Vampire Solitaire - tome 2 - Priscilla Llorca - E-Book

Vampire Solitaire - tome 2 E-Book

Priscilla Llorca

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Beschreibung

Anna et Nick aimeraient oublier le passé et prendre un nouveau départ à deux, mais Anna est bien vite rattrapée par ses instincts...

Anna Andolini a cru pouvoir mener une existence paisible auprès de Nick Castle, vivre le parfait amour sans être empoisonnée par ses crimes passés, où le poids de la mort et de la culpabilité étaient omniprésents. Elle voulait se détourner du monde qui fut le sien pendant des siècles jusqu’à oublier sa véritable nature.
Mais c’est impossible.
Anna est un vampire.
Elle est le vampire.

Suivez les mésaventures d'Anna et Nick, une vampire et un humain, dans cette saga fantastique envoûtante et pleine de romance !

EXTRAIT

Les talons de ma sœur claquèrent le sol rocailleux.
Le bruit créa l’équivalent d’un séisme dans ma tête, tant les éléments extérieurs étaient perturbants pour moi. Mais ce fut les hurlements dans la cellule non loin de moi qui me saisirent sur place. Je reconnus les beuglements de Louis Le Blanc, le tout premier vampire, et créateur du Conseil des vampires : gouvernement qui régit les lois et qui surtout s’assure qu’elles soient respectées grâce à leur armée de guerriers de l’ombre.
Leur légitimité autrefois évidente n’était plus si certaine aujourd’hui.
Jean Le Blanc, le fils de Louis, était celui à vouloir renverser le Conseil afin de prendre le pouvoir. Pour cela, il décida d’utiliser la force.
Emprisonner son père fut la première étape.
Moi, j’étais là uniquement, pour assouvir la vengeance de ma sœur aînée, qui, de ce que j’avais compris, avait une liaison avec Jean.
Ma sœur…
Sylvia.
Je l’avais cru morte.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE - À propos du tome 1

L'histoire est originale et plaisante, la romance mignonne, je l'ai lu très rapidement. J'espère que la suite arrivera rapidement !! - Milkyway87, Booknode

À PROPOS DE L'AUTEUR

Priscilla Llorca, née le 15 Décembre 1989, à Toulon, écrit depuis l’âge de 15 ans : « Au départ, il s’agissait seulement de fan-fiction. Je reprenais des épisodes de mes séries préférées pour donner les fins que je souhaitais avoir. Puis un jour, j’ai eu un déclic : écrire ma propre histoire, mon propre roman, avec mes personnages. Et Vampire Solitaire est né… »

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Vampire Solitaire

A mes parents qui m’ont offert

 le plus beau cadeau d’une vie,

Mon héroïne, mon modèle,

mon pilier… ma sœur.

« Les bons amis t’aident à retrouver

des choses importantes lorsque

tu les as perdues ; ton sourire,

ton espoir et ton courage »

Prologue

Anna

Enchainée.

Ensanglantée.

Mutilée, j’étais suspendue par les poignets à plusieurs centimètres du sol. J’étais maintenue par des chaînes en argent qui me rongeaient la chaire.

Volontairement, Sylvia, ma sœur que je pensais décédée, avait mis des lampes UV de partout dans cette salle de torture. Les rayons me dévoraient la peau petit bout par petit bout.

Les vampires craignaient le soleil. Même si l’on pouvait se déplacer selon notre volonté, il n’était pas très agréable à supporter. Ses rayons provoquaient une chaleur intense, insupportable en quelques minutes seulement. C’est pourquoi l’on ne sortait quasiment jamais sans une paire de lunettes de soleil. Le simple fait d’ouvrir les yeux était dérangeant.

Malheureusement, à cet instant précis, même mes rétines étaient douloureuses. Je n’arrivais quasiment plus à garder les yeux ouverts. Ma peau commençait, quant à elle, à former des bulles et à rougir.

Dégoulinante de sueur et affamée, j’avais la sensation de dessécher. Ma bouche était devenue pâteuse. Tous mes muscles étaient ankylosés. C’est à peine si j’arrivais à me mouvoir.

—Bonsoir Anna.

La voix de ma sœur raisonna dans la cellule plongée sous terre.

Je ne fus guère surprise de l’entendre, étant donné qu’elle était la seule à me rendre visite.

Enfin, elle et Lucius.

Lucius était un sorcier.

Longtemps, je crus qu’ils étaient un mythe.

Mais après tout, si les vampires existaient, pourquoi pas les sorciers ? Au fil des siècles, j’avais découvert de nombreuses autres races, plus dangereuses les unes que les autres.

La différence avec les sorciers était qu’ils étaient plus dissimulables. Ils ne portaient aucune odeur, aucune emprunt perceptible ou effluve qui les distinguait des autres. Ce qui n’était par exemple pas le cas des loups-garous.

Immortels, les sorciers étaient ce qui se rapprochaient le plus de l’humain. Ils n’avaient pas besoin de sang ou n’avaient pas d’instinct animal qui pouvait les anéantir et leur faire oublier qu’ils étaient. Ils ne se transformaient pas. Ils étaient parfaitement identiques aux hommes.

Les talons de ma sœur claquèrent le sol rocailleux.

Le bruit créa l’équivalent d’un séisme dans ma tête, tant les éléments extérieurs étaient perturbants pour moi. Mais ce fut les hurlements dans la cellule non loin de moi qui me saisirent sur place. Je reconnus les beuglements de Louis Le Blanc, le tout premier vampire, et créateur du Conseil des vampires : gouvernement qui régit les lois et qui surtout s’assure qu’elles soient respectées grâce à leur armée de guerriers de l’ombre.

Leur légitimité autrefois évidente n’était plus si certaine aujourd’hui.

Jean Le Blanc, le fils de Louis, était celui à vouloir renverser le Conseil afin de prendre le pouvoir. Pour cela, il décida d’utiliser la force.

Emprisonner son père fut la première étape.

Moi, j’étais là uniquement, pour assouvir la vengeance de ma sœur aînée, qui, de ce que j’avais compris, avait une liaison avec Jean.

Ma sœur…

Sylvia.

Je l’avais cru morte.

Je m’étais persuadée de ce fait, pensant que c’était le temps qui avait conduit à sa disparition. La réalité était tout autre. J’étais responsable du meurtre de mes parents, de ma sœur, de mon petit-frère et de mon beau-frère. Ma seule certitude était que l’unique survivante de cette soirée fut ma nièce, Melinda.

Cette pensée me serra le cœur.

Ma nièce avait dû me mépriser tout au long de sa vie, sachant que j’étais coupable de l’assassinat de tous ceux qu’elle aimait.

Ma sœur avait-elle profité d’elle jusqu’à la fin ou s’était-elle détournée dès l’instant où elle fut transformée ?

—Tu as une mine affreuse, se moqua ma sœur.

Malgré mes yeux clos, je sentais Sylvia tourner autour de moi et me guetter longuement tel un vautour prêt à attaquer sa proie.

L’enfermement, je l’avais connu.

La différence avec celui-ci était qu’elle ne me laissait pas une seule seconde de répit. Elle voulait me faire souffrir, autant physiquement que moralement. Les rayons UV en étaient la preuve. Au plus les heures s’écoulaient, au plus ils consumaient ma chair. C’était comme brûler sur un buché mais de façon beaucoup plus lente et douloureuse.

Ma sœur fit glisser les chaines.

Je ne pus contenir ma chute et je frappai le sol avec violence.

Mes os fragilisés ne purent le supporter et je les sentis se briser sous mon poids.

—Sais-tu quel jour nous sommes ?

—Il aurait fallu que tu investisses dans un calendrier au lieu de tes lames pour une meilleure commodité, rétorquai-je sur le ton de l’humour. A moins que tu veuilles me l’inscrire directement sur la peau et cocher les jours un par un au couteau ?

—C’est une idée, me souffla-t-elle. Relève-toi !

—Je ne peux pas, répliquai-je.

La mâchoire serrée, je tentai de feindre l’indifférence, mais je commençai déjà à saturer. Mes barrières mentales fortifiaient par mes années d’enfermement étaient faites de foin à côté de ce que Sylvia et surtout Lucius me faisaient.

—Nous sommes le 1er Janvier, m’annonça-t-elle.

Mon cœur se fissura à cette annonce.

J’avais imaginé passer noël et le jour de l’an auprès de Nick, Emma et mes amis. Dire que ça faisait déjà quinze jours que j’étais ici. -

—Melinda est née le 1er Janvier, me souvins-je en levant les yeux dans la direction de ma sœur.

Ma rétine eut beau me brûler, je voulais voir sa réaction à l’annonce du prénom de sa fille. Aussitôt, son visage se métamorphosa, la rancœur dans ses yeux, déjà palpable, était d’autant plus tangible.

—Ne prononce pas son nom, m’ordonna ma sœur en m’attrapant par la nuque. Je te l’interdis, c’est clair ! Tu as perdu ce droit le jour où tu as assassiné toute sa famille !

****

Nick

00h01

Les voix s’élevèrent dans le Manoir.

L’annonce de cette nouvelle année s’exprima dans des explosions de joies dont je fus étranger. Comment me réjouir de cette célébration ? Je voulais célébrer ce jour auprès de ma fille et de la femme que j’aimais.

Au lieu de cela, je me retrouvais dans un pays étranger dont j’ignorai tout, la France, entouré de vampire, dans un manoir gigantesque. Bien sûr, j’avais ma fille et c’était mon cadeau. Seulement, à cette heure, elle dormait déjà. Et même si j’étais chanceux de pouvoir compter sur mes amis, Nina, Logan, Tom et Ilena, ils ne pouvaient combler ce vide que l’absence d’Anna avait laissé derrière elle.

Ne pouvant supporter la vision de ces gens heureux, je décidai de sortir. Mon paquet de cigarette à la main, je pris une cigarette et m’exilai sur la terrasse pour être au calme.

Leur bonheur faisait écho à ma triste réalité.

Je suis seul.

Je m’étais reconstruit auprès d’Anna et sans elle j’étais de nouveau démuni, sans le moindre engouement. Comment trouver l’envie de vivre alors qu’elle m’avait été arrachée ? Et le pire était que je les avais laissé faire. J’aurai dû me battre, tenter de la convaincre.

Les yeux rivés sur le ciel, je regardais cette immensité d’étoiles, dévorant toutes les constellations dont je me souvenais. Je pouvais passer des heures à observer le ciel sans me lasser. Il y avait une forme d’unicité chaque nuit. C’était comme s’abreuver d’un spectacle éternel, qui faisait prendre conscience de l’immensité de notre univers.

Mon père m’avait dit un jour que son frère, dont je ne connaissais rien était un véritable féru d’astronomie. Un passionné. Souvent, lorsque je levais les yeux au ciel, je songeais à lui et à mon père. A me demander comment était leur enfance ? Comment ils avaient vécu ? S’ils étaient heureux ?

Mon père n’appréciait guère parler du passé ou peut-être n’avais-je jamais osé le questionner par crainte. Je savais seulement qu’il fut compliqué et douloureux. Je craignais qu’un questionnement à ce sujet ravive des souvenirs pénibles. Mais la réalité était que je ne connaissais que le père. Je ne connaissais pas l’enfant, l’adolescent, ou même l’homme qui fut construit par cette enfance douloureuse. Et pourtant, j’étais admiratif, depuis toujours. Malgré toutes ces failles, il fut le modèle de père que j’avais gardé en mémoire. Celui que je voulais être pour ma fille.

Des détonations retentirent dans les jardins, me faisant d’abord bondir. Puis les bombes illuminèrent le ciel et je fus émerveillé par la splendeur du feu d’artifice. Caruso de Pavarotti s’éleva. Les couleurs, les formes se mélangèrent pour offrir un spectacle époustouflant.

Depuis toujours, les feux d’artifice faisaient naître une certaine nostalgie. Maintenant il me conduisait à me questionner sur mes propres choix de vie.

Je fus plongé dans cet univers contre mon bon vouloir.

Ce fut le meurtre de Sarah, mon premier amour et la mère de ma fille, tué par un vampire, qui me conduisit à m’intéresser à ce monde. Je m’étais perdu pendant deux longues années, durant lesquels je m’étais détourné de tout ce qui me caractérisait : ma famille, mes amis et surtout ma fille.

Quand j’eus décidé de reprendre ma vie en main, j’eus la surprise de découvrir une nouvelle arrivée : une jolie brune, dotée d’une longue chevelure, d’un regard émeraude époustouflant avec un sourire discret et de formes voluptueuses.

Elle fut la seule femme à avoir éveillé mon intérêt.

En perdant Sarah, j’étais persuadé que je ne rencontrerai jamais personne et que je ne pourrai pas refaire ma vie avec une autre.

C’était avant de rencontrer Anna.

D’une beauté dévastatrice, elle m’avait fait éprouver un désir incomparable à tout autre, animal et charnel. Elle possédait une force et une fragilité telle que j’eus l’envie de la chérir, de la protéger de ses tourments et de la faire mienne.

Quelle fut ma surprise quand j’eus appris que cette femme en mal de vivre avait en réalité un passé de meurtrière sanguinaire et que les fantômes de centaines d’hommes et de femmes venaient la hanter durant chaque instant de sa vie. Évidemment, ma première réaction ne fut pas très bonne. Je lui en avais voulu de m’avoir menti et de m’avoir caché la vérité à son sujet. Mais surtout je fus terrorisé par elle. Jusqu’à ce qu’elle m’avoue son amour. Dès ce moment, tout avait changé.

J’avais pris conscience que je ne pouvais vivre sans elle.

Malheureusement, tout se précipita très rapidement et je fus plongé avec Anna dans une spirale infernale. Rattrapée par son passé et en danger, Anna n’eut d’autres choix que de se réfugier dans son clan. C’est là qu’elle apprit que sa sœur aînée était toujours vivante et qu’elle fut celle à avoir tué toute sa famille.

Aujourd’hui, je me retrouvais dans la Manoir Le Blanc, situé dans la ville de Cassis en France, tristement seul à songer à la femme que j’aimais qui était en train de subir mainte et mainte souffrance.

—Tu veux un verre de champagne ? M’interpela Nina, venue s’asseoir à ma droite. C’est quand même un jour de fêtes, il faut le célébrer dans les règles de l’Art.

Nina eut beau jouer la carte de la bonne humeur pour me redonner le sourire, elle était en réalité autant en souffrance que je ne pouvais l’être, voire plus. Anna et elle avaient partagé des siècles d’existence l’une auprès de l’autre. Au point de devenir inséparables.

—J’aurai peut-être dû prendre une bouteille, dit-elle avec une pointe d’humour. Ça nous ferait probablement un bien fou.

—Tu devrais t’amuser avec Logan plutôt que rester avec l’homme le plus déprimant de la soirée.

—Probablement, concéda-t-elle. Mais je ne suis pas non plus de très bonne compagnie.

Nous nous assîmes l’un en face de l’autre.

—Anna me manque, déclara Nina avant de boire une première gorgée de champagne.

—A moi aussi, dis-je profondément malheureux. Penses-tu que sa sœur puisse se montrer… clémente ? Osai-je espérer.

—Les vampires sont très excessifs, déclara-t-elle tristement. Quand on aime c’est dans la démesure, mais notre haine est dans la même outrance.

—Elle reste sa sœur.

—La sœur qui a tué toute sa famille, me rappela-t-elle. L’atout d’Anna est son âme. D’une certaine manière, ça l’humanise et c’est peut-être son seul moyen de l’atteindre et de l’émouvoir. Malheureusement, nous n’avons pas la moindre garantie.

J’acquiesçai tristement avant de lever les yeux au ciel pour voir exploser le bouquet final. Le cœur serré, les yeux embués de larmes, je tentai de contenir mon émoi. Consciente de mon trouble, Nina enroula son bras autour de ma nuque et m’attira contre son épaule.

—Nous allons la retrouver, m’assura-t-elle.

—Elle ne veut pas me répondre. J’essaie depuis des jours de lui parler, mais elle a totalement fermé son esprit. Je ne l’entends plus, me peinai-je. Est-ce que tu crois qu’elle m’entend ?

—J’en suis sûre, me confirma-t-elle. Continue de t’adresser à elle, même si tu n’as pas de réponse, dis-lui que tu penses à elle, qu’elle te manque. Grâce à toi, elle pourra surmonter tout cela.

—Pourquoi ne répond-elle pas ?

—Elle veut te préserver de ce qu’elle subit.

Chapitre 1

Anna

Traînée sur le sol, les bras ballants, je me laissais totalement faire.

Après des jours, maintenue à plusieurs mètres du sol tous mes muscles étaient ankylosés.

Jetée sans ménagement dans ma cellule, le claquement de la porte raisonna au point de faire hurler mes tympans. J’étais tellement épuisée que je ne pouvais même rabattre mes mains sur mes oreilles pour atténuer le bruit.

Ma cellule rocailleuse, non loin différente de celle dans laquelle j’avais séjourné des durant, était froide et humide.

Étendue sur le sol, je m’allongeais sur le dos et gardais les yeux clos.

Aussitôt, le visage de Nick apparut dans mon esprit. Je me souvenais de chaque détail : son regard océan, son sourire ravageur, sa chevelure brune dans laquelle j’aimais plonger mes doigts. Même sa voix me manquait. Lucius avait mis des barrières psychiques pour fermer notre imprégnation et m’empêcher de l’entendre.

—Il y a quelqu’un ? S’exclama une voix d’homme dans une cellule à ma gauche.

Mes yeux furent attirés par cette voix comme un aimant.

Je me tournai sur le flanc.

Est-ce que je suis en train de perdre la tête ?

—J’entends des voix, dis-je dans un murmure.

—Non, je suis bien là, m’assura-t-il.

Tentant de me mettre à quatre pattes, je m’avançai vers le trou béant permettant de créer un moyen de communication entre nos deux cellules. Je me penchai et vis la forme de son visage.

Légèrement éclairé par une lumière, je ne pus voir que sa mâchoire et sa barbe épaisse couleur grisâtre.

—Bonjour, souffla-t-il avec un sourire enthousiaste.

—Bonjour, dis-je stupéfaite.

—Comment vous vous appelez ?

—Anna… Anna Andolini.

—Gelo, murmura-t-il d’une voix enrouée.

Emue d’entendre l’émotion dans la voix de cet inconnu, je tendis douloureusement ma main à travers ce trou pour poser mes doigts sur son poignet.

Depuis combien de temps cet homme était-il enfermé ?

A en juger par son apparence, il était clair que son enfermement ne datait pas derrière. Malgré cela, je n’arrivais pas à déterminer ses traits dans la pénombre.

—Je suis désolé, s’excusa-t-il. C’est juste que… je suis ici depuis de nombreuses années.

—Ne soyez pas désolé, lui assurai-je.

Prise d’un élan de réconfort, je resserrai mon étreinte sur ses doigts.

Je connaissais la solitude.

Elle savait rendre fou n’importe qui. Mais surtout, elle ravivait nos souvenirs les plus sombres. Plongé dans l’obscurité, il ne restait plus rien que les regrets, les remords et les souvenirs d’une vie que l’on ne retrouvera probablement jamais. En étant enfermé nuit et jour, l’on finissait rapidement par se retrouver dans un étau, un abysse, où l’on s’enterrait sans aucun espoir de survie ou de libération.

—Je ne sais pas si vous le savez, mais c’est le jour de l’an aujourd’hui, lui avouai-je avec douceur.

—De quelle année ?

—2018.

—Mon Dieu, déjà ? Ça fait tant d’années que je suis enfermé ? Se questionna-t-il.

—Depuis combien de temps êtes-vous enfermé ? Osai-je demander.

—1918. Étonnant comme les siècles s’écoulent rapidement, dit-il avec une profonde tristesse.

Sur le point de lui répondre, je sentis soudainement le prénom de Nick dans mon esprit. Mon cœur se serra et mes larmes commencèrent à me brûler la rétine.

—Nick, susurrai-je.

Comment se faisait-il que je puisse l’entendre ?

Lucius m’en avait empêché jusque-là ?

—Je ne sais pas si tu arrives à m’entendre. Peu importe. Ce que je sais, c’est que je continuerai jusqu’à ce que tu finisses par me répondre.

Mes premières larmes coulèrent le long de mes joues.

—Ilena a emmené Emma faire du poney aujourd’hui, commença-t-il. Je crois qu’elle vient de vivre le plus beau moment de toute sa vie. Elle n’a pas arrêté de courir de partout et surtout maintenant elle souhaite avoir son propre poney, ce qui risque d’être un peu compliqué vu ma place dans le salon. (L’entendre rire me conduisit à faire de même). C’est savoureux de l’entendre ainsi. Dernièrement, elle passait plus de temps à te réclamer qu’à vraiment s’amuser. Tu lui manques énormément, comme à moi. (Il prit une profonde inspiration). Je ne sais pas encore comment, mais je sais que tu finiras par revenir auprès de nous. Je t’aime

Sa voix se perdit quand la porte grinça.

****

Nick

Convié à la salle du Conseil pour une assemblée exceptionnelle, je fus profondément étonné d’être encore considéré en dépit de l’absence d’Anna. Les humains n’étaient guères estimés dans le monde des vampires. Nous n’étions rien d’autre que de la nourriture D’ailleurs au vu des regards inquisiteurs autour de moi, il était clair que ma présence n’était que très moyennement appréciée.

Intégré ce clan pour un homme dans ma condition était un véritable privilège et surtout une marque de considération. Des liens d’amitié s’étaient tissés, notamment avec Ilena pour qui j’avais une affection profonde. Cette dernière respecta mon souhait de tout savoir sur les recherches pour retrouver Anna et Louis.

Les guerriers de l’ombre munis de leur épée, hache ou pistolet mitrailleur ne m’aidèrent pas à me détendre. Constamment plongés dans leur tenue, de combat, noire et recouverts de leur manteau de cuir les rendait tellement plus menaçant.

Aux ordres de Marcus, Général des guerriers de l’ombre, ils étaient tout aussi dangereux les uns que les autres.

Guère à l’aise et quelque peu nerveux, je bougeai sans relâche sur ma chaise tandis que je regardai les vampires un à un. Certains visages m’étaient familiers, d’autres l’étaient beaucoup moins.

La guerre contre Jean était imminente.

La tension, même pour moi, était palpable.

Aucun ne savait quand elle débutera. Mais tous étaient prêts à y faire face. Sauf nous, humains. Notre armement n’était d’aucune utilité contre ses créatures. Et surtout, nous n’étions définitivement pas prêts à les affronter. Nous prospérions dans la méconnaissance d’une menace à venir et cela me retournait l’estomac de me dire que notre ignorance pouvait conduire à la mort de tant d’individus.

Jean n’avait qu’un but : réduire l’homme à l’esclavage et faire de notre monde le sien. Son mépris pour notre race le conduirait aux pires monstruosités, juste pour s’autoproclamer Dieu.

Un vampire fit son entrée.

Dernier arrivé, dans le but d’être observé de chacun, il se présenta devant tout le monde avec tant d’arrogance.

Jared.

Il m’adressa comme à l’accoutumée un regard glacial avant de prendre volontairement place face à moi. Si ses yeux pouvaient tuer, je serais probablement mort à cet instant. Serrant les dents, je me tendis à sa vue. Étrange comme une simple présence pouvait rendre un moment dès plus désagréable.

L’avantage, c’était que le sentiment était partagé.

Certainement parce qu’il représentait le passé d’Anna et qu’un lien subsistait entre eux, malgré toutes ces années écoulées.

Jared était son premier amour. L’homme qu’elle avait épousé. Le seul et unique qu’elle avait aimé lorsqu’elle était humaine. J’avais toujours eu cette peur qu’Anna soit toujours amoureuse de lui et qu’elle finisse par le choisir. Et même si sans lui, je n’aurai jamais pu rencontrer Anna, je ne pouvais m’empêcher d’avoir de l’aversion à son égard.

Le voir me retournait l’estomac et éveillait mes plus bas instincts. J’avais l’envie de lui coller mon poing dans la figure pour lui ôter son arrogance naturelle qui m’insupportait.

Je le voyais comme l’être qui lui avait causé toutes ses souffrances. Sans cette transformation non désirée, Anna n’aurait jamais eu à se transformer en monstre sanguinaire. Elle aurait continué à vivre une existence paisible auprès de sa famille.

Mais tu ne l’aurais jamais rencontré !

Souvent je m’étais demandée quel genre de femmes elle était avant de devenir vampire. De ce qu’elle m’avait raconté, elle avait eu une enfance heureuse, avec des parents bienveillants et très affectueux, même si elle était plutôt de nature solitaire.

Malheureusement je n’aurai jamais le plaisir de rencontrer cette femme qu’il avait anéantie. Était-elle plus enthousiaste ? Plus souriante ? Plus heureuse ? Plus insouciante ?

La femme que je connaissais était centrée sur ses souffrances et bien qu’elle s’efforçait de faire bonne figure face à Emma et moi, je savais que derrière son sourire de façade elle gardait toujours en elle cette part de remord et de regret.

Je levai mes yeux vers Ilena qui continuait de faire les cent pas.

Son visage sans émotion dégageait une froideur et une rage qui faisait frémir et imposer le silence de l’ensemble de l’assemblée face à elle. Ses traits étaient durs. Elle était constamment transformée. Ses prunelles étaient d’un noir corbeau tandis que ses veines rougeâtres tout autour de ses yeux la rendaient plus menaçantes.

Je connaissais l’Ilena douce, agréable, amusante et chaleureuse.

Je découvrais une Ilena colérique, blessée, dangereuse et surtout intraitable. Même son mari Tom, qui représentait tout pour elle, n’arrivait pas à l’atteindre. Ce ne fut pas faute d’essayer. Tom essayait chaque jour, mais Ilena s’était retranchée sur elle-même.

Elle était inatteignable.

Soudainement des picotements s’éveillèrent dans mon crâne, comme si quelqu’un enfonçait lentement ses doigts sur mes tempes. Cette douleur naissante me fit pousser un soupir plaintif tandis que je tentai de secouer la tête pour l’effacer.

—Nick ? Se soucia Nina, venue poser sa main sur la mienne. Que se passe-t-il ?

—Je ne sais pas, répondis-je.

Des goûtes de sueurs commencèrent à perler mon front tandis que la douleur ne cessait de s’accroître. Tout commença à tourner autour de moi. Ma vue commençait à se troubler. Je repoussai ainsi Nina pour me redresser et tentai de marcher, mais dès l’instant où je fus sur pied, je sentis des clous me pénétrer le crâne. N’en pouvant plus, je manquai de trébucher, quand Nina enroula son bras autour de ma taille pour m’éviter de chuter.

—NICK !

Le hurlement d’Anna me saisit.

C’est là que je crus que mon crâne allait exploser.

—Anna, murmurai-je.

Tout le monde se figea à l’entente du prénom de ma petite-amie.

Accroché à Nina, mon crâne supportait cette douleur incontrôlable et les beuglements d’Anna qui me retournèrent le cœur. Je sentais sa douleur, la percevait comme si elle était mienne tout en étant témoin de ce mal que rien ne semblait apaisée.

  Entre émotion et douleur, je dus recouvrir mon front de mes mains pour tenter d’atténuer mon mal. Nina m’enlaça ardemment tandis je fus contraint d’expulser mon mal et laissa mon cri ressortir du tréfonds de mon être.

—ANNA ?

Des dizaines d’image traversèrent mon esprit, provenant directement de la mémoire d’Anna. Ce fut des visages d’enfants, de femmes, d’hommes qu’elle avait croisés, torturés, dévorés et sauvagement assassinés. Ce fut un mélange d’hurlement qui se cumula avec celui de ma petite amie. Ces images d’horreurs se cumulèrent avec la réelle douleur physique qu’Anna était en train de subir.

Pris de spasme, je m’écroulais au sol tandis que je plaquais mes mains sur mes tempes pour faire cesser notre imprégnation. Ne contrôlant strictement rien, je fus incapable de contenir mes gémissements tandis que mon crâne était dévoré par une force incontrôlable.

—Nick, regarde-moi, s’exclama Ilena venue s’agenouiller à mes côtés.

Tenu par Nina et Ilena, elles n’étaient plus qu’une voix mélangée avec celle de toutes les victimes d’Anna. Je n’étais pas un spectateur. Je me retrouvais acteur dans son passé au point d’être à sa place. Je ne voyais pas à travers mes yeux, je voyais à travers les siens. Je les entendais gémir, pleurer, implorer, subir et mourir sous l’assaut de ses crocs. 

Puis vint le silence.

Tout s’arrêta subitement.

La douleur disparut, tout comme la voix d’Anna.

Je ne la sentais plus.

A bout de souffle, j’étais de nouveau au beau milieu de la salle du Conseil, allongé sur le sol, la tête sur le point d’exploser.

Des goûtes de sang s’écoulèrent de mes narines pour finir leur descente sur le sol.

Troublé, je levais les yeux vers Nina qui s’était mise à ma hauteur. Des doigts fins sur mon épaule et je vis Ilena. Cette dernière me tendit la main et m’aida à me relever. Croisant son regard azur pour la première fois depuis des jours.

—Que s’est-il passé ? Me demanda Ilena d’une voix doucereuse.

—Je… je me suis retrouvé dans… la tête d’Anna.

D’un regard, Ilena intima à tout de s’en aller, à l’exception de Nina, Jared, Tom et le Conseil.

—Elle se fait torturer, commençai-je. C’était comme si son esprit m’était totalement ouvert, mais… elle souffrait. Elle n’arrivait pas à contrôler le phénomène. J’ai… ressenti toute sa douleur et… j’ai vu… tant de… (Je dus m’asseoir en me remémorant le visage de toutes les victimes). Je ne sais pas ce qu’il lui faisait. Elle souffrait tellement. J’avais l’impression qu’on… m’appuyait sur le crâne jusqu’à croire que j’allais exploser.

—Oh non, se figea Ilena avant de se relever d’un bon. Il n’oserait pas, c’est…

—De quoi tu parles ? Se frustra Nina.

—Lucius ! Ça ne peut être que Lucius !

—Qui est Lucius ? Demandai-je nerveusement.

—C’est un sorcier.

—C’est quoi c’est connerie ! M’exclamai-je furieusement.

—Les créatures surnaturelles sont nombreuses. Tu ne croyais quand même pas que nous étions les seuls ?

—J’aurai préféré. (Je poussai un soupir plein de frustration). Et donc il y a qui encore ?

—Des sorciers, des loups garous, des goules… bref nous sommes nombreux.

—Quoiqu’il en soit, Lucius est le sorcier ennemi de Louis, depuis toujours. (Elle commença à faire les cent pas). Pourquoi n’y ai-je pas pensé ? S’engueula-t-elle. C’est évident maintenant.

—Peux-tu nous éclairer ? L’interrogea Nina.

—Jean s’est allié aux ennemis de son père dans le but de nous nuire. Quel fils de pute ! Dire que j’ai aimé ce gosse plus que ma propre vie.

De colère, elle frappa une chaise qui voltigea contre le mur pour exploser sur le mur.

—Je vais devoir convoquer nos alliés.

—Penses-tu que ce soit judicieux de dévoiler nos faiblesses ? Lui demanda Tom. Nos alliés sont nos alliés parce qu’ils connaissent notre force.

—Quel autre choix avons-nous ? Lui rétorqua-t-elle avec colère. Tu crois que je ne sais pas tout ça ? Tu crois que je ne mesure par la conséquence de tout ceci. Malheureusement nous n’avons plus d’option. Louis n’est plus là ! Nous sommes faibles ! Cria-t-elle.

—Nous ne sommes pas faibles, répliqua-t-il. Parce que tu es là ! Bon sang, ne vois-tu pas que nous survivons depuis toujours aussi grâce à toi ! Louis n’est pas l’unique autorité de notre monde, toi aussi tu l’es.

Il était clair qu’Ilena ne le croyait pas.

Quoique Tom dise ou fasse, rien n’arrivait à atteindre sa femme. Elle lui était inaccessible. Trop de rage l’acculait au point qu’elle perde tous ses moyens. C’est pourquoi il ne souhaitait pas qu’elle prenne la moindre décision hâtive.

—Marcus, Sébastian, qu’en pensez-vous ? Demanda Ilena en levant les yeux vers ses frères.

—Tu ne me demandes pas mon avis ? Se vexa Geneviève.

—Très sincèrement, je m’en fiche. Tu n’as jamais été capable de prendre la moindre décision, ce n’est pas maintenant que tu vas pouvoir, trancha-t-elle avec violence. Dernièrement à part de te faire sauter par le premier venu et boire pour oublier ta connerie, tu ne nous sers pas à grand-chose. Donc non, ton avis n’est d’aucune utilité.

—Tu n’es qu’une conne ! Répliqua Geneviève.

—Arrêtez toutes les deux ! Cria Marcus. Vous croyez sincèrement que c’est le moment ? Nous avons besoin d’être soudé et non de nous détruire. Nous avons perdu Louis. Il n’est pas nécessaire de nous amputer plus encore.

Chapitre 2

Anna

Étendue dans la marre de mon propre sang, je ne pouvais ni bouger ni parle. Je n’avais pas la moindre force. Mon combat contre le pouvoir de Lucius m’avait vidé de mon énergie, au point de me laisser totalement sans défense.

Toute volonté m’avait abandonnée.

J’étais à leur merci.

Pourtant, je pensais avoir le mental pour passer outre ces souffrances. Malheureusement, Lucius possédait des compétences au-delà de ce que j’avais connu et dont je fus habituée.

Le grincement de la porte dans la pièce à côté attira mon regard. Je fus à peine capable de tourner la tête vers la lumière dans l’autre cellule.

—Je suis venue t’amener à manger, entendis-je ma sœur.

Le timbre délicat de sa voix me prit par surprise.

Elle pouvait donc éprouver encore de la tendresse ?

—Je suis désolée de ne pas être venue plus tôt, se justifia-t-elle. Seulement, j’étais très occupée.

—Vraiment ? Rétorqua-t-il dans un rire. Qu’avais-tu à faire ? Torturer Anna ?

Ses dents grincèrent à l’annonce de mon prénom.

—Comment es-tu au courant ? Demanda-t-elle avant de se raviser. Tu sais quoi, je m’en fous. Je n’ai pas envie de parler d’elle ! (Sa voix tranchante contraint Gelo au silence). Je suis venue pour passer un moment agréable avec toi et non avoir à parler d’elle.

—Elle, c’est ta sœur !

—Elle n’est absolument rien pour moi ! Hurla-t-elle avec rage.

—Très bien, approuva-t-il.

Les talons de ma sœur claquèrent tandis qu’elle faisait les cent pas dans sa cellule.

—Je peux faire venir un barbier pour s’occuper de toi.

—A quoi bon ? Ce n’est pas comme si j’étais sur le point d’être libéré et prêt affronter le monde extérieur.

—Je n’aime pas te voir si… délaissé.

—Je suis prisonnier Sylvia.

—Tu t’es dressé contre Jean en dépit de ce que je t’ai dit ! Qu’attendais-tu ? Qu’il te réserve un traitement de faveur ? Tu sais très bien qu’il ne pouvait pas.

—J’espérai que tu prennes mon parti plutôt que de t’enfermer dans cette bulle de haine qui te détruit depuis des siècles.

—Évidemment, pour toi le monde n’est que paix et amour.

—C’est ce qu’on appelle la foi.

—Regarde où ta foi t’a conduit ! Cracha-t-elle avec colère.

—C’est toi qui m’y a mis dans ce trou, rectifia-t-il. En quoi est-ce si méprisable ? J’ai beau être un vampire, je n’ai pas oublié qui j’étais. Je suis un mari pour qui…

—Ta femme a été assassinée, lui rappela-t-elle sans la moindre empathie.

—Dois-je te rappeler qui était ma femme ? Hurla Gelo. Toi tu as oublié, qui tu es ! D’où tu viens ! Tu as oublié ce qui te caractérisait, ce que tu aimais ! Regarde ce que tu fais de ta vie, bon sang ! Tu penses sincèrement que ton mari et ta fille aimeraient voir celle que tu es devenue ?

—Ne me parle pas d’eux, refusa-t-elle d’une voix tremblante.

—Anna ne t’a pas poussé à te détourner de Melinda. C’était ton choix !

—Tu sais quoi, je préfère m’en aller. Nous nous sommes suffisamment disputés pour les mêmes sujets.

Je l’entendis rebrousser chemin pour sortir.

—Je n’ai jamais voulu en arrivé-là. Tu sais très bien que si j’avais eu le choix…

—Tu as eu le choix et tu as décidé de m’enfermer ici.

N’en pouvant plus, je tentai de garder les yeux ouverts et continuer d’écouter cette conversation dans l’espoir de mieux comprendre la personnalité de ma sœur, avant que je ne perde connaissance.

—Anna ?

Indifférente à Jared, je me contentai de regarder mon frère, étendu sur le sol, aussi pâle que la mort. Les yeux clos, j’avais presque la sensation qu’il ne dormait. Sauf que son cœur ne battait plus et qu’il avait perdu de sa chaleur.

Le cœur brisé, les larmes aux yeux, j’étais incapable de contenir mes sanglots. M’avançant à quatre pattes jusqu’à mon frère, je tendis la main vers lui pour le prendre dans mes bras et l’étreindre avec toute mon affection. Dès qu’il fut contre moi, je fus inconsolable.

—Mon cœur, pleurai-je en resserrant mes bras autour de lui dans l’espoir que ce simple geste puisse le raviver. Je t’en prie, ne meurs pas. (Passant mes doigts dans ses cheveux bruns, j’espérai naïvement que cette simple caresse pourrait raviver ce que je lui avais ôté). Je t’en supplie… Diego. (Mes larmes ne cessèrent de couler). Je suis… tellement… désolée… mon chéri, ne me quitte pas. (Serrant plus vigoureusement mes bras autour de lui, je voulais le garder contre moi et ne jamais l’abandonner). Diego.

Jared tenta désespérément de ranimer mes proches à l’aide de son sang. Inutilement. Il leur ferma les yeux un à un avant de se tourner vers moi. Enragée, je relâchai Diego pour accourir jusqu’à lui et le frapper de toutes mes forces dans un beuglement animal.

—C’est à cause de toi, lui hurlai-je dessus en le ruant de coups. Pourquoi tu as fait ça ? Pourquoi tu m’as transformé ? Pourquoi tu m’as laissé sans surveillance ? Pourquoi !

—Mon amour, soupira-t-il en posant ses doigts sur mes épaules pour tenter de m’apaiser. Regarde-moi.

—Ne me touche pas, le bousculai-je enragée.

La bouche encore dégoulinante de leur sang, je frottai avec ma robe de nuit pour me débarrasser de leur goût, jusqu’à me brûler la peau.

N’en pouvant plus, je fus incapable de rester debout et je finis par m’écrouler sur le sol, à proximité de ma mère. Je voulais mourir ici et maintenant avec eux. Je ne voulais pas passer les âges et supporter le poids de leur absence. Je me traînai jusqu’à elle pour poser ma tête contre sa poitrine comme je le faisais autre fois. J’enroulai son bras autour de moi espérant qu’elle m’étreigne en retour.

—Maman, pleurai-je.

Brutalement ramenée à la réalité, je me redressai dans un cri. Je cherchai autour de moi, espérant y retrouver ma mère. Au lieu de cela, je me retrouvai dans cette cellule, endolorie de toute part.

—Anna ? Entendis-je de l’autre côté.

Gelo, mon voisin de cellule, attira mon attention.

—Anna ? Répéta-t-il.

Même si je n’avais quasiment plus d’énergie, il était mon unique réconfort.

—Que s’est-il passé ?

—J’ai tellement mal, admis-je dans un souffle.

—Que t’ont-ils fait ?

—Je ne sais pas vraiment, soupirai-je. Je crois que Lucius m’a… enfoncé… des tiges en argent… dans le cerveau. J’ai l’impression qu’il est là… constamment. (Mes larmes commencèrent à couler le long de mes joues). J’ai revu ma mère, pleurai-je. J’ai revu mon frère. Bon sang, j’ai tué mon petit frère !

Incontrôlable, mes larmes se firent de plus en plus violentes.

—Anna, murmura-t-il d’une voix douce tandis que ses doigts épais continuaient de caresser le revers de ma main, raccroche-toi à ce qui compte pour toi. Qu’est-ce qui compte pour toi aujourd’hui ?

—Nick…

—Qui est Nick ?

—Mon petit-ami, dis-je sans préambule. C’est un humain.

—Depuis quand êtes-vous ensembles ?

—C’est très récent, mais il est l’amour de ma vie.

—Et comment sais-tu qu’il est l’amour de ta vie ?

—Parce que je n’ai jamais aimé quelqu’un comme je l’aime lui. Il m’a apporté en quelques semaines ce que j’ai espéré vivre tout au long de ma vie. (Je gardais les yeux clos). J’ai toujours rêvé d’avoir ma propre famille, un mari et des beaux enfants. Une vie à l’équivalence de celle de mes parents. Au lieu de cela, je me suis amourachée d’un vampire qui a choisi de me transformer plutôt qu’avoir à supporter l’idée de me perdre un jour. Malheureusement, j’ai fait la rencontre de Nick des siècles plus tard. Les choses auraient été tellement différentes si j’avais rencontré Nick en étant humaine. A quel point est-ce ironique ? M’exclamai-je dans un rire malheureux. Peut-être que je ne mérite rien d’autre après tout. J’ai tellement été dans le déni de ma nature et de mon passé que j’ai fini par croire que je pourrai avoir une vie normale. Malheureusement, en ayant en passé comme le mien, il est difficile de le mettre de côté.

—Nous n’avons aucune action sur le passé Anna, me souffla-t-il. Tu peux le regretter et en souffrir, mais ne le laisse pas te caractériser. La femme que tu étais hier n’est pas celle que tu es aujourd’hui. C’est le plus important.

—C’est pourtant la femme d’aujourd’hui qui est punie pour les crimes passés. J’ai passé des siècles à m’indifférer des conséquences de mes actes, à ne pas considérer la vie d’autrui comme quelque chose d’important, à me réjouir des souffrances que je pouvais infliger. Et aujourd’hui me voilà. Le passé ne peut pas toujours être occulté. Pas dans mon cas en tout cas. J’ai fait beaucoup trop de mal.

Il resserra sa main autour de la mienne.

Ce réconfort sans parole, avec simplement le touché, me reposa.

— Et toi ? Pourquoi avoir été enfermé ici ?

—J’ai osé avouer mon désaccord envers Jean et voilà où ça m’a conduit. Comme tu peux le voir, je suis un pauvre fou, inconscient des risques qu’il prend et surtout je suis profondément naïf et stupide. Et

—Je vous ai entendu avec Sylvia, lui avouai-je. Et j’ai cru entendre une forme d’affection envers toi. Pourquoi ? Quelle est votre relation ? M’interrogeai-je.

—C’est…

Des hurlements raisonnèrent autour de nous, brisant ce bref moment de confessions. Glacée et horrifiée, je resserrai ma pression autour de sa main tandis que les cris de Louis se firent plus audibles encore.

La porte s’ouvrit brutalement et je découvris ma sœur au côté de Lucius. J’ôtai vivement ma main, ne voulant pas qu’elle connaisse ce lien entre Gīlo et moi.

Refusant de lui montrer la moindre faiblesse, je décidai d’utiliser le peu de force me restant pour me mettre sur mes deux pieds et la défier du regard. Me porter me donna un effort surhumain. Ainsi, je m’accrochais au mur rocailleux pour me stabiliser.

—Mes pauses sont de plus en plus courtes, ironisai-je. Je vais finir par croire que tu veux ma mort !

—Lucius, amène-la, ordonna ma sœur sans même me regarder.

Ce dernier obtempéra sans mot dire et me menotta les chevilles et les poignets avant de me tirer comme une chose.

****

Nick

—Anna ! M’abandonnai-je dans un hurlement en me redressant.

Propulsé hors de mon cauchemar, il me fallut plusieurs secondes pour savoir d’où ces images me provenaient.

Était-ce seulement une vision d’horreur ou la réalité de son enfer ?

Toutes mes tentatives pour la contacter furent vaines.

Son esprit m’était définitivement fermé.

Désertant mon lit, je m’hissai sur les jambes, enfilai un tee-shirt avec un jogging avant de sortir de ma chambre pour entrer dans le couloir illuminé par la clarté de la lune.

La nervosité me gagna soudainement.

Habitué à cette sensation près d’un vampire, je fus saisi sur place. Refusant de me laisser perturber, je continuais de marcher jusqu’à l’escalier et descendais les marches la mâchoire et les poings serrés. 

—Je perçois ta nervosité d’ici !

Un rire espiègle s’ajouta à sa voix trompée par une tonalité animale. Il s’amusa à tourner autour de moi avant d’apparaître dans la lumière

C’est là que je le vis.

Jared.

Aussitôt, j’eus une envie irrépressible de lui foutre mon point en pleine tête. Comment pouvait-il être aussi insupportable ? Cette arrogance me donnait des envies de meurtres, alors que j’étais plutôt du genre pacifique.

—Qu’est-ce que tu me veux ?

—J’ai appris ce qu’il s’est passé et je venais prendre des nouvelles d’Anna.

—Ce ne sont pas tes affaires, rétorquai-je prêt à me détourner de lui.

—Ne joue pas avec moi l’humain, me menaça-t-il avant de m’attraper par le tee-shirt. Je m’inquiète pour elle, d’accord !

—Je n’ai pas de temps à perdre avec toi, le repoussai-je avec violence.

Enragé, Jared sortit les crocs et me plaqua violemment contre le mur derrière moi. Le tableau au-dessus de ma tête tremblota et manqua de s’écrouler tandis que le premier coup partit. Qu’importe si je me faisais mal, je voulais le tabasser.

Mon poing s’enfonça dans sa mâchoire, mais il ne broncha pas. Au lieu de cela, il poussa un grognement animal avant de me ruer de coups. Je pus en esquiver quelques-uns, mais sa rapidité dépassait la mienne et je fus rapidement assaini.

—Lâche-le ! Hurla Ilena venue attraper Jared pour le faire voltiger.

Allongé sur le sol, tout tournait autour de moi.

—Bon sang, souffla-t-elle en prenant mon menton entre ses doigts pour regarder l’étendue des dégâts. Tu es un véritable idiot, m’engueula-t-elle. Tes expériences avec les vampires ne t’ont donc rien appris ? Tu ne peux pas te battre contre un vampire, c’est un échec assuré. Maintenant regarde à quoi tu ressembles !

Ilena partit pour revenir ensuite avec du désinfectant et un coton pour essuyer mes plaies. J’avais tellement mal que le simple fait de fermer les yeux était un supplice.

—Garde ça sur ton œil, parce que tu fais peine à voir !

Elle se redressa pour affronter Jared.

—Sors immédiatement de mon Manoir et tu ne reviendras que lorsque je t’aurai autorisé ! L’avertit-elle froidement.

—Cet humain n’est d’aucune utilité et tu le sais.

—C’est l’homme qu’Anna a choisi. Accepte-le !

Dans un grognement animal, Jared se détourna pour quitter le manoir.

—Tu as une mine affreuse, s’exclama-t-elle en me regardant.

—Tu n’es pas plus agréable à regarder, répliquai-je en continuant de garder mon coton sur l’œil le plus tuméfié. Je dirai même que tu es effrayante en étant continuellement comme ça, mais j’ai suffisamment d’affection pour toi pour ne pas te le faire remarquer.

Elle me dévisagea longuement, les bras croisés devant sa poitrine.

—Mon apparence t’effraie ?

—Je ne sais pas vraiment, admis-je. Bien sûr, je trouve que tes yeux noisette sont nettement plus agréables à regarder que ce noir macabre. Et je dois aussi avouer que les veines apparentes te donnent un côté quelque morbide que tu n’as pas d’habitude vu que tu es quelqu’un de très souriant. Sans parler de ta voix qui n’a absolument rien d’humain. Outre ces petits détails, tu es parfaite !

Un faible sourire arriva à se former à travers son masque d’horreur.

—Je crois que tu as faim, constata-t-elle en entendant mon ventre crier famine. Suis-moi, je vais voir ce qui peut être mangeable dans la cuisine.

Marchant à ses côtés, je fus surpris lorsque ses mains enserrèrent mon bras. Sa joue se reposa contre mon épaule et j’eus l’envie soudaine de l’étreindre pour apaiser ses tourments. J’étais conscient que c’était une période difficile pour elle et surtout combien elle culpabilisation d’avoir laissé son aîné s’envoler sans combattre Jean.

—Je n’ai pas eu l’occasion de te remercier pour tout ce que tu as fait pour moi et ma fille depuis ces dernières semaines. Je te suis vraiment reconnaissant d’être aussi protectrice, en dépit de l’absence d’Anna. Je sais que dans ce monde les humains n’ont pas une très grande valeur, mais je te remercie de me considérer malgré tout.

—Au départ, tu n’étais que l’amant d’Anna et encore votre relation n’était pas légitime. Votre union s’est faite par un partage de sang. Elle descend de Jared que j’ai moi-même transformé, ce qui signifie que tu fais partie de ma lignée et de mon clan. Et puis aujourd’hui, je te vois comme un ami et comme quelqu’un qui compte énormément pour moi.

Je m’arrêtai tant je fus surpris par sa confession.

—Tu as transformé Jared ? M’époumonai-je. Ne me dis pas que vous… enfin … que toi et lui vous avez… (Je mimais deux personnes en train de s’accoupler ce qui la poussa à rire)… vous avez déjà ?

—Nous avons eu notre petite histoire, me sourit-elle plus amusée qu’autre chose. Je sais que tu ne le portes pas dans ton cœur et rassure-toi c’est aussi le cas de Tom. Mais ne le juge pas uniquement par rapport à son histoire avec Anna. Il est vrai qu’Anna ne voulait pas être l’une des nôtres. Mais tu ignores ce que l’on ressent lorsque l’on se réveille tous les matins en sachant que l’être aimé est condamné à disparaître. C’est pour cela que j’ai avoué ma nature à Tom, parce que je voulais le garder égoïstement pour moi. (Ses yeux se plongèrent dans les miens). L’amour d’un vampire est inconditionnel et même si celui de Jared est des plus extrême, il n’en reste pas moins sincère.

—Tu prends sa défense maintenant ? M’agaçai-je sur la défensive.

—Je m’efforce de faire preuve d’objectivité, me rétorqua-t-elle avec douceur. Tu ne vois qu’à travers tes propres yeux, aveuglé par tes sentiments et je ne t’en blâme pas. C’est totalement normal. Mais il n’y a rien de tout blanc ou de tout noir dans notre monde. (Elle attendit quelques secondes pour que ses paroles fassent effet, avant de reprendre de plus belle). Anna en est le parfait exemple. Avec tout ce que tu sais la concernant, la logique voudrait que tu la méprises. Et pourtant tu en es éperdument amoureux. Tu as fait table rase sur tout ce que tu sais à son sujet pour te contenter de voir le bon en elle.

Suivant Ilena de près, je me laissai guider selon son bon vouloir. Cela me laissait tout le loisir de faire le tour du Manoir pour faire des découvertes de lieux plus uniques les uns que les autres.

Elle me dévoila la bibliothèque possédant des milliers de livres. Subjugué, je dus m’arrêter un instant pour savourer cette vision incroyable. Ces livres avaient dû passer les siècles. Cette pièce portait sa propre emprunte, son odeur, si distinctive. Les étagères se hissaient jusqu’au plafond tandis que des échelles en bois jonchées de part et d’autre.

—C’est splendide, soufflai-je.

—C’est l’endroit favori de Louis, m’avoua-t-elle à demi-mot soudainement émue à l’évocation de son aîné.

Elle me pointa du doigt un siège en cuir, vacant dans un angle de la pièce.

—Voilà où il passait le plus clair de son temps quand il voulait être au calme et réfléchir.

Puis elle me fit passer par des passages secrets, pour qu’enfin je puisse arriver dans la cuisine où je me préparai un sandwich : poulet, salade, tomate et chèvre avant qu’elle ne m’amène dans un lieu dès plus surprenant.

La fragrance des roses me titilla les narines au moment où elle poussa les portes. Sous un toit de verre, je fus stupéfait de découvrir toutes les espèces de roses se mariant par leur splendeur et leur couleur. Le mélange offrait une senteur enivrante en plus d’une vision éblouissante.

Tel un étranger sur une terre inconnue, je me contentai d’explorer le tout d’un regard admiratif.

A quel point était-elle étonnante ?

—Voici mon cocon, déclara-t-elle en commençant à faire le tour en s’enivrant des senteurs des roses.

—Tu as l’air si… humaine.

—Je le suis, d’une certaine manière, répondit-elle le nez plongée dans une rose blanche dont le cœur porté des tâches roses. J’ai été la toute première à posséder une âme.

Cette annonce eut l’effet d’un électrochoc.

Elle était donc comme Anna ? Avec des années d’acceptation en plus et une existence nettement plus longue.

—Ma mère adorait les roses, m’avoua-t-elle. De mémoire, elle passait le plus clair de son temps à jardiner. Elle accordait d’ailleurs plus de temps pour ses jardins qu’à être auprès de nous.

Ses yeux reprirent de leur teinte noisette tandis que l’émotion la submergea. D’apparence si forte habituellement, je crus déceler des larmes venues noyer ses prunelles.

—En réalité, ma mère n’était pas ce que l’on peut considérer comme une femme gentille. Elle était même profondément mauvaise. Elle n’avait rien d’aimant. Tout sentiment, toute émotion, était perçu de façon négative pour elle. Et étrangement, lorsqu’elle se trouvait face à ces centaines de roses, elle devenait une personne totalement différente. J’aurai aimé qu’au moins une fois elle me regarde avec affection.

—Une mère aime inexorablement son enfant !

—J’aimerai le croire.

D’un mouvement rapide, elle effaça une larme venue couler le long de sa joue.

—Je ne sais pas comment pas faire sans Louis, me déclara-t-elle d’une voix brisée. Nous n’avons jamais été aussi fragilisés qu’aujourd’hui. Durant chacune de nos guerres, Louis était là. Il a toujours été notre meneur, notre tête pensante, notre voix ! J’ai beau m’affirmer, ma parole ne portera jamais autant que la sienne, s’attrista-t-elle totalement dévaster.

Peiné de la voir ainsi, je fis un pas vers elle pour la prendre dans mes bras. Alors que je pensais qu’elle me repousserait, elle posa sa joue contre mon torse et m’enserra la taille.

—Je me sens si vulnérable.

—Tu n’as pas à l’être. Tu es le vampire le plus puissant que je connaisse.

—Tu es si jeune, me dit-elle avec douceur.

—A côté de toi c’est sûr, la taquinai-je d’un air amusé. Depuis que je te connais, je suis impressionné par ta force, ta capacité à convaincre n’importe qui. Ton frère n’est pas la seule autorité, lui assurai-je. Tu es tout aussi légitime.

—Je ne sais pas si j’en ai la force.

—Tu es exceptionnelle, lui garantis-je avant de l’embrasser sur le haut de la tête. J’ai beau être nettement plus jeune que toi, je sais reconnaître une personne exceptionnelle lorsque j’en vois une. (Mes yeux se plongèrent dans les siens). Tu es capable de soulever des montages par ta simple volonté, tu dois seulement croire en toi ! Tu as le soutien de tous, ne le vois-tu pas ?

—Louis n’a jamais eu besoin de personne.

—Tu en es si sûr ?

—Évidemment.

—Alors pourquoi toutes les décisions prisent en ma présence étaient selon ton aval ? L’interrogeai-je ce qui la fit froncer les sourcils. Tu sais pourquoi ?

—Non, soupira-t-elle émue.

—Parce qu’il savait que tu es la mieux placée pour prendre les reines après lui.

Une nouvelle larme s’écoula du coin de son œil avant qu’elle ne laisse replonger dans mon étreinte.

—Maintenant vas retrouver ton mari parce que tu n’as pas été très délicate avec lui dernièrement.

—Qu’est-ce que je lui dis ?

—Que tu l’aimes. Que tu es désolée d’avoir été aussi distante, mais que c’est parce que tu ne vas pas bien. Et surtout, dis-lui que tu as besoin de lui. Un homme aime savoir que sa femme éprouve un manque en son absence.

—Merci, me souffla-t-elle en déposant un baiser sur ma joue avant de partir précipitamment.

Chapitre 3

Anna

Maintenue