Accompagner au-delà de l’amour - Martine Plusalainet - E-Book

Accompagner au-delà de l’amour E-Book

Martine Plusalainet

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Beschreibung

"Accompagner au-delà de l’amour" retrace les vingt-cinq dernières années de Martine Plusalainet, consacrées à l’accompagnement quotidien de deux êtres chers : sa mère et son époux. Bien loin d’un roman ou d’une fiction, ce témoignage authentique éclaire le rôle souvent méconnu et sous-estimé des aidants. Écrit avec une profonde sensibilité et un amour sincère, cet ouvrage apporte réconfort et reconnaissance à ceux qui œuvrent dans l’ombre sans rien attendre en retour. Il soulève également la question essentielle des frontières de cet accompagnement et de sa légitimité, invitant ainsi à un débat crucial sur la place des aidants dans notre société.

À PROPOS DE L'AUTRICE

Issue d’une famille d’instituteurs, Martine Plusalainet a toujours été passionnée par le milieu de l’enseignement et a rapidement développé un désir profond d’accompagner les autres. Dotée d’une sensibilité et d’une bienveillance naturelles, elle trouve dans l’écriture un refuge apaisant et une manière d’exprimer ses émotions. Son premier ouvrage, Accompagner au-delà de l’amour, reflète son engagement et sa vocation à soutenir ceux qui l’entourent.

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Seitenzahl: 107

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Martine Plusalainet

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Accompagner au-delà de l’amour

Appel au débat sur le rôle des aidants

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

© Lys Bleu Éditions – Martine Plusalainet

ISBN : 979-10-422-6049-1

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

À toutes celles et tous ceux qui ont œuvré dans l’ombre,

À toutes celles et tous ceux qui ont donné

tout leur amour à leurs proches

pour les accompagner au quotidien

sans rien regretter, avec uniquement le désir

de les aider à avancer sur les sentiers de la douleur,

du découragement, mais aussi de l’espoir.

Qu’ils en soient tous remerciés

 

 

 

Ce livre a été écrit avec beaucoup d’amour vis-à-vis des personnes concernées. Il ne faut y voir aucun propos diffamatoire, le seul but étant d’attirer l’attention sur le rôle des aidants qui n’est pas toujours facile à tenir dans le contexte de la maladie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Accompagner autrui n’est ni un dû, ni même un devoir, mais la preuve d’un profond amour dont il faut savoir maintenir la flamme.

 

 

 

 

 

Note de l’auteure

 

 

 

Ce récit n’est pas une fiction, mais le simple ressenti de mon cœur d’aidant au cours de ces 25 dernières années.

 

Beaucoup de questions sont posées, sans réponses, c’est une volonté de l’auteure.

 

L’objectif premier de cet ouvrage n’est pas d’apporter des réponses qui appartiennent à chacun, mais d’ouvrir un débat à cœur ouvert, de se plonger dans la réflexion et de partager des émotions afin de mieux comprendre et de faire accepter ce rôle d’aidant qui est parfois si difficile à tenir.

 

 

 

 

 

 

Préface

 

 

 

Assister, accompagner, écouter, et soutenir au quotidien pour les courses, les sorties, la toilette, les rendez-vous médicaux… sont autant d’actes et de tâches effectuées par les personnes aidantes.

 

En France, ce sont plus de 9 millions de personnes qui veillent sur une personne malade, handicapée ou dépendante : que ce soit un membre de la famille, un voisin ou une amie… Et ce, peu importe l’âge des personnes concernées. Pourtant 60 % ignorent qu’elles sont aidantes, 90 % ne se considèrent pas comme telles, et la majorité occupe un emploi à côté.

 

Quand je vois ces données, mes pensées vont vers celles et ceux qui se donnent pour l’autre, pour les autres. Aider peut être une source d’épanouissement comme d’épuisement, car l’amour ou l’amitié envers l’autre ne suffit pas toujours à balayer les difficultés et la peine que l’on peut ressentir. Arrive alors le sentiment de culpabilité où l’on exulte ces émotions dans une puissance contrôlée, et pour certaines personnes, le rôle d’aidant et son empathie glisse doucement, mais sûrement vers de la simple sympathie. Puis le quotidien finit par être envahi et calculé. Ce n’est pas un reproche, c’est un ressenti personnel, un constat, une réalité.

 

 

 

 

 

C’est donc à partir de cette réflexion que j’ai accepté d’écrire cette préface à celle que je surnomme Titine ou Mother Tine. Celle qui évoque ici sa mère et mon père. Parfois avec tendresse, parfois avec dureté. Pour autant je ne lui en veux pas. Je la comprends. Je partage ses émotions et je suis certain que d’autres personnes s’y retrouveront. Car à travers son regard, et avec ses doutes, ses craintes, ses regrets, ses questionnements, mais toujours avec résilience et espoir, ce témoignage reflète un parcours où nous pouvons toutes et tous nous identifier aujourd’hui, demain, comme hier.

 

« Accompagner au-delà de l’amour » c’est l’histoire et le parcours, parfois du combattant, d’une vie, de nos vies, d’une famille, d’une épouse, d’une mère et de sa fille, d’une femme et de celles et ceux qu’elle aime. D’une femme courage et aimante qui parfois s’oublie et qui continue d’aider son prochain au-delà de sa vie personnelle puisqu’elle est aussi bénévole active au sein des « Restos du Cœur ».

 

Avec sa vérité, elle ouvre la boîte de Pandore autour du rôle des aidants. Alors même qu’il y a un véritable enjeu de santé mentale, ces personnes sont trop souvent dans l’ombre et dans l’oubli ; que ce soit à un niveau personnel comme professionnel.

 

Aussi à mon tour, au-delà de l’amour, de l’altruisme, et de l’humain, je questionne. Quelles limites ? Comment se protéger ? À qui s’adresser ? Quand arrêter ? Que ce soit un choix ou que cela s’impose à nous, le rôle d’aidant n’est pas qu’un devoir. Ce sont aussi des besoins et des droits.

 

Dans cette violence ordinaire où beaucoup font preuve de patience en serrant les dents, osez parler, osez demander de l’aide, osez dire stop.

 

 

 

 

 

À celle qui livre sa version des faits et que je considère comme une seconde mère, c’est avec amour que je salue sa dévotion et son acharnement.

 

Pour cela, je lui adresse ces mots que j’emprunte au philosophe Lucrèce : « La vie n’est donnée à personne en propriété, elle est donnée en usufruit. » À méditer…

 

Prenez soin de vous, donnez-vous du temps, du répit et de la vie.

 

Joann Plusalainet,

Animateur de prévention en santé à la Maison du département de la promotion de la santé,

Conseil départemental de la Gironde

 

 

 

 

 

Si tu n’sais pas le dire,1

Si tu n’sais pas l’écrire,

Chante-le-moi

Avec le langage des fleurs

Et des yeux en forme de cœur

Chante-le-moi.

 

1. Ce rêve qui t’habite

Chante-le,

Ce monde qui t’irrite,

Chante-le,

Et ce que je ne sais pas,

Chante-le-moi…

 

2. Ce feu sur ton visage

Chante-le,

Ce bleu après l’orage

Chante-le,

Et ce que je ne vois pas,

Chante-le-moi…

 

3. Ce destin qui t’appelle

Chante-le,

Et ce regard rebelle

Chante-le,

Et ce qui est en toi,

Chante-le-moi…

 

4. Et ce désir suprême

Chante-le,

D’exister par toi-même

Chante-le,

Et tout c’que tu voudras,

Chante-le-moi…

 

 

Personnellement, je ne savais pas bien le dire, encore moins le chanter, mais j’ai désiré l’écrire. Quel que soit le mode d’expression que vous choisirez en tant qu’aidant, il sera libératoire et vous aidera à mieux prendre soin de vous pour mieux prendre soin de ceux que vous aimez au quotidien.

 

 

 

 

 

 

Chapitre 1

Une autre vie commence

 

 

 

Janvier 2002 : une autre vie commence. Bruno vient de s’installer à la maison. Ai-je tort ou raison ? Pour l’instant je me laisse guider par mes sentiments, je vais imposer sa présence à ma petite famille. J’ai deux filles. Elles ont à l’époque 5 et 12 ans. Je ne me suis même pas demandé si j’avais le droit de faire ce choix à leur place. Tant pis c’est décidé, je suis amoureuse et j’ai décidé de vivre ma vie quoi qu’il en coûte.

À l’époque j’ai 43 ans, c’est l’âge de la crise de la quarantaine comme certains diront. Moi la crise je ne l’ai pas choisie. Je suis restée mariée pendant près de 20 ans jusqu’en l’an 2000. Tout le monde l’attendait avec impatience cette année. Certains la craignaient, Nostradamus nous avait prévu le pire, d’autres espéraient un monde nouveau porteur d’espoir. Je crois que cette année j’ai vécu à la fois le pire et l’espoir d’une vie meilleure. Après la tempête de décembre 1999 qui n’a pas secoué que les arbres, mais aussi les foyers, mon cher mari a décidé de me quitter. « Cela fait 20 ans que je m’ennuie avec toi, il est temps pour moi de vivre une vie plus palpitante. » Il a deux adorables enfants, mais rien n’y fait, sa décision est prise, il sera plus heureux ailleurs. Comme pour l’ouragan Martin, je n’ai pas été plus douée que les météorologues, je n’ai rien vu arriver ou je n’ai rien voulu voir. Au bout de 20 ans, on pense que les choses sont acquises, que rien ne bougera même si de temps en temps il y a quelques alertes, mais le vent se calme et tout repart tranquillement. Trop tranquillement sans doute et dans ma naïveté je n’ai pas vu la situation se dégrader à ce point. C’est une première leçon que je retiendrai pour l’avenir, ne jamais laisser la routine s’installer. Facile à dire, car on retombe vite dans son penchant naturel, mais je me promets de faire attention. Ce départ a été dans les quelques mois qui ont suivi, le pire pour moi. Il a fallu réapprendre à vivre seule, tout assumer seule, pleurer au pied du mur lorsque j’étais incapable de faire les choses, me révolter contre celui qui selon moi m’avait lâchement abandonnée, mais aussi espérer que cela ne durerait pas. Et effectivement, comme dans les contes de fées, le prince charmant est arrivé. Il s’appelle Bruno, il est pompier et ce matin de novembre 2000 son supérieur l’a envoyé à la maison. Cela fait plusieurs fois que j’appelle la caserne. Il pleut beaucoup cet automne-là et comme la maison a été inondée lors de la tempête de 99 j’ai la hantise de l’eau que je vois monter, impuissante, dans mon vide sanitaire. J’ai entendu dire que les pompiers peuvent évacuer l’eau, alors ne sachant plus que faire je les ai contactés. Le hasard a voulu que celui qui était de fonction ce jour-là devienne quelques années plus tard mon mari. Le destin est une machine infernale que l’on ne contrôle pas. Que serait-il arrivé si ce n’avait pas été lui de garde ? Toujours est-il que le prince charmant arrive pour étudier la situation. Il n’est pas vraiment gracieux, on verra plus tard que ce n’est pas sa qualité première. Il me demande même pourquoi j’ai attendu aussi longtemps pour appeler. Et là je ne peux m’empêcher de fondre en larmes et de lui refaire l’historique des quelques mois en arrière. Encore un acte de faiblesse de ma part, mais encore une fois que serait-il arrivé si… (je n’avais pas pleuré). Finalement il repart en me disant qu’il va essayer de voir ce qu’il peut faire. L’après-midi, il reviendra avec une équipe pomper l’eau et je pourrai retrouver un semblant de sérénité et me sentir à nouveau en sécurité. Comme je suis à peu près bien élevée et que je respecte encore quelques convenances, je décide de le remercier. C’est bientôt la période de Noël, je trouve facilement quelques boîtes de chocolat que je vais pouvoir lui faire passer par une de mes collègues dont le mari est également pompier dans la même caserne. Encore et toujours, que serait-il arrivé si je n’avais pas envoyé de chocolats ? Déjà en 2000, tous les codes sociaux ont disparu, il n’est plus besoin de remercier, et quand par malheur vous le faites, cela semble louche. Alors les chocolats interpellent, dérangent, jamais il ne pensera qu’il n’y avait aucune arrière-pensée dans cet envoi, simplement une marque de politesse, mais plutôt un appel du pied. Aujourd’hui encore je dois me battre pour faire admettre cette idée à mon entourage. Mais après tout tant mieux, car quelque temps après je reçois un coup de fil du prince charmant pour me demander si tous mes problèmes d’eau sont résolus. Et puis cela se reproduit une fois par mois environ, sans insistance, je dirais plutôt avec bienveillance, ou avec ce qui me semble de la bienveillance. C’est tellement discret et délicat que mon âme naïve pense que les pompiers sont des gens très sérieux et qu’ils assurent en quelque sorte un genre de « service après-vente ». Je découvrirai au bout de dix mois qu’il n’en est rien et qu’en fait c’est le début d’une belle histoire d’amour. La tempête n’a pas généré que des catastrophes. Les arbres déracinés ont été replantés. Je commence à reprendre goût à la vie et à me dire que finalement ce divorce était peut-être la meilleure chose qui devait m’arriver. Je me ressens en sécurité, on verra régulièrement que j’ai besoin de satisfaire ce besoin pour me sentir bien dans ma vie. Encore une fois faiblesse de ma part.

Je n’avais pas prévu que les choses ne seraient pas aussi simples…