U.S. Marines - Tome 4 - Arria Romano - E-Book

U.S. Marines - Tome 4 E-Book

Arria Romano

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Beschreibung

Scarlett enceinte, Keir doit alors faire face au plus difficile des choix : l'appel du devoir ou celui des sentiments.

Alors que Scarlett et Keir vivaient une relation ardente et passionnée, Scarlett est accidentellement tombée enceinte. Si la nouvelle a ravi la jeune femme romantique, elle a sonné comme une mise aux arrêts pour le militaire épris de liberté. Keir précipite son retour au front et une distance les sépare de longs mois, le temps pour eux de prendre la mesure de leurs sentiments et de se préparer à s’apprivoiser une fois encore…

Plongez dans le quatrième tome de la saga U.S. Marines et retrouvez la flamboyante rousse et son amant militaire, dont l'avenir semble encore plus incertain.

EXTRAIT

"Au sourire nuancé qu’elle lui décocha à la fin de sa phrase, il sut qu’il lui plaisait et cette constatation lui fit horreur, un peu comme s’il s’était retrouvé engoncé dans le corps d’un prêtre hermétique à toutes tentations charnelles.
Ce devait être une malédiction lancée par Scarlett ! Elle l’avait émasculé par la seule force de ses ressentiments.
Il était perdu. Vide. Dégoûté de lui et de tout ce qui l’environnait.
Il voulait Scarlett, un point c’est tout.
Elle est trop loin, mec.
Face à son interlocutrice, Keir s’obligea à demeurer neutre et répondit avec une nonchalance qui blessa la courtoisie avenante de la journaliste :
— Navré, mais celui qui vous a dit ça s’est trompé. Essayez avec quelqu’un d’autre, moi, j’ai des choses à faire.
Entre autres, penser à la rouquine.
Et instinctivement, ses yeux se posèrent sur la petite croix celtique tatouée à son poignet gauche, un cadeau que Scarlett lui avait fait.
Qu’est-ce qu’elle lui manquait…"

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

"J'ai beaucoup aimé ces 4 tomes... On voit ici une autre facette du bel homme balafré." - lussailles67, Babelio

"Ce quatrième tome reste dans la lignée des trois autres, c'est-à-dire des livres qui nous tiennent en haleine, la lecture est rapide le style simple. On passe un bon moment de lecture." - noeline, Booknode

"J'ai encore une fois littéralement dévoré, mais aussi adoré ! Dans ce quatrième opus on découvre la suite de l'histoire entre Scarlett et Keir un condensé d'émotions, de sentiments, mais aussi de révélation." - MAGALI08, Babelio

À PROPOS DE L'AUTEURE

Arria Romano étudie l’histoire militaire à la Sorbonne et est passionnée de littérature et d’art. Elle écrit depuis quelques années des romans historiques et des romances, qu’elles se vivent au passé, au présent ou même nimbées d’un voile de magie… Tant que l’amour et la passion restent le fil rouge de l’intrigue.

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Chapitre 1

Un mois plus tard

Keir se sentait aussi soupe au lait que pouvait l’être une femme enceinte, du moins se l’imaginait-il.

Après un séjour bref en Irak, le voici de nouveau expédié en Afghanistan, dans les quartiers des FORECON, que Hudson venait de rejoindre dans la matinée. Depuis leur altercation à Parris Island, leurs dialogues ne se limitaient plus qu’à des transmissions laconiques et protocolaires. C’était d’un ennui mortel.

Keir savait que son ami continuerait à se comporter comme un simple supérieur hiérarchique tant qu’il n’aurait pas présenté ses excuses à Scarlett, son chouchou. Il l’approuvait d’un côté, mais ne supportait pas d’être la victime de sa froideur intraitable.

— Tu comptes me faire la gueule encore longtemps ? attaqua soudain Keir à l’adresse de Hudson, affairé à rédiger un mail à Livia.

Les bruits du clavier continuèrent à résonner au milieu de sa chambre de major, qu’il allait désormais occuper seul contrairement à leurs missions précédentes. Il était loin le temps où ils partageaient d’égal à égal leur territoire de capitaines.

Appuyé contre le chambranle de la porte, Keir soupira bruyamment, sans bouger pour autant. Les bras croisés contre sa poitrine, il continuait de l’épier. Ce ne fut qu’au bout d’une longue minute que Hudson cessa de dactylographier son message et daigna enfin lever ses yeux perçants vers lui.

— Je ne fréquente pas les petits cons de votre espèce, capitaine Dalglish, lança-t-il sur un ton mordant. Maintenant, veuillez vaquer à vos occupations et me laisser tranquille.

— Sérieusement, Rowe ? Tu comptes abuser de ton grade pour me faire la morale ? Et arrête avec ton putain de vouvoiement ! Je te signale qu’on est des frères !

Hudson soupira à son tour, las.

— Il fallait y réfléchir à deux fois avant de jouer avec Scarlett pour ensuite la jeter comme une vulgaire salope. En toute sincérité, tu pensais que je l’aurais pris comment ? Tu sais que je la considère comme ma petite sœur !

— Je ne l’ai pas jetée comme une vulgaire salope. Je passe toujours pour le méchant de service, mais je te signale qu’elle était bien d’accord de coucher avec moi. C’est elle qui ne s’est pas montrée honnête en tombant enceinte. Ce n’était pas prévu ! Je ne veux pas de gosse. Point barre.

— Scarlett n’a pas fait exprès de tomber enceinte.

— Et pourquoi elle refuse d’avorter alors ?

— Parce que maintenant qu’elle l’attend, elle le veut cet enfant, même s’il est de toi !

Keir tiqua et se redressa pour donner plus de rectitude à sa posture.

— Cette nouvelle a sonné comme une mise aux arrêts pour moi. Tu le sais, Rowe, je n’ai jamais voulu que ça arrive. Elle n’a pas le droit de m’imposer ça !

— Vraiment ? Pourquoi vous couchiez ensemble sans préservatif dans ce cas ?

— Il y avait la pilule.

— Tes anciennes maîtresses avaient également la pilule, pourtant, tu ne t’es jamais risqué à avoir des rapports non protégés. Pourquoi l’as-tu fait avec Scarlett, hein ?

— J’en sais rien ! Ça me paraissait naturel… et… et je te l’ai dit, je pensais qu’il n’y aurait pas de risques !

— Il y a toujours des risques. Tu t’es montré imprudent et ça te tue de devoir l’avouer, c’est tout.

— Non, elle m’a piégé.

— On sait tous les deux que c’est faux. Scarlett n’est pas comme ça, même si elle est tombée amoureuse de toi. Folle amoureuse. Je ne sais pas ce que tu lui as fait, mais son amour est sincère. C’est un cœur pur, loyal et romantique. Tu le savais et tu te doutais que ça pouvait arriver.

Keir grommela une affirmation.

— Et ça me fait mal de savoir ça alors que pour toi, elle n’était qu’un divertissement de plus.

— Ne parle pas de choses dont tu ne sais rien, Rowe ! s’agaça Keir en pénétrant cette fois-ci dans la pièce sans y avoir été invité. Scarlett n’était pas qu’un simple divertissement pour moi. Elle m’est bien plus précieuse que tu le crois et je ressens des sentiments contradictoires à son encontre… je ne sais pas où j’en suis, c’est tout ! J’ai envie de l’effacer de ma vie et de l’avoir auprès de moi en même temps. Elle m’agace et me met hors de moi, mais je n’arrive pas à la détester complètement. J’ai jamais ressenti ça pour une femme et ça me déstabilise, tu comprends ?

Hudson garda le silence en l’étudiant minutieusement par-dessus son ordinateur. Il découvrait une autre facette de son ami. On aurait dit qu’une vérité se démenait dans son corps sans parvenir à en sortir.

Après réflexion, Livia avait peut-être raison : Keir n’était pas complètement hermétique aux sentiments amoureux.

Oh non ! Son visage torturé et la manière intense dont il parlait de Scarlett prouvaient le contraire.

Il pensait avoir tout vu dans sa vie, mais il n’était pas encore au bout de ses surprises. Faire connaissance avec un Keir Dalglish amoureux — qui s’ignorait encore — était un évènement mémorable qu’il fallait annoter sur le rapport de son existence.

Rien n’était impossible.

— Tu devrais méditer et arrêter de fuir tes sentiments, Dalglish, conseilla enfin Hudson en se radoucissant. Il est l’heure de prendre la vie au sérieux.

À l’hôpital civil de Beaufort, les urgences vitales semblaient défiler sous les yeux de Scarlett, Heather et l’équipe médicale qui étayait la prise en charge des patients. Un incendie avait été déclaré dans la soirée et les pompiers s’étaient hâtés de transférer aux urgences cinq personnes, dont trois brûlées au troisième degré, une autre blessée à la jambe et la dernière en état de détresse respiratoire sévère.

Dans le feu de l’action, Scarlett tentait d’exécuter ses soins en faisant abstraction des vertiges et des nausées qui la prenaient à chaque fois que l’adrénaline brûlait son sang.

La jeune femme venait d’entamer sa douzième semaine de grossesse et malgré les désagréments que ce nouvel état physique provoquait, elle n’en demeurait pas moins énergique, peut-être un peu trop.

Aux invectives que larguaient les médecins urgentistes, Scarlett était en train de préparer deux perfusions de morphine quand un malaise sembla secouer toutes ses perceptions. Le sol se mit à tanguer sous ses pieds et elle dut se retenir au rebord de la table de soins pour ne pas culbuter en arrière.

L’odeur de sang, de chair calcinée, mêlée à l’essence condensée des antiseptiques et des médicaments, accroissait le trouble dont elle était sauvagement la proie.

Son plateau de perfusions en mains, la jeune femme s’approcha des lits où deux patients étaient étendus lorsqu’elle faillit perdre l’équilibre en chemin.

— Pas maintenant…, s’encouragea-t-elle à voix basse.

Une pellicule de sueur recouvrit sa peau, ses narines se dilatèrent à la recherche d’un oxygène sain à inhaler et ses muscles se crispèrent. Elle se statufia un moment au centre de la pièce, avec l’espoir de contrebalancer les ondes de vertiges tumultueuses qui roulaient sans répit dans son corps, de telle façon qu’elle crut être un océan malmené par les caprices d’une tempête.

Ressaisis-toi !

Elle ne devait pas s’évanouir au milieu des gens et des collègues qui attendaient son aide.

— Scarlett, ça va ?

La voix de Heather se fit lointaine et ses muscles s’amollirent spontanément quand son regard s’égara du côté de sa collègue. L’instant d’après, un tourbillon de chaleur l’attira vers la pesanteur en même temps que l’obscurité envahissait son esprit.

Ce voyage dans l’inconscience dura quelques minutes, le temps d’installer Scarlett sur un lit d’hôpital et de la perfuser pour l’hydrater.

— Scarlett ?

Une voix d’homme s’étira au-dessus d’elle et une chaleur rassurante se ressentit au niveau de son épaule droite. L’interpellée se trémoussa légèrement sur le matelas en clignant plusieurs fois des paupières.

— Keir ?

Les yeux bleus qu’elle rencontra l’avertirent de son erreur. Elle ne devait pas l’oublier : Keir était à des milliers de kilomètres de Beaufort et c’était le visage d’Erik qu’elle était en train de contempler. Ils s’étaient rencontrés de temps à autre aux urgences, mais à chaque fois, le pompier faisait en sorte d’esquiver la conversation. Scarlett avait fini par baisser les bras, trop épuisée par sa grossesse pour tenter de reconquérir cet ami.

Déprimée, elle avait même fini par se convaincre que tous les hommes qu’elle aimait ne supportaient plus de la voir en peinture.

Toute la faute lui incombait. C’était une conviction qui la hantait.

— Erik ?

Il avait fallu qu’elle s’évanouisse sous ses yeux pour que ce dernier condescende enfin à se retrouver seul en sa compagnie, dans un box de soins trop étroit où elle était alitée et liée à un pied à perfusion.

— Erik… je suis tellement contente que tu sois là…

Sans préparer l’émergence de ses larmes, elle se mit à pleurer comme une fillette, maudissant en son for intérieur le dérèglement incontrôlable de ses hormones.

Compatissant, le jeune homme se mit à essuyer ses larmes du dos de sa main.

— Calme-toi, ma puce, tu t’es évanouie et tu es restée inconsciente une quinzaine de minutes… Heather m’a annoncé ta grossesse et m’a expliqué la situation avec Keir… pourquoi tu ne m’as rien dit ?

Sous son uniforme ample, il n’était pas évident de remarquer le renflement encore délicat de son ventre et le volume plus important de sa poitrine, surtout que la brièveté de leurs entrevues n’avait pas laissé le temps à Erik de le deviner.

— Parce que tu ne voulais pas me parler quand on se voyait ici…

— Je suis désolé, je me sentais encore blessé. Une question d’orgueil, je crois. J’en ai marre aujourd’hui de faire comme si rien n’avait jamais existé entre nous. Tu es mon amie et j’ai envie de recoller les morceaux, d’être présent dans ta vie et de te soutenir dans ta grossesse. Je trouve ça merveilleux pour toi, même si le père mériterait une vraie correction.

Scarlett s’émut face à la gentillesse d’Erik et pressa sa main de la sienne dans une étreinte affectueuse.

— Alors, on fait la paix ?

— Il n’y a jamais vraiment eu de guerre. Je regrette de m’être éloigné comme ça, mais j’en avais besoin. J’ai digéré la jalousie.

— C’est moi qui suis confuse. Je n’aurais pas dû jouer avec toi et me laisser séduire… j’ai été naïve.

— Tu es juste amoureuse, mais je comprends. Ça ne se contrôle pas. En attendant, tu peux avoir le pouvoir sur ton corps et te ménager pour le bébé. Ton rythme de travail est trop intense et ce n’est pas bon pour vous deux, même si tu crois que ça te permettra d’oublier Keir.

Chapitre 2

Le surlendemain

— Votre bébé semble en bonne santé, Scarlett.

Étendue sur le lit médical du cabinet gynécologique où elle effectuait ses échographies, la jeune femme esquissa un sourire de soulagement en regardant, l’œil émerillonné, le profil approximativement net du fœtus sur l’écran de l’échographe.

— Vous êtes à votre douzième semaine de grossesse et nous pouvons désormais voir le sexe de votre bébé, continua le gynécologue, avenant. Vous voulez le connaître ?

Livia, qui accompagnait sa cousine en l’ayant précédée dans sa consultation gynécologique, prit la parole la première après un coup d’œil de connivence à l’égard de sa cadette :

— Non merci, nous avons choisi d’un commun accord de garder la surprise jusqu’à la naissance de nos bébés.

Le gynécologue salua ce choix d’un sourire complice.

— Et si vous menez vos grossesses à terme, il y a de fortes chances pour que vous accouchiez en même temps ou à quelques jours d’intervalle.

Scarlett et Livia s’observèrent avec espoir.

— Ce serait merveilleux ! ajouta enfin la rousse, qui se redressa sur le lit médical en essuyant son ventre de gel pour contact échographique à l’aide de mouchoirs en papier. On fêtera les anniversaires ensemble, on vivra en même temps leur crise d’adolescence, on assistera à leur remise de diplômes la même année…

Sous l’œil bienveillant du gynécologue, Scarlett énuméra toute une série de choses qu’elle pourrait réaliser aux côtés de sa parente et en lien avec leurs bébés.

Après cette parenthèse médicale, les deux jeunes femmes rejoignirent Erik dans un salon de thé, puis l’entraînèrent dans leur sillage quand l’heure du shopping sonna.

Tantôt confus tantôt amusé par les caprices saugrenus des deux femmes enceintes, le pompier les suivait docilement dans leur pérégrination à travers les boutiques de la ville, les bras alourdis de sacs débordant de jouets pour bambins et d’aliments riches en matière grasse et en calories.

Hissés au beau milieu d’un magasin destiné à vêtir les nourrissons et les chérubins dans un style chic, bohème et rétro, Scarlett, Livia et Erik se concertaient sur la constitution d’un trousseau de naissance pour un bébé dont on ne connaissait pas encore le genre.

— Est-ce que nous devons absolument définir un sexe par une couleur ? lança spirituellement Scarlett, une grenouillère rose bonbon entre les mains, qu’elle épiait avec une étincelle dans le regard. Ce serait vraiment choquant si j’achetais cette merveille pour habiller un garçon ? Ou à l’inverse, si je prenais un linge bleu avec une ancre de marin pour une fille ?

— Eh bien…, commença Erik en se grattant l’arrière du crâne, perplexe. Ce ne serait pas choquant, mais un peu original.

— Un bébé a besoin de couleurs, intervint Livia, munie d’un panier en osier distribué par les vendeuses, qu’elle avait déjà rempli de cinq paires de chaussons miniatures, du même modèle, mais déclinées en teintes différentes. Quelque soit son genre, il faut que le bébé transpire la joie, la vie. Que j’aie une fille ou un garçon, je l’habillerai de toutes les couleurs, pourvu que ça soit harmonieux.

— C’est exactement ça !

Telle une vague rousse, Scarlett ondoya vivement en direction d’un superbe landau de style ancien, aux allures de calèche et tendu de velours bleu nuit.

— Mais quelle merveille ! s’exclama-t-elle sans retenir sa joie, attirant les coups d’œil des autres clientes, elles-mêmes attirées par l’objet, mais vite découragées par le prix auquel on le vendait.

Livia se matérialisa à ses côtés, scanna le landau d’un œil expert, vit sa marque et son prix, et pour s’assurer qu’il ne s’agissait pas d’une contrefaçon, en jaugea la qualité sous ses mains avant de déclarer :

— C’est bel et bien un Silver Cross, importé d’Angleterre. Une excellente marque, d’un charme fou. Tu ne trouveras pas plus beau.

Scarlett étudia l’étiquette du landau et plissa ses yeux à la vue de la somme exorbitante qui y était imprimée.

— C’est sûr… je ne trouverai pas plus cher non plus.

Elle soupira, un peu déçue, sans pour autant cesser d’admirer ce carrosse dessiné à l’adresse des poupons.

— Je vais me rabattre sur une poussette fonctionnelle et moderne. Après tout, un bébé grandit vite, je n’aurais pas besoin d’une pièce aussi luxueuse sur le long terme, continua-t-elle pour se convaincre.

Voyant combien un tel cadeau égayerait le quotidien de sa cousine depuis le départ de Keir, Livia, qui pouvait s’accorder quelques folies financières, attendit qu’elle rejoigne Erik pour héler en toute discrétion une vendeuse.

Un quart d’heure plus tard, alors que l’infirmière et son ami attendaient sur le trottoir, les bras chargés de sacs d’achats où des vêtements de bébés et des éléments décoratifs se trouvaient, Livia sortit de la boutique en poussant le landau gaiement, un nœud de cadeau blanc attaché à son armature métallique.

À la vue de l’objet, Scarlett eut une interjection de surprise et considéra sa cousine comme si elle lui avait annoncé qu’elle ferait dans la nuit du vélo aux côtés d’E.T.

— Joyeux Noël à l’avance, mon chaton. Avec une poussette pareille, ton bébé se fera passer pour le prince ou la princesse de Beaufort.

Sur un autre continent, Keir s’adonnait à un entraînement de tir avec les hommes de sa section. En réalité, derrière cet exercice militaire, se dissimulait un pari qu’il était bien déterminé à remporter. Il voulait prouver à tous ses camarades présents qu’il était le meilleur tireur que l’unité pouvait compter.

En tenue de combat, un casque destiné à protéger les oreilles vissé sur le crâne, le capitaine balafré tenait son arme de back-up, un Berretta M9 italien au poing, et visait avec une froide assurance les boîtes de conserve disposées à trente mètres de distance sur un banc élémentaire. Les coups résonnèrent bruyamment dans l’atmosphère à près d’une seconde d’intervalle, mais à aucun moment leur violence ne le fit ciller. Il maîtrisait ses membres, était maître de son arme, de la trajectoire de ses balles. Tout était une extension de sa volonté.

Il ne manqua aucune cible et se rengorgea d’un sentiment de satisfaction lorsque ses hommes sifflèrent d’admiration.

— Jolie démonstration ! entendit-il après avoir ôté son casque à protection.

La voix appartenait à une femme inconnue. Son timbre était flatteur. Un peu trop peut-être.

D’un mouvement souple, il virevolta sur ses jambes et croisa des yeux bruns, plutôt charmeurs. Après une distance visuelle, un visage régulier de type hispanique, une chevelure brune et un corps svelte entrèrent dans son champ de vision. Cette étrangère avait de faux airs d’Éva Mendes et à croire le badge épinglé à sa chemise, elle pouvait se targuer d’être reporter de guerre. Pas mal à observer.

Le Keir d’autrefois lui aurait plausiblement fait les yeux doux dans l’espoir d’obtenir ses faveurs dans le secret de la nuit. Il savait plutôt y faire avec les journalistes intrépides. Mais aujourd’hui, même la plus belle femme de l’univers ne l’aurait pas détourné de la femme qui hantait ses pensées. Une tornade rousse indocile, piquetée de taches de rousseur, provocante à plaisir, irritante, qui, confinée dans son nid douillet en Caroline du Sud, s’arrondissait jour après jour de ses œuvres.

Bref, il avait cette satanée Scarlett dans la peau et son simple souvenir faisait paraître toutes les autres femmes aussi insignifiantes que les grains de sable du désert où sa section était basée.

— Merci, répondit-il laconiquement, plus intéressé par son pistolet de poing que par son interlocutrice. Vous êtes qui ?

— Paloma Cruz, reporter pour la CNN. Je travaille sur le quotidien des marines ici et j’aimerais interviewer plusieurs militaires de grades différents. On m’a dit que le capitaine Dalglish serait d’accord pour jouer le jeu. Vous êtes bien le capitaine Dalglish ? demanda-t-elle en portant un regard insistant à sa balafre, marque personnelle qui le différenciait efficacement des autres hommes, surtout des blonds musclés alentour auxquels il ressemblait beaucoup.

Au sourire nuancé qu’elle lui décocha à la fin de sa phrase, il sut qu’il lui plaisait et cette constatation lui fit horreur, un peu comme s’il s’était retrouvé engoncé dans le corps d’un prêtre hermétique à toutes tentations charnelles.

Ce devait être une malédiction lancée par Scarlett ! Elle l’avait émasculé par la seule force de ses ressentiments.

Il était perdu. Vide. Dégoûté de lui et de tout ce qui l’environnait.

Il voulait Scarlett, un point c’est tout.

Elle est trop loin, mec.

Face à son interlocutrice, Keir s’obligea à demeurer neutre et répondit avec une nonchalance qui blessa la courtoisie avenante de la journaliste :

— Navré, mais celui qui vous a dit ça s’est trompé. Essayez avec quelqu’un d’autre, moi, j’ai des choses à faire.

Entre autres, penser à la rouquine.

Et instinctivement, ses yeux se posèrent sur la petite croix celtique tatouée à son poignet gauche, un cadeau que Scarlett lui avait fait.

Qu’est-ce qu’elle lui manquait…

Chapitre 3

27 novembre 2008, trois mois plus tard

— Vous ne savez toujours pas si ce sont des filles ou des garçons ?

Jusqu’à présent, Scarlett et Livia n’avaient pas voulu connaître le sexe de leurs bébés, désireuses de vivre cette expérience à l’ancienne pour jouir de la surprise au moment de la naissance. Tous les vêtements et les décorations des chambres d’enfants portaient des couleurs mixtes, adaptées aux deux genres.

Les cousines se mirent à observer une pétulante septuagénaire aux yeux bleu perle et aux cheveux blancs coiffés à la manière des vedettes d’antan. Dame de qualité au caractère fantasque, née Millicent Swanson à Beaufort, puis devenue Mimi Cartmell par son mariage avec un riche Anglais, elle s’imposait comme la grand-mère de Livia et la grand-tante de Scarlett. Elle était le trait d’union entre les deux jeunes femmes et l’origine de leur rencontre une année et demie plus tôt.

— Non. Nous voulons avoir la surprise jusqu’à la fin, répliqua Scarlett en acceptant la tasse de chocolat chaud que lui présentait Erik.

En cette soirée de Thanksgiving, Scarlett avait convié ses proches et ses amis à dîner chez elle, autour d’une grande table disposée dans son salon fantasque. Outre Livia et Mimi, Lex, John, Erik, Heather et ses enfants répondaient à l’appel, le général Arlington étant absent pour une réunion de plus grande envergure quand Hudson et Keir se trouvaient au front.

— On pourrait ouvrir les paris, lança Heather par plaisanterie.

— Je vois bien Scarlett avait une fille et Livia avec un garçon, répondit aussitôt Erik en s’installant sur la méridienne, auprès de la rousse, dont il caressa tendrement le ventre arrondi.

La jeune femme tourna son regard dans sa direction, émue, même si au fond d’elle-même le désir de sentir la main de Keir à la place de la sienne demeurait très présent.

Tout comme Livia, elle était habillée d’une élégante robe d’hiver en tartan, qui mettait délicieusement sa nouvelle silhouette de future mère en valeur.

— Pour ma part, je vois l’inverse, lança Lex depuis un fauteuil marocain.

— Les filles, vous voulez bien dire quelque chose à la caméra pour nos patriotes déployés ? demanda soudain John, qui sortit de la cuisine en s’érigeant devant elles.

Livia, qui s’était à moitié affalée sur l’épaule de sa grand-mère, se redressa sur son siège, adopta la posture princière de Lady Di, puis commença :

— Bien sûr que nous voulons ! Hudson, c’est le deuxième Thanksgiving que je passe sans toi, même si je suis merveilleusement bien entourée. L’année prochaine, si tu me fais encore faux bond, je ne trouverai rien d’autre que de te rejoindre là où tes ordres te mèneront. C’est une promesse à prendre au sérieux.

Pareille à une mère qui gronderait son enfant, elle leva son index en signe de fausse remontrance.

— Mais en attendant, joyeux Thanksgiving, mon amour.

Cette fois-ci, elle ponctua son petit discours d’un baiser envoyé à la caméra, dont l’objectif se focalisa ensuite sur Scarlett, alors chaudement pelotonnée dans les bras d’Erik pendant qu’elle sirotait sa tasse de chocolat fumant.

— Scarlett, qu’est-ce que tu veux ajouter ? 

Si la tendresse de son étreinte avec son ami pouvait prêter à confusion, il n’y avait, dans l’esprit de la jeune femme, plus vraiment d’ambiguïté avec le pompier. Son cœur appartenait à Keir, parfois malgré elle, même si deux ou trois baisers doux, innocents, avaient été échangés au cours des dernières semaines. Ce n’était qu’une manière d’approfondir leur relation, de combler le manque d’attention masculine sans jamais outrepasser les limites que Keir avait enjambées avec panache.

Scarlett adorait Erik pour l’amitié, la douceur et leurs idées en commun. Mais personne ne pourrait jamais remplacer son insupportable capitaine Dalglish.

Dans son espièglerie toute féminine, elle voulait se jouer un peu de son ancien amant, lui prouver qu’elle n’était pas la larve émiettée qu’il espérait certainement qu’elle soit depuis leur séparation brutale. Elle savait qu’il verrait la vidéo en compagnie de Hudson et espérait le provoquer, sinon lui prouver que la vie continuait en son absence.

— Je souhaite un merveilleux Thanksgiving à tous les marines. Comme tu le vois, Hudson, ta femme et moi sommes chouchoutées par toute une armée d’hommes. Nous passons tous nos caprices de femmes enceintes à des militaires au mental d’airain.

— J’approuve. Elles ont de ces envies alimentaires parfois… des mangues avec du nuoc-mam, des tagliatelles au curry, du riz blanc assaisonné au safran et servi avec des œufs mimosas, des cuisses de grenouilles frites… et j’en passe ! dit John en voix de fond, sans apparaître à l’écran. Toi et Dalglish, vous manquez leur inventivité culinaire et leurs sautes d’humeur.

Les jeunes femmes eurent un petit rire complice.

— Les cuisses de grenouilles frites, c’est moi. Livia manque de vomir à chaque fois qu’elle en voit une, ajouta Scarlett. Tu nous manques, Hudson. Et n’oublie pas de dire au balafré de ne pas céder à un héroïsme dérisoire. Je sais à quel point il peut être impulsif et idiot.

La pique était directement lancée à Keir. Non sans un sourire dans la voix, John répliqua près de la caméra :

— On avait dit qu’on ne céderait pas aux règlements de compte à travers la vidéo souvenir.

— C’est juste un avertissement.

Les autres invités complétèrent ce message et les jeunes femmes le conclurent par des baisers donnés à même la caméra, ce qui la souilla de traces de lèvres rouges en accentuant le caractère humoristique de ce petit film.

— Non, mais je rêve ! Tu as vu comme elle est lovée contre lui ?

Hudson venait de montrer la vidéo de ses proches à Keir et faillit ricaner face au teint cramoisi de son ami. Ce n’était pas son genre de s’emporter pour si peu, d’autant plus qu’il avait jusqu’ici évité de parler de Scarlett ou d’évoquer ses sentiments.

— Qu’est-ce que ça peut te faire ? Vous n’êtes pas ensemble.

— Elle porte mon enfant et elle fréquente l’autre pompier ! Elle n’avait qu’à s’asseoir sur ses genoux pendant qu’on y est !

— Tu es jaloux, ma parole ! Je croyais que tu l’avais encouragée à aller vers lui.

— On peut changer d’avis, non ?

— Tu es tellement paradoxal ces derniers temps.

Keir s’enfonça davantage dans le hamac sur lequel ils étaient installés à la belle étoile, au cœur même de la base militaire américaine.

— En plus de ça, elle me provoque. Je te jure, elle mérite des gifles quand elle joue à ce jeu.

— Tu l’as bien cherché.

— Si j’apprends qu’ils couchent ensemble, je crois que je deviendrai fou… dis-moi, tu sais quelque chose à ce propos ?

— Connaissant Scarlett et ses principes, elle éviterait de coucher avec un homme après les quatre premiers mois de grossesse, surtout s’il n’est pas le père de l’enfant qu’elle porte. Elle trouverait ça tellement malsain et je la comprends.

Keir pouvait également se vanter de connaître la personnalité de son ancienne amante et savait dur comme pierre qu’elle ne prendrait jamais un amant dans sa situation actuelle. Il avait aussi conscience de l’amour qu’elle lui portait, mais redoutait une vengeance de sa part. Rien n’empêchait Scarlett d’entretenir une amourette avec son premier prétendant ou pire, de voir en lui un mari et un père de substitution pour leur bébé à venir.

Oui, Scarlett était capable de lui ôter toutes responsabilités envers son enfant et elle-même en se liant à un autre homme. Erik représentait le candidat idéal pour incarner le chevalier blanc, au cœur pur et à la magnanimité exemplaire, en totale opposition à sa propre couardise.

Elle pourrait l’effacer au profit de ce type.

Une cocotte minute sembla siffler en place de son cerveau.

Merde !

Il avait fauté en s’emportant, apeuré par l’inédit d’une situation à laquelle on ne l’avait jamais préparé. Désormais, il fallait creuser au plus profond de lui-même et se pencher sur ses vrais désirs.

Outre les responsabilités démesurées qui incombent à un homme et un père, il devait admettre les sentiments forts qu’il nourrissait toujours plus abondamment pour cette enchanteresse aux cheveux rouges. Cela faisait trois mois qu’il essayait de l’éradiquer de sa vie, qu’il priait pour devenir amnésique, mais c’était un combat vain.

À chaque fois, il revenait à la même conclusion, très primaire : Scarlett et le bébé lui revenaient.

— Si tu veux la paix, prépare l’amour, commenta Hudson au bout d’un silence, après avoir plusieurs fois visionné la vidéo pour le plaisir d’y admirer sa femme.

— C’est pas plutôt « prépare la guerre » ?

— Oui, mais j’adapte cette maxime pour toi. Tu dois réussir à trouver la paix, à faire exploser les chaînes que tu as toi-même fixées autour de ton cœur. Tu dois laisser ta sensibilité s’exprimer, effacer les mauvais souvenirs passés avec tes parents, oublier le sacrifice de ton frère et vivre ta propre expérience amoureuse. Crois-moi, tu es plus sensible que tu ne veux l’admettre. Et si tu veux être heureux, tu dois arrêter de mépriser les fondements de la vie : l’amour, la famille, la modestie et l’honnêteté. Affronte la vérité, regarde au fond de toi-même et prépare-toi à aimer. Il n’y a rien de plus rassurant que de savoir qu’un phare nous éclairera toujours à l’horizon et qu’un port nous accueillera toujours après de longs moments d’errance. Livia est à la fois mon port, mon phare et ma boussole. Maintenant que je la connais, je crois que je ne serai plus capable de vivre sans elle. Quant au bébé qui arrive, il sera notre merveille. Notre raison d’être, le but pour lequel on se battra à jamais, chaque jour, chaque soir. Le plus beau des cadeaux que la vie puisse nous donner, c’est d’avoir une famille qui nous aime.

— La vache ! Depuis que tu es marié à Livia, tu as des airs de philosophe grec.

Derrière son apparente moquerie, Hudson savait que son ami cherchait simplement à escamoter son trouble.

Le sarcasme était sa principale armure.

— Je suis sérieux, Dalglish.

— Je sais…, admit-il enfin. Laisse-moi seulement le temps de me préparer à l’amour. C’est pas facile. Je te rappelle que t’étais à fleur de peau avant d’épouser la femme de ta vie.

— C’est le moment de la métamorphose qui est le plus difficile à gérer. On ne se reconnaît plus. Mais après, tout semble tellement inné et évident. Si j’y suis arrivé, tu le pourras. Un marine a le mental pour y parvenir, aussi entêté soit-il.

Chapitre 4

Afghanistan, 14 février 2009

Accoutré d’un shalwar kameez noir pour hommes, fabriqué dans la plus pure tradition afghane, et coiffé d’un pakol en laine brune, Keir déambulait incognito dans la vallée de Bamiyan, célèbre dans le monde archéologique pour avoir accueilli trois statues monumentales de Bouddha, taillées à flanc des falaises en grès avant leur destruction par les talibans en 2001. Les vestiges des cellules de moines bouddhistes creusaient toujours les parois de la falaise en témoignant de la vie pieuse et effacée qu’avaient pu vivre ces hommes du passé.

— Tu te rends compte, Dalglish ? Ces Bouddhas ont résisté quinze siècles avant d’être pulvérisés. Ils ont assisté à la destruction de la ville de Bamiyan par les Mongols de Gengis Khan il y a huit cents ans et ont vu les troupes russes débarquer dans les 80’s, avant d’être anéanties en poussière par un petit groupe de terroristes renégats. Les salopards.

Keir décocha un regard à Hudson, lui-même habillé à l’image d’un Afghan pour endormir tout soupçon. Avec le hâle de sa peau, ses grands yeux vert jade, ses cheveux d’ébène et la barbe qu’il se faisait pousser depuis quelques jours pour leur mission d’infiltration, son ami se fondait aisément parmi les autochtones de cette contrée. Il lui fallait seulement garder le silence afin d’étouffer son incurable accent de cow-boy.

S’ils étaient ici, c’était avant tout pour suivre une piste de terroristes détectés dans le coin. Le secteur était solidement quadrillé par l’armée, d’autant plus que le site était classé au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis cinq années.

— Ces fils de chiennes aiment saccager les beautés du monde. C’est leur propre mémoire qu’ils tuent.

Tout en arpentant le secteur sous leurs tenues d’emprunt, qui dissimulaient gilets pare-balles et armes sophistiquées, les deux compagnons profitaient de leur intervention pour admirer les splendeurs du site. Surtout Hudson, dont la passion des vieilles pierres et de l’archéologie ne cessait de croître depuis qu’il était marié à Livia. En digne professeure universitaire, cette dernière ne pouvait que l’encourager dans cette voie et rêvait de le voir reprendre des études pour assouvir son projet le plus personnel : être archéologue.

— Le secteur a l’air calme aujourd’hui, nota ce dernier.

— Pas une raison pour baisser la garde. Le lieutenant-colonel n’aimerait pas voir son major et son capitaine disparaître comme ces Bouddhas sous les coups des mitraillettes. Tu n’aurais pas dû venir avec nous, Rowe. J’aurais pu être assisté par l’un de mes hommes.

— Je ne voulais pas louper ce spectacle. On n’a pas l’occasion de visiter ce site tous les jours. Puis, ça me donne encore plus la haine quand je vois comment ils détruisent le patrimoine historique d’un pays. Tu imagines le malheur si notre statue de la Liberté explosait ? Si le château d’Édimbourg tombait en poussière ?

Keir frémit à cette éventualité.

— L’horreur.

Ensuite, il décocha un regard circulaire aux lieux, vers des axes stratégiques où leurs hommes étaient postés et si bien camouflés qu’ils en étaient invisibles à l’œil nu.

— Quand est-ce que tu vas appeler Scarlett ? lâcha tout à coup Hudson. Noël était une occasion merveilleuse.

— Je te rappelle que je lui ai laissé un message vocal pour la remercier des bonbons qu’elle nous a envoyés en guise de cadeaux. Elle n’a pas cherché à me recontacter à travers toi.

— Tu aurais dû insister. Elle aurait fini par abdiquer. Peut-être, au bout du quatre cent soixantième appel, mais au moins, elle aurait vu ta bonne foi à travers ton acharnement téléphonique.

Après sa tentative, Keir avait mille fois composé le numéro de Scarlett, puis mille fois raccroché avant même qu’une tonalité ne résonne. S’il était sûr de ses sentiments, il n’était pas encore prêt à le lui dire. Leur histoire semblait tellement irréaliste depuis l’Afghanistan. 

— Tu es au courant que tu peux crever à tout moment ici et que ton âme ne sera jamais tranquille si tu ne lui présentes pas tes excuses ?

— T’es tellement rassurant comme type, ironisa Keir. Souviens-toi, avant d’épouser Livia, tu refusais de la contacter quand tu étais déployé.

— Ce n’était pas pareil. On voulait s’oublier et elle n’était pas enceinte de moi.

— Moi aussi, je veux oublier la rouquine.