Amour Tempête - Catherine Gayle - E-Book

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Catherine Gayle

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Beschreibung

Amour Tempête

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Amour Tempête

Catherine Gayle

Table des Matières

Page de Titre

Dédicace

Chapitre 1 — Dana

Chapitre 1 — Éric

Chapitre 2 — Dana

Chapitre 2 — Éric

Chapitre 3 — Dana

Chapitre 3 — Éric

Chapitre 4 — Éric

Chapitre 4 — Dana

Chapitre 5 — Dana

Chapitre 5 — Éric

Chapitre 6 — Dana

Chapitre 6 — Éric

Chapitre 6 — Dana

Chapitre 7 — Éric

Chapitre 7 — Dana

Chapitre 7 — Éric

Chapitre 8 — Dana

Chapitre 8 — Éric

Chapitre 9 — Dana

Chapitre 9 — Éric

Chapitre 10 — Dana

Chapitre 10 — Éric

Chapitre 11 — Dana

Chapitre 11 — Éric

Chapitre 11 — Dana

Chapitre 12 — Éric

Chapitre 12 — Dana

Chapitre 12 — Éric

Chapitre 13 — Dana

Chapitre 13 — Éric

Chapitre 13 — Dana

Chapitre 14 — Éric

Chapitre 14 — Dana

Chapitre 15 — Éric

Chapitre 15 — Dana

Chapitre 15 — Éric

Chapitre 16 — Éric

Chapitre 16 — Dana

Chapitre 17 — Éric

Chapitre 17 — Dana

Chapitre 17 — Éric

Chapitre 17 — Dana

Chapitre 18 — Dana

Chapitre 18 — Éric

Chapitre 18 — Dana

Chapitre 19 — Éric

Chapitre 19 — Dana

Chapitre 20 — Dana

Chapitre 20 — Éric

Chapitre 20 — Dana

Chapitre 20 — Éric

Chapitre 21 — Dana

Chapitre 21 — Éric

Chapitre 21 — Dana

Épilogue — Éric

Remerciements

Dédicace

Pour toutes les Dana Campbell de ce monde.

Dans l’espoir que nous arrivions toutes à combattre nos démons afin de connaître l’amour sincère dont nous rêvons, que nous voulons, que nous espérons et que nous méritons. Les choses que nous avons subies ne nous définissent pas ; c’est ce qu’on choisit d’en faire qui le fait.

Vivez, riez, aimez, et choisissez de vivre sans peur.

Chapitre 1 — Dana

Nous étions chez Amani et le petit restaurant italien était presque vide. Pas étonnant, un jeudi après-midi à 15 h, en plein mois de février. Ce n’était pas le genre d’endroit que l’on fréquente pour une soirée de Saint-Valentin, mais plutôt pour une grande réunion familiale. Mais ce n’était pas la Saint-Valentin aujourd’hui, c’était demain. Et nous n’étions pas ici pour un rendez-vous galant. Loin de là.

Nous étions seuls avec le personnel dans le restaurant et un couple de retraités assis près de la fenêtre. Monsieur avait son nez fourré dans le journal, madame tricotait une très grande et très laide écharpe orange. Aucun des deux ne prêtait attention ni au bol de spaghettis à la sauce tomate à moitié plein sur la table ni à la personne assise de l’autre côté de la table.

Je regardai la porte et comptai les tables et chaises qui me séparaient de la porte, planifiant le chemin de sortie dans ma tête.

Dès que la serveuse eut déposé nos boissons, elle repartit. Éric, assis face à moi, me regardait. Il haussa légèrement un sourcil et me fit son demi-sourire, celui que je connaissais si bien, comme pour me dire qu’il était prêt à m’écouter.

— Alors, ma puce, de quoi voulais-tu me parler ? Je ne pensais pas te voir aussi tôt. Pas avant l’été, en tout cas.

Il n’avait pas besoin de dire ce qu’on pensait tous les deux : pas ici à Portland, au lieu de Providence.

Il prit une longue gorgée de son verre d’eau et j’essayai de me concentrer sur les choses qui m’étaient familières : son t-shirt bleu marin à manches longues, pas du tout moulant, mais qui ne cachait pas tout à fait tous les muscles saillants en dessous ; sa mâchoire rugueuse avec un début de barbe qui démontrait qu’il ne s’était pas rasé depuis quelques jours ; ses cheveux, presque noirs, qui auraient dû être coupés il y a plus d’un mois ; la cicatrice récente et le bleu correspondant juste sous son œil gauche, souvenir de sa partie face à Chicago la semaine dernière ; sa main gauche, qui semblait toujours prête à lancer un uppercut à un de ses adversaires.

Le fait de m’absorber dans ces petits détails me permettait de me calmer, de régulariser mon pouls et de me rappeler qu’il s’agissait d’Éric Zellinger, le meilleur ami de mon frère depuis qu’ils ont joué dans l’équipe peewee ensemble, dans le Rhode Island.

Il faisait partie de ma vie depuis toujours.

Éric était un homme sûr. Je pouvais lui faire confiance. Il était le seul homme dans ma vie à qui je faisais confiance aveuglément, du moins le seul qui ne m’était pas lié par le sang. C’est pour cela que je l’avais choisi.

— Soupy sait que tu es là ?

Il posa son verre et déroula la serviette, plaçant les couverts bien comme il faut. Une autre chose qui était familière : Soupy. C’est comme ça qu’il appelle mon frère, Brendan, depuis toujours, ou du moins, c’est l’impression que l’on avait. On dirait que c’est écrit quelque part dans le monde du hockey sur glace : si ton nom de famille est Campbell, c’est inévitable, tes coéquipiers vont t’appeler Soupy. Et ce n’était pas que chez les garçons, ces règles de surnoms débiles. On m’avait aussi appelée ainsi quand je jouais dans les équipes féminines, avant que tout cela ne m’arrive.

J’essayais de me concentrer sur ce qui était familier, confortable et sans danger, mais c’était difficile, voire impossible. J’avais l’impression que ma langue avait trois fois sa taille habituelle, et peu importe le nombre de fois que j’avalais, je ne pouvais pas empêcher la salive de noyer ma bouche. Pour gagner encore quelques secondes et trouver mon courage, je tendis à nouveau mon bras vers mon verre d’eau, mais ma main tremblait autant qu’un tremblement de terre de niveau six et je renversai le verre.

Éric était debout avant que je ne puisse réagir. Il le redressa et utilisa sa serviette pour nettoyer les dégâts.

— Merde. Désolée.

Ce furent les seuls mots que je pus prononcer. Je pouvais sentir la chaleur — bien trop familière — qui gagnait du terrain sur mon visage. Pas un rougissement d’embarras, non, rien d’aussi simple ou compréhensible que ça — non, il s’agissait du début d’une crise de panique. Ma respiration s’accélérait, je ne pouvais pas faire entrer suffisamment d’oxygène dans mes poumons. Il fallait que je sorte de là. Il fallait que je parte. Mais je ne pouvais pas.

— Dana ?

La main d’Éric se posa sur la mienne. Non pas avec force, mais avec certitude. La sécurité.

La sécurité.

J’essayais de me concentrer sur lui, mais ma vision était troublée. Je ne pouvais pas voir suffisamment pour être sûre que c’était lui. Mais c’était lui. Je le savais.

— Continue de parler.

Je ne sais pas comment j’ai réussi à sortir ce mot, mais il accepta.

— Ok, ça je peux le faire.

Il ne relâcha pas ma main lorsqu’il reprit sa place en face de moi.

— T’aurais dû voir Burnzie ce matin, à l’entraînement. Il s’est retrouvé seul contre Ericsson sur une échappée, il a feinté deux fois, et a terminé avec une espèce de toupie bizarre juste devant la zone. Il a essayé de tirer entre ses jambes et de faire passer la rondelle entre les jambières du gardien. Ça aurait été trop fort s’il avait réussi, sauf que la rondelle a rebondi sur son patin et il est tombé en pleine face dans le plexiglas. Il s’est cassé le nez à deux endroits, et il devra porter un casque de protection complet pendant quelques semaines. Quelqu’un aurait dû lui rappeler qu’il est défenseur, pas ailier !

Ma respiration revenait à la normale, mais j’avais toujours terriblement chaud, tellement chaud que je transpirais. Mais au moins, la crise tirait semblait tirer à sa fin.

— Ce n’est pas ton boulot ça, en tant que capitaine ?

— Non... je laisse l’entraîneur s’en occuper. Scotty essaie toujours de s’imposer, et comme il y en a quelques-uns qui n’ont toujours pas adhéré à son système... La moitié de la saison est déjà passée de toute façon.

Éric ne voulait jamais faire paraître ses frustrations, mais moi, je pouvais toujours les deviner. Quand les choses n’allaient pas, une petite ligne de froncement apparaissait entre ses sourcils, toute petite mais suffisamment évidente pour signaler une tension bien cachée. Et je la voyais maintenant.

La serveuse revint avec un panier de pain. Elle le posa au centre de la table entre nous et fit claquer sa gomme à mâcher bruyamment.

— Pourrions-nous avoir quelques serviettes de rechange et un nouveau verre d’eau ? On a eu un petit accident.

Éric ne la regardait même pas quand il lui parlait. Ses yeux, tout comme sa main, ne me lâchaient pas.

Mais je n’avais pas envie de retirer ma main, et c’était étonnant en soi. Ceci confirma ma décision : j’avais pris la bonne, je devais suivre mon instinct.

— Ça va mieux ? demanda-t-il lorsque la serveuse fut partie.

Je hochai la tête

— Ça vient.

— Suffisamment bien pour me raconter pourquoi tu as traversé le pays sans me prévenir ? De Providence à Portland, ce n’est pas exactement une escapade imprévue et les billets de dernière minute ont dû te coûter un bras.

— Je....

J’ôtai ma main et ne pus m’empêcher de tripoter mes ongles. Il fallait que je fasse quelque chose pendant que j’essayais de lui raconter. De lui expliquer. J’étais incapable de tenir en place.

— Il faut que je te demande quelque chose, mais tu dois me laisser terminer sans m’interrompre, sinon je n’y arriverai pas.

Se raclant la gorge à nos côtés, la serveuse remplit de nouveau mon verre et donna une pile de serviettes en papier à Éric.

— Vous êtes prêts à commander ? demanda-t-elle en fixant des yeux les deux menus sur la table que nous n’avions pas encore touchés.

Elle n’était pas partie tellement longtemps, mais elle n’avait pas grand-chose d’autre à faire que de s’occuper de nous.

— Revenez dans un quart d’heure.

Il n’était pas étonnant que l’équipe des Storms de Portland l’ait élu capitaine dès sa deuxième saison dans la LNH. Rien que le ton de sa voix suffisait à inspirer le respect et la confiance. Incroyablement, et je ne sais pas comment il s’y prenait, durant les cinq ans de sa nomination, sa capacité à se faire entendre et respecter quand il parlait était devenu de plus en plus notable. Quand il ouvrait la bouche, les gens se redressaient et ils l’écoutaient. La serveuse roula ses yeux et grimaça, mais elle s’éloigna.

— Ça a l’air sérieux, me dit Éric. Vas-y.

Cette fois-ci, lorsque je tendis mon bras pour prendre mon verre, je réussis à le prendre et à boire sans répandre l’eau sur la table, même si mes mains tremblaient. Je reposai le verre sur la table et pris trois grandes respirations apaisantes.

— Je veux que tu me dises ce qui te dérange, pas que tu répètes ton aventure avec la serveuse !

Je ne pus retenir un éclat de rire : Éric a toujours su me dérider.

— Ok.

J’avais répété ce que j’allais dire mot pour mot pendant chaque étape de mon voyage pour arriver ici. Je savais exactement ce que je voulais lui dire. J’avais tout étalé, dans un ordre logique et raisonnable — il suffisait de le faire sortir comme je le voulais. Ça devrait être une promenade de santé, non ? Mais je n’arrivais pas à le regarder. Pas pour ceci. Je gardais les yeux rivés sur mes mains, peut-être sans même en avoir conscience pendant que j’arrachais des morceaux d’ongle de l’index de ma main droite, jusqu’à ce qu’il ne me reste que des cuticules, sans même me rendre compte du mal que je m’infligeais.

Mais je n’avais pas le choix. Il fallait que je le fasse. Bien sûr, dès que j’ouvris ma bouche, ce fut un déluge d’inepties qui sortit.

— Ma thérapeute m’a annoncé qu’elle ne pouvait plus vraiment m’aider, car même après toutes ces années, je n’arrive toujours pas à supporter quand on me regarde d’une certaine manière, je suis incapable de ne pas avoir une crise de panique à chaque fois que quelqu’un me parle ou me drague, et tu sais que mes médicaments anti-anxiété ne fonctionnent que jusqu’à un certain point... Elle m’a donc envoyée voir une sexologue. Ce qui est parfait, sauf qu’elle m’a dit que je devais vraiment laisser les garçons me draguer, me tenir la main et... et plus... Donc, elle veut que j’aie un assistant sexuel. Et je ne sais pas si tu sais ce que c’est, mais j’ai fait des recherches, et en gros c’est un croisement entre un thérapeute et un prostitué, et ça coûte une fortune ! Je ne sais pas si je pourrai le payer, même si mes assurances couvraient ses honoraires — ce qui n’est pas le cas —, et puis merde ! D’une, c’est dégoûtant, et de deux, je ne connaîtrais cet « assistant » ni d’Adam ni d’Ève, alors comment pourrais-je lui faire suffisamment confiance pour pouvoir le laisser me toucher ? C’est hors de question. Alors, la sexologue a dit que je devais trouver un homme en qui j’ai confiance, si je veux réussir à surmonter tout ça, quelqu’un qui pourrait m’aider à le faire et lui demander de l’aide. Donc, c’est ce que je fais. Je demande. À toi.

Le silence d’Éric ne fut qu’amplifié par le silence qui régnait dans le restaurant vide. Je voulais partir. Je voulais me lever, sortir d’ici, prendre un taxi et filer directement à l’aéroport. Faire semblant que je n’avais pas fait ce que je venais de faire. Je n’aurais jamais dû venir. J’aurais dû rester à la maison, seule, et continuer de vivre ma vie comme je l’avais fait depuis sept ans. Oui, j’ai vingt-six ans, je suis pathétique et seule, mais au moins, je suis en sécurité.

Les larmes me piquaient les yeux quand je trouvai enfin le courage de le regarder. J’avais vu ce regard des dizaines de fois à la télé, habituellement juste avant qu’il ne tabasse un mec qui avait frappé un de ses coéquipiers d’une manière déloyale. Ce n’était que la colère, un feu vert, une intensité ciblée. Mais jamais ne m’avait-il regardée, moi, comme ça, auparavant.

J’avais envie de vomir.

— Tu crois...

Ses paroles étaient si douces que je peinais à l’entendre. Il continua, d’une voix sèche et glaciale.

— Que je vais payer pour un pseudo-thérapeute pour te baiser ? Merde, Dana, t’es comme une petite sœur pour moi...

— Non ! Je...

J’avais merdé, comme d’habitude. Je regardai de nouveau mes mains et me rendis compte que mon doigt saignait là où j’avais arraché trop d’ongle. Méthodiquement, je déroulai ma serviette, plongeai le coin dans mon verre d’eau avant de ceindre mon doigt, prenant mon temps afin d’essayer de mettre de l’ordre dans mes pensées.

— Je ne veux pas que tu paies pour quoi que ce soit, et je ne veux surtout pas aller voir un assistant sexuel et laisser un homme que je ne connais pas me toucher et.... faire des choses... mais, je veux pouvoir avoir une relation normale un jour, être capable de laisser un homme me toucher sans être submergée par une énième crise d’angoisse, donc je...

Il fallait toutes mes forces pour ne pas fuir, à l’instant même, sans jamais me retourner. Et la seule raison pour laquelle je ne le fis pas était qu’il est plus rapide que moi et qu’il m’aurait rattrapée — il était plus grand, plus rapide, plus fort et l’avait toujours été — et il m’aurait persuadée de tout raconter de toute façon.

— Je veux que tu sois mon assistant sexuel.

Chapitre 1 — Éric

Dana m’avait cloué le bec. Je n’arrivais pas à trouver une autre fois en vingt-neuf ans où cela m’était arrivé.

D’habitude, je ne suis pas un type très loquace. J’ai tendance à mener par l’exemple, en faisant les choses comme elles doivent être faites, en espérant que les joueurs plus jeunes m’observeront et suivront mon exemple, mais je n’ai jamais eu du mal non plus à dire ce que je pensais, au besoin.

Et là, c’était plus que nécessaire, mais aucun mot ne me vint. Rien. Je secouai la tête, incrédule, puis je pris mon portefeuille dans ma poche arrière et sortis un billet de cinquante — je n’avais pas d’autres coupures — et le plaquai sur la table.

À ce bruit, Dana releva brusquement la tête. Ses yeux étaient énormes — grands et bruns, et si vulnérables. Je détestais la voir ainsi et j’avais vu ce regard bien trop souvent, et pendant bien trop longtemps. Il n’y avait pas le moindre doute dans mon esprit, elle avait besoin d’aide, mais je savais que je n’étais pas la personne dont elle avait besoin. Pas comme ça.

Je posai ma serviette sur la table et reculai ma chaise.

— On s’en va déjà ?

— Nous n’allons pas parler de ça ici. Pas en public.

Je me plaçai derrière sa chaise et la reculai pour qu’elle puisse se lever. Puis, je tins sa veste pour l’aider à l’enfiler. Mes doigts effleurèrent accidentellement sa clavicule lorsque je lâchai sa veste. Elle sursauta, mais essaya de prétendre que rien ne s’était passé, comme si tout allait bien.

Elle n’allait pas bien.

Dana Campbell n’avait pas été « bien » une seule minute depuis que l’équipe féminine de hockey sur glace de Boston College avait joué contre l’Université du Connecticut, durant sa première année à l’université, et quelques fans tarés d’UConn, à défaut d’un meilleur mot, avaient trouvé que c’était rigolo de la violer après le match, juste parce qu’elle était plus douée que n’importe quelle joueuse de leur équipe.

Elle était sûrement meilleure qu’une bonne partie de l’équipe masculine aussi — et peut-être cela a-t-il aussi joué un rôle dans ce qui s’est passé. Qui sait ? Qu’est-ce qui fait que, tout à coup, comme une lumière qui s’allume, ça devient quelque chose de normal dans son esprit, de blesser quelqu’un comme ça, d’empiéter sur ce qu’il y a de plus intime, de briser quelqu’un qu’on ne connaît même pas ? J’espérais ne jamais le découvrir.

Le fait est qu’elle était une joueuse de hockey exceptionnelle. Elle avait marqué trois buts pendant ce match-là, avec une passe, en plus. Ce n’était même pas son meilleur match de la saison. Ce n’était pas étonnant qu’elle soit invitée à rejoindre l’équipe nationale des États-Unis. S’il y avait eu une ligue professionnelle pour les femmes, c’était certain qu’elle aurait été sélectionnée. Elle était si douée...

Jusqu’à ce satané soir-là. Tout a changé ce soir-là.

Ils avaient blessé son corps, ce qui était déjà grave, mais ils l’avaient complètement détruite émotionnellement. Elle ne pouvait plus se plonger dans le jeu, elle n’entendait que les remarques et insultes qui venaient du public. Elle ne pouvait plus se concentrer en classe non plus — toute son attention étant concentrée sur la distance qui la séparait de chaque homme présent dans la salle, et sur le chemin le plus rapide pour quitter la pièce.

Soupy et moi terminions nos études à Yale lorsque ça s’est passé — nous n’étions pas avec elle. Nous n’avions pas pu la protéger. Quand elle avait choisi son université, on avait essayé de la convaincre de venir à Yale, où on aurait pu garder un œil sur elle pendant notre dernière année avant de devenir joueurs professionnels, mais elle voulait jouer pour l’entraîneur Bassano. Et donc, nous l’avions soutenue. Bassano était le meilleur entraîneur de hockey féminin aux États-Unis. Nous n’aurions pas pu imaginer qu’une telle chose allait arriver à Dana...

Et pourtant.

Les trois hommes qui l’avaient violée ont été exclus de l’université et ont été poursuivis en justice. Ils ont passé un an en prison avant d’être relâchés. Un an. Et ils appellent ça de la justice ?

Dana était condamnée à jamais, et elle n’avait commis aucun crime.

Et elle voulait que je sois son assistant sexuel ? Merde, mais elle croyait que ça allait marcher comment ça ? Si elle sursautait rien qu’à un effleurement de ma part, comment croyait-elle qu’on allait arriver à faire ce qu’elle voulait que je lui fasse ? C’est comme si elle me demandait de la violer, car c’est comme ça qu’elle allait le ressentir. Je ne pouvais pas, je ne le ferai pas. Bordel, elle ne supportait même pas que son frère ou son père la touche, qu’ils l’embrassent. Les trucs normaux dans une famille. Elle n’était pas prête. Elle ne serait peut-être jamais prête et ce triste fait me déchirait à l’intérieur.

Elle sortit ses longs cheveux blonds du col de sa veste, les laissant retomber dans son dos sans y prêter attention, et elle hocha la tête dans ma direction, ses yeux noisette avaient encore cette touche de méfiance. J’étais en train d’enfiler ma propre veste en sortant du restaurant quand la serveuse se planta devant nous, nous bloquant le passage. Bloquant la sortie de secours de Dana.

— Vous partez ? demanda-t-elle, plantée sur place les mains sur la taille, toujours en claquant cette fichue gomme qu’elle mâchait depuis notre arrivée. Vous n’avez rien commandé.

— On a eu un petit souci. Je vous ai laissé un pourboire tout de même.

Je tentai de passer à côté d’elle en traînant Dana à ma suite, mais la serveuse se déplaça pour nous bloquer à nouveau le passage.

— C’est Zee, n’est-ce pas ? Le capitaine des Storms de Portland ? Bobby en cuisine, me l’a dit.

J’avais emmené Dana ici dans l’espoir que je ne serais pas reconnu. C’était toujours tranquille chez Amani à cette heure-ci, un moment où il n’y avait pas beaucoup de monde. C’était dur, dans une ville comme celle-ci, de passer inaperçu lorsqu’on était athlète professionnel. Tout le monde te connaît, sait tout sur toi. Ça ne me dérangeait pas plus que ça, je m’y étais habitué. Mais Dana n’avait jamais dû y faire face auparavant. Elle n’était sûrement pas préparée à cela. Soupy a passé plus de temps dans les ligues mineures que dans la LNH, donc les gens ne lui prêtaient pas vraiment attention. Son père a joué dans la LNH il y a des années, mais ce n’était que les vrais fanatiques qui le reconnaissaient, s’ils n’étaient pas à un événement de hockey. Et quand je rentrais à Providence, je n’étais qu’un expatrié de la ville comme tant d’autres. Seuls les gens investis dans la communauté du hockey là-bas me connaissaient. Pas comme ici.

Je jetai un regard vers elle, et elle donna son accord avec un hochement de tête si subtil qu’il a failli passer inaperçu.

— Oui, c’est moi

— Pourriez-vous me signer quelque chose, pour mon fils ? Il est malade. Il a un cancer. La leucémie.

Au moins, elle ne voulait que ça, cette serveuse. J’acquiesçai.

— Oui, bien sûr. Qu’est-ce que vous avez ?

Même si j’étais pressé de trouver un endroit privé pour vraiment parler à Dana de son plan complètement ridicule, je ne pouvais pas m’en aller sans avoir signé quelque chose pour le gamin malade. Je cherchai un stylo au fond de ma poche. Ça faisait déjà des années que j’avais compris qu’il fallait mieux en avoir sur soi pour ce genre d’occasion.

Elle fila derrière le bar et arracha un vieux drapeau des Storms de Portland du mur. Il devait y être depuis déjà dix ans au moins — c’était le logo qui avait été retiré avant que je rejoigne la ligue et l’espace vide qu’il laissait était d’un blanc clair en contraste avec le reste du mur jaunâtre.

Quand elle me le passa, je me dépêchai de lui gribouiller mon nom, et mon numéro — le neuf — à l’intérieur de la petite queue de mon Z. Je le lui rendis.

— J’espère qu’il se rétablira vite.

— Ouais, merci, Zee, lança-t-elle, déjà partie pour le ranger Dieu sait où, avant de faire signe de la tête vers Dana qui se rapprochait de plus en plus de la porte. Ta copine est prête à s’en aller.

Dana tressaillit en entendant ça. Ma copine. Elle n’arrivait même pas à accepter qu’on l’appelle ainsi. Son plan me semblait de plus en plus fou. Pas que je lui dirais ainsi. Pas que je croyais qu’elle était folle — juste son plan. Mais si je lui disais ça, elle le prendrait à cœur, se sentirait responsable. Sans réfléchir, je posai ma main au creux de son dos pour l’accompagner vers la sortie. Immédiatement elle se raidit, je retirai ma main aussi vite, en jurant à voix basse.

— Viens. On y va.

Nous étions à peine sur le trottoir en direction du stationnement souterrain lorsque j’entendis les ricanements de la serveuse de retour dans la salle.

— Quel con ! Encore un autre qui s’est fait avoir... Celui-ci, je le vends sur eBay !

J’aurais dû le savoir. Elle n’avait pas semblé tellement attristée par l’état de son fils. Il suffisait d’un regard envers Dana pour voir à quoi cela ressemblait d’être déchirée.

J’enfonçai mes mains au fond de mes poches pour ne pas la toucher de nouveau par inadvertance.

— Ça arrive souvent ? demanda-t-elle, ses bras croisés sur sa poitrine, ses mains coincées entre ses bras et son corps. Des gens qui te mentent pour que tu leur donnes des choses ?

— Plus souvent que je ne le voudrais. Mais ça fait partie du boulot. Mais la plupart des gens sont bien. La majorité est honnête.

J’avais toujours cru que c’était le cas. C’est sûr, il y a des connards dans ce monde, comme les étudiants d’UConn qui avaient violé Dana. Mais il y avait aussi des gens comme la famille Campbell, ou les gars avec qui j’ai joué toute ma carrière... Plus de bon grain que d’ivraie.

Malheureusement, Dana, ne semblait voir que le mauvais, même si elle était entourée que de bonnes choses. C’est comme si elle vivait avec des œillères.

Mais ce n’est pas comme si c’était un choix de sa part. Ma mère avait des crises de panique lorsqu’elle devait prendre l’avion. Ça avait toujours été ainsi, et elle ne pouvait pas les contrôler. Les personnes qui en souffrent ne peuvent simplement pas les contrôler.

Il faudrait juste qu’elle apprenne à vivre avec ça. Maman y réussissait en ne voyageant qu’en voiture, en ne prenant jamais l’avion. Dana survivait en évitant la gent masculine. Pas idéal, mais parfois il faut jouer avec les cartes qui nous sont données.

Chapitre 2 — Dana

Éric ne prononça pas un seul mot durant le trajet jusque chez lui.

D’habitude, le silence ne me dérangeait pas. J’y étais habituée — ces derniers temps, je me sentais m’y sentais même plutôt à l’aise. Je vivais seule, et je ne sortais pas beaucoup, sauf pour aller travailler.

De plus, au travail, c’était généralement moi qui parlais, plutôt que mes clients. Je travaillais comme entraîneuse chez « Poignées d’Amour », une salle de sport réservée aux femmes. Là-bas, je pouvais travailler en sécurité — pas d’homme. Personne qui m’inviterait à boire un coup après le travail. Personne pour me sourire d’une manière que je pourrais mal interpréter. Personne pour provoquer une nouvelle crise d’angoisse.

En temps normal, le silence était mon ami.

Cette fois-ci ? Pas vraiment.

Le silence laissait à mon cerveau le temps d’imaginer toutes sortes de choses. La seule pensée qu’un homme allait me toucher pouvait provoquer une crise et le voyage du centre-ville, là où se situait le resto, vers le quartier bourgeois où Éric et un tas d’autres riches habitaient prenait un bon quart d’heure. C’était donc beaucoup trop de temps à jongler avec l’idée que j’avais demandé à Éric de me toucher, et tellement d’autres choses en plus. Bordel. Je n’avais à peine réussi à dire les mots.   C’est ce que j’avais dit. Je n’arrivais même pas à lui demander correctement ce que je voulais — ce dont j’avais besoin. Je ne pourrais pas lui dire le mot « sexe ». Et je n’étais pas prête à le faire de toute manière — pas encore. Toutefois, j’espérais que je le serais avant de retourner à Providence, à mon boulot, à ma solitude — avant de devoir reprendre le cours de ma vie telle qu’elle était.

Lesen Sie weiter in der vollständigen Ausgabe!

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