Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
"9 janvier 1954 – Le jour où tout a basculé" plonge au cœur du destin bouleversant de Léa, confrontée à la maladie dévastatrice de son père, le cancer. Face à l’effondrement de son univers, elle devient le pilier d’une famille brisée, portant seule le poids de l’amour, du devoir et du silence. Ce récit explore la force insoupçonnée qui émerge dans l’adversité et questionne les secrets qui entourent la douleur. Une histoire de résilience et de liens familiaux qui captive, émeut et invite à une réflexion profonde sur le sens de l’amour et du sacrifice.
À PROPOS DE L'AUTRICE
Léa Hinterholz dévoile son parcours face aux épreuves imposées par l’accompagnement d’un proche atteint de cancer. À travers un récit intime et profondément humain, elle met en lumière les réalités souvent tues de cette lutte. Aujourd’hui, portée par une volonté inébranlable, elle s’investit dans l’écriture et des initiatives concrètes pour insuffler espoir et solidarité à ceux qui traversent cette épreuve, transformant sa douleur en une force inspirante au service des autres.
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 102
Veröffentlichungsjahr: 2025
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Léa Hinterholz
9 janvier 1954
Le jour où tout a basculé
© Lys Bleu Éditions – Léa Hinterholz
ISBN : 979-10-422-5427-8
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Je me suis toujours demandé comment un artiste procédait pour écrire. Commençait-il par le début ou la fin ? Ou laissait-il ses émotions aller en un formidable descriptif de ses sentiments qui n’est finalement pas conforme à l’œuvre finale auquel il va aboutir ?
Est-ce qu’écrire n’est donné qu’à une certaine catégorie de personnes ou avons-nous toutes nos chances d’éblouir une, voire une quantité indéterminée de personnes par des talents cachés d’écriture ?
Je rêve d’épater, d’émerveiller quelqu’un par mes écrits. Je rêve de faire parler mes émotions sur le papier et que d’autres gens, lisant mes mots, me comprennent. Je rêve que quelques personnes s’évadent de leur quotidien en me lisant comme je m’évade en écrivant ces quelques lignes. Mais ces mots n’appartiennent qu’à moi. Enfin, pour le moment.
Puisqu’il faut un début à tout, je tiens à dédier ce livre à mon père, à ma famille, à mes proches, et tous ceux qui ont vécu directement ou indirectement la maladie du cancer. Tous ceux qui en souffrent encore. Ce livre est aussi un message d’espoir, un témoignage, un soutien.
Le cancer est l’une des premières causes de mortalité en France, aussi je tiens à verser à la ligue contre le cancer une partie de la somme reçue de ce livre.
Ce roman est pour toi, toi qui me vois de là-haut, je prie pour toi.
À genoux devant ton nom et deux dates qui me fendent le cœur, je me demandais quel serait l’avenir sans toi, supprimant le peu de fierté qui me restait pour m’abandonner dans ton souvenir. Je pensais que ça n’arriverait pas… Est-ce les mensonges du médecin ou un sur plein d’optimisme qui m’ont fait continuer d’espérer ta guérison lors de la descente aux enfers ?
Aujourd’hui on est le 9 janvier. Il y a des années, tout avait commencé pour toi ce jour-là, le commencement d’une vie, sans savoir l’impact qu’elle aurait sur le monde, sur mon monde. Tu étais un être de générosité et d’amour. Tu étais discret et drôle, en outre tu étais mon exemple. Pourtant ton entêtement et ton manque d’ouverture étaient sujets à de nombreuses disputes, mais ta facilité à pardonner les rendait vaines. Ainsi, grâce à toi, à nous, à notre lien, nous étions une famille unie, ou plutôt réunie, essayant de se retrouver le plus possible à travers un repas, une balade, à travers des choses simples.
Puis c’est arrivé, le plus dur, l’épreuve qui transperce encore mon âme aujourd’hui. Papa, tout simplement l’un des êtres que j’aimais le plus, perdu dans une maladie aussi dévastatrice qu’un gigantesque incendie. Un incendie qui a réduit en cendres ma vie et un équilibre familial. Tu étais la vision parfaite de ce qu’on se faisait d’un père et d’une bonne personne. Tu étais quelqu’un qu’on ne pouvait détester.
Tu étais sûrement trop bien pour ce monde de fous. Tu es parti avec une grande sérénité et une sagesse absolue, nous laissant te chercher parmi les plus belles étoiles du ciel.
Aujourd’hui je vais voir mon père à l’hôpital, il a des douleurs au dos, pourtant, ma mère semble anxieuse. Je passe outre, je révise pour mes examens pendant la route. Nous avons une heure de trajet avant d’être à l’hôpital Belle Isle de Metz. Ma mère me disait que c’était une hernie discale, un problème qui bloque le dos, elle l’avait déjà eu donc je ne m’inquiète pas pour lui. Pourtant, elle m’a donné un détail : il avait des tissus sur certains os. À la vue de mon manque d’information et me disant que ma mère m’expliquera, je n’y ai pas plus pensé que ça… Mais aujourd’hui, je me pose tout de même quelques questions : s’il avait juste une hernie… pourquoi avait-il si mal au ventre ? Pourquoi ma mère semblait si anxieuse ? Je la regarde à nouveau, elle a le regard vide et semble fatiguée.
On arrive à Belle Isle. Aujourd’hui, c’est la fête des Pères. Avec ma tablette de chocolat à la main, je m’avance fièrement jusqu’à l’ascenseur pour aller en Rhumatologie, le service qui s’occupe des douleurs osseuses. Je passe le long labyrinthe blanc et les couloirs sinueux avec nervosité. Une fois dans la chambre de mon père, je vois tous mes frères et sœurs. Ils sont tous là… ça faisait tellement longtemps. Je regarde mon père, il a l’air fatigué, ce n’est pas à son habitude… je remarque quelque chose de différent dans ses yeux… mais je me dis que ce n’est rien, juste une impression. Tout se passe bien. On rigole, on discute, et on passe à l’ouverture des cadeaux, j’offre mes chocolats, ça lui fait plaisir. Son anniversaire m’avait ruiné, foutu drone. Donc je lui ai dit que cette fois, il devra se contenter d’une tablette ! Ma grande sœur, elle, déposa un cadeau avec un emballage violet. Il me semblait assez mystérieux, car normalement elle me demandait toujours ce que j’allais offrir à mon père. Puis elle demandait mon avis sur le sien. Ce n’était pas le cas aujourd’hui. Il l’ouvrit, et je vis un t-shirt blanc avec écrit dessus : « meilleur papa de l’univers » et d’autres écrits. Ce fut surprenant de voir ça, étant donné les antécédents de leurs relations respectives. Mais également, car elle n’utilisait jamais le terme « papa » en le désignant. Ça restait « ton père », « François », et « papi » pour ses enfants. Mais ce qui m’étonnait encore plus, c’étaient les réactions qui se sont présentées devant moi : mon père était très ému et ma sœur s’était éloignée pour pleurer. Quelque chose était réellement différent et cette fois je le sentais. Ma sœur ne pleure pas pour ce genre de chose… j’avais du mal à comprendre la scène qui se passait devant mes yeux. J’étais plongée dans une sorte de monde bercé d’irréel. Des murs blancs d’hôpital, des émotions si fortes qu’on en pleure, mon père dans ce lit. Mais je me fais peut-être juste des films. Elle est juste inquiète pour l’opération de la hernie. Après quelques heures, il est temps de rentrer. Cette semaine, j’ai mes dernières épreuves de BAC et il faut que je révise. Ma mère ne voulait pas partir, mais mon père a insisté « les études, c’est plus important ! » il disait. Nous partons donc.
Sur la route, je sentis ma mère très remontée. Je lui demande donc ce qu’il ne va pas : mauvaise idée. Elle se met à nous jeter à la figure le maximum de reproche possible. Mais je ne m’inquiète pas, malgré mon irritation, car elle le fait souvent quand elle est très stressée. Une dispute éclata et un jeta froid jusqu’au retour. Le froid persistait même à la maison. La veille de mes examens. Ma petite sœur, Anaïs, rentra dans le salon, je la regardais à peine, trop énervée. Elle se mit à parler doucement à ma mère :
« Dis-nous ce qu’il ne va pas, la vérité, je t’en prie ».
Je ne comprenais pas ce qu’elle voulait dire, et elle insistait. Ma mère se mit à pleurer. J’étais de plus en plus déconcertée. Elle prit son téléphone et appela ma grande sœur :
« Céline ? Est-ce que tu peux venir ? Elles posent trop de questions… Je ne peux plus leur cacher… merci.
— Mais nous cacher quoi à la fin ? Je ne pouvais plus me retenir – je sortis de mes gongs, elle raccrocha et je repris mon calme, qu’est-ce que tu ne veux pas nous dire ?
— Venez vers moi. »
On s’approcha d’elle, la tension était palpable. Cette fois c’était sûr que l’on me cachait quelque chose… mais quoi ? Je n’arrivais plus à réfléchir. Tout tournait dans ma tête puis, quand je vis son regard, je sentis comme une pause dans mon cerveau, le vide.
Elle reprit la parole ainsi que son calme :
« Tout ce que je voulais, c’était vous protéger, surtout toi Léa, pour ton bac. Vous saviez que papa avait des tissus, je ne vous ai pas menti, est-ce que vous savez ce que cela veut dire ? Devant notre manque de réponse, elle reprit, papa… elle se mit à pleurer, papa a un cancer. »
Et là, tout s’écroule : ma vie, mon monde. J’ai l’impression que tout le poids du monde s’abat sur moi, me laissant un goût de la vie d’une amertume inégalée. Je perdis tout réflexe pendant quelques secondes, le choc est trop grand. Lui, mon père, toujours en bonne santé, en pleine forme et au mode de vie tellement sain. Je sortis de la pièce et me mis à pleurer. Je n’arrive plus à m’arrêter. Le choc est trop grand. Pourquoi nous prépare-t-on pas à ce genre de choses ? Je ne sais plus quoi faire. Dois-je me défouler ? Crier ? Me mettre en boule sous une couverture ? Je me mets à trembler et je deviens faible, il faut que je bouge, que je fasse quelque chose. Je commence à marcher dans la maison. J’appelle une amie, pas de réponse, une autre amie, pas de réponse. J’abandonne. J’abandonne toutes barrières, je me pose mille et une questions, mais une me revient sans cesse en tête : pourquoi lui ?
Ma sœur s’enfuit, je ne peux pas lui en vouloir, et je n’arrive pas à la retenir, je suis tétanisée, enfermée dans plusieurs émotions, je suis bouleversée par la tristesse, déchirée par la colère et… soulagée de savoir la vérité, mais maintenant que je la connais, l’ignorance me manque.
Tout n’est peut-être pas perdu après tout, il est encore là. C’est un combat que l’on va mener ensemble. Cette pensée parvient à me calmer. Je retourne voir ma mère, mais quand je la vois, détruite et assise sur le canapé, je me demande si ce n’est déjà pas le début de la fin.
J’entends des bruits de pas, Céline puis Anaïs, je sens à ce moment-là tout l’amour et le réconfort que je ne peux trouver ailleurs, la fraternité, la famille, un lien fort et impénétrable, on se prend toutes dans les bras, comme une promesse pour l’avenir. L’espace d’un instant, le temps s’arrête. Nous sommes là toutes les quatre avec une tonne de questions, mais aucune réponse, juste là pour nous entraider quoi qu’il arrive, avec pour seule certitude, notre confiance l’une pour l’autre.
Des heures de discussions passent. Le choc quant à lui s’est apaisé, et je sais qu’à présent il va falloir être patiente et mentalement forte. Demain, mes épreuves de bac continuent, je vais tout faire pour le décrocher pour mon père.