Akoni - Gabriel Souleyka - E-Book

Akoni E-Book

Gabriel Souleyka

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Beschreibung

En 1771, Akoni vient d'avoir 12 ans, il va devoir passer un rite de passage pour devenir un homme parmi le peuple Yoruba. Son père, le Roi Djibali du village de Dabeya organise la cérémonie. Mais une ombre plane, des esclavagistes approchent, ils viennent pour chasser le peuple paisible du Bénin. Akoni va devoir affronter ses peurs, faire face à ce danger, il va vivre des aventures impossible pour préserver les siens. Découvrez la richesse de la culture africaine du 18ème siècle, à travers le récit de la vie d'Akoni.

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Seitenzahl: 124

Veröffentlichungsjahr: 2023

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Du même auteur :

• Le Cri de l’innocence

• Solitude, l’enfance (volume 1)

• Solitude, révolte (volume 2) (2024)

• Voleurs d’âmes (février 2024)

• Akoni Yoruba

• Marie Haïti (avril 2024)

Retrouvez Gabriel sur l’ensemble de ses réseaux :

@Gabriel Souleyka

www.gabrielsouleya.com / www.tiolejafilms.com

Sommaire

AVANT PROPOS

1.

LES RACINES

2.

UN HOMME

3.

RESISTER

4.

SACRIFICE

5.

COMBATTRE

6.

FRATERNITE

AVANT PROPOS

Je souhaitais développer une série jeunesse au profit des enfants de tous horizons, afin d’apporter une contribution à l’éducation des plus jeunes au travers d’histoires authentiques. Dans la continuité du travail que nous avons commencé avec Tioleja Films, il était légitime de l’entreprendre à travers Tioleja Editions. Yasmina.F.Edwards, avec qui j’ai fondé TF, m’a largement soutenue dans cet effort et cela nous permet donc de proposer des contenus originaux.

Akoni est le premier d’une série de 12 qui sortiront au fil des mois, j’explore ainsi des pans de l’histoire de l’Afrique, des Antilles, des pays ayant déporté des noirs durant les traites. Racontant cela à travers les yeux d’enfants de plusieurs pays. Me permettant ainsi de mettre en avant les différentes cultures de plusieurs époques.

Ces livres s’adressent aux plus jeunes comme aux plus grands, ils peuvent être racontés, lu, relu, car j’ai choisi l’héroïsme plutôt que la victimisation. Bonne lecture.

Gabriel Souleyka

1. LES RACINES

Dans le village animé de Dabeya, au cœur du Bénin, en Afrique de l’Ouest, habite un jeune garçon nommé Akoni. À l'âge de presque douze ans, c’est un enfant épanoui. En tant que membre fier et intrépide du peuple Yoruba, Akoni est intimement lié aux traditions anciennes qui rythme sa vie quotidienne. Son père Djibali est le Roi de la région. Les premières lueurs du soleil caressent les collines verdoyantes ; lorsque les rires joyeux des enfants résonnent dans tout le village endormi. C'est là que commence chaque journée pour Akoni et ses amis. Leur innocence pure illumine leurs visages tandis qu'ils se lancent dans des combats effrénés imitant les plus grands, cela reste des jeux d’enfants, sous le regard bienveillant des anciens.

Akoni est doté d'un esprit curieux et avide d'aventures. Son imagination débordante lui permet souvent d'échapper aux limites physiques imposées par son environnement modeste. Il peut se transporter vers des contrées lointaines rien qu'en fermant les yeux ; explorer des jungles impénétrables ou nager avec grâce dans l’immense océan. Mais malgré ces escapades imaginaires fascinantes, Akoni reste profondément attaché à sa terre natale et à ses racines. Il se sent connecté à chaque brin d'herbe, les arbres majestueux qui peuplent les environs de Dabeya. Son cœur bat au rythme des tambours ancestraux et ses pieds s'animent instinctivement dès que les mélodies envoûtantes résonnent dans l'air chaud. La vie est simple pour Akoni et sa communauté bien-aimée.

Ils vivent en parfaite harmonie avec la nature généreuse qui les entoure, tirent leur subsistance des terres fertiles et des eaux abondantes du fleuve voisin. Les journées sont remplies de travail acharné mais aussi de moments précieux partagés entre amis et familles. L'aube se lève doucement sur le village, révélant une palette de couleurs étincelantes qui dansent à travers les feuilles des arbres. Akoni se réveille avec l'excitation habituelle d'une nouvelle journée qui se dévoile dans les ruelles familiales de Dabeya. La hutte en argile, qu'il appelle maison, est animée des murmures de sa mère Adunola, elle prépare le repas matinal. Dans la cuisine, les arômes envoûtants des herbes et des épices enrobent tout, Adunola confectionne les mets traditionnels qui font la renommée du village.

Les odeurs de piments, de feuilles de basilic et de poisson grillé s'entremêlent, créant une symphonie gastronomique qui chatouille déjà les narines d'Akoni. Adunola ajoute,

— Mon fils, je pense que tu as faim, pour ne pas me changer !

— J’ai toujours faim mama, il faut de la force pour réussir les rites de passages !

— Tu restes mon petit garçon, car après toutes ces épreuves, ta barbe va pousser et tu vas m’abandonner !

— Jamais mama, puis je ne veux pas de barbe de toute façon !

Akoni sourit, se dirige vers la cuisine où la magie culinaire de sa mère est en train de se déployer. La table est déjà dressée avec des nattes colorées, prête à accueillir les festivités du petit déjeuner. Akoni s'assoit, impatient de découvrir les délices qui l'attendent. Le petit déjeuner est une célébration des saveurs locales. Des beignets de haricots frits, côtoient des tranches juteuses de mangue et des boules de millet fermenté. Adunola sert également une soupe de feuilles d'amarante, agrémentée de morceaux de bœuf, une spécialité que personne ne pourrait refuser. Adunola murmure,

— Que la nourriture soit aussi abondante que la bonté de nos ancêtres !

— Je les remercie de nous donner tout ça alors !

— Il faut toujours le faire car grâce à eux, nous ne manquons de rien, ils ont transmis de génération l’art de cultiver la terre !

Cette prière silencieuse flotte dans l'air comme une bénédiction. La famille s'installe pour déguster le repas ensemble. Chaque bouchée est une célébration de l'abondance de la terre et du lien sacré entre la communauté et la nature qui les entoure. Les éclats de rires et les échanges familiaux accompagnent ce moment, créant une harmonie douce qui résonne dans le cœur d'Akoni. Après le repas, Adunola, avec une douceur empreinte de dévotion, propose à Akoni de l'accompagner dans un rituel quotidien qui tisse les fils de la spiritualité et de la vie quotidienne. Ils se dirigent vers un coin tranquille du village où un autel, orné de couleurs vives et de symboles sacrés, attend.

— La prière est ce lien secret qui unit nos âmes à celles des ancêtres et du divin Olorun ! Tu dois toujours avoir cela en mémoire ! Surtout quand tu vas passer les rites !

— Papa a dit que j’allais les réussir en riant !

— N’en soit pas aussi sur mon petit, j’en ai vu bien peu réussir sans se briser les dents et les bras !

— Je suis prêt, le meilleur nageur du village, et je grimpe aux arbres plus vite que Zuri !

— C’est une petite fille, je vais te confier un secret, j’ai entendu qu’il n’y aura pas de courses à l’arbre pour vous cette année !

— Vraiment ? Tu es sûre mama ? Parce que j’ai toujours vu les plus grands le faire !

— Ton père voulait innover, ajouter quelques épreuves qui vont vous permettre de mieux affronter l’âge adulte ! Assez bavardé, j’en ai trop dit, prions !

Ils s'agenouillent devant l'autel. Elle allume une bougie, symbolisant la lumière qui guide leur chemin, récite des chants en l'honneur des ancêtres. Akoni ferme les yeux, se laisse envelopper par la douce mélodie des prières qui s'élève dans l'air. C'est un moment d'intimité, une connexion entre le tangible et le spirituel qui ancre le garçon dans les traditions de son peuple. Pendant ce temps, Zuri, l'amie fidèle d'Akoni, âgée de dix ans, se prépare pour la journée. Elle vit à quelques pas de la hutte, ils partagent une amitié née des rires partagés et des aventures espiègles.

— Alors petit, tu vas devenir un homme bientôt ?

— Je suis plus grand que toi je te rappel, quand je vais passer les rites, les terminer, tu devras m’appeler majesté !

— Tu peux toujours rêver !

— Mama a préparé des bons plats, tu en veux ?

— Change de sujet, tu as raison, mais j’ai faim !

Zuri rejoint la famille d'Akoni pour le repas du matin, ajoutant sa joie contagieuse à l'atmosphère chaleureuse. Après le petit déjeuner, les deux amis décident de se rendre à la rivière avec d’autres enfants. C'est un lieu empreint de mystère et de tranquillité, où les eaux limpides murmurent des récits oubliés. Ensemble, ils traversent les sentiers familiers, Zuri sautille avec l'insouciance de l'enfance, Akoni marche avec la confiance du futur Roi. Les voici sur les rives sacrées, la chaleur aidant, ils vont pouvoir se rafraîchir. À la rivière, ils s'immergent dans l'eau froide, se laissent bercer par le doux murmure de la nature qui les entoure. Les rires des enfants résonnent comme des échos dans les cieux, une offrande de joie à la rivière qui a vu grandir tant de générations. La journée s'écoule entre jeux, rires et découvertes. Akoni, Zuri et d'autres enfants explorent les rives, découvrant des trésors cachés par la nature généreuse.

L'après-midi s'étire, le soleil commence sa descente vers l'horizon. Le retour au village se fait sous une toile de couleurs chaudes qui illumine le ciel. La journée se conclut comme elle a commencé, avec un repas partagé entre amis et une gratitude profonde pour les liens qui les unissent. La nuit couvre Dabeya de son manteau étoilé, témoignant des rituels de la journée et des rires qui ont résonné dans les ruelles. Akoni, allongé sous le ciel nocturne avec Zuri à ses côtés, sent la présence apaisante de ses ancêtres veillant sur le village. Les soirées festives sont le point culminant de la journée pour Akoni. Lorsque le soleil disparait derrière l'horizon doré, il se joint aux autres enfants du village pour invoquer les ancêtres, par des chants mélancoliques. A la nuit tombée, les étoiles témoignent de cette foi antique, l’Afrique est terre de spiritualité.

Tous vont s’endormir, des rêves plein la tête. Au matin, les rayons du soleil dansent sur les eaux calmes de la rivière sacrée de Dabeya, tandis qu'Akoni et ses amis se prélassent déjà sur les rives du fleuve. La clarté dorée révèle les secrets mystiques de l'eau, réveille une énergie ancienne qui imprègne le vent. Zuri, aux tresses colorées, examine attentivement les reflets dansants à la surface de l'eau. Elle s’exclame,

— Il paraît qu’on peut voir des messages des ancêtres dans ces vagues lumineuses !

Akoni est intrigué par l’affirmation,

— Qui t’as dit cela ? Le vieux Olumide ?

— J’ai pas besoin de lui pour connaître toutes nos histoires !

— J’ai eu peur, une fois il m’a dit que j’allais traverser la grande mer !

— N’importe quoi, allez, concentre-toi, regarde et tu vas voir !

Akoni focalise son attention, captivé par la magie de l'instant. Il écoute avec attention, ses yeux curieux scrutent la rivière. Les traditions Yorubas sont tissées dans la toile de chaque journée à Dabeya, et la rivière, en tant que lien sacré entre le monde des vivants et des ancêtres, détient des réponses mystérieuses. Soudain, un frémissement agite la surface de l'eau, créant des ondulations qui semblent former des symboles éphémères. Les enfants observent avec fascination, captivés par la danse fluide des reflets. Une voix douce se fait entendre dans la brise, porte un chant ancien que seuls les cœurs attentifs peuvent entendre. Akoni se sent enveloppé par cette mélodie venue d'une époque lointaine, une mélodie qui évoque les racines profondes de son peuple. Intrigués, les enfants suivent le cours de la rivière, guidés par la symphonie de l'eau.

Ils pénètrent plus profondément dans la forêt, où les arbres semblent aussi murmurer des récits oubliés. Le chemin les conduit à une clairière, où se dresse un ancien autel de prière qui semble abandonné. Des inscriptions Yorubas ornent les pierres, révélant des sagesses gravées dans le temps. Akoni ressent une connexion profonde avec cet endroit, comme si les ancêtres eux-mêmes le guidaient. Au centre de l'autel, une pierre gravée d'un symbole mystique attire l'attention d'Akoni. Il reconnait l'emblème de la famille royale, une affirmation silencieuse de son destin en tant que fils du Roi. Zuri, interprète les signes avec sagesse,

— Les racines de notre peuple plongent dans la terre, tout comme les branches s’élèvent vers le ciel ! Nous sommes le lien entre le passé et l’avenir, chaque génération ajoute une nouvelle branche à l’histoire !

Les mots de Zuri résonnent dans le cœur d'Akoni, révélant une vérité qui transcende le temps. Les enfants se recueillent devant l'autel, honorant la richesse de leur héritage. Cependant, leur aventure ne fait que commencer. Un murmure dans le vent annonce une épreuve à venir. Des ombres s'étirent sur le sentier, portant avec elles des échos lointains de changement. Le village est en effervescence à leur retour. Car ce jour est spécial pour le petit, on prépare les célébrations pour l'anniversaire d'Akoni, elles prennent une ampleur particulière. Les habitants, vêtus de parures traditionnelles, se rassemblent sur la place centrale. Le Roi, père d'Akoni, prononce des paroles de bénédiction, soulignant l'importance de préserver les racines de la culture yoruba.

Pendant la cérémonie, un messager arrive, porteur d'une nouvelle inattendue. Des étrangers, des marchands portugais en quête d'esclaves, approchent du village. L'ombre des ennuis s'abat sur la fête et une tension palpable enveloppe Dabeya. Djibali est un homme respecté et sage, dont la figure imposante et les yeux profonds révèlent une connaissance profonde des mystères de la vie. Il a décidé que le moment est venu d'initier son fils à l'art de la guerre, une tradition ancienne dans la lignée royale Yoruba,

— Viens avec moi Akoni !

Appela le roi, sa voix puissante est empreinte d'une autorité bienveillante.

— Aujourd’hui, tu vas commencer à apprendre les bases de nos arts militaires ! Ils sont le fruit de longues traditions qui ont fait la force des Yorubas !

Akoni suit son père à travers le village, les regards des villageois témoignent du respect qu'ils éprouvent pour leur roi et de la curiosité envers le jeune prince. Ils atteignent la place centrale où se dresse une arène de combat en terre battue, lieu où de nombreuses générations ont appris l’art du combat. Le soleil est à son zénith lorsque Djibali, vêtu d'une tenue traditionnelle de guerre, fait face à son fils,

— Tu as 12 ans mon fils, le rite est proche, par ces entrainements, tu vas devenir le gardien du peuple ! La force des Yorubas réside dans notre capacité à nous défendre et à préserver nos traditions ! Je te présente Ade ! On l’appelle aussi la couronne, je la tiens de mon père et du sien avant lui !

Djibali dévoile alors une épée aux ornements délicats, par ce biais, il transmet à Akoni bien plus que du métal forgé. C'est une relique familière, elle a été portée par des générations de rois avant lui.

— Une arme est autant une extension du cœur que du bras. Apprends à connaître cette épée comme tu apprends à connaître ton propre souffle

Akoni prend l'épée avec une détermination naissante. Son père lui enseigne les positions de base, les mouvements gracieux transmis de père en fils pendant des siècles. Chaque geste est empreint de signification, une danse martiale qui honore à la fois la force et la responsabilité. Les heures s'écoulent alors qu'Akoni absorbe les leçons de son père. Djibali partage non seulement des techniques de combat, mais aussi des récits d'anciens rois et des enseignements sur la sagesse nécessaire pour guider un peuple. Le soleil amorce sa descente lorsque le roi décide qu'il est temps de mettre la théorie en pratique,

— La véritable force est dans la maîtrise de l’émotion qui te prend quand tu vois ton ennemi !