien fait, et pourtant jamais je ne me résolus à le contacter.

— On s’ennuierait presque, n’est-ce pas ?

Je tente alors d’émettre un son avec ma gorge. Impossible. Mais pourquoi donc éprouve-t-il le besoin de faire la causette alors que je suis coincée la bouche grande ouverte ?

— Cette anesthésie par stylo électronique apporte beaucoup de confort, ajoute-t-il. J’aimerais lui dire de se taire, mais je ne peux pas. Je ferme les yeux et me rappelle notre première nuit.

J’avais fait mon sac, tout était vide dans le studio que je délaissais le temps des vacances pour retourner chez mes parents. Mais avant le départ, une dernière soirée, où Benjamin se rendrait lui aussi. Dès mon arrivée à la fête, on a beaucoup discuté, ensuite c’est avec Marc que j’ai flirté. Il m’a proposé d’aller chez lui et j’ai dit non. J’ai préféré rentrer avec Benjamin dans sa chambre d’étudiant. Parce que je le trouvais sexy, sympa et qu’à ses côtés je me sentais hyper à l’aise. Dans sa piaule, il n’y avait qu’un bureau, une armoire et un lit une place sur lequel nous nous sommes assis pour refaire le monde. À 4 heures du matin, je l’ai accompagné dehors, sous un chêne centenaire. Il a roulé un joint que j’ai refusé de toucher, dans un premier temps. Finalement, j’ai un peu fumé, et lui ai confié ne pas vouloir prendre la route jusqu’à chez mes vieux après ça. J’ai ajouté que j’allais devoir finir la nuit dans ma voiture. Gentleman, Benjamin m’a proposé de dormir chez lui. De retour dans la chambre, nous n’avons pas fermé l’œil. À peine entrés dans la pièce on s’est embrassés. Un baiser fougueux. Le baiser où chacun confirme son désir. Le baiser qui donne des frissons. Il a glissé la main sous mon haut, je lui ai défait sa ceinture. À la hâte, il a pris la couette, l’a jetée par terre et a enlevé ses vêtements tandis que je faisais de même. Une fois nus, il m’a embrassée langoureusement tout en m’entraînant au sol avec lui. Ses mains me caressaient la poitrine, je me laissais faire, je n’étais que désir et envie.

Il a cessé son étreinte pour se lever, complètement à poil, me laissant admirer son sexe en érection. Il n’était vraiment pas pudique. Il faut dire qu’il aurait eu tort de se cacher. Il a pris un préservatif, dans le premier tiroir du bureau, l’a déroulé sur sa verge et il est revenu s’allonger. Tandis qu’il glissait en moi, mes mains frôlèrent son torse imberbe. Il intensifia le mouvement d’aller-retour, je laissai échapper un cri de plaisir. Tout était si intense et...

— C’est bon pour aujourd’hui, mon assistante va vous donner de quoi vous rincer.

Je refais doucement surface, mon entrejambe est mouillé. Je regarde le docteur Arnaud enlever son masque et s’installer à son bureau. Il est toujours aussi sexy. Je le suis beaucoup moins, en train de cracher dans le minuscule lavabo. L’assistante me conduit dans la salle d’attente en m’expliquant que pour l’heure, le dentiste a paré au plus urgent et qu’il faut voir avec la secrétaire pour une nouvelle consultation.

Tandis que je poireaute pour payer et fixer la date du prochain rendez-vous, le dentiste vient me saluer.

— Je ne vous ai pas dit au revoir, Mme Bourgeois, veuillez m’excuser, dit-il en me serrant la main et en repartant aussi vite qu’il était arrivé.

Quelque chose, il m’a donné quelque chose. J’ouvre la main et découvre un morceau de serviette en papier avec quelques mots griffonnés dessus : « Ravi de t’avoir vue, Gwen » et au-dessous son numéro de portable ! Incroyable. Je suis sur un petit nuage tandis que la secrétaire me demande si je suis plutôt disponible le matin ou l’après-midi. Mes gestes, tout comme mes réponses, sont automatiques : convenir d’une date, donner ma Carte Vitale, payer, dire au revoir et retourner à la voiture.

Alors il m’a reconnue, malgré mon changement de nom. De Gwendoline Dabrose je suis devenue Gwendoline Bourgeois en épousant maître Gaëtan Bourgeois il y a un peu plus de douze ans à présent. Mais d’ici quelques mois je retrouverai mon nom de jeune fille.

Je passe le reste de la journée à la maison. C’est avec plaisir et un entrain inhabituel que j’enchaîne ménage et repassage. Le petit mot de Benjamin me fait vraiment un effet dingue. Il m’a donné son numéro perso, qu’attend-il ?

À 16 heures, je file chercher les jumeaux à la sortie de l’école. Je n’aime pas ça. Habituellement, ils vont à la garderie, mais étant donné que je suis en congé aujourd’hui je veux leur faire une surprise. Rien n’a changé par rapport à l’époque où je ne travaillais pas et où je venais chaque jour à 16 h 30 chercher ma progéniture. Il y a toujours le gang des mamans en poussette, le lot de grands-parents et un ou deux papas qui font l’admiration des mères de famille qui, tout en saluant l’engagement de ces pères dans la vie de leurs enfants, en profitent pour mater leurs fesses. Car il faut le reconnaître, ce ne sont pas les plus moches, ces pères modèles.

Une sonnerie. Une nuée d’enfants s’échappent de la cour en criant. À eux la liberté, et pour nous, pauvres parents, le début de la galère du soir : goûter, devoir, douche, repas, histoire... Je suis un peu dure de penser ça, après tout j’ai de la chance d’avoir Côme et César à mes côtés, mais il faut quand même bien l’avouer, c’est du boulot ces mômes !

Les garçons, heureux de cette surprise, me sautent dans les bras, renversant mon sac. De retour à la maison, et pendant que mes fils s’empiffrent de tartines au Nutella, je sors mon portable. Je meurs d’envie d’envoyer un SMS à Benjamin, mais j’hésite. Que lui dire ? Je ferais mieux d’attendre ce soir que les enfants soient couchés, je serai plus tranquille. Mais l’envie est trop forte.

Gwen : Ravie de t’avoir revu également, dans d’autres conditions ça aurait peut-être été mieux. Un café, ça te dit ?

Je doute, c’est peut-être un peu trop direct.

— Maman ! Y a plus de pain, hurlent mes fils en chœur.

Fin de la tranquillité. Je quitte ma chambre et rejoins César et Côme dans la cuisine. Ce soir, je n’ai pas vraiment l’esprit aux devoirs. C’est la tête dans le passé que je fais réviser leur dictée aux jumeaux. Je me rappelle comment Benjamin et moi en étions arrivés à cette relation atypique.

Cette nuit-là, on a refait l’amour, trois fois. Et les trois fois, j’ai pris mon pied. Benjamin était un doux mélange de délicatesse et de virilité. Nous ne nous connaissions pas et pourtant, au lit, nous étions fusionnels.

Au petit matin, je suis partie rejoindre mes parents pour les vacances. Nous ne nous sommes fait aucune promesse. Ça m’allait bien, car je n’avais aucune envie de me prendre la tête, même si au fond de moi, j’espérais que Benjamin ne rencontrerait personne en mon absence.

— Maman, dis quelque chose, César copie sur moi, lance Côme.

Je n’en peux plus des garçons et en même temps je culpabilise de ne pas avoir l’esprit libre pour m’occuper d’eux ce soir. Je dois passer à autre chose. J’attrape mon portable, le brouillon du SMS pour Benjamin est toujours là, j’appuie sur envoyer, voilà c’est fait. Mais rien ne se passe. Évidemment, puisque je n’ai pas saisi le numéro du destinataire. Je retourne donc dans ma chambre chercher la serviette enfouie dans mon sac, mais impossible de la retrouver !

— Les garçons, vous avez vu un papier avec un numéro de téléphone ?

Aucune réponse. J’enrage et renverse tout sur le lit : paquets de mouchoirs, rouge à lèvres, portefeuille, je regarde même entre chaque page du chéquier, mais rien. Ce n’est pas possible, comment cette serviette a-t-elle pu disparaître ? Soudain, je me revois à la sortie de l’école, les jumeaux et mon sac renversé. Et merde, à tous les coups le papier est tombé à ce moment-là. Outre la colère d’avoir perdu les coordonnées, je panique à l’idée que quelqu’un puisse trouver la serviette avec mon prénom dessus et ce numéro.

— Papa !

Je pousse un soupir, sors de la chambre et me retrouve nez à nez avec Gaëtan dans le couloir. Il ne manquait plus que lui pour finir de gâcher ma soirée.

— Un de mes clients s’est décommandé, je suis libre ce soir. Ça vous dit qu’on aille manger une pizza tous les quatre ?

Côme et César sont ravis, moi beaucoup moins.

— Il y a école demain et tu pourrais quand même prévenir avant de passer. D’ailleurs, il faudra que tu penses à me rendre ton trousseau de clés, dis-je.

Mon futur ex-mari me fait remarquer qu’il est encore chez lui et que nous verrons tout ça une fois le divorce prononcé.

— Je suppose que tu n’as pas envie de nous accompagner ?

— Non, pas vraiment.

— Alors ça sera une sortie entre mecs, dit-il en quittant l’appartement avec les garçons.

Me voilà seule, tout le temps pour contacter Benjamin, si seulement je n’avais pas perdu cette serviette en papier... Je range les affaires des jumeaux, restées sur la table comme toujours, me prépare une omelette et fais couler l’eau dans la baignoire. Autant profiter d’être seule. Je dîne rapidement et me plonge ensuite dans l’eau chaude et parfumée de mon bain.

Pendant les vacances, je n’ai pas cessé de penser à lui. Nous n’avons échangé aucun message ni aucun appel. Je me refusai à faire le premier pas. Dès mon retour, j’appréhendai de le revoir. Il m’adressa un message la veille de la rentrée.

Benjamin : T’es de retour pour les cours ? Tu dors déjà ?

Je lui ai répondu qu’en effet j’étais chez moi, mais pas encore couchée.

Benjamin : J’arrive.

Je me suis précipitée dans la salle de bain, pour vérifier mon épilation et me mettre un peu de blush sur les joues, histoire d’avoir bonne mine. À peine le temps de troquer mon pyjama pour un jeans et un chemisier qu’il était là.

Il entra, me prit la main et m’embrassa. Un baiser tendre et sensuel. Mais un baiser qui en appelait des dizaines d’autres, de plus en plus langoureux. Je devinais l’excitation chez Benjamin et voulais aller plus loin, sans attendre. Je lui ai ôté son t-shirt, il a déboutonné ma chemise, puis je lui ai baissé son pantalon, et j’ai glissé ma main dans son boxer pour caresser son sexe déjà tendu.

Impossible de continuer à rêver de lui, la porte d’entrée vient de s’ouvrir. Mon quotidien reprend le dessus, il est l’heure de coucher les enfants. Après leur avoir lu une énième histoire, je peux enfin retrouver mon lit. Depuis la séparation d’avec Gaëtan, les garçons ont du mal à s’endormir. J’espère que cela s’arrangera, à l’occasion il faudra que j’en parle avec Johanna, une amie, jeune maman divorcée.

Une dernière tâche, la lessive, et au lit. Il est presque 23 heures. Avant de le mettre dans le lave-linge, je vérifie les poches de mon pantalon et découvre dans l’une d’elles la serviette en papier. Celle avec le numéro de Benjamin. C’est inespéré. Je saisis mon portable et tape, enfin, le numéro du destinataire. J’appuie sur envoyer sans réfléchir à l’heure qu’il est. Après coup, je regrette. Peut-être aurais-je dû attendre demain? Mais la sonnerie de mon téléphone me fait vite oublier mes hésitations.

Benjamin : Un peu tard pour un café, non ?

En effet ! Quelle cruche. Je tape à la hâte.

Gwen : Oui :-) Demain ?

Rien, aucune réponse. Les minutes défilent sur le radio-réveil. J’éteins mon portable et le rallume. Peut-être qu’il fonctionne mal. Je me sens comme une midinette. Un peu honteuse, je préfère me coucher. À peine la lumière éteinte, mon téléphone vibre.

Benjamin : 9 heures, au Café des Arts ?

Le Café des Arts, je ne suis pas certaine de savoir où c’est. Je regarde sur Internet et constate qu’il se trouve dans la rue voisine du cabinet dentaire. Plutôt bon signe, au moins il ne se cache pas pour me revoir. Mais fâchée par l’attente, je décide de ne pas lui répondre. Je verrai ça demain matin.

Cette nuit, je rêve de lui, Benjamin. Je ne me souviens plus vraiment comment nous sommes devenus des sex-friends. Un peu par hasard. Sûrement parce que l’on s’entendait très bien, au lit et ailleurs. Nous étions complices et n’avions pas voulu gâcher cette relation par d’éventuels sentiments. Et aujourd’hui ? J’attends quoi de lui ?

2 Passé, présent, futur

6 h 50, tandis que je bois mon café, je lui adresse enfin un SMS.

Gwen : OK pour moi.

Les minutes passent lentement. Je regarde mon portable, 6 h 59, toujours rien. Au tour de Benjamin de ne pas répondre. C’est de bonne guerre. À moins qu’il ne dorme encore.

J’ai l’impression de retrouver la jeune femme que j’étais lorsque nous avions entamé notre relation. Celle qui espère une réponse rapide, mais qui tarde volontairement à répondre pour ne pas paraître accro et disponible. Peut-être qu’il agit simplement de la même manière que moi. La différence la plus notable, excepté cinq kilos en plus sur la balance, quelques ridules et des cheveux blancs masqués par ma couleur auburn, est qu’à présent je suis mère de famille. Mes fils rythment mon quotidien et je trouve cela pesant. J’évite d’y penser et tente d’être une bonne maman. Après tout, Côme et César n’y sont pour rien si Gaëtan et moi divorçons et si, depuis quelques mois déjà, je me sens un peu lasse et fatiguée. Je dois me reprendre en main, mes amies n’arrêtent pas de me le dire, mais je crois que j’ai besoin d’un électrochoc. Ou plutôt de me sentir à nouveau attirante. C’est très probablement pour cette raison que j’ai appelé le seul dentiste de la ville répondant au nom d’Arnaud. J’espérais revoir « mon » Benjamin et c’est chose faite.

Comme chaque matin, je m’occupe des enfants, mais aujourd’hui ils restent plus longtemps devant la télé, car je prends du temps pour moi, pour me préparer. Je veux être à mon avantage, pas comme hier. La fenêtre de la salle de bain est ouverte. Tandis que je me maquille, un courant d’air me surprend. Et me fait replonger dans mes souvenirs.

Il est revenu le lendemain, avec un pack de Desperados. J’affectionnais cette bière à la tequila, lui aussi. Encore un point commun. On ne s’est pas embrassés, ni sur la bouche ni sur la joue. Rien. Juste des potes. Nous avons parlé de notre enfance, de notre adolescence et de notre toute première fois.

À minuit, il m’a demandé s’il pouvait dormir chez moi. J’ai accepté et tandis que je dépliais le clic-clac, Benjamin a pris une douche. Il est sorti en boxer de la salle de bain, me laissant admirer son torse si parfait. Musclé juste comme il faut. Il était à l’aise et m’a affirmé qu’il était plus simple de partager le même lit.

— Inutile de te prendre la tête avec le canapé et des draps, avait-il ajouté.

Dans le lit, on a de nouveau discuté. Je me suis confiée comme une gamine de douze ans qui aurait dormi pour la première fois chez une copine. De simples amis. On a fini par s’endormir, sans se toucher. Au petit matin, sans faire de bruit, il a préparé du café avant de partir, c’est le courant d’air provoqué par l’ouverture de la porte d’entrée qui m’a réveillée.

8 h 30, je dépose César et Côme à l’école et alors que j’enclenche la première, la maman de Justine tape à la vitre de ma voiture. Une seconde de plus et j’aurais pu la renverser. Que peut-elle donc avoir de si urgent à me dire ?

— Bonjour, Mme Bourgeois, je vous dérange ?

J’aimerais lui dire que oui, mais je me ravise.

— Non, pas de problème.

— Je voulais voir avec vous pour la vente de gâteaux organisée la semaine prochaine. Vous n’avez pas retourné le petit coupon. Je sais que votre situation familiale n’est pas simple, mais l’Association des Parents d’Élèves compte sur vous.

Si seulement elle savait ce que j’en pense, de cette vente et de cette association, mais la politesse m’en empêche. Après avoir confirmé que je ferai bien un gâteau et que je serai bien présente pour tenir le stand, je peux enfin me rendre à mon rendez-vous. En espérant que Benjamin n’ait pas changé d’avis, je n’ai toujours pas eu de réponse...

Je le découvre, assis près de la fenêtre, un café devant lui. Mon cœur s’emballe. Je tente en vain de me calmer. Ce n’est qu’un ex. Et même pas un ex-petit ami. Non, c’est mon ex-pote de lit comme nous aimions à nous appeler. Le souffle court, je m’approche de Benjamin et le salue.

Il se lève pour me faire la bise. Il a le même parfum. Toujours aussi masculin. Toujours aussi sensuel. Jamais je ne pourrais oublier cette odeur.

— Je suis content de te revoir, dit-il en portant la tasse à ses lèvres.