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Il s'agit ici de la Trilogie des aventures d'Elsa. LES AMIS - Elsa 2035 - Elsa, jeune chercheuse, est investie par l'Etat pour accomplir des missions « interplanétaires » en 2035, classées « secret-défense ». Parviendra-t-elle, et son équipe, à sauver la planète d'une attaque inconnue et dangereuse qui menace la Terre entière et ses habitants ? Des péripéties à rebondissements dans un contexte à la fois scientifique et sentimental, non dénuées d'humour. En conclusion, ce livre tourné vers un futur proche, 2035, interroge aussi sur la condition humaine, l'Homme est-il capable d'aller vers la Paix ? RETOUR SUR LE FUTUR - Elsa 2035 - Elsa et ses amis partent pour une nouvelle mission d'Etat « secret-défense », mais cette fois-ci, dans les tourbières d'Irlande du Nord, classées « réserves naturelles protégées ». Quelques personnes sont décédées dans ce secteur, piquées par des insectes apparemment dangereux. Dans cette situation inédite, la population, inquiète, exigera-t-elle un retour à l'utilisation des pesticides afin d'éradiquer ces insectes tueurs ? Mais ces animaux volants, sont-ils réels ou bien issus d'une technologie de pointe et manipulés par des personnes mal intentionnées et dans ce cas, pourquoi ? L'équipe réussira-t-elle sa mission, élucider l'énigme avec des moyens de haute technologie à leur disposition, mais aussi, avec l'aide de Norbert, le chat futé d'Elsa, bien réel lui, et de Jojo, le faucon pèlerin de Midori ? VICHY - Elsa 2035 - Quelle est donc cette nouvelle mission mystérieuse que doit accomplir Elsa à Vichy ? Pour le savoir, elle doit se rendre au Palais des Parcs en costume d'époque Napoléon III, équipé bien entendu de certains accessoires hautement technologiques d'avant-garde. Réussira-t-elle à déjouer, avec ses amis et la complicité de son chat, des projets concoctés dans l'ombre, oh combien néfastes pour l'environnement, par certaines personnes et validés par des élus locaux ? Rose et Carl Landepirol.
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Seitenzahl: 344
Veröffentlichungsjahr: 2024
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I - Les amis d’Elsa 2035
CHAPITRE I
ELSA ET LA CAPSULE SOLAIRE 2035
CHAPITRE II
LA VIE DANS LA STATION SPATIALE
CHAPITRE III
LA RECHERCHE DE L’OBJET
CHAPITRE IV
LA COUPOLE
CHAPITRE V
LA POURSUITE DE LA MOTO VOLANTE
CHAPITRE VI
UN ÉLÉPHANTEAU VOLANT
CHAPITRE VII
LE TROU NOIR
CHAPITRE VIII
LA BOULE DE FEU
CHAPITRE IX
LA SPHÈRE DES FIXES
CHAPITRE X
RETOUR DANS LA STATION SPATIALE
CHAPITRE XI
LE VENT SOLAIRE
CHAPITRE XII
LES VOLCANS
CHAPITRE XIII
LA NOUVELLE ÎLE
CHAPITRE XIV
RETOUR A LA MAISON
CHAPITRE XV
UNE VISITE INATTENDUE
II - Retour sur le Futur Elsa 2035
CHAPITRE I
AUX ORIGINES
CHAPITRE II
LE DÉPART
CHAPITRE III
LA DROSÉRA
CHAPITRE IV
LE CERF VOLANT
CHAPITRE V
LES TOURBIÈRES
CHAPITRE VI
L’HÔTEL DU GOLF
CHAPITRE VII
L’ARAIGNÉE
CHAPITRE VIII
LE CHANT DE LA CORNEMUSE
CHAPITRE IX
LE FAUCON PÈLERIN
CHAPITRE X
LA POURSUITE
CHAPITRE XI
LE MONDE DES ÉTATS.
CHAPITRE XII
RETOUR AUX MUREAUX
VICHY Elsa 2035
CHAPITRE I
29 MARS 2016 VICHY
CHAPITRE II
29 MARS 2034 BELLEVUE ELSA ET LOUISETTE.
CHAPITRE III
SEPTEMBRE 2035 VICHY LA MODE NAPOLÉON III
CHAPITRE IV
CHAPITRE IV
CHAPITRE V
LA FUITE.
CHAPITRE VI
MIDORI – et NORBERT le chat. CHARMEIL – Aérodrome.
CHAPITRE VII
LES MANOEUVRES DU PATRON DES B.T.P.
CHAPITRE VIII
BELLEVUE.
CHAPITRE IX
L’ASTROPHYSICIEN.
CHAPITRE X
NOVEMBRE 2035. VICHY. SOIRÉE à L’OPÉRA.
LES AMIS - Elsa 2035 -
Ecrit en 2020, les risques de guerre sont envisagés dans ce roman, entre la Russie, l’Europe, la Chine et le Japon.
Cet essai philosophique interroge sur la condition humaine.
L’Homme est-il capable d’aller vers la Paix ?
RETOUR SUR LE FUTUR - Elsa 2035 -
Ecrit en 2020, ce livre, essai philosophique pose la question de la liberté d’action de chaque individu pour construire un monde meilleur et du rôle des gouvernements pour maintenir la démocratie.
Il évoque les risques climatiques encourus.
Est-il possible de mettre en œuvre la vertu ?
VICHY - Elsa 2035 -
Vichy Elsa 2035 aborde les projets territoriaux et les décisions prises par les élus en dépit des technologies et des enjeux environnementaux.
Cet essai, pose la question de la vue à court terme des projets conçus par les élus en fonction des mandats et la non prise en compte du vivant, qui lui exige une vision à long terme.
Est-il possible de continuer de faire des projections uniquement par des corrélations ou ne serait-il pas pertinent d’incorporer le questionnement de la recherche afin de mettre en place un avenir durable et désirable ?
L’anticipation est mise en questionnement.
Lucette Terrenoire, artiste, essayiste.
Bellevue, le 18 juillet 2035
La jeune chercheuse, Elsa, regarde autour d’elle. Elle en a ainsi décidé. Sa valise, très mince, est prête pour un long voyage, cependant sa maison semble, par le désordre qui y règne, avoir vocation à ce que des personnes y soient présentes.
Elsa est une jeune femme brune, cheveux courts, petite et frêle.
Dans la cuisine trônent sur la table, théière et tasses prêtes à être utilisées. La vaisselle sèche dans l’égouttoir près de l’évier en céramique beige. Sur le dossier d’une chaise, est nonchalamment posée une étole en soie blanche.
Par une porte entre-ouverte on peut apercevoir l’intérieur de la chambre. Ici règne une ambiance étudiante : des documents répandus sur le sol, des livres étalés sur le bureau, des feuilles éparpillées, des stylos de couleur ainsi que des objets hétéroclites, comprenant de l’informatique, des robots, des maquettes de satellites et de fusées. Quelques objets traînent sur le lit, pinces, éprouvettes, piles solaires…
Elsa aperçoit son petit robot, Zorba le Grec, elle l’appelle ainsi. En effet lorsqu’il se déplace à la verticale, à l’horizontale, ou sur un plafond, on a toujours l’impression qu’il danse. Zorba à quatre pattes souples possédant quatre ventouses ; cellesci lui permettent de se tenir collé sur les surfaces lisses. Deux pattes avancent et deux pattes adhèrent à la surface, l’empêchant ainsi de tomber. Cela ressemble à cette danse grecque.
Elsa passe doucement sa main sur le corps du robot qui ressemble à une sauterelle. Alors Zorba s’étire et se met doucement en mouvement, comme un animal heureux que l’on s’intéresse à lui. Il a compris le signal que sa maîtresse vient de lui envoyer. Elle va partir et il devra surveiller la maison en son absence. Pas de soucis, il connaît chaque recoin et sait se cacher si nécessaire. Il peut également transmettre des signaux lumineux, fermer ou ouvrir des portes, des fenêtres et faire peur à tout intrus.
Zorba se déplace et commence à grimper sur le mur de la chambre avec une grande dextérité, puis il arrive sous le plafond. Satisfait de sa position, il allume une petite étoile pour dire :« je suis prêt, tu peux partir tranquille. »
Elsa, jeta un rapide coup d’œil dans le salon. Cette fois, elle en est sûre ; le départ est pour aujourd’hui. En effet, elle vérifie la carte qui se trouve affichée sur un mur. Elle a annoté soigneusement tous les points qui lui semblent importants :
Les différents mouvements des plaques tectoniques, les différents courants marins, le déplacement des nuages, des vents et les conséquences météorologiques ; elle a noté en une autre couleur les différentes ondes transmises par les satellites.
Aucun doute. Il lui faut partir pour la station spatiale puis effectuer une opération d’envergure afin de protéger les pays des prochains séismes.
Après avoir mis une combinaison en maille fine qui lui couvre le corps, elle enfile rapidement une robe de voile blanche qui tournoie autour d’elle comme les ailes d’un hélicoptère. Il s’agit d’une voile solaire. Cette technologie très légère lui permet de voyager dans l’espace lorsqu’elle est en orbite.
Elle soulève sa mince valise et l’installe comme un gilet de sauvetage, sur ses épaules.
Elle grimpe rapidement l’escalier en carbone qui l’amène sous le toit de sa maison, dans une salle ronde, recouverte de pierres couleur saumon en forme de roses des sables. Ce matériel peut supporter de fortes chaleurs. Elsa s’installe sur la petite base ronde de lancement, près de la capsule. Elle appuie sur la commande d’ouverture du sas ; La vitre transparente se déplace lentement et permet l’accès à l’azur étoilé. La nuit est belle, profonde.
Sa capsule est deux fois plus grande qu’Elsa ; elle est installée sur un pas de tir. Elsa appuie sur la commande pour extraire la capsule de la maison. Ainsi, le pas de tir et la capsule se retrouvent sur le toit et le sas se referme hermétiquement, permettant le départ.
La toiture est recouverte de carborundum, matière rosée très dure, supportant la forte chaleur qui va se dégager sur les cents premiers kilomètres à parcourir.
La capsule hyperlégère, à peine plus épaisse qu’Elsa, contient deux étages. Le premier se dégradera après le passage des cents kilomètres permettant au second de s’allumer et ainsi d’aller se positionner en orbite.
Au moment, où le second étage se détachera et se dégradera, Zorba ouvrira le sas pour recevoir les matériaux du premier étage et du deuxième étage dégradés ; ceux-ci retomberont dans la base de lancement en se reconstituant à l’identique, dès leur arrivée. Ils auront gardé leur mémoire de forme, après s’être mis en plusieurs parties pour revenir à terre. Ainsi, la dégradation temporaire, ne laissera aucun déchet. Les lanceurs seront, à nouveau, fonctionnels.
En quelques secondes Elsa monte dans sa capsule solaire. Elle connaît la procédure pour l’avoir réalisée maintes fois. La capsule décolle à la verticale au-dessus de la ville endormie et s’éloigne dans le ciel bleuté ; en raison de sa nouvelle constitution, tels les avions furtifs, la capsule est invisible pour toute personne qui se serait hasardée à regarder les étoiles dans la nuit. Derrière elle, la base reprend sa place à l’intérieur, sous la toiture et la vitre en verre transparente se referme.
La capsule se déplace à la vitesse de 28 000 kilomètres par heure, vitesse nécessaire à toute fusée pour s’extraire de l’atmosphère terrestre. Un système par aimants, des spins, lui permet de s’arracher de l’attraction terrestre par répulsion et de passer rapidement dans un mode d’apesanteur propice à accentuer la vitesse, sans pour autant avoir les variations fortes dans la cabine.
La combinaison en maille fine protège Elsa des risques de brûlures engendrées par les radiations solaires et cosmiques, ainsi que de la poussière de régolithe. Cette nouvelle maille constituée de graphite, de toiles d’araignée, de plumes et d’un métamatériau est très fine, facile à porter. Cette tenue, qui lui colle à la peau, laisse celle-ci transpirer et elle peut respirer par ses narines et sa bouche comme si de rien n’était. Sa vue, non plus, n’est pas troublée par ce film, quasi invisible, par son revêtement en trois dimensions avec ces motifs complexes qui tordent la lumière. De plus, une caméra performante, simple, dotée de cellules photo-détectrices flexibles, lui assure une vision panoramique.
Avec une rapidité extrême, elle aperçoit la station spatiale ; elle place la capsule en orbite afin de se maintenir à petite distance, tout en gardant la même trajectoire.1
Soulevant la coiffe, qui lui sert de casque, elle sort de la capsule et s’élance vers la station. Sa robe en voile solaire lui permet d’approcher lentement la station. Sa valise en forme de gilet de sauvetage comporte un émetteur radio afin d’entrer rapidement en contact avec le personnel de la station. Enfin, un propulseur de direction, placé sur ses mollets, facilite son déplacement et elle peut atteindre facilement le sas d’entrée de la station. Sa première mission est réalisée sans soucis, grâce aux nombreux entraînements qu’elle a effectués de façon régulière depuis plus d’un an. A l’intérieur ses amis-es spationautes l’attendent.
Elle pose délicatement ses pieds sur le sol d’entrée. Elle porte des chaussures de nacre aimantées.
Dans la station, un sol, lui-même aimanté par mouvement rotatif, permet aux spationautes de marcher, avec pour effet de reproduire l’attraction terrestre. Les efforts pour marcher induisent un équilibre physique et les muscles continuent de fonctionner normalement, ce qui n’était pas le cas en apesanteur.
Voici Charlie qui s’avance en premier pour l’accueillir, suivi par Otneil, Midori et Fred.
Yvan venait de repartir avec son fidèle rougequeue « Pitit » ; Il avait fini sa mission. « Dommage » pense Elsa, elle aurait préféré faire cette nouvelle mission en sa compagnie et avec « Pitit », celui-ci aurait été sans doute d’une grande aide. Janös était aussi absent. Il venait d’être papa d’un beau garçon, et pour cette raison restait quelques temps auprès de sa femme.
Chacun s’installe autour des bureaux. Elsa allait leur expliquer sa mission.
« Des risques de séismes ont été envisagés. » ditelle. « Or ces séismes ne semblent pas correspondre aux zones de danger habituelles. Ici, il est envisagé que ces séismes pourraient venir d’une installation stellaire qui provoquerait des modifications dans les interactions lunaires ; ces modifications menaceraient ainsi de nombreuses villes très peuplées. Nous devons envisager un acte de destruction massive. Il s’agit donc de vérifier, dans l’espace, les anomalies lumineuses. »
Tous avaient écouté avec attention le message d’Elsa. Il savait combien la jeune femme avait mené de missions et combien celle dont elle venait de parler était dangereuse.
Non seulement, il y avait un danger avec les séismes, mais en plus, il s’agissait peut-être d’une action volontaire mise en place par des pays malveillants. Si c’était le cas, le risque était le déclenchement d’une guerre. Et cela, personne ne le voulait, surtout dans la station où tous se connaissaient depuis des années et appartenaient à des pays différents. Pas question pour eux de rompre leur amitié construite depuis longtemps et encore moins pour les fantaisies d’un chef de gouvernement, qui se voudrait le maître du monde. Non, leur amitié ne faillirait pas et ils réussiront cette mission ensemble.
La politique les ennuyait profondément et les sautes d’humeurs des chefs de chaque pays également.
Comme dans les Mousquetaires d’Alexandre Dumas, ils dirent spontanément :
« Un pour tous et tous pour un »
Il est nécessaire de réfléchir vite.
Otneil avec un grand sourire qui contient le soleil de son pays d’Afrique, confiant dans la réussite de la mission, demande à Elsa :
« Quels sont les éléments dont tu disposes ?
- Nous devons réfléchir dans l’espace-temps, répondit Elsa ; c’est à dire que nous ne savons pas si l’action a été réalisée en ce moment ou antérieurement, ou si cela est un projet en construction.
En conséquence nous devons tenir compte des années lumières qui peuvent nous séparer des objets et qui influencent ces risques de séismes. Pour l’instant nous ne savons pas où se trouvent les objets, nous ne savons pas s’il y en a plusieurs, ou s’il n’y en a qu’un seul. »
Elsa s’arrête un instant. Midori plongée dans une profonde réflexion, comme seules les Japonaises ont le mystère, regarde Elsa en soulevant gracieusement ses deux mains comme pour recevoir un cadeau, et lui dit :
« Tu es chargée d’une mission, donc il y a bien des éléments pour cela. »
Elsa reprit :
« Oui, nous sommes certains que cela ne peut pas venir d’un phénomène naturel. C’est une action volontaire. Nous avons reçu des signaux qui ne font aucun doute ; ces signaux n’ont rien de classique ; ils nous alertent sur les dangers. »
1Une majorité des innovations sont réelles. Quelques-unes sont fictives, telles que la combinaison, la moto volante.
Charlie, un homme élancé, les cheveux plats de couleur châtain et aux yeux noisette, domine tous les autres ; c’est le chef de groupe. Charlie paisible, sérieux, sait faire appel à toutes les qualités de son équipe. Son visage mince comporte des sourcils épais qui semblent protéger ses yeux de la lumière. Son nez est fin et ses lèvres restent sans tristesse, ni sourire. Il semble toujours plongé dans une profonde réflexion et être prêt pour agir. Parfois son regard est tellement expressif, qu’il semble parler sans prononcer un seul mot. Toute l’équipe le respecte.
Ce jour-là, il a sur lui sa tenue beige qui lui colle au corps. Elle a été créée aux U.S.A., par les meilleurs couturiers de plusieurs pays. Cette tenue répond à plusieurs critères : souple et très protectrice, résistante aux coupures et aux différences de température.
Il réfléchit rapidement et propose de recenser leur matériel :
« Nous allons mettre en place un poste de surveillance à l’intérieur de la station, dit-il, puis suivant les signaux émis nous calculerons les distances et les lieux potentiels.
- Je ferai partie de l’équipe de surveillance, dit Fred. En effet, je viens d’arriver et je ne suis pas fatigué, je peux donc consacrer du temps pour faire les calculs, peut-être. »
Fred est le français de l’équipe. Un peu trapu, toujours aimable, un peu rêveur, ses cheveux bruns coupés à la Jeanne d’Arc, avec une raie au milieu, des yeux bleus transparents sous des sourcils épais, longs, qui s’alignent comme un grand trait sur son front, le nez retroussé, comme pour mieux respirer. C’est un fort en mathématiques, en informatique et en physique.
Il a toujours avec lui une araignée, copie d’une de celles portée par Cédric Villani, français célèbre pour avoir reçu la médaille Field, « Nobel » de la « mathématique », suivant les termes préférés de Cédric Villani, qui était aussi réputé pour ses mystérieuses araignées, symbole d’intelligence artificielle et du hasard des rencontres. Quant à Fred, cette araignée symbolise, pour lui, les traces que l’on trouve sur la partie Sud de Mars, lors des éruptions volcaniques.
Fred a des instruments très précis qui lui permettent de communiquer des informations exactes, bien qu’il aime pondérer ses résultats par un :
« Peut-être ».
« C’est pareil pour moi, dit Midori, en regardant fixement Elsa pour appuyer son propos ; tu peux compter sur moi et sur mon robot XT. C’est un champion, il possède une fonction d’une très grande précision. »
Midori est petite et rapide dans ses actions. Elle a les cheveux bruns, une coupe très courte dans le dos alors que devant ses cheveux longs encadrent son visage. Ses yeux noirs brillent de malice.
Elle ne se déplace jamais sans son robot X.T. Celui-ci, miniature, a un mode de propulsion qui lui permet de se déplacer plus vite que la lumière et il peut emmener avec lui de petits objets, les poser, les fixer ou encore les couper.
« Je me joins à l’équipe de surveillance qui reste dans la station » souligne Otneil, avec son large sourire ; j’assure le repas comme d’habitude et je vous soutiendrai par émission radio ou par ondes télépathiques, si nécessaire. C’est facile maintenant avec les puces implantées derrière nos oreilles. »
Otneil est presque aussi grand que Charlie. Cependant il possède de larges épaules et son corps souple est recouvert d’une tenue plus sombre que celle de Charlie. La matière est identique.
Otneil se tourne vers Elsa :
« Connais-tu les nouvelles techniques, celles qui utilisent les impulsions lumineuses ? »
Elsa, intriguée, répond spontanément :
«- Non.
- Cela fonctionne à seulement 80 attosecondes (une attoseconde est un milliardième de milliardième de seconde) Tu pourras ainsi m’envoyer des impulsions par laser, ce système s’adapte aux changements extérieurs. J’ai un appareil pour moi et je peux t’en laisser un. Nous communiquerons ainsi en morse et cela sera plus rapide.
- Ne risques-tu pas d’être ébloui par le laser ?
- Non, c’est prévu. J’ai ma visière et ma caméra qui sont recouvertes de paupières microscopiques. Elles rendent opaque le verre quand la surface est heurtée par un rayon nuisible. Ce principe existe depuis 2001, nous l’avons amélioré. Auparavant les clapets se fermaient en 1/10000 de seconde. Je te remets une visière qui s’adapte à tes yeux. Cela se pose comme des lentilles. »
Otneil qui adore toutes les nouvelles technologies est heureux de se trouver en présence d’Elsa. Elle aussi. Elle peut lui expliquer les curieux instruments qu’elle utilise, et indique souvent les composants.
« Bien, dit alors Charlie, nous allons vérifier si Otneil nous a bien mijoté le repas de fête et ensuite nous irons nous reposer afin de nous préparer à l’action qui doit se tenir très vite. Nous aurons une heure et demie de repos. J’étudierai pour ma part les déplacements possibles dans l’espace, et je partirai avec Elsa, pour explorer les signaux, afin de nous faire une idée des lieux potentiels des objets dangereux. »
Otneil se dirige immédiatement vers son jardin où les plantes poussent comme dans un jardin terrestre ; Il parle aux plantes et en même temps précise à Elsa :
« Il a été prouvé que si l’on parle aux plantes et si on leur met certaines musiques, elles poussent plus vite et résistent mieux. Ensuite, nous récupérons tous les déchets et ceux-ci donnent la nourriture aux plantes. Ainsi, nous avons moins de déchets et nous avons plus de nourriture fraîche. Nous mangeons principalement des fruits secs et des légumes, très peu de protéines sauf des viandes séchées, des poissons séchés et parfois des œufs séchés.
Nous avons résolu le problème de l’eau qui se mettait en boule ; de même l’apesanteur ne nous gêne plus pour les objets.
Pendant que je prépare le repas, tu peux aller chercher ta serviette corporelle. Elle contient des propriétés désinfectantes et ainsi tout va mieux. A tout à l’heure.
- O.K. Merci pour cet accueil. Toujours contente de vous retrouver ! »
Elsa s’éloigne pour aller dans la partie séparée où elle va pouvoir se nettoyer.
Fred installe rapidement les postes de surveillance, accompagné par Midori. Il s’agit de bien les immobiliser sur la table de travail, sinon ils vont flotter.
En cinq minutes, tout est prêt.
Chacun se retrouve côte à côte ; Ils dégustent le bœuf séché, un peu de pain avec les légumes fraîchement ramassés par Otneil et quelques fraises. Un délice après cette journée chargée.
Près d’eux se trouve le distributeur d’eau, élément vital.
Charlie et Elsa ont déjà mené des missions ensemble. Ils connaissent les gestes à tenir et sont capables de s’aider l’un, l’autre, si nécessaire dans l’espace.
Ils vont aller se coucher pendant le moment où la station ne reçoit pas les rayons du soleil ; Elsa sait qu’une heure trente lui suffira pour récupérer de son voyage qui n’avait duré qu’une demi-heure.
Le vrai repos, elle le prendra plus tard une fois sa mission accomplie.2
Après le repas, chacun se sépare en silence ; Après avoir gonflé sa chambre individuelle et sanglé son sac de couchage, Elsa est tranquille. Elle ressent sur elle, le flux d’air qui évite l’accumulation d’air vicié et s’endort après avoir réglé sa montre.
Chacun connaît son poste et son matériel.
Ils vont passer à l’action et c’est l’essentiel.
Voici le moment venu. Chacun contrôle à nouveau son matériel et se prépare à son poste. Il ne s’agit pas de sortir tout de suite. Il convient en premier de faire les exercices physiques qui vont permettre au corps de se rétablir au mieux.
Puis, Elsa et Charlie prennent leur combinaison spatiale. Ils vont sortir de la station spatiale.
Dans son sac, Charlie a installé le robot X.T que lui a confié Midori. À l’extérieur Charlie positionne le ballon gonflable « citrouille » appelé ainsi en raison de sa forme. Le ballon transportera les instruments scientifiques destinés à étudier les rayons cosmiques.
Parmi les instruments, Charlie a glissé un miroir orientable qui permet à la caméra de filmer avec une vue complète à 360 degrés.
Télécommandé, l’engin transmet les images vers l’extérieur ; Fred, Midori et Otneil pourront recevoir et analyser les informations qui seront également envoyées à l’équipe au sol.
Enfin, par prudence, Charlie emmène également, le vieux robot U.Man. Il peut faire des attaches solides avec des fils, des nœuds complexes, visser des écrous, voire percer des objets avec une pointe contenue dans ses bras articulés.
Quant à Elsa, elle a pris son télescope à infrarouge.
Il est temps de reprendre contact avec l’équipe au sol ; la liaison radio est établie. C’est Yvan qui répond :
« Allo Elsa ? Allo Charlie ? Vous m’entendez ?
- Oui.
- Oui.
- Parfait ; mon pointeur fonctionne : je viens de noter avec précision, l’altitude, la longitude, et je noterai votre déplacement.
Je t’indiquerai Elsa, dans quelle direction pointer ton télescope. Tu devras recevoir les informations de façon automatique en une minute, maximum.
Soyez vigilants quelques résidus d’atmosphère peuvent freiner, par frottements, votre avancée. Je vous tiendrai informés.
Attention, le plasma solaire des tempêtes géomagnétiques peut provoquer des décharges d’électricité statique.
En cas de manifestation de tempêtes, je vous demanderai d’obéir à mes ordres sans discuter. Je ferai immédiatement les interventions pour redémarrer vos ordinateurs depuis ma table de contrôle. O.K. ?
- C’est noté, dit Elsa.
- D’accord, répond Charlie. Nous sommes prêts pour le départ. »
2Les instruments dans l’espace sont majoritairement réels, d’autres entièrement fictifs.
Charlie et Elsa se dirigent vers la sortie de la navette. Ils entrent dans le sas.
Rapidement, ils rejoignent leurs capsules spatiales. De couleur métallique, la capsule de Charlie a la particularité d’assembler les deux capsules solaires et de permettre aux deux spationautes de se séparer dans l’espace si nécessaire. Charlie installe très rapidement les attaches qui relient les deux capsules. Dans l’instant présent, le vaisseau prend la forme d’un long fuseau où il y a la place pour deux personnes, chacune dans sa capsule. De grandes baies transparentes donnent accès à une vision panoramique de l’espace.
Charlie sort son ballon « citrouille » et installe les instruments à transporter. Le ballon de 130 mètres de diamètre, ainsi arrimé, suit facilement le vaisseau composé des deux capsules longilignes. Une fois les instruments rangés dans la « citrouille », Charlie s’installe, ainsi qu’Elsa, chacun dans leur compartiment respectif ; Elsa est déjà sur son tableau de bord et pianote sur les écrans. Il s’agit pour elle de repérer en premier lieu, une lumière anormale, voire plusieurs.
Charlie commence également à pianoter. Il donne les instructions pour se situer dans l’espace-temps et transmettre en deux secondes, toutes les informations auprès de la base de la station spatiale et, en même temps, aux contrôles sur terre.
Il prend contact avec Otneil, Midori, Fred qui se trouvent dans la navette spatiale ; puis, ensuite avec Youri et Valentina, dans la base située en Antarctique ; Valentina répond à Charlie « Poekhali !» « On y va !» Les parents de Valentina lui avaient donné ce nom, en mémoire de la première cosmonaute russe à être allée dans l’espace, Valentina Terechkova qui, à 83 ans, en 2020 se disait volontaire pour aller sur Mars si on le lui demandait. Ce qui amusait beaucoup Youri, c’est que Valentina dans la station en Antarctique, remplaçait Janös, le papa d’un petit Thomas, appelé ainsi en l’honneur de Thomas Pesquet.
Charlie prend contact avec Yvan et Tang aux Etats-Unis, dans la région de la Californie ; et enfin, avec Hermann et Roseline, qui eux se trouvent en France à Toulouse. Chacun est à son poste et scrute les moindres signaux d’échange.
Charlie et Elsa ont une vingtaine de jours devant eux pour atteindre Mars. Pendant ces vingt jours, les équipes vont se relayer pour transmettre les informations, ou pour prendre en main le vaisseau spatial, afin de leur permettre de se reposer.
Heureusement grâce aux ordinateurs quantiques les commandes radios passent beaucoup plus vite qu’en 2020. Auparavant, il fallait compter entre une bonne vingtaine de minutes voire une heure pour que l’information parvienne à terre. Depuis 2035, les avancées technologiques permettent des performances auxquelles personne n’avait pensé dans cette période.
Toutes les sondes, envoyées, avaient permis de faire des tests sur les fonctionnements des instruments dans l’espace-temps. En effet, il avait fallu admettre que les droites étaient des courbes, que la distance et la vitesse de la lumière influençaient les résultats et parfois les rendaient caducs dans un lieu éloigné de la terre, comme Mars par exemple ou comme Saturne, Pluton, Titan.
Maintenant, en 2035, ce qui paraissait impossible, fonctionnait régulièrement et la « suprématie quantique » avait apporté sa pierre à l’édifice, un calcul qui aurait pris en l’an 2020, plus de 10 000 ans, était réalisé en moins de 200 secondes.
Au niveau des nouvelles technologies, Otneil, venait de surprendre Elsa avec son appareil à impulsions lumineuses ultraviolettes, par la rapidité avec laquelle ils allaient pouvoir communiquer.
Cela est « Merveilleux », comme elle se plaisait à le dire.
Les déplacements aussi étaient optimaux et n’avaient pas besoin de beaucoup d’énergie pour traverser l’espace.
Il fallait juste une grande énergie au départ pour sortir de l’atmosphère terrestre. Cependant pour se déplacer dans l’espace, le rayonnement solaire pouvait suffire, avec la force gravitationnelle, s’il n’y avait pas d’urgence.
De plus, grâce à l’intrication de deux objets, la « suprématie quantique » avait dépassé la notion de distance, de temps, puisque cette action menée sur terre, se réalisait simultanément dans l’espace à partir de l’instant où les ondes d’un objet avait été reliées aux ondes d’un autre.
Elsa a pris soin d’avoir un objet relié à son robot Zorba. Elle peut ainsi lui donner un ordre et celuici est exécuté en simultané. Par ailleurs, elle a aussi avec elle, un autre objet qui, lui, est relié à « Pitit », le robot de Yvan.
Elle ne sait pas si Charlie possède aussi cette technologie de pointe ; elle lui demandera dès que possible.
Pour l’instant, ils doivent partir immédiatement, pour profiter de la bonne position des étoiles et des heures d’ensoleillement pour voyager sans énergie autres que le vent solaire et les forces gravitationnelles.
Charlie applique la procédure de départ. Ils ont regardé les cartes avant de partir et vont se diriger du côté de la station qui se trouve sur Mars. Celleci, installée depuis peu de temps, en forme cylindrique, a un diamètre de 8 mètres et une hauteur de 8 mètres également.
Un hôtel gonflable se trouve près de la station.
Pour le voyage, Otneil leur a préparé pour vingt jours de délicieux repas à base de fruits secs, de viandes séchées et autres surprises. Ils doivent atteindre la station en quelques jours. Là, ils retrouveront une autre équipe qui vit sur place et sait maîtriser la culture et l’élevage dans l’espace. L’eau et la nourriture sont cependant limitées, et les espaces de vie restreints au minimum. Quelques sorties dans un fauteuil spatial sont prévues pour s’échapper de ces espaces confinés. Ensuite, ils reprennent leurs travaux de recherches scientifiques, la maintenance des appareils ainsi que le nettoyage régulier du module. Entre temps, ils pratiquent une heure d’activité sportive.
Les visites sont rares ; ils sont surpris d’apprendre la prochaine visite de deux spationautes. Ils se demandent quel est le but de cette visite impromptue. La raison officielle : une expérience scientifique d’envergure.
En fait, l’ordre donné à l’équipe de Charlie de « secret défense » leur interdit d’indiquer la raison de leur venue sur Mars.
Une fois arrivés, Charlie et Elsa pourront observer et comparer les résultats, pour déterminer leurs positions et celle de l’objet ou des objets perturbants. Ils devront alors rechercher les indices à la surface des satellites pour obtenir un emplacement précis de l’objet. Dans un premier temps, ils auront à cartographier et à sonder à distance.
Elsa est impatiente de monter dans un « rover » pour découvrir la planète Mars et ses cratères géants. Elle espère bien avoir le temps de faire un tour de « fauteuil » dans l’espace pour se relaxer.
Elsa confie les commandes de sa capsule à Yvan, sur la base en Californie. Elle choisit cet instant pour se reposer avant l’action sur Mars. Elsa repense aux moments passés en France, à ce texte d’Émile Guillaumin, extrait de « La vie d’un simple » et donnant une description du Bourbonnais :
« Les premiers jours de notre installation, ces paysages m’apparurent par brides, ouatés de brouillards. Je les vis ensuite dans leur décor hivernal, alors que les cultures sont nues, lavées par les pluies ou pailletées de gel... »
Elsa revoyait alors les paysages fantastiques de son enfance, changeant de couleur, du vert tendre ou vert foncé et les levés de brumes, lorsque le soleil commençait à réchauffer les montagnes.
Elsa regardait les constellations stellaires et se disait en elle-même, des paroles entendues autrefois :
« Les rêves sont plus déterminants pour l’avenir que l’avenir lui-même »
Ce devait-être Étienne Klein qui les avaient prononcées, se dit-elle. Elle sourit. Le livre-tract d’Étienne Klein, « le goût du vrai » avait été longtemps son livre de chevet, tout comme le livre d’Émile Guillaumin « La vie d’un simple » et celui d’Italo Calvino, « Le baron perché ».
Avaient-ils participé à son choix de devenir spationaute ? Qui avait déterminé sa trajectoire ?
Peut-être sa mère et son père qui l’invitaient à regarder les étoiles dans le ciel le soir, lorsqu’elle avait à peine un an, et aussi parfois, à voir passer la Station Internationale juste au-dessus de leur toit. Ainsi, Elsa voyait l’I.S.S. pendant vingt bonnes minutes, parcourir une trajectoire Nord-Ouest et se diriger vers le Sud-Est.
Peut-être sa mère qui, lorsqu’elle était petite, jusqu’à l’âge de 12 ans, lui offrait des livres sur l’espace.
D’ailleurs, n’avait-elle pas dit à sa mère en 2010, lorsqu’elle avait cinq ans, un soir en montant sur un tronc d’arbre :
« Allez, monte Maman. Je t’emmène sur Mars ». Tout le monde avait bien ri !
Gaïa, l’un des télescopes Européens qui avait été lancé en décembre 2011, l’avait aussi fait rêver.
N’avait-elle pas demandé à ses parents d’appeler leur petite chatte, Gaïa ? Elle lui avait dédié ce nom parce que cette chatte semblait sans arrêt en train de regarder autour d’elle ; parfois, elle venait la chercher dans sa chambre, si quelque chose l’interrogeait. Elle venait alors demander à Elsa de la suivre pour lui montrer ce qui l’intriguait. Parfois, ce pouvait être un hérisson, parfois un chat voisin qui était passé dans le jardin, ou une petite cistude qui était venue boire…
C’était comme si Gaïa découvrait des mondes à part… et voulait connaître leur signification.
D’ailleurs des projets de voyages touristiques avaient commencé à poindre, avec Elon Musk… alors pourquoi ne pas emmener sa mère sur Mars ?
Cependant, supporterait-elle le voyage ?
Eh bien voilà, en 2035, elle, Elsa allait arriver sur Mars dans quelques jours.
Elsa replongea dans son passé, ce passé qui avait préparé en même temps son avenir.
Charlie dans sa capsule, ayant laissé la direction en automatique, s’organise. Il s’occupe de vérifier que le ballon suit correctement le vaisseau. Il installe le ballon à quelques mètres de la station, en disponible, au cas où il aurait besoin d’un des instruments qu’il a positionnés à l’intérieur. Il a conservé avec lui le robot X.T de Midori ainsi que le vieux robot U.Man ; U.Man avait réalisé plusieurs missions et continuait à fonctionner avec une extrême précision.
Enfin ! Un peu de temps pour le repos avant les recherches de l’objet lumineux.
Charlie s’adonne à la rêverie devant le monde féerique de l’espace. Il regarde par le hublot les étoiles et les galaxies défiler devant lui.
Depuis qu’ils étaient partis, le jour spatial était revenu, et ils pouvaient voir la terre toute bleue. Ils allaient dépasser la Lune…
Charlie se rappelle les cours de M. Sylvain Chaty de l’Institut d’Astrophysique à Saclay, près de Paris. L’image de la Lune vue de la Terre était décalée de 1,3 seconde lumière. Oui, 1,3 seconde lumière ; cela paraissait très peu pour tout un chacun, cependant lorsqu’on se trouvait dans un vaisseau spatial, la notion de temps, d’images, de sons, prenait une autre dimension. Raisonner en espace-temps était vital.
Les télescopes les plus puissants se trouvent aux points de Lagrange, le point L2 plus précisément ; ils renvoient une image décalée de 5 secondes lumières. Depuis de nombreuses années des photos avaient été prises dans l’espace lointain.
Bien entendu, lui et Elsa pourraient, malgré cet écart de temps, s’appuyer sur leurs images.
Charlie se pose la question :« A quoi pouvait bien servir cet objet lumineux qui risquait de provoquer des séismes ? Cet objet semblait agir sur les jours et les nuits.
Ainsi, lorsque la Lune émettait une faible lumière, cet objet projetait une lumière identique à un soleil sur toute une partie de la terre, comme un cône de lumière. Cela semblait agir sur les marées, qui subissent l’attraction de la Lune et aussi sur la faune et la flore.
En raison de cette lumière anormale, le nettoyage des poussières ne se faisait plus et la pollution devenait plus intense, asphyxiant une partie de la végétation, avec pour conséquence une raréfaction de la flore, une perte inestimable dans l’agriculture et dans la biodiversité. Cela avait même commencé à assécher des terres sur plusieurs hectares de terrain et les animaux quittaient ces lieux.
C’était extrêmement intriguant. Était-ce un de ces quasars, monstres de lumière, pourtant il savait bien que ceux-ci étaient rares dans notre environnement proche. Ces objets célestes extrêmement lumineux et compacts, étaient nés en majorité entre 2 à 3 milliards d’années après le Big-Bang.
Les observer, c’est pour ainsi dire remonter dans le passé, puisqu’ils sont d’après les astrophysiciens, éteints après une période d’intense activité. Là encore, la plupart des spectres présentent un décalage vers le rouge.
D’ailleurs, plus le spectre est décalé vers le rouge, plus l’objet est éloigné de nous.
En réalité l’Univers est gigantesque. Désormais, gravitation, force nucléaire faible et électromagnétisme, faisaient partie du nouveau monde, celui des atomes, des étoiles, des planètes, des galaxies, des amas d’amas, des superamas, des superamas voisins, de l’Univers.
Une phrase de Sylvain Chaty lui revint en mémoire :
« Les objets éloignés ont émis leur lumière il y a longtemps.
Donc quand on regarde loin dans l’espace, on regarde loin dans le passé ».
Ici, la lumière de l’objet perturbant, était semblable à celle du soleil. Non, ce ne pouvait pas être un de ces fameux quasars !
Charlie replongea dans une contemplation profonde de cet Univers qui l’entourait.
D’où venait la gravitation ? D’où venaient toutes ses forces gravitationnelles qui permettaient de voyager dans l’espace-temps ? Que connaissaiton de cet Univers ? 5 % de matière, le reste nous demeurait inconnu.
Il repensa à la phrase devenue célèbre d’Einstein : « Deux choses sont infinies : L’Univers et la stupidité humaine ; et je ne suis pas sûr au sujet de l’Univers. »
Charlie soupira… Un instant il fut pris d’une grande tristesse.
Ce pouvait-il que cet objet lumineux soit placé là pour détruire une partie de l’humanité ? Il ne voulait plus que les horreurs des guerres se reproduisent. N’était-ce pas pour cela qu’il s’était engagé dans la conquête spatiale ? Trouver d’autres terres pour que les hommes ne se disputent plus les espaces et puissent continuer à « croître et se multiplier ».
Puis, réfléchissant encore, à cette phrase à priori anodine, il reprit « Croître et se multiplier » c’était peut-être cela l’erreur ; Pendant le Traité de Rome dans les années 1960 – 80, ce problème d’expansion de la race humaine avait été mis en cause dans les risques de famine et de guerre. Une politique de baisse des naissances avait été engagée.
Dans certains pays, la politique familiale avait porté les naissances à un, maximum trois enfants par couple ; des réunions d’information auprès des parents étaient organisées par les plannings familiaux. Pour se développer, la Chine toujours avec cette unicité, avait donc mené la politique de l’enfant unique. Plus tard, dans les années 1990, beaucoup de Chinois ne trouvaient pas de partenaire pour se marier… Une vie bien triste. Ils ne connaîtront jamais la joie de voir gambader leurs enfants et leurs petits enfants avec leur rire spontané et leurs questions embarrassantes, auxquelles on ne pouvait pas répondre. Au moins, si les peuples, les rois, les dirigeants, tous se mettaient à réfléchir sur l’infiniment grand et sur les questions non résolues, sans doute ne se feraient-ils plus la guerre. La civilisation avancerait vers la Paix.
Charlie arrêta le cours de ses pensées. Il lui fallait se reposer. Dans une heure, les capsules seraient à nouveau dans le noir complet. En dessous, la terre était endormie.
Il appela Yvan et Tang ; c’est Yvan qui répondit : « Tang est parti se reposer. Je prends le relais.
- Eh bien dit Charlie, je vais suivre Tang dans le monde des songes. Ce sera plus confortable, à bientôt. Je préviens également Elsa pour qu’elle prenne la relève. »
Elsa a pris le temps de se détendre et se reposer ; elle a l’habitude de l’espace et est d’une nature bien constituée. Cela lui avait permis de réussir toutes les épreuves pour ses interventions. « Pas de soucis, je préviens Otneil, Midori et Fred que je prends le relais, à plus. »
Elle appelle la station. C’est Fred qui répond :
« Hello, jeune fille, comment cela se passe de ton côté ?
- Plutôt bien. Pour l’instant tout est calme et je me suis reposée. Je prends donc le relais de Charlie.
- Eh bien, je vais te faire part d’une nouvelle, qui va, peut-être, t’intéresser.
- Dis-moi, de quoi s’agit-il ?
- J’ai retrouvé le projet qualifié « d’idée folle » par Robert Brucato, le directeur assistant de l’Observatoire en Californie.
- Et, en quoi, consistait ce projet ?
- C’était un prototype mis au point par Space Regatta Consortium, le constructeur de lanceur Russe. Le prototype s’appelait Znamia 2,5 (Drapeau si l’on traduit le russe)
- Et pourquoi cela présente-t-il un intérêt pour toi d’avoir retrouvé ce projet ? dit Elsa très intéressée et impatiente d’en savoir plus.
- La mission de cette voile ronde de 25 m de diamètre avait comme objectif de dévier les rayons du soleil sur la Terre endormie.
- Oh ! Dit Elsa… elle venait de comprendre… peut-être la lumière qui perturbait les végétaux. Continue, tu m’intéresses encore plus.
- C’était dans l’année 1999, elle devait engendrer une luminosité de cinq à dix fois celle de la pleine lune, sur une superficie de 4 à 7 km de diamètre.
- Ce n’est donc pas notre objet perturbant, il couvre beaucoup plus d’hectares… cependant, cela pourrait être un des objets. Il y en a peut-être plusieurs. Continue, raconte m’en un peu plus.
- D’après des articles, Znamia 2,5 avait la forme d’une grande tarte plate, avec huit voiles miroir, un peu écartées les unes des autres. Elles étaient fixées au centre et sur le bord extérieur.
Seulement, si le premier prototype Znamia 2 a bien fonctionné, comme essai en octobre 1992, il n’en a pas été de même de Znamia 2,5. L’antenne du système de rendez-vous orbital automatique, qui servait aux vaisseaux du ravitaillement de la navette, n’a pas été rétractée. L’antenne a déchiré la voile, ce qui a obligé le poste de contrôle à larguer Znamia 2,5 dans l’espace. Celle-ci n’est pas revenue dans l’atmosphère.
- Tu penses que c’est peut-être elle qui navigue sans pilote et qui trouble ainsi les nuits ?
Fred, imperturbable lance son célèbre :
-« Peut-être... »
- Comment pourrions-nous savoir ? demande Elsa. De plus dans ce cas nous ne sommes pas tenus d’aller jusqu’à Mars ! Nous pourrions retrouver l’orbite de Znamia sur laquelle elle tourne encore.
- Eh, oui, “peut-être”. dit Fred. Cependant, on peut quand même penser qu’elle a été propulsée par la suite dans l’atmosphère. Et puis, comme tu le faisais remarquer… elle est trop petite pour être la cause d’une aussi large lumière. Oui, c’est peutêtre elle, mais pas toute seule, dans ce cas. »
Là-dessus la conversation s’arrêta. La piste des recherches venait de se tarir. Quel dommage, cela semblait tellement « coller » à cette problématique.
Elsa qui avait l’habitude des situations complexes, se dit en elle-même :
« Pour trouver une piste, il faut sortir du cadre.