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L’Homme est un microcosme doté de propriétés identiques à celles du macrocosme – cosmos : Univers en ordre – auquel il est intimement lié. Un principe de vie unitaire, communément appelé Dieu, en est l’auteur suprême. Il donne la vie, dicte ses lois, ordonnant, organisant et structurant ainsi l’ensemble du vivant. Mais l’Homme a rejeté le Ciel et ses ordonnances. Il a ouvert les portes d’un monde dont il s’est fait le prince et au sein duquel la vie, la « grande vie », n’est pas reçue. Une conversion urgente s’impose alors. Sans plus attendre, l’Homme doit revenir à Dieu, se reconnecter à la source originelle d’où la vie véritable jaillit dans un incessant élan d’amour. Impérativement, l’Homme doit retrouver sa dimension cosmique et divine.
À PROPOS DE L'AUTEUR
À partir de ses expériences et avec l’appui des textes bibliques, taoïstes et de la médecine chinoise mis en résonance,
Pascal Teyssédou rappelle que l’Homme est un temple vivant créé par Dieu, que son salut dépendra de l’intimité de la relation qu’il aura rétablie avec le Ciel, et que nous sommes… « à l’aube du retournement ».
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Seitenzahl: 428
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Pascal Teyssédou
À l’aube du retournement
Propos sur les racines de la vie
et les temps actuels
Essai
© Lys Bleu Éditions – Pascal Teyssédou
ISBN : 979-10-377-5609-1
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Ont servi de support à mes réflexions, en dehors de mes expériences personnelles, la Bible, ainsi que les ouvrages du docteur Jean-Marc Kespi, du sinologue Claude Larre et d’Annick de Souzenelle, à qui j’exprime toute ma gratitude ; car ils ont été, et sont encore, de précieuses lumières éclairant mes chemins d’errance, tout autant que les nuits obscures de mon âme.
« J’écris pour tous les Hommes afin qu’ils se souviennent, avec l’espoir qu’un jour ils s’en retourneront. J’écris parfois avec, dans un coin de mon âme, la douleur et la pesante certitude qu’ils sont déjà allés trop loin…
Mais mon espérance demeure. Car à Dieu rien d’impossible et l’Amour est plus fort que tout !
Je crois en Dieu et à chacune de ses Paroles. Je crois aussi en l’Homme qui s’en revient vers Dieu. Dieu est avec tous ceux qui Le suivent. Et ceux-là sont déjà sauvés ! »
« Il manque à l’Homme d’aujourd’hui la foi en la vie et surtout en Celui qui, par Amour, la donne. Il lui manque cette Foi sans faille qui soulève les montagnes et fait tenir droit sans jamais fléchir ; cette foi qui porte à l’héroïsme du Saint, celui qui refuse de livrer son âme ; cette foi brûlante garante de la liberté naturelle que, sournoisement, on tente aujourd’hui de nous enlever.
Plus que jamais et quoiqu’il advienne de nos vies, c’est “plus haut” que nous sommes attendus et que nous devons porter notre esprit.
Mais seul l’Amour saura nous mener en ces hauteurs nécessaires que, toujours et jusqu’alors, nous avons inlassablement refusées. Et plus nous serons "hauts" dans nos cœurs et unis dans l’amour, plus nous serons forts.
Et tôt ou tard, fidèle à son habitude, l’amour vaincra ! »
« L’Homme doit prendre le Ciel et la Terre pour ancêtres, le Tao et sa vertu pour maîtres et le non-agir pour norme.
Le vide, la quiétude, le détachement, le sans-saveur, le silence et le non-agir, constituent la norme de l’univers, la substance de l’ordre des choses et la racine de toutes les créations.
Celui qui a compris ce principe, qui confère leur puissance au Ciel et à la Terre, et qui l’applique comme une loi incontournable, est en harmonie avec le Ciel. Sa vie suit le cours naturel des choses, et la mort intervient comme une nécessité, appartenant à la succession naturelle des transformations, dans un ordre irréversible, révélant son caractère unique et exemplaire. »
Voici, Je vous ai donné le pouvoir de marcher sur les serpents et les scorpions, et sur toute la puissance de l’ennemi ; et aucun d’eux ne pourra vous nuire.
Luc 10 : 19
Qui donc nous a retournés de la sorte pour que, quoi que nous fassions, nous ayons toujours l’attitude de celui qui s’en va ?
Rainer Maria Rilke
« Dieu s’est logéau plus profond de notre quiétude d’Homme qu’Il vient sans cesse déranger pour vérifier notre foi en Lui, en "cet Autre en nous" sans lequel tout s’effrite et s’effondre ; Lui qui s’affiche comme l’éternelle question qui n’a pas de réponse, mais qui, dans un silence troublant, nous tient vivant justement parce que nous ne savons pas répondre, Lui qui nous tient debout et sans cesse en chemin.
Qui suis-je ?
Peu importe du moment où la question demeure, du moment où nous Lui demeurons unis ; Lui qui nous a désirés, choisis et qui patiemment nous attend ; Lui qui nous porte parce que, sans jamais Le connaître, nous osons L’exposer au monde comme un trésor inestimable. »
L’Homme incarne des archétypes que manifestent ses différents mécanismes et structures. Un dialogue fécond et permanent est instauré entre la base fondamentale qui sert de modèle et la forme manifestée qui singularise l’être. Une conversation intime est établie entre l’Un duquel la Vie émane et le multiple de la manifestation, entre Dieu et sa Création, entre le soi et le moi-ego ; mais aussi entre « ce que je suis » et « tout ce qui est autre que moi », dans un rapport d’âme à âme et une communion de corps.
Cependant, ce dialogue ne sera possible et rendu fructueux que si, tour à tour, chacun des participants se retire, laisse la place, l’espace libre, vide, et fait silence ; afin que « l’autre » puisse s’exprimer, advenir et se faire connaître ; afin que, pleinement et librement, il puisse afficher sa nature particulière dans sa forme, par son langage, par sa présence au monde ; une particularité indispensable à l’équilibre et à la cohérence de l’ensemble, car il n’y a pas de vie qui ne soit engendrée inutilement.
Mais au fil des siècles d’évolution, l’Homme a voulu acquérir la possibilité de se distinguer en tant que « moi » de son environnement, et par là d’accéder au « petit-moi », à la conscience de lui-même ; et cette expérience, dans laquelle il persévère toujours assidûment, le conduit à « un égoïsme sauvage » qui s’affiche fièrement dans un monde d’une affligeante médiocrité ; un égoïsme dont il peut, aujourd’hui, mesurer les tristes conséquences.
L’Homme s’est coupé du Ciel. Il n’entend plus Dieu qui l’appelle à revenir sur la Voie et à respecter sa Loi. Il n’entend plus la mélodie de l’âme et ne comprend plus le langage du corps. Il s’est fait sourd au chant de la Terre et insensible à ses gémissements. Le dialogue est rompu et de ce fait, l’Homme, l’esprit rivé dans les ténèbres, préfère, semble-t-il, persister dans l’abrutissement. « L’autre » n’est plus écouté. Il n’a plus alors qu’à se taire (quand le silence ne lui est pas imposé…). Mais en refoulant « l’autre », bien des fois, l’Homme renonce à une lumière potentielle ; lumière créatrice, éclairante, bienfaisante, et parfois miraculeuse…
Sans plus attendre et s’il ne veut pas disparaître, l’Homme se doit de restaurer le dialogue à l’interne, avec Dieu, avec son âme, avec ses archétypes ; tout autant qu’à l’externe, avec l’ensemble de la Création. Il doit également, avec foi et droiture, s’attacher à vivre sa nature singulière ; une particularité qui n’émergera que lorsqu’il osera s’affranchir des injonctions du monde. Il doit se remettre sur la Voie et s’accorder au Principe qui le fonde et lui dicte la Norme, jusqu’à se fondre en Lui dans une union transformante. Il lui faut réapprendre la Vie et ses lois, renouer le lien avec le Ciel, sans lequel toutes ses terres, extérieures et intérieures, ne seront jamais que des terres arides et stériles, incapables d’assurer fortune et pérennité. Tel est le chemin spirituel auquel il est convié.
Et déjà, parmi les plaintes et les gémissements, on entend au loin monter comme un chant ; le chant des âmes qui s’éveillent…
Nous sommes à l’aube d’un retournement !
Les textes des grandes traditions ne cessent de conter la vie et l’aventure humaine. Chacun d’eux, riche de sa cohérence, a su tracer un chemin merveilleux, révélant les plaines et les montagnes que nous devrons traverser, les tempêtes que nous aurons à affronter, ainsi que les grâces qui nous seront accordées.
En parcourant les textes des traditions taoïste et judéo-chrétienne, je me suis demandé si leurs discours pourraient être mis en résonance et s’ils viendraient, à certains moments, à s’accorder. Idée folle et insensée ? Peut-être. Cependant, j’ai écouté et suivi ce que mon cœur percevait peut-être déjà ; et en me laissant imprégner par l’union de leur souffle, j’ai pu saisir quelques accords d’une gracieuse mélodie. Cette musique demeure pour moi le résultat d’une pensée ouverte qui se veut intuitive, contemplative, mais aussi pratique ; et j’espère qu’elle saura ouvrir pour vous quelques chemins jusque-là ignorés. Peut-être même saura-t-elle établir un dialogue au-delà du temps et de l’espace, un dialogue cosmique ?
Avec le Lingshu, le Suwen1 appartient au Huangdi Neijing ou « Classique de l’Empereur jaune », livre canonique qui sert de base à la pratique de l’acupuncture. Il aborde la physiologie en étudiant le comportement des souffles (de l’énergie vitale) à l’intérieur d’un corps humain, sans omettre l’établissement de l’Homme comme production de l’Univers. L’existence d’un être est sous la dépendance des souffles célestes, alors que la cohésion et la cohérence de son organisation corporelle dépendent des souffles terrestres.
Ainsi à travers l’Homme, peuvent être étudiés les mouvements des souffles vitaux circulant entre Ciel et Terre, tout autant que la relation que l’Homme-microcosme entretient avec l’Univers-macrocosme.
Ces textes anciens, cependant jamais contestés, renvoyant aux ouvrages de la philosophie taoïste, sont le fondement tant de la pratique médicale, que d’une conduite de vie respectueuse des principes et des lois de la vie. L’enseignement dispensé est formulé sous forme de questions-réponses entre l’Empereur Huangdi et l’envoyé céleste Qi Bo qui, sans jamais s’embarrasser de théories pompeuses et compliquées, et en quelques phrases d’une simplicité déroutante, parce que la vérité est simple, va droit à l’essentiel. Il ramène sans cesse à l’indispensable communion avec le Ciel-Terre, au retour à l’authentique, à la racine même de la vie, à l’Ordre originel et naturel, afin que l’être qui s’y accorde puisse accomplir sa longévité dans son intégralité, tout en exprimant sur la Terre les vertus octroyées par le Ciel.
Mais avant d’aborder le sujet, il convient de situer l’Homme et de lui redéfinir sa place au sein du grand ensemble dans lequel il se trouve et se meut.
L’Homme, représenté debout, face au Sud, est le point de rencontre des énergies du Ciel et de la Terre qui sont ses authentiques parents. Ils sont l’origine, le pivot et l’accomplissement de toute existence qui, en s’accordant à leur inaltérable mouvement d’alternance, allant et venant sans diminution ni profit, peut alors jouir de la paix que confère l’Ordre originel. Au sein de cette composition ternaire, Ciel-Homme-Terre, l’Homme fait donc office de « centre – vide – médian ».
Dans un débordement de grâces, le Ciel s’épanche sur la Terre pour la féconder ; et au moment où la Terre donne son fruit et l’élève vers le Ciel, c’est pour lui rendre grâce et louer ses vertus.
« La vie s’écoule au vide médian ». Ciel et Terre ne pourront assurer d’harmonieux échanges que, si l’espace au sein duquel ils se réunissent demeure vide et vacant.
L’Homme est au centre, et a reçu l’ordre de régner sur l’ensemble de la Création. Son centre que son Cœur manifeste, récepteur des instances célestes délivrant les précieuses instructions destinées à la bonne conduite de l’Homme et de son monde, doit donc demeurer vide et en paix. Cependant, parce que l’Homme coupé du Ciel persiste dans le déni d’un Dieu unique et créateur, tout autant qu’il refuse d’obéir à sa Loi ; il se peut que ce Dieu vienne à s’irriter à l’encontre de la Création et de ses hôtes, provoquant ainsi un dérèglement au Ciel et sur la Terre du mouvement naturel de la vie. Le Ciel se détourne alors de la Terre et lui retire ses vertus. Les échanges vitaux au sein des empires corporel et social se retrouvent ainsi bloqués, et la Terre ne produit plus. S’installent alors désordre, chaos et confusion. Rien ne va plus !
Que nous dit, à ce propos, le texte de la tradition taoïste ?
L’émanation du Ciel est pure et resplendissante tant qu’elle garde sa vertu et elle ne décline pas.
Si le Ciel a trop d’éclat, il éclipse le soleil et la lune ; les perversions profitent de cette absence, les souffles Yang (vent et chaleur) sont interceptés, les émanations de la Terre (nuages et brumes) sont voilées, les nuées ne se subliment plus et, en retour, les rosées ne descendent plus.
C’est cet échange qui donne vie à la création, et le « retrait de ce don » est cause de la mort en masse de la végétation, les mauvaises émanations ne s’évaporant plus, les tempêtes deviennent sans mesure, les rosées ne descendant plus il y a accumulation de pourriture et perte de toute beauté.
Il arrive tant de vents pirates et tant de pluies torrentielles que le rythme des saisons ne peut se soutenir.
Quand on s’écarte du Tao, on ne va pas loin.
Il suffit d’être un Sage qui suit le Tao pour éviter les maladies « irrégulières » et ne point fauter contre la création ; le souffle vital sera inépuisable.
La pure émanation céleste confère au Ciel sa sérénité. Telle est là sa toute-puissance. Le Ciel rayonne sa vertu dans l’abondance et ses souffles, tel un feu sacré brûlant sans consumer, nourrissent la Terre et ses hôtes qui alors resplendissent. Nous l’avons déjà évoqué : le Ciel féconde la Terre, la Terre thésaurise les vertus célestes et produit les dix mille êtres c’est-à-dire l’ensemble des manifestations possibles. Au cours de cet échange harmonieux, la vie est créée, entretenue et renouvelée. Mais l’Homme a quitté la Voie droite et s’est fait rebelle aux lois dictées par le Ciel. Alors, à force d’inconduite et par ses débordements, il a réveillé la colère de Dieu ! Et comme il est dit dans le texte : « Il y a retrait du don qui délivre la vie ».
Qu’est-ce à dire ?
Le Ciel se retire, « s’éclipse », divorce d’avec la Terre et lui ferme ses portes. De ce fait, les souffles de la Terre, dépendants des souffles du Ciel, ne produisent plus. C’est un hiver « hors saison », instauré brutalement par le Ciel. Les premiers touchés sont le soleil et la lune. Leur puissance se voit alors diminuée. Les êtres et la Terre, laissés sans entretien suffisant, se retrouvent ainsi en état de manque et de vide. Des « vents pirates » ou « pervers » viennent alors investir les cavités où, habituellement, la vie se concentre et se nourrit. Cataclysmes et maladies viennent alors toucher sévèrement la Terre et ses hôtes, accentuant voireprécipitant le désordre déjà conséquent, et durcissant davantage encore l’hiver social déjà bien installé. Désastre et désolation sont sur la Terre !
La vie ne jaillit plus. Alors les vents pervers stagnent et croupissent, et « la pourriture s’accumule ». Les souffles de vie sont désormais malsains. De ce fait, misère, vols, viols, meurtres, oppression de la population à cause d’un gouvernement corrompu, épidémies, catastrophes écologiques, abondent et vont sans cesse croissant. Des maladies répugnantes s’installent, comme signe des vices de l’Homme ; périodes de canicules et soleil brûlant, comme avant-goût des brasiers de l’enfer ; heures de ténèbres, annonciatrices des ténèbres qui attendent ceux qui persécutent les porteurs de lumière et rejettent la vérité. Affliction et injustice montent jusqu’au Ciel qui, devant tant de dépravation de l’être humain et de la Terre, refuse pour un temps d’épancher à nouveau ses souffles purs. La cause est à l’Homme inconscient et orgueilleux, à qui la gouvernance de la Création a été confiée. La Voie a été perdue. Le monde est mis sens dessus dessous et court à sa destruction.
Sans plus attendre, une restructuration profonde, radicale et coûteuse s’impose ; la survie de l’Homme et du monde en dépend. L’Homme est allé trop loin dans sa folie et il semblerait qu’il y ait désormais trop à défaire du monde actuel corrompu. Aussi, préfère-t-il le déni que de rompre avec ce qui, tous les jours, le détruit davantage. Dieu n’a jamais cessé d’interpeler l’Homme qui, inexorablement, refoule conseils et avertissements. Cependant, Dieu a posé une limite aux agissements de l’Homme : « … au fruit de l’arbre de vie, tu ne toucheras pas ! »prévient Dieu en s’adressant à Adam, le premier homme (et donc à tous les autres aussi). « Tu respecteras tout ce que Je te donne pour assurer ta vie sur la Terre et tu ne chercheras pas à savoir plus que ce que Je t’autorise à connaître (les mystères de Dieu et de la vie) ! »
On trouve sur la Terre deux catégories d’Hommes. Les Hommes « ordinaires » tout d’abord. Les plus nombreux, ils sont les oublieux ou ignorants de leur nature profonde, de leurs attributions et de leur vocation terrestre. On trouve ensuite les « Sages ». Ce sont les Hommes vrais, « droits », authentiques. Par leur conduite exemplaire, « priant et veillant » constamment, ils ne provoquent ni l’antipathie ni la colère du Ciel. Conscients de l’égarement des Hommes « ordinaires », ils intercèdent auprès du Ciel, réclamant clémence et indulgence. Ils suivent la Voie, se conforment à la loi du Ciel et accomplissent ses ordonnances.
Au milieu des tempêtes, même s’il leur arrive d’être sévèrement affectés, ils survivent. Car mieux que ces arbres séculaires qui, immobilisés par leurs racines terrestres ne peuvent s’abriter des foudres célestes, les Sages eux, enracinés au Ciel, veillant à leur alignement et remplis de foi, peuvent s’en prémunir. Ils ne se laissent pas surprendre et savent conserver suffisamment de souffles de vie en eux afin d’assurer leur survie. Sauveurs du peuple, c’est à partir d’eux qu’une pérennisation de l’espèce sera possible et qu’un ordre nouveau pourra être fondé.
Mais pour le moment, et à cause de l’Homme ordinaire, « l’hiver hors-saison » s’éternise sur la Terre et ses résidants. L’Homme erre dans les brumes de ses nuits hivernales, oubliant que gisent en son cœur les aubes printanières porteuses de vie et d’espérance, qui n’attendent que son réveil pour s’élancer joyeusement. Cependant, bien que certaines âmes soient déjà en chemin, il en est encore trop peu pour que s’accomplisse un retournement salvateur. La majeure partie de l’humanité dort encore d’un sommeil profond et elle tient apparemment à poursuivre ses rêves. Mais se réveillera-t-elle à temps ou bien finira-t-elle anéantie par sa trop longue nuit ? Les « cauchemars » annoncés seront-ils suffisants pour la tirer de son sommeil et déclencher le réveil salvateur ? « Il faut que ces choses-là arrivent », nous a prévenus le Christ. Et celui qui ne dort pas peut déjà entendre souffler les vents de la colère de Dieu…
Pourtant, depuis des siècles, Dieu ne cesse de se communiquer à l’Homme. Il a parlé à travers la nuée et le feu, puis par la bouche des prophètes. Et comme cela n’a pas suffi, Il a quitté la liberté et la pureté célestes ; Il est descendu dans le monde et s’est rendu esclave d’une chair. Il a voulu tout connaître de la souffrance des Hommes. Il a pris sur Lui toutes les souillures du monde. Il est mort pour nous et par sa résurrection, Il a dissipé tous les doutes possibles concernant sa vraie nature. Il s’est donné Lui-même pour nous comme nourriture spirituelle afin que nous ayons la vie. Et aujourd’hui encore, sous l’impulsion de son esprit, des « petites voix » continuent de clamer sa Gloire et de proférer les mêmes avertissements !
Mais l’Homme a tourné le dos au Ciel. Il a quitté Dieu. Et en quittant Dieu, il a abandonné la Vie et la Vérité. Il a voulu des dieux, des dieux de chair de préférence, qu’il puisse adorer et porter au Ciel ; des dieux qu’il suit comme un esclave ou comme un chien en laisse, et devant lesquels maintenant il courbe l’échine. Et voilà qu’aujourd’hui, il peut goûter l’ample désillusion, ainsi que l’âpre amertume des fruits de l’idolâtrie et d’une trop longue séparation avec le vrai Dieu.
… Ils (les Hommes) ont des yeux, mais ils ne voient pas. Ils ont des oreilles, mais ils n’entendent pas…
Jérémie 5 : 21
Leur oreille est vraiment incirconcise, ils sont incapables d’être attentifs…
Jérémie 6 : 10
Alors
… Écoute, Terre, retiens bien que Je (l’Éternel tout-puissant) fais venir le malheur sur ce peuple. Ce sera le fruit de ses pensées, car ils n’ont pas fait attention à mes paroles et ils ont méprisé ma Loi…
Jérémie 6 : 19
… Ma colère et ma fureur vont se déverser sur les Hommes et sur les bêtes, sur les arbres des champs et sur les fruits de la Terre. Elles brûleront sans plus s’éteindre.
Jérémie 7 : 20
Alors, afin que Dieu ne déverse pas sa colère sur la Terre et ne l’anéantisse pas par son feu dévorant, l’Homme doit revenir sur la Voie et observer la Loi prescrite. Aujourd’hui, l’Homme est amené à prendre une décision irrévocable. Un retournement radical de sa conduite et de tout son être s’impose de toute urgence. Certes, ce retournement causera un arrêt avec contre-courant de ce qui, jusqu’alors, semait le désordre et conduisait au chaos ; il déclenchera inévitablement tumulte et remous, en même temps qu’une profonde désorganisation de l’être, de sa vie et de son monde. Mais le retour à l’ordre et à la paix est à ce prix. On ne reconstruit pas sur le désordre. On fait d’abord table rase du malsonnant et de l’inconvenant.
Celui qui veut régner sur l’empire doit d’abord apprendre à gouverner son être et sa vie selon la Norme, et témoigner de la « Vérité-mère de tous les mondes ». Ensuite, il pourra se charger du destin de tout ce qui se trouve sous le Ciel !
Sommes-nous prêts à effectuer cette révolution intérieure ?...
« On ne touche pas au désordre d’un empire sans, tôt ou tard, déclencher des remous chez celui qui en a la gouvernance et qui, par ignorance ou pour quelque autre motif, se plaît à l’entretenir. Cependant, on ne sème pas trouble et confusion à tout va par l’irrespect de la Loi qui ordonne sans, tôt ou tard, déclencher la colère de Celui qui, dès le commencement et pour le bien de tous, a édicté la loi !
Alors, n’oublions pas la dimension de notre vocation première : celle de porteur de lumière que nous devons exercer avec toute la droiture qui lui échoit, dans quelque monde que ce soit, quels que soient les remous qu’elle y engendre et quelles que soient l’inquiétude et la peur qu’elle puisse susciter. Et pour pallier ces appréhensions irrationnelles, il faudra prier avec toute l’ardeur possible, afin d’armer sa foi et d’être au plus près de la source. Car même si nous demeurons inquiets alors que nous prions, combien alors le serons-nous si nous ne prions pas et si nous nous tenons éloignés du principe… ? »
Le vide
Nous l’avons évoqué précédemment, Ciel et Terre sont nos authentiques géniteurs. Cependant, toute l’alchimie de la Vie va s’effectuer au sein de cet espace dit « médian », car situé entre Ciel et Terre.
Ainsi, afin que cette merveilleuse alchimie puisse s’accomplir harmonieusement, il est nécessaire que l’espace dans lequel elle va se jouer demeure libre, « vide », comme l’est le Ciel originellement ; un Ciel qui, justement, grâce à sa vacance peut accueillir les souffles célestes nommés « vertus », avant de les déverser sur la Terre pour la féconder. C’est alors que s’élaboreront les transformations silencieuses, magnifiant dans une gestation plénière le fruit en formation, jusqu’à ce que la Terre en accouche et le présente au Ciel comme une offrande.
Le vide dont il est question ici n’est pas « le rien » ni « le néant », bien au contraire. Il est un espace immatériel, une matrice vivante et indispensable, au sein de laquelle pourra germer et croître une nouvelle création, jusqu’à sa totale plénitude et son impeccable cohérence, en parfaite cohésion avec le reste du vivant.
L’Homme est au centre, entre Ciel et Terre. « Vide médian », il doit donc demeurer « vide », en son cœur et en son être, pour que les souffles vitaux qui le créent et l’animent ne soient pas entravés et que s’accomplissent ainsi ses multiples transformations.
« Et voilà que le vide s’ébranle, arrachant une note au silence
Elle monte dans l’éther et, déjà, elle s’accorde au monde
Un être vient d’émerger, et déjà il court vers sa fin… Vie ! »
Créé à l’image du Créateur, cependant « de peu inférieur à Lui » car les vertus de la grâce lui ont été retirées à cause de la Faute première, l’Homme est appelé à retrouver son état initial « d’enfant du Ciel ». C’est au cours d’un douloureux périple terrestre, par un incessant travail « d’enfantement » dans une union constante avec le Dieu Créateur, qu’il lui sera possible d’accomplir son projet. Il devra pour cela demeurer « vide et disponible », « tout à Dieu », pour que le Dieu qui l’engendre à chaque souffle puisse le travailler intérieurement, « l’in-former », le modeler à sa guise et le (re)créer ainsi à son image, dans une ressemblance toute spirituelle.
Mais plus que tout autre chose, l’Homme devra apprendre à vider son Cœur et à le maintenir vacant. Un Cœur désormais au bord de l’asphyxie, indisponible, « occupé ailleurs » et donc incapable d’accueillir un souffle neuf ; incapable d’accueillir Dieu dans une union transformante, un Dieu sans lequel aucune (re)création harmonieuse et conforme à la Norme ne sera possible. Un Cœur incapable d’accueillir « l’autre ». Et pourtant, tous ces « autres » sont autant de ciels providentiels que le Créateur envoie sur nos multiples Terres et auxquels nous devons savoir offrir l’hospitalité.
Car par elle (l’hospitalité), quelques-uns, à leur insu, ont logé des anges ! nous rappelle saint Paul.
Et parce que, trop souvent, nous oublions cette loi, parce que nous avons oublié Dieu ou parce que nous Le refusons sans cesse et avec force, ne sachant Le reconnaître en chaque « autre », sous quelque forme qu’Il se présente, et parce que nous avons verrouillé nos cœurs ; alors nos Terres demeurent désespérément sèches et stériles. Et ni le monde mécaniste ni l’Homme dissolu d’aujourd’hui ne semblent être prêts à libérer du temps et de l’espace pour recevoir, comme il se doit, l’hôte envoyé.
L’Homme ne reçoit plus le Ciel depuis bien longtemps !
Pourtant, sans cesse, Dieu donne la vie. Chacun de ses Souffles, chacune de ses Volontés, est un élan créateur qui engendre pour donner naissance à « un fils », « un fils de Dieu » que Dieu a élu et désiré. Ainsi chaque création est « sainte ». Et faire mauvais accueil à ce qui est saint d’origine n’est pas sans conséquences car, Ce que vous faites au moindre de ces enfants, c’est à Moi (le Christ) que vous le faites.
Et on ne malmène pas les « fils de Dieu » sans, tôt ou tard, déclencher la colère du Père… !
Le centre
L’Homme est centré. Depuis son centre relié au Centre Principal, Dieu, et battant au rythme de la respiration originelle, la Vie est soufflée. Vie universelle réunissant sous ses lois, et dans une parfaite interdépendance, tous les éléments du Créé ; mais aussi vie unique, exprimée à travers la singularité de chaque création, jouée pour l’Homme par l’ego riche de son hérédité, de ses acquis, de ses différentes structures, animé par ses joies, par ses peines, par ses rapports au monde, paralysé par ses peurs, provoqué par ses pulsions, propulsé par ses besoins et par son projet de vie auquel chaque individu demeure libre d’adhérer ou non. Cependant, l’hypertrophie de l’ego, ce trop dévoué serviteur qui bien trop souvent se prend pour le maître, ainsi que sa vision opaque de la réalité, est un frein, voire un obstacle tenace, à l’accession à l’être universel. Il s’agira donc d’apprendre à l’effacer sans pour autant l’occulter.
La fusion à « l’autre que soi » constitue le moteur de vie de l’Homme, car c’est au cours d’une union que l’unité perdue pourra, ne serait-ce qu’un instant, être revécue. L’Homme porte en son âme l’empreinte du Dieu Unique, ainsi que la mémoire de son union avec Lui. De même, il est marqué de l’instant où il fut une cellule unique, issue de l’union du spermatozoïde et de l’ovule qui l’ont ensuite dupliquée en 2, 4, 8, 16… etc. Ainsi, l’Homme cherchera toujours à s’unir, de différentes manières et à différents plans, sans savoir pour autant que ce profond désir d’union est un désir de retrouver et de revivre l’Amour, Lui aussi unique, qui l’a engendré.
Toute création procède d’une union dans l’amour, et l’Homme est appelé à se recréer, sans cesse, et à tous les plans. Il est donc invité à aimer et à s’unir à « l’autre que lui », dans un acte d’amour, en lui-même et à l’extérieur de lui, pour se retrouver et se reconnaître ; mais aussi pour retrouver, reconnaître et aimer « cet autre », car il fut un instant dans l’éternité où il a été celui-là. Cependant, cette fusion à « l’autre » sera aussi sa souffrance, car aucune unité durable n’est possible en ce monde duel ; la dynamique vitale est une respiration à deux temps, un incessant mouvement d’union-séparation, de réunion-distinction.
L’évolution de l’Homme réclame l’union de ses deux parties, terrestre et céleste. Et ce n’est qu’à partir de son état unifié qui le rendra « cohérent », que l’Homme pourra établir une union harmonieuse et féconde avec l’univers, ainsi qu’avec des états supérieurs de conscience, jusqu’à atteindre à l’union avec le Principe. La connaissance authentique, et non le « savoir », est le fruit de l’union à « l’autre ». Nous sommes le monde, nous le possédons en nous, car nous sommes microcosme à l’image du macrocosme. De la même manière, nous sommes Dieu – en potentiel – car créés par Lui et à son Image. Nous pouvons de ce fait Le retrouver en nous, retrouver cet « autre », Le reconnaître et ainsi communiquer avec Lui.
Toute vie mystique est une quête de Dieu. Elle s’accomplit par fusions successives avec des états supérieurs de l’être « ouvrant progressivement les portes sur le Mystère ». Tel est le chemin initiatique, chaque état d’illumination donnant un avant-goût de l’Unité absolue. Et celui qui est « illuminé » est un saint, dont le corps et l’esprit sont intimement liés par l’amour et par la foi.
Afin que l’Homme « ait la vie », il est nécessaire que le Principe de Vie s’incarne en lui. L’Homme ne possède pas la vie par lui-même, mais grâce à son centre, double, qui est « source et lieu de vie » ; centre d’où tout provient et où tout revient, en relation avec tous les centres, ainsi qu’avec « le nombril du monde », le centre de tous les mondes, Dieu.
Tout au long de son existence terrestre, l’Homme sera relié à ses deux sources de vie. La première est son Ciel antérieur. Exprimée au niveau du point d’acupuncture MINGMEN (4VG), elle assurera son incessante recréation. On appelle Ciel antérieur ce qui précède la conception et la naissance. Les énergies qui en proviennent sont l’énergie originelle (Yuan Qi), l’énergie ancestrale (Zhong Qi) et l’énergie séminale (Jing Qi inné). La deuxième source de vie sera, dans un premier temps, la mère à laquelle, par l’ombilic et durant le temps de sa gestation, le fœtus restera rattaché ; puis, lorsque l’enfant aura été mis au monde, c’est son champ de cinabre inférieur gouvernant la fusion à l’autre par la sexualité qui prendra le relai. Ce champ de cinabre est manifesté par le point d’acupuncture SHENQUE (8VC) situé au centre du nombril.
Les deux centres de l’Homme sont intimement reliés au centre des quatre éléments qui, de manière invariable, vont rythmer la vie. Ils le sont également au centre des cinq mouvements dont le rôle est d’unir et de synchroniser l’Homme-microcosme-terre à l’Univers-macrocosme-ciel. Le centre source de vie est régi par les points d’acupuncture JUQUE (14VC), porte du Shen, du centre solaire source de vie, situé à la pointe de l’appendice xiphoïde, et par TAIYI (23E), situé à deux distances au-dessus de l’ombilic et deux distances en dehors de la ligne médiane, qui est ici effectuation de la source de vie. Quant au centre lieu de vie, il est régi par les points ZHONGWAN (12VC), situé à deux distances en dessous de JUQUE, assurant la distribution du Yang depuis le centre, et par ZHANGMEN (13F), situé à la pointe de la première côte flottante, pour la distribution du Yin depuis le centre et le contrôle de sa libre circulation dans le tronc.
Les nombres
« Obéissant au Tao, les anciens se modelaient sur le Yin-Yang et se conformaient aux Nombres », répond l’envoyé céleste Qi Bo à l’Empereur Huangdi qui lui demande des explications sur le fait que, dans les temps anciens, les pratiquants de la Voie vivaient centenaires sans que leur dynamisme ne faiblisse.
Les Nombres représentent le modèle céleste organisé et cohérent de ce qui nous gouverne, et que les différents modèles terrestres mettent en évidence. Ils énoncent les principes de base du continuum de vie et exposent les correspondances qui relient entre eux ces différents principes. Leurs combinaisons et accouplements structurent un « filet céleste » qui enveloppe tous les univers – macro et microcosmiques – dans un système cohérent dont les lois organisent la vie.
La symbolique des Nombres de 0 à 10 est la base de construction de tous les temples (cathédrales, corps humain…) reflétant parfaitement le modèle du cosmos, l’univers en ordre. L’Homme est un modèle cosmogonique, un microcosme à l’image du macrocosme auquel il est intimement lié et doté de propriétés identiques que sont :
La participation à une dynamique d’évolution incluant un projet de vie qui correspondra ou non au projet ontologique, selon le choix délibéré de chacun.
La capacité de se créer et de se recréer indéfiniment.
La capacité de transmettre ses informations intrinsèques.
À son tour, l’Homme se fait macrocosme de son univers cellulaire microcosmique doté des mêmes propriétés.
La vie émerge du principe unitaire, sort de l’indistinct pour s’exprimer ensuite dans une forme unique, à travers les mouvements, les relations et les mutations qu’elle induit. Les souffles de vie valsent sur le rythme à deux temps de la respiration de l’Univers ; la loi des nombres assurant déploiement et thésaurisation des souffles, régulant les entrées et les sorties de l’indifférencié vers le singulier et inversement. « Distinguer – réunir » : telle est l’œuvre incessante accomplie par le manège de la vie. Telle est sa loi immuable. La vie est un incessant enchaînement d’unions et de désunions nécessaire à toute création, à toute recréation, ainsi qu’à la cohérence et la cohésion de l’ensemble dans lequel elle s’exprime et évolue. Ainsi la vie n’est pas zéro, puis un, puis deux, puis trois, etc., mais l’expression du symbole du zéro qui tend vers le un, le un courant vers le deux, lui-même aspirant au trois, etc.
Que nous disent les nombres ?
Zéro
Il symbolise l’état originel antérieur à toute création, le Principe de fondement de la vie riche de toutes les potentialités. Il est le « rien », « le vide », l’espace de vacuité dans lequel réside le Souffle-Saint-Créateur avec le verbe de Dieu.
« Dans le principe est le verbe », annonce Jean au début de son évangile.
Un
Il est l’état de chaos initial au sein duquel tout est unifié, antérieur à toute pensée et volonté propre. « Un » est origine et devenir de toutes choses par lesquelles le Créateur se fait connaître. Toutes les créations sont de ce fait porteuses du germe, de l’empreinte, et donc des vertus et du potentiel du Créateur.
Il exprime le mystère de la Vie qui, tantôt se dévoile, tantôt garde sa face cachée, et vers lequel, sans jamais se défaire et pourtant en perpétuel changement, vogue l’être, éternellement.
Symbole de fécondité, ensemençant tous les autres nombres, il est la Voie, le Pivot central, l’Articulation, le Centre autour duquel tourne la roue de la vie. Ainsi, celui qui perd son Centre, son lien avec le un, sort de la dynamique de vie, déchoit puis finit par mourir.
Le un se donne pour le deux. Le deux se donne au un pour le trois. Le trois se donne au un pour le quatre. Etc.
Le deux, sans le un, n’est pas deux. Le trois, sans le un, n’est pas trois… etc. Sans le un, chaque nombre perd sa symbolique, chacun « perd sa vie ». L’Homme, sans le un, sans Dieu, n’est pas l’Homme tel que Dieu l’a conçu. L’Homme séparé de Dieu perd la vie !
Deux
Principe binaire, il évoque le passage à la dualité et à la distinction, mais sans pour autant qu’il y ait séparation. L’Unité se scinde en deux parties égales, opposées-complémentaires, l’une ne pouvant exister sans l’autre. C’est le principe Yin-Yang, la vertu qui exprime la Voie au sein du plan de dualité.
Replacée dans la dynamique de Vie, la distinction opérée n’a pour finalité que la réunion des deux parties, pour que le symbole qui a voulu être exprimé puisse être reconstitué. Distinction – réunion, pulsation de la vie qui induit la respiration primordiale, rythmant la respiration de chaque élément du créé.
Trois
Ternaire, trinité. Trois autorise la vie et en assure l’organisation à tous les plans. Mais à trois, la vie n’est pas encore présente.
Trois évoque la réunion et la compénétration des deux éléments distingués pour donner une nouvelle vie. C’est l’Esprit qui descend dans la matière pour la féconder. C’est l’écoulement harmonieux du souffle céleste au sein de l’espace vide médian du Ciel-Terre, un vide qui émane du vide originel et duquel il puise sa toute-puissance.
C’est au sein de cet espace vide que, dans leur harmonieuse interaction et dans leur mutuelle transcendance, Yin et Yang vont exprimer les vertus et la cohérence du Principe originel.
Trois est cet entre-deux fertile, cette brèche dans laquelle s’engouffre le grand fleuve de la vie qui, subitement, va transcender l’ordinaire, révélant ainsi l’extraordinaire, le sublime et le sacré au sein du profane ; tout en nous faisant prendre conscience de notre singularité, en même temps que de notre appartenance à l’Unité, au Divin. À trois, l’équilibre entre les opposés-complémentaires Yin-Yang est rétabli. L’Unité est restituée. La puissance trinitaire s’exprimant, s’accomplit alors « le miracle de la vie » ; miracle qui n’est que l’expression du Naturel, de la Norme, de l’Ordre originel, de la vie en ordre.
Le point d’acupuncture manifeste cet entre-deux. Il représente cet espace vide, ouvert sur le Ciel de l’Homme, entre la surface du corps au niveau de laquelle il émerge et le Principe de l’être dans lequel il s’enracine. Il permet de donner et de transmettre à l’organisme, qui l’a oubliée ou occultée, l’information essentielle capable de réordonner ce qui, dans l’instant, n’est plus en ordre et réclame de l’être, en libérant la réponse que l’être en souffrance détient et ignore.
Quatre
À quatre, la vie se répand dans les quatre directions et dans un incessant mouvement expansif qu’expriment des souffles modulés et toujours changeants. La Terre manifeste le Ciel à travers les quatre saisons et vers les quatre orients. Quatre exprime, de ce fait, la naissance du temps.
Quatre est aussi le cadre imposant les limites structurantes, car la vie a besoin d’un cadre pour se manifester. Il exprime la matrice dont les lois vont former et informer ce qui entre et séjourne en son sein. Quatre est les conditions nécessaires à la vie. En témoignent les quatre états : ciel ou air – terre – feu – Eau, ainsi que les quatre plans de manifestation : transcendantal – psychique et énergétique – somatique et matériel – potentiel.
Quatre, quarante, quatre cents, etc. sont porteurs de la même symbolique. Le texte biblique donne quelques exemples où le désert et le tombeau font office de matrice. Nous le verrons plus loin dans les exemples suivants :
Les quarante ans d’errance du peuple hébreu dans le désert du Sinaï.
Les quarante jours de jeûne du Christ dans le désert.
Les quatre jours de Lazare au tombeau.
Quarante jours sont nécessaires à la formation d’un embryon. Il faut ce temps pour « naître en vérité », pour cheminer vers sa Lumière intérieure et accéder à l’étincelle (divine) qui embrasera notre bois mort. Il faut à l’Homme quarante jours ou années… d’épreuves, voire de « déluge », pour qu’au sein de son arche (son corps et son âme) le germe d’un nouvel Homme puisse être porté à maturité.
Quatre est l’entrée dans la création et la porte ouverte vers la prise d’autonomie qui se réalisera à cinq. À quatre, tout est donc possible. La vie part dans toutes les directions avant de rejoindre un centre, autour duquel elle va s’organiser. Un centre qui va assurer la cohésion de l’ensemble et éviter l’éparpillement et l’égarement des multiples élans et mouvements de Vie. C’est ici que le un se donne au quatre pour le cinq ou que le quatre rejoint le un, le centre, pour devenir cinq.
Cinq
À cinq, parce que les conditions nécessaires à la vie sont remplies, la Vie, grande bâtisseuse, peut alors apparaître. Elle va s’organiser à partir d’un centre, double (dualité de la vie oblige), pour d’incessantes mutations, grâce à la « respiration » instaurée par les rapports ininterrompus entre le centre et la périphérie du cercle des saisons et des orients tournant autour.
Cinq est lié à l’espace au sein duquel la Vie va se manifester. Il est lié au Ciel qui enseigne, éveille et initie par les Lois ontologiques énoncées au quatre.
À cinq, la conscience est incarnée. La matière, stérile jusqu’alors, devient fertile. Car désormais, elle s’organise autour d’un centre, dont la dynamique engendrée va faire d’elle un univers microcosmique, doté des propriétés du macrocosme avec lequel elle est intimement liée.
À cinq, l’âme a pénétré le corps. Elle lui donne le souffle de Vie, en même temps qu’elle inscrit l’être dans une destinée toute particulière.
Cinq induit le mouvement vital. La matière devient alors apte à gérer ses énergies qui vont assurer son dynamisme et sa structuration. La médecine chinoise évoque « cinq portes » que les énergies vitales de l’être engagé dans son processus de verticalisation sont amenées à franchir, afin que sa structuration et son édification selon la norme et les Lois naturelles, puissent être assurées et aboutir. Elle décrit également deux rythmes à cinq temps : un rythme interne, invariable, concernant quatre éléments (Ciel-Terre-Eau-Feu) évoluant autour d’un centre double (Soleil-Terre) ; et un rythme externe, variable, à cinq mouvements (Bois-Feu-Terre-Métal-Eau) exprimé par trois mouvements Yang et deux mouvements Yin. Les cinq portes et la dynamique des cinq mouvements seront traitées ultérieurement dans des chapitres à part.
Cinq : quatre + un. Reprenons nos exemples précédents.
Conduit par Moïse, le peuple élu de Dieu erra quarante ans dans le désert du Sinaï, avant de franchir la mer Rouge pour accéder à la Terre promise et naître à la liberté.
Quarante années d’errance nécessaire dans le désert qui servira de matrice ; un désert symbole de dépouillement, de vide et de nudité, auxquels chaque pèlerin devra accéder. Quarante années de marche sous l’autorité de Dieu, le Centre-Un qui, durant tout le périple, nourrira le peuple hébreu de sa Parole et de l’irremplaçable manne. Quarante années au cours desquelles Dieu se communiquera à Moïse, « Cœur » du peuple hébreu, cœur maintenu vide et disponible, tout tourné vers l’Éternel, pour une parfaite écoute des saintes et précieuses instructions.
Les quarante jours de jeûne de Jésus dans le désert.
Quarante jours de jeûne du cœur et du corps, de dépouillement absolu, jusqu’à se retrouver totalement « nu » face à Dieu et au Diable, sans jamais pour autant succomber aux tentations les plus terribles. Quarante jours au terme desquels Jésus, nourri par l’Esprit de Dieu, commencera sa vie publique.
Après quatre jours passés dans le sépulcre, Lazare « sort » sous l’impulsion du souffle du Verbe de Dieu.
Du « Centre – Dieu – Un et trine – le Christ », le Souffle saint est libéré. Il pénètre le « tombeau-matrice » dans lequel Lazare « dort » encore, plongé dans le sommeil de l’inconscience, ainsi que dans la nuit de la vie qu’il a menée jusqu’alors et qui, enfin, s’achève. La Lumière vient le réveiller. Son corps-matière, tout autant que son esprit, est saisi. Ils reçoivent le Souffle de résurrection et reprennent vie sur-le-champ.
Après quarante années de vie « d’errance », bien souvent dans l’oubli et la négligence de l’essentiel (Dieu et ses ordonnances), errance couronnée, de ce fait, par une « crise » (de la quarantaine) ; s’il tient à ne pas s’égarer et se perdre, l’Homme devra effectuer sa conversion, le retournement intérieur qui lui permettra de rejoindre la Voie et de trouver son centre. L’Homme doit se quitter pour se trouver et retrouver Dieu.
Six
Six est symbole de création, de fécondation et d’alliance. Lié au temps linéaire, il engage à produire et à réaliser liens, échanges, communications indispensables à l’accomplissement d’une œuvre. Il est coordination et participe à l’ordonnance et à la réunion des énergies intervenant dans le processus de création.
Selon la tradition chinoise, six coordonne l’origine de la vie. En témoignent les « six entrailles curieuses », en lien avec l’ordre primaire et les lois de la vie. Six coordonne également le devenir de la vie. Le démontrent les six traits composant les soixante-quatre hexagrammes du Yi King, qui évoquent les soixante-quatre possibilités d’évolution d’un phénomène.
La qualification en six couches énergétiques (Taiyang-Shaoyang-Yangming et Taiyin-tsuiyin-shaoyin) permet de comprendre, de classer et de coordonner la multitude des manifestations de la Vie. Chaque phénomène étant nécessairement Yin ou Yang ; le double ternaire (trois Yin et trois Yang) permet ainsi, sans confusion, d’exprimer l’ensemble des manifestations de la Vie, chacune répondant obligatoirement à l’un des six termes.
Selon le mythe de la Genèse, l’Homme est créé au sixième jour. Il est le point de jonction des énergies du Ciel et de la Terre, récapitulant en lui les trois règnes inférieurs (minéral-végétal-animal) sur lesquels il doit régner, et les trois règnes supérieurs (celui des anges – celui des séraphins – celui de Dieu) auxquels il doit s’unir. L’Homme est le coordonnateur des deux mondes.
À six, l’espace-temps est créé.
Sept
Sept exprime le temps et les agents permettant de conduire une création à son terme. Sept fois quarante jours est le temps de gestation de la femme. Le temps et les agents (sept) nécessaires à la structuration complète du fœtus sont attribués au sein de la matrice (quatre) maternelle.
À sept, la vie émerge, surgit et se déploie. Sept symbolise l’accomplissement du temps ; un aboutissement marqué par un retrait, un arrêt indispensable, laissant toute la place à Celui qui vient. Il exprime une pause, à l’image de ce bref instant où l’inspiration laisse la place à l’expiration ; ou bien lorsque, sagement, les parents se retirent pour que leur enfant puisse « respirer » sa propre vie avec son propre souffle.
Dieu créa le Ciel et la Terre en six jours, au terme desquels il conçut l’Homme à son image. Il se retira ensuite, laissant l’espace libre pour que la Création advienne et que l’Homme, lors du septième jour, parachève et sanctifie l’œuvre de Dieu en accédant à la ressemblance. Shabbat ! « Le shabbat a (bien) été fait pour l’Homme et non l’Homme pour le Shabbat ! ».
Selon la Tradition chinoise, sept est le nombre de la femme. Mais écoutons l’envoyé céleste Qi Bo nous conter les influences du nombre sept sur la vie de la femme.
Chez la fille à sept ans, l’émanation rénale abonde, la denture change, la chevelure s’allonge.
À deux fois sept ans, la vie sexuelle (Tian Gui) apparaît. Le vaisseau concepteur se perméabilise, le vaisseau Tai Chong s’est pleinement développé, les menstrues amènent régulièrement un état de fécondité.
À trois fois sept ans, l’émanation rénale est « étale » avec le développement des dernières dents.
À quatre fois sept ans, les muscles et les os sont consolidés, la chevelure atteint sa plus grande longueur et le corps sa pleine vigueur.
À cinq fois sept ans, le vaisseau Yang Ming dépérit, le visage commence à se faner et les cheveux à tomber.
À six fois sept ans, les trois vaisseaux Yang dépérissent dans le haut du corps, toute la face se dessèche et les cheveux blanchissent.
À sept fois sept ans, le vaisseau de la conception est flasque, le Tai Chong atrophié, le Tian Gui épuisé, les « voies souterraines » (des règles) coupées et l’infécondité résultent de cet épuisement du corps.
Le nombre trois évoque le Ciel, le quatre suggère la Terre. Le Ciel (trois) féconde la Terre (quatre). Sept (Trois + Quatre) et douze (trois x quatre) sont les nombres de la fécondité. Les 4 saisons, de 3 mois chacune, régulent le mouvement des Souffles du Ciel-Terre et de l’Homme (homme ou femme) tout le long d’une année.
La femme de sept ans
Au cours de cette première période de sept années, le potentiel vital invisible thésaurisé est propulsé dans un élan vertical par le souffle des Reins, dont la vertu et la vigueur viennent s’exprimer au niveau des cheveux et des dents, structures anatomiques liées aux Reins. Les dents de lait tombent pour laisser la place aux dents définitives, et les cheveux s’allongent.
La femme de deux fois sept ans
En cette période d’adolescence, deux courants de Souffles (méridiens) entrent pleinement en action : Ren Mai et Tai Chong (ou Chong Mai). Dans leur union fonctionnelle, ces deux courants offrent à la jeune adolescente la possibilité d’exprimer sa vertu procréatrice dans un élan printanier, laissant déborder en elle les Souffles des Reins. Ce mouvement, présidé par l’intervention du Ciel, succède au mouvement typique de l’hiver de rassemblement des humeurs nécessaires à la fécondité.
Lorsque, par la grâce du Ciel, le moment lui sera offert, les eaux créatrices seront libérées. La surabondance des souffles des Reins gorgés de vitalité va alors s’écouler pour donner la vie, à partir de la sienne, à ce qui deviendra un autre être.
Ren Mai est le courant de souffles qui autorise la vie. L’idéogramme « Ren » évoque la notion de prise en charge. Il décrit un homme portant sur son épaule deux fardeaux équilibrés, à l’image du Ciel créateur portant « la vie en ordre » en son sein.
L’Homme, créé à l’image du Dieu du Ciel, est de ce fait le dépositaire de l’Ordre originel. Il lui est réclamé d’assumer « sa prise en charge » selon cet Ordre, en même temps que de veiller au maintien de l’ordre au sein de la Création. Pour cela, il devra faire de l’écologie et de l’économie.
Pratiquer l’économie, c’est exercer l’art d’administrer. Pratiquer l’écologie, c’est administrer une unité, un monde, une terre, un être. C’est gouverner en évitant gaspillage et déperdition, tout en veillant au respect de la Loi et de la Norme première, afin d’assurer au sein de ces différentes unités terrestres l’ordre, l’harmonie et la paix tels qu’ils sont au Ciel. Ainsi, il pourra être fait sur la Terre comme (il est) au Ciel ! Malheureusement, à force d’usurper le sens de certaines notions et de certains mots, nous avons fini par les laver de leur saveur et de leur sens profond ; et ils n’ont, pour l’Homme d’aujourd’hui, plus aucune substance…
Chez la femme enceinte, Ren Mai évoque « responsabilité et prise en charge » du fœtus. Elle se fait « Terre-mère », offrant au fœtus une Terre matricielle, Terre d’accueil, Terre promise ruisselante des énergies nourricières qui vont lui permettre de croître « vers les quatre orients ». Une croissance qui sera assurée par la mère (Ren Mai) et par le fœtus lui-même, grâce au débordement du vaisseau Chong Mai qui, montant en puissance, pousse la vie en avant.
Inévitablement, trois éléments sont indispensables au consentement et à l’organisation de la vie : le Ciel réglant la fécondité, la Terre fournissant les eaux matricielles, le Vide médian où s’écoulent librement les Souffles purs. Le Vide est ici la femme qui, entre les deux vaisseaux Ren Mai et Chong Mai, engendre et mature une vie puisée de la surabondance de sa vie personnelle.
Nous retrouvons encore les trois éléments au sein de la régularité dans le temps (Ciel), de l’écoulement vers le bas du sang des règles (Terre) chez la femme (Vide médian).
La Terre nous fait connaître l’invisible et les décisions silencieuses du Ciel par la régularité des phénomènes visibles qu’elle manifeste.
La femme de trois fois sept ans
La puissance des souffles des Reins, réclamée par l’exigence de la période précédente, se maintient sans fléchir. Une impression de force sereine se fait sentir. L’élan vital plein de vigueur, amenant avec lui tous les souffles, va permettre de parachever la croissance.
Les dents de sagesse qui s’installent avec force dénotent cette pleine puissance, ainsi qu’un affermissement de l’être dans l’authentique. Avec elles, la femme de trois fois sept ans affirme ses fondements, et témoigne d’une volonté inconsciente de prendre appui sur la pierre d’angle qu’est son Être véritable : Vérité fondamentale assurant force, stabilité, sécurité et sagesse.
La femme de quatre fois sept ans
La poussée des souffles des Reins donne toujours pleine puissance. Les cheveux atteignent leur longueur maximale, et la force interne est exprimée à l’extérieur au niveau de structures telles que les os et les tendons, symboles de solidité.
Vigueur et vitalité étant à leur apogée, la femme est éclatante de santé.
La femme de cinq fois sept ans
La vitalité des souffles des Reins commence à diminuer. C’est le début du déclin.
Le courant Yangming, « le Yang qui brille », riche en sang et en énergie, courant « bruyant » de la montée des souffles Yang qui donne au visage éclat et rayonnement, s’affaiblit. Dans une dialectique de qualité et de quantité, Yangming est fin du yang. Le Yang court vers sa fin. C’est donc lui qui, dans son faiblissement, annonce l’amorçage de l’étiolement.