Un printemps pour la planète - Vincent Le Cam - E-Book

Un printemps pour la planète E-Book

Vincent Le Cam

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Beschreibung

Bec-au-Vent , narratrice et héroïne de ce livre, est une petite hirondelle. Elle n'est pas toujours très diplomate et prend à contre-pied bien des idées reçues. Elle se fait à la fois pamphlétaire et conseillère, le temps de dénoncer les excès de notre société. Elle s'échine également à trouver des solutions pérennes pour que l'être humain retrouve une place de raison dans la nature. En fait, comme bien des animaux, Bec-au-Vent se lasse des pollutions de l'Humanité, de la place grandissante que nous occupons sur la planète, du ridicule de nos modes de consommation, et brosse le triste portrait des aberrations de notre civilisation. Au fil de sa courte vie d'hirondelle, riche de belles rencontres, parsemée de grandes joies, de malheurs également, elle te fera sourire, elle te fera pleurer. Tu ronchonneras en lisant son récit et tu te rebelleras parfois, sans doute en la traitant de tous les noms d'oiseaux ! Mais tu l'estimeras bien vite attendrissante, et pas dénuée de bon sens. Attention à toi, cependant : si tu lis la première page, tu seras contraint, tout comme dans "Jumanji", de vivre l'aventure jusqu'à la dernière ligne. Elle n'accepterait pas le moindre commentaire si ce n'étais pas le cas ! Viens vivre l'histoire possible de ton avenir, revue et corrigée par une hirondelle qui pourrait bien faire le printemps...

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L’AUTEUR

Il convient que je parle de moi ici. Je ne sais pas faire ces choses-là, mais je vais tâcher, à grand peine, de me présenter à toi.

Je suis breton, originaire de Lesconil, mais je suis né à Nancy et vis à Batz-sur-Mer, sans doute par esprit de contradiction.

De mon enfance, je ne garde que de bons souvenirs. Je l’ai passée essentiellement au Nigéria. La petite école française Peugeot de Kaduna fut le théâtre de mes premières bêtises. Je les partageais avec mon frère et d’autres enfants d’expatriés. Nous nous retrouvions chaque après-midi, au Zaki Club, pour des aventures toujours renouvelées.

De cette période extraordinaire, j’ai conservé un goût prononcé pour le voyage et la découverte.

Je ne crains pas de déménager souvent, ni de vivre sur un bateau, j’aime la bonne chère, les plaisirs de la vie, les amis.

J’ai créé puis revendu une société qui a accaparé vingt ans de ma vie.

En fait, je crois que je suis très instable, ou du moins je l’étais.

Je l’étais… jusqu’à ce qu’une hirondelle décide de me confier sa plume !

DÉDICACE

À toi qui es petit et lent dans un monde grand et rapide ; à toi qui ne demandes rien d’autre que de vivre serein dans ton environnement ; à toi qui portes sur tes épaules toute la misère du monde, je t’offre ces quelques lignes, petit pangolin.

Sommaire

PREMIÈRE PARTIE : Zéro sur vingt

DEUXIÈME PARTIE : Sauvez-moi, ou crevez avec moi !

TROISIÈME PARTIE : Un printemps pour la planète

PREMIÈRE PARTIE

Zéro sur vingt

Si j’étais Dieu, je crois que zéro sur vingt, c’est la note que j’attribuerais à votre Humanité !

Les autres animaux auraient tous la moyenne, bien sûr, car ils font leur travail.

J’octroierais vingt aux moustiques, par exemple, et seulement douze aux chats. Question de point de vue.

Il faut dire que je suis une hirondelle. Le chat qui mange mes petits me semble moins méritant que les moustiques, mes friandises. Toi qui me lis, tu ne partages sans doute pas mon avis. Eh bien tant pis, je le donne quand même !

Mon travail à moi s’inscrit dans un cycle sans faille : parcourir le monde deux fois par an, manger des moustiques, et donner naissance à de petites hirondelles. Elles-mêmes parcourront le monde, mangeront des moustiques et donneront naissance à d’autres petites hirondelles.

Mon périple, je l’entame en Afrique, où je vis la première moitié de l’année. À la fin de la saison sèche, je viens m’installer en France. J’ai mes quartiers d’été depuis bien longtemps chez Nicole, au sud de la Bretagne.

Elle est gentille, Nicole, elle préserve nos nids d’un printemps à l’autre. Malheureusement, depuis quelque temps, beaucoup restent vides durant l’été. Il faut dire que la nourriture se fait de plus en plus rare. Les moustiques disparaissent, je ne sais pas pourquoi. J’ai entendu dire qu’on « traitait » les campagnes. Ça a peut-être un rapport !

Une ancienne hirondelle, bien plus âgée que moi, m’a dit un jour, lorsque j’étais enfant : « Tu sais Bec-au-Vent (c’est mon nom), les humains, de mon temps, ils devaient nettoyer à la main les pare brises de leurs voitures, pour enlever les insectes qui s’y écrasaient. Désormais, leurs essuie-glaces suffisent, parce que seuls le sel et la poussière heurtent leurs vitres. »

Le vénérable oiseau avait constaté cela moins de quinze ans plus tôt. Que de changement en une période si courte ! En attendant, nous, les hirondelles, voyons bien que notre garde-manger s’amenuise.

Quant à ma progéniture, j’en élève une promotion chaque année, et je m’attache toujours à lui offrir la meilleure éducation. La tâche n’est pas simple. Il ne s’agit pas seulement de donner la becquée à mes petits. Il convient également de leur apprendre à se lisser les plumes, à chasser, à éviter les pièges que nous tend la Nature, à se repérer dans l’espace et le temps, pour ressortir vivant des longues migrations. Je m’oblige aussi à leur inculquer les valeurs que je tiens de mes parents, disparus il y a longtemps. Je suis fière de tous mes oisillons, et foi d’hirondelle, je suis fière également de tout le travail que j’ai réalisé !

Ma vie ressemble à celle de bien des animaux que je côtoie journellement. Je l’aime comme elle est, avec ses petites joies et ses petites peines ; avec ses aventures qui la rendent singulière.

Parmi les autres, ceux dont la vie me semble bien différente, il en est un qui prend de plus en plus de place sur la planète. Même lorsqu’il se trouve loin, on ressent sa présence dans l’air, dans l’eau ou sur la terre. Il s’insinue partout. Tu l’auras compris, je parle de toi et de tes pairs, les humains.

*****

***

*

Ah, les humains… Vous savez, je crois que vous produisez souvent les bons diagnostics. Vraiment, c’est un talent ! Mais malgré tout, vous mettez systématiquement en œuvre les mauvais procédés pour enrayer vos égarements, ou résoudre vos problèmes. C’est embêtant. J’ai même entendu dire que certains d’entre vous étaient devenus végans pour faire du bien à la planète. Vous avez oublié que vous êtes omnivores, à l’origine ? C’est sans doute par quelque fourvoiement que ceux-là ne se plaisent qu’à brouter. Je ne vois pas d’autre explication !

Je n’ai pas un gros cerveau, c’est peut-être la raison pour laquelle je ne comprends pas votre logique. Il paraît qu’il n’y a pas si longtemps, vos vaches sont devenues folles… parce que vous aviez remplacé leur herbe par de la farine animale. J’imagine qu’il s’agit de carcasses d’animaux réduites en farine ? C’était sans doute une erreur. Tout le monde sait bien qu’une vache, ça ne mange pas de viande. Non ?

Mais je m’égare déjà – j’ai tant de choses à dire, aussi ! Laisse-moi évoquer mes premières sources d’agacement.

Au cours de nos voyages, on a le temps de parler avec les copines. On voit le monde d’en haut et on observe tout, c’est si simple de regarder !

On remarque bien, par exemple, que votre population augmente de manière exponentielle. Et on constate au contraire, que celle des autres animaux baisse à toute vitesse. Vous prenez tant de place avec vos villes, vos routes et vos cultures, que nul autre que vous ne peut plus jouir de son territoire.

J’ai même cru comprendre que vous cherchiez de nouvelles planètes pour vous y installer. On vole sur le dos, non ? Enfin chez vous, je crois qu’on dit : « On marche sur la tête ! »

Vous êtes si nombreux qu’il n’y a plus assez de place sur la Terre. Pourtant, vous voulez garder tout l’espace déjà conquis, et continuer de vous étaler, refusant jalousement de partager les sols. Bon nombre d’entre vous détruisent nos nids chaque année. Et nous, on reconstruit. Et vous cassez encore. À croire que même nos trente centimètres carrés vous gênent, vous qui en squattez des milliards de milliards !

Avant votre industrialisation et votre mondialisation, un certain équilibre subsistait. La chaîne alimentaire était respectée. Les grands espaces existaient encore et chacun pouvait vivre, se loger, se nourrir et mourir en paix. Chaque animal respectait l’autre, même s’il le mangeait ! Fini tout ça. Vous n’êtes plus capables d’honorer cet équilibre. Vous brûlez les forêts, vous dévastez les océans, vous polluez le ciel et même vous, vous ne vous respectez plus !

Vos médecins, tels d’apprentis « bons dieux », veulent vous faire vivre le plus longtemps possible. Dès que vous êtes vieux, on vous range en EHPAD, et vous devez survivre encore plusieurs années.

Préférez-vous donc votre longévité à votre qualité de vie ? N’est-il pas plus gratifiant d’aider vos congénères à mourir sereinement, plutôt que de les contraindre à partir plus tard, débarrassés de leur dignité et souvent de leur raison ?

Nous, les hirondelles, on ne vit pas très vieilles, mais on est très actives jusqu’au jour de notre mort !

Ce n’est pas une mauvaise chose, la mort, si on a fait son travail.

Je sais, je sais. C’est plus angoissant d’accepter un décès que de le repousser au maximum. En tout cas, j’ai l’impression que ça vous donne bonne conscience de fonctionner ainsi…

Vous êtes comme ça, vous, les humains. Des « bien-pensants ». Vous vous donnez un mal fou pour des causes qui touchent l’autre bout de la planète, mais vous vous rendez bien incapables de prendre soin de vos proches, ou de la petite vieille d’en bas de chez vous, au jour le jour.

Si ce n’était pas navrant, ma foi, ce serait risible !

*****

***

*

Nicole, quand elle fait son ménage, elle écoute la radio. Dans ces moments-là, elle ouvre grand sa fenêtre. Je profite alors largement de ces émissions qui m’éclairent dans beaucoup de domaines. Enfin, si je dois faire preuve d’honnêteté, je le fais surtout pour rigoler un bon coup.

Je dois dire que les sujets qui m’amusent le plus concernent ce que vous nommez « écologie ». Ce doit être de l’humour anglais : vos journalistes traitent de thèmes éminemment sérieux, avec ce flegme et cette gravité que seuls les Britanniques savent arborer. Quand bien même ils disent n’importe quoi.

Tenez, la dernière fois, ils parlaient du plastique. Chacun sait bien qu’il y en a plein les océans et qu’il faut arrêter d’en fabriquer. Et pourtant, le prétendu expert que ces comiques interrogeaient, en prenant un ton persuasif, tentait de vous convaincre de le recycler. Il ne tarissait pas d’arguments, tous plus farfelus les uns que les autres. Qu’est-ce que j’ai ri !

Il devait le savoir pourtant, ce monsieur, qu’à l’époque on ne pouvait pas recycler plus de huit fois un plastique, sans qu’il ne perde ses propriétés de transparence, de résistance ou d’étanchéité. Hilarant, cet humain : pas une seule fois, il n’a mentionné qu’on ne pouvait pas mettre plus de vingt-cinq pour cent de plastique recyclé dans une bouteille. Jamais il n’a rappelé que pour fabriquer cette même bouteille, il fallait ajouter soixante-quinze pour cent de plastique neuf. Et en aucun cas il n’a conclu que le recyclage impliquait de créer trois fois plus de plastique. Vraiment très fort, quel charlatan !

Bon, je médis, mais il avait bien un argument apparemment recevable. Il exposait que certains scientifiques avaient découvert, en étudiant les propriétés de certaines enzymes, le moyen de recycler le plastique à cent pour cent. Si jamais ils arrivaient au bout de leurs recherches, je suis curieuse de voir quelles pollutions nouvelles ils nous inventeraient. De toute façon, cela aurait pour seul effet de décaler le problème. Puisqu’une bouteille en plastique, même recyclée à cent pour cent, finira toujours dans la mer. En plus, dès que cette bouteille aura disparu sous les eaux, elle sera immanquablement remplacée par une autre… peut-être même constituée à cent pour cent de plastique neuf.

En attendant, sois sûr que la majorité des plastiques qui viennent gonfler les océans, désormais, ont été recyclés !